Voici quelques idées que je tenterais d'appliquer si j'étais Ministre de l'Education. De quoi alimenter les Etats-Généraux qui auront lieu début avril.
Pour réussir l’intégration,
faisons du collège l'un de ses moteurs. Au cœur des cités, il doit devenir la
« Forteresse de la République ». Les collèges concernés ne sont pas
les plus nombreux. Raison de plus pour mettre le paquet sur eux et concentrer
les moyens appropriés. D’abord, Il faut
accepter de redéployer les
enseignants de manière inégalitaire. Les collèges aux publics
« faciles » peuvent bien mettre 30 élèves par classe, voire plus. Au
contraire, pour les enfants handicapés pas leur culture ou sous-culture, leur
environnement social et affectif, il est de notre devoir collectif de leur
apporter ce qu’ils n’ont pas. En dehors des aspects de politique générale qui
se définissent au plus haut niveau (programmes, objectifs…), quels moyens
faut-il mettre en œuvre si l’on veut réussir ?
1°) Le personnel
enseignant de ce type de collège :
-
recruté sur la base du volontariat et avec au
moins 5 ans d’ancienneté des services
-
au moins 50% d’hommes, pour faire face à la
population maghrébine
-
avancement accéléré
-
avantage de carrière sur la même base qu’un
détachement à l’étranger
-
avantage financier : prime de risque
(200€/mois)
-
formation pédagogique spéciale :
droits de l’homme, connaissance des cultures étrangères, rudiments d’arabe,
pratique des nouvelles technologies, gestion des situations violentes…
Tout cela en
échange d’un engagement de rester au moins 5 ans dans le poste.
Il convient
d’envisager d’y adjoindre infirmière, psychologue et conseiller d’orientation à
plein temps. Sans parler de la nécessaire coordination avec les autres acteurs
pour lutter contre l’absentéisme scolaire.
2°) Les élèves :
-
pas plus de 18-20/classe, voire moins si
nécessaire.
-
présence d’une classe d’alphabétisation servant
à la fois pour les élèves et les parents le soir.
-
obligation scolaire sans tolérance.
-
classes de « récupération » pour les
cas les plus difficiles.
3°) les parents :
-
suivi du cursus de leurs enfants : obligation de
suivre les rencontres avec les professeurs, de répondre aux convocations des
chefs d’établissement…
-
cours d’alphabétisation obligatoires pour les
deux parents, si nécessaire.
-
Présence de traducteurs pour les réunions, si
nécessaire
4°) le matériel et la
pédagogie :
-
utilisation systématique des nouvelles
technologies qui permettent des stratégies pédagogiques différenciées, donc
susceptibles de rétablir une véritable égalité des chances, face aux
apprentissages ;
-
Un système d’apprentissage où tout se fait au
collège, y compris les devoirs à raison d’une heure minimum chaque soir,
encadré par l’un des prof’ de la classe à tour de rôle.
-
un encadrement renforcé en assistants
d’éducation et surveillants …
5°) un contrat avec le
Ministère :
-
Les moyens humains et matériels supplémentaires
sont accordés sur un projet pédagogique élaboré par l’équipe pédagogique du
collège. Ils sont maintenus en fonction d’une évaluation des résultats obtenus
à partir d’une grille conçue en commun administration/équipe pédagogique, à la
fin de chaque année scolaire ou tous les deux ans.
Ouvrir ces collèges sur les métiers de l’artisanat et
les PME.
Plus que tous les autres publics,
les élèves de ces collèges ont besoin de repères que la société ne leur offre
plus (parents qui ne travaillent pas, etc..). Beaucoup d’entre eux trouveraient
dans l’apprentissage un chemin d’épanouissement.
D’un côté, La démographie pousse
les générations d’artisans vers la retraite sans qu’ils ne trouvent aujourd’hui
de repreneurs pour leurs entreprises. Dans beaucoup de métiers, il leur est même
difficile de trouver de la main d’œuvre formée parce que les jeunes n’y
viennent pas, soit parce qu’ils ne sont pas attirés, soit parce qu’ils ne
savent pas.
On manque de carreleurs, de
charpentiers, de menuisiers, de couvreurs, de bouchers, de charcutiers, … et
les sections des CFA ne sont pas pleines.
De l’autre, dans les collèges on
est s’efforce de garder, souvent péniblement, des élèves jusqu’en fin de
troisième, qui n’ont aucun appétit pour les études. Ils trouveraient sûrement
plus d’intérêt si on pouvait leur proposer des activités plus concrètes.
Certains de ces collèges
devraient pouvoir offrir cette découverte pratique des différents métiers de
l’artisanat, en partenariat avec les Chambres de métiers et les CFA, par un
enseignement adapté répartissant à mi-temps les activités scolaires et de
découvertes. Les après-midi pourraient être consacrés à des ateliers
d’initiation aux métiers soit sur place, soit en CFA, en abordant tous les
aspects : gestes professionnels, salaires, conditions de travail… Les
élèves pourraient choisir l’initiation à plusieurs métiers au cours de leur
scolarité au collège en commençant dès la 5ème .Ainsi on pourrait
relancer l’apprentissage dans ces métiers et l’emploi dans les entreprises
artisanales, en assurant un débouché à des jeunes qui, sinon, sortiront du
collège, de toute façon, sans aucune qualification ni diplôme.