HISTOIRE
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BUDGET 2025:VITE UNE BAGUETTE MAGIQUE!

Des-liasses-de-billets

Tel le joueur de flûte d’Hamelin, Bruno Le Maire nous a emmené dans le gouffre, sur l’air de « tout va très bien madame la Marquise ».  Au final, un dérapage à 6% du déficit et 300 milliards d’euros d’emprunt en 2025 pour assurer le train de vie de l’Etat. Voilà ce que trouve Michel Barnier à son arrivée à Matignon, dans un contexte très contraint puisqu’il ne peut pas compter sur une majorité absolue sur laquelle s’appuyer et doit tenir compte des surenchères irresponsables des oppositions de gauche et de droite.  Au moment où il doit trouver le chemin gros comme le trou d’une aiguille pour faire passer le budget 2025, au moins peut-il s’appuyer sur les Français : à 80% ils estiment urgent de réduire la dette publique. C’est déjà ça ! Mais quand on demande où il faut faire porter l’effort, c’est sur le train de vie de l’Etat qu’il faut agir.  Certes, mais c’est oublier la part élevée des transferts sociaux qui pèse infiniment plus lourd. A cela, les Français répondent à 93% que l’immense majorité d’entre nous contribuons davantage au système que nous ne recevons… Donc, c’est le voisin, pas moi !  Pas vraiment gagné.

Redresser les comptes.

Désormais, avec une dette à plus de 3 200 milliards d’euros (dernier chiffre), un déficit annoncé à 6%   sans qu’on sache pourquoi, Paris est dans le viseur de Bruxelles et des marchés financiers. Comme un malheur n’arrive jamais seul, nos taux d’intérêts augmentent : l’écart avec l’Allemagne s’accroit, nous sommes au même niveau que l’Espagne et le Portugal fait mieux que nous. Il est absolument indispensable que le déficit public revienne sous les 32%, ce qui représente un effort de 110 milliards d’euros. Un assainissement des finances qui exigera que chaque adulte consente à payer 2 115 euros, ce qui donne une bonne indication de l’ampleur du problème. La question est de savoir si les Français sont prêts à consentir à une baisse de 10% de leur niveau de vie, que ce soit par le biais de hausses d’impôts, de baisses des prestations sociales et subventions, de gel des points d’indice pour les fonctionnaires ou leur non-remplacement … L’Italie prévoit de revenir sous les 3%  en 2026, oui, vous  lisez bien !

Un environnement dégradé.

Chacun peut comprendre que les intérêts de la dette payés par le pays sont perdus pour tout le reste :  l’éducation, la sécurité ou la santé. La dette excessive est un asservissement. La signature de la France est de moins en moins crédible comme en témoigne la hausse des taux à près de 3% et la dégradation des notes des Agences. Elle donne lieu à des remboursements d’intérêts considérables et croissants.  De plus, elle est désormais à 53% entre les mains d’investisseurs étrangers. Il est urgent de commencer à y remédier.

Autre sujet de souveraineté économique et industrielle :  la situation tragique de notre commerce extérieur. 164 milliards d’euros de déficit en 2022, 100 milliards l’année dernière, près de 90 cette année. La désindustrialisation du pays est passée par là.  Nous ne fabriquons plus en France l’électro-ménager, les machines-outils et même les médicaments et les véhicules que nous achetons. Même notre consommation alimentaire courante a recours aux importations. On voit toute la folie des politiques de relance par la demande que propose la gauche et même le rassemblement national qui revient à subventionner les produits importés et à affaiblir ce qui nous reste de filières de production. La croissance obtenue (1% = 220 milliards) est illusoire puisqu’elle est plombée par un double déficit de 465 milliards (300 d’emprunts + 165 de déficit du commerce extérieur).

Nous pourrions nous en tirer si notre productivité augmentait. Or, elle s’épuise. Son recul nous prive de 110 milliards d’euros de PIB chaque année. Le Covid est passé par là. Elle bute sur deux écueils : faiblesse de l’investissement liée à l’accès et au coût du capital et qualifications défaillantes. En contre exemple, il faut savoir que la croissance américaine est alimentée par le progrès technique. Pas la nôtre.

Voilà trois chantiers prioritaires en plus pour le gouvernement.

Economiser 20 à 30 milliards d’euros par an.

C’est possible et sans recourir aux hausses d’impôts. J’ai déjà consacré un article sur le sujet avec ce que propose l’ancien gouverneur de la Banque de France, Jacques de la Rosière (9 septembre). Aujourd’hui, je vous propose d’examiner succinctement, les pistes proposées par Agnès Verdier-Molinié de l’IFRAP. Je n’entre pas dans le détail, je vous livre les têtes de chapitre. Désindexer les minimas sociaux rapporterait 2,3 milliards, Maîtriser la masse salariale de la fonction publique, par le gel du point d’indice, de l’avancement et des embauches, rapporterait 8 milliards, décaler la revalorisation de toutes les retraites pour freiner  leur progression rapporterait 6,2 milliards, lutter contre  l’absentéisme  dans le privé et la fonction publique en baissant le plafond de calcul des indemnités journalières, rapporterait 2 milliards, et enfin taxer les subventions aux associations rapporterait 1,6 milliards. On arrive à 20 milliards sans trop de douleur. Evidemment ce serait juste sur 4 ou 5 ans. Mais on entendra la gauche et le RN hurler en chœur. Si en même temps on met un peu d’ordre dans le maquis des aides en tout genre versées aux uns et aux autres, ce qui équivaudrait à des hausses d’impôts plus ou moins visibles, il serait possible d’élargir encore la diminution du déficit.

Il faudra beaucoup de savoir-faire à Michel Barnier pour y parvenir, car je crains qu’il n’ait pas de baguette magique !

Bonnes  nouvelles en marge : les  cours du pétrole n'en finissent  pas de baisser et l'inflation est au plus bas. 

 

 


BLANQUER, COMBATTANT INFATIGABLE DE L’EDUCATION.

La-Citadelle

Dans « La Citadelle », Jean-Michel Blanquer, ancien Ministre de l’Education nationale, fait le récit des cinq années qu’il a passées dans le Ministère de la rue de Grenelle et explique comment il a mis en œuvre ses priorités : rebond de l’école primaire, « plan français » et « plan mathématique » de formation continue, évaluations nationales, conseil scientifique, conseil des sages de la laïcité, réforme du bac… Il parle aussi beaucoup des qualités du Président de la République, un homme intelligent, doté d’une grande force de travail et entièrement dédié à sa fonction, mais pas exempt de défauts. Il en profite aussi pour dresser un tableau sans concession des gens qu’il a côtoyés, avec une franchise redoutable. Il a laissé un héritage colossal qui a touché à tous les étages du système éducatif, en partie détricoté par son successeur Pap N’Diaye, puis redressé par Gabriel Attal. Ainsi va la Macronie. Ce qui transparaît tout au long de l’ouvrage, c’est sa connaissance complète de la machine éducative, jusque dans les moindres recoins. Jean-Michel Blanquer, c’est une redoutable machine intellectuelle, une intelligence lumineuse qui lui permet de taper juste. En lisant « la Citadelle », on devient le compagnon de route au quotidien d’un infatigable combattant du savoir et de sa transmission, de la laïcité, de l’école de la République, et grâce à sa franchise, un peu son confident.

Le flingueur.

Commençons par évacuer ce que les médias ont d’abord retenu :  ce qu’il pense de ceux avec qui il a dû composer. A commencer par François Bayrou, « un Tartarin qui s’écoute  parler, …politicien à l’ancienne aux compromissions successives, ayant pour fidélité fondamentale le drapeau de son  moi et pour moteur constant, sa psychologie de petit garçon » ; Bruno Le Maire, « un écrivain jouant la comédie du pouvoir » ; Alexis Kholer, le triste sire du Président « qui n’a toujours vu les enseignants que comme des gauchistes paresseux » et contre qui il ne fait pas bon aller, même quand Macron a donné son accord. Quand à ce dernier, il le voit en « ange déchu de la politique » après la décision inexplicable de dissoudre l’Assemblée nationale. Le Président est un homme qui aime les défis et d’une certaine manière les provoque, ce qui le conduit à une forme de remise en cause permanente.  Et quand il réussit quelque chose de difficile, il ne peut pas s’empêcher de faire un geste ou une déclaration qui va tout gâcher. Ainsi, « il zigzague entre deux coups tordus », et la dissolution apparaît alors comme « l’acmé d’une vision bien trop personnelle de l’usage de ses pouvoirs présidentiels ».

Pourtant, tout a commencé par une sorte de lune de miel au point que certain appelait Blanquer « le vice-président ». Le Ministre avait besoin du soutien inconditionnel du Président qu’il admirait alors pour remettre la « maison Education » sur les rails, tâche colossale. Trois ans de complicité qui permettront d’affronter tous les obstacles. Sa disgrâce intervient en 2021 à la suite de son refus d’aller défier Valérie Pécresse en Ile-de-France aux régionales, combat perdu d’avance.  Le Président ne lui pardonne pas et il passe deux années en enfer avec comme punition, la nomination de Pap NDiaye pour le remplacer au début du second quinquennat. Jusqu’au bout, Jean Michel Blanquer tiendra le cap contre vents et marées.

Cinq ans au service de l’Education.

Ce qu’il faut surtout retenir du récit qu’il nous livre, c’est son investissement total pour « restaurer », le mot n’est pas trop fort, le système éducatif. Que retenir ? D’abord, le rebond du niveau à l’école primaire qui était sa priorité. Cette réussite est le résultat d’une batterie de décisions. La plus connue est le dédoublement des classes qui touche aujourd’hui plus de 400 000 enfants par an et qui a réussi à faire monter le niveau de ceux qui avaient les résultats les plus faibles. Il a également mis sur pied des évaluations nationales de début d’année, qui concernent les classes de CP, CE1, CM1, sixième, quatrième et seconde. Ces dernières permettent d’obtenir le portrait du niveau de chaque enfant en début d’année. Cela permet d’abord le suivi personnalisé de l’enfant par le professeur, mais aide aussi au pilotage pédagogique général.

Il faut également rappeler que la très grande majorité des professeurs des écoles de France ont bénéficié d’une formation continue en français et en maths au cours des cinq dernières années grâce au « plan français » et au « plan mathématiques ».

La priorité budgétaire mise sur l’école primaire a permis une amélioration du taux d’encadrement dans toute la France, et en particulier dans le monde rural. Cela aurait dû se poursuivre après 2022. Pour mettre l’accent sur la transmission des savoirs fondamentaux il s’est appuyé sur la connaissance scientifique et la comparaison internationale.  Ainsi a été créé le « Conseil scientifique de l’Éducation nationale » pour produire un effet de légitimation et de précision tout en conciliant classicisme et modernisme. Il y a des choses qui tombent sous le sens comme la supériorité de la méthode syllabique démontrée par diverses études et qui est désormais très claire dans les discours et contenus pédagogiques de l’Éducation nationale. Il fallait bien réintroduire la « science » pour faire face aux aspects parfois obscurantistes des théories pédagogistes.

La réforme du bac a offert aux élèves un choix beaucoup plus grand pour leurs spécialités, qu’ils approfondissent davantage. Les programmes sont en effet devenus beaucoup plus exigeants. Mais pour s’en rendre compte, il faut se donner la peine de comparer. L’idée était d’inciter les élèves à un effort continu tout au long de leurs études au lycée tout en continuant à objectiver leur niveau de fin d’étude par l’examen terminal, lequel compte encore pour 60 %, et ils sont mieux préparés à la réussite dans l’enseignement supérieur. 

Enfin, il a fallu prendre en compte les phénomènes actuels comme les changements de genre.  La circulaire voulue par le Ministre insiste sur la protection des élèves pour qu’ils ne soient ni en situation de harcèlement ni en situation d’effectuer des choix irréversibles ou mal maîtrisés. Elle impose l’accord des parents pour le changement de nom. Avant cette circulaire, les choses se passaient de manière sauvage. Elle a donc permis de fixer un cadre où l’on retrouve tous les principes républicains, en particulier l’égalité entre les élèves et non la différenciation identitaire. Il faudrait encore évoquer l’action du ministère ouvert sur le handicap, la culture et le sport, par les multiples initiatives engagées pour mettre l’éducation au service de tous.

Le défenseur de la laïcité.

Face au communautarisme et à l’islamisme, le président de la République a été au rendez-vous des enjeux régaliens de sa fonction et des circonstances. Le discours des Mureaux a été le fruit d’un travail de longue haleine sur la façon de renforcer les principes républicains face aux atteintes à la laïcité. Mais Jean Michel Blanquer regrette que la ligne de ce discours n’ait pas été tenue avec la netteté requise pendant les années qui ont suivi. Le Ministre est devenu au sein de la majorité une cible facile vis-à-vis de ceux qui considèrent que combattre le radicalisme islamiste, c’est courir le risque de ce qu’ils appellent « l’islamophobie » et il aurait aimé avoir un soutien plus net du Président sur ces questions. Gabriel Attal, lui-même, n’avait-il pas affirmé son désaccord quand le locataire de la rue de Grenelle avait déclaré que « le voile n’était pas souhaitable ». Il explique que l’abaya était évidemment interdite quand il était ministre, comme tous les signes ostentatoires. Mais peu de personnes testaient ce système à l’époque car la ligne laïque était claire. À partir du moment où Pap Ndiaye a été nommé, du fait du signal envoyé, il y a eu de nombreuses affaires : les milieux proches du frèrisme ont fait pression et rapidement le phénomène de l’abaya a pris de l’ampleur en 2022. Paradoxe : c’est le même Gabriel Attal qui a interdit l’abaya, manière de se définir un nouveau profil politique. Evidemment les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard sont évoqués ainsi que l’action du Conseil des sages de la laïcité qui a permis l’édiction de règles claires et communes à tous.

L’homme Blanquer.

Blanquer 2L’ouvrage qu’il nous livre est construit sur la métaphore de la voile : Vent de dos, vent de face, Cap Horn, à travers les tempêtes. Les têtes de chapitre illustrent bien les périodes que l’homme doit traverser. Chaque chapitre commence d’ailleurs par le récit d’une tranche de vie qui, rassemblées, permettent de se faire une idée du personnage, de son tempérament, de sa culture, de ses passions et aussi pourquoi il est aussi tenace. Ce professeur agrégé de droit public est aussi un enseignant passionné par son métier. Il aura eu à la tête du Ministère de l’Education nationale la plus grande longévité de l’histoire de la République. De quoi marquer durablement. Et pourtant, il s’y serait bien vu cinq années de plus.  Dommage pour l’Education !

 


ENFIN !

Barnier 2

 

Il est né le divin enfant, jouez hautbois, résonnez musettes … Tout vient à point à qui sait attendre. Si vous ne le saviez pas, vous l’aurez constaté : Michel Barnier a beaucoup de patience et parvient à ses fins ! La France a désormais un gouvernement.  On en aura entendu des mauvais augures ces jours derniers, tous ces experts capables de bavarder des heures pour ne rien dire puisqu’ils ne savent rien, sinon aligner des banalités, affirmer des sentences sorties du contexte, peigner la girafe et échafauder des hypothèses qui ne seront jamais réalisées. Et puis il y a la classe politique. A  l’énoncé des  noms lâchés aux médias en attendant que la  messe soit dite, on  aura eu droit aux hurlements de la gauche, la colère ridicule de Manon Aubry, les commentaires inutiles du boulet, François Hollande, …. De ce côté-là, rien de nouveau : ils vont appeler à la manif’ pour protester contre le déni de démocratie, comme s’ils étaient bien placés pour jouer ce rôle.

Procès en légitimité.

La gauche et une partie de l’ancienne majorité, mauvaises perdantes, ressortent le vieux slogan socialiste «au secours, la droite revient !». Ceux-là pointent, comme si c’était une catastrophe démocratique, « le gouvernement le plus à droite depuis celui de François Fillon ». Ils ne se réfèrent qu’à la représentation à l’Assemblée  nationale, ce qui est un raccourci  malhonnête. D’abord, la preuve est faite qu’il y existe une coalition largement plus nombreuse que celle du Front populaire et que  le groupe RN, ce qui contredit l’argument LFI de  la  « victoire volée »,  ensuite parce que l’assise démocratique du nouveau gouvernement  va bien au-delà du nombre des députés  si on veut bien considérer la majorité sénatoriale et le nombre des villes de plus de 9 000 habitants détenues  par  la Droite Républicaine (LR) et ses alliés (60%), sans parler des Départements et des Régions. Ce qui explique l’accueil favorable  de l’opinion publique à la nomination de Michel Barnier, homme du « terroir ». Sans compter que le nouveau Premier Ministre avait  donc à sa disposition un vivier inépuisable d'hommes et de femmes  et  ce n'est pas un hasard si on trouve des "LR" quel que soit le côté  où l'on se tourne.

Le retour des compétences.

Faut-il rappeler que Les Républicains étaient dans l’opposition depuis 2012 ? Dès lors qu’ils reviennent dans l’exécutif, par définition celui-ci est plus à droite. Mais au vu du bilan laissé par François Hollande et le « en même temps »  macroniste, il n’y a pas  besoin d’être  devin  pour imaginer que  la droite « filloniste » n’aurait pas eu de  mal à faire mieux  et  probablement la France ne serait pas dans l’état où Michel Barnier la trouve. François Hollande est vraiment mal placé pour commenter et venir faire la leçon. La première place dans l’ordre protocolaire revient à une figure venue de la gauche, Didier Migaud, à la Justice, doit  être perçue comme un signal d’équilibre tandis que l’arrivée de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur est un signal important sur des thèmes, la sécurité et l’immigration, sur lesquels une très grande majorité de Français exprime une forte demande d’autorité. Nous ne tarderons pas à voir s’exprimer les talents de ministres aux noms peu connus. Michel Barnier s’est rattaché directement le Budget - priorité la plus urgente et la plus périlleuse pour le nouvel exécutif, l’Outre-mer - sujet le plus explosif -, et l’Europe - domaine que le plus européen des chefs de gouvernement n’entend pas laisser à Emmanuel Macron.  Dès l’ouverture de la session parlementaire, dans une semaine, la nouvelle équipe sera sous la menace d’une motion de censure qui pourrait être votée à tout moment. Michel Barnier n’est pas assuré ni de tenir, ni de réussir. Le Premier Ministre doit maintenant fixer des priorités et passer à l’action en se souciant des exigences de ceux qui votent plus que des injonctions de ceux qui commentent. Là est sa force comme en témoignent les sondages.  Ceux qui par jeu politicien seraient tentés de se mettre en travers pourraient en payer le prix à leurs dépens.

Michel Barnier.

Certains voudraient voir dans son arrivée au pouvoir l’incarnation du « vieux monde » que l’ère Macron avait cru enterrer.  Un faux débat, évidemment. On retiendra surtout sa trajectoire de « gaulliste social ». Sa réputation s’est surtout faite sur son efficacité, avec en exergue les jeux olympiques d’Albertville, et sa réussite dans les missions délicates avec en référence la négociation sur le Brexit. Son talent tient dans sa propension à savoir s’entourer. C’est d’ailleurs à la composition de son cabinet qu’il s’est d’abord consacré. Voilà un homme qui ne craint pas de nommer un conseiller plus brillant que lui s’il permet de faire avancer les dossiers. Il est tenace, hyperorganisé, exigeant avec ses collaborateurs, mais toujours accessible et jamais retors tout en étant d’une grande fidélité. Et, cerise sur le gâteau, vertu rare à notre époque des « bulles d’entre soi », il n’est pas sectaire ! On dit qu’il va se trouver sur une ligne de crête périlleuse et c’est vrai, entre une gauche intolérante et irresponsable et un RN en embuscade toujours prêt à tirer les marrons du feu. Mais pour le Savoyard, habitué aux parcours montagneux, cela n’a rien d’exceptionnel. Son expérience des arcanes bruxelloises est un autre atout indéniable pour rassurer nos partenaires européens et la Commission.

La droite pour sortir de la crise.

Contraint et forcé, Macron pourrait avoir fait le bon choix. D’ailleurs, le gouvernement qui vient d’être nommé n’est pas un gouvernement provisoire, le nombre des ministres en atteste. Michel Barnier a donc dans la tête de durer et il va s’y employer, d’abord en ne donnant pas au RN le prétexte à voter une censure. Le fait qu’à partir du 30 septembre, Marine Le Pen va se retrouver avec nombre de ses amis, devant la justice, laisse augurer un temps où son parti aura d’autres chats à fouetter que batailler dans l’hémicycle. Et d’ailleurs il exclut de voter une motion de censure dans l’immédiat. Budget, déficit, dette : Michel Barnier se retrouve désormais sous la surveillance de Bruxelles. Les Européens attendent des gages de la France sur le respect des règles budgétaires communes alors que la trajectoire dérape.  Le premier défi à relever va donc être celui du budget 2025. Mais il faut aussi trouver le moyen de mettre fin aux désordres dans les territoires d’Outre Mer, Martinique et Nouvelle Calédonie, et envoyer des signaux fermes sur les dossiers de l’immigration et de la sécurité. Rigueur de la gestion, pragmatisme des décisions, volonté de redresser le pays face aux difficultés : la droite est dans son champ de compétences. On sera fixé le 1er octobre avec son discours de politique générale devant l’Assemblée. La crise politique trouve sa racine profonde dans la divergence entre ce qu’il faut réellement et les fausses promesses démagogiques que la classe politique croit devoir faire. Un écueil que Michel Barnier devrait pouvoir éviter, autant par tempérament que par conviction.

 


ECONOMISER 200 MILLIARDS SUR DIX ANS, C’EST POSSIBLE !

Barnier

Voilà une affirmation qui intéressera Michel Barnier, notre nouveau Premier Ministre.  Et ça n’est pas une plaisanterie. L’interview de l’ancien gouverneur de la Banque de France énonce des pistes qui pourraient servir de chemin possible au nouveau gouvernement. Jacques de la Rosière a 94 ans et n’a pas perdu sa lucidité puisqu’il publie un nouvel ouvrage : « Le déclin français est-il réversible ? ».  Selon notre sage de la finance, ex-directeur général du FMI et membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, il est possible de réduire la dette sans toucher aux dépenses sociales.  Mais il appelle d’abord à un sursaut pour en finir avec les politiques du déni et de la facilité monétaire et budgétaire.  Et ça tombe bien, ce sont justement les principales préoccupations de Michel Barnier. Pour relever le défi, il faut d’abord identifier les causes du déclin de la France.

Les signes du déclin.

Sans entrer dans de trop longs développements techniques, on peut en citer quatre :  d’abord, la perte de compétitivité économique caractérisée par une perte de près de 30%  de capacité industrielle, la France ayant choisi une politique de stimulation continue de la demande intérieure très coûteuse au détriment de l’investissement productif, et entraînant des délocalisations massives à l’étranger ; ensuite, la permanence depuis près de vingt ans du déficit important de la balance commerciale, lié à la hausse des produits importés générés par ce qui précède ; à cela vient s’ajouter le déclin dangereux de notre système éducatif, qu’illustrent les statistiques de  l’OCDE, et que des politiques discontinuent n’arrivent pas à redresser ; enfin, le dernier signe en est l’état déplorable de nos finances publiques avec une dette qui a plus que doublé depuis vingt ans, passant de 50%  du PIB à 112%. Le budget n’est que le reflet des choix stratégiques qui ont été opérés.

Il faut mettre fin à la doxa bien pensante.

Nous nous sommes endettés à la faveur de très bas taux d’intérêts, en pensant favoriser la croissance. Mais on ne peut emprunter indéfiniment et aujourd’hui nous sommes confrontés à une double peine : l’abondance d’argent facile a conduit aux mauvaises dépenses et le retour de la hausse des taux d’intérêts commence à faire peser une charge qui pourrait devenir rapidement insupportable. Le niveau de l’endettement public qui va approcher les 120% du PIB fait que la charge de son coût est déjà supérieur au budget de la défense nationale. Les placements spéculatifs ayant remplacés les investissements productifs dont le retour est plus lent, la France souffre d’une économie qui s’affaisse et de comptes publics non maîtrisés. Il est temps que les dépenses de consommation, en fait subventionnées, laissent la place à l’augmentation des crédits pour la recherche et l’Education nationale. L’euro nous a protégés des dévaluations qui accompagnent toujours les politiques expansives.  Le seul reproche que l’on peut faire à l’Union européenne, c’est de n'avoir pas fait respecter le plafond de la dette fixé à 60% du PIB.

Il est possible de réduire les dépenses publiques.

Pour Jacques de la Rosière, il est réaliste de trouver 200 milliards d’économies sur dix ans, sans toucher aux dépenses sociales et sans provoquer une déflagration politique. Elles passent par le maintien de l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, une révision de notre « millefeuille » territorial, une réduction du coût exorbitant de l’apprentissage (12 milliards d’euros) via une participation des entreprises. Il faut s’attaquer au sureffectif de la fonction publique (85 fonctionnaires pour 1000 habitants contre 56 en Allemagne) : le non-remplacement des départs à la retraite permettrait de réduire le surcoût estimé à 75 milliards d’euros. Il importe de faire comprendre que la France doit restaurer sa capacité à produire et retrouver sa « compétitivité budgétaire européenne ». Rien ne se règlera par de l’endettement supplémentaire. L’Etat a à sa disposition les rapports de la Cour des comptes. Pourquoi ne pas leur donner l‘autorité qui leur manque en rendant leurs préconisations incontournables, un peu comme une règle d’or qui interdirait à l’Etat de présenter un budget en déficit.

Evidemment, on découvre le chemin à parcourir. 

Avec le discours de la gauche, dans le déni constant avec son insatiable désir de relance de la demande, mécanisme qui a conduit là où on en est, il faut souhaiter bien du courage aux nouveaux ministres qui devront faire face à ce déluge de démagogie. Non seulement Michel Barnier ne bénéficie d’aucun état de grâce, mais il va être confronté à une épreuve très dure s’il assume de tenir un discours de vérité pour mettre devant leurs responsabilités la classe politique, les partenaires sociaux aussi bien que les citoyens. Vérité, notamment sur les retraites qui mobilisent déjà 14,4% du PIB et dont le déficit se creuse. Le redressement des comptes publics conditionne et nécessite en même temps un nouveau pacte politique, économique et social. Il est bon de rappeler au passage à ceux qui ont voté pour eux, que la gauche révolutionnaire (NFP) et droite nationaliste (RN), ont en commun un programme économique délirant dans lequel les dépenses sont certaines mais les recettes hypothétiques. Il revient donc au nouveau gouvernement de les convaincre que la priorité est désormais de soigner les trois plaies de l’économie française que sont la dette, la situation tragique de notre commerce extérieur et la productivité en baisse si l’on veut que notre pays retrouve des marges de manœuvre. Il faudra gouverner selon des objectifs de long terme, en réalisant des économies plutôt qu’en multipliant les dépenses stériles et donner la priorité au travail, à la production et à l’innovation.

On verra si rétablir le dialogue avec le peuple français ça marche.  En tout cas, c’est le seul chemin qui vaille.

 


LE NFP A MATIGNON, vu par Samuel Fitoussi.

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Amusons-nous un peu.

Emmanuel Macron aurait dû nommer Lucie Castets Première Ministre. Voilà ce que cela aurait donné, selon Samuel Fitoussi, chroniqueur au Figaro. Le bloc-notes se devait de partager ce point de vue humoristique avec ses lecteurs.

« Chaque semaine, pour Le Figaro, notre chroniqueur pose son regard ironique sur l’actualité. Aujourd’hui, il imagine l’avenir radieux que promettrait la formation d’un gouvernement issu du Nouveau Front populaire.

1) On peut chipoter sur les détails du programme du NFP, mais on ne peut nier que son diagnostic général est le bon : la France manque de dépenses publiques, d’impôts et d’immigration.

2) Les JO furent un magnifique succès, et prouvèrent que la France, quand elle y met du cœur, peut retrouver sa grandeur d’antan, illuminer le monde de son génie. Le NFP a retenu les leçons de ce triomphe, et pourra en prolonger le souffle : tous les mercredis dans la cour de Matignon aura lieu un défilé de drag-queens obèses à barbe. Les dimanches, à l’heure de la messe, un discours de Daphné Burki, diffusé depuis la tour Eiffel, retentira dans le ciel de Paris.

3) Contrairement au gouvernement actuel qui, trop longtemps, a laissé prospérer les discours dangereux, le NFP sera intransigeant avec les ennemis de la République : CNews sera interdit. Quant à la justice laxiste d’Éric Dupond-Moretti, c’en sera fini : les fauteurs de troubles seront enfin mis hors d’état de nuire. Élisabeth Badinter sera emprisonnée et partagera une cellule avec Sophia Aram, Abnousse Shalmani, Caroline Fourest et Maïwenn. Quant à la lutte contre l’antisémitisme, elle sera enfin menée avec sérieux : Hitler et Jean-Marie Le Pen seront régulièrement critiqués.

4) Le patriarcat sera démantelé : avec le NFP, fini le règne des mâles blancs incompétents ! Place à la compétence féminine. Sandrine Rousseau à l’Intérieur, Mathilde Panot à l’Éducation, Marine Tondelier à l’Écologie, Ersilia Soudais à la Justice, Danièle Obono aux Affaires étrangères.

5) Nommé à Bercy, Louis Boyard saura dialoguer avec le FMI et les banques centrales du monde entier, calculer l’élasticité-prix de nos exportations pour évaluer l’impact d’une dévaluation de l’euro, concevoir des politiques de quantitative easing asymétriques pour éviter les trappes à liquidité, déployer une stratégie de couverture contre les risques de change dans un cadre d’arbitrage de portefeuilles d’actifs souverains, surveiller les écarts de rendement entre les obligations françaises et allemandes pour anticiper les tensions sur les taux. Le tout en animant « Fort Boyard».

6) Contrairement aux électeurs de droite, qui, Lucie Castets l’a brillamment analysé la semaine dernière, « ont voté pour le RN parce qu’ils adhèrent à des thèses racistes, qui sont non pas le fruit de leur expérience du quotidien mais du fait qu’ils regardent CNews, chaîne qui explique que les Arabes et les Noirs sont méchants(1)  », les électeurs du NFP, eux, tirent leurs opinions de leur expérience, de leur connaissance profonde et intime du territoire, et non du fait qu’ils écoutent France Inter, qui explique que l’immigration ne pose absolument aucun problème en France.

7) Les méthodes du NFP ont fait leurs preuves localement. Les députés de Seine-Saint-Denis comme Éric Coquerel et Thomas Portes, ou ceux des quartiers nord de Marseille comme Sébastien Delogu, pourront appliquer à l’échelle nationale les recettes qui fonctionnent si bien pour leurs administrés. À terme, la France entière ressemblera à leurs circonscriptions.

8) Avec le NFP, les squatteurs pourront reprendre une vie normale. Aujourd’hui, il arrive parfois qu’après deux ou trois ans de procédure, une décision de justice les déclare en situation irrégulière dans leur lieu de vie, pour qu’au bout de cinq ou six ans, ils en soient cruellement expulsés. Comment concevoir des projets à long terme dans ces conditions ? Le NFP mettra fin à cette situation inique.

9) L’inaction diplomatique de la France prendra fin. Les femmes afghanes seront soutenues avec des livraisons de burqas en polyester synthétique. Les femmes iraniennes, elles, pourront assister par internet à une formation contre l’islamophobie dispensée par un maître de conférences en théories queers postcoloniales à l’université de Rennes II.

10) Le NFP s’engage à une cohabitation pacifique et apaisante. Le président et ses collègues devront simplement accepter de déménager dans un entrepôt désaffecté en Seine-Saint-Denis, pour que l’ambassade de Palestine puisse s’installer à l’Élysée. »

Bon, finalement, je préfère  Michel Barnier !

 


MELUCHE, TU NOUS FATIGUES !

Mélenchon Bastille 2013

Enfin, Macron a trouvé un Premier Ministre.

Ce sera Michel Barnier, homme d’expérience s’il en est. Evidemment, il n’est pas parfait et pour la gauche, il a l’insigne défaut de venir de la droite modérée.  Un péché majeur. Une occasion de plus de hurler au déni de démocratie, au prétexte que c’est au Front populaire que devait revenir le poste, avec en justificatif un mensonge proclamé dès la première minute des résultats du second tour des législatives, au prétexte que le Nouveau Front Populaire était arrivé en tête. Comme aucune formation n’a obtenu la majorité absolue, ça n’en fait donc pas un gagnant pour autant.

Le  mensonge.

Mais ce qui est usant c’est l’obstination avec laquelle Mélenchon et ses acolytes le répètent, comme si à force, ça allait devenir une vérité. Et le coup énorme de Mélenchon à 20H01, de crier victoire avant même de connaître les résultats définitifs, a marché puisque pour 3 Français sur 4, en nommant Michel Barnier à Matignon, Emmanuel Macron n’a pas tenu compte du résultat des élections. Le mensonge, voilà le principal ressort de cette gauche marxiste dont les pseudos intellectuels n’apprennent jamais rien de l’Histoire. Car le remède qu’ils nous proposent, est le pire.  Jamais nulle part il n’a fonctionné. Toujours, où il a été et est appliqué, il a été semeur de mort et de pauvreté et fossoyeur de la liberté. Rappelons-nous Staline et ses goulags et ses 50 millions de morts, Mao et sa révolution culturelle et ses 100 millions de Chinois supprimés, encore aujourd’hui Xi Jinping et ses disparitions inexpliquées, ses camps d’internement pour les Ouïgours, Kim Jung Il et son peuple martyrisé et affamé… Vous en voulez encore : Maduro qui refuse d’admettre sa défaite électorale, qui fait tirer sur les manifestants qui protestent et se retranche dans son palais. Le peuple vénézuelien n’en peut plus de la pauvreté qui s’est abattue sur lui à cause du gaspillage des richesses, de l’incurie et de la corruption des gouvernants communistes. De tout temps et à toutes les époques, la même idéologie produit toujours les mêmes effets.

Le « gaucho » se reproduit.

Le problème, c’est que des illuminés continuent d’endoctriner nos jeunes dans nos universités et nos grandes écoles au mépris des réalités. Et le plus grave, c’est qu’une partie de la jeunesse continue de croire au « grand soir ». J’aurais donc vécu la moitié du 20ème siècle et bientôt le quart du 21ème avec le même débat. Les propagandistes changent, chantres enthousiastes d’abord puis obligés de se rétracter ensuite devant les évidences, une fois les miasmes de la propagande évaporés. C’est André Glucksmann, le père de Raphaël qui fait amende honorable, c’est Simon Leys qui démonte chez Bernard Pivot la pasionaria italienne de Mao … Mais en attendant, combien de temps aura-t-on vécu avec Georges Marchais et le « bilan globalement positif » de l’URSS, avant que celle-ci s’écroule sur elle-même minée par l’incurie de son régime.

Cette idéologie née au 19ème siècle a la vie dure.

Elle renaît sans cesse, parfois en changeant de couleur comme on peut le constater avec nos « verts » plus marxistes qu’écologistes, pratiquant le mensonge et les affirmations erronées avec véhémence. Marine Tondelier n’a rien à envier à Jean-Luc Mélenchon. Mais comment expliquer que la théorie de Karl Marx, qui pouvait trouver quelques fondements il y a 150 ans, continue de prospérer malgré les ravages qu’elle a causés ? Probablement y a-t-il dans le communisme, une forme de croyance obscurantiste dans les « lendemains qui chantent » et que la dictature transforme en galère dès qu’elle s’applique.

Alors de grâce, Méluche, épargne-nous tes incantations et tes appels à l’émeute. Tes flots de mensonges et tes vérités déguisées, tes accusations biaisées et tes faux-semblants. Avec toi, les Français vivraient en enfer, eux qui sont tant attachés à la liberté. Tout ce que tu sais faire, c’est appeler à l’émeute, à la manif’, car en vrai marxiste, tu rêves toujours du « grand soir », du chaos, de la révolution, du cauchemar romantique de la prise du pouvoir par la rue. Evidemment, il y aura toujours des gogos pour te suivre. Mais enfin, tu nous fatigues. A 73 ans, prends donc ta retraite !

En attendant, Michel Barnier s’est mis au travail.

Le mensonge du NFP arrivé en tête est démenti. Avec ses 180 députés, il est largement dépassé par les 225 du bloc central qui constitue désormais le 1er groupe à l’Assemblée nationale. 40% des Français pensent que la nomination de Barnier est une bonne chose contre 26% une mauvaise, et 52% pensent qu’il réussira à construire un gouvernement de rassemblement. Retour sur terre !

 


CIOTTI A TOUT FAUX !

Ciotti

Une UDR bien factice.

En créant une nouvelle version de l’UDR, Eric Ciotti persiste et signe. Je ne suis pas certain que la référence au sigle de l’ancien parti gaulliste soit pertinente et relèverait plutôt de la malhonnêteté intellectuelle en s’en servant pour concrétiser une alliance avec le Rassemblement national. Il y a bien des gaullistes qui doivent se retourner dans leur tombe. Je m’interroge même sur sa signification : que peut bien vouloir dire, en effet, Union « des Droites » pour la République ? De quelles droites parle-t-il outre la sienne ? Mais surtout, l’erreur est monumentale s’il s’agit de ranger le parti de Marine Le Pen dans cette catégorie.

Sans sombrer dans la diabolisation ni la caricature, le Rassemblement national n’est pas vraiment un parti de droite.  C’est un parti populiste au programme composite. De droite il n’a que ses postures radicales et véhémentes contre l’immigration et l’insécurité dont l’application concrète ne serait pas sans poser problème au regard de notre droit et de la cohérence avec les directives européennes. 

Qu’avons-nous de commun avec ce parti ?

En dehors de l’immigration et de la sécurité, pas grand-chose.

Sur le plan du programme économique, nous ne pouvons pas nous reconnaître dans les propositions démagogiques sur le renoncement à la réforme du financement des retraites, la hausse du SMIC, l’abandon de la loi Dutreil qui facilite la transmission des PME, la conception de « l’Etat stratège », version policée du dirigisme économique national-étatiste. A bien des égards, c’est un programme de gauche, ce que revendique Marine Le Pen quand elle affirme qu’elle n’est pas de droite.

Nous ne sommes pas du tout d’accord sur l’Europe. Le Rassemblement national préconise nombre de dispositions qui nous amèneraient à sortir de l’UE, bien qu’il se garde de le dire clairement. L’abandon des souverainetés que nous partageons avec nos partenaires, comme le rétablissement des frontières, en est l’expression la plus visible. Il y a peu encore, il voulait sortir de l’Euro.  Et que penser du rôle de Jordan Bardella qui a pris la présidence du groupe des nationalistes fondé par Victor Orban, principal allié de Poutine contre l’Ukraine et cheval de Troie de l’économie chinoise dans l’Union.

Ces divergences sont fondamentales et constituent, à mes yeux, des lignes rouges infranchissables, empêchant toute alliance. Et encore, je me garde de tout procès d’intention sur ce que serait une éventuelle prise de contrôle des médias, mise au pas de la justice ou prise en main de la police, au cas où il parviendrait au pouvoir. Si Orban est le modèle, ça craint. 

Je ne comprends pas la démarche d’Eric Ciotti.

Il a choisi un chemin de servitude. Désormais son sort est entre les mains de la famille Le Pen. Les messages qu’il nous envoie pour inciter à le rejoindre sont pitoyables et l’argumentation fallacieuse. La manière dont il a méprisé les instances des Républicains est honteuse. S’il y a une réalité qu’il faut bien prendre en compte, c’est l’échec du RN aux élections législatives. En votant à près de 75%, le corps électoral a clairement signifié qu’il ne souhaitait pas le voir gouverner. Je n’approuve pas pour autant le Front populaire mais personne n’a obligé les Français à voter et n’a tenu leur main dans l’isoloir.  Que le pays en ressorte ingouvernable, est une autre affaire.  Les comportements à la Ciotti n’y sont pas pour rien !

En refusant de confier au RN le gouvernement du pays, les Français ont montré qu’ils n’ont pas renoncé à rester fidèles à leur histoire et aux valeurs de la République. Surtout, les Jeux de Paris ont montré qu’ils étaient capables de se rassembler autour d’un objectif commun, d’étonner le monde par leur créativité, leur efficacité et leur sens de la fête, de rivaliser avec les meilleures nations au plan de l’organisation comme des performances sportives. La réussite des JO fournit des clés utiles pour sortir de l’impasse politique et engager le redressement de la France. On aura l’occasion d’y revenir.