Deux mots à propos du bicentenaire de la mort de l'Empereur.
Sainte-Hélène, 5 mai 1821, 17h49, l’Empereur s’éteint. Deux cents ans plus tard nous nous apprêtons à commémorer sa mort. Un évènement qui suscite bien des expositions, bien des émissions de télévision, et même des manifestations avec défilés en habits, colloques sans oublier les innombrables articles et livres. Nous saurons tout sur Napoléon, le vrai, le faux, le génie, le despote, son parcours, ses amours, sa gloire et ses erreurs… Certains voudraient qu’on l’efface de notre histoire. Je ne serai pas de ceux-là. Car Napoléon est l’une des figures les plus populaires du monde, dont l’aura dépasse largement les frontières de la France. Il est autant connu par la vraie histoire que par la légende qui est née après sa mort et qui a dominé les esprits tout au long du XIXème siècle, et même encore aujourd’hui. Son œuvre a été considérable bien que le bilan de son règne soit évidemment contrasté.
Je vous propose donc d’entrer "dans les pas de Napoléon Bonaparte". Une histoire que j’ai enseignée pendant de nombreuses années et que je prends plaisir à redévelopper pour le calepin.
Deux mots pour dresser le décor.
Le printemps 1794 est marque par la lutte de Robespierre contre les factions hébertistes et dantonistes. Mais la « Révolution est glacée » comme le dit « justement » Saint Just. La dictature de Robespierre et la Terreur, que ne justifie pourtant plus la situation militaire, ne peuvent se prolonger : le 9 thermidor (27 juillet 1794), les robespierristes disparaissent dans le soulagement général. Les thermidoriens représentent la bourgeoisie révolutionnaire qui veut consolider son pouvoir politique face aux sans-culottes et aux royalistes. L’équilibre est difficile à maintenir, et lorsque la Convention fait place au Directoire, le nouveau régime ne parvient pas davantage à la stabilisation : une série de coups d’Etat traduit cette lutte sur deux fronts. Une force va dès lors s’imposer et jouer le rôle d’arbitre : l’armée, auréolée de son immense prestige dû aux victoires d’Italie. Il faut donc s’intéresser au plus populaire de ses chefs, Bonaparte, qui est choisi par le Directoire pour mettre fin à l’anarchie qui s’installe à Paris.
Qui est Napoléon Bonaparte.
Deuxième fils de Charles Marie Bonaparte et de Letizia Ramolino, Napoléon est né le 15 août 1769 à Ajaccio, un an après l’annexion de la Corse par la France. Pasquale Paoli avait défendu en vain l’indépendance de l’île ; il avait été vaincu à Ponte-Novu en mai 1769 et s’était exilé. Charles Bonaparte qui combattait à ses côtés avait alors rallié les Français. C’est grâce au comte de Marbeuf, nouveau gouverneur, que la noblesse d’origine florentine des Bonaparte est reconnue et c’est ainsi que Napoléon eut accès aux écoles d’officiers du continent. Il quitte donc la Corse fin 1778 pour faire ses études. Il sera successivement élève au collège d’Autun, puis de Brienne pour terminer à l’Ecole militaire de Paris dont il sort lieutenant. Il n’en est pas moins resté Corse dans l’âme. Il n’aura de cesse que de retourner dans son île natale qui devient bientôt un département et où il se mettra au service de Paoli, revenu d’exil. A ce moment-là, il ne voit son avenir qu’en Corse. Il lui importe peu que la monarchie soit renversée et que la guerre éclate sur le continent. Mais ses relations avec Paoli sont entachées par la trahison de son père que le chef corse n’a pas oubliée, et quand celui-ci se rapproche des Anglais, Napoléon s’y oppose. Son admiration pour lui s’effondre. Paoli étant mis hors la loi, Napoléon rejoint les Conventionnels envoyés en mission pour rétablir l’ordre. Mais la tentative pour reprendre Ajaccio aux paolistes échoue. Napoléon est obligé de fuir avec sa famille. Il débarque en France le 11 juin 1793. C’est sur le continent que s’écrira son histoire !
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