La
première idée qui vient à l’esprit pour réduire l’impasse démographique, c’est
de repousser l’âge légal de la retraite de plusieurs années et d’allonger la
durée de cotisation. Par rapport à l’allongement de la durée de vie, il n’y a
rien de choquant. Il est en effet difficile d’imaginer qu’il soit
économiquement viable un temps de repos après la vie active qui durerait autant
voire plus longtemps que celle-ci.
L’avantage,
c’est que cela permet de diminuer tout de suite la pression financière sur le
financement des pensions par l’effet de report de une à plusieurs années sur
ceux qui pouvaient prétendre à partir en retraite. C’est même la décision qui
aurait le plus d‘effet.
Mais
c’est politiquement difficile. D’abord l’opinion a du mal à comprendre cet
effort par comparaison avec la génération actuelle qui en profite pleinement dans
des conditions optimales pour un grand nombre, de santé et de niveau de vie. L’âge
d’or des retraités nuit à la perception des mesures drastiques qu’il faut
pendre.
La
difficulté la plus importante réside dans le symbole de « gauche »,
mesure emblématique de Mitterrand, que la retraite à 60 ans constitue. Non financée
et prise déjà à contretemps en 1982, cette mesure reste un « tabou »
qui explique les atermoiements de Martine Aubry. L’écueil n’est pas mince pour
le gouvernement. D’autant plus qu’il faut auparavant régler le problème de la « pénibilité »,
qui pourrait être une bonne compensation, et celui du taux d’occupation des
seniors. A quoi bon repousser l’âge si les entreprises les mettent dehors à 55
ans ! L’emploi des seniors est une clé importante à la solution du
problème.
L’allongement
de la durée de cotisation est probablement plus acceptable si elle est étalée
dans le temps, comme la loi de 2003 l’a déjà engagé. Elle permettrait de remettre
un peu d’équilibre dans la pyramide des âges entre la population dite « active »
et la population inactive ou pensionnée.
Si
on était dans un monde raisonnable, face à l’allongement spectaculaire de la durée
de la vie humaine, fixer un âge légal de la retraite a-t-il encore un sens ?
Ne pourrait-on pas imaginer que chacun ait le droit de travailler aussi
longtemps qu’il veut et que si un employeur veut licencier, l’indemnité de
licenciement serait décroissante à partir d’un certain âge ? Puisqu’il est
légal aujourd’hui, dans notre pays, de pouvoir travailler jusqu’à 70 ans,
pourquoi ne pas donner une liberté totale.
Cela
pourrait s’accompagner d’un seul système de retraite universel sur les mêmes
bases pour tous et par points avec d’éventuels coefficients correcteurs en
rapport avec la pénibilité, la maladie, le chômage... Ce serait juste, souple
et surtout équitable, chacun se constituant le niveau de sa pension en fonction
de son tempérament.
Ce
système par points existe déjà : c’est celui utilisé par les régimes
complémentaires. Si eux savent le faire, il doit être possible de le transposer
en régime général. Est-ce utopique ? Non ! D’ailleurs c’est à quelque
chose qui y ressemble que pense François Chérèque. Et pourtant ce projet est exposé aussi par Claude Bébéar dans "Les Echos".
La
souplesse d’un tel système, assorti de tous ses paramètres sociaux, aurait le
mérite d’enterrer « la guerre de l’âge ». Resteraient à définir la
valeur du point, le calcul de l’éventuelle indemnité de licenciement et à se
mettre d’accord sur la table de mortalité utilisée….
Demain : dernier volet, La "Finance" en ligne de mire...
"Mais c’est politiquement difficile. D’abord l’opinion a du mal à comprendre cet effort par comparaison avec la génération actuelle qui en profite pleinement dans des conditions optimales pour un grand nombre, de santé et de niveau de vie. L’âge d’or des retraités nuit à la perception des mesures drastiques qu’il faut pendre. " Ces retraités ne pourraient-ils pas être sollicités ?
C'est de leur faute s'il n'y a pas assez d'actifs ou de travail !(je plaisante !) Seuls les futurs retraités et leurs enfants devraient être solidaires, au nom des avantages acquis ?
Les retraités fonctionnaires bénéficieraient des règles de calcul anciennes et les nouveaux feraient ceinture ! C'est bien de trouver des solutions mais en cas de famine, on se serre la ceinture avec les autres. Sauf, bien sûr, pendant la guerre avec le marché noir.
Rédigé par : ARSOUILLE | 22 avril 2010 à 17:40