HISTOIRE
Previous month:
novembre 2024

LA POLITIQUE DU PIRE !

Comédie grecque

 

C’est évidemment la pire des politiques que Marine Le Pen a choisie en décidant de voter la censure du gouvernement Barnier « d’où qu’elle vienne ». Cette lourde responsabilité sera partagée par les députés de gauche, qui ont jugé « honteuse » la tentative de dernière minute de Michel Barnier de dissuader Marine Le Pen de voter la censure, mais qui s'apprêtent sans complexe (y compris un ancien président de la République) à associer leurs voix à celles du RN pour faire tomber le gouvernement. Ils commettent une faute grave, dont le pays n'aura pas fini de subir les conséquences. 

Spectacle affligeant.

On aurait pu penser que l'intérêt commun allait tout de même primer sur les petits calculs électoraux. Mais rien n’y a fait, même les concessions courageuses du premier Ministre. Le gouvernement Barnier devrait donc être censuré demain en fin d’après-midi. Nous voilà donc repartis pour une période d'instabilité qui sera forcément dévastatrice pour l'économie. Elle l’est déjà ! Elle aura son lot de conséquences politiques.  Ainsi, on apprend que Macron avait déjà commencé à tester des noms de Premier ministre et que les petites négociations avaient commencé alors que Barnier se débattait encore pour sauver ses budgets. Comme la dissolution de cette assemblée infernale, le mot n’est pas trop fort, n'est possible qu'en juillet 2025, soit on a un ou une nouveau/nouvelle Premier ministre qui tient jusque-là, soit on a des élections présidentielles anticipées. Sans oublier tous les rebondissements possibles et inimaginables. Le clou du spectacle c’est le numéro d’Eric Ciotti qui va joindre sa voix à l’extrême gauche pour censurer l’un de ses anciens compagnons : trahison méprisable et pitoyable !                  

Et le budget ?

Il ne faut pas oublier non plus l’essentiel : la France n’aura pas de budget 2025 voté avant le 31 décembre. Une loi spéciale sera votée et on fonctionnera avec le budget 2024. Donc il faut oublier les réformes : pas de surtaxes d'impôts sur les entreprises, pas de réductions des dépenses publiques, pas de nouvelles aides, comme celles prévues pour les agriculteurs. Les retraites seront revalorisées totalement, mais nous subirons des hausses des impôts sur les revenus puisque les barèmes ne changeront pas. Les économistes prévoient un déficit tout de même en baisse à 5,3% du PIB. Sauf si l'économie s'écroule encore plus, ce qui est le scénario le plus probable.      

Faut-il craindre une crise financière ?

Oui et non. Oui, car l’écart (« spread ») de taux par rapport à l'Allemagne va continuer à se dégrader. Et nous allons normalement dépasser les 1% de taux d'emprunt supplémentaire à 10 ans par rapport à l'Allemagne. Non, parce que nous sommes en période générale de désinflation et de baisse des taux en Europe et nous emprunterons certes plus cher que l'Allemagne, l'Espagne ou la Grèce mais à des taux encore historiquement faibles. C’est néanmoins des charges supplémentaires pour la dette. Et évidemment, on va avoir des répercussions sur la Bourse de Paris qui va continuer à se dégrader. Rappelons qu'elle est en baisse de 6% depuis le début de l'année alors que la bourse allemande est en hausse de 19% et les indices américains en hausse de 25 à 30%.   

Quid de la crise économique ?                  

La crise économique va s'accélérer à cause de l'irresponsabilité de nos élus. La France est déjà à l'arrêt : les consommateurs ne consomment plus, les entreprises n'investissent plus, les investisseurs étrangers se détournent de la France et on les comprend. Dans ce contexte, la censure est dramatique et irresponsable.

Marine Le Pen n’y gagne rien.

En dehors de la satisfaction d’avoir fait chanter le gouvernement, sa décision va être lourde de conséquence pour sa candidature à l’Elysée : les électeurs qui lui manquent et qu’elle pouvait gagner dans l’électorat de la Droite républicaine à force de respectabilité vont lui être définitivement hostiles avec la censure de Michel Barnier. Sans compter que vont s’interrompre les politiques qu’elle appelait de ses vœux comme le contrôle de l’immigration.

En plus d’être une escroc qui a détourné plus de 4 millions et demi d’euros du Parlement européen, ce qui a été largement démontré par son procès, Marine Le Pen a donc baissé le pouce devant Michel Barnier, qui lui demandait d'épargner son gouvernement en engageant lundi après-midi sa responsabilité sur le budget 2025 de la Sécurité sociale. Mais comme l'a taclé l'ancien ministre de l'Industrie, Roland Lescure, « Marine Le Pen n'est pas Jules César, c'est plutôt Machiavel au petit pied qui joue avec l'argent des Français. » Nul doute que la menace sur son inéligibilité a joué dans son changement de stratégie. Mais en misant sur la démission d’Emmanuel Macron, elle fait un pari douteux. Et la France dans tout ça ? Elle en fait peu de cas, car  contrairement à ce qu'elle proclame, l'intérêt des Français a pesé peu chose dans sa démarche. Car ils sont les dindons de la farce !

En attendant, on va encore avoir Lucie Castets qui va s'autoproclamer Première ministre et Mélenchon qui va se rêver Président, accrochez-vous pour ne pas craquer…