Les pays
développés ont connu, avec la crise de 2008-2009, une détérioration
considérable de leurs finances publiques. La France n’y a pas échappé,
évidemment. Deux causes en sont à l’origine : la chute des recettes,
conséquence directe de la baisse de l’activité économique, et le plan de
relance qui s’est traduit par une hausse importante des dépenses publiques. Et
dans un pays à fort « état providence » comme le nôtre, le recul de
l’activité entraîne aussi une augmentation mécanique et importante des dépenses
sociales, ce qu’on appelle en jargon comptable : des « revenus de
transfert ». La conséquence, c’est que l’endettement public s’y est accru,
comme partout en Europe et dans les pays développés.
C’est
pourquoi, dans notre pays, l’état doit
dès que possible entamer un processus résolu de diminution de la dépense
publique. Pour que cette stratégie soit couronnée de succès, il faudrait que la
baisse de la dépense publique soit engagée pour longtemps et fasse l’objet d’un
consensus national. Il est nécessaire aussi que cette diminution ne soit pas nocive
pour l’économie mais bénéficie, autant que possible, au secteur privé pour que
les emplois supprimés dans le secteur public soient transférés dans la sphère
marchande. Enfin, la baisse de la dépense publique doit être présentée non pas
comme une « réforme », mais comme un processus à long terme, indispensable pour
que l’économie française reste en croissance et ne connaisse pas d’accident
majeur.
Et il est
urgent que la fuite en avant s’arrête. Comme le soulignent les spécialistes,
une dette publique excessivement lourde crée trois types de problèmes, par
ordre croissant de gravité : une perte de capacité d’action de la politique
économique ; une augmentation des taux d’intérêt demandés par les
créanciers de l’état, en cas de dégradation de la notation de la dette, et donc
un accroissement exponentiel de l’endettement public ; le rééchelonnement
de dette ou la faillite, quand l’état devient incapable de faire face à ses
engagements.
D’ailleurs, la question de la dette
figure parmi les principales préoccupations des Français, toutes catégories
d’âge et socioprofessionnelle confondues, dont la grande majorité se déclarent
inquiets de l’évolution des déficits de l’état. Ils commencent à se rendre
compte que leurs enfants devront payer la facture. Mais les études
montrent qu’ils en ont une approche dominée par une dimension plus morale
qu’économique et financière puisque 69% d’entre eux considèrent que le problème
de la dette est qu’elle constitue « un lourd fardeau pour les générations
futures ». A cette inquiétude pour les finances publiques s’ajoute celle,
encore plus importante, concernant le problème des retraites.
Si on écoute nos concitoyens,
ceux-ci privilégient la baisse des dépenses de l'état (92 %) par rapport à une
augmentation des prélèvements obligatoires (8 %), ce qui valide le chemin
poursuivi par le gouvernement, et une grande majorité d’entre eux (72%) en font
une urgence, en estimant que la crise économique ne justifie pas de reporter
l'effort de réduction de la dette.
Comme on le voit, le gouvernement a
raison de se saisir dès maintenant du problème. Il lui faudra trouver sur cet
épineux dossier, comme pour les retraites, la quadrature du cercle. Car, c’est
bien connu, les Français sont toujours prêts à l’effort à condition que ce soit
les autres qui le fassent.
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