HISTOIRE

METTRE FIN AU PIRE D’URGENCE

 

Ce sont les incertitudes politiques qui alimentent la spirale d’effondrement des bourses. En Europe comme aux Etats-Unis, la crise financière s'invite dans la politique intérieure, dont elle modifie les règles du jeu. En effet, la vulnérabilité des Etats lourdement endettés offre un nouveau levier d'action aux oppositions d’autant plus radicales quand elles sont à l’approche d’échéances électorales : la « politique du pire ».

On l'a vu chez les Américains, quand les républicains, sous la pression du Tea Party, ont repoussé jusqu'à l'extrême limite du défaut de paiement le vote autorisant la hausse du plafond d'endettement de l'Etat, minant du même coup la confiance des créanciers. C'est ce qui a permis aux dirigeants de l'agence Standard & Poors d’invoquer les « risques politiques » pour justifier, début août, la dégradation de la note de la dette américaine.

Politique du pire aussi en Belgique, sans gouvernement depuis plus de quatorze mois et dont la dette publique avoisine 100 % du PIB : l'Alliance néoflamande (NVA) instrumentalise la crise et « joue la montre », attisant la méfiance des marchés, pour soutenir ses revendications sur le séparatisme fiscal et le statut de la région bruxelloise. Ce parti vient de bloquer totalement les négociations.

Politique du pire, enfin, dans le cadre européen, quand la Finlande menace de ruiner le plan de sauvetage de la Grèce : en négociant directement avec Athènes des garanties financières qui vident de son contenu un accord obtenu de haute lutte, le gouvernement d'Helsinki incite d'autres Etats membres - Pays-Bas, Autriche, Slovaquie -à suivre son exemple. Ce qui est choquant, c’est qu’un pays qui n'intervient qu'à hauteur de 2 % du plan d'aide, pressé par un parti nationaliste anti-européen (les Vrais Finlandais) qui occupe 20 % des sièges à son Parlement, peut remettre en question la stabilité de la zone euro.

La France n’échappe pas à la règle. L’opposition refuse toujours de donner des signes sérieux de discipline budgétaire et ses candidats rivalisent de promesses de dépenses, à l’exception de Manuel Valls, et donnent même des leçons au gouvernement, reprochant à Nicolas Sarkozy de ne pas être assez actif face à la crise financière. Ce qui est un comble. Au pire, notre opposition ajoute l‘irresponsable.

Heureusement, il existe des contre-exemples, comme celui de l'Espagne, où la « règle d'or » de l'équilibre budgétaire, avec les sacrifices qu'elle implique, est approuvée par l'opposition comme par la majorité. On voit que la crise financière, finalement, sert de test politique : la résistance à la « tentation du pire » mesure le degré de cohésion au sein de la nation, comme au sein de l'Europe.

Le problème c’est que la chute des marchés ne repose pour le moment sur rien de concret. Si l'on s'en tient aux fondamentaux, ils relèvent même du pur fantasme. Les trois grandes banques cotées du pays présentent un profil rassurant. Elles ont les reins suffisamment solides pour encaisser sans en être ébranlées un nouveau choc en provenance d'Athènes. Elles disposent d'une base de fonds propres élevée, bien supérieure à ce qu'elle était en 2008. La rentabilité de leurs activités leur permet en outre de tabler sur un renforcement accru de ces réserves. Au deuxième trimestre, les profits de BNP Paribas ont atteint un niveau record, quand les semestriels de la Société Générale dépassaient 1,5 milliard d'euros. Et côté liquidités, la situation est sous contrôle. L'accès au dollar s'est certes dégradé depuis début août, mais il n'est pas fermé. Et la BCE l'a répété ces derniers jours, elle fournira la liquidité nécessaire.

La maison bancaire française ne brûle pas mais elle est victime, comme l'ensemble du secteur européen d'ailleurs, de l'indécision des gouvernements de la zone euro face au péril grec. Elle n'a pas besoin d'argent frais, ni d'un mécanisme de liquidité publique. En fait, les banques, comme tous les Européens, ont surtout besoin que la crise de la dette souveraine trouve rapidement une solution politique pour couper court à tout risque de contagion. Et la vitesse à laquelle évolue leur cours de Bourse donne une idée du caractère d'urgence de la situation.

 


DANS LES CARTONS DE TRYPHON.

 

UNE NOUVELLE SOURCE D’ENERGIE POUR LE FUTUR

 Hydrolienne

Utiliser l’énergie du courant des marées pour fabriquer de l’électricité, ce n’est pas nouveau. C’est la vocation de l’usine marémotrice de la Rance, et elle ne date pas d’hier. Mais la nouvelle machine, assemblée à Brest, qui vient d’être mise à l’eau, donne une nouvelle dimension à la conquête de l’énergie que recèlent les océans dans leurs profondeurs.

La plus grande hydrolienne (puisqu’ainsi il faut la nommer) du monde est en cours d’installation et sera immergée au large de Paimpol-Bréhat. C’est un énorme « moulin » à marée haut comme un immeuble de sept étages, pesant 850 tonnes, commandé par Edf à l’entreprise irlandaise OpenHydro. Il restera sur site pendant deux mois d’essais et s’ils sont concluants, il sera raccordé au réseau au cours de l’été prochain en même temps que la pose de trois autres machines. La puissance du parc sera alors de 2 mégawatts (équivalent à la consommation annuelle de 2 000 foyers)

C’est le début d’une nouvelle aventure industrielle très prometteuse. Le gros avantage présenté par les hydroliennes c’est que l’intensité des courants est prévisible ce qui assure une production facilement identifiable. Certes, les sites sont rares car ces machines requièrent un courant moyen minimum de 7 km/h. Il en a été répertorié 60 000 sur la surface de la planète. S’ils étaient tous équipés d’une machine, ce serait une production qui représenterait 0,5% de la consommation électrique mondiale. Le meilleur site français sera au large de Cherbourg, le Raz Blanchard.

Le prototype a coûté à EDF une quarantaine de millions d’euros dont è millions d’aides publiques. C’est douze fois plus cher que l’éolien terrestre, mais on est dans l’innovation. Les coûts devraient être divisés par trois en 20 ans. Il faut tenir compte aussi du rendement qui sera plus performant.

Parmi les concurrents d’OpenHydro, Alstom Océan, basé à Nantes testera sa « Beluga 9 » de 13 m de diamètres, en 2012. Il faut compter aussi avec l’anglais Marine Current Turbine dont Edf est actionnaire.

C’est une filière industrielle qui est en train de naître. Le projet associe DCNS Lorient (pales en résine et barges de pose), CMB à Dunkerque (construction du support), DCNS Brest (assemblage), Converteam (conversion électrique), Silec (cable)…Une opportunité pour DCNS longtemps spécialisé dans le naval militaire qui amorce là une nouvelle diversification, après le nucléaire civil, sur laquelle misent Brest et la Bretagne. Mais on n’est pas au bout du chemin.

 


L'impromptu de Berlin

 

Avec cette nouvelle journée maussade aussi bien par la météo que par le nouveau plongeon des bourses, voici un petit texte, dont j'ignore le nom de l'auteur, qui permet d'aborder le sujet sur un mode plus détendu. je l'ai reçu il y a déjà quelques temps et ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous. Une manière d'oublier la descente vertigineuse des titres de nos banques. Si ça continue, on va bientôt trouver du pétrole sous le siège de la société Générale ! ...

La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela Von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents du quatuor de Joseph Haydn.

Nicolas :
> > Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
> > Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
> > Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure
> > Entendez les Romains : ils appellent au secours !
> > Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
> > Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
> > Attendent de vous, madame, le geste généreux !
> > De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
> > Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
> > Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez.
> > Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...

Angela :
> > Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
> > Folle étais-je de croire à une douce surprise
> > En vous suivant ici seule et sans équipage
> > Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
> > Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
> > De n'être courtisée que pour son seul argent !

Nicolas :
> > Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand
> > Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
> > D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
> > Le monde nous regarde, craignons le ridicule !
> > Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
> > La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
> > Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
> > Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
> > Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
> > Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
> > Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !

Angela :
> > J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière
> > L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
> > Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
> > L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
> > Et vous me demandez, avec fougue et passion
> > De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
> > Ce serait trop facile et ma réponse est non !

Nicolas :
> > On ne se grandit pas en affamant la Grèce
> > En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
> > Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
> > D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
> > Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.
> > Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
> > Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !

Angela :
> > Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle
> > Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
> > Mais si je disais oui à toutes vos demandes
> > Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !

(Ils s'éloignent, chacun de leur côté)

 ...

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

 

 

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11 septembre 2001 : attentat contre les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan.

Lundi : C’était la rentrée. J’ai entendu au journal de midi une « mère en colère » se plaindre de la suppression des postes : rendez-vous compte, dans la classe de son enfant, les effectifs vont passer de 14 à 21 ! En effet, c’est monstrueux ! Ils devraient passer à … 25, au moins. Qui va expliquer à cette brave dame que les prof’ sont payés à crédit toute l’année, puisque les intérêts de la dette équivalent aux salaires des fonctionnaires ? Le retour de DSK chez lui, place des Vosges, c’est DSKtologis ? C’est ce que m’inspire ce jeu médiatique à la complicité partagée. Lundi noir à la bourse de Paris, et les valeurs bancaires dégustent. Irrationnel ?

Mardi : c’est la rentrée aussi pour les députés. L’assemblée nationale examine le plan d’ajustement du gouvernement : on se chamaille pour des queues de cerises à l’UMP, mais on finit par trouver les sous. Il y en a quand même qui trouvent le moyen de râler pour la taxe sur l’hôtellerie de luxe. Les marchés continuent de plonger, malgré une tentative de rebond, mais ce n’est pas pour ça. Borloo a du mal à respirer, c’est pour ça qu’il a fait sa rentrée dans les locaux « d’Oxygène », en maintenant le suspense sur sa candidature. Il est vrai que sans les maigres troupes du Nouveau Centre et l’argent de l’UMP (aucun député n’a quitté le groupe), le radical est plutôt démuni. Sans percée dans les sondages, il est contraint à faire un peu de démagogie pour exister. Mon pronostic : il va déclarer sa candidature mais ne pourra pas aller jusqu’au bout. Pas assez au centre pour l’incarner.

Mercredi : le président reçoit les parlementaires UMP. Recadrage ? Pas besoin. Annonce sur ses intentions ? Trop tôt. Mais il ne renonce à rien ! Il est resté concentré sur la crise, une manière de montrer qu’il veut rester au-dessus de la mêlée. En face, la guéguerre des roses parait bien dérisoire face aux défis actuels. Justement, Ségolène Royal s’en est pris aujourd’hui aux sondages ce qui est dans la droite ligne de ce que j’exposais dans la note « Une belle arnaque » de mardi. Elle a saisi la fameuse « haute autorité des primaires citoyennes » pour contester les conditions de réalisation des enquêtes d’opinion. Chez les alliés de Martine Aubry, le doute s’installe aussi. Coincée entre ses petites phrases sur DSK et son aile gauche, sa campagne patine. A l’Assemblée nationale, les députés ont voté pour l’application de l’accord européen du 21 juillet. La France est le premier pays dont le parlement a voté les nouvelles mesures de sauvetage de la Grèce : difficile de faire mieux ! Les marchés rebondissent.  Hollande viendrait chez Goua le 26 septembre, mais à condition de serrer des paluches du bon peuple d’en bas. En Allemagne, la production industrielle a bondi de 4% en juillet : faux rebond ou redémarrage ? Trompe l’œil plutôt.

Jeudi : Nicolas Sarkozy inaugure la LGV Dijon-Belfort et met l’accent sur l’effort d’investissement dans le ferroviaire. Ce déplacement du Président a mis en émoi (et moi, et moi, et moi) Villepin, on ne sait trop pourquoi. « Il y a d’autres choses à faire en ce moment » affirme-t-il. On sait ce qu’on a envie de lui répondre au cow-boy solitaire. Jean-Noël Guérini a été mis en examen. Au PS on fait profil bas. Mais les noms d’oiseaux commencent à voler dans la primaire. En même temps on apprend que le trou de la sécu en 2010 est béant : 30 milliards. Les Français consomment trop d’anxiolytiques, mais c’est peut-être pour ça qu’on n’a pas « d’indignés ».

Vendredi : Depuis trois jours les images tournent en boucle. Celui qui n’a pas vu l’effondrement des tours jumelles doit être aveugle. Un peu oppressant quand même tout ce battage. Commémorons, mais avec gravité et simplicité. Inutile d’en rajouter quand tout et même plus a déjà été dit. Pendant que les ministres des finances du G8 s’écharpent à Marseille, Obama tente d’injecter 447 milliards de dollars dans l’économie américaine. Un nouveau bras de fer destructeur s’annonce avec les Républicains. Il n’y a pas que nous qui avons une opposition à la c…

Samedi : C’est dans le journal ce matin : c’est sûr, Bodard y va ! Cela fait donc six listes avec celle du FN, pour les sénatoriales dans le Maine-et-Loire : Raoul n’est plus cool, ça lui apprendra de se moquer de la droite.  Les « accroche-cœurs » c’est parti aussi. La grande fête « panem et circem » à la mode angevine déroule ses numéros aux quatre coins de la ville. Gratos ? Sûr, y’a bien quelqu’un qui paie, toujours le même… Le même qui paiera le centre « aqualudique » à 34 millions d’euros ! Nouvelle tempête boursière pour la fin de la semaine sur fond de démission à la BCE : on va finir par atteindre « ground zero ». Rugby : le ballon n’est pas rond, mais ce n’est pas une excuse pour un match aussi décousu. Les bleus ont frôlé le scénario 3D (3 défaites et on rentre). Pour un peu on se serait cru au foot… Le prochain obstacle c’est le Canada : espérons qu’il ne soit pas trop « dry » !

Dimanche : les cérémonies new-yorkaises monopolisent le petit écran. Dix ans après, l’émotion est toujours là et la sidération provoquée par les images, intacte aussi. Mais Oussama est mort ! Maigre consolation, mais consolation quand même. Au chapitre des universités politiques c’est le tour du FN et des centristes. C’est fou ce que la Marine a le visage dur. Est-ce un tropisme de ma part, mais j’ai l’impression de voir de la haine et de la méchanceté même dans son sourire, encore plus dans son arrogance naturelle. A la Grande Motte (tout un programme !) Borloo et Morin se sont retrouvés, mais sans Charette (excédé parait-il), et encore moins Bayrou. De belles faenas (olé), mais comment s’y retrouver entre les centristes des champs (hier au gouvernement) et ceux des villes (aujourd’hui au gouvernement). Tout ça pour affirmer que l’avenir du centre est à droite : ça on le savait déjà. Encore faut-il ne pas la faire perdre, la droite !

 


QUI AURA L’AUDACE DE FAIRE UNE CAMPAGNE DE VERITES ?

 

Nous sommes à huit mois de l’élection présidentielle. Les nuages s’accumulent à nouveau sur l’horizon avec la menace d’une nouvelle récession. Après la crise financière, voici celle des dettes souveraines. L’économie réelle commence déjà à être asphyxiée par la paralysie qui gagne une nouvelle fois les banques qui hésitent à se prêter…

Pendant ce temps-là, le bal des prétendants nous joue l’air de l’été en pente douce. Rien ne paraît encore bien grave ; nous campons sur notre richesse acquise, bien réelle mais déjà sérieusement écornée : le déficit de nos exportations nous le rappelle chaque mois. A qui remettre les clés du destin de la France pendant les cinq prochaines années ? A Martine la dépensière qui croit encore à ses chimères de relance par la consommation comme elle croyait que les 35H allaient partager le travail ? A François Hollande, Monsieur « on verra », qui élude les réponses à toutes les questions décisives ? A Marine la ruine, avec ses projets fous  national-totalitaires et hexagonocentriques ? Au Président sortant qui porte déjà la croix de ses réformes pour avoir voulu mettre les Français devant la réalité, et encore a-t-il reculé sur plusieurs projets et tenté maintenant de temporiser pour ne pas oberrer toute possibilité d’être réélu ?

Qui ne voit que la situation actuelle exige une politique de redressement forte et volontaire. Les Français des couches populaires sont tentés de la voir dans les propositions radicales du Front National. Sa présidente rêve de la France au fond du trou ce qui lui permettrait, pense-t-elle, de prendre le pouvoir. La pente fatale. Il n’y a rien de pire que les politiques du pire. Il serait temps que les partis de gouvernement acceptent de voir et surtout de dire la vérité. Mais ce n’est pas demain la veille pour le PS qui refuse toujours de voter la "règle d’or" par aveuglement politicien.

Quelle est-elle cette vérité ? Que nous sommes en déclin économique depuis presque trente ans et nous arrivons à nos dernières cartouches. Le mal provient de la dette, de la perte de compétitivité et de l’Europe. Chacune de ces causes a besoin d’un traitement.

La dette a pris une telle ampleur qu’elle parasite l’Etat au point de réduire ses marges de manœuvres à peu de choses. C’est l’Etat providence qu’il faut radicalement remettre à sa place. Il faut réduire les dépenses et réinventer la protection sociale en ciblant les maux d’aujourd’hui, la précarité des emplois et les aides aux plus démunis tels que mères seules avec des enfants, ou encore les jeunes.

Pour réarmer notre industrie, il faut que l’état retrouve des moyens d’action, ne serait-ce que pour renforcer les investissements en recherche développement. Rendre nos entreprises à nouveau compétitives sera notre principale planche de salut. Contrairement  à ce que l’on pense généralement, ce ne sont pas les  délocalisations qui sont responsables des 500 000 emplois perdus dans l’industrie. Ils ont purement et simplement disparus par la mort de secteurs entiers  sous les coups de la concurrence internationale et nous avons été incapables d’en reconstruire suffisamment dans les filières nouvelles. Elargir notre recherche-développement trop concentrée et insuffisante, baisser le coût du travail (merci les 35h), baisser les impôts et charges (17% du PIB en France, soit 6 points de plus que ma moyenne européenne)  tout cela pour redonner des marges qui permettent les investissements et donnent les moyens d’aller sur les marchés d’exportation.

A condition aussi de tordre le cou aux idées reçues : à savoir que les entreprises ne gagnent pas trop d’argent, bien au contraire ; que le capital ne capte pas trop de valeur ajoutée aux dépends du travail ; que le coût du travail est pour beaucoup dans la compétitivité.

Entre la réduction de la dette et le besoin de relancer l’industrie, il faut déplacer 10 points de PIB en cinq ans vers l’Etat (dette) et vers l’entreprise par une TVA sociale. Beaucoup l’ont compris. Pourquoi a-t-on peur de fâcher les Français.

De toute façon, le prochain président de la République ne pourra pas faire autrement que d’assumer la baisse du pouvoir d’achat et les hausses d’impôts. Autant le dire franchement et passer un pacte avec les Français avec des objectifs ciblés pour les cinq prochaines années. Le risque d’être battu est énorme au vu de l’état de l’opinion à l’heure actuelle. Mais justement, j’y vois une opportunité pour le président sortant : il n’y a guère que Nicolas Sarkozy qui pourrait le proposer : il a les c…. pour le faire mais aura-t-il le courage de relever ce défi à haut risque pour sa réélection ?

Rappelons-nous : « de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace… et la France est sauvée ! »

 


CES BONNES NOUVELLES QU’ON OUBLIE DE NOUS DONNER…

 

Par les temps qui courent, elles sont très rares, et pourtant en voilà une qui aurait mérité la « une » de nos JT : c'est la hausse des rémunérations dans les entreprises. Selon le cabinet Hewitt, les enveloppes salariales grossiraient de 2,8 % cette année et de 3 % en 2012. Des chiffres un peu plus élevés que les années précédentes et proches de ce que l'on constatait avant la crise.

Les pessimistes penseront que ces prévisions ont été arrêtées avant la crise dans laquelle nous entrons peut-être. Ils nous expliqueront aussi que ce résultat est le fruit de l'arbitrage qu'a choisi la France depuis une trentaine d'années : donner l'avantage aux salariés en place sur ceux qui sont aux portes du marché du travail. C’est une réalité, dont les combats syndicaux portent leur part de responsabilité. Ce qui se traduit par la hausse de salaire plutôt que la préservation de l'emploi ou les embauches.

Mais une autre lecture peut aussi être faite de l'évolution positive des salaires promise par Aon Hewitt. Les entreprises ont « tenu » pendant la crise et elles ne vont pas si mal que cela. L'économie réelle tourne, avant d'être (peut-être) rattrapée par le scepticisme ambiant. D’où les signaux contradictoires envoyés par marchés. Le fond du problème reste la lenteur du temps politique en Europe et la faiblesse de la gouvernance de la banque centrale. Et les marchés, faute de pouvoir spéculer sur l’euro, le font sur les dettes.  

On a oublié aussi de faire écho à cette étude de l’Insee qui révélait que les niveaux de vie des Français dans leur ensemble (salaires, revenus du capital, prestations sociales, etc.) avaient progressé en 2009.  Eh oui, c’est une confirmation, n’en déplaise à ceux qui nous gavent de discours sur la rigueur et l’austérité. Evidemment, cette évolution s'était accompagnée d'une poussée logique du taux de pauvreté liée à l'envol du chômage, mais l'élément le plus remarquable était ailleurs et a été peu remarqué : le pouvoir d'achat au sens large a fait mieux que se maintenir pendant la récession la plus profonde qu'aient connue les pays développés depuis soixante ans. Et si  le salaire de base des fonctionnaires a été gelé, leur rémunération globale continue de croître. Cela n'a pas été le cas chez une grande partie de nos voisins, et pas seulement en Grèce ou en Espagne.

Oui, il faut une politique rigoureuse de nos finances publiques, mais ce n'est pas l'austérité tant décriée. pas encore ! 

 


C’EST GRAVE DOCTEUR ?

 Stethoscope

Depuis la fin juillet, les actions bancaires tirent les marchés vers le fond. A tel point que la situation est désormais critique en Europe. La cote d'alerte est atteinte pour quelques établissements, tout proches de leurs plus bas historiques. En attendant, l'envolée des liquidités déposées par les banques auprès de la BCE témoigne de l'inquiétude croissante qui règne au sein du secteur.

Une nouvelle fois, les difficultés des banques viennent plomber les grands indices et contaminer l'économie réelle et il est tentant de faire le parallèle avec la crise financière de l'automne 2008 : ce serait une erreur. Car la crise actuelle est différente : cette fois les déboires des banques sont alimentés par les craintes de récession et l'impact qu'un tel scénario aurait sur la solvabilité des Etats les plus endettés, notamment ceux d'Europe du Sud. Ce cocktail peut avoir des effets redoutables pour les bilans bancaires car les coffres de nombreuses banques européennes recèlent d'importants stocks de dettes souveraines -le plus souvent pour des raisons prudentielles. Ce qui explique l'exode massif et sans distinction d'investisseurs qui sont pas loin de considérer les obligations de la zone euro comme toxiques.

Ce contexte explique pourquoi Christine Lagarde a demandé aux banques européennes de se recapitaliser, ce qui serait une manière de les remettre en ordre, et qui sera inévitable pour certaines. Mais pour sortir de la spirale actuelle, il faudrait entériner de toute urgence l'accord européen du 21 juillet. Le temps politique s’avère décalé par rapport aux réactions brutales et irrationnelles des marchés, mais comment faire autrement ?

Il faudra surtout trouver les moyens de relancer la croissance pour rendre crédibles les scénarios de désendettement des Etats les plus fragiles de la zone euro. Et c’est là que la situation est très délicate et plus tendue qu'à l'automne 2008. Car, après trois années de crise, les marges de manoeuvre budgétaire et monétaire manquent cruellement. Il faudra pourtant bien trouver une solution. L’année 2011 n’a pas fini de nous apporter des surprises. Après les mauvaises, espérons qu’il y en aura de bonnes !

D’abord, les regards se tournent naturellement vers les Etats-Unis en espérant que le géant ne va pas entrer en récession. Ce qui ne semble pas le cas, mais il envoie tout de même des signes inquiétants qui électrisent les marchés.  Ils se tournent ensuite vers l’autre géant d’où pourrait venir le salut : la Chine. Mais à l'heure où plane la menace d'une rechute de l'économie mondiale, il n'est pas sûr qu’elle soit en mesure de rééditer l'exploit de 2008 : un plan massif de relance lui avait alors permis de résister à la crise. Elle en subit aujourd'hui les effets pervers, inondée de liquidités, elle peine à reprendre la main sur la circulation monétaire, et l'inflation dérape. Si le monde cale à nouveau, Pékin risque de se retrouver face à un délicat dilemme : subir un coup de frein douloureux ou impulser un stimulus dangereux.

C’est bien pourquoi nous devons chercher les solutions à nos problèmes d’endettement et de croissance d’abord chez nous, en étant plus vertueux, et la "règle d'or" voulue par Nicolas Sarkozy en représente un symbole que le PS s'obstine à refuser, nuisant gravement à sa crédibilité et par contre coup à celle de la France. Les chercher en même temps en Europe, entre états européens, en renforçant la coordination des politiques économiques, la gouvernance commune et la convergence fiscale.

Sans effort sur nous-mêmes et hors l’Europe, point de salut. 

 


UNE BELLE ARNAQUE SE PREPARE…

 

Deux ou trois idées qui me trottent dans la tête et qui me font penser que la primaire socialiste, c’est une belle arnaque politique qui se prépare. C’est Pierre Mignard, l’avocat naguère proche de Ségolène Royal et porte-parole de la « haute autorité des primaires citoyennes » (sic), qui m’a mis la puce à l’oreille. Dans un article récent paru dans la presse, il émettait des doutes sur les garanties pour les candidats de la sincérité du scrutin, faute de garants en nombre suffisant dans les 9 000 bureaux prévus. Il a décompté seulement 20 référents sur 100 départements, ce qui est très loin du compte. Mais enfin, s’ils se grugent entre eux (comme d’habitude), après tout, ce n’est pas notre affaire. Sauf que j’en connais une qui pourrait prendre prétexte d’une fraude pour s’affranchir de la procédure, dans le cas où le résultat ne lui conviendrait pas.

Je ne comprends pas pourquoi les socialistes veulent utiliser les listes électorales. Certains y voient un possible fichage. On peut l’imaginer, mais ce n’est pas cela qui me préoccupe le plus. Comment vont-ils faire pour s’y retrouver, s’il n’y a qu’un bureau par canton ? Cela veut dire que les listes électorales vont se balader dans la nature. Ensuite, qui nous dit qu’ils ne feront pas voter des gens réputés à droite et d’autres, pour « arrondir » le nombre de voix de leurs candidats. Dans nos villages, tout le monde se connaît. Les organisateurs pourront ainsi, sans crainte de démenti, annoncer le nombre de votants qui leur conviendra, multiplié par trois, cinq ou dix, puisque les listes électorales sont réputées être détruites après le scrutin. Sauf à mettre un surveillant à la porte du bureau qui compte le nombre de votants. Je parie qu’au soir du premier tour on nous annoncera des chiffres extraordinaires de participation : une belle arnaque qui ne serait pas sans retombées pour la suite, surtout pour le candidat qui sortira vainqueur !

D’autre part, compte tenu du nombre d’électeurs susceptibles de se déplacer sur le nombre total des inscrits, cela fait quand même beaucoup de papier inutile. Qu’en pensent les écologistes ? Il aurait été plus simple et plus honnête de se contenter de la carte d’électeur pour permettre le vote. Même si cela ne change rien au problème, au moins on aurait économisé le papier.

 Tout ça parce qu’au PS, ils ne sont pas capables d’assumer un chef. Le candidat naturel ne devrait-il pas être la 1ère Secrétaire ? Mais justement, quand on connait les conditions dans lesquelles sa victoire a été proclamée, c’est rouvrir la boite de Pandore. 

J’invite les partis de la majorité présidentielle à mettre en place un dispositif de surveillance pour parer à toute éventualité. Comme on connait ses saints, on les honore !

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

  

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4 septembre 1870 : naissance de la IIIème République

 

Lundi : Les six candidats socialistes ont pris le départ pour leur marathon primaire. Une certitude : un même programme et pourtant ils ont beaucoup de points de vue opposés. Que dire de ce qui les sépare avec les Verts ou Mélenchon…. De son côté Nicolas Sarkozy s’est présenté en Président consensuel à Nouméa en prônant le compromis entre les indépendantistes Kanaks et la majorité européenne. D’un côté, c’est la guerre des roses au ras des pâquerettes, de l’autre, on prend de la hauteur.

Mardi : Martine Aubry s’est rendue à Marseille pour défier (c’est elle qui le dit) Claude Guéant sur l’insécurité. Que des paroles verbales ! Ces rodomontades ne sont pas à destination des Marseillais, mais pour exister dans sa campagne intrasocialiste. En Anjou, Isabelle Leroy a dévoilé sa liste pour les sénatoriales. En dernière position on trouve Lionel Escaffre, un proche Charettiste… ce qui veut tout dire. Angevin de week-ends, ce parisien va être d’un grand secours pour convaincre les grands électeurs. Plus grave, le « droit d’avoir le choix » pourrait faire perdre un siège à la majorité au Sénat. Et si cela le faisait basculer à gauche ?

Mercredi : Nicolas Sarkozy est mis en cause par Isabelle Prévost-Desprez, magistrate de Nanterre, à propos d’enveloppes qu’il aurait reçues de Mme Bettencourt en 2007. Une accusation grave qui n’est étayée par aucun procès-verbal et cite un témoin qui nie les propos qu’on lui prête. Du « réchauffé » qui revient dans le paysage via un livre qui sort à point nommé et qui nécessitait un coup de pub médiatique. Il y a pourtant plus intéressant que ces pseudos débats : la plus grande hydrolienne du monde a été mise à l’eau. Construite à Brest, elle sera installée au large de Paimpol-Bréhat pour produire de l’électricité : une filière industrielle appelée à un grand avenir. De son côté le Medef tient lui aussi son université de rentrée : au menu, credo européen, optimisme économique et promotion des PME.

Jeudi : C’est au tour d’un journaliste du Monde de faire parler de lui, et de mettre en cause à nouveau le Président de la République, toujours à propos de l’affaire Bettencourt. Il aurait été espionné par les services secrets. Il est vrai qu’il s’était procuré un procès-verbal d’audition soumis au secret de l’instruction et qu’il avait publié. Cherchez l’erreur ? Où est l’éthique ? La gauche s’engouffre pour demander une enquête et dénoncer les « pressions »… Lamentable comme d’habitude ! Il y a pourtant plus intéressant : la conférence de Paris sur la Libye, à l’initiative de la France, rassemble 60 états qui débloquent 12 milliards pour aider le pays à redémarrer.

Vendredi : Début du Campus UMP à Marseille. Deux déclarations montées en épingle ne suffisent pas à faire désordre. Les Bleus ont gagné en Albanie, mais ils sont encore bien pâles et fébriles. Décidément le Maine-et-Loire se singularise : une quatrième liste est probable pour les sénatoriales à l’initiative du Maire socialiste de Murs-Erigné, Philippe Bodard, qui règle quelques comptes avec l’agglo et suggère le renouvellement : visé, Daniel Raoul qui affiche ses 70 ans.  Il n’a pas tort !

Samedi : Raffarin est bien présent au campus et a rempli son rôle d’animateur des débats. Une tempête dans un verre d’eau ? Il a obtenu du président le renoncement à augmenter la TVA des parcs d’attraction. Logique dès lors qu’Eurodisney était mis à part ! La braderie de Lille se prend un orage mémorable : mais qu’est-ce qu’elle fait Aubry ? On a appris aussi que le Président Chirac n’était plus en possession de toutes ses facultés, ce dont on s’était aperçu à le voir trottiner avec ses amis. Cela réduit considérablement l’intérêt de son appel à voter Hollande, si tant est qu’il y en eût un.

Dimanche : à mâtines, DSK et  « sœur » Anne ont fait leur retour en France. Un non-événement si ce n’était le voyeurisme des médias à l’affût d’une petite phrase. Mais pourtant l’instant, c’est le silence. Le contraire eût été indécent. A Marseille c’est l’heure des grands discours. Le campus a finalement été un succès pour l’UMP et le Premier Ministre a pu conclure sur un appel à la « lucidité » des Français en désignant les trois sujets incontournables de la campagne : la mondialisation, l’Europe  et la Dette. Et pour terminer ce rayon de soleil : le 4 fois 100  m français nous apporte une magnifique médaille d’argent de Corée, avec un Lemaître quasi impérial !

 


C’EST LA RENTREE POUR LE MINISTRE AUSSI ….

 

L’état des lieux : ce sont 859.294 enseignants qui ont retrouvé aujourd’hui le chemin des 53.798 écoles, 7.018 collèges et 4.277 lycées, dont 1.637 lycées professionnels ;  d’autre part, ce sont près de 16.000 enseignants stagiaires qui ont déjà effectué leur rentrée cette semaine. En janvier 2011, la France comptait 330.900 instituteurs et professeurs des écoles du premier degré public (y compris les 7.400 fonctionnaires stagiaires) et un peu plus de 349.000 enseignants du second degré (collège et lycée) public en face à face avec les élèves. On comptait aussi 138.600 enseignants exerçant dans les classes sous contrat des établissements privés.

Lors de sa conférence de presse de rentrée, Luc Chatel, le ministre de l'Education nationale est revenu sur les réformes et les expérimentations menées depuis 2007 qui, sur fond de révision générale des politiques publiques, ont commencé à transformer l'école. Mais l'ont aussi déstabilisée. Il s’est efforcé de mettre en avant la « cohérence » du bilan éducatif du quinquennat.

Lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait fait de l'éducation une priorité. Le chef de l'Etat en appelait à une « école du respect et de l'autorité », une « réhabilitation des savoirs », une réforme du collège unique, une remise à plat des rythmes scolaires et des programmes, des évaluations pour piloter « la revalorisation du métier » comme « l'une des priorités », sans oublier l'épineuse question des moyens. Avec « une école où la priorité sera accordée à la qualité sur la quantité, où il y aura moins d'heures de cours », des moyens « mieux employés » grâce à « l'autonomie » des établissements, et des « enseignants moins nombreux ».

Une feuille de route que Xavier Darcos, le prédécesseur de Luc Chatel s'est employé à dérouler tambour battant. Avec la mise en oeuvre de l'assouplissement - mais non de la suppression - de la carte scolaire. En lançant - changement fondamental - la réforme de la formation des enseignants, désormais recrutés au niveau master, mais dont le volet pratique a été réduit. Cette réforme a bien été accompagnée d'une revalorisation du salaire des jeunes enseignants de 150€/ mois, laissant toutefois de côté ceux qui ont plus de dix ans de carrière. Mais les marges de manœuvre budgétaires restent contraintes, on le sait et c’est sur les salaires du début de carrière qu’il fallait agir en priorité. Elle a aussi permis de supprimer 16.000 postes sur plus de 60.000 suppressions réalisées entre le budget 2008 et celui de 2012. Des suppressions inévitables qui ont entrainé des tensions.

Malgré les résistances et parfois l’insubordination, la réforme de l'école primaire a introduit de nouveaux programmes « centrés autour des fondamentaux », de nouvelles évaluations nationales, elles aussi contestées, un horaire allégé pour dégager le temps nécessaire au soutien des élèves en difficulté. Une nouvelle donne qui, de fait, a abouti à la semaine de quatre jours, aujourd'hui sur la sellette. Et si, à l'Elysée, on a souligné « un frémissement » dans les résultats cette année des évaluations de CE1, on est encore loin de l'objectif de diviser par trois le taux d'échec scolaire à la fin du CM2. Il faut donner du temps au temps et permettre aux personnels de s’adapter à des pratiques qui changent en profondeur leurs habitudes et heurtent leurs convictions.

Dans le même esprit, la réforme du lycée, menée par Luc Chatel après le recul de Xavier Darcos, vise une orientation plus progressive des élèves et accroît l'autonomie des établissements dans la répartition de leurs horaires. Dans la droite ligne de la personnalisation des parcours, qui a vu se développer différents dispositifs comme l'accompagnement éducatif après la classe pour les « orphelins de 16 heures », les internats d'excellence pour les bons élèves défavorisés ou les établissements de réinsertion scolaire (ERS) pour les « perturbateurs », elle introduit deux heures d'accompagnement personnalisé. Sans oublier les pistes - autonomie, personnalisation - que Luc Chatel étend à petites touches, avec un certain succès, via des expérimentations comme le programme CLAIR qui permet aux chefs d'établissements difficiles de recruter leurs enseignants, ou les 4 emes et 3 emes préprofessionnelles, préludes, peut-être, à la fin du collège unique.

Nicolas Sarkozy l'a clairement évoquée pour l'après-2012, tout comme la refonte des rythmes scolaires, qu'il lie aussi à l'évolution du statut et de la mission des enseignants, sur lesquels il avait commandé au début du quinquennat un rapport au conseiller d'Etat Marcel Pochard. Finalement restée lettre morte, l’évolution du statut va sans aucun doute, à la faveur de la campagne présidentielle, à droite comme à gauche, de nouveau se retrouver au coeur du débat. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter aux discours des uns et des autres.

Tout n’a pas été fait, loin s’en faut. La crise est passée par là et il ne faut pas sous-estimer la force d’opposition, voire d’inertie que peut opposer le corps enseignant. Mais le système éducatif a commencé à évoluer dans le bon sens. Un quinquennat supplémentaire ne sera pas de trop, si ce n’est plus !

 


C’EST LA RENTREE… POUR LES ENSEIGNANTS !

 

 

C'est, ce vendredi matin, la rentrée pour 860.000 enseignants. « Le plus beau métier du monde... », a assuré comme il se doit, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel. Interrogé évidemment sur les suppressions de postes (16.000 cette année) il a rappelé qu'il y avait cette rentrée « 35.000 enseignants de plus et 500.000 élèves de moins » qu'au début des années 1990, « Notre taux d'encadrement est donc meilleur aujourd'hui qu’il y a vingt ans». Il a poursuivi : « Je pense que c'est responsable d'assumer cette politique, ceux qui disent qu'ils vont recréer des postes en 2012, ils vous mentent ! », visant à l'aube de cette année éminemment politique les propositions de l'opposition. Il est bon aussi de rappeler qu’il y a eu 80 000 non remplacements de départ en retraite depuis 2007 sur plus d’un million d’enseignants en postes, ce qui relativise le sacrifice consenti.

Il est vrai que les postulants socialistes à l'Elysée profitent de la rentrée pour courir les écoles et … les caméras afin de dévoiler leurs propositions pour l'Education nationale. Cœurs fragiles s’abstenir devant le catalogue des promesses alors qu’on n’a pas le sou.

L'élu corrézien qui fait la course en tête a visité une école à Colombes pour y prononcer « un discours d'intérêt général », plutôt que d'égrener des « mesures catégorielles ». Pour un « nouveau contrat entre l'école et la nation », François Hollande défend deux blocs de réformes. Celle du temps scolaire  « une exception française, avec des journées surchargées, beaucoup de vacances». Le deuxième volet, tout aussi complexe et explosif, est celui de la « question du métier de l'enseignant », avec une « revalorisation nécessaire», mais aussi une réflexion sur le temps de service, le déroulement de carrière, la formation, la pédagogie. On lui souhaite bien du plaisir. Et l’arrêt préalable de la politique de suppression de postes avec l'ouverture de négociations risquent de ne pas peser lourd, car sur la question budgétaire le candidat garde la plus grande prudence.

La maire de Lille a choisi de se rendre dans un établissement scolaire à Amiens, près de chez elle. Martine Aubry veut une « rupture » et « refonder » l'école « autour de priorités claires ». Elle veut faire porter l'effort sur le début de la scolarité, revenir sur la formation professionnelle des enseignants, rétablir une politique d'éducation prioritaire en « donnant nettement plus aux établissements en zone prioritaire, ruraux », réformer les rythmes scolaires avec la fin de la semaine de quatre jours et l'allongement de l'année de deux semaines, en jouant sur les vacances d'été. Elle précise qu'il « ne faudra pas uniquement des aménagements à la marge » pour résoudre la « crise profonde » de l'école, qui n'est pas « seulement due à la politique de la droite » (ouf !) mais à des raisons structurelles ». Prudente, si elle préconise un moratoire sur les suppressions de postes dès 2012, voire la recréation de postes (à crédit ?), elle veut « cibler » ces moyens supplémentaires nouveaux. « Tout ne pourra pas se faire tout de suite » (Ah tiens ?). L’amère de Lille propose que des négociations s'engagent avec les enseignants « dès le lendemain de la primaire » pour « définir avec eux le contenu de leur mission, l'adaptation de leur service pour améliorer le travail collectif, augmenter l'autonomie pédagogique, le temps de présence ». Sur ce dernier point, on va bien rigoler. Des discussions qui devront « intégrer la revalorisation » pour un « nouveau contrat entre la nation » et - nuance par rapport à François Hollande  -« les enseignants ».

« Essayez l'ignorance et vous verrez ce que cela coûte ! » lâche la chèvre de Poitou-Charentes, qui veut « revenir » sur les suppressions de postes et n'est pas à un truisme près. « Elles ne sont même pas une source d'économies réelles », explique l'une de ses proches, pointant les « heures supplémentaires pour compenser ». Contre les « raisonnements strictement comptables », la candidate du PS en 2007 plaide pour un « deuxième adulte dans la classe chaque fois que cela est nécessaire » et lie ce renforcement à un retour de la formation professionnelle pour les enseignants stagiaires. Rendre obligatoire la scolarité à trois ans, améliorer la transition entre le CM2 et la 6 e, favoriser les expérimentations, généraliser le soutien scolaire gratuit, lutter contre les violences scolaires, renforcer le dialogue avec les familles dans une sorte de « contrat donnant-donnant », développer des « internats de proximité » et « redéfinir la mission des enseignants » sont les autres maîtres mots de Ségolène Royal qui se refuse à chiffrer son programme : là, on comprend mieux ! Mais c’est pour ajouter : « Je ne veux pas m'engager aujourd'hui à rétablir durant la prochaine mandature la totalité des postes supprimés par la droite ». Elle a néanmoins promis un moratoire sur les suppressions de postes pour la rentrée 2012. Pas trop difficile puisqu’il est déjà annoncé par le gouvernement. Comme quoi on peut dire tout et son contraire. Michel Rocard a raison. Ou elle sait qu’elle n’a aucune chance et laisse libre cours à sa démagogie ou elle est complètement irresponsable. C’est peut-être les deux !

Le député-maire d'Evry ne fait pas dans la dentelle, à son habitude : Manuel Valls propose de réaffecter le produit fiscal des heures supplémentaires à l'éducation. Un « choix » qui « préparera mieux à l'avenir » que les « 300.000 emplois précaires de cinq ans » raille-t-il, en référence aux 300.000  « emplois d'avenir » du projet PS. Les moyens supplémentaires dégagés doivent aller, selon lui, à l'éducation prioritaire. Manuel Valls conditionne clairement une revalorisation du salaire des enseignants à « l'obligation de suivre une formation continue » et à « une présence accrue en dehors des heures de cours ». Au moins ce sont des propositions réalistes  qui ne risquent pas d’augmenter la dette. Dire que les enseignants le suivraient, c’est s’avancer un peu vite…

Arnaud Montebourg n’est pas en reste. Il a présenté hier ses propositions sur l'école. Il suggère d'instaurer une « école commune » de 6 à 15 ans, « assumant l'hétérogénéité des publics » et veut supprimer le redoublement. Il souhaite que les rythmes biologiques soient mieux respectés et veut allonger la durée de l'année scolaire de quinze jours afin de réduire les horaires quotidiens. Autre mesure phare de son projet : « la pédagogie différenciée » (dédoublement, cours en petits groupes...), qui doit être instituée sur le quart du temps scolaire. « Combien ça coûte ? - Moins cher que l'abaissement du taux de TVA sur la restauration ! ». C’est lui qui le dit.  Il compte également « recréer les 80.000 postes supprimés par la droite, mais pas en les utilisant de la même manière ».Tout le monde a le droit de rêver !

Les candidats de gauche sont généralement bien accueillis dans les établissements où ils se rendent. Mais il n’est pas certain que leurs auditoires soient aussi satisfaits après les avoir écoutés. Car s’il existe une caste conservatrice attachée à sa routine et à ses acquis, c’est bien celle du corps enseignant. Sans argent, avec la volonté de bousculer la maison et d’allonger le temps de présence dans les collèges… voilà qui va faire du spectacle dans les rues !

 


AU 31 DU MOIS D’AOUT …

 

Feu-dartifice- 

Le mois d’août se termine en feu d’artifice par un florilège de petites phrases et de déclarations politiques. Voilà qui augure de temps agités pour la campagne présidentielle. Promesses en tous genres, réactions, provocations, insinuations malveillantes ou confidences émaillent l’actualité de mille couleurs : notre personnel politique n’est manifestement pas en manque d’inspiration.

C’est ainsi que Marine Le Pen promet 5 millions de pauvres en moins si elle est élue. Plus c’est gros, plus ça passe. C’est la fée Marine et sa baguette magique. C’est sûrement en quittant l’euro et l’Europe qu’on arrivera à un tel exploit. Mais c’est bien le contraire qu’il faudrait craindre.

« Je serai la présidente de la sécurité » déclare sans sourciller à Marseille, Martine Aubry, venue faire un coup médiatique pour se remettre en selle dans la course poursuite du lièvre Hollande : c’est le retour de la « mèremptoire » qui croit qu’il suffit d’affirmer pour changer la réalité. Car côté propositions, on est en manque. Notez : la patronne du PS qui promet plus de flics, c’est-y pas drôle ?

Et puis avez-vous entendu notre Michel Rocard ? Sorti de son hibernation (à la fin de l’été, il est temps), il vient déclarer à propos de DSK, avec  beaucoup de lucidité : « Cet homme a visiblement une maladie mentale qui l’empêche de contrôler ses pulsions ». Une manière de dire tout haut ce que beaucoup de monde pense tout bas. Dans le même entretien, interrogé sur Ségolène Royal, il nous surprend encore avec cette sortie : « Nous sommes dans une société de libre expression, le droit de dire n’importe quoi est un droit fondamental de la personne humaine ». Comme quoi il connaît bien son monde.

Harlem Désir est un professeur de morale qui oublie que lui-même a été condamné (18 mois avec sursis et 30 000F d’amende pour des salaires fictifs) quand il évoque le sort de Jean-Noël Guérini. Celui-ci s’est chargé de le lui rappeler.

Même Hervé Morin s’y est mis sur i-télé: il est sorti de ses gonds, interrompant en plein direct son portrait, qui affirmait qu'il avait "(lâché) son vieux copain" François Bayrou en 2007 pour Nicolas Sarkozy. « C’est insupportable ! Je ne m'énerve pas, je veux simplement rappeler une réalité historique, c'est que le choix politique que nous avons fait en 2007 est le choix des électeurs de François Bayrou qui ont voté Nicolas Sarkozy à 70% », ce qui n’est rien de plus vrai. La bataille du centre fait rage !

Le paysage ne serait pas complet sans le président de République « solitaire », Dominique de Villepin, qui a regretté mercredi sur son blog que « les résultats » de Nicolas Sarkozy sur la pauvreté, malgré « les engagements clairs » de 2007, ne soient « pas là », la crise ne pouvant, à ses yeux, « tout expliquer ». Ah bon ? Mais elle y a fortement contribué. C’est curieux comme tout le monde sous-estime « la crise » qui a pourtant été la plus grave jamais enregistrée et qui, d’ailleurs n’a pas encore fini de nous en faire baver.

Enfin, on ne pouvait pas terminer le mois sans la cerise sur le gâteau. Est-ce pour faire oublier l’affaire Guérini dont on commence à parler un peu trop, est-ce pour faire oublier les frasques de DSK qui embarrassent par son retour tous ses amis ? Voilà qu’on nous ressert un remake de l’affaire Bettencourt. Dans « Sarko m'a tuer », un ouvrage de deux journalistes du Monde, Isabelle Prévost-Desprez qui est à la droite ce que le jambon blanc est à la gastronomie italienne, affirme que l'un des témoins, l'ancienne infirmière de Liliane Bettencourt, avait « confié à (sa) greffière, après son audition par (elle) : J'ai vu des remises d'espèces à Sarkozy mais je ne pouvais le dire sur procès-verbal ». Ce que l’intéressée conteste… Le Premier ministre est monté au créneau et « regrette qu’au mépris de toute règle déontologique, de telles allégations visant le Président de la République, à l’évidence dénuées de tout fondement, viennent nourrir la rumeur dans ce qu’elle a de plus détestable et de plus insidieux ».

Première à ouvrir le feu, Martine Aubry, a réclamé l'ouverture d'une nouvelle enquête. "C'est ce qui se passe normalement dans un pays où la justice est indépendante et libre", a-t-elle relevé. Arnaud Montebourg a lui aussi réclamé de nouvelles investigations. François Hollande va même plus loin et parle d’une cellule qui existerait (au conditionnel) à l’Elysée pour exercer des pressions sur la justice. Ben voyons ! Qui passe la prochaine couche ?

Mais ne soyons pas naïfs, il fallait s’y attendre, tous les coups, y compris les plus bas seront assénés pour tenter d’abattre le Président. Il fallait à tout prix ré-instiller le soupçon sur son honnêteté. C’est lamentable. La juge devrait être révoquée, voilà ce qui serait juste !

Vivement septembre. Je sens qu’on va bien s’amuser

 


LES RICHES DOIVENT-ILS ETRE SURTAXES ?

 

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C’est une idée devenue courante dans notre pays que les riches bénéficieraient d’un régime de faveur largement dû à un pouvoir politique servile. On nous abreuve tellement à longueur de médias du sort malencontreux des plus pauvres toujours plus pauvres et des riches toujours plus riches qu’on finit par croire à un discours largement alimenté par la gauche qui en a fait son fonds de commerce. Au point que même les riches courent  pour demander qu’on les impose davantage, probablement pour se déculpabiliser de posséder une fortune. On en est donc  arrivé là ! Merci Martine. Passons le ridicule de commentaires comme celui de Charles Aznavour, trouvant que 3% ce n’est pas assez, alors que lui-même vit à Genève.

Dans sa campagne de surenchère permanente entre ses candidats, le PS a lancé une chasse aux riches que pour ma part je trouve malsaine. N’ayant aucune fortune personnelle, je ne puis être taxé de défendre dans cette cause un intérêt personnel. Je me place dans le cadre d’une conception de la société à laquelle je suis attaché, où la liberté d’entreprendre, de réussir ne doit pas être entravée par un état « big brother » et des compatriotes jaloux à l’affût de tout ce qui peut être facteur d’inégalité. Ce qui est en question c’est un projet de société nivelé au point qu’il n’y aurait plus de riches, plus d’écarts de revenus ; on sait ce que cela donne : c’est l’enfer ! Quand il n’y a plus de riches, il ne reste plus que des pauvres.

Les riches en France doivent-ils être surtaxés, ne serait-ce que pour participer à l’effort d’assainissement de nos comptes publics. L’idée couramment admise est que les plus riches bénéficient d’un taux de prélèvement plus faible que celui qui frappe les autres contribuables. C’est vrai que l’imposition des revenus du capital peut bénéficier du prélèvement forfaitaire libératoire de 19%, auquel s’ajoute 12,3% pour les prélèvements sociaux. C’est évidemment plus faible que le taux de 41% de la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu. Mais s’en tenir là relève de la falsification intellectuelle, car pour ce qui concerne les dividendes, il faut ajouter ce qui a été payé à l’administration fiscale avant leur distribution, en particulier l’impôt sur les sociétés, au taux de 33,3%. On voit alors que le taux d’imposition effectivement supporté par le propriétaire du capital est proche de 46%, sans compter les prélèvement sociaux, ce qui devient au final, considérable.

En France, les riches et le capital ne sont pas sous-taxés, comme on essaie de nous le faire croire. L’impôt sur le revenu conduit même à une sur-taxation du capital, si l’on considère que le capital est constitué à partir d’une épargne qui provient elle-même d’un revenu net déjà amputé par plusieurs impôts. Cette partie épargnée sera ultérieurement taxée par toutes sortes d’impôts, faute d »’avoir été consommée. De ce point de vue, le prélèvement libératoire n’est qu’une atténuation d’une double taxation dont le capital est victime. Imposer davantage les riches constitue donc une injustice fiscale.

Cependant, je distinguerais deux sortes de constitution du capital. Une qu’il faut ménager car elle est porteuse de richesse pour tous, c’est celle qui contribue à la richesse globale en participant au développement de l’entreprise. Cette richesse-là n’est pas prélevée sur les autres, elle est le résultat de ce qui a été créé et a répondu aux besoins d’autrui. Ce capital-là crée de l’emploi, des produits, des services qui, au final profitent à tous. Et puis il y a celle qui s’est bâtie sur l’économie virtuelle par des manipulations financières sans rapport avec l’économie réelle. Elle a permis des fortunes rapides et considérables et est aussi à l’origine des déséquilibres qui ont alimenté la plus grave crise financière depuis 1929. Ce capital-là, celui des traders et des spéculateurs, mérite un sort particulier et même la sévérité fiscale. Les mesures qui ont été prises restent malheureusement insuffisantes parce qu’il faudrait un accord planétaire.

Excepté ce cas, s’opposer à une augmentation de la taxation des plus riches ne constitue pas une défense des intérêts spécifiques de ces derniers, mais la défense des intérêts de tous. C’est tellement vrai, que la gauche au pouvoir met rarement ses actes en accord avec ses discours : Lionel Jospin n’est-il pas le premier ministre qui a le plus « privatisé », et sous Mitterrand la bourse ne s’est jamais aussi bien portée.

On va leur prendre 200 millions de plus. Quand bien même on leur prendrait 2 ou 3 milliards, ce n’est pas ça qui bouchera le gouffre, quand les seuls intérêts de la dette s’élèvent à 45 milliards d’euros. Non, le choix qui se pose à la France est simple : veut-on décourager encore davantage et pousser à l’exil ceux qui sont les plus créateurs de richesse ou veut-on au contraire attirer les plus productifs en éloignant la France de son modèle « d’enfer fiscal » ?

 


MASCARADE ROCHELAISE

 

 

L’union est un combat, c’est une constante en politique. A La Rochelle, le PS nous a fait le coup de « l’unité dans la diversité » ou plutôt de « l’union dans la confrontation ». La carte postale finale ne doit pas faire illusion. Parce que les candidats à la primaire ne sont d’accord sur rien. Ils découvrent un peu plus chaque jour combien leur programme de parti est encombrant.

Quand les masques vont-ils tomber ? Là est la question. Martine Aubry est à la peine et cela la rend fébrile, cela se voit : il est certain qu’elle n’aura pas tiré les dividendes du rendez-vous Rochelais, comme l’année dernière. Ses petites phrases sur le parti « à la renverse » qu’elle a trouvé en arrivant, petits cadeaux destinés à son prédécesseur qui justement la précède dans les sondages, en témoignent. Partie en campagne au pire moment, sa déclaration éclipsée par l’arrivée de Christine Lagarde au FMI, elle n’a pas réussi à refaire son retard sur la tortue Hollande, partie de loin, mais bien en rythme. Au cours de cette université, elle s’est fait des petits plaisirs en promettant à tout venant, mais le contexte n’y est pas et joue contre ses propositions dépensières. La dette elle la pire ennemie du PS et elle ne l’a pas encore vraiment compris.

François Hollande a su éviter ces pièges. Il se garde bien de tomber dans la surenchère des promesses, reste prudent sur les prévisions économiques et se contente d’ironiser sur le plan de rigueur gouvernemental en ayant recours à son humour légendaire, ce qui témoigne de sa forme. Un sans faute qui lui permettra de garder encore les faveurs de son électorat. Il sait bien que moins on en dit, mieux ça vaut, mais il faudra bien qu’il se découvre : sera-ce lors des fameux débats ? On attend avec impatience ses solutions en matière de fiscalité, car, hier, Michel Sapin a paru bien vague et politicien face à Valérie Pécresse, sur BFM TV.

Il fallait voir aussi Ségolène Royal. Tous unis, certes, mais elle, plus que les autres. Sur ses terres, elle n’a pu s’empêcher de monter une petite opération dont elle a le secret, avec ses partisans tous équipés d’une écharpe rouge… comme sa veste : effet médiatique assuré. A la ramasse dans les sondages, elle n’a pas dit son dernier mot. Vocabulaire « citoyen » emprunté au parti communiste et propositions décalées, elle est certainement la plus « poétique » des prétendants, son programme évoluant au gré de ses inspirations, tout en restant, comme celui de ses concurrents, dans le mode incantatoire. Elle est aussi la plus imprévisible, tant pour elle-même que pour ses « compagnons » de route.

Les trois autres compères, même s’ils voudraient prendre place dans le paysage, ont des positions trop « pointues » par rapport au centre de gravité de leur parti. Ils ont donc beaucoup de mal à se faire entendre. Et pourtant, mettre en face-à-face Manuel Valls et Arnaud Montebourg, ça ne manquerait pas de sel. Ces deux derniers, en effet, ne manquent pas d’épaisseur.

Il y a bien les sourires et les embrassades, mais on sent bien que les couteaux ne sont pas loin. Il n’y a qu’une chose qui peut les sauver : la haine de Nicolas Sarkozy qu’ils ont distillé pendant cinq ans et qui leur est commune. Mais que tous ces jeux sont éloignés des réalités que sont la dette, la réduction des déficits et la stabilité financière de la zone euro, grands absents de La Rochelle !

Enfin, une certitude : Harlem Désir n’est pas à sa place, même si c’est provisoire.…

 


LA RENTREE D’ARCHIBALD

 

Longue vue 2 

MAUVAISES NOUVELLES. « C’est une mauvaise nouvelle pour la justice, c’est une mauvaise nouvelle pour les femmes ! » C’est ainsi que Marie-Georges Buffet a commenté la levée des charges qui pesaient sur DSK. Elle est la seule à avoir dit tout haut ce que beaucoup de monde pense tout bas. Merci Marie-Georges (pour une fois).

OVERDOSE. Pour le bon peuple qui ne vote pas à gauche, la médiatisation de la campagne interne du PS commence à être pesante. Et c’est Le Guen qui penche pour Hollande puis tartempion qui se prononce pour Aubry, … On s’en tape. C’est leur cuisine interne. Voilà qu’on va nous imposer six débats d’ici début octobre. Je demande un temps d’antenne égal pour la majorité.

TRIBUN. Le front de gauche a trouvé son tribun. Jean-Luc Mélenchon a au moins le mérite de nous faire rire par sa truculence, ses saillies, ses envolées lyriques révolutionnaires. Ah, il y a longtemps qu'on ne s’était pas amusé à ce point. Sur les plateaux télé, c’est un « bon client » ! … Si, dans le rôle du bouffon !

SENATORIALES. Décidément Gilles Bourdouleix reste fidèle à sa réputation d’élu sans boussole qui passe son temps à être pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Pousser des listes « parasites » est sa spécialité, c’est même comme ça qu’il est entré en politique. C’est aussi une manière de tirer contre son camp. Cette fois-ci, il est derrière la constitution d’une quatrième liste en Maine-et-Loire, menée par Isabelle Leroy, son adjointe (Quand on connait le sort qu’il a réservé à Géraldine Delorme, après les régionales…) Que voulez-vous, il ne peut pas s’empêcher de jouer les « orchinoclastes », c’est son meilleur rôle.

T’AS VU MONTESSORI ? –Non, j’ai vu monter personne. Cette plaisanterie accompagnait le cours de pédagogie générale quand j’étais normalien. Cette vieille doctrine pédagogique, qui confine au préceptorat, n’est pas morte. Elle a inspiré une nouvelle école à Angers. Pas donnée la pédagogie personnalisée. Pas adaptée à l’enseignement de masse non plus.

 

Les brèves :

KADHAFI : les Libyens voient le bout du tunnel ?

MARTINE : elle se rêve en Xynthia… pour submerger tous les Hollandais.

DS-KALAMITES : La fin de son procès pénal a déclenché un tremblement de terre à New-York et son arrivée à Washington, un ouragan. On comprend que les socialistes ne soient pas pressés de le voir revenir en France.

                                                                                                Mille sabords !

 


A LA RIGUEUR…

  

Fillon aout 11 
Le mot « rigueur », tabou il y a un an est aujourd'hui brandi comme un étendard, y compris à gauche. Comme quoi les temps changent et tout le monde doit s’y faire.

« Le train de mesures annoncé par François Fillon est la fois très sérieux et très politique. Un plan très sérieux parce que le Premier ministre a annoncé des mesures crédibles. Il y en avait un paquet, c’était horriblement technique mais sur le fond assez réaliste. Et ça ne devrait pas casser la croissance car ces mesures visent d’abord les gens et les entreprises qui ont beaucoup d’argent. Elles pèseront donc sur l’épargne plus que sur la dépense… ». Ce commentaire de Jean-Marc Vittori me paraît plus crédible que toutes les rodomontades que l’on a pu entendre en réaction, de la plus irresponsable, celle de Benoit Hamon qui utilise des mots (cynisme) dont l’outrance le fige dans le registre de la haine, à la plus inadaptée, celle d’Eva Joly qui évoque l’échec de « l’idéologie » de Sarkozy, comme si le président en avait une. Il est vrai qu’on voit souvent les autres à l’aune de ses propres constructions mentales.  Ce que le Premier Ministre a proposé n’est pas non plus du « bricolage » comme le prétend François Hollande qui commentait les mesures avant de les connaître. Et surtout, les nouvelles mesures épargnent les classes moyennes, faisant mentir Marine Le Pen.

Au contraire, il y a trois autres indices de sérieux, qui visent à rassurer nos voisins européens et les investisseurs des marchés. D’abord, le gouvernement abaisse sa prévision de croissance à moins de 2%, au lieu de faire semblant de croire à un avenir meilleur. Ensuite, il annonce 11 milliards d’euros de hausse d’impôts et 1 milliard de baisse des dépenses, ce qui va au-delà des 10 milliards évoqués précédemment. Enfin, si le Premier ministre rejette l’austérité, terme qu’il réserve au Royaume-Uni, ou à l’Espagne qui baisse les salaires des fonctionnaires, il endosse le mot de rigueur un mot qui était devenu véritablement tabou dans la politique française. Le gouvernement fait preuve de cohérence et de pragmatisme en s’adaptant à une conjoncture internationale qui s’impose à lui. Alors bien sûr, voilà Nicolas Sarkozy accusé de se renier par ceux-là mêmes qui lui reprochaient jusqu'alors de s'entêter. Plutôt que le nier, la majorité a intérêt à l'assumer. Et à admettre que la nécessité économique ne va pas sans prise de risque politique. Et il n’est pas le premier à avoir été confronté à ce genre de difficulté qui oblige à corriger le tir.

Force est de constater que c’est aussi un ensemble de propositions très politique, parce qu’il a été pesé au trébuchet. Les mesures les plus lourdes visent les grandes entreprises, les gros épargnants et l’argent qui dort, comme disait François Mitterrand. Rien donc qui puisse fâcher la grande majorité des électeurs ni mettre en péril le tissu des PME. La gauche aurait pu prendre les mêmes mesures. Mais François Fillon a pris deux mesures qui alimentent  tous les commentaires et font oublier le reste alors qu’elles font seulement 3% du total : la taxe exceptionnelle sur les Français qui gagnent plus de 500.000 euros (on pouvait faire plus qu’ajouter 3%) et l’impôt sur les sodas sucrés. Ajouter un zest de préoccupation sanitaire dans la démarche n’est pas anodin : lutter contre le tabagisme, l’obésité et la « biture expresse » en taxant un peu plus les produits concernés, c’est aussi un moyen de lutter contre le déficit chronique de nos dépenses de santé. Et personne ne se plaindra que  les géants américains que sont Coca-Cola et Pepsico soient visés. Médiatiquement, c’est même plutôt bien joué.

Au-delà du tintamarre politicien, ce qui est le plus important à savoir, c’est que ce plan devrait suffire si la croissance résiste. A la veille des élections, on se contente d’ajustements, de racler les fonds de tiroir. Les vraies décisions sont renvoyées au débat de la présidentielle, voire à l’après-présidentielle, ce qui est logique. Dans la perspective de la bataille de 2012, Nicolas Sarkozy sait que son bilan n'échappera pas à l'ironie de ses concurrents, mais que les Français lui seront davantage reconnaissants de sa « lucidité » et de sa capacité d'adaptation.  C'est la crédibilité de l'action politique qui est en jeu. 

C'est d'ailleurs sur ce terrain de la crédibilité que François Fillon a défié la gauche dès hier, en annonçant le plan gouvernemental. La campagne interne au Parti socialiste le montre : la crise contraint la gauche aussi à revoir ses promesses. Les 300.000 emplois publics promis par le projet du PS sont défendus ces jours-ci avec moins d'enthousiasme... Et la « règle d’or » que la droite a accepté de voter en Espagne, enferme la gauche française dans son aveuglement sectaire… et irresponsable, sans parler de ses arrières-pensées dépensières.

 


PENDANT LES VACANCES, LE SPECTACLE CONTINUE…

 

Longue vue 2 
Tous les étés, les Ibères sont plus rudes, disait le vacancier d’autrefois qui revenait d’Espagne bronzé mais désargenté. Au moins avait-il pu faire pendant deux ou trois semaines une cure d’abstinence de JT.

Force est de constater que la rentrée politique se fait de plus en plus tôt. C’est à qui précédera l’autre pour lui voler l’audimat. Les verts ont déjà fait leur devoir de fin de vacances en réunissant leur campus d’été, une manière pour Eva de planter le décor et de signifier au PS qui fera le sien bientôt à la Rochelle, ses exigences, notamment sur le nucléaire ; sans Hulot disparu dans la nature, son lieu préféré qu’il n’aurait jamais dû quitter, mais avec Cohn Bendit  pour la nécessaire part de doute (dire qu’il est cartésien c’est une autre affaire).

Les maisons d’édition sont mises à contribution, et c’est édifiant, comme on s’en doute. Bayrou a troqué son tracteur contre la plume pour nous gratifier d’un « Etat d’urgence ». « Il faudra qu’il se présente » : nous tenons notre « Sauveur ». C’est Bayrou d’Arc !

Et puis il y a l’autre « habitée », le messie en jupons du Poitou, qui s’est fendue d’une « lettre aux résignés et aux indignés » pour nous signifier qu’elle a des solutions à tous nos maux. Exemple, pour les jeunes : « elle fera en sorte qu’ils aient tous un emploi… » (dixit) . Comment on n’y avait pas pensé plus tôt : « faire en sorte », voilà qui résout tout.

Et ce n’est pas fini. Il y a d’autres ouvrages à paraître nous dit-on.

J’ai aussi admiré la trouvaille géniale de Fabius pour éviter la mort de nos soldats en Afghanistan : « se retirer le plus tôt possible ». Pas de soldats = zéro mort ! Pas bête le gaillard.

Le climat économique ne prête guère à rire et même à sourire. Et pourtant, il y a encore de quoi. Tiens, voilà nos riches (de gauche) qui veulent payer plus d’impôts pour enrayer la dette. Envoyez les milliards qu’on rigole un peu !  Il faut imposer les très riches. Pourquoi pas, mais il n’est pas sûr qu’ils soient tous d’accord et sauf à faire une contribution volontaire, le remède pour être pire que le mal. Trop facile. On sent plutôt la manip’ politicienne au moment où le gouvernement met la pression sur la gauche pour voter la « règle d’or ».

Une dernière pour ce soir qui m’a franchement fait marrer : c’est le mot « gabegie » dans la bouche d’Harlem Désir, pour qualifier la gestion financière de Fillon. A utiliser ces mots-là, on sera bien en peine pour en trouver s’il faut qualifier leur politique. Bah, on aura toujours la possibilité d’ajouter devant le préfixe « super » ou « hyper »…

                                               Tonnerre de Brest !

 


L’ART DU POSSIBLE…

 

Il est bon parfois de rappeler à nos politiciens en verve les bonnes paroles de ceux qui les ont précédés dans la carrière. Ainsi Léon Gambetta, ce grand républicain s’il en est, disait : «  la politique, c’est l’art du possible ». Cette vérité, tant de fois vérifiée par l’expérience, nos zélés responsables du Parti Socialiste auraient bien dû s’en rappeler avant de commenter les propositions énoncées par le Président de la République après la rencontre avec Angela Merkel.

Ce serait évidemment trop leur demander de voir quelque chose de positif dans les positions communes prises hier par la France et l’Allemagne : mise en place d’une gouvernance économique de l’Euro, généralisation aux 17 de la « règle d’or budgétaire », impôt sur les sociétés harmonisé entre les deux pays, taxe sur les transactions financières… Ce mini-sommet avait un but éminemment politique qui est de montrer la cohésion des deux pays parmi les plus puissants d’Europe ce qui est en fin de compte une manière de protéger le triple A dont nous bénéficions. Etait-il possible d’aller plus loin ? Il faut croire que non, sauf à mettre de la confusion  et de la discorde au grand jour entre nos deux pays. Effet désastreux garanti.

Quand j’entends Martine Aubry affirmer qu’il fallait obtenir de l’Allemagne la mise en place des « euro-obligations », elle ne dit pas comment elle aurait pu faire pour convaincre la chancelière de plomber de quelques 20 milliards supplémentaires les intérêts annuels de la dette germanique, oubliant au passage que le coût pour la France avoisinerait les 25 milliards d’euros (2 points d’intérêts de plus). Irresponsable. Il faut être gonflée comme elle l’est (sans jeu de mot) pour parler de sommet de « l’impuissance ». Sa prise de position, comme celle de ses concurrents, est strictement à usage interne. De la basse politique qui plombe la France.

De même, Mme Royal peut toujours pérorer sur les contraintes qu’il faudrait imposer aux banques : aurait-elle le pouvoir d’agir sur le système mondial, ou au pis-aller européen ? Car, à l’évidence, voilà des mesures qui ne pourraient s’imposer aux seules banques françaises sans en provoquer la ruine.

Et Mr Hollande qui veut réformer tout notre dispositif fiscal avec comme leit motiv de faire payer les riches : combien cela pendra-t-il de temps et qu’escompte-t-il en tirer de plus ? Il semble ignorer que les riches sont aussi ceux qui ont les moyens de la mobilité… Et quand j’entends Michel Sapin parler de prélever 50 milliards d’euros sur les 74 milliards des « niches fiscales », il ferait bien de préciser lesquelles il supprime, parce que les Français visés, en l’occurrence ce sont les classes moyennes qui paient l’impôt et qui cherchent à en atténuer le poids en investissant là où l’état donne des avantages, ou en finançant des emplois, ou en faisant des enfants. 50 milliards c’est le montant de l’impôt sur le revenu. Le PS veut donc tout simplement le doubler ! En faisant payer les mêmes !!!  Cela il faut le crier !

Alors, un  peu de sérieux. L’exercice est difficile.  Affirmer que Nicolas Sarkozy est responsable des deux tiers de la dette, c’est un mensonge éhonté. Qu’il ait, par une politique délibérée de soutien aux plus défavorisés pendant la crise, continué à financer plein pot les amortisseurs sociaux au moment où les recettes fondaient, c’est vrai. Peut-on le lui reprocher et en même temps le gonflement de la dette qui s’en est forcément suivi ? C’est de la part de la gauche, de la mauvaise foi pure et simple. Les sommes en jeu sont sans commune mesure avec les 650 millions du bouclier fiscal qu’on lui a assez envoyé à la tête. Les cadeaux faits aux riches ne valent pas, loin s’en faut, ceux faits aux pauvres.

La vérité, c’est que, par petites touches, Nicolas Sarkozy fait avancer l’Europe. Une Europe qui était restée bien en panne avant son élection. Le temps politique est aussi celui de la patience, des symboles, des convictions. Les marchés s’y feront. Comme disait le Général, « la politique de la France ne se décide pas à la corbeille » …

 


ARCHIBALD REPREND SA PLUME

  

Copie de longue vue 


On ne peut même plus compter sur les 15 premiers jours du mois d’août pour penser à autre chose. A peine tourné le dos que l’actualité se met à bouillonner, que les marchés, loin  de glisser dans la torpeur de l’été, vibrionne comme jamais au point que les politiques, interrompant leurs vacances, se sentent obligés de réunir leurs comités de crise. Il faut toujours se méfier des mois d’août !  D’autant plus que cette année, il a décidé de ressembler climatiquement parlant au mois de juillet, sans en  atteindre toutefois le même caractère maussade.

Il y a trois ans, les états étaient la solution à la crise bancaire. Voilà qu’en ce mois d’août, on découvre qu’ils sont, par leur endettement, le problème. Solidité financière mise en question, déclassement du triple A des Etats-Unis, incertitudes sur la croissance  avivée par le ralentissement avéré de l’économie mondiale, lenteur de la mise en application des décisions européennes… tout s’entremêle pour créer la nervosité des investisseurs et contribuer à faire chuter les bourses. A la vitesse où elles ont descendu, on va finir par se marcher sur les claouis…

Et bien évidemment, tous les docteurs « Yaka » et « yfautqu’on » se sont penchés sur le séisme et ont exposé les solutions pour y remédier. Le PS fait très fort, avec autant de propositions que de candidats, en ordre dispersé de préférence : Ségo relance son « ordre juste » (un peu réchauffé) et évoque la nécessité de mettre au pas le système financier (elle est toujours très forte Ségo) ; l’amère Martine propose de supprimer –entre autre- nombre de niches fiscales, sans se poser la question de savoir qu’elles servent à attirer sur les secteurs concernés, des capitaux que l’Etat ne peut plus distribuer, et de récupérer 50 milliards de « cadeaux fiscaux » pour aussitôt décréter des dépenses nouvelles (là on frise l’imposture) ; Le père François nous refait le coup des largesses fiscales faites aux riches –qu’il n’aime pas, on le sait- et on attend avec impatience ce qui sortira de son comité de crise du 24 août (pour arriver après la bataille comme les carabiniers d’Offenbach) . Le pire est venu de la Marine –de guerre- avec des propositions choc pas nouvelles mais qui tentent de surfer sur l’effet crise et ainsi faire oublier l’effet tare des commentaires à la graisse d’oie de son père sur le drame norvégien : elle décrète la mort de l’euro, elle préconise le renoncement au renflouement du bateau grec, et supplie le gouvernement de ne pas aller plus loin dans la gouvernance européenne ; de quoi déclencher une crise encore plus grave (c’est l’effet mer avec la tempête garantie). Finalement, tout le monde s’attendait à une danse de Saint-Guy de notre Président pour conjurer les maudits sorciers de la finance internationale : c’est tout le contraire qui s’est produit. Face à la tempête boursière, Nicolas Sarkozy a gardé son sang-froid, consulté ses alter égo de la planète, a certes, interrompu ses vacances pour un briefing avec ses ministres, ce qui est bien la moindre des choses. Mais point de déclarations fracassantes et surtout une froide détermination : c’est face à la crise qu’il s’est révélé le meilleur, et ça, c’est une constante.

Quoi, comme autres nouvelles : la croissance 0 du second trimestre, qui n’est pas une bonne nouvelle et sur laquelle il y aura lieu de revenir, le trou béant de notre commerce extérieur dont l’alourdissement de la facture énergétique n’explique pas tout. Au chapitre des douceurs, on mettra la stabilité du déficit de l’Etat sur un an avec 61 milliards d’euros (comparable à celui de juin 2010).

Que ceux qui sont en vacances, profitent bien de la semaine qui s’annonce ensoleillée. La rentrée risque d’être chaude…

 

                                                           Mille sabords !


MORCEAUX CHOISIS

 Chasse au Sarko002

Une dernière série pour la route…

« ... Qui obtient, lors de la création de l’impôt sur les grandes fortunes –fierté des révolutionnaires socialistes-, l’exonération de l’outil de travail afin de ne pas saigner les riches ? La force de persuasion des deux François de l’Oréal. Qui obtient, en 1992, une ristourne sur les droits de succession de Liliane Bettencourt de l’ordre de 50 millions de Francs ?Ne répondez pas tous à la fois. Quand on songe aux hurlements qui ont accueilli le fait que l’on ait rendu  tout récemment 30 millions d’euros à la même Liliane Bettencourt, au titre du bouclier fiscal, on peut se rappeler avec douceur la loi des trois D pour en finir avec Nicolas Sarkozy : diabolisation, délégitimation, deux poids, deux mesures. … »

« Quand aux amis pas nets, aux cumuls des mandats publics et des jobs privés, aux faveurs accordées aux uns et aux cadeaux prodigués aux autres, ne pas oublier que Sarkozy, élevé dans le sérail RPR, en connaît tus les détours, et qu’il ne reste qu’un apprenti même pas sorcier en comparaison de ce qui s’est passé pendant une trentaine d’années à la mairie de Paris, dans les lycées d’Ile de France, en Corrèze et ailleurs. Quelle était belle la République des fausses factures et vraies commissions, des emplois fictifs et des vases communicants de la France-Afrique, des coffres-forts pleins de billets qui sentaient si bon l’odeur de la patrie, des valises gonflées à bloc que l’on déposait sur les bureaux municipaux(…) La gauche se rappelle-t-elle la société Urba-Gracco, source d’un vaste trafic de fausses factures, qui concernait non seulement la direction socialiste mais le financement de la campagne électorale de François Mitterrand en 1988 ?... »

Quelques autres vérités :

« … Il importe de ne pas laisser s’agiter en permanence les indignés à sens unique, pour qui toute arrestation d’un clandestin reconduit à la frontière devient automatiquement la rafle du Vel’ d’hiv, et le démentèlmeent d’un squat de sans-papiers l’équivalent de Drany et de Pithiviers, points de départs des wagons plombés pour Auschwitz. (…) C’est sous François Mitterrand qu’a été légalisée et organisée la rétention administrative en 1981 et que le Ministre de l’Intérieur, Paul Quilès a fait adopter par le Parlement en 1992, le système des zones d’attente< ; Eh oui, chers camarades, déjà, dans la France socialiste, Drancy et Pithiviers… »

«…L’islam ignore les normes fondatrices de la démocratie libérale, à commencer par la séparation entre autorité divine et guvernement rationnel, entre territoire de la religion et espace du politique…Or cette séparation fondamentale entre pouvoirs temporels et spirituels constitue quelque chose de récent et de fragile, l’aboutissement d’une longue bataille philosophique au sein de la chrétienté.(…) La France a légué au monde le merveilleux cadeau de la laïcité, ultime garant d’une véritable liberté… (…) En reprenant, -scandale des scandales- le thème de la laïcité à une élite longtemps incapable de dire quoi que ce soit sur l’islam radical, le port du voile et des signes religieux. Là encore, il a fallu attendre Sarkozy pour évoquer les violences urbaines et l’insécurité qui n’étaient dues, comme on sait, pour la gauche, qu’à la rage des laissés pour compte de l’économie… »

André Bercoff, La chasse au Sarko.

 


MORCEAUX CHOISIS

 Chasse au Sarko002

« …Autre angle d’attaque de la gauche socialiste et de la droite souverainiste à l’égard de celui qu’elles appellent souvent en privé, le nabot : sa dépendance à l’égard des USA, sa prétention à mettre ses pas dans les pas de son modèle d’Outre Atlantique, Sarko l’Américain(…)Et pourtant François Mitterrand était au moins aussi attaché à l’alliance avec Washington, même s’il avait l’habileté de n’en rien laissé paraître, avec le génie qu’on lui connaît dans l’art de la dissimulation(…)On voit que Sarkozy n’a rien inventé ni rompu, et encore moins innové. Simplement, comme toujours, il exhibe sans nuances ni limites. Franco de port. Préférons tout de même la franchise, si vulgaire soit-elle, à l’hypocrisie, si cultivée qu’elle paraisse. »

« François Mitterrand en prenant les rênes du parti socialiste dès 1971, sonnait fièrement le carillon des lendemains qui allaient enfin chanter. Il est important de se remémorer le chemin de la désespérance et de la désillusion pour comprendre la haine qui nimbe aujourd’hui Nicolas Sarkozy. Que la gauche était belle en effet sous Pompidou puis Giscard !... rappelez-vous les homélies sur l’argent qui corrompt, qui salit, qui pourrit tout. Le Front populaire se reformait, quarante ans plus tard, avec la sainte alliance des damnés du terroir et des fonctionnaires de l’enseignement, de la recherche et de l’intellect. La France socialiste, une fois de plus allait éclairer le monde. Nous passions de la nuit à la lumière.( …)Mais une fois les lampions éteints, les confettis nettoyés et les merguez cramés, il fallut se rendre à l’évidence : le capitalisme tenait toujours. Et même mieux qu’auparavant.(…) Mitterrand avait,  en barbouilleur talentueux, repeint de rose les barreaux de la cellule.(…) La gauche ne s’en est jamais remise. La preuve ? Le manifeste pour un nouveau modèle économique, social et écologique, pondu en mai 2010 par la dream team de Martine Aubry. Le disque dur n’a pas changé depuis les années 1970. Cela ressemble à s’y méprendre au Programme commun, avec une touche verte pour rallier les bobos.(…) Lautréamont a, comme d’habitude, présidé à la conception du rapport : il s’agit bien de la rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre sur la table à dissection. Traduction : la rencontre de Georges Marchais et de Nicolas Hulot sur la table de Colbert. Et Martine Aubry de saluer cette gauche solidaire, forte de ses valeurs (…) La gauche de la rue de Solférino est un couteau sans lame auquel il manque un manche : c’est le legs empoisonné qu’a laissé l’artiste Mitterrand à ses lointains successeurs… »

André Bercoff, La chasse au Sarko.


MORCEAUX CHOISIS

Chasse au Sarko002 
 

 

« Etre président de la Vème République, c’est être responsable de tout : des taux de chômage et d’endettement, de la hausse des prix à la pompe, du réchauffement climatique et des relations avec la Tunisie, de la sécurité sur les trottoirs et du trafic de drogue dans les cités, de l’impôt sur la fortune et des paradis fiscaux, j’en passe et des pires. Normal : cela fait partie du job, et qui a tout fait pour y arriver n’aura pas le mauvais goût de pleurer devant l’amoncellement des travaux d’Hercule. Mais c’est bien à ce propos que le facteur humain entre en jeu. La fonction suprême si on la veut prendre au sérieux, est celle d’un numéro de trapèze sans filet : en effet, il s’agit non seulement de prendre à bras-le-corps avec toute son équipe les problèmes de la nation, de l’Europe et du monde, mais aussi de ne jamais oublier que l’on œuvre sous le regard permanent de la démocratie d’opinion médiatico-sondagiaire, qui exige des résultats dans l’instant et ne sait même pas ce que patience et longueur de temps veulent dire. C’est devenu une banalité de base que de réitérer le fait que temps médiatique et temps politique sont par essence désaccordés et même opposés, et que les fausses émotions des spectateurs n’ont strictement rien à voir avec les légitimes espérances des citoyens… »

« Ainsi alla, pendant des décennies, le train des choses et les Cassandre qui lançaient des avertissements aussi lucides qu’alarmants, se faisaient doucement rembarrer ou, pire encore, étaient sanctionnés par la non-réélection pour les uns, le pantouflage pour les autres. Cela a duré jusqu’au krach mondial de 2007 – et dont les effets sont loin d’être entièrement connus et encore moins achevés – jusqu’à la redistribution planétaire des richesses et des pouvoirs où l’on voit les pays émergents prendre peu à peu la place de ceux qui régnaient indivis depuis plus de cinq siècles. Cet emmerdeur de Sarko choisit de carburer à contre-courant, en dressant l’inventaire des plaies et bosses qui nous entourent. Il le fait maladroitement, négligeant souvent exécution et application, lançant des pistes et les brouillant ensuite, se trompant de cible et revenant en arrière pour des raisons par lui seul connues, quand il ne se laisse pas polluer par des communicants et des sondages. Reste qu’il est le premier de nos présidents à ne pas cacher les seins que nous ne saurions voir et encore moins les maux que nous n’avons nulle envie d’affronter. C’est exactement là où le bât blesse les faux-culs et hérisse les citoyens que nous sommes. Il ne peut s’empêcher de dire les choses, dans le désordre peut-être, maladroitement parfois, mais il les dit. Au risque de heurter encore une fois la diplomatie des védrineurs… »

  André Bercoff, La chasse au Sarko.


A LIRE… ABSOLUMENT !

 Chasse au Sarko002

LA CHASSE AU SARKO.

André Bercoff lance un pavé dans la mare. Ce livre est un pamphlet, mais pas forcément dans le sens que laisse entendre le titre. Le journaliste écrivain nous avait habitués à ses « humeurs » dans le Monde, le Nouvel Observateur, Libération. On ne peut pas dire qu’il soit de droite, ses nombreux écrits l’attestent. Mais peut-être que trop c’est trop et c’est en réaction au conformisme ambiant, à la pression intellectuelle des milieux journalistico-culturels qu’il commet l’ouvrage présent. Cet esprit qui se veut avant tout « libre » y dénonce l’acharnement  et l’outrance  de ce qu’il appelle « la chasse au Sarko ».

La liberté d’expression menacée ? « Heureusement, dans ce climat délétère, dans cette terreur qui vient d’en haut, de courageux samizdats montrent éloquemment que l’ère du journalisme debout n’est pas morte, loin s’en faut. Avec un courage qui défie l’imagination alors qu’elles risquent l’embastillement, l’exil ou pire encore, le chômage,  de vaillantes plumes tracent à longueur de kiosques les graffitis de la révolte depuis plus de quatre ans, bravant ainsi la dictature qui soumet la France aux pires avanies… » raille-t-il dans son prologue, ajoutant les titres vengeurs de quelques « unes » d’hebdo dont « Le voyou de la République ; Est-il si nul ? ; Cet homme est-il dangereux ? ; le président qui fait pschitt ; etc… », et « ils ont en plus l’audace de signer leurs articles ce qui prouve l’étendue de leur courage ». L’ironie se fait cinglante !

Il reprend tout ce qui se dit et écrit sur le portrait de Nicolas Sarkozy. « Donc si l’on en croit nos gazettes, le prince qui nous gouverne est un malade mental, corrompu et bling-bling, soumis à ses femmes et à ses enfants, entouré de copains, et de coquins à qui il passe tout ; en un mot comme en cent : usurpateur. Pas à sa place. Parvenu. Même pas Français de souche. Hongrois de père, Salonique sa mère. Et puis petit. Talonnettes. Et puis il bouge. Trop. S’agite. Trop. Et puis tellement vulgaire, ma chère. Cause mal. S’énerve. Trépigne. Fait pas président, quoi. Il est comme nous. Pas au-dessus de nous… » et encore ce n’est rien à côté de ce que l’on peut trouver sur internet où, constate-t-il avec effarement, les « groupes Facebook ont la fraîcheur des professions de foi où la mesure le dispute à la délicatesse », et suit une liste impressionnante de blogs tenus par « hommes et femmes, jeunes et vieux, rappeurs de banlieue et bobos du 16ème, chercheurs du CNRS et sociologues des hautes études, collégiens préoccupés par leurs retraites et nonagénaires en mal d’indignation… » dont les titres d’articles relèvent « du lynchage grand format », relevant au passage cette accusation d’Edwy Plenel qui traite le président de « délinquant constitutionnel », ajoutant à son adresse : « compliment qu’il n’avait pas décerné à François Mitterrand quand celui-ci l’avait fait mettre sur écoutes téléphonique… »

Et de fait, André Bercoff n’hésite pas à montrer l’hypocrisie et les nombreuses contradictions d’une gauche oublieuse de ses propres turpitudes, souvent plus lâche que courageuse. Il n’hésite pas non plus à dénoncer  « le sommeil » de nos élites de droite comme de gauche face à la nécessité des réformes ou à la prise en compte de certaines réalités. Ce qu’on ne peut pas reprocher à l’actuel président.

Alors, un livre à la gloire de Nicolas Sarkozy ? Non pas. Les défauts bien connus du président y sont exposés, sans concessions. Mais au moins, le portrait est-il équilibré. Avec en supplément, une analyse pertinente de la situation politique de notre pays, de ses problèmes sociétaux et des enjeux internationaux.

Bref, que l’on soit sarkophile ou sarkophage, il faut absolument le lire, ne serait-ce que pour remettre les choses à leur vraie place. Ce que réussit André Bercoff avec son talent bien connu et sa verve habituelle.

 La chasse au Sarko, André Bercoff, aux Editions du Rocher. 17€ - N'hésitez pas à la demander, car il n'est pas toujours exposé... allez savoir pourquoi ?

 


LES BREVES D’ARCHI

Longue vue 2 
 

Règle d’or : Nicolas Sarkozy s’est fendu d’une lettre à tous les parlementaires pour attirer leur attention sur la nécessité d’inscrire la réduction de notre dette dans la durée. Pour y parvenir les deux assemblée ont voté la loi qui interdit , ou plutôt encadre de manière contraignante, la possibilité de voter des budgets en déficit. Mais pour la graver dans le marbre de la constitution, il faudrait qu’elle soit entérinée par un vote du congrès. Et la gauche de crier à la manipulation pour refuser d’entrer dans ce jeu-là. C’est qu’elle veut pouvoir financer toutes ses promesses à coups de chèques en bois. Elle aurait pourtant gagné en crédit à relever le défi. Indécrottable : il est impossible aux leaders socialistes de sortir de leur carcan partisan.

A propos d’Oslo.  Bien triste jour pour les Norvégiens. Encore plus triste et indécente la polémique née dans notre pays des propos de Jean-Marie Le Pen. La fille ne les a pas déjugés. Tant pis pour elle. Mais que tous nos professeurs « es-moralité » -de gauche bien sûr-  en fasse leurs choux gras tout ce week-end, on se dit que tout est bon pour faire de la récup’ politicienne. Le mépris et le silence eussent été plus adéquat. Mais ils ne sont pas capables d’une telle hauteur d’esprit.

Excuses. Justement, la Marine venait de demander à Sarkozy de s’excuser pour son discours de Grenoble, dont, dit-elle, aucune des annonces n’ont été réalisées. On voit bien qu’elle ne lit pas les journaux. Comme si tous les problèmes d’insécurité et d’immigration pouvaient être règlé d’un coup de baguette magique. Il ne suffit pas de dénoncer.

Foot. Eh bé, c’est pas gagné. Pour les éliminatoires de la prochaine coupe du monde, la France se retrouve dans un groupe « d’enfer » avec l’Espagne comme tête de série et tenante du titre !  Les bleus de Blanc en sont tout verts. Il va falloir bosser les gars, et mouiller le maillot !

Annecy. La ville savoyarde n’a pas été retenue pour le JO d’hiver de  20… ? Voilà au moins une nouvelle qui, bien que décevante, n’a pas que des mauvais côtés. Voilà au moins des dépenses qui ne viendront pas grossir notre dette déjà surgonflée.

Trêve estivale. Archibald range sa plume jusqu’au 15 août, en espérant que ces satanés politiciens n’en profiteront pas pour nous faire le coup des scoops. Un peu de repos ne leur fera pas de mal avant une année qui risque d’être « rebondissante » : ça va tanguer !

 

                                                                       Tonnerre de Brest !

 

 

 


SOURIEZ, C’EST L’ETE !

 

Moules-frites 2 
 

AUJOURD’HUI, C’EST MOULES-FRITES…

Les terrasses des brasseries ne désemplissent pas à l’heure des repas. Il faut même faire la queue et souvent attendre après une table qui se libère. Pizzerias ou restaurants, tous proposent en exergue le plat le plus consommé pendant les vacances : « les moules-frites » avec un prix sans appel comme prix d’appel autour de 10€, plus ou moins quelques centimes. C’est que la concurrence fait rage, bien que le trop plein soit garanti.

Qu’est-ce qui peut bien pousser le vacancier, autochtone ou outre-manchot, teuton et autre parpaillot des Flandres à venir au restaurant pour consommer un plat aussi banal, importé de nos contrées nordiques où il est la référence. Il est à la gastronomie lilloise ce que la mogette est à la Vendée. Mais ici, sur la carte, point de mogettes. C’est pourtant bon avec une saucisse ou sur une tartine de pain grillé. Et puis il y a le jambon cru et les fruits de mer, le poisson… Les produits locaux ne manquent pas qui pourraient faire le bonheur d’une carte ou de menus plus typés. J’exagère, tout cela existe, mais le prix n’est pas le même. Et visiblement, le touriste en villégiature dans les hôtels de plein air est plutôt de la catégorie « fauché » ou « radinoche », à moins qu’il ne dépense en faux-frais les économies de l’année. Les moules-frites ont donc la primeur.

Pour le marmiton qui les prépare c’est que du bonheur ! D’abord, les moules de bouchots viennent du coin, de la baie de l’Aiguillon, tristement célèbre depuis Cynthia. Quelques minutes pour les faire s’ouvrir, un poil de vin blanc ou de sauce à la crème allégée préparée d’avance et c’est prêt. Le convive aura en plus le sentiment d’en avoir pour son argent : un bon kilo servi dans une énorme assiette à double compartiment, dont le second est empli de frites surgelées croustillantes à souhait. Rapport qualité-prix imbattable… surtout pour celui qui les sert ! C’est le plat qui laisse sans aucun doute le plus de marge. Et comme pour les artichauts, si le volume servi est impressionnant, les coquilles vides qui remplissent le plat posé à côté pour les réceptionner ne l’est pas moins. En y réfléchissant bien, le différentiel entre les deux, c’est ce qu’on a mangé… Heuruesement, il y a les frites pour remplir l'estomac, c'est à ça qu'elles servent.

Pourquoi va-t-on au restaurant consommer à prix d’or un mets que l’on peut très bien réaliser à peu de frais et facilement chez soi ? Parce qu’en vacances, les folies sont permises et qu’il faut bien se « faire un p’tit resto » pour le plaisir de la sortie. Au fond, ce n’est pas la partie « menu » la plus importante, mais plutôt le fait de s’asseoir à une table et de commander un plat, de prendre une bière ou un verre de rosé, voire même une glace en dessert, bonheur suprême. Sauf que la coupe de glace coûte à elle seule le prix du repas !

Sauf que la table est toute petite, qu’il y a un brouhaha d’enfer, qu’il faudra faire fissa pour libérer la place à ceux qui patientent, après avoir attendu interminablement que l’assiette convoitée parvienne jusqu’à vous.

Restons Zen, c’est les vacances, après tout !

 


SOURIEZ, C’EST L’ETE !

 

Plage-cannes 
 

IL PLEUT SUR LA COTE.

Qui a dit que l’été serait chaud et sec ? Les nombreux vacanciers qui l’ont cru et qui ont choisi la côte vendéenne pour leur temps de repos annuel doivent maudire les prévisionnistes. Ce mois de juillet est tout simplement calamiteux. Il pleut, il pleut, il pleut : il n’arrête pas de pleuvoir et le soleil s’est fait rare. Que faire des journées par un tel temps de chien, qui plus est avec des températures de Toussaint, dans un camp dit « d’hôtellerie de plein air » ? Tourner en rond n’est pas la solution. Ceux qui ont une tente peuvent plier bagages. Mais ceux qui ont loué au prix fort les bungalows sont prisonniers. Ce n’est pas pour rien que le camping s’appelle « les sables d’or »…

La plage est quasi déserte. Sur le port les couples ont encore les bermudas, mais on sent bien que la polaire qui couvre le haut du corps ne réussit pas à réchauffer le bas. Ils errent, les bras ballants entre deux averses et se réfugient sous les terrasses des brasseries quand la pluie revient. Tout a été fait pour les accueillir et tenter de les protéger des intempéries, avec l’espoir de les garder plus longtemps à consommer, à grand renfort de bâches plastiques transparentes. Certains ont même installé un chauffage pour dégourdir l’atmosphère. Et la rendre plus… chaleureuse. Les boissons chaudes remplacent les bières bien fraîches et les sodas.

Le rayon « glaces » du marchand est au chômage, mais celui-ci a la parade : il a sorti les moules à gaufres et le tourniquet à chichis tourne à plein rendement. La saison sera bonne quand même. Surtout avec les 2 cl de Nutella à 0,50€ le supplément !

Même par mauvais temps, il faut faire la queue partout !

Alors profitons-en pour visiter les équipements culturels du coin : ce n’est pas vraiment un bon plan. Quand il pleut, tout le monde prend sa voiture pour se déplacer dans l’arrière-pays ou le long de la côte. Ce sont des files interminables au moindre carrefour, et visiter l’aquarium ou le château est une vraie galère. Même le musée de l’automobile qui expose quelques dizaines de véhicules poussiéreux fait le plein. Inutile de tenter « les Sables », il faudra un temps fou pour arriver au centre-ville et là il sera impossible de trouver une place de stationnement. Et si par une chance miraculeuse vous en trouvez une, vous devrez affronter une foule compacte digne de la gare Saint-Lazare à 6H du soir dans les rues piétonnes. Quant à manger une crêpe sur le port ou le remblai, autant écrire tout de suite une lettre au Père Noël.

L’autochtone vous dira qu’il n’a jamais vu ça. A la Baule, c’est souvent un mensonge. En Vendée, c’est un peu vrai. Les mois de juillet comme celui-là sont rares. Celui qui est venu pour la première fois cette année n’aura plus qu’à maudire le ciel. Tentez votre chance l’année prochaine, si, si, juré, il fera un temps magnifique. Ou revenez en septembre, l’arrière-saison est toujours très ensoleillée …

Rien n’est garanti, naturellement !

 

 


LES BREVES D’ARCHIBALD

 

GAULLISTE. Après Royal c’est Montebourg qui fait les yeux doux aux gaullistes : « Mon projet pourrait convenir à un gaulliste sincère » affirme-t-il, sans hésitation. Mais il ne dit pas de quel gaulliste il s’agit, peut-être un de 1945… et encore !

INSUFFISANT. C’est sûr, eux, ils auraient fait mieux, à entendre l’ineffable Ayrault avec « y’aka » et « yfaucon »…, . L’accord intervenu à Bruxelles pour tenter de trouver une solution à la crise grecque, à l’initiative majeure de Nicolas Sarkozy il faut bien le reconnaître, est jugé insuffisant par les socialistes, comme si la France décidait toute seule.. On voit bien que c’est pas eux qui ont à négocier avec Merkel.

PRIMAIRES. On découvre ce qu’est devenue la machine mise en place par le PS : une formidable manière de faire de l’agitation tout l’été.  De quoi lasser tout le monde ; avec de plus en plus de questions : compte tenu du passé « maison », on se demande bien qui assurera la sincérité d’un scrutin dont on ne connaît pas les contours du corps électoral. J’ai des amis qui iront voter « Montebourg » rien que pour rigoler…

MONTRE. Le tour de France est terminé, et j’ai cru un instant qu’il avait été rajouté une étape supplémentaire à Washington : une course contre la montre. Une chance pour Voekler de conquérir son podium ? Mais c’est des négociations entre Obama et le Congrès au sujet de la dette dont il était question. Dommage !

MA CASSETTE ! Le torchon brûle entre Borloo et l’UMP à qui il réclame 1 million d’euros. Mais le Parti Radical est lié par un contrat de législature et Copé se fait tirer l’oreille pour verser la somme. Un bon moyen d'obliger le Radical  à mettre un peu d’eau dans son verre.

SPIROU. C’est le parti d’en rire des Belges devant la crise de gouvernement qui s’éternise. Et on dit qu’ils n’ont pas d’humour ? Spirou s’est mis au service de l’unité nationale. Avec le héros et le renfort du Comte de Champignac, ils sont certains de trouver une issue… espérons qu'elle ne soit pas explosive !

 

 


LA PLANCHA

Plancha 
 

Elle a détrôné le traditionnel barbecue et même remplacé le grill. La « plancha », pour la cuisine de l’été, c’est ce qu’il y a de plus tendance. A l’origine, c’était une vulgaire plaque de fonte que les Espagnols faisaient chauffer, sur laquelle ils faisaient cuire leurs aliments : légumes, viandes, poissons, avec un filet d’huile d’olive.

En Espagne, je l’ai même vue installée au milieu du comptoir d’un bar et le maître des lieux y faisaient rissoler ses tapas directement devant les clients qui se servaient dessus eux-mêmes. Ambiance garantie !

Donc la plancha a remplacé, chez nous aussi, notre bon vieux grill. Et nos invités ne s’en plaignent pas. Pour les belles soirées d’été avec les amis, c’est beaucoup plus ludique que le barbecue : il m’est arrivé de m’en servir de l’apéro au dessert en passant par le plat de résistance. C'est madame qui est contente !

D’abord les tapas : des petits émincés de poulet bien parfumés embrochés sur des palillos, de fines rondelles de chorizo à griller et même des œufs de caille « au plat » avec un poil de fleur de sel et de poivre du moulin, sans parler des grosses crevettes façon gambas…

Puis vient le moment de mettre les légumes finement coupés : poivrons en lamelles, courgettes et aubergines en cubes, auxquels selon le goût on peut ajouter haricots verts et carottes. Evidemment il faut bien surveiller et retourner et surtout s’assurer d’une cuisson saisie mais « al dente ». C’est bien quand les légumes croquent sous la dent.

Il ne reste plus alors qu’à faire cuire le poisson, ma préférence va aux filets de rougets, ou la viande et là c’est le magret ou l’émincé de canard  qui viennent faire un bref séjour sur la plancha, quelques minutes par face suffisent en effet. Il n'est pas interdit d'avoir fait séjourner ces derniers dans une marinade ad'hoc, comme aurait dit le capitaine !

On peut s’en tenir là, mais il est encore possible de servir un dessert sous la forme d’une brochette de fruits caramélisés, en ayant auparavant essuyé la surface pour éviter des croisements de saveurs inconciliables.

Le tout arrosé selon la circonstance d’un excellent Tavel bien frais ou d’un Viognier blanc, dont j'aime particulièrement les arômes fruités, voilà une fête permanente pour les papilles. Pour le dépaysement, il m’est arrivé de sortir un Rioja rouge « Sancho Garces » : c’est alors "sombreros et mantilles" garantis.

Ce qui me plait surtout, c’est le caractère convivial de la plancha. On peut cuisiner au milieu de ses invités, les faire participer éventuellement, c’est plus rapide que le barbecue et aussi plus hygiénique et polyvalent, ce type de cuisson permettant de faire se cotoyer plusieurs mets en même temps.

La plancha, c’est la fête !

 

 

 


MIEUX VAUT EN RIRE

 

 Retraites

C’est l’été. Du moins sur le calendrier, parce que dehors, c’est pas vraiment ça. Un spécialiste viendra sûrement nous expliquer dans la lucarne magique que le temps frisquet et automnal que nous subissons en ce mois de juillet est un effet du « réchauffement climatique »… On a déjà donné.

Qu’est-ce qui a bien pu nous faire rire cette semaine. Pour ma part j’ai relevé trois sujets :

Bourdouleix. Le député-maire de Cholet devient de plus en plus difficile à suivre. Son cheminement erratique n’est pas nouveau, mais ces temps derniers, il a fait fort. Une semaine il s’interrogeait sérieusement sur une demande de rattachement de Cholet à la Vendée –oui, oui ! -, la suivante le voilà en train de vitupérer sur le « vide politique » créé par le renoncement d’Hervé de Charette face aux listes UMP et centristes qui ne valent rien à ses yeux, et d’envisager de faire la sienne. En Maine-et-Loire ou en Vendée ? Il faudrait savoir.

Villepin. L’ancien Premier Ministre a ouvert son site de campagne « 2villepin2012 » pour tout de suite le refermer. Il ressemblait trait pour trait au site d’une entreprise de pompes funèbres, ce que des internautes malins ont repéré immédiatement. De là à parler de signe prémonitoire …

DSK. Les suites de l’affaire n’en finissent pas de retomber sur les socialistes, surtout depuis que Tristane Banon et sa mère sont passées à l’offensive. C’est plutôt amusant de les voir se dépêtrer dans leurs histoires de coucheries. Mais, forcément, si les médias en rajoutent, c’est que quelqu’un –suivez mon regard- manipule.  Ah les bons apôtres ! Des beaux salauds, oui ! Ils ont oublié ce qu’ils ont fait à Eric Woerth… J’espère bien qu’on va continuer à rire tout l’été. On avait Conan le Barbare. Nous aurons le feuilleton « DSK le Brutal » ! Et pour finir sur le chapitre, savourez cette déclaration concernant Sainte Anne : « Elle aime son époux. Tout en comprenant qu’il peut avoir des désirs qui ne la concernent pas exclusivement » …

Comme on n’a pas fini de rire, gardons-en pour la prochaine fois. 

 


LECTURES D’ETE

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POPULISMES : LA PENTE FATALE

 

Dominique Reynié est professeur à Sciences Po et Directeur Général de la Fondation pour l’Innovation Politique. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’opinion publique, la vie politique française et européenne. Il analyse ici la montée en puissance, à l’ouest comme à l’est de l’Europe, des mouvements politiques populistes et xénophobes.

L’intérêt de cet ouvrage c’est de montrer comment, au-delà de la diversité des environnements politiques propres à chaque pays, ces partis, souvent protestataires, se nourrissent de réalités comparables : sentiment de déclassement vécu par les européens face aux nouvelles puissances émergentes, vieillissement démographique, crise de l’état protecteur et surtout, sentiment d’une perte d’identité face à l’afflux d’immigrés de confession musulmane.

Cet ouvrage se nourrit d’un relevé très nourri des résultats électoraux dans les différents pays du continent pour étayer son analyse de la transformation idéologique de partis appartenant au départ aux bords extrêmes de l’échiquier politique pour devenir peu à peu centrés sur les thèmes plus « convenables »  du populisme patrimonial.

A l’aide de nombreux exemples, telle l’affaire des caricatures de Mahomet, il montre à quel point l’immigration et l’Islam peuvent se trouver liés à une menace pesant sur l’identité européenne, mettant en avant aussi, la multiplication des accommodements ethnoculturels. La réaction à ce multiculturalisme favorise l’émergence d’une défense conservatrice et virulente d’un patrimoine matériel qui est le niveau de vie, et d’un patrimoine immatériel qui est le style de vie. Ce populisme moderne se nourrit évidemment la défiance envers les élites (exemple l’UMPS)  et l’antifiscalisme sans atteindre toutefois  les délires du Tea Party américain, il cultive aussi l’euroscepticisme et l’islamophobie mais se différencie par sa nature avant tout « inquiète » et individualiste, des extrémismes traditionnels dont il tente de rejeter la dimension raciste.

Mais l’ouvrage analyse aussi en profondeur les tourments de l’Europe, confrontée à son vieillissement, qui a peur de l’immigration et pourtant ne pourra pas s’en passer, qui tremble devant la mondialisation vécue comme une menace alors qu’elle est la deuxième puissance du monde par son PIB cumulé. Il met en lumière le conflit des identités entre un contient chrétien devenu laïc et une immigration musulmane qui refuse d’en assimiler les valeurs au profit des siennes. Dès lors le populisme pourrait être une pente fatale car en venant troubler le jeu normal des alternances des partis de gouvernement, il conduirait au les pays européens au repli, à des politiques malthusiennes de l’immigration compromettant du même coup le bon fonctionnement des systèmes d’assurance sociale.

Dominique Reynié propose aussi une autre vision : celle d’un « vivre ensemble » fondé sur l’idée d’une diversité libérale et démocratique réaffirmant l’attachement aux droits de la personne. Il voit dans «  l’Euroméditerranée » une région mondiale d’une puissance considérable avec un milliard d’habitants et le tiers du PIB mondial. Une manière de garantir notre avenir dans l’économie globalisée. Voilà une réponse d’envergure à la menace populiste. La réponse se trouve aussi dans l’européanisation des grandes politiques publiques qui permettrait des économies d’échelle.

Mais c’est clair, le multiculturalisme est un échec et le laisser faire ne fera qu’aggraver la pression populiste… et notre déclin avec. Un ouvrage qui éclaire singulièrement le débat sur l’identité nationale et le positionnement de l’UMP et de Nicolas Sarkozy, en lui donnant raison ; et tort au « vivre ensemble » préconisé par le PS et Martine Aubry qui n’est pas à l’abri de cette même pression.

A lire absolument.

« Populismes : la pente fatale », chez Plon, collection tribune libre.