A LIRE… ABSOLUMENT !
04 août 2011
LA CHASSE AU SARKO.
André Bercoff lance un pavé dans la mare. Ce livre est un pamphlet, mais pas forcément dans le sens que laisse entendre le titre. Le journaliste écrivain nous avait habitués à ses « humeurs » dans le Monde, le Nouvel Observateur, Libération. On ne peut pas dire qu’il soit de droite, ses nombreux écrits l’attestent. Mais peut-être que trop c’est trop et c’est en réaction au conformisme ambiant, à la pression intellectuelle des milieux journalistico-culturels qu’il commet l’ouvrage présent. Cet esprit qui se veut avant tout « libre » y dénonce l’acharnement et l’outrance de ce qu’il appelle « la chasse au Sarko ».
La liberté d’expression menacée ? « Heureusement, dans ce climat délétère, dans cette terreur qui vient d’en haut, de courageux samizdats montrent éloquemment que l’ère du journalisme debout n’est pas morte, loin s’en faut. Avec un courage qui défie l’imagination alors qu’elles risquent l’embastillement, l’exil ou pire encore, le chômage, de vaillantes plumes tracent à longueur de kiosques les graffitis de la révolte depuis plus de quatre ans, bravant ainsi la dictature qui soumet la France aux pires avanies… » raille-t-il dans son prologue, ajoutant les titres vengeurs de quelques « unes » d’hebdo dont « Le voyou de la République ; Est-il si nul ? ; Cet homme est-il dangereux ? ; le président qui fait pschitt ; etc… », et « ils ont en plus l’audace de signer leurs articles ce qui prouve l’étendue de leur courage ». L’ironie se fait cinglante !
Il reprend tout ce qui se dit et écrit sur le portrait de Nicolas Sarkozy. « Donc si l’on en croit nos gazettes, le prince qui nous gouverne est un malade mental, corrompu et bling-bling, soumis à ses femmes et à ses enfants, entouré de copains, et de coquins à qui il passe tout ; en un mot comme en cent : usurpateur. Pas à sa place. Parvenu. Même pas Français de souche. Hongrois de père, Salonique sa mère. Et puis petit. Talonnettes. Et puis il bouge. Trop. S’agite. Trop. Et puis tellement vulgaire, ma chère. Cause mal. S’énerve. Trépigne. Fait pas président, quoi. Il est comme nous. Pas au-dessus de nous… » et encore ce n’est rien à côté de ce que l’on peut trouver sur internet où, constate-t-il avec effarement, les « groupes Facebook ont la fraîcheur des professions de foi où la mesure le dispute à la délicatesse », et suit une liste impressionnante de blogs tenus par « hommes et femmes, jeunes et vieux, rappeurs de banlieue et bobos du 16ème, chercheurs du CNRS et sociologues des hautes études, collégiens préoccupés par leurs retraites et nonagénaires en mal d’indignation… » dont les titres d’articles relèvent « du lynchage grand format », relevant au passage cette accusation d’Edwy Plenel qui traite le président de « délinquant constitutionnel », ajoutant à son adresse : « compliment qu’il n’avait pas décerné à François Mitterrand quand celui-ci l’avait fait mettre sur écoutes téléphonique… »
Et de fait, André Bercoff n’hésite pas à montrer l’hypocrisie et les nombreuses contradictions d’une gauche oublieuse de ses propres turpitudes, souvent plus lâche que courageuse. Il n’hésite pas non plus à dénoncer « le sommeil » de nos élites de droite comme de gauche face à la nécessité des réformes ou à la prise en compte de certaines réalités. Ce qu’on ne peut pas reprocher à l’actuel président.
Alors, un livre à la gloire de Nicolas Sarkozy ? Non pas. Les défauts bien connus du président y sont exposés, sans concessions. Mais au moins, le portrait est-il équilibré. Avec en supplément, une analyse pertinente de la situation politique de notre pays, de ses problèmes sociétaux et des enjeux internationaux.
Bref, que l’on soit sarkophile ou sarkophage, il faut absolument le lire, ne serait-ce que pour remettre les choses à leur vraie place. Ce que réussit André Bercoff avec son talent bien connu et sa verve habituelle.
La chasse au Sarko, André Bercoff, aux Editions du Rocher. 17€ - N'hésitez pas à la demander, car il n'est pas toujours exposé... allez savoir pourquoi ?
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