LA TRANSITION VERS UN AUTRE MODELE DEMOGRAPHIQUE
06 août 2025
La panne de la natalité.
Pour la première fois depuis la dernière guerre, le nombre de décès a dépassé celui des naissances en France : 651 000 contre 650 000. Le phénomène est même visible sur les photos de famille où les enfants n’apparaissent plus. Cette tendance profonde n’est pas récente, mais elle s’accentue. Ses conséquences sont multiples et mettent en danger notre modèle social bâtit au temps où le « baby-boom » à l’inverse garantissait une progression démographique. Les sociologues ont identifié une mode chez les jeunes que l’on peut résumer en deux mots « no kids ». Et le mal n’est pas seulement français ni européen. C’est toute la population mondiale qui vieillit, conséquence de deux facteurs l'allongement de la durée de la vie et la baisse du taux de fécondité.
Un monde vieillissant.
En démographie, les prévisions sont presque toujours fiables. Prenons les conséquences sur la population active : si la natalité reprenait aujourd’hui, l’effet ne se mesurerait que dans 25 ans. Ainsi nous vivons déjà dans un monde de vieux. L'âge moyen dans les économies développées était de 30 ans il y a 50 ans, aujourd'hui il est de 43 ans et il approchera les 50 ans dans les 50 ans. Dans les pays émergents, c'était 19 ans il y a 50 ans, 30 ans aujourd'hui et 40 ans dans 50 ans. Le sujet principal est donc celui de la population en âge de travailler : là encore, il va falloir réviser nos standards pour tenir compte de l’allongement de la vie qui change la donne et conduit à de profonds changements. Le sujet économique dominant est le % de la population globale qui est en âge de travailler. Dans les pays développés il a atteint son top à 67% en 2000, il a chuté à 63% aujourd'hui et devrait baisser à 57% dans 50 ans. Ce qui pose évidemment un problème de financement des retraites si on maintient le principe de la « répartition ».
L’allongement de la vie.
L’espérance de vie apporte un puissant correctif. L'allongement de la durée de la vie est une excellente nouvelle d'un point de vue humain. Un rapport du FMI révèle un élément étonnant : aujourd’hui, une personne âgée de 70 ans possède les capacités cognitives qu’avait une personne de 53 ans en 2000, il y a seulement 25 ans, et les capacités physiques qu’avait une personne de 56 ans à la même époque. Vivre plus vieux et vivre plus vieux en bonne santé n’est pas sans conséquence, on travaille plus longtemps partout dans le monde et la tendance va continuer (sauf en France, totalement à contre-courant), et les seniors et retraités consomment et investissent comme des personnes qui avaient 15 à 20 ans de moins il y a 25 ans. Cela relativise le poids des retraités. Goldman relève les pays qui détenaient le record de longévité : il y a 100 ans, c'était l'Australie avec 63 ans, il y a 50 ans, l'Islande avec 75 ans et aujourd'hui c'est Hong Kong avec 86 ans ! En France on est dans cet ordre de grandeur là. Nous entrons dans un autre monde.
La baisse durable de la natalité.
L'autre phénomène est la chute de la fécondité : elle était de 5,4 en 1963 dans le monde, elle est aujourd'hui à peine au taux de renouvellement, soit 2,1, avec des pays développés largement en dessous (1,5) et des pays émergents qui ne dépassent plus en moyenne les 2,2 ! Et la tendance reste à la baisse. Autrement dit, l'effondrement de la natalité, rien ne pourra l'inverser car elle n'est pas conjoncturelle mais structurelle. Cela veut dire aussi que le vieillissement s’inscrit dans la durée et qu’il convient de l’anticiper en modifiant nos lois pour tenir compte de l’évolution de la pyramide des âges. D'où une population mondiale qui devrait à peine atteindre les 10 milliards en 2075 pour s'effondrer ensuite de façon accélérée.
Nous assistons à une transition démographique majeure dont l'enjeu principal sera simplement de travailler plus longtemps. Merci de prévenir la gauche et la CGT… Cela n’empêche pas de réfléchir à des mesures qui facilitent les naissances et redonnent l’envie d’avoir des enfants dans nos sociétés où tout pousse à la jouissance égoïste et à l’individualisme. Qu’est-ce qu’on risque ? Après tout, personne n'avait anticipé le "baby boom" à partir de 1945 !
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