C’EST LA RENTREE POUR LE MINISTRE AUSSI ….
02 septembre 2011
L’état des lieux : ce sont 859.294 enseignants qui ont retrouvé aujourd’hui le chemin des 53.798 écoles, 7.018 collèges et 4.277 lycées, dont 1.637 lycées professionnels ; d’autre part, ce sont près de 16.000 enseignants stagiaires qui ont déjà effectué leur rentrée cette semaine. En janvier 2011, la France comptait 330.900 instituteurs et professeurs des écoles du premier degré public (y compris les 7.400 fonctionnaires stagiaires) et un peu plus de 349.000 enseignants du second degré (collège et lycée) public en face à face avec les élèves. On comptait aussi 138.600 enseignants exerçant dans les classes sous contrat des établissements privés.
Lors de sa conférence de presse de rentrée, Luc Chatel, le ministre de l'Education nationale est revenu sur les réformes et les expérimentations menées depuis 2007 qui, sur fond de révision générale des politiques publiques, ont commencé à transformer l'école. Mais l'ont aussi déstabilisée. Il s’est efforcé de mettre en avant la « cohérence » du bilan éducatif du quinquennat.
Lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait fait de l'éducation une priorité. Le chef de l'Etat en appelait à une « école du respect et de l'autorité », une « réhabilitation des savoirs », une réforme du collège unique, une remise à plat des rythmes scolaires et des programmes, des évaluations pour piloter « la revalorisation du métier » comme « l'une des priorités », sans oublier l'épineuse question des moyens. Avec « une école où la priorité sera accordée à la qualité sur la quantité, où il y aura moins d'heures de cours », des moyens « mieux employés » grâce à « l'autonomie » des établissements, et des « enseignants moins nombreux ».
Une feuille de route que Xavier Darcos, le prédécesseur de Luc Chatel s'est employé à dérouler tambour battant. Avec la mise en oeuvre de l'assouplissement - mais non de la suppression - de la carte scolaire. En lançant - changement fondamental - la réforme de la formation des enseignants, désormais recrutés au niveau master, mais dont le volet pratique a été réduit. Cette réforme a bien été accompagnée d'une revalorisation du salaire des jeunes enseignants de 150€/ mois, laissant toutefois de côté ceux qui ont plus de dix ans de carrière. Mais les marges de manœuvre budgétaires restent contraintes, on le sait et c’est sur les salaires du début de carrière qu’il fallait agir en priorité. Elle a aussi permis de supprimer 16.000 postes sur plus de 60.000 suppressions réalisées entre le budget 2008 et celui de 2012. Des suppressions inévitables qui ont entrainé des tensions.
Malgré les résistances et parfois l’insubordination, la réforme de l'école primaire a introduit de nouveaux programmes « centrés autour des fondamentaux », de nouvelles évaluations nationales, elles aussi contestées, un horaire allégé pour dégager le temps nécessaire au soutien des élèves en difficulté. Une nouvelle donne qui, de fait, a abouti à la semaine de quatre jours, aujourd'hui sur la sellette. Et si, à l'Elysée, on a souligné « un frémissement » dans les résultats cette année des évaluations de CE1, on est encore loin de l'objectif de diviser par trois le taux d'échec scolaire à la fin du CM2. Il faut donner du temps au temps et permettre aux personnels de s’adapter à des pratiques qui changent en profondeur leurs habitudes et heurtent leurs convictions.
Dans le même esprit, la réforme du lycée, menée par Luc Chatel après le recul de Xavier Darcos, vise une orientation plus progressive des élèves et accroît l'autonomie des établissements dans la répartition de leurs horaires. Dans la droite ligne de la personnalisation des parcours, qui a vu se développer différents dispositifs comme l'accompagnement éducatif après la classe pour les « orphelins de 16 heures », les internats d'excellence pour les bons élèves défavorisés ou les établissements de réinsertion scolaire (ERS) pour les « perturbateurs », elle introduit deux heures d'accompagnement personnalisé. Sans oublier les pistes - autonomie, personnalisation - que Luc Chatel étend à petites touches, avec un certain succès, via des expérimentations comme le programme CLAIR qui permet aux chefs d'établissements difficiles de recruter leurs enseignants, ou les 4 emes et 3 emes préprofessionnelles, préludes, peut-être, à la fin du collège unique.
Nicolas Sarkozy l'a clairement évoquée pour l'après-2012, tout comme la refonte des rythmes scolaires, qu'il lie aussi à l'évolution du statut et de la mission des enseignants, sur lesquels il avait commandé au début du quinquennat un rapport au conseiller d'Etat Marcel Pochard. Finalement restée lettre morte, l’évolution du statut va sans aucun doute, à la faveur de la campagne présidentielle, à droite comme à gauche, de nouveau se retrouver au coeur du débat. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter aux discours des uns et des autres.
Tout n’a pas été fait, loin s’en faut. La crise est passée par là et il ne faut pas sous-estimer la force d’opposition, voire d’inertie que peut opposer le corps enseignant. Mais le système éducatif a commencé à évoluer dans le bon sens. Un quinquennat supplémentaire ne sera pas de trop, si ce n’est plus !
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