MASCARADE ROCHELAISE
29 août 2011
L’union est un combat, c’est une constante en politique. A La Rochelle, le PS nous a fait le coup de « l’unité dans la diversité » ou plutôt de « l’union dans la confrontation ». La carte postale finale ne doit pas faire illusion. Parce que les candidats à la primaire ne sont d’accord sur rien. Ils découvrent un peu plus chaque jour combien leur programme de parti est encombrant.
Quand les masques vont-ils tomber ? Là est la question. Martine Aubry est à la peine et cela la rend fébrile, cela se voit : il est certain qu’elle n’aura pas tiré les dividendes du rendez-vous Rochelais, comme l’année dernière. Ses petites phrases sur le parti « à la renverse » qu’elle a trouvé en arrivant, petits cadeaux destinés à son prédécesseur qui justement la précède dans les sondages, en témoignent. Partie en campagne au pire moment, sa déclaration éclipsée par l’arrivée de Christine Lagarde au FMI, elle n’a pas réussi à refaire son retard sur la tortue Hollande, partie de loin, mais bien en rythme. Au cours de cette université, elle s’est fait des petits plaisirs en promettant à tout venant, mais le contexte n’y est pas et joue contre ses propositions dépensières. La dette elle la pire ennemie du PS et elle ne l’a pas encore vraiment compris.
François Hollande a su éviter ces pièges. Il se garde bien de tomber dans la surenchère des promesses, reste prudent sur les prévisions économiques et se contente d’ironiser sur le plan de rigueur gouvernemental en ayant recours à son humour légendaire, ce qui témoigne de sa forme. Un sans faute qui lui permettra de garder encore les faveurs de son électorat. Il sait bien que moins on en dit, mieux ça vaut, mais il faudra bien qu’il se découvre : sera-ce lors des fameux débats ? On attend avec impatience ses solutions en matière de fiscalité, car, hier, Michel Sapin a paru bien vague et politicien face à Valérie Pécresse, sur BFM TV.
Il fallait voir aussi Ségolène Royal. Tous unis, certes, mais elle, plus que les autres. Sur ses terres, elle n’a pu s’empêcher de monter une petite opération dont elle a le secret, avec ses partisans tous équipés d’une écharpe rouge… comme sa veste : effet médiatique assuré. A la ramasse dans les sondages, elle n’a pas dit son dernier mot. Vocabulaire « citoyen » emprunté au parti communiste et propositions décalées, elle est certainement la plus « poétique » des prétendants, son programme évoluant au gré de ses inspirations, tout en restant, comme celui de ses concurrents, dans le mode incantatoire. Elle est aussi la plus imprévisible, tant pour elle-même que pour ses « compagnons » de route.
Les trois autres compères, même s’ils voudraient prendre place dans le paysage, ont des positions trop « pointues » par rapport au centre de gravité de leur parti. Ils ont donc beaucoup de mal à se faire entendre. Et pourtant, mettre en face-à-face Manuel Valls et Arnaud Montebourg, ça ne manquerait pas de sel. Ces deux derniers, en effet, ne manquent pas d’épaisseur.
Il y a bien les sourires et les embrassades, mais on sent bien que les couteaux ne sont pas loin. Il n’y a qu’une chose qui peut les sauver : la haine de Nicolas Sarkozy qu’ils ont distillé pendant cinq ans et qui leur est commune. Mais que tous ces jeux sont éloignés des réalités que sont la dette, la réduction des déficits et la stabilité financière de la zone euro, grands absents de La Rochelle !
Enfin, une certitude : Harlem Désir n’est pas à sa place, même si c’est provisoire.…
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