HISTOIRE

COULIS D’ETE

Achille Talon

 

« TU AS RONFLE ! »

Le ton faussement détaché  a quand même gardé son côté comminatoire : « si, si, tu as ronflé ! ».  Une sentence qui vient sortir l’interpelé de sa torpeur, surpris l’œil quelque peu torve assorti du regard du « ravi de la crèche ». Et cela, juste au moment où il goûtait la volupté de fermer les yeux  tout en suivant une conversation dont les éclats de voix lui parvenaient de plus en plus lointains dans une atmosphère progressivement cotonneuse. Que répondre ? Il n’y était plus !

Devant ses dénégations, car on n’aime pas être accusé de ronfler en public, la question le crucifie : « Ah oui ! Qu’est-ce qu’on disait ? ». Le réveillé est acculé, alors qu’il est encore ébloui par la luminosité de la nappe blanche d’une table  en fin de déjeuner. Le soleil est radieux, l’air embaume les roses toutes proches,  l’ombre est délicieuse. Son regard balaie l’assistance des convives qui, mi-goguenards, mi-ironiques, attendent sa réponse. Avec indulgence bien sûr. De quoi replonger.

Les yeux refermés, l’intéressé marmonne une réponse complètement à côté. Dans sa tête a surgi le visage de la tombe inca qui surprend Tintin dans le tunnel du Temple du soleil. La digestion doit s’accompagner d’une petite sieste, c’est bien connu. Et quand on a des invités et un repas un peu trop riche, l’âge aidant, le résultat est garanti. « Tu devrais aller t’allonger » lui suggère alors la même voix sur un ton bien plus doux. Message reçu dans les nimbes alors que déroulant le fil de l’histoire, on ne sait pourquoi, il en était  à la dalle qui bascule dans la grande salle du trône de l’Inca…

Mécaniquement, le somnolent s’exécute, sans chercher à résister. Les rires ponctuent son parcours sans qu’il cherche à savoir si c’est lui qui en est l’objet. Alors défile la liste des résolutions qu’il avait  prises  pour ces vacances et toujours en rade : faire du vélo, ranger le garage, lire le dernier Pennac… Livré à ses réflexions, tout en marchant vers le canapé, ce coup de pompe lui paraît vraiment surprenant. Ce n’était pas la  première fois qu’un petit coup de mou le prenait après le repas,  mais il trouvait l’excuse dans son activité débordante. Mais là ?  Enigme !

« Finalement, c’est crevant les vacances », dit-il en balbutiant au milieu d’un baillement, en forme de conclusion logique.

 


COULIS D’ETE

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ATTAQUE DE CHILIENNE EN RASE-MOTTES.

On ne  peut  pas vraiment dire qu’on ne s’y attend pas. Depuis début août, ça couvait,  comme on dit ! Et puis subitement, le 6 août, l’attaque a eu lieu,  sans  prévenir évidemment.  Une  attaque  surprise dans la touffeur méridienne  au pire moment de  la   journée,  quand on sait  l’adversaire sans défense.

Et l’on se retrouve affalé dans la chilienne qui se demandait bien quand ça allait arriver.  Et  vous voilà alangui,  paralysé, inerte, le dos en arc de cercle, les bras ballants. C’est traître une attaque de Chilienne !  J’aimerais vous y voir !  C’est vrai qu’on ne doit pas avoir l’air très malin,  la tête  à moitié à la renverse et la mâchoire à demi pendante. Mais une fois qu’on est dedans,  essayez donc de trouver la force de vous en sortir quand tout le corps dit non et que votre cerveau est aux abonnés absents.

Alors autant se laisser aller en attendant le moment propice à la contre-attaque. Va pour une petite ronflette.  C’est la faute aussi à ce fichu micro-climat vendéen qui vous fait pousser des chênes-verts  comme sur la côte d’Azur.  Il  ne manque que les cigales.  Cette année la température peut rivaliser, et même le bleu de l’Océan, avec celui de la Méditerranée. Il n’y a que la température de  l’eau, dont je ne dirais mot. En attendant c’est la position « relax », car de toute manière, il  fait trop chaud pour envisager quoi que ce soit.  Même tenir un stylo  pour un sudoku n’est pas soutenable, c’est dire : manque d’énergie, cerveau trop mou.

La  chilienne était en embuscade depuis que je l’avais dépliée en arrivant et installée dans son coin habituel du balcon, à l’ombre. Et elle a attendu patiemment son heure. Joli coup très réussi. Elle savait qu’elle parviendrait à ses fins, un jour en début d’après-midi, comptant sur les effets conjugués du rosé – la cuvée « Marie du Fou » est un vrai piège-, de la digestion et de la température. Elle m’a cueilli au moment où j’allais m’endormir sur le journal.  C’est sympa une chilienne quand elle tombe à pic. Elle sait se rendre irrésistible. Même le café n’y peut rien.

Pourtant, j’aurais dû le savoir : chaque année c’est la même chose. J’essaie de faire passer  les bricoles à remettre d’équerre dans l’appartement  en premier. Il y a un an, j’ai tenu quatre jours avant de  me faire  avoir.  Cette année, la chaleur aidant, je n’ai même pas tenu deux jours !  Des  attaques de chiliennes, j’en ai connu plein : en voyage, sur le balcon de la location, à l’hôtel, au bord  de la  piscine, et même l’hiver à la neige,  il y en a toujours une à vous tendre sa toile –les chiliennes n’ont pas de bras, à la différence de leurs cousines  les chaises longues-. Et chaque fois, on se fait prendre parce qu’elle a un allié avec elle, ce rayon de soleil qui fait qu’on cède à la tentation.

Mais va bien falloir que je bouge. On a beau « tuer le temps », il s’échappe quand même et trop vite. L’heure de la contre-attaque a sonné. Ce soir j’ai un apéro à préparer et il ne faut pas que je m’y mette trop tard. C’est un autre type d’attaques, mais celles-là, c’est moi qui les mène. Bah tiens !

La chilienne admet facilement sa défaite, elle compte prendre sa revanche dès demain…

 


COULIS D’ETE.

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LA PLAGE ET LE SABLE

Une plage sans sable, c’est une plage de galets. Ce n’est pas le pied. Ou plutôt, ça fait mal aux pieds, et pas qu’aux pieds. A moins d’avoir un matelas bien épais, on peut compter ses abattis en se relevant d’une petite sieste. Donc, le mieux, c’est la plage de sable fin. Voire …

Le sable de la plage n’est jamais comme il faut. Quand il est sec, il est brûlant, on y marche malaisément, il s’insinue dans les chaussures où il nous picote. Quand il est mouillé, il colle et on ne peut plus s’en défaire. Enfiler les nu-pieds devient alors une torture. Pourtant, il ne dissuade guère les amateurs de plage qui s’agglutinent sous leur parasol, s’étalent sur leurs nattes, serviettes et autres accessoires. En fait, à la plage, quand il fait beau et chaud, il n’y a que dans l’eau qu’on est bien. A condition que des cailloux ou galets vicieux, charriés au gré du flux et du reflux, ne viennent pas meurtrir vos pieds douillets.

Je soupçonne les vacanciers d’être un brin masochistes.

En temps ordinaire, ils jugeraient cette activité insupportable s’il s’agissait de conditions de travail. Rendez-vous compte : une expédition à la plage nécessite d’emporter et transporter un parasol ou une tente pliable, autant de nattes que de personnes, les serviettes de bain, le ballon, les raquettes type Jokary, les anciens ajouteront un siège pliant et je n’oublie pas les planches de surf des enfants, sans parler des goûters et des rafraîchissements qu’il faut trimbaler dans une glacière. On y va à pied, c’est une galère. On y va en voiture, il faut charger le coffre, trouver une place pas trop loin ce qui s’avère être un pari aventureux, surtout si on en cherche une à l’ombre. Ensuite il faudra de toute façon parcourir un bout de chemin « pedibus cum jambis ».

C’est marée haute.

Les gens sont tassés, faute de place. L’océan impose ses règles : il faut tenir compte des marées. On se dit que tout-à-l’heure, il y aura un peu plus de place quand la mer commencera à redescendre. Donc, on s’adapte. Une fois installés, le parasol planté, ployant sous les coups de vent, chacun commence à s’occuper. Le plus simple c’est de s’allonger sur la serviette et de se laisser aller sous le soleil jusqu’à ce point de somnolence où tout s’estompe dans une atmosphère sirupeuse. Le cri des mouettes se fait lointain et le bruit du ressac tout proche couvre les braillements des bambins. On peut aussi reprendre la lecture du polar entamé la veille. Comment se mettre : à plat-ventre, le dos cambré ne tarde pas à protester ; sur le dos, il faut tenir le livre en l’air, à contre-jour ; allongé sur le côté, appuyé sur un coude, ça n’est pas pratique quand il faut tenir les pages à deux mains à cause du vent ; assis en tailleur alors, mais il faut changer souvent de position. Je ne vous parle pas du sudoku et des mots fléchés qui nécessitent en plus de jongler avec un crayon en main. Autant aller au bain.

Quand on est dedans, elle est bonne !

Encore faut-il entrer un corps surchauffé et gorgé de soleil dans une eau à 18-20°. L’océan est rarement plus chaud. Mieux vaut y pénétrer tout doucement. Sauf qu’une vague traîtresse va régler le problème en vous arrosant copieusement. Au moins c’est fait. Alors, c’est vrai, voilà enfin un peu de vrai plaisir. Subitement on se sent mieux dans un corps rafraîchi à se laisser porter par l’eau. Les enfants ont enfourché leur planche et surfent sur les vagues qui se forment près du rivage. Ils vont s’épuiser en allers-retours joyeux. Au moins ils dormiront bien ce soir. Le temps passe, le soleil décline. Il est temps de sortir de l’eau pour sécher un peu avant de penser à tout plier pour le retour.

Attention de ne pas exposer le corps mouillé au sable sec. Déjà, les pieds sont enveloppés d’une gangue dont il faudra se départir tout-à-l’heure. C’est tout un art que de se sécher avec la serviette, en une sorte de danse du scalp, avant de retrouver une position propice au séchage, au soleil et au vent. Mais déjà, on pense à la suite. Le petit apéro bien frais sera la récompense de tant d’efforts pour « se reposer ».

Je ne voudrais pas être grain de sable, l’été sur la plage.

 


ET MOI JE VIS TOUJOURS …

Jean d'ormesson

Pour son dernier roman, Jean d’Ormesson, toujours aussi espiègle, ne pouvait nous faire qu’un pied de nez. En l’écrivant, et en ayant choisi le titre, il ne savait pas qu’il serait publié… après sa mort, survenue aussi subitement qu’un rapt des révolutionnaires sud américains. Pour une œuvre ultime, il fallait un feu d’artifice : nous l’avons ! C’est son ami Jean-Marie Rouart qui le définit le mieux : « Jean d’Ormesson est quelqu’un qui réunit tout le monde. Le passé, le présent et l’avenir.  Il fait partie des meubles de la République. Au-delà de la politique, c’est l’homme du consensus. » Et ça n’est pas pour rien que François Hollande, son ennemi intime, l’a élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur, cette décoration qui « ne se demande pas, ne se refuse pas, ne se commente pas ». Pour celui qui dit n’aimer le mot honneur qu’au singulier, a montré qu’il ne détestait pas les recevoir au pluriel, ces moments particuliers sont ceux où il s’épanouit comme une fleur quand il s’expose en pleine lumière. C’est alors qu’il cligne ses yeux bleu azur et qu’il décoche son inimitable sourire, pour commencer… Comme l’a dit Jean-Luc Mélenchon : « Cet homme est une faille dans l’espace-temps de notre époque morne et cruelle ! » Ce bel hommage d’une personne dont l’académicien ne partageait aucune des idées sinon l’amour de ses adversaires, convient tout-à-fait au dernier ouvrage publié à titre posthume par les soins de sa fille.

Et moi je vis toujours…

Avant de passer au contenu, redisons que Jean d’Ormesson excellait dans l’art de la conversation, qu’on succombait immanquablement à son charme, qu’il avait au plus haut degré la faculté d’empathie. Alors quand il nous prend à témoin pour  se glisser dans l’Histoire des hommes, par le subterfuge inattendu de l’acteur qui prend tour à tour l’identité de personnages qui l’ont faite ou y ont participé, on est d’abord dérouté puis très rapidement conquis. Et il n’y va pas de main morte, c’est un vrai festival qu’il nous livre, un monument dans lequel son érudition n’a d'égale que son immense culture. La lecture n’est pourtant jamais laborieuse, toujours plaisante, à la portée du premier venu. Et on en apprend à toutes les pages. Avec Jean d’O, même le tragique n’est jamais triste. Le voilà qui aborde l’histoire de l’humanité, que dis-je, de la Terre, de l’Univers… avec un entrain d’enfer, sans jeu de mot. Il va nous mener au mur de Plank et à cette question fondamentale : le moment où « il n’y aura plus personne pour se souvenir de rien » .

"Longtemps j’ai erré dans une forêt obscure …"

Tout commence avec un petit garçon qui vit dans un grotte… La longue marche de l’Histoire commence ainsi personnifiée par ce petit garçon contemporain de l’âge du feu, peut-être. « J’ai été africain. J’ai été sumérien. J’ai été égyptien. J’ai été juif. J’ai aussi été troyen… » Un peu plus loin, après avoir énuméré Moïse, Homère, Eschyle, Sophocle, Platon, Aristote qui avaient du génie et Alexandre, Ah Alexandre, c’était autre chose, un demi-dieu, Jean d’O nous donne la clé, : « Tantôt homme, tantôt femme, je suis, vous l’avez déjà deviné, je suis l’espèce humaine et son histoire dans le temps.» Et suivent des fresques qui balaient les siècles avec une profusion de détails. Tout défile comme un film accéléré où la précision des connaissances n’omet aucun détail avec des « arrêts sur image » pour développer ce qui mérite de l’être. L’auteur se fait tour à tour le Juif errant, valet du Titien, serveuse à la Pomme de pin, en train de servir un pichet à quatre amis venus s’enivrer de vin et … de poésie, Messieurs De la Fontaine, Boileau, Molière et Racine. Une manière d’entrer dans un siècle qu’il connaît par cœur, où on le suit avec gourmandise tant il s’y meut avec aisance. Ses multiples personnages, tantôt drôles, tantôt au destin tragique, à l’image de l’Histoire qui mêle la paix et la guerre, l’amour et la haine, les splendeurs et les horreurs, se succèdent comme si « La recherche du temps perdu » était la suite de « l’Odyssée » elle-même emboitant le pas aux « Mille et une nuits »… Toutes les époques sont passées en revue avec la même fougue, le même enthousiasme pour nous en décrire le pire et le meilleur. Les portraits se succèdent, avec un art consommé, en quelques lignes tout est dit.

Blaise Pascal : « A trois ans, il perd sa mère. A six ans, il trace à la craie des figures géométriques sur le parquet. A seize ans, il rédige un Essai pour les coniques où d’après Mersenne, l’ami de Descartes, « il passait sur le ventre de tous ceux qui avaient traité le sujet » . A vingt-cinq ans, il est dissipé et futile. Après un Archimède enfant, il est un Rimbaud mondain. Il meurt à trente-neuf ans ».

Napoléon Bonaparte : «  Achille dans l’Iliade, était le modèle d’Alexandre le Grand. Alexandre le Grand était le modèle de César. Alexandre et César, à leur tour sont les modèles de Napoléon Bonaparte. Il est leur héritier. Peut-être est-il plus digne encore d’admiration que ses prédécesseurs. César descendait d’une illustre famille qui se réclamait de Vénus. Alexandre était fils de roi. Achille était fils d’une déesse. Napoléon Bonaparte sort d’une famille sinon modeste, du moins sans ancêtres ni pouvoir. Il n’est fils de personne. Il est fils de ses œuvres. Le successeur d’Alexandre, de César, de Charlemagne, de Charles Quint, est un enfant de la Révolution. Il l’achève dans les deux sens du mot… »

« Tout passe. Tout fini. Tout disparaît. Et moi qui m’imaginais devoir vivre toujours, qu’est-ce que je deviens ? »

Ultime chapitre avant « un dernier masque. ». Le bouquet final qui met fin à ce véritable feu d’artifice de culture, d’érudition et de talent d’écriture, 280 pages qu’on dévore avec en écho sa voix mélodieuse aux accents chantants ! On devine que cette interrogation ne concerne pas seulement l’Histoire, mais aussi l’auteur qui pressent que la fin n’est plus très loin. La sentait-il venir, en son for intérieur ? Lui seul le sait. Toujours est-il qu’elle est intervenue si peu de temps après que le point final de ce dernier témoignage de son talent ait été mis, qu’on peut s’interroger.  Reste que comme le titre de l’avant dernier chapitre, l’ensemble de son œuvre, comme l’Histoire, restera « une beauté pour toujours ».

Avec Jean d’Ormesson, l’Histoire devient divertissement. Son dernier roman est peut-être la synthèse de son œuvre entière tant on y retrouve la célébration de la vie qui n’ignore jamais le tragique de la condition humaine. Concilier les contraires, indifférence et passion, scepticisme et espérance, désinvolture et sérieux, respect de la tradition et dérision des institutions…   ce faux sceptique, en éternel costume beige sur une chemise bleue comme ses yeux, pieds nus dans ses mocassins vernis, nous accompagne encore une fois de sa silhouette agile d’éternel jeune homme avec la même verve charmeuse !

Jean d’O nous manque déjà. Mais non, c’est un « immortel. « Et moi, je vis toujours ! »

Puisqu’il nous le dit !

« Et moi, je vis toujours. » Roman – Jean d’Ormesson. Gallimard.


COULIS D’ETE

Mots fléchés sudo

SUDOKU OU MOTS FLECHES ?

 

Sur la plage, la guerre fait rage.

Hormis les ados courbés sur leurs petits écrans, les autres tuent le temps, stylo en main, étalés sur leur serviette de plage, assis en tailleur ou affalés sur un pliant.  Ils se partagent en deux camps : les « sudokistes » et les  « mots-fléchistes ». Quelques « cruciverbistes » font encore  de la  résistance, mais ils sont nettement minoritaires et font clairement partie d’un autre âge, généralement  vénérable.

La source d’approvisionnement.

Comme les cahiers de devoirs de vacances, ils fleurissent à l’étal du marchand de journaux du coin. Une sorte d’armistice a conduit à un partage égal du présentoir : d’un côté les recueils de grilles à neuf chiffres, classées par difficulté de 1 à 10 puis assortis d’épithètes plus ou  moins terrifiants, « expert », « diabolique » et autre ;  de l’autre, en carrés plus imposants, les recueils de grilles à définitions, eux aussi en ordre gradué par difficulté. Le  marché hésite,  bien que le jeu japonais, comme son nom l’indique, semble prendre l’avantage.  Est-ce  la perte du vocabulaire par l’usage abusif des textos qui décourage les quidams en mal  de passe-temps ?

Il n’y a pas que les recueils du  libraire.

Les vacanciers ont à  leur disposition de nombreuses autres sources d’approvisionnement : le journal quotidien, les hebdomadaires, proposent généralement  des grilles.  Et comme tout le  monde doit s’y retrouver, ils offrent la  plupart du temps  le choix, y compris des grilles de mots croisés, signe peut-être  d’un lectorat vieillissant. Je n’ai, en effet, pas encore vu un jeune s’attaquer à un problème  posé par Michel Laclos ou Claude Abitbol…  Certains hebdos proposent des jeux gagnants avec des primes de 50 ou 100 € et même des lots allant jusqu’à 500 € ! Et je remarque que ce sont la plupart du temps les sudokus qui sont ainsi mis en exergue,  preuve tangible d’un engouement. Mais les accros préfèrent les recueils qui permettent d’enchainer les problèmes, les uns après les autres.

Comme la pâte à crêpes.

Adepte de l’activité cérébrale, je préfère alterner les plaisirs.  D’abord un bon bouquin sous le coude pour toile de fond. Dans ma  panoplie de plage, un stylo à encre effaçable accompagne des grilles des deux types. Après la  lecture, la grille de mots fléchés,  au moins de force 3, garde ma prédilection : une bonne grosse et  large grille. Parfois une série de définitions me résiste. C’est qu’il faut l’inspiration. Dans ce cas-là, comme  pour le  sudoku, il faut faire une  pause, passer à une autre activité. Voilà pourquoi il faut avoir sous la main tout le nécessaire. C’est comme  les positions sur le  sable,  au bout d’un moment, il faut en changer pour éviter les courbatures. Eh bien, les grilles c’est comme la pâte à crêpes, il faut laisser reposer.  Après, c’est meilleur : souvent la solution qui ne voulait pas sortir, saute aux yeux subitement, le croisement de deux lignes dégage une case qui permet de placer le chiffre décisif, le mot qui ne prenait pas forme jaillit dans un éclair de lucidité. 

Choix des stratégies.

D’une personne à l’autre, la manière de procéder diffère. Pour  le sudoku, j’ai observé deux types d’approche. Il y a ceux qui procèdent par tâtonnement  une fois épuisées les évidences. Il s’agit d’essais successifs au crayon qui remplissent les cases de petits chiffres pouvant convenir, jusqu’à la solution qui fonctionne, au risque de s’empaler sur une erreur dans la  dernière ligne droite. Cela m’a toujours paru laborieux. La procédure par la logique  pure me convient mieux.  Il faut de la perspicacité, jouer sur les colonnes ou les lignes rendues obligatoires  pour un chiffre, sans connaître son  positionnement exact dans  un casier,  pour l’inscrire par déduction avec certitude dans le casier  où il manque. Parfois, il faut faire la manipulation sur deux « tiroirs » successivement : c’est là qu’il faut rester concentré. Là encore, il faut multiplier les démarches en les associant : par élimination, par cumul, par énumération … Une astuce : je commence toujours une grille par les trois casiers du côté droit. J’ai constaté que c’était un bon moyen de démarrer. C’est peut-être parce que le concepteur l’a terminée par ce côté-là.  Pour les mots fléchés, c’est moins complexe.  En général un premier balayage de la grille permet de trouver une première série de mots correspondants aux définitions. Ensuite, si on hésite, les lettres posées peuvent orienter la recherche. Il faut compter avec l’humour du concepteur qui donne parfois des définitions « tirées par les cheveux », mais ça fait  partie du plaisir. Tiens, par exemple, « pour la coiffure » ou « en hiver », en trois lettres : « gel » évidemment ! Bon, il y a plus subtil,  j’en conviens.

Sur ce, bonne plage !

 


DE LA CONSTANCE, MAIS PAS DANS LA MAUVAISE DIRECTION !

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Allez, une dernière  pour  la  route, avant les vacances politiques.

« Pour réformer la France il faut de la constance ».

Dans une interview au Figaro, Bruno Le Maire notre  grand apothicaire a déclaré que pour réformer  la France, il fallait de la constance dans l’effort.  Si on peut être d’accord avec  la sentence, encore faudrait-il que les  efforts en question aillent dans la bonne direction. Notre pays a besoin de remèdes autrement  plus efficaces que  les évolutions à petites touches qui ont eu lieu depuis un an sur le droit du travail. Les  mesures les  plus significatives ont concerné la financiarisation de l’économie avec l’ISF et la « flat tax ». La formation  professionnelle et l’apprentissage font l’objet de choix catastrophiques dont je serais étonné qu’elles produisent les résultats attendus. Les  décisions fiscales sont incohérentes  et illisibles,  qu’il s’agisse de la taxe d’habitation ou de l’augmentation de la CSG sans contrepartie pour les retraités.  Le  prélèvement  à la source est une décision technocratique qui privera les Français du consentement  à l’impôt et commencera par un choc récessif et qui fera  peser  des charges supplémentaires sur les employeurs… Mais le  plus grave  c’est l’erreur de fond qui sous-tend la  politique économique de la  France. Nos gouvernants continuent de privilégier  le vieux schéma de la croissance  par la  consommation, financée par l’impôt et l’emprunt et se refusent à voir qu’il continue de nous appauvrir, tout simplement  parce  qu’il  produit moins de richesse que ce qu’il  coûte  en dette et en importations.  Les  constats  actuels : fléchissement de la croissance, augmentation de la dette, stagnation du chômage à  un niveau élevé, n’ont donc rien d’étonnant. Ils  étaient prévisibles et je les avais annoncés. C’est une politique qui conduit à l’échec. : La situation économique est décevante et n'est pas à la hauteur des promesses faites par Emmanuel Macron sur l'efficacité de sa politique.  

Et même sur le pouvoir d’achat,  le gouvernement a été mauvais.

La médiocrité de l'évolution de la consommation des ménages est la conséquence directe de celle du pouvoir d'achat. Il ne fait guère de doute que la hausse de la CSG des retraités et celle des taxes sur les carburants ont pesé. Le gouvernement paie cash sa stratégie illisible sur le calendrier de mesures fiscales qui sont contradictoires. L'opération de bascule des cotisations sociales ne concernait pas tout le monde au début de l'année et il faudra attendre le dernier trimestre -avec la taxe d'habitation- pour que les perdants du premier commencent à récupérer leur mise. Et encore un grand nombre de retraités seront perdants y compris sur trois ans !

Le retour à une croissance molle est un avertissement.  

Le chef de l'Etat doit sortir de l'ambiguïté sur les sujets   cruciaux. Le financement de ses mesures fiscales, notamment  la suppression imbécile de la taxe d’habitation, en est un. La façon dont il compte respecter ses engagements de baisse des déficits publics en est un autre, et pour l’instant, rien n’a  vraiment été fait,  puisque les dépenses ont encore augmenté. Sans faire d'économies dans les dépenses, rien ne sera  possible  et ce sera plus douloureux avec des rentrées  moindres. Le budget 2019 devra être celui de la clarification.

Le tableau de bord de la  France est explicite.

La dette continue d’augmenter à 96,8 du PIB,  parce que les dépenses ne sont pas contenues, c’est le  pays le plus taxé d’Europe, et nous sommes 23ème sur 28 pour le taux de chômage. L’impôt devrait être l’exception pour corriger les inégalités, il est aujourd’hui la norme de Bercy pour financer  les dépenses nouvelles. Le retard de compétitivité de nos entreprises s’exprime  clairement : pour 100€ dans la  poche du salarié, l’employeur doit débourser en plus, en taxes et en impôts 131€ en France, 109€ en Allemagne, 77€ en Espagne, 54€ au Royaume-Uni (qui a créé 2,5 millions d’emplois).

Une autre politique est nécessaire.

L’assainissement de nos finances et l’amélioration de  la compétitivité de nos entreprises sont les seuls moyens  de rétablir la situation de notre économie et le retour à la prospérité  pour les Français. Ce n’est pas par la consommation des  ménages qu’il faut commencer,  mais par l’augmentation de nos exportations pour parvenir à un excédent de notre balance commerciale. L’urgence c’est donc un grand plan d’économies pour baisser les charges et les impôts. La résorption du chômage structurel et l’amélioration du pouvoir d’achats suivront logiquement.  Ce n’est pas le gouvernement actuel qui peut porter cette politique.   

Ensuite, il faudra de la constance dans la bonne direction.

 


BENALLA, OH, LA, LA …

TEMPETE-DANS-UN-VERRE-D-EAU

 

Voilà une histoire tellement ubuesque qu’on a bien du mal à y croire.

Je vais  vous la conter  telle  que  Monsieur Toutlemonde a   pu  la comprendre. D’abord  le feuilleton commence  par  un coup de théâtre : le 19 juillet, le  journal Le Monde, ça n’est pas rien, publie un article qui relate les  exploits  d’un Superman, venu à l’aide de la police  lors  des  manifestations du 1er mai.  Mais on a réussi à mettre  un nom  sur le superman : Alexandre Benalla, garde du corps (parait-il que non) et « ami » du président de  la République. Et tourne alors  en boucle sur les réseaux sociaux une vidéo où il  apparaît casqué et muni d’un brassard de la police, en train de  molester un homme puis une femme…. On est quand même deux mois  et demi après les faits. Aussitôt la classe politique s’enflamme, mais ça  c’est  une autre histoire.

Revenons à nos moutons.

Voilà donc un membre du cabinet de l’Elysée qui se trouve avec les forces de l’ordre,  place de la Contrescarpe.  Déjà on peut se demander ce qu’il fait là.  On nous dit qu’il a été invité pour observer.  Soit. Première anomalie : à un moment donné il se précipite sur des personnes  qui jettent des projectiles sur les CRS. Je  résume : il contribue à interpeller deux personnes au comportement violent, c’est indiscutable. Il  les moleste au passage sans qu’on en voie l’utilité. Deuxième anomalie : les deux personnes ne sont pas déférées, comme cela aurait dû se faire  normalement. C’est que,  troisième anomalie, il aurait fallu faire mention de  l’intervention « inappropriée » de M.  Benalla qui n’avait pas le  pouvoir d’intervenir et expliquer, quatrième anomalie, pourquoi il portait un brassard de  la  police, un casque de CRS et était muni d’une radio. Pour éviter que l’affaire s’ébruite, est donc la réponse à  cette deuxième anomalie. D’ailleurs, le Procureur de la République, M.  Mollins  demande aujourd’hui officiellement des explications sur cette absence de défèrement de ces deux personnes aux forces de polices concernées.

Je continue.

Forcément, les  policiers mécontents ont fait remonter  l’incident à l’employeur du superman. Comme ça n’est pas bien,  il sera  puni.   Va-t-on le dénoncer et le présenter  à  la   justice ? Que nenni,  un membre du cabinet,  ça ferait désordre : il sera  mis à pied deux semaines sans salaire (qui apprend-on, n’a pas été retenu), sanction jugée proportionnée. C'est déjà scandaleux au regard du simple flic qui est mis en examen pour un coup de   matraque. Et la vie a repris, tranquille comme Baptiste.  On a pu voir à nouveau dans le sillage de Jupiter le sieur Benalla au Panthéon pour la  cérémonie Veil, au 14 juillet, dans le  car des bleus… Pendant deux mois et demi, le grand public a été tenu à l’écart de l’incident,  mais aussi la  justice. Tout a été fait  pour enterrer cette histoire, ce qui est scandaleux de la part de gens qui prêchent la « République exemplaire ». "Enorme" crierait Fabrice. A l’Elysée, on peut croire l’affaire oubliée et  la vie a repris comme si de rien pour l’intéressé : attribution d’un logement de fonction, voiture de fonction  équipée « police », …  Un puni qui se  porte bien,  quoi ! Les vacances approchent, et il semblerait qu’on lui ait confié la sécurité  du Président au fort de Brégançon. Est-ce la goutte qui a fait déborder le vase ?  Toujours est-il que quelqu’un de bien intentionné a pris soin de faire  parvenir la vidéo compromettante dûment commentée pour son interprétation au journal Le Monde.

Et voilà  le scandale qui éclate.

L’Assemblée nationale s’enflamme, la majorité En Marche est à l’arrêt, comme tétanisée (il faudra attendre que Macron appuie sur le bouton « reset » pour qu’elle redémarre), Le Président pourtant très bavard se mure dans le  silence… La suite vous la connaissez, et elle n’est pas triste, avec les auditions par les parlementaires, l’ouverture généralisée des  parapluies par  les (hauts) fonctionnaires, les contradictions, les trous de mémoire … On n’a pas  fini d’en entendre parler.

Que va dire l’ordinateur de Benalla ? Sur quoi va déboucher la procédure judiciaire ?  L’affaire de l’été est  bien une affaire d’Etat quoi qu’en disent les partisans de M. Macron : un Président qui soustrait un justiciable à l'action de la  justice, c'est inqualifiable. Et  j’imagine Alexis Kohler lui téléphonant : « On est  mal patron, on est mal ! ».

Moi, j’ai envie de chanter :  « Oh lé, lé, Oh la, la, Quand il faut y aller, Benalla est là  … »

Et du coup, on en a même oublié qu’on était champions du monde ! Incroyable !

 


EDOUARD TETREAU, T’ES TROP !

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Hystérie collective ?

Dans une tribune publiée ce 24 juillet par le Figaro l’essayiste proche de Macron crie à « l’hystérie collective » contre le président au sujet de l’affaire Benalla. Sa plaidoirie prête à rire à défaut de pouvoir être prise au sérieux. On voit bien la ligne suivie, celle fournie par le « château », il s’agirait de « l’histoire minable d’une dérive personnelle ». Pour le reste circulez, il n’y a rien à voir, excepté « quelques erreurs commises et reconnues par l’Elysée ». Et encore, avec quelques excuses : « une équipe éprouvée par deux années ininterrompues de campagne et de présidence ». Il suffira « d’un renouvellement des hommes et des méthodes de gouvernement à la rentrée » et roule ma poule. Sur les deux maux que l’auteur a identifiés –les hommes et les méthodes-, je reviendrai plus loin.

Le procès des médias : tiens ?

Edouard Tréteau dénonce les « piliers du système politique et médiatique » qui font le lit du populisme par leur comportement. Et il nous livre une analyse extraordinaire. Je vous en livre les principales lignes : «  … un mélange toxique de propagande, d’approximations, de non-vérifications des faits mêlés aux opinions, d’incapacité à prendre du recul sur l’évènement. Le journalisme d’investigation se fait journalisme de délation, avec la nécessaire complicité de policiers bafouant le secret de l’enquête ou de l’instruction pour faire avancer leurs agendas parallèles. Le journalisme de combat est devenu journalisme d’invective : exit Henri Frenay et Albert Camus, place à Jean-Jacques Bourdin… » Cela ne vous rappelle rien ? Ne découvre-t-il pas tardivement le traitement qui a été infligé à François Fillon auquel M. Macron doit sans nul doute son élection. Cette indignation est donc à la fois suspecte et tardive.

Le procès des partis traditionnels : tellement facile !

Quant aux « grandes gueules de l’opposition », elles n’ont rien de comparables avec celles du XXème siècle. Il n’y voit qu’une radicalisation des comportements et des expressions : « on exécute d’abord, on écoute et on réfléchit ensuite ». Forcément quand on ne voit dans l’affaire Benalla, qu’on devrait d’ailleurs plutôt appeler « Benjupiter », qu’un épiphénomène, alors qu’il y a accumulation de dysfonctionnements qui consacrent la confusion des pouvoirs et des genres entre ce qui appartient au gouvernement et ce qui procède de la présidence ; forcément quand on se fait le chantre du pouvoir avec la thèse et les éléments de langages fournis par le cabinet de la rue Saint-Honoré, forcément, ce sont les autres qui font le lit du populisme. Il ne veut pas voir que c’est la pratique du pouvoir et le comportement de la majorité qui provoquent cette exacerbation, imprégnée d’arrogance et de mépris. Les oppositions sont dans leur rôle : elles ont le devoir d’exiger toute la lumière sur ce qui est bien plus qu’un incident dont on peut penser que tout a été fait pour qu’il soit enterré. Sans elles, il n'y aurait pas de commission d'enquête !

Le renouvellement des pratiques démocratiques : chiche !

Néanmoins, la tribune n’est pas exempte de réflexions lucides. Quand il présente LREM comme « un parti d’automates et de dévots qui doit s’enrichir de vrais débats internes… et de débats externes avec les autres partis de gouvernement », ne fait-il pas le procès de l’incompétence et d’une certaine arrogance conférée par la « masse », qui a accentué la « verticalité » du pouvoir macronien. Le silence et la tétanisation qui les saisit depuis que le « château » se mure dans le silence en dit long. Il regrette fort justement que le système « majoritaire projette (malencontreusement –dit-il) ce qui ressemble à une arrogance de caste au lieu de diffuser une confiance collective ». Mais changer les équipes et la méthode suffira-t-il ?  Oui, cette affaire constitue une belle occasion de sursaut et de renouvellement de toutes nos pratiques démocratiques. A l’Elysée, d’abord : arrêt des tentatives de renforcement du pouvoir personnel et d’affaiblissement du parlement, et de régression démocratique, contenus dans la réforme de la Constitution ; au Parlement en prenant en compte les propositions souvent constructives des députés n’appartement pas au parti majoritaire, et celles des sénateurs, au lieu de les rejeter en bloc. Il a le même refrain pour les instructions judiciaires, les pratiques journalistiques et policières : on peut rêver.  La vérité, c’est que le sujet « Benalla » est bien une affaire d’Etat, ce que montrent assez bien les découvertes successives auxquelles elle donne lieu. Ce n’est pas une dérive personnelle mais celle d’un système qui procède d’un seul homme.

Et c’est à juste titre qu’on s’en prend à Emmanuel Macron.

Car, le Premier ministre et les députés LREM ont continué à nier l’importance de l’affaire pour empêcher qu’elle remonte au Président de la République, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Il a été répété en boucle le même mensonge : une sanction a été appliquée à sa juste mesure. Mais répéter un mensonge n’en fait pas une vérité. Le ton moralisateur un brin méprisant empreint d’une certaine désinvolture qu’Edouard Philippe a utilisé à maintes reprises ne préjuge pas de l’évolution souhaitée par Edouard Tétreau, pas plus que les déclarations suant l’arrogance et le mépris du Président devant ses troupes, en marge de l’Assemblée, bombant le torse et se revendiquant comme « le seul responsable », (« s’ils cherchent un responsable, qu’ils viennent le chercher ») une forme de provocation à l’égard de l’opposition qui a obtenu la mise en place des commissions d’enquêtes parlementaires. Un Président qui choisit la provocation après s’être muré dans le silence et avoir tout fait pour que l’affaire ne soit pas sue ! Enfin, Un mot sur les auditions de Gérard Colomb : le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur se comporte en expert lyonnais qu’il est de Guignol, tant ses « ignorances » sont grotesques.

 


LE FEU CHEZ JUPITER

Macron Benalla

 

Le conseiller a été finalement « foudroyé ».

Les agissements « curieux » d’Alexandre Benalla ont pris, en vingt-quatre heures de révélations et de condamnations, un tour vertigineux. Premier temps : les faits, ils  sont confirmés par des vidéos, et suivis de l’insuffisante réaction du staff élyséen. Deuxième temps : le silence présidentiel. Pourtant, il est impossible de relativiser la gravité des faits. Un homme, tout conseiller pour la sécurité à l’Élysée qu’il fût, a usurpé la fonction de policier et a tabassé un manifestant le 1er mai. Il a été filmé. Quand le cabinet du président, qui l’avait autorisé à se rendre à la manifestation en tant qu' « observateur », a su ce qu’avait été son comportement, il s’est contenté de lui infliger une mise à pied soi-disant non rémunérée de quinze jours.  C’est une sanction bien légère au regard de la  gravité des faits, alors qu’on nous assure qu’il s’agit d’une punition exemplaire. On apprend au passage que ce genre d’autorisation est une pratique courante. Il y aurait donc des barbouzes parmi les policiers qui assurent le  maintien de  l’ordre quand il y a des  manifestations. Emmanuel Macron est mouillé,  forcément Contraint et forcé, il  a bien fallu qu’il licencie M. Benalla. Il aura fallu attendre deux mois et demi pour que l’affaire soit rendue publique : c’est sans doute parce que Alexandre Benalla a été vu dans d’autres circonstances, notamment lors du retour en France de nos footballeurs, que la vidéo a été diffusée et a permis au « Monde » de raconter l’histoire. Une histoire que l’Elysée a pu croire enterrée puisque  le  conseiller du président s’est vu attribuer un logement de  fonction début juillet.

La loi n’a pas été  appliquée.

Il était pourtant simple, pour les conseillers de M. Macron, de saisir la justice dès le 2 mai et de se dispenser définitivement des services de M. Benalla.  S’ils ne l’ont pas fait, c’est forcément sur instructions venant d’en haut, et sans doute parce qu’ils ont pensé que, si l’affaire ne s’ébruitait pas, ils pourraient l’enterrer. Sauf qu’il existe un article 40 du code de procédure pénale qui stipule que, si un fonctionnaire a connaissance d’un délit ou d’un crime, il doit le signaler à la justice. Tenu au courant, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, n’a pas cru bon, lui non plus, d’informer le procureur de la République. Qui plus est, le Président lui-même informé, n’a pas fait la démarche non plus, ni donné la consigne de la faire ! L’erreur du pouvoir est là, et elle gravissime, surtout si on se souvient que M. Macron a fait campagne sur le thème de la République exemplaire ! Evidemment, dès qu’elle a été connue l’affaire a créé  le tohu-bohu à l’Assemblée nationale  qui, à la vitesse grand V, a décidé de créer une commission d’enquête, tandis qu’une instruction judiciaire était ouverte, parallèlement à une enquête de l’IGPN, demandée  par le Ministre de l’Intérieur. Branle-bas de combat tardif mais nécessaire. On finira donc par connaître la vérité dans ses moindres détails et il est indispensable que l’exécutif prenne la pleine mesure de cette affaire dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle ébranle la République. Et  plus on en apprend et plus l’exécutif s’enfonce.

Un président atteint.

A l’Assemblée, les explications fournies par le Premier ministre et par la ministre de la Justice n’ont été ni claires ni utiles, à l’établissement de la vérité. Édouard Philippe et Nicole Belloubet n’ont, en réalité, probablement rien à voir avec cette histoire et ils ont été certainement court-circuités par les manigances de l’Élysée. Mais pas Gérard Collomb, informé, selon France-Inter, depuis le 2 mai. Dans ce contexte, Emmanuel Macron doit absolument prendre la parole. Il n’a pas voulu répondre au débotté pendant une visite en province, il a esquivé une question sur l’altération de la République qui pouvait en résulter. Il a seulement répondu qu’elle restait « inaltérable. » Et il feint d’ignorer les injonctions multiples en provenance des oppositions. Non seulement  la République est touchée au cœur, mais sa présidence, elle, est altérée,  ça  c’est certain. C’est ce qu’on appelle « une  affaire d’Etat », sans doute la plus grave depuis son arrivée à l’Élysée. On attend ses explications, or il se mure dans le  silence, tout en laissant la  justice, qu’il a  oublié de saisir, faire enfin  son travail. En tout état de cause, sa crédibilité est désormais atteinte et entachée d’insincérité par la volonté de cacher des faits délictueux. Jusqu’à maintenant, la  communication de l’Elysée sur cette affaire accumule les mensonges, sans qu’on sache pourquoi M.  Benalla a bénéficié d’un tel régime de faveurs. Comme manifestement il y a le feu à la maison, la foudre jupitérienne s’est abattue sur le malfrat. Même si d’autres têtes tombent, personne ne sera dupe : la foudre pourrait bien s’abattre aussi sur le directeur de cabinet et même sur le Ministre de l’intérieur. Cela ne suffira pas à éteindre l’incendie : il faudra  que le Président explique l’inexplicable ! Et l’arrogance ne suffira pas.

Un cadeau aux oppositions.

Les oppositions n’en demandaient pas tant. Leur rôle  est cependant de mettre le doigt où ça fait mal,  et d’alerter l’opinion publique. Cette histoire est  tellement rocambolesque que les militants et élus de la République en marche en ont le tournis. Les rares qui acceptent de s’exprimer veulent minimiser le rôle  de leur « dieu ». Ils  voudraient bien que le chef de l’État fasse toute la lumière sur l’affaire, mais comme c’est périlleux pour lui  et que  les « éléments de langage » venant habituellement du « château »  sont aux abonnés absents, la plupart préfèrent se terrer, ne sachant quoi dire. Quel  crédit  pourra-t-on désormais accordé  à un Président qui oublie  d’appliquer la  loi dont il  est  le garant ?  Les forces de l’ordre elles-mêmes sont furieuses de ce qu’un individu dangereux ait usurpé les fonctions qui sont les leurs et entaché leur réputation.  Macron  comptait sur l’effet Coupe du monde du football pour rassembler les Français  et  aborder ainsi plus aisément un programme chargé  de réformes  difficiles. C’est raté.  Il  veut réformer la Constitution : mieux vaudra y regarder à deux  fois !  Un referendum s’impose !

 


LA DROITE VA DANS LE MUR !

Virginie Calmels   Laurent-wauquiez- la droite de retour   Valérie Pécresse


Un été qui promet d’être meurtrier.

Consternation : quel que soit le côté où je me tourne, je ne trouve que militant désemparé, sympathisant déboussolé, perdu, écoeuré. Le spectacle qu’offre la droite en est évidemment la cause. Si Les Républicains continuent leur guéguerre des chefs, oubliant l’essentiel, je ne donne pas cher du résultat des élections au Parlement européen, même avec un programme réaliste : notre électorat fera ce qu’il fait quand il ne veut pas arbitrer, il restera à la maison. Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez en seront les principaux responsables, ce qui n’exonère aucun des autres. Valérie Pécresse parce qu’elle mène une guérilla interne « d’Iznogoud » dont tout le monde voit bien que ses postures sont artificielles et dictées par une ambition personnelle. Laurent Wauquiez parce qu’il manque à sa mission de rassembleur du parti et de la droite, à cause de son caractère emporté et de son intransigeance. Le limogeage de Virginie Calmels qui se prolonge en affrontement brutal, les manigances de la Maire de Paris dans les élections internes ont toutes les chances de perdurer avec la constitution de la liste européenne. Tout cela est désolant, catastrophique.

La ligne politique est en cause.

Les Républicains ne sont pas audibles parce qu’ils ont l’air de se répéter avec une antienne qui est toujours la même : l’immigration et  le communautarisme islamiste. Ces sujets, s’ils ne sont pas à négliger, ne doivent pas occulter les autres tout aussi essentiels, sinon plus. Et notamment, ceux touchant au projet économique. Or l’on voit se développer avec des propositions telles que celle lancée par Guillaume Peltier d’augmentation du SMIC de 20%, reprise par Valérie Pécresse, dans un concours démago-populiste inacceptable, un discours jacobino-étatiste qui n’est pas de nature à sortir la France de l’ornière. On sait que le patron du parti n’est pas favorable  à repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans, mesure indispensable à l’équilibrage du financement et tient par ailleurs un discours plutôt protectionniste évoquant les ravages de la libre concurrence…  On attend un projet axé sur la baisse de la dépense publique et la promotion de la libre entreprise, la baisse massive des impôts et des charges, mais déjà les Jacobins du parti dénoncent le caractère trop « dur » (trop libéral) du programme de Fillon ce qui n’annonce rien de bon. En présentant Macron comme « ultra-libéral », en reprenant ce thème de l’ultragauche, on lui facilite la tâche pour tromper les électeurs de droite, alors que nous avons un président centralisateur comme jamais, étatiste comme jamais, faisant de la France une "technocrature". Au contraire, c’est sur le terrain du libéralisme qu’il faut le combattre, car c’est avec la liberté que nous aiderons les classes moyennes à retrouver espoir.

Pourtant, un boulevard s’ouvre devant la droite.

La meilleure critique de l’action du pouvoir que j’ai lu nous vient de Patrick Mignola, député Modem de Savoie. Vous allez dire « un comble ». Presque. Que dit-il ? Qu’Edouard Philippe fait les poches des collectivités locales et des « CCI », lance des ballons d’essai sur les aides sociales et les pensions de reversion… et que ce n’est pas en cherchant sans cesse des recettes nouvelles au lieu de baisser les dépenses qu’on s’en sortira. Avec 57% de dépense publique, nous persistons dans la voie du « toujours plus »  alors que nous sommes à un niveau de l’impôt « confiscatoire » !  Il va même plus loin : nous inventons une nouvelle forme de « démocratie illibérale » qui rogne sur les libertés économiques (et j’ajouterai bientôt sur les libertés publiques avec la loi sur les « fake news »). Il précise que ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la trajectoire budgétaire à laquelle se raccroche Bercy pour justifier toutes les ponctions, mais surtout les classes moyennes, la rémunération de leur travail, la reconnaissance de leurs efforts, la capacité à préparer l’avenir de leurs enfants. Démonstration à l’appui, tout ce que nous savons déjà. Comme j’aurais aimé entendre cette argumentation venant de chez Les Républicains ! Au-delà, cela montre que sur ce terrain, le fait qu’un député Modem s’alarme démontre sans qu’il y ait besoin d’être grand clerc, qu’un boulevard existe à droite, qu’il suffit d’emprunter pour peu qu’on élargisse un peu la vision politique, profitant des excès de communication d’un Président hyper narcissique. Oui, la France moyenne n’en peut plus et j’enrage qu’on passe à côté de ce constat. Si la ligne du parti doit se résumer à la droite Buisson-Houellebecq, alors attendons-nous à un funeste devenir.  Alors, ce sera sans moi.

 


COULIS D'ETE ...

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LA PLAGE AUX « SENIORS-EN-MODE-PAUSE »

Les séniors en mission.

Juillet et août sont les mois bien connus où l’on voit sur les plages nombre de grands parents en mission : ils assurent la garde de leurs petits-enfants pendant que les parents sont encore au travail et en attendant qu’ils prennent la relève. Non pas que les structures d’accueil manquent, il y a souvent des « centres aérés » et autres « camps d’été » à disposition, mais fréquemment les enfants préfèrent aller chez « papy et mamy » où ils savent par avance qu’ils seront choyés. Alors quand en plus, il y a la mer à la clé, la question ne se pose même plus. Et l’on voit donc des têtes chenues s’affairer ballon au pied ou faire trempette entourées de leur descendance… au milieu de la foule des vacanciers qui ont envahi l’espace, armés (au sens maritime) de parasols, planches, nattes, serviettes, pelles et seaux. Nous n’échappons pas à la règle.

Heureusement, il y a aussi des moments de pause au cours de l’été.

C’est alors que nous changeons de stratégie.Tiens, par exemple, aujourd’hui, il fait chaud, très chaud, surtout au-début de l’après-midi. Depuis la fin de la matinée, nous avons vu passer, parfois en bataillons constitués, des cohortes de vacanciers, fuyant leur « habitat de plein air » surchauffé. Elles se dirigent vers la plage. Celle-ci, naguère déserte ressemble maintenant aux Champs-Elysées au moment du retour des champions du Monde ou au hall de la gare de Lyon un soir de grève. Le mètre carré de sable disponible est devenu très cher. Le temps est magnifique, le ciel est bleu immaculé et vers vingt heures la marée sera haute,  inutile de se presser. Nous attendons que la chaleur commence à retomber. Vers dix-sept heures trente, des « écrevisses géantes » commencent à remonter, saturées de rayons solaires. Puis, ce sont les jeunes mamans qui abandonnent le terrain, entourées de leurs bambins dont il faut assurer l’intendance exigeante. Le moment est venu. En chemin nous croisons les mères de famille qui remontent, transat sous le bras, vers les « mobile homes » du camp tout proche : il faut préparer le repas du soir ; elles sont suivies de près par leur mari qui aura en charge le barbecue, corvée ou plaisir, c’est selon. Nous voilà maintenant sur notre coin favori, à l’abri du vent.

La plage a pris un aspect plus fréquentable.

Quelques groupes de minettes, allongées sur leur natte, en cercles façon « concertation grave », nous gratifient de leurs éclats de rire pointus ; elles prolongent leur séjour mais ne tarderont pas à lever le siège pour aller se faire une beauté : ce soir, il y a karaoké sur le port. Le calme s’est fait progressivement. Un père, peut-être divorcé, esseulé, tape dans la baballe avec fiston ; lui ira probablement au restaurant. Le bruit du ressac reprend le dessus. Désormais, le sable nous appartient. Les cris aigus des mouettes ont remplacé les rires des midinettes. Elles passent en rase-motte pour chiper quelque reste de goûter ou de pique-nique abandonné au sable. Le soleil sur le déclin, nous caresse de ses rayons obliques. Le vent est tombé. L’océan a pris sa couleur « Méditerranée » tandis que la plage blondit dans une ambiance dorée. Restent maintenant quelques couples, célibataires ou retraités comme nous, encore là parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire. Nous sommes installés confortablement sur notre siège de plage : reprendre l’un, la lecture du bouquin en cours, l’autre s’affairer sur un sudoku. Le moment venu, une petite baignade viendra ponctuer cette séquence de « lâché-prise ». Laisser le temps filer…  Pas de ballon intempestif, plus de rumeur sourde de la foule. Juste la mer, les oiseaux et quelques odeurs marines. Il fait franchement bon. Nous clignons juste un peu des yeux au soleil vespéral. Un vrai plaisir d’été !

Ah ! Déjà 20 heures passées… Il est temps de plier bagages. Vivement demain, même heure, même lieu.

 


DES BLEUS… SI TERNES !

Champions du monde

C’est entendu, nos bleus sont champions du monde.

Rien à y redire. Hier, Pogba et Mbappé nous ont gratifiés chacun d’un joli but. Comme celui de Pavart ou de Umtiti avant eux. Une main et une tête malheureuses de joueurs croates leur a permis de creuser l’écart. Il aura fallu une bévue monumentale de LLoris pour qu’ils réduisent le score au tableau d’affichage. 4-2 : une belle victoire donc !

Pourtant, ce ne sont pas nos bleus qui ont fait le jeu.

L’équipe croate a développé un football attrayant, fait de passes précises, de renversement de jeu, de rapidité d’exécution, à tel point que les commentateurs de TF1 tremblaient tellement nos adversaires nous étouffaient et empêchaient toute relance de notre équipe. On avait l’impression de joueurs tétanisés par l’enjeu, courant après le ballon sans jamais parvenir à le saisir et quand c’était le cas c’était pour des passes avortées ou des gestes de sauvetage. L’impression d’une équipe assiégée dans ses dix-huit mètres. Le gardien français, malgré sa maladresse qui nous a valu un but, peut être pardonné tant il en a sauvé d’autres. Il a suffi de quelques contres, à l’italienne, avec la vitesse d’un Mbappé ou le réalisme d’un Pogba, pour faire la différence.

Un jeu qui n’enflamme pas.

Depuis le début de la coupe, cette équipe, malgré un parcours sans faute, n’a jamais réussi à m’enthousiasmer, que ce soit contre l’Argentine ou contre l’Uruguay. Elle est certes efficace, sinon la quête du trophée serait inexplicable, mais il y manque cette touche de génie qu’un Platini ou un Zidane apportait. Son jeu est rarement fluide, et les gestes épatants comme cette roulette en arrière de Mbappé devant les buts argentins (si je me souviens bien), beaucoup trop rares. Reconnaissons à Deschamps d’avoir su créer un bon collectif et de leur avoir permis de faire toute la coupe avec une excellent condition physique, preuve d’un entraînement rigoureux.

Mon commentaire n’est que celui d’un spectateur lambda.

Les spécialistes vont nous abreuver de leurs explications à l’infini. Je m’en tape. Je sais que mon avis est partagé par mon voisin, ma concierge et le monsieur « toutlemonde » perdus parmi les 19 millions de Français qui, comme moi, ont tremblé pendant quelques 100 minutes. Jamais content, vous allez dire : non, exigeant ! cette chose qui manque tant à notre époque, dans presque tous les domaines.

Cela étant dit, on est bien content.

On a pu voir aussi que, comme son prédécesseur, notre président attirait l’orage. A moins que ce soit le ciel qui n’ait manifesté son mécontentement, trouvant le score infligé aux Croates par trop injuste au regard de la physionomie du match. Allez savoir !

 


SOURIEZ, C'EST L'ETE !

Internet

OUF, Y A DU RESEAU !

On vient à peine de se lever et déjà les ordis sont allumés. Pour eux, pas de problème, la wi-fi fait le job et la « box » se laisse faire. Les engins sont connectés. Mais depuis que le smartphone a remplacé  le portable, en fait on est « branché » sur le réseau 24h sur 24. C’est quoi  le « réseau » ? On ne sait pas vraiment, alors on dit Internet, ça fait savant pour pas cher. Mais comme beaucoup de gens, on ne sait  pas  vraiment comment ça  marche. Il faut bien en passer par là puisque le « fixe » ne sert plus que lorsqu’on est près de lui. Et encore.

Bon, mais ça, c’est quand tout va  bien et qu’Orange ne nous fait pas de misères. On a connu une époque où c’était la galère, la  « box » décrochait sans arrêt. C’était parait-il parce qu’on était en fin de boucle. Puis un technicien plus malin s’est aperçu que notre prise de raccordement au réseau téléphonique était très érodée en raison de son grand âge. Une fois remplacée par une neuve, nos problèmes avaient disparu. Depuis les décrochages sont devenus rares et nous prenons la précaution de tout débrancher, y compris la prise téléphone, chaque fois que nous nous éloignons pour quelques jours. Chat  échaudé  craint  l’eau froide. Il a  suffi qu’on  oublie une fois  pour qu’on retrouve  la « box » cramée à cause d’un orage.

La  « box »  est devenue le  centre névralgique de la  vie familiale. Enfants et petits-enfants, à peine arrivés, réclament  la clé de connection pour pouvoir profiter du réseau. Je l’ai photographiée dans mon « smart » pour éviter la  gymnastique indispensable pour énumérer la liste longue comme un jour sans pain de chiffres et de lettres. Tous sont munis  de  tablettes, de iphones ou de ipads et autres objets connectés. Dans le  monde connecté, il y a les « avec fil » et les « sans fil ». Ces derniers ont pris le pas sur les premiers. Mais pourquoi donc se connekton ? (pardon,  se connectent-on). De jour comme de nuit, à la maison ou sur la route, en voyage ou au travail (pour ceux qui bossent), en haut débit ou bas débit, nos écrans  servent pour jouer ou pour consulter nos messages, pour suivre la vie de la famille ou des amis sur Viber ou Whatsap, pour travailler aussi…  nous sommes connectés. On va sur la page facebook pour  lire les derniers « post » arrivés sur le  « mur », écrits par des  connaissances le plus souvent, mais aussi des  inconnus, amis de nos amis…

Quel que soit l’endroit où l’on se trouve, l’important, c’est : « y a-t-il du réseau ? »  C’est aussi vital  que le soleil. Ainsi nous avons une résidence secondaire dont nous avons supprimé  la ligne téléphonique fixe. Payer un abonnement pour si peu de consommation,  ça ne valait plus le  coup depuis que nos téléphones mobiles nous permettent de rester joignables ou d’appeler partout. Sauf qu’Internet, c’est  comme « les bras et le chocolat » : plus de ligne, plus de connection. Nous  avons donc opté pour la clé 4G, dénommée option « nomade » dans notre abonnement (sans la caravane ni la guitare). Elle nous permet de connecter l’ordi portable au réseau mobile. Enfin quand il est disponible. C’est qu’à certaines heures, à certaines  époques, au bord de la  mer, nous ne sommes pas tout seuls à vouloir utiliser le dit réseau, et il sature, l’animal.  Il faut se brancher tôt le matin quand les djeunes roupillent, par exemple. Quelle galère pour vaquer à nos occupations « webiennes » quotidiennes !

Bah,  à quelque chose malheur est bon. On a  plus de temps à consacrer à la lecture ou à  la   promenade dans le monde réel, et ça fait  grand bien : sentir le vent,  humer les odeurs iodées de  l’océan, sentir la  caresse des rayons du soleil sur la peau et … rencontrer des vrais gens avec qui « causer ». Car plus nous sommes connectés, en vérité,  plus nous sommes   déconnectés de la  réalité du monde  physique.  L’écran peut nous transporter partout, et  c’est à  peine si on regarde le  temps qu’il fait dehors. Mais l’écran est aussi un as du virtuel qui fait plus vrai que le vrai. La différence entre le vrai et le faux  n’a jamais été aussi difficile à établir et plus nous nous connectons, plus nous mettons d’écrans entre nous et la réalité du monde extérieur, quelle qu’elle soit. Au point que  l’informatique fait écran entre les choses (ou les informations) et  ce  que nous croyons qu’elles sont. Vous suivez encore ?  J’ai envie de dire qu’avec les objets  connectés nous sommes devenus des « sujets » connectés. Esclaves quoi !  Et nous le serons de plus en plus.  Déjà nous sommes, si nous n’y prenons garde, géolocalisables. Demain nous serons peut-être tapissés de puces qui renseigneront notre robot médecin sur notre santé… La chance au grattage garantie !  Et encore, je ne vous ai pas parlé de « réalité virtuelle » un oxymore (si c’est  virtuel, ce n’est  pas réel ?) ni de « réalité augmentée ».

Je crains qu’avec Internet notre bon vieux sens critique s’émousse. Ne pas croire tout ce qu’on nous raconte, cesser de gober sans réflexion les histoires les plus invraisemblables, savoir rester vigilant, autonome, attentif, face aux rumeurs et aux fables que charrient les médias et la « toile ».  Prenons le progrès pour ce qu’il est : en prendre  la  part utile, laisser le reste à ceux qui aiment l’asservissement.

Ouf, y a pas  de réseau !

 

 

 


LE FAUX LIBERALISME D’EMMANUEL MACRON

Des-liasses-de-billets

 

Le Président peut  pérorer tant qu’il veut et continuer à faire croire qu’il fait du « en même temps », si la  politique qu’il mène est vue comme « ultra-libérale » par le gars  Jean-Luc, elle n’en est pas  moins  une politique de  gauche classique sociale-démocrate, faisant quelques concessions au « capitalisme » faute de pouvoir s’en passer, mais profondément dirigiste et étatiste. Tant que je ne le verrai pas « détricoter »  toutes les lois et tous les règlements qui corsètent étroitement l’économie, mettant la liberté d’entreprendre et l’initiative privée  sous  contrôle  de «  l’Etat-stratège » et autres fadaises, je combattrai ce que j’appelle une escroquerie intellectuelle. Il est, comme ses  prédécesseurs  et pour les mêmes raisons, condamné  à l’échec.  Celui-ci commence à se voir malgré les efforts des médias pour le masquer. Et de voir tous ces gens de droite qui  se laissent avoir, parmi  les plus instruits, cela me laisse pantois.  Mais  j’ai une explication : ils ne savent pas ce qu’est le vrai  libéralisme.

Et  d’abord, le  constat.

Et  si on commençait par faire un simple  constat : le socialisme est en échec, même dans sa version   modérée sociale-démocrate. Partout la sociale-démocratie est en panne de logiciel et n’arrive pas à renouveler sa  pensée.  La France où  elle est minoritaire à gauche, n’échappe pas  à la  règle et la  première année de  pouvoir de  Macron en est une belle  illustration. Malgré quelques  timides réformes et  une  relance  keynésienne  avec  un énième prélèvement d’impôts   pour relancer  la  machine ( 24 milliards  d’euros avec  la hausse de la CSG), l’embellie de  croissance qui venait  de  l’extérieur  retombe sans  que  nous  ayons pu commencer  à redresser nos comptes, à rembourser  la  dette, à relancer durablement l’activité de nos entreprises. 24 milliards prélevés  en pure   perte  partis alimenter, comme les  précédents, le tonneau des Danaïdes, n’améliorant ni  le sort des  pauvres toujours plus nombreux, ni le chômage structurel et laissant en actualité  permanente le thème de « la pauvreté » qu’il  faudrait  éradiquer.  Tant qu’on fera la même politique,  il n’y a  aucun espoir d’y parvenir,  puisqu’on se paie le luxe, si je puis  dire,  de  creuser  encore un  peu plus  la  dette ! Si le  social-étatisme ça marchait, ça se saurait  depuis  le  temps qu’on l’applique !

En France,  l’offre  libérale n’a jamais  été présentée.

Exceptés François Fillon, chose exceptionnelle, qui a  présenté un volet  économique franchement libéral dans son  projet présidentiel, et  dans une moindre  mesure Alain  Juppé, les projets de gouvernement depuis des  lustres tournaient autour d’une même démarche étatiste. Au point que l’échec de la droite comme de la gauche  à force de  se complaire dans l’étatisme, la  réglementation,  la centralisation, a rendu tout changement de  majorité illusoire et  toute alternance vide de sens. On s’étonne  ensuite que les Français se tournent vers  les  extrêmes ou se  réfugient dans l’abstention. C’est l’échec de l’économie dirigée qui fait que les Français vouent une défiance  massive à la classe politique. C’est bien qu’ils attendent autre chose ! Mais encore aujourd’hui, une grande partie de  la droite et du  centre ne croit toujours pas  à l’alternative libérale, il suffit  d’entendre François Bayrou ou même Valérie Pécresse avec  sa  hausse du SMIC. Et demandez  à  Laurent Wauquiez s’il faut  privatiser  Air France,  il  vous répondra que non.

Il ne suffit  pourtant  pas de montrer l’échec économique et humain du socialisme. Les  déboires et les injustices que notre peuple subit n’ont  rien à voir avec le vrai capitalisme. La  crise de l’emploi et de son corollaire, la pauvreté, est  le  sous-produit  d’un capitalisme frelaté, amputé justement  de sa  dimension libérale. La  grande nouveauté de   notre temps,  c’est  de construire méthodiquement une alternative libérale. Elle n’a jamais été vraiment  présentée aux Français,  par aucun parti,  et la plupart de nos concitoyens ignorent que de nombreux  pays ont  pu éviter  la crise ou  en sortir sans dégâts  majeurs en acceptant les réformes libérales : le Canada, l’Australie, la  Suède, l’Allemagne.

Réconcilier le capitalisme avec le libéralisme.

Nous vivons les derniers soubresauts du capitalisme frelaté, où  le succès économique n’est plus la récompense des services rendus au bien commun, passés au filtre des  marchés  libres et ouverts, mais le résultat du « carnet d’adresses » et des pots-de-vin, de  la  collusion entre monde des  affaires et  hommes  d’Etat,  de  la corruption sous des  formes  subtiles et  souvent légales par l’octroi de  privilèges, de  monopoles, de  souscription à des  marchés publics, de subventions  ou tout bonnement de discriminations fiscales… avatars visibles et connus du dirigisme. On présentera ces tares en les mettant sur  le  dos du capitalisme, en s’appuyant sur les apparences  marchandes  des contrats, des sociétés, des directeurs, des crédits, des profits, fruits des montages  savants des oligarques, tous sortis de  l’ENA. Nous vivons mal l’adaptation à  l’économie mondialisée car elle a ouvert des brèches en mettant les Etats en compétition, alors que certains  ont misé  sur la  vraie liberté économique pour se développer et croître. Elle  met en lumière tous nos  modèles inefficaces : corporatisme, fonctions publiques, droits acquis.

La  France a des atouts. Elle  s’en sortira si elle mise sur le capitalisme réconcilié avec sa dimension libérale. Car la liberté économique n’est qu’un aspect du capitalisme, mais il est essentiel. Et c’est la dimension humaniste qui nous donne la clé : la liberté des actes est ordonnée à la dignité des  personnes. C’est cette dernière qui inspire et légitime le système d’économie de liberté. Autrement dit,  le système capitaliste ainsi défini est celui qui permet de restaurer la  créativité de l’être humain, sa propriété, sa responsabilité, et de développer le sens du service de  la  communauté, car nul ne peut y réussir sans satisfaire le besoin des autres, de choisir la confiance et la foi en la  parole donnée plutôt  que la méfiance et la  contrainte. Cette corde « libérale »  doit être adjointe aux autres qui constituent le socle de la droite.

Faire référence « aux valeurs »  n’est pas suffisant d’autant plus qu’elles reposent sur des notions floues aux interprétations diverses. La  liberté économique,  le capitalisme libéral,  reconnaissent les  fonctions régaliennes de l’Etat, ne sont pas  contradictoire avec  l’esprit civique  et peuvent être  les vrais moteurs de  l’économie de marché sans renier le sentiment national, bien au contraire. L’échec sans appel de Nicolas Sarkozy  à la primaire a mis fin à la culture bonapartiste de la droite et Laurent Wauquiez ferait bien d’en prendre conscience,  s’il veut que ça « imprime ».  Néanmoins, les accommodements entre libéralisme économique, politique et conservatisme social ne sont pas des vues de l’esprit, la  « synthèse » élaborée par François Fillon en témoigne. Un projet qui n’aliénait aucune composante de la droite. Voilà un héritage qu’on ferait bien de faire fructifier et qui était un chemin possible vers une société de liberté.

N.B. Il faut enseigner « l’économie libérale » en économie dès le lycée, ce qui n’est pas vraiment fait aujourd’hui.

 


L’ETE, LE TEMPS DES TONGS.

Chat string des pieds
 

Sous les tropiques, c’est la chaussure des pauvres, parfois taillée dans un vieux pneu. Dans nos contrées, c’est le beau temps qui les fait réapparaître. Je parle des savates qui s’enfilent entre le gros doigt de pied et l’orteil qui le jouxte, le « string du pied », comme dirait le Chat de Geluck. Les tongs vont avec le soleil comme le chandail bûcheron avec le froid. Et plus on descend vers le sud, plus leur période d’utilisation s’allonge. Les tongs sont inséparables du terrain de camping dont elles sont la composante uniforme de la tenue quotidienne, avec le short. Claude Brasseur l’a bien mis en évidence dans le film « Camping » en les enfilant dès la sortie de sa voiture à son arrivée : c’est la première chose qu’il pose par terre avant même les pieds. Les tongs, c’est les vacances ! Elles en font partie au même titre que le pastis vespéral et la serviette de bain.

Il n’y a pas d’âge pour les porter, c’est l’accessoire qui convient à tous : il suffit de regarder les présentoirs des commerçants. Toutes les tailles s’alignent, même pour les tout petits. Mais j’ai remarqué que chez les jeunes, ce sont surtout les filles qui en sont adeptes. Il y en a à tous les prix, mais attention, il y a tongs et tongs. La savate a aussi son aristocratie : les plus renommées, et aussi les plus coûteuses, portent un petit drapeau brésilien sur la lanière, pays où elles sont fabriquées, ce sont les Hawaïnas ! Elles constituent aussi un équipement toutes fonctions chez certains (ou certaines). On les porte alors toute la journée quelle que soit l’activité, aussi bien pour aller faire les courses au supermarché que pour aller à la plage, pour faire le « parcours santé » dans les bois que pour faire un tour à vélo. Avouons que cet usage n’est pas toujours rationnel. J’en ai même rencontré portés par des jeunes sur un chemin de randonnée plutôt escarpé des Cinq Terres en Italie, il faut le faire ! Il n’y a qu’un endroit où elles sont prohibées, au même titre que les talons aiguilles : au volant d’une voiture.

T’as tes tongs, les vacances peuvent commencer.

Moi, je les enfile pour aller à la plage. C’est ce qu’il y a de plus pratique pour arpenter les quelques mètres de sable mou chauffé à blanc par le soleil. Ils suffisent à protéger la plante des pieds de la brûlure désagréable avant d’atteindre le site où l’on plantera le parasol, sans avoir la sensation urticante de grains qui s’insinuent comme avec les espadrilles. Sur le dur, la semelle est plutôt souple et rend le contact avec le sol presque sensuel. Le pied se sent en liberté, au point, parfois de s’en échapper : il faut une certaine habitude pour marcher avec et la nonchalance est recommandée. Essayez de courir avec, et vous verrez !  Les orteils eux, respirent, tout heureux de prendre l’air, chose à laquelle ils ne sont guère habitués, enfermés qu’ils sont, la plupart du temps dans les chaussettes et les chaussures. Au moins, là, ils ne baignent pas dans leur jus comme c’est souvent le cas chez ceux qui portent des tennis ou des baskets à vif. Et je ne parle pas de l’odeur, disait l’autre…

Par contre, les tongs exigent une hygiène vigilante, surtout de la voûte plantaire. Le pied étant sans aucune protection, la négligence se voit tout de suite, surtout si on n’est pas au bord de la mer. En tongs, montre-moi tes pieds, je te dirai qui tu es ! Pour les adeptes du bain, évidemment, la solution est toute trouvée, encore que … On n’imagine pas ce que le sable peut être sale !

Une anecdote pour terminer.

L’épisode se passe au début des années 60 en Espagne. Nous passions quelques jours dans la famille de ma femme, chez un oncle, dans la région de Taragone. Nous étions partis faire un tour dans la campagne avec sa cousine alors âgée de six-sept ans. Le chemin était pentu et au bout de quelques centaines de mètres, elle s’arrêta et demanda qu’on la porte sur le dos : une de ses tongs était en effet hors d’usage. La languette qui traverse la semelle était sortie de son trou, en raison de l’usure, bien visible. Nous nous relayâmes pour finir le trajet en la portant à califourchon sur un dos ou l’autre. Le retour s’annonçait moins laborieux tout en descente d’un bout à l’autre. Elle retrouva alors sa capacité à marcher : vérification faite, la rusée disposait d’un petit clou qu’elle glissait en travers de la languette ce qui rendait sa savate à nouveau fonctionnelle. La paresseuse avait trouvé un moyen commode de ne pas trop se fatiguer. C’est resté un épisode familial qui lui a été longtemps rappelé ! A l’époque, on n’en portait guère en France, sauf peut-être dans le midi.

 


SOURIEZ, C'EST L'ETE !

A ta santé
 

A LA SANTE D’EDOUARD !

Il faut célébrer  comme il faut la décision du premier  Ministre qui  est  entrée en vigueur hier. Summum du délire technocratique et  solution de  facilité  pour abaisser le nombre des  victimes sur les routes,  au lieu de mettre  les  moyens contre  l’alcool au volant ou  les  produits stupéfiants qui à  eux seuls sont  responsables  au moins du tiers des  accidents mortels.  Mais voilà, améliorer les routes quand on serre la vis aux départements  qu’on accable  de dépenses  sociales par  ailleurs, ou multiplier  les  contrôles, coûtent  trop cher  à  un gouvernement  impécunieux qui se réfugie donc  dans la  décision démagogique dont  il  est assuré qu’elle   produira  un résultat  tant  il  est  vrai que baisser la  vitesse  fait chuter nécessairement l’accidentalité.  A défaut d’être capable  de  punir les vrais responsables qui sont une minorité, on préfère punir tout  le monde comme le   font tous  les mauvais pédagogues.

J’ai donc décidé de fêter cette belle régression,  car c’en est une, en sélectionnant "quatre vins" qui seront  mes  compagnons de l’été  et dont je vais vous vanter ici les  qualités.

Et d’abord le rosé. C’est par définition le vin des étés chauds et chaleureux. Ma  préférence  va invariablement au Tavel. Ce  cru du  sud de la  vallée du Rhône siège parmi les « grands ». Certains  le considèrent comme le   « meilleur rosé du monde ». Je n’irai pas jusque-là, même si c’est celui  qui a ma préférence depuis longtemps.  Sa personnalité il la tient de son assemblage en proportions variables selon les producteurs de Grenache pour la plus grande part, de Syrah, Cinsault, cépages  auxquels on ajoute  parfois de la Clairette blanche et du Bourboulenc. J’aime sa robe rubis intense et brillante, son nez aux senteurs de fruits rouges et  d’agrumes. On peut le boire jeune, mais sa structure en fait aussi un vin de garde. Avec lui, on n’est jamais  déçu, même si on l’oublie dans un coin de cave. Il s’accommode de toutes les  cuisines : épicées, colorées, exotiques même ! En bouche, il dégage une belle fraîcheur, il est généralement équilibré, avec beaucoup de minéralité, avec une très belle  intensité  aromatique. 

Pas d’été sans vin blanc, surtout si on séjourne en bord de mer. Je vous propose l’OVNI produit par Mourat, en Vendée, à Mareuil sur Lay.  Cet assemblage improbable de Chardonnay et de Sauvignon, donne chaque année un vin déroutant et attachant : à la fois aromatique et perlant, mêlant  la fraîcheur spontanée du Sauvignon et la douceur cachée de la suavité du Chardonnay. Vous serez séduit par sa robe jaune pâle et son nez aux parfums d’agrumes et d’amande. La bouche légèrement fruitée en fait un vin gourmand tout en légèreté. Un malheur sur les produits de la mer.

Et puis, il faut bien du rouge pour faire face à toutes les situations. J’en ai deux qui tiennent la corde dans mes casiers. Le château Chasse-Spleen  est un fidèle compagnon des repas quand on ne veut pas maltraiter ses invités. J’ai récemment eu l’occasion de découvrir son petit frère : seule autre référence estampillée Moulis, l’Oratoire de Chasse Spleen est une cuvée confidentielle bâtit à l'origine pour l'export, pour nos cousins canadien, grands amoureux de ce Château. Un assemblage de Merlot, petit Verdot et Cabernet franc, typique du Moulis. Sa robe grenat offre un nez ouvert sur la cerise. En bouche ce vin possède une attaque veloutée et charnue, sur le fruit et des tannins soyeux. Il fait honneur au gibier, aux viandes rouges et aux fromages corsés. C’est un  cru bourgeois exceptionnel.

Le second vient encore  de la vallée du Rhône, mais du Nord, cette fois-ci : un Crozes-Hermitage de chez Jaboulet Aîné. Ce 100% Syrah présente une robe d’un rouge profond presque violine. Il vous séduira avec  son nez aromatique et fruité.  En bouche, l’attaque est souple avec en finale une note de réglisse. Il fait un malheur avec les viandes  rouges.

Bon, vous voilà parés pour un été festif. Mais attention, l’abus d’alcool est dangereux. Ce petit rappel à l’ordre pour respecter la  loi. Et pensez-y, chaque fois que vous n’aurez pas à reprendre le volant, célébrons les « quatre vins » : « A ta santé, Edouard ! ».

 

 


LES JOLIES COLONIES DE VACANCES….

Service universel

 

Merci Manu, Merci Manu, aurait  chanté  Pierre Perret !

Voilà ce qu’est devenue la promesse de rétablir le « service  militaire ».  Il  vaut  mieux en rire, car  ce serait plutôt à pleurer tellement la montagne accouche d’une souris. C’est le sort réservé  aux promesses inconséquentes.  Celle du « service » en était une  dès le départ : tout lemonde en connaissait le coût  et savait  qu’on n’avait pas les moyens. Alors dans ces conditions, ne valait –il  pas mieux renoncer que de nous sortir cet ersatz insignifiant ? Car tel qu’il a été présenté par Jean-Michel Blanquer, le « service universel », désignation aussi pompeuse que creuse, apparaît comme le parfait exemple d’une ambition oblitérée par la réalité. La mise en oeuvre particulièrement complexe qu’il  nous promet ne mérite certainement pas l’intensité de l’effort qu’elle exigera.

Pour le « melting  pot » c’est raté.

Depuis longtemps on sait que le service (militaire ou civil) représente un excellent instrument pour mêler les couches sociales et qu’il peut aider à forger des âmes plus solides chez les jeunes. Le problème vient de ce que le candidat Macron a fait cette promesse sans trop avoir étudié le dossier. D’abord, on constate qu’il n’est pas très sûr lui-même de ce qu’il veut faire d’un service « national », alors que le service civique existe déjà, sachant aussi qu’il est clair que l’armée n’en prendra pas la responsabilité : une période aussi courte ne permettrait pas de transformer les jeunes gens en bons soldats et  elle n’a plus les moyens d’assurer un encadrement. Avant de lancer  l’idée, il  aurait fallu évaluer les coûts de l’entreprise. Pour un seul mois de service, la facture serait de 1,7 milliard, avec seulement 15 jours de « brassage social » et 15 jours d’engagement personnel. Et  encore, on ne sait même pas où seront hébergés les « conscrits ». Il n’y a   plus  de   casernes, elles ont été démantelées. On a bien pensé aux internats mais  ils n’offrent que 147 000 places alors qu’une classe d’âge comprend 750 000 individus,  filles et  garçons. Tout ça pour qu’un jeune n’appelle pas le président « Manu » ? De  fait, le dossier a été confié au ministre de l’Éducation, , ce qui veut dire que le gouvernement se contente de prolonger d’un mois les cours de civisme. C’est un peu court, c’est cher et, si les prévisions exposées par M. Blanquer, par ailleurs ministre efficace et respecté, vont jusqu’en 2026, on a tout lieu de penser que le projet risque de s’effilocher avec le temps. Franchement, il n’y avait aucune urgence à lancer un système aussi compliqué et onéreux.  D’ailleurs le fait qu’il  cible des jeunes de 16 ans n’est pas sans soulever de multiples questions. Il est fort  possible que des résistances de familles cherchent à s’opposer à la participation de leurs enfants aux séquences qui seront proposées.  Je pense notamment  aux filles  de certaines familles musulmanes « conservatrices ». j’attends donc avec curiosité  de voir comment  la  mise en place va  être gérée.

Le retour de la croissance molle.

Voilà un  projet dont on  pourrait bien se passer. Des dépenses qu’on qualifiera  d’inutiles alors que l’affaiblissement de la croissance dont nous avions à peine commencé à goûter les délices fait qu’elle tend déjà à disparaître, ce qui entraînera pour la France des difficultés budgétaires accrues. En  plus,  le temps géopolitique devient extrêmement mauvais. Il va y avoir fort à faire avec les dangers qui pèsent sur l’Europe et les risques de récession induits par les coups de Donald Trump. La crise  migratoire n’est qu’un épiphénomène, le plus grave est ailleurs. Le  mécontentement  populaire monte. Le  gouvernement ferait bien de réduire la voilure des réformes si elles doivent se limiter  à du symbolique comme celle du service militaire. Pas de sous, pas de réformes !

 


C'EST L'ETE !

  Retraites

 

Le bloc-notes change de parure. 

Le régime des  parutions va se ralentir, sieste oblige !

Les  sujets vont se faire plus "légers" comme chaque année  pour  la saison estivale. 

Cela n'empêchera pas évidemment des articles plus "politiques" si l'actualité l'exige.

Bon été  à tous !

272 000 pages vues... Merci de votre fidélité !

Daniel 

 


LE PIEGE DE L’IMMIGRATION

Aquarius

 

Un sommet incomplet pour rien.

Bien que le  mini sommet ait été boudé  par la Pologne, la Tchéquie, la  Slovaquie et la Hongrie, la  crise  déclenchée par  l’Aquarius n’a pas trouvé de remède unanime à Bruxelles. La  diplomatie française, à cette  occasion, n’a pas fait  montre d’une grande efficacité entre faux pas de déclarations inopportunes,  petits  pas de deux avec l’Allemagne et  arrogance. Le résultat était  prévisible : l’Italie, en  première ligne, n’a  pas cédé  un pouce de sa  volonté de  mettre le holà à une situation qui n’a que trop durée pour les Italiens. En  effet l’Italie a accueilli au moins 700 000 migrants en quatre ans. Les européens  ont laissé l’Italie se débrouiller seule jusqu’à  présent. Elle s’est donc donné un gouvernement qui veut un mettre un terme à « l’invasion ». Le refus de Mrs. Conte et Salvini d’accepter « l’Aquarius » était une manière de placer le problème dans les mains de leurs   partenaires.

Un révélateur.

Le refus  d’accueillir le bateau de réfugiés, qui a finalement trouvé refuge en Espagne à Valence, traduit le durcissement général des politiques migratoires européennes. Car l’Italie n’est pas seule. On connait les positions fermes des Hongrois, slovaques, tchèques et polonais. À Berlin, Mme Merkel est confrontée à la « fronde » de son ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, chef de la CSU, parti plus à droite que la CDU de la chancelière. Ce dernier a donné deux semaines à Mme Merkel pour changer sa politique migratoire. Or le gouvernement repose sur une coalition fragile et une scission entre CDU et CSU lui serait fatale. Emmanuel Macron a reçu à Paris Giuseppe Conte, président du Conseil italien et a tenté quelque peu d’apaiser les relations franco-italiennes, qui s’étaient tendues après divers incidents, et que l’affaire de « l’Aquarius » a contribué à endommager un peu plus.  On a vu que les  tapes  sur l’épaule et les sourires de façade  ne faisaient pas avancer la solution. Il faut dire que notre pays où les  deux tiers de la  population sont opposés à l’accueil des immigrés, n’a  pas  une grande marge de manœuvre.

Une menace pour toute l’Europe.

L’immigration, clandestine ou non, est en train de déstabiliser les démocraties européennes. Les gouvernements qui souhaitent trouver un compromis entre leur respect des droits de l’homme et le réalisme sont bousculés non seulement par les oppositions de droite mais aussi par celles qui se manifestent jusqu’au sein même des partis qui les composent. Dans ces conditions, la  France n’a rien gagné  à hausser le ton contre l’Italie par la  voix de son  Président, quand elle a refusé l’accès à ses ports de « l’Aquarius », tout en faisant la même chose  ensuite. Il a  bien compris que le succès croissant des mouvements identitaires en Europe accompagnait une évolution des opinions fortement défavorables aux migrants. Et  la tendance à prendre  des mesures nationales, sans concertation avec l’Europe, se développe. L’Espagne de M.  Sanchez, le  socialiste qui a remplacé Mariano Rajoy, a mis un point d’honneur à proposer que « l’Aquarius » soit accueilli chez elle. Mais c’est une posture politicienne : il a  voulu montrer que son pays ripostait à l’intransigeance italienne en ouvrant les bras aux damnés de la Méditerranée. L’histoire nous dira si le peuple espagnol était d’accord.

Et si on arrêtait la politique stupide des quotas ?

Chaque pays européen veut être  maitre de qui  il accueille chez lui,  c’est logique, et refuse  de se voir imposer  par  Bruxelles ou Strasbourg, des  quotas à respecter. Car  les  capacités d’accueil  que chacun est susceptible d’offrir sont variables : elles doivent prendre en compte des  variables  comme  la démographie et la situation financière. On voit bien que rien que sur ces deux critères, il sera difficile de  mettre d’accord  la France  et l’Allemagne.  On devrait  permettre à chaque Etat  de  l’Union de définir le nombre d’immigrants  qu’il  souhaite  recevoir  et lesquels, politique définie par un vote du parlement national. Il faut que l’Europe rassure les pays, comme l’Autriche ou la Hongrie, qui ont érigé des murs ou des barricades à leurs frontières. Mais comme les migrants ne  sont pas dissuadés par les mesures coercitives,  il appartient à L’Union de  mettre en place les dispositifs nécessaires à la régulation  du flux.  Là,  il faut une politique commune. Sur cette base, je gage que tous les  partenaires, y compris les  plus réticents seraient prêts  à  participer. C’est l’Europe  en mutualisant ses  moyens qui pourra arrêter  le  trafic, car il s’agit d’un trafic !  On connaît  le  rôle funeste de la Libye qui ne fait rien pour arrêter les passeurs et transforme les migrants en esclaves avant de les laisser partir quand ils ont enfin les moyens de payer leur voyage. Il ne peut y avoir de résolution de la crise migratoire qui ne soit pas à l’échelle de l’Union européenne. Cependant, les associations et les ONG de tous les pays, qui claironnent leur vocation à tout-va et jouent les boutte-feu, sans se soucier le moins du monde de la colère populaire contre l’immigration, doivent aussi accepter des politiques équilibrées s’efforçant de tarir les flux migratoires tout en traitant les migrants avec humanité.

 


QUAND MICHELE MET LES PIEDS DANS LE PLAT…

Calmels Wauquiez

 

 … Tout le monde en prend pour son grade !

La récente  crise chez Les Républicains avec  l’éviction de Virginie Calmels aura eu au moins le mérite de réveiller sinon une dinosaure, du moins une dragonne.  Michèle Alliot Marie dit tout haut ce que nombreux pensent tout bas.

Comment notre famille a-t-elle pu à ce point se fractionner ?

Elle  souligne d’abord  l’immense  responsabilité d’Alain Juppé et de  ses partisans dont une grande partie a changé de camp. Au lieu de se retrancher sur son Aventin pour ruminer sa défaite, et de préférer laisser ses aigreurs prendre le dessus, son devoir était de faire face. Il a donc laissé ses troupes partir à vau l’eau au lieu de jouer son rôle de « pater familias » au sein de sa famille dont il a été l’accoucheur en 2002.  Bien que le résultat de la primaire ait été sans appel, il  n’en devait pas moins  l’affronter en continuant de  peser au sein du parti du poids moral que personne ne lui aurait contesté. D’autant plus que la présidentielle a connu le résultat que l’on sait. On aurait peut-être évité toutes les défections et factions actuelles.

Le rôle de la loi sur le nom cumul des mandats.

Elle a été un accélérateur de  particules.  Les  élus n’ayant plus de repli, leur mandat devient « vital ». Pour quelques présidents de régions, le prétexte était trop facile  pour prendre ses distances avec Les Républicains,  une étiquette utile  au moment de leur élection mais devenue un handicap pour un renouvellement de  mandat dès  lors qu’on a été élu avec un appoint important de voix socialistes face au FN : ils ont donc fait  le choix peu courageux du « sansétiquettisme ».  Ils croient ainsi améliorer leurs chances, mais  ils pourraient bien déchanter  le  moment venu. Il faut toujours se  méfier de l’électorat quand on essaie de  lui faire  prendre des vessies pour des lanternes. C’est la partie qu’ont choisi de jouer  Xavier Bertrand et Christian Estrosi. Plus quelques maires de grandes villes comme celui d’Angers.

La ligne Wauquiez.

On avait pensé que l’alliance au moment de l’élection à la présidence des Républicains avec la libérale et juppéiste Virginie Calmels ferait démarrer le  parti sous le signe d’un rassemblement plus large que celui offert par  le socle fillonniste de la primaire. Elle avait le  mérite de corriger  l’image un brin droitière d’un Laurent Wauquiez qui n’en a jamais fait mystère. Un tandem, donc. Le résultat a été sans bavure : 74% et 100 000 votants pour le fauteuil de président. Personne ne pourra jamais dire  combien a pesé la présence de la n°2 dans le scrutin,  probablement un cheval contre une alouette. Mais l’image était là ! Encore fallait-il assumer cette  présence. On voit bien huit  mois après, que le pari était impossible à tenir pour Laurent Wauquiez pétri de ses certitudes qui lui ont fait gagner largement sa région, et soutenu par un entourage à sa main et plus royaliste que le roi. Il se trouve que Virginie Calmels a du caractère et des convictions. Et elle n’a pas tardé à le faire savoir. Inutile de revenir sur les circonstances : dans un divorce chacun dit avoir raison. Les deux tiers des adhérents,  par définition « bonapartistes », approuvent le chef. Il reste qu’un tiers désapprouve et ça n’est pas rien pour un parti qui court après ses adhérents. On fera un simple constat : dans cette affaire, le parti donne l’image de se rétrécir encore un peu. Tout le monde y perd, Laurent Wauquiez comme Virginie Calmels.

Se donner le temps ?

Revenons à  Michèle Alliot Marie.  Elle affirme qu’il faut arrêter le dénigrement et la critique systématique. Certes, elle a raison de dire que le président actuel est « dans le collimateur de certaines ambitions personnelles » et qu’il faut « respecter les choix démocratiques »… surtout quand on n’a  pas eu le courage de se présenter contre lui. Que Laurent Wauquiez ait besoin de temps pour reconstruire une famille en lambeaux, on peut en convenir et personnellement j’étais prêt à l’y aider.  Et comme notre amie députée européenne, je vais « juger ce qu’il va faire concrètement dans les prochains mois ». J’attends, comme elle le dit si bien, « qu’il fédère les envies ». Le  limogeage   brutal de Virginie Calmels n’en est pas un bon signe : sans entrer dans le débat infini des responsabilités, la question du management est posée aussi. Le Président sera-t-il capable de se remettre en cause ? Qu’il y ait des débats, c’est normal, encore faut-il qu’ils ne servent pas à saper l’unité du mouvement au point de mettre le parti en péril de mort. Comme je n’ai pas le culte du « chef-a-toujours-raison », je suis tenté de renvoyé les protagonistes dos-à-dos. Mais Valérie Pécresse et  Jean-François Copé feraient bien d’écouter eux aussi l’avertissement de Michèle Alliot Marie. A faire les sourds, là encore, tout le monde y perdra. D’autant plus que l’épisode que nous venons de vivre tombe comme  pain  béni pour des médias anti-Wauquiez qui n’en demandaient pas tant !

En attendant, je continue de regretter le départ de Virginie Calmels que je vis comme une amputation de  l’aile libérale d’un parti rongé par la tentation « illibérale » de certaines droites européennes.

 


NOTRE SOCIETE PAIE L’ABSENCE DE VERTICALITE

Comment on demande

 

La délinquance juvénile  explose. 

Partout. Dans les  écoles, au cœur des villes, dans les banlieues, à la campagne même ! Et de plus en plus elle se présente sous une forme organisée, quasi professionnelle.  Ce sont les cambriolages, des vols de véhicules, et cela va jusqu’à des vols violents avec armes. Dans les cours de récréation,  des bandes rivales s’affrontent. Elles sont le fait de mineurs de moins de 18 ans dans des proportions qui vont croissant au fil des années. Le phénomène est aggravé par les mineurs étrangers délinquants qui errent dans nos villes et passent entre les mailles du filet d’une police et d’une justice démunies pour traiter leur cas. Pourtant, il n’y a  que les naïfs et les idéologogues qui s’en étonneront.

Des causes multiples, évidemment.

La  France assiste impuissante à cette pandémie de violence qui  prend toutes les formes : nouvelle  guerre des boutons, mais avec des kalachnikovs, qui opposent des quartiers, rodéos urbains au mépris de  la loi qui pourrissent la vie des habitants, les femmes violentées au gré des pulsions de jeunes sauvageons, les gares et les trains devenus terrains de jeu favoris de ces nouveaux barbares … On invoque l’ignorance et l’obscurantisme dont les progrès sont fulgurants, l’inefficacité  des juges et des éducateurs qui font ce qu’ils peuvent. Mais nous avons nous-mêmes abandonné le terrain : à la défaillance judiciaire d’un droit inadapté au comportement de ces jeunes qui n’ont plus rien d’enfants, il faut ajouter la défaillance culturelle qui laisse trop de terrain aux pulsions communautaires et la défaillance éducative des parents et de l’école. Tout cela est avéré.

L’absence générale de verticalité.

L’origine du phénomène tient, en effet, dans l’absence généralisée de « verticalité ». Comme l’explique le pédiatre célèbre Aldo Naouri, tout commence par l’enfance. L’éducation, c’est la  verticalité ! Il explicite : « C’est la capacité de dire « non » à un enfant ! C'est un enfant pour lequel les quatre premières années de sa vie ont servi à le conduire à son statut d'humain. Un nouveau-né, et c'est immuable depuis 7 millions d'années, est un être de pulsions qui mord dans la vie avec pour seule boussole le principe de plaisir. L'éducation est là pour lui opposer le principe de réalité, pour lui montrer qu'il n'est pas seul au monde et qu'il doit tenir compte des autres. Acquiescer sans discernement à ses demandes développera sa toute-puissance infantile, dont les manifestations sont multiples, des troubles du sommeil à l'agitation. Il croira devoir conserver son rapport à la toute-puissance toute sa vie. Cette affaire, si elle est bien menée, est jouée à 4 ans. On peut encore la rattraper, avec des efforts plus ou moins grands, jusqu'à 12 ans. » Et comme notre époque est propice à l’enfant roi qui veut imposer sa toute-puissance en toutes circonstances, il est indispensable que quelqu’un lui rappelle constamment les « limites ».  Car ce sont ces limites qui sont aptes à le rassurer : c’est quand on est capable de réprimer ses pulsions qu’on devient capable d’efforts. Si l’ascenseur social fonctionnait autrefois,  c’est parce que les deux -famille et  école- pratiquaient  le  même principe d’autorité, la même verticalité. Comme l’enfant, l’adolescent a besoin de se sentir intégré dans un ensemble où existe une hiérarchie. Si la société ne la lui fournit pas, il s’en invente une, hors-la-loi. Le principe d’autorité a disparu dans la famille -quand elle existe encore-, et a bien du mal à être appliqué dans l’institution scolaire. Les  enseignants  ne sont pas naturellement des êtres de  pouvoir, ils sont des êtres de savoir et de transmission. Comment faire  quand il faut déjà se battre pour faire cours !

Et puis, il faut le dire, l’exemple vient de l’Etat lui-même. Celui-ci  est le reflet d’une défaillance collective qui a pulvérisé les hiérarchies. Que penser du principe d’autorité quand  un Etat n’est même pas capable d’expulser 300 zadistes qui occupent indûment des terres qui ne leur appartiennent pas ? Ce principe d’autorité qu’un Président est obligé de rappeler à un adolescent irrespectueux qui l’interpelle  d’un « Manu » un peu trop familier !  Et ne parlons pas de la justice imprégnée d’idéologie soixante-huitarde toujours  prête à excuser …

Il  faudrait reprendre le travail éducatif : il sera long et difficile mais lui seul évitera « le  choc des incultures ».  À l'adolescence, c'est extrêmement difficile. Cela passe par le rappel constant des limites. Encore faudrait-il que ce travail soit entrepris.

Je  vous conseille de lire l’interview qu’Aldo Naouri avait donnée au journal Les Echos le 20/10/2017, on la trouve facilement sur internet. Tout y est !

 


FLAGRANT DELIT !

Macron interview

 

Tournant à la com (prononcez comme vous voulez)

Le  coup était comme  d’habitude bien préparé : petite vidéo de  la séance de travail   publiée juste avant le  discours à la Mutualité française.  Langage trivial  comme de juste pour  le buzz et asséner quelques constats qui relèvent du  poncif : « un pognon dingue dépensé sans résultat ! ». Notre génie a trouvé la solution : il faut dépenser mieux, il faut de l’efficacité … Donc une heure et  demie  d’un discours  long,  très long, trop long  pour détailler l’univers kafkaïen auquel  on va  s’attaquer.  Il s’agit  de réinventer l’Etat providence.  Là, il faut craindre  le  pire car  ce  sont  ses technocrates hors sol  qui nous ont pondu une réforme de l’apprentissage qui tape à côté  du clou, serviteurs de l’Etat déjà obèse  qui vont s’y coller.  Un beau projet  qui va encore  plaire à une partie de  la  droite. Mais qui va se  traduire comme depuis le début  par une politique bien de gauche, elle.

Un modèle  social à bout de souffle.

Tout le monde  est  d’accord.  Il a atteint  un sommet insurpassable : toujours plus d’argent pour toujours plus de  pauvres et de chômeurs. La  France dépense  chaque année plus de 700 milliards d’euros (je me répète) pour la santé, l’emploi, la pauvreté, la vieillesse, la famille.  Pour un système de soins qui  à la peine, une insertion des  exclus quasi inexistante, des régimes de retraite dont on nous dit constamment qu’ils se  nécrosent.  Le chômage ne diminue pas, et  le  nombre des pauvres augmentent. On se dit : il va arrêter la machine infernale qui pèse de tout son  poids sur l’économie  du pays. Pour l’instant on constate surtout une fuite en avant des dépenses sociales, des réformes coûteuses dont on cherche le financement auquel on n’avait pas pensé avant, ce qui entretient un niveau de prélèvements obligatoires exorbitant. Mais vous n’avez  rien compris. Il ne s’agit  pas   de  mettre fin au gâchis, il ne s’agit pas de rétablir les finances, il s’agit de retrouver l’efficacité du système. Concernant les aides sociales, le chef de l’Etat a bien affirmé qu’en plus de l’aide monétaire dont le niveau sera maintenu, il fallait renforcer l’accompagnement des plus fragiles. Autrement dit, pas question de mettre fin à l’économie dirigée et corsetée, il faut même en craindre le renforcement si l’on en croit les recommandations des trois économistes qui conseillent le président.

Pour en finir avec l’assistanat.

Il faudrait prendre le problème par le bon bout.  Le meilleur moyen de réinsérer  les  chômeurs c’est de  créer de  l’emploi que seules  des entreprises  en bonne santé et concurrentielles peuvent fournir. Cela implique de  réduire les dépenses publiques en priorité, et de baisser  les  charges qui  pèsent non seulement sur le travail  mais sur le  chiffre d’affaires, et de baisser massivement les impôts sur  les classes moyennes, de baisser drastiquement le nombre des fonctionnaires. Faire  en sorte que les salaires  permettent de vivre  décemment et sans prestations sociales de complément. Autrement dit recréer de la vraie richesse ! Mais ça, c’est pas le programme de Macron !

Donc, rien de changé.

Macron pris en flagrant délit de discours de droite (les apparences), pour une politique de gauche (en réalité). Plus des déclarations que de vraies mesures. Il a beaucoup parlé de prévention, de responsabilisation, d'incitation : ça ne coûte pas cher. Des dépenses en plus qui sont déjà dans les tuyaux, ça oui. Mais Macron libéral ? Mon oeil !

 


LE TONNEAU DES DANAÏDES.

Tonneau des danaïdes

Ah, les inégalités !

Je  lisais l’autre jour Manuel Valls qui s’exclamait : « il faut réduire les  inégalités ! ».  Mais qu’ont-ils donc fait pendant cinq ans que les socialistes étaient au pouvoir avec cet objectif constant au point de rendre la  fiscalité confiscatoire pour redistribuer aux « pauvres » ? Ils n’ont cessé d’élargir les mises sous condition de ressources au détriment des  mêmes et  au profit des mêmes et d’affranchir une frange toujours plus large de nos  compatriotes  de  l’impôt sur le revenu si bien que  1% paie 25% de l’Impôt sur le revenu et les 10% les plus aisés paient 50% de l'addition IR + CSG + TH, une proportion qui pourrait s’accroître encore en 2018 si 80% des assujettis à la TH sortent de l’assiette de l’impôt. Et  voilà qu’on vient encore nous dire que les inégalités se creusent !  Statistiques de l’Insee à l’appui ! Quand comprendront-ils que leur raisonnement est une machine à fabriquer de la pauvreté parce qu’ils prennent le problème par le mauvais bout. Il  suffit de regarder  les  économies de notre vaste monde : celles qui s’appuient sur  le libéralisme et la liberté d’entreprendre produisent plus de richesse que celles qui promeuvent le  dirigisme étatique et les pauvres  y sont moins pauvres. La France est un cas quasi extrême, excepté les rares économies totalitaires communistes qui perdurent, de pays dit « libéral » alors qu’il est complètement « socialisé ». Au point qu’on n’a même plus besoin des socialistes !

La redistribution : une machine à généraliser la pauvreté.

L’idéologie économique française valorise depuis Colbert et Louis XIV l’Etat entrepreneur et stratège, que les  Jacobins ont ensuite repris  à leur compte,  irriguant tous les  courants politiques. On y a rajouté le modèle social d’Etat-providence en 1945, avec  le programme du Conseil National de la Résistance entériné par De Gaulle. De fait, en France,  l’Etat est toujours prêt à se substituer au marché  et le bien-être ne peut provenir que de son action. A crédit s’il le faut, quand  l’économie dont on a faussé les règles ne produit pas  la  richesse attendue.  C’est un cycle  infernal qui s’est progressivement mis en place et singulièrement aggravé depuis Mitterrand. La retraite  à 60 ans non financée  ou les 35 heures généralisées font partie du florilège des décisions anti-économiques pourvoyeuses de déficits, d’assistance et de pauvreté. Comme la redistribution ne peut se faire  par  l’emploi et les  salaires d’entreprises croulant sous les charges,  c’est l’Etat qui y pourvoie en se procurant  la ressource nécessaire par l’impôt et aussi, malheureusement, par l’emprunt.  De  la croissance à crédit qui génère du déficit commercial qui en annihile le bénéfice. Moyennant quoi on augmente  le  chômage et le poids de l’assistance. Cercle vicieux ! Expliquez-moi comment avec 729 milliards d’euros de transferts sociaux sur 1257 milliards, on a 3 millions de chômeurs et  6 millions de  précaires… Les dépenses publiques  atteignent 56,4%  du PIB quand les recettes culminent avec un taux de prélèvements obligatoires record de 45,4% !  L’écart  entre dépenses et recettes en dit long ! Si le  système marchait, ça  se saurait !

La dette et les déficits : toujours plus d’impôts.

Macron, que l’on présente comme le  sauveur de l’Europe a poussé ce cri du cœur à l’adresse de notre voisin : «  En Allemagne, il ne peut y avoir un fétichisme  perpétuel pour les  excédents budgétaires et commerciaux, car ils  se font aux dépens des autres ! » C’est sûr, ce n’est pas  à notre  pays que ça arrivera ! Qu’est-ce qui empêchait les Français de  se mettre en situation de concurrence avec nos partenaires européens en utilisant l’euro qui facilitait les échanges, comme  l’on fait les  Allemands. Mais la  France a fait le choix de se mettre sous la protection de la  monnaie commune pour pratiquer une politique  budgétaire  laxiste. On en paie aujourd’hui la facture. On comprend  alors  que  proposer un « budget spécifique » européen éveille la  crainte chez nos voisins d’y voir une tradition dirigiste  accro à la dépense publique.

Ce cri du cœur d’Emmanuel  Macron est révélateur de  son état d’esprit. Adepte  de l’Etat providence qu’il ne remet pas en cause, sa politique prolonge  celle de son prédécesseur avec quelques  adaptations taxées de « libérales » imposées plus par la réalité  que par  des convictions. Il n’envisage pas de baisser la dépense publique qui obligerait à remettre en cause le  périmètre de l’Etat. Il est donc condamné à  continuer dans la voie de l’augmentation de la pression fiscale et de l’emprunt.  C’est d’ailleurs ce que lui rappellent ses trois économistes de  service : les trois hommes préconisent des mesures précises comme la « taxation plus lourde des grosses successions ». Dans le même ordre d'idée, MM. Aghion, Martin et Pisani-Ferry conseillent au président de différer la suppression de la taxe d'habitation des 20 % les plus aisés. Ils recommandent par ailleurs de revoir « les aides aux entreprises » et « l'extinction des aides à la pierre ». Bonjour les dégâts si on asphyxie un peu plus les entreprises et le bâtiment.  Comme il faut préserver ceux, toujours  plus nombreux, qui sont dans la précarité, la base de ceux qui sont sollicités se rétrécit et ils paient toujours plus. Ainsi les retraités considérés aujourd’hui comme riches. Le ras-le-bol fiscal va en plus être exacerbé  par le prélèvement à la source qui, supprimant le  consentement à l’impôt, cache  l’individualisation, la fin de la prise en compte de la famille, et prépare à terme la fusion avec la  CSG. Les classes moyennes ne sont pas au bout de leurs peines.

On va donc continuer à remplir le tonneau des danaïdes.

C’est le système qui génère les inégalités. Il oublie principalement l’essentiel : il faut produire  la  richesse  avant de la  partager, et ce sont les  entreprises, pas l’Etat, qui en sont capables. Tant qu’on ne les  mettra pas en situation de  participer à la compétition internationale avec les  mêmes  chances que leurs concurrentes,  la  France continuera de s’appauvrir. On va donc continuer à augmenter les prélèvements, faire semblant de réaliser des économies, tirer des  plans tous azimuts… Il  y aura évidemment de  moins en moins de riches et toujours plus de pauvres,  car imaginer que ce que l’on prend aux uns permet aux autres de s’élever est  une fiction, d’autant plus qu’en réalisant l’opération on diminue la richesse produite. Depuis le temps qu’on a  mis ce dispositif en marche, il  ne devrait plus y avoir d’inégalités dans notre pays. Or on n’a jamais eu autant de précarité et de pauvreté. Parce que c’est comme remplir un puits sans fond : la redistribution une fois partagée, ce sont des miettes que reçoivent les destinataires. Cela  débouche sur l’assistance généralisée et pourquoi pas, en phase ultime, le  revenu universel pour suppléer au manque d’emplois que l’économie se révèle incapable de créer. Alors, faute de capitalistes locaux, on peut  toujours faire venir des investisseurs étrangers pour créer quelques emplois,  mais il faut savoir qu’ils rapatrient chez eux leurs bénéfices. Il   suffit de regarder notre balance des  paiements. 

Notre pays si talentueux mérite une autre politique !

 


MACRON : L’IMPASSE ?

Macron planté

 

L’illusion serait-elle en train de se dissiper ? En tout cas, on a l’impression que rien ne fonctionne comme le Président jupitérien le  voudrait. Les  piliers qui servent de fondement à sa  politique semblent se fissurer. Car  c’est bien à l’écroulement de sa stratégie auquel on assiste :  les réformes devaient être portées par une croissance forte au plan intérieur et par la refondation de l’Europe sous son autorité au plan extérieur.

La croissance à la peine.

Les dernières statistiques le montrent clairement : la reprise est en train d’avorter. Le rythme annuel de  la croissance est redescendu autour de 1,7% avec une perspective encore  plus limitée pour 2019 : 1,5%. En cause, tous les  moteurs de l’activité : le ralentissement touche tous les secteurs, sous  l’effet des hausses d’impôts (4,5 milliards d’euros pour les ménages), les investissements stagnent,  la  balance commerciale se dégrade avec la montée de l’euro et la rémanence du déficit de compétitivité de nos entreprises. La construction souffre du déluge de taxes et d’impôts sur l’immobilier… C’était  prévisible et je l’avais dit il y a quelques semaines.  Je n’ai aucun mérite, la politique keynésienne conduit toujours aux mêmes résultats : prélèvements, distribution et rechute avec son cortège  habituel : déficits publics, dette, chômage. Cette reprise éphémère souligne tout simplement la vulnérabilité de la France qui a plus que jamais une économie  dominée.  Car les  causes du ralentissement comme celles de la reprise sont  pour l’essentiel extérieures à notre pays. Nous subissons le retournement fin 2017 du cycle d’expansion qui a démarré fin 2009  aux Etats-Unis et évidemment  l’envolée du prix du pétrole de 40% en un an. Et malheureusement pour nous les trois inspirateurs de cette politique, Aghion, Martin et Pisani-Ferry, viennent de  proposer au Président d’en remettre une couche :  continuer à alimenter le tonneau des Danaïdes : ce sera l’objet de mon prochain article !

L’Europe sourde.

Le « prix Charlemagne »  fait certes de belles dissertations sur l’Europe avec des envolées lyriques qu’Homère n’aurait pas désavouées. Mais le Président prêche dans le désert. Pour l’instant ses propositions sont restées lettre morte. Angela Merkel s’est même payé le luxe de lui faire une réponse  détaillée dans un grand quotidien allemand et c’est plutôt « nein » que « ya vol » ! En gros,  si on compte sur l’Allemagne pour cautionner la politique de croissance à la française fondée sur une dette publique exponentielle et des déficits  jamais combattus, en « mutualisant les dettes », c’est pas demain  la veille. D’ailleurs, la France,  par son attitude, n’aide pas à conjurer les périls qui menacent l’Union. La hausse des taux d’intérêts, la volatilité sur les marchés, l’instabilité de l’euro, vont rendre encore plus compliquée la tâche du gouvernement français qui court après les recettes comme un mort-de-faim après un quignon de pain. Notre pays participe aux trois chocs mal gérés qui menacent l’union d’éclatement et la fin de la monnaie unique : la crise italienne, la crise migratoire et la crise financière ; sans parler des autres défis : l’imprévisibilité de Trump, la  guerre commerciale, la  fracture numérique… Or, sans moteur le franco-allemand, l’Europe n’avancera  pas.

Le ruissellement ne ruisselle pas.

Macron avait justifié la suppression de l’ISF par son faible rapport et le  fait que notre  pays était le seul  à  l’avoir institué et  maintenu. Un « impôt imbécile ». Là-dessus nous sommes d’accord. Il  avait aussi ajouté un argument supplémentaire : la « théorie du ruissellement » selon laquelle quand on laisse l’argent aux riches, par capillarité  économique, il  profite aux pauvres. Sauf qu’en France, ça ne marche pas. La raison est toute simple : si on reprend l’image de l’eau qui s’écoule du sommet  vers la vallée, on s’aperçoit que dans notre pays,  les pentes sont hérissées de barrages de détournement mis  en place par l’Etat et bien peu d’eau arrive en bas. En effet, la France  est la championne mondiale  des prélèvements obligatoires et cela se traduit pas la taxation du capital partout  où il pourrait se constituer ou s’accumuler. Le ruissellement est tari avant d’avoir commencé et est remplacé par la mise « sous conditions de ressources » de tranches  toujours plus nombreuses de la  population.  Après on dénonce le « Président des riches » ce qui est une illusion d’optique.  Enfin, au passage, il a quand même fait plaisir à ses copains banquiers.

Les contradictions du « en même temps ».

J’ai toujours pensé que l’expression cachait une imposture. La reprise que l’on doit au contexte international plus qu’à Hollande a fonctionné comme un paravent donnant corps à l’utopie du « en même temps ». La réalité n’a pas de  mal à mettre  par terre la  fiction et ce qui est inconciliable le reste : moins d’impôts (ce qu’on dit) et plus de dépenses publiques (ce qu’on fait) ; plus de compétitivité sans baisser les charges qui  pèsent sur les entreprises ; on veut faire des économies mais on garde le même nombre de fonctionnaires ; on augmente le pouvoir d’achat en taxant davantage les carburants (entre autres) et bientôt les restaurants… Même pour l’Europe, le « en même temps » ne tient pas la route.

Emmanuel Macron est de plus en plus perçu comme un président menant une politique de droite, et c’est confirmé par différentes études d’opinion. C’est facile à comprendre : l’actualité des dossiers traités, comme la réforme de  la SNCF, trouvera plus de sympathisants à droite qu’à gauche. Mais c’est encore une imposture. Il maintiendra le cap tant qu’il n’aura pas réussi à anéantir ou diviser durablement la droite. Ce qui est d’ailleurs confirmé : le chef de l'Etat voit sa cote reculer chez les sympathisants de toutes les familles politiques à gauche y compris son propre parti, La République En marche. La chute de Nicolas Hulot, très identifié à gauche dans l'opinion des Français, contribue à déséquilibrer à droite la perception du gouvernement. Le pourcentage de ceux qui déclarent « ne pas faire confiance du tout » à Emmanuel Macron progresse de 3 points pour atteindre 27 %, ce qui marque un durcissement de ceux qui veulent s’opposer à sa politique en corrélation avec les mouvements sociaux du printemps. La politique menée par l'exécutif n'est pas perçue comme équilibrée par les Français. Les ministres, qui peinent toujours à émerger malgré des réformes enchaînées les unes après les autres, ont beau défendre l'équilibre général des mesures prises, leur discours ne passe pas dans l'opinion. Justement à cause de la  confusion entretenue par le « en même temps » ;  la « transformation » vers le monde nouveau se heurte aux dures réalités. L’illusion ne tardera pas à se dissiper : discours de droite, politique de gauche, disais-je. Car les faits sont là : ni les simagrées amoureuses à l’égard de Trump, ni les « francs » dialogues avec Poutine, ni la tentative de convaincre Merkel n’ont eu la moindre réussite, le moindre résultat. Quant aux succès économiques, ils demeurent à la traîne de ceux de l’Europe et du monde. Ce n’est pas Jupiter qui nous gouverne, mais Narcisse, ce qui n’empêche pas qu’il faille craindre ses projets, car avec sa  majorité de godillots, sa capacité de nuire à notre pays reste  puissante. Son insistance obsessionnelle à vouloir une loi sur les « fake news » en apporte la preuve décisive et ses projets constitutionnels, une autre.

 

 


BREXIT : LE FEUILLETON (SUITE)

May 2018

Allez, un peu de Brexit  pour finir la semaine ! Ce sujet ne semble plus intéresser gand monde excepté les Anglais. Même les investisseurs conviennent que le Brexit est un problème pour la Grande-Bretagne seulement, pas pour l'Europe. Et pourtant c'est un sujet essentiel.

Une crise gouvernementale perlée.

C’est un long et lent cheminement qui se poursuit avec une échéance qui se rapproche de plus en plus mais avec une Grande-Bretagne de plus en plus perdue, de plus en plus divisée et de plus en plus affaiblie politiquement. Et une Theresa May de plus en plus désemparée. La Première  Ministre a encore évité une grise gouvernementale de justesse. Et une fois de plus, elle a dû faire des concessions à son propre camp. Cette fois c'est le secrétaire au Brexit lui-même, David Davis, qui menaçait de partir. Cela aurait fait plus que désordre. Il était contre l'extension sans date butoir de l'Union Douanière, une extension que Theresa May avait proposé pour se donner le temps de résoudre le problème entre une Irlande du Nord qui va quitter l'Union européenne en même temps que l'Angleterre et une Irlande du Sud qui va y rester. Elle a finalement cédé et accepté de limiter cette extension d'un an seulement après la période de transition.

L’économie baisse du nez.

Evidemment, le Brexit pèse sur l'économie britannique et cela impacte les marchés britanniques, les taux et la monnaie principalement, un peu moins les indices boursiers. Ce que les marchés suivent de près en fait c'est la politique de la Banque d'Angleterre face au Brexit. Il s’agit d’une politique extrêmement complexe à manoeuvrer car elle est coincée entre une inflation soutenue du fait de la faiblesse de la monnaie et une croissance qui souffre des perspectives de la sortie. C’est donc un pilotage à vue un peu difficile à suivre pour les investisseurs.  Tout  le monde attend de voir comment May va s'en sortir et comment les Européens vont accepter ses propositions car tout ou presque reste encore à négocier.

En attendant, les  déménagements se poursuivent.

Les banques craignent l’incertitude du Brexit. Après Francfort, c’est Paris qui enregistre les  institutions qui se délocalisent de  Londres. Ainsi, Bank Of América prévoit de délocaliser 400 postes à Paris. Ce pourrait être l’un des plus importants déménagements du secteur financier dans le cadre du Brexit. Bank of America envisage désormais de transférer plus de postes de Londres à Paris qu’elle ne le prévoyait. Une première vague de départs de la capitale britannique sera lancée début 2019 et concernera environ 400 postes dans les équipes de marchés, de trading, de ventes et d’actifs obligataires de la banque américaine, ont précisé des sources à Reuters. La banque de Wall Street a entrepris la rénovation de 11 000 mètres carrés de bureaux à Paris, dont elle compte faire sa plate-forme européenne de trading pour ses clients après le Brexit, censé intervenir en mars 2019. Ce bâtiment pourrait accueillir plus de 700 personnes. La raison est évidente : avec le Brexit, les banques installées à Londres craignent de perdre leur passeport européen leur permettant d’exercer leurs activités dans l’ensemble de l’UE. De même, la banque HSBC a ainsi choisi de faire de Paris sa principale base en Europe. Alors que cette échéance approche et qu’aucun accord n’a été pour l’instant conclu sur les relations futures entre la Grande-Bretagne et l’UE, la plupart des grandes banques prennent les devants et ne veulent plus attendre d’obtenir des éclaircissements.  Il s’agit  pour elles de prendre des mesures pour limiter les perturbations vis-à-vis de leurs clients.

Ce qui se passe avec Trump ne va pas être de nature à attendrir les 27, même si la GB joue pour  l’instant la solidarité avec l’Union.

 


LIBERAUX ? VOUS VOULEZ RIRE !

   
Faux liberaux Liberalisme

 

Petite leçon sur le « libéralisme ».

Selon un sondage publié par Les  Echos, Macron et Philippe arriveraient en tête devant Juppé, comme  personnalités  libérales.  Juppé, passe encore, bien que sa conversion girondine soit récente. Voilà une preuve de plus de l’inculture majeure de nos concitoyens en économie. Savent-ils seulement ce qu’est le  libéralisme au pays où le marxisme reste encore un  support  de l’action politique puisque c’est à cause de cette idéologie mortifère que la gauche a explosé. Mélenchon et quelques autres ayant repris le  cher flambeau de  la lutte des classes. Pour simplifier, en France,  tout ce qui n’est pas « marxiste »  est libéral,  voire « ultra-libéral ». C’est donc  à nos  joyeux compères  des « Insoumis »  et  avant  eux,  bien d’autres, que l’on doit ce classement pour le moins fantaisiste. Parce que si Macron et  Philippe sont des libéraux, moi, je suis évêque (je n’ai rien contre les évêques). Ce sont des technocrates étatistes. Autrement dit, la politique qu’ils mènent est typiquement sociale-démocrate dans ses aspects keynésiens :  je prends  de l’impôt  et je distribue. Ce qui fait prendre des vessies pour des lanternes, ce sont les réformes menées depuis un an que la gauche  qualifie de « libérales » : la réforme du droit du travail, celle de la SNCF,  en sont les exemples emblématiques. Mais celles-ci ne sont qu’une remise  en ordre des  affaires de l’Etat qui, n’ayant plus d’argent, doit tailler et réorganiser. Sachant qu’en plus, pour la  SNCF, l’Europe impose l’ouverture à la concurrence. D’ailleurs on voit bien que la réforme du code du travail n’a rien changé en profondeur : il faut se lever de  bonne heure pour y voir  une réforme libérale. Une  politique libérale  serait  toute autre.

Rappelons quelques principes qui  fondent le libéralisme :

Les libéraux préfèrent l’initiative individuelle au dirigisme étatique.

L’Etat soit se concentrer sur ses fonctions régaliennes.

Les libéraux sont partisans de la décentralisation et croient dans la capacité d’initiative des territoires.

Les libéraux veulent que l’on puisse jouir des revenus de son travail sans subir une fiscalité confiscatoire.

Les libéraux pensent que le budget de la nation doit être en équilibre et qu’il n’est pas sain de laisser la charge de la dette à nos enfants.

Les libéraux sont conscients des enjeux environnementaux et sont persuadés qu’ils seront la clé de la croissance future.  Ce sont des écologistes réalistes.

Les libéraux se classent à droite, une droite moderne,  pro-européenne, ouverte sur les évolutions de la société, et ne se reconnaissent pas dans le dirigisme hyper-centralisateur du gouvernement actuel,  pas plus que dans le nationalisme étriqué du Front National.  

Qu’est-ce que vraiment le libéralisme   ? 

Il s’agit avant tout d’une vision de l’Homme qui consacre pour chaque individu la libre-disposition de soi, la liberté d’entreprendre et de réaliser ses ambitions mais aussi l’égalité devant la loi comme le rappelle notre Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. C’est bel et bien une philosophie de confiance dans l’être humain. Les libéraux font plus confiance aux individus libres et responsables qu’à  l’Etat omniprésent, fût-il « providence ».

L’engagement  politique,  pour un libéral, c’est d’abord faire reculer l’Etat pour qu’il se recentre sur la protection des libertés individuelles, la protection de la propriété, le droit à la sécurité. Un Etat fort en matière de police et de justice est primordial pour garantir la préservation de nos libertés et de notre propriété. Cela ne veut pas dire que le libéralisme c’est « les riches » et « les puissants » contre « les pauvres » et « les petits ». Le  libéralisme combat les rentes et le capitalisme de connivence, l’évasion fiscale, tout ce qui fausse le marché et nuit à une juste concurrence.

La crise du socialisme et de l’étatisme.

Ceux qui croient que l’Etat n’a jamais autant reculé que ces dernières années et que le libéralisme a triomphé en France, se trompent lourdement. Les dépenses publiques représentent 56% du PIB, la dette atteint 2.200 milliards d’euros et le déficit de l’Etat 70 milliards d’euros, tandis que la pression fiscale ne cesse de battre tous les records. Nous ne sommes pas aujourd’hui confrontés à la crise du libéralisme mais bien à celle du socialisme et de l’étatisme. Et Macron la prolonge.

Pour  les  libéraux, la priorité est donc de remettre de l’ordre dans nos finances publiques. Loin d’être la clé de tous les maux, la baisse de la dépense publique est un moyen pour redonner de l’air à un système asphyxié par l’impôt.

Sur le plan social, le pillage institutionnel que représente l’impôt ne résout pas la pauvreté dans un pays qui compte près de 9 millions de pauvres. Au contraire, il enraye le seul moteur fiable permettant d’augmenter la production de biens et de services et donc de réduire la pauvreté. Une politique libérale proposerait une baisse massive de la fiscalité, aussi bien pour les entreprises en réduisant l’impôt sur les sociétés à 23% que pour les particuliers….

Bref, une politique libérale aurait comme  première préoccupation de rétablir les conditions favorables  à la création de la  richesse, objectif que l’on a perdu de  vue, et  seul chemin pour le retour à un pays prospère.

Le porte-drapeau des Libéraux est aujourd'hui Virginie Calmels,  1ère Vice-présidente des  Républicains.

 

 


EUROPE : MERKEL FIXE LE TEMPO

Angela

 

L’axe franco-allemand en panne.

Avec l'élection de Macron et la réélection d'Angela Merkel, tout le monde s'attendait à une relance de l'axe Paris-Berlin et à une accélération du projet de réforme de l'Europe, avec un renforcement de la gouvernance, notamment financière.  Surtout après les discours enflammés  du président français. A moins d’un mois d’un sommet sur la réforme européenne et alors qu’en Italie un gouvernement très critique envers l’Allemagne est au pouvoir, la chancelière a enfin détaillé sa position dans une interview au « Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung ». Depuis sa réélection compliquée Angela Merkel a, en effet, été particulièrement absente. Son silence a été d’autant plus étonnant que les évènements qui se sont produits en Europe et dans le monde n’étaient pas anodins, en particulier l'affrontement avec les États-Unis sur les droits de douane. La  chancelière s’est enfin décidée à parler. Mais cette interview semble être surtout une réponse aux attentes d'Emmanuel Macron sur le renforcement de l'Europe.

Merkel fait … du Merkel.

Elle fait donc des propositions. Une manière de reprendre la main, car  la chancelière n’a  pas  l’habitude de se laisser mener par le bout du nez.  Aux yeux du locataire de l’Elysée, ses propositions vont paraître plus que timides. Angela Merkel accepte le principe de deux mécanismes limités d’entraide entre pays de la zone euro : un budget d’investissement et un système nouveau de prêts pour les Etats confrontés à des difficultés importantes. S’il  peut se réjouir qu’elle soit favorable à un Fonds Monétaire Européen et à un budget d’investissement comme il le proposait, les  limites qu’elle met en diminuent singulièrement la  portée.  Ainsi, la chancelière a détaillé la proposition allemande d’un Fonds monétaire européen (FME). Celui-ci reprendrait d’une part les prérogatives du Mécanisme européen de stabilité (MES), en accordant aux pays en crise des prêts de très long terme : « A côté de cela, je peux m’imaginer la possibilité d’une ligne de crédit à plus court terme, cinq ans par exemple, pour résister à des difficultés d’origine extérieure », a-t-elle ajouté. Mais, en contrepartie, les pays devraient accepter que ce FME ait un droit de regard et d’intervention dans leurs politiques nationales. En bref,  le fonds monétaire qu’elle souhaite n'interviendra que pour des prêts à moyen et long terme et aura le  cas échéant un droit d'intervention sur les politiques financières du pays. Et encore ces prêts ne seront accordés que si la zone euro est en danger et ils impliqueront une restructuration des dettes du pays. Bigre !

Quant au budget d'investissement, elle précise tout de suite que son montant sera très limité : « limité à deux chiffres en milliards d’euros », précise la chancelière, soit quelques dizaines de milliards d’euros, et qu'il devra être mis en place graduellement. Et ce  budget sera utilisé seulement pour pallier des besoins structurels. On est loin, très loin, des investissements d'avenir souhaités par Macron.

Macron en panne.

C'est sûr qu'Emmanuel Macron a dû être déçu en lisant cette interview. Il voyait dans ses propositions (les siennes), à juste titre, un facteur important de soutien de l'euro notamment. Macron avait évoqué l’an dernier un budget équivalant à « plusieurs points du PIB de la zone euro », soit plusieurs centaines de milliards d’euros. Le  rêve français de plus d'Europe, d’une Europe plus unie, qui se serait dotée d'un Ministre des Finances européen n'est plus d'actualité. « La solidarité entre partenaires de la zone euro ne doit jamais conduire à une union de l’endettement », où la dette serait mutualisée, a prévenu la chancelière. C’est un rappel à l’ordre et à l’orthodoxie à l'heure où la situation politique en Italie et en Espagne est fragile. Une fois de plus, la responsabilité de l'intervention dans la zone euro appartiendra uniquement à la Banque centrale européenne. Ce n'est pas une surprise. C’est aussi une sorte de leçon envoyée à la  France qui continue de s’endetter …  A  bon entendeur ! Décidément, le Président français  n’a rien compris à la logique allemande. La surenchère dont on nous abreuve désormais  sur les  économies envisagées est  peut-être destinée à amadouer la rigoureuse Allemagne, mais la ficelle est un peu grosse.  D’autant plus que « en même temps », les dépenses continuent (SNCF et tutti quanti) ! La croissance cale, les échecs extérieurs s'accumulent, La Rem ressemble de plus en plus à une auberge espagnole ... La magie du verbe ne dure qu'un temps.  Voilà des temps difficiles qui s'annoncent pour Jupiter, qui ne maîtrisent même  plus ses orages qui déferlent sur le pays.

 

 


LA POLITIQUE SELON CALMELS !

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Voilà un livre lumineux, ébouriffant de franchise, et percutant par les convictions.

Pour le  vieux routier que je suis, c’est une cure de jouvence : je me suis cru revenu presque 40 ans en arrière. Virginie Calmels affirme  des  choix dans lesquels  je me  reconnais  totalement.  Ses convictions libérales font  souffler un vent de fraîcheur sur toute cette classe politique confite dans le  modèle  social  français soi-disant indépassable et formatée à l’économie administrée de l’Etat-providence par  leur passage à l’ENA.

C’est d’abord un regard lucide sur son parcours.

Si à plusieurs reprises elle se demande « ce qu’elle est venue faire dans cette galère », c’est bien parce qu’elle doit s’adapter aux mœurs d’un monde politique bien différent de celui de l’entreprise dont elle vient. Elle découvre la vie politique à travers l’activité intense d’une campagne municipale  à Bordeaux où  Alain Juppé a réussi à l’amener pour en faire sa première  adjointe. Elle se retrouve rapidement, à la demande de ce dernier,  propulsée à la tête de la liste régionale pour un combat « perdu d’avance »  qu’elle a failli remporter. L’annonce par  son mentor qu’elle  pourrait  lui succéder à la mairie suscitera  bien des jalousies au Palais Rohan et ses succès dans ce qu’elle  entreprend font rapidement d’elle une « femme  à abattre ». Sa participation à la campagne de la « primaire » puis à la « campagne présidentielle »  lui permet  d’identifier toutes sortes de comportements et de chausses-trappes qui lui feront porter un jugement sévère sur ces « psychopathes et pervers polymorphes » qui peuplent le milieu politique. Ce qui ne l’empêche pas de continuer. Adhérente chez « Les Républicains », elle en est aujourd’hui la vice-présidente et porte haut ses convictions libérales et proeuropéennes.

 C’est ensuite une plongée dans la campagne d’Alain Juppé.

Je vais faire court : elle  n’hésite pas à dénoncer ceux qui sont responsables de la défaite d’Alain Juppé, et qui feront tout pour l’empêcher d’influer sur la ligne  d’action, alors qu’elle a  établi avec le Maire  de Bordeaux une relation de confiance : non transmission de ses messages au candidat, impossibilité de lui faire part de ses conseils pour les débats –un comble pour elle qui vient de l’audio-visuel-, sans parler des remarques méprisantes. Elle accuse Gilles Boyer de s’être arc-bouté sur les sondages pour ne pas  prendre de risques : « Je me rends compte que  l’isolationnisme entretenu par la garde rapprochée a pris des proportions alarmantes ». Elle voit dans ce fonctionnement restreint l’instrument de la défaite. Ainsi elle avait tenté de prévenir que le thème « d’identité heureuse » n’était pas compris et elle n’est pas plus entendue quand elle alerte sur la cabale « Ali Juppé ».  Et évidemment, la défaite qu’elle sentait venir a été au rendez-vous. Les Juppéistes sortiront divisés de l’épreuve : ceux qui rejoignent Macron et ceux qui restent fidèles à LR.

C’est enfin le récit d’une défaite annoncée.

Après l’échec d’Alain Juppé, Virginie Calmels intègre comme représentante du maire de Bordeaux l’équipe de François Fillon au QG.  Elle est aux premières loge pendant les cinq jours du début du mois de mars pendant lesquels on cherche un plan B  à François Fillon. Elle détaille ses interventions et ses initiatives pour que les intéressés agissent…  en vain. Chacun attendant l’autre, on connaît la suite. Un récit passionnant et détaillé nous permet de comprendre le psychodrame qui s’est joué alors. François Fillon ira jusqu’au bout avec le résultat que l’on sait. Elle  aura été loyale jusqu’au terme.

On découvre  une femme de pouvoir faite  pour la  politique.

C’est de gens comme elle dont on a besoin aujourd’hui pour renouveler les pratiques politiques.  Ce que les Français attendent le plus de ceux qui s’engagent c’est de la franchise et de la loyauté,  ces qualités dont  Virginie Calmels est pétrie.  Elle  aurait pu mettre fin à l’aventure après la défaite,   mais elle  a choisi de continuer et de poursuivre sa route au sein du parti.  Elle sait qu’elle ne succédera pas à Alain Juppé à qui elle reste attachée. Elle  n’a pas peur des  mots : elle explique par exemple en quoi Edouard Philippe (et accessoirement Gilles Boyer) est un traître, à la différence de Bruno Le Maire. Elle est fière d’être de droite. Son envie est simple : « remettre du bon sens dans l’action ». On la verrait bien à la tête de  la liste pour les européennes. 

Un livre qu’il  faut lire absolument.  Moi, je  l’ai dévoré,  ce  qui m’arrive rarement.

« J’assume » Virginie Calmels – Editions de l’Observatoire.

 


LA DETTE ? TOUT LE MONDE S’EN FOUT ! Sauf que…

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Un ouvrage sérieux du Cercle Turgot montre à quel point l'endettement public gangrène l'économie mondiale sans que ni l'opinion ni les dirigeants des pays ne s'en émeuvent vraiment. La dette mondiale, soit l'ensemble des dettes de tous les pays  de  la planète, dépasse largement le PIB mondial, soit la somme de tous les PIB, selon une étude McKinsey Global Institute (MGI). Et par « largement », il faut comprendre qu'elle est trois fois plus élevée : la montagne atteindrait 237.000 milliards de dollars à la fin 2017, et en un an, elle aurait crû de 11.000 milliards, c'est-à-dire l'équivalent du PIB annuel de la Chine, deuxième économie de la planète. Elle représente selon le FMI et sur la base des chiffres de 2016  (164.000 milliards de dollars), 225% du PIB mondial, un record !  C'est le genre de donnée qui laisse rêveur.  Tout esprit rationnel penserait que le système économique actuel est largement biaisé et va probablement s'écrouler comme un château de cartes.

L’empreinte de 2008.

La crise de 2008 a laissé des traces : à elle seule, elle aurait augmenté le poids de la dette publique de 40 %. Pour les seuls pays développés, cette dernière pesait, fin 2017, en moyenne plus de 105,4 % de leur PIB. Un plus haut depuis la seconde guerre mondiale, rappelle le FMI. Les pays les plus endettés sont le Japon (236,4 % du PIB), l’Italie (131,5 %), la France (97%). Aux États-Unis (107,8 %) la réforme fiscale lancée par Donald Trump, évaluée à 1 000 Milliard de $, devrait encore augmenter le poids de cette dette publique et le niveau d’endettement pourrait atteindre 116,9 % en 2023 ! Malgré des taux de croissance très élevés, les pays émergents ont de plus en plus recours à l’endettement, eux aussi. La dette publique des pays émergents est passée de 37,4 % du total des PIB des pays concernés en 2012 à 49 % en 2017 et devrait atteindre 57,6 % en 2023. La Chine fait fort, elle aussi : deuxième puissance économique mondiale, elle a vu son taux d’endettement passer, en 5 ans, de 34,3 % à 47,8 % de son PIB. Selon les prévisionnistes du FMI  il devrait atteindre 65,5 % à l’horizon 2023. A elle seule, la Chine représente 43% de l'augmentation de la dette mondiale depuis 2007.

Une progression inquiétante.

Cette progression générale de la dette publique inquiète le FMI dans la mesure où elle amoindrit les capacités des gouvernements à déployer des politiques budgétaires de soutien en cas de récession. Des capacités déjà très largement entamées par la crise de 2008, notamment dans les pays occidentaux. L’institution prévient : l’endettement mondial représente désormais un risque pour l'économie. « Le monde est désormais 12% plus endetté que lors du précédent record en 2009 », attribuant cette hausse à la Chine, et  ça va continuer, car les Etats-Unis ne sont pas en reste comme on l’a vu.

Les  apparences sont trompeuses.

« L'économie mondiale va très mal. La croissance se confirme, tout le monde en profite, mais ces bonnes nouvelles cachent une terrible réalité d'arrière-scène : tout cela ne marche que par endettement. Etats, entreprises, ménages se ruent sur les emprunts. Les taux sont à zéro, endettez-vous ! Endettez-vous ! Les chiffres qui viennent d'être publiés cette semaine sont déments. » dénonce Eric Le Boucher dans les Echos. Et  il précise : « Selon l'Institute of International Finance la France est le pays qui a le taux d'endettement des ménages le plus élevé d'Europe »,  ce qui n'est pas rassurant. Si les taux d'intérêt remontent, prévient Christine Lagarde, ce qui est en cours avec la normalisation des politiques monétaires des banques centrales, toute la montagne va trembler. Et si le cycle économique se retourne, comme c’est prévisible, les autorités seront privées de moyens pour faire face. En 2008, elles ont pu laisser filer les déficits et abaisser les taux, mais comme rien n'a été remis à sa place depuis, ces armes sont aujourd'hui sans munitions. Quant aux pays pauvres, beaucoup foncent vers le défaut de paiements. Une nouvelle crise pourrait donc provoquer dix fois plus de dégâts qu'il y a dix ans. D’autant plus que les conditions politiques qui avaient permis au G20 de « relancer ensemble » ne sont plus  d’actualité, et elles pourraient bien laisser place à la désunion. Mais la croissance continue de faire illusion et la fragilité du système ne cesse de croître. La crise financière a eu pour cause immédiate un excès général d'endettement. La manière dont les banques centrales ont dû affronter la crise systémique de 2008 d'une magnitude extrême a eu pour résultat de poursuivre la course à l'endettement.

Un système économique et monétaire déréglé.

La finance internationale est une galaxie noire qui échappe tellement au contrôle qu'on ne se sait même pas la mesurer vraiment. Une seule certitude : l'expansion de ladite galaxie.  Aujourd’hui, tout est financiarisé à commencer par la « raison d'être » des entreprises. Le système mis en place depuis 1970 est intrinsèquement instable : la spéculation va de bulle en bulle et l'économie de crise en crise. Pour éviter leur éclatement, Alan Greenspan a  acheté massivement des actifs. C'était reculer pour mieux sauter. Le ratio dette/PIB s'est élevé partout mais sans traduction dans l'investissement qui, au contraire, se rétracte et manque pour reconstruire des fondements solides pour la croissance. Le dollar domine de façon extravagante cette finance globalisée  avec 87 % des marchés de change, 61 % des réserves, 57 % des prêts bancaires ; ses acteurs qui  gèrent 55 % des actifs font la loi, et il reste le refuge ultime de sécurité, alors que l'économie américaine ne représente plus que 23 % du PIB mondial et 12 % du commerce international. Cherchez l’erreur ! La bonne solution serait de redéfinir le cadre institutionnel d'une coopération monétaire internationale, explique Eric Le Boucher : «  Cela nous ramène au FMI, à qui il faut redonner un rôle majeur et pas seulement de surveillance. On le devine, Donald Trump s'y opposera. »

Les Etats invités à prendre des mesures.

Fort logiquement, il faut serrer les boulons tant que la croissance est là, exhorte Christine Lagarde qui détaille les actions à mener : de la rigueur pour les Etats, les firmes et les banques ; des mesures pour éviter la flambée des prix de l'immobilier qui est générale dans les métropoles ; des amortisseurs pour tenter d'amoindrir les mouvements violents de capitaux qui affecteront les pays les plus vulnérables… Mais rien ne se passe vraiment dans ce sens, la bombe à retardement pourrait bientôt exploser et l'orchestre du Titanic continue de jouer.

Comme dit  l’autre, « on n’est pas  sorti de l’auberge ».  Mais pour l’épargnant moyen, que faire  pour se mettre à l’abri ? En attendant, la France devait mettre la croissance à profit pour s’attaquer à la réduire au lieu de laisser filer.

 


UN AN APRES, LA DROITE …

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On ne va pas se cacher la vérité : la droite n’est pas encore au mieux.

Comment pourrait-il en être autrement après une année 2017 catastrophique : défaite à la présidentielle avec  son candidat  absent du 2ème tour pour la première fois depuis le début de  la Vème République suivie d’une semi-déroute aux élections législatives, puis « balkanisation » de ses composantes, une partie du centre ayant décidé de voler de ses propres ailes. Le parti majoritaire à droite,  « Les Républicains » n’a pas été anéanti mais est sorti de l’épreuve considérablement affaibli. Et l'actualité ne lui permet d'être perçue comme il faudrait par l'opinion publique.

Macron lui tire le tapis sous les pieds.

Le parti "Les Républicains" se  trouve confronté à la politique menée par Macron, ce qui le met en difficulté pour s'exprimer : il est difficile de s’opposer frontalement à des réformes comme celle du code du travail, de  l’ouverture de la  SNCF à la concurrence ou du statut des cheminots. Expliquer à l’opinion publique qu’elles ne vont pas assez loin, c’est faire appel à des subtilités que celle-ci n’entendra pas, surtout que les médias n’aideront pas. De plus la flat tax à 30% sur les revenus du capital et le retour du bon sens à  l’école sont des mesures avec lesquelles on ne peut être que d’accord. Enfin, la conjoncture veut que le pouvoir affronte une opposition virulente de la gauche dure à laquelle il se doit de résister, ce qui contribue à le « droitiser » alors qu’on assiste simplement à un épisode de l’affrontement séculaire entre  les  marxo et les démocrates socialistes. Le Président s’en réjouit. Non seulement il s’est débarrassé du Parti socialiste et rêve de Mélenchon comme seul opposant, mais il s’est doté de ministres issus de la droite,  afin de mettre tout en œuvre pour tenter de dynamiter le noyau dur qui résiste, notamment avec "Les Républicains".  Du coup son discours  fait pour séduire une grande partie de la droite modérée est plus facile à tenir et beaucoup s’y laissent prendre. Pourtant les ficelles sont grosses. 

La droite a des angles d’attaque.

Sa politique offre néanmoins des aspects plus critiquables que l’opposition de droite peut exploiter : la lutte insuffisante contre le terrorisme, l’immigration qui explose, un penchant pour le  communautarisme de plus en plus visible, que l’expression « les deux mâles blancs » illustre assez bien, sont des thèmes qu’il ne faut pas laisser qu’au FN. L’autorité de l’Etat, l’augmentation des impôts et l’imbroglio de l’abandon de la taxe d’habitation, la hausse des dépenses et le sujet de la dette, donnent du grain à moudre d’autant plus que le rapport de la Cour des Comptes en apporte la preuve. Les propositions avancées par Laurent Wauquiez s’avèrent en phase avec une large partie de l’électorat de la droite et du centre, elles finiront bien par produire leur effet. On en a eu une petite idée, une nouvelle fois, avec son intervention plutôt bien reçue à la dernière « Emission politique ».

Le parti est convalescent.

Laurent Wauquiez a  récupéré un parti en lambeaux. Son élection bien que nette et sans bavures n’a pas plu à tout le monde.  Certains en ont profité pour se mettre en retrait. D’autres ont été tentés  par les sirènes du pouvoir en place,  mais,  effrayés par le caractère « jupitérien », hésitent à franchir complètement le Rubicon, sachant pertinemment que leur démarche relève du suicide. Et puis il y a ceux qui ont été élu à la tête de Régions avec l’apport des voix socialistes et qui entendent préserver leurs chances, tels Estrosi et Bertrand, croyant qu’en mettant leur drapeau dans leur poche, ce sera moins compliqué. A l’intérieur du parti, Valérie Pécresse entend jouer sa partition personnelle. Je  conteste sa thèse des "deux droites",  c'est une posture de  plus  !  Je pense néanmoins que la ligne de reconstruction qui a été choisie est la bonne : la situation a permis de faire émerger une nouvelle génération d’élus et de porte-paroles qui ont du tonus. Le parti est en train de se donner les  moyens de la reconquête. Paris ne s’est pas fait en un jour, il faudra de la patience. La nouvelle équipe a le devoir de réinventer un grand dessein pour notre pays, sans s’occuper des états d’âme des centristes, des « pudiques » et encore moins des extrêmes. L’élection l’année prochaine du parlement européen offre une occasion de présenter un projet dont tout le reste dépendra : la sécurité, la défense, la protection sociale, la réalisation de grands projets en phase avec notre siècle et que la France ne peut mener seule. Edouard Balladur donne des pistes réalistes  dans une tribune du Figaro dont on pourrait s’inspirer.  Et « en même temps » il faut songer à proposer les moyens de réduire les déficits et désendetter le pays.

Le clivage gauche-droite perdure.

Justement, une étude IPSOS-Cevipof montre que la fracture gauche-droite est persistante, n’en déplaise aux partisans du « nouveau monde ». Un électeur sur deux n’est pas du tout satisfait de la politique d’Emmanuel Macron et même si celui-ci s’est « droitisé » dans la  perception qu’en ont  les Français (51% le classent à droite), il se heurte toujours au clivage  gauche-droite sur le terrain des valeurs ce qui montre qu’il n’est pas en mesure d’occuper l’espace politique de la droite. C’est une bonne nouvelle pour « Les Républicains » : je  reste en effet convaincu que nous n’avons rien à gagner à échanger le débat gauche-droite contre un débat entre un centre flou, mais césarien, et les extrêmes. Deux visions responsables du monde qui s’affrontent valent mieux  que le risque « à l’italienne ». Et je suis persuadé aussi que le moment où  les  électeurs de  la droite et du centre  vont enfin découvrir la réalité du pouvoir macronien se rapproche : « en même temps » à ses limites, c’est une posture, pas  une politique ! La  droite est appelée à reprendre des couleurs.

La  droite a besoin  de  tous.  Rappelons toutefois à nos amis,  qu’il est important de réadhérer… « Les Républicains » : « What else ? »