LE FAUX LIBERALISME D’EMMANUEL MACRON
09 juillet 2018
Le Président peut pérorer tant qu’il veut et continuer à faire croire qu’il fait du « en même temps », si la politique qu’il mène est vue comme « ultra-libérale » par le gars Jean-Luc, elle n’en est pas moins une politique de gauche classique sociale-démocrate, faisant quelques concessions au « capitalisme » faute de pouvoir s’en passer, mais profondément dirigiste et étatiste. Tant que je ne le verrai pas « détricoter » toutes les lois et tous les règlements qui corsètent étroitement l’économie, mettant la liberté d’entreprendre et l’initiative privée sous contrôle de « l’Etat-stratège » et autres fadaises, je combattrai ce que j’appelle une escroquerie intellectuelle. Il est, comme ses prédécesseurs et pour les mêmes raisons, condamné à l’échec. Celui-ci commence à se voir malgré les efforts des médias pour le masquer. Et de voir tous ces gens de droite qui se laissent avoir, parmi les plus instruits, cela me laisse pantois. Mais j’ai une explication : ils ne savent pas ce qu’est le vrai libéralisme.
Et d’abord, le constat.
Et si on commençait par faire un simple constat : le socialisme est en échec, même dans sa version modérée sociale-démocrate. Partout la sociale-démocratie est en panne de logiciel et n’arrive pas à renouveler sa pensée. La France où elle est minoritaire à gauche, n’échappe pas à la règle et la première année de pouvoir de Macron en est une belle illustration. Malgré quelques timides réformes et une relance keynésienne avec un énième prélèvement d’impôts pour relancer la machine ( 24 milliards d’euros avec la hausse de la CSG), l’embellie de croissance qui venait de l’extérieur retombe sans que nous ayons pu commencer à redresser nos comptes, à rembourser la dette, à relancer durablement l’activité de nos entreprises. 24 milliards prélevés en pure perte partis alimenter, comme les précédents, le tonneau des Danaïdes, n’améliorant ni le sort des pauvres toujours plus nombreux, ni le chômage structurel et laissant en actualité permanente le thème de « la pauvreté » qu’il faudrait éradiquer. Tant qu’on fera la même politique, il n’y a aucun espoir d’y parvenir, puisqu’on se paie le luxe, si je puis dire, de creuser encore un peu plus la dette ! Si le social-étatisme ça marchait, ça se saurait depuis le temps qu’on l’applique !
En France, l’offre libérale n’a jamais été présentée.
Exceptés François Fillon, chose exceptionnelle, qui a présenté un volet économique franchement libéral dans son projet présidentiel, et dans une moindre mesure Alain Juppé, les projets de gouvernement depuis des lustres tournaient autour d’une même démarche étatiste. Au point que l’échec de la droite comme de la gauche à force de se complaire dans l’étatisme, la réglementation, la centralisation, a rendu tout changement de majorité illusoire et toute alternance vide de sens. On s’étonne ensuite que les Français se tournent vers les extrêmes ou se réfugient dans l’abstention. C’est l’échec de l’économie dirigée qui fait que les Français vouent une défiance massive à la classe politique. C’est bien qu’ils attendent autre chose ! Mais encore aujourd’hui, une grande partie de la droite et du centre ne croit toujours pas à l’alternative libérale, il suffit d’entendre François Bayrou ou même Valérie Pécresse avec sa hausse du SMIC. Et demandez à Laurent Wauquiez s’il faut privatiser Air France, il vous répondra que non.
Il ne suffit pourtant pas de montrer l’échec économique et humain du socialisme. Les déboires et les injustices que notre peuple subit n’ont rien à voir avec le vrai capitalisme. La crise de l’emploi et de son corollaire, la pauvreté, est le sous-produit d’un capitalisme frelaté, amputé justement de sa dimension libérale. La grande nouveauté de notre temps, c’est de construire méthodiquement une alternative libérale. Elle n’a jamais été vraiment présentée aux Français, par aucun parti, et la plupart de nos concitoyens ignorent que de nombreux pays ont pu éviter la crise ou en sortir sans dégâts majeurs en acceptant les réformes libérales : le Canada, l’Australie, la Suède, l’Allemagne.
Réconcilier le capitalisme avec le libéralisme.
Nous vivons les derniers soubresauts du capitalisme frelaté, où le succès économique n’est plus la récompense des services rendus au bien commun, passés au filtre des marchés libres et ouverts, mais le résultat du « carnet d’adresses » et des pots-de-vin, de la collusion entre monde des affaires et hommes d’Etat, de la corruption sous des formes subtiles et souvent légales par l’octroi de privilèges, de monopoles, de souscription à des marchés publics, de subventions ou tout bonnement de discriminations fiscales… avatars visibles et connus du dirigisme. On présentera ces tares en les mettant sur le dos du capitalisme, en s’appuyant sur les apparences marchandes des contrats, des sociétés, des directeurs, des crédits, des profits, fruits des montages savants des oligarques, tous sortis de l’ENA. Nous vivons mal l’adaptation à l’économie mondialisée car elle a ouvert des brèches en mettant les Etats en compétition, alors que certains ont misé sur la vraie liberté économique pour se développer et croître. Elle met en lumière tous nos modèles inefficaces : corporatisme, fonctions publiques, droits acquis.
La France a des atouts. Elle s’en sortira si elle mise sur le capitalisme réconcilié avec sa dimension libérale. Car la liberté économique n’est qu’un aspect du capitalisme, mais il est essentiel. Et c’est la dimension humaniste qui nous donne la clé : la liberté des actes est ordonnée à la dignité des personnes. C’est cette dernière qui inspire et légitime le système d’économie de liberté. Autrement dit, le système capitaliste ainsi défini est celui qui permet de restaurer la créativité de l’être humain, sa propriété, sa responsabilité, et de développer le sens du service de la communauté, car nul ne peut y réussir sans satisfaire le besoin des autres, de choisir la confiance et la foi en la parole donnée plutôt que la méfiance et la contrainte. Cette corde « libérale » doit être adjointe aux autres qui constituent le socle de la droite.
Faire référence « aux valeurs » n’est pas suffisant d’autant plus qu’elles reposent sur des notions floues aux interprétations diverses. La liberté économique, le capitalisme libéral, reconnaissent les fonctions régaliennes de l’Etat, ne sont pas contradictoire avec l’esprit civique et peuvent être les vrais moteurs de l’économie de marché sans renier le sentiment national, bien au contraire. L’échec sans appel de Nicolas Sarkozy à la primaire a mis fin à la culture bonapartiste de la droite et Laurent Wauquiez ferait bien d’en prendre conscience, s’il veut que ça « imprime ». Néanmoins, les accommodements entre libéralisme économique, politique et conservatisme social ne sont pas des vues de l’esprit, la « synthèse » élaborée par François Fillon en témoigne. Un projet qui n’aliénait aucune composante de la droite. Voilà un héritage qu’on ferait bien de faire fructifier et qui était un chemin possible vers une société de liberté.
N.B. Il faut enseigner « l’économie libérale » en économie dès le lycée, ce qui n’est pas vraiment fait aujourd’hui.
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