LES JOLIES COLONIES DE VACANCES….
28 juin 2018
Merci Manu, Merci Manu, aurait chanté Pierre Perret !
Voilà ce qu’est devenue la promesse de rétablir le « service militaire ». Il vaut mieux en rire, car ce serait plutôt à pleurer tellement la montagne accouche d’une souris. C’est le sort réservé aux promesses inconséquentes. Celle du « service » en était une dès le départ : tout lemonde en connaissait le coût et savait qu’on n’avait pas les moyens. Alors dans ces conditions, ne valait –il pas mieux renoncer que de nous sortir cet ersatz insignifiant ? Car tel qu’il a été présenté par Jean-Michel Blanquer, le « service universel », désignation aussi pompeuse que creuse, apparaît comme le parfait exemple d’une ambition oblitérée par la réalité. La mise en oeuvre particulièrement complexe qu’il nous promet ne mérite certainement pas l’intensité de l’effort qu’elle exigera.
Pour le « melting pot » c’est raté.
Depuis longtemps on sait que le service (militaire ou civil) représente un excellent instrument pour mêler les couches sociales et qu’il peut aider à forger des âmes plus solides chez les jeunes. Le problème vient de ce que le candidat Macron a fait cette promesse sans trop avoir étudié le dossier. D’abord, on constate qu’il n’est pas très sûr lui-même de ce qu’il veut faire d’un service « national », alors que le service civique existe déjà, sachant aussi qu’il est clair que l’armée n’en prendra pas la responsabilité : une période aussi courte ne permettrait pas de transformer les jeunes gens en bons soldats et elle n’a plus les moyens d’assurer un encadrement. Avant de lancer l’idée, il aurait fallu évaluer les coûts de l’entreprise. Pour un seul mois de service, la facture serait de 1,7 milliard, avec seulement 15 jours de « brassage social » et 15 jours d’engagement personnel. Et encore, on ne sait même pas où seront hébergés les « conscrits ». Il n’y a plus de casernes, elles ont été démantelées. On a bien pensé aux internats mais ils n’offrent que 147 000 places alors qu’une classe d’âge comprend 750 000 individus, filles et garçons. Tout ça pour qu’un jeune n’appelle pas le président « Manu » ? De fait, le dossier a été confié au ministre de l’Éducation, , ce qui veut dire que le gouvernement se contente de prolonger d’un mois les cours de civisme. C’est un peu court, c’est cher et, si les prévisions exposées par M. Blanquer, par ailleurs ministre efficace et respecté, vont jusqu’en 2026, on a tout lieu de penser que le projet risque de s’effilocher avec le temps. Franchement, il n’y avait aucune urgence à lancer un système aussi compliqué et onéreux. D’ailleurs le fait qu’il cible des jeunes de 16 ans n’est pas sans soulever de multiples questions. Il est fort possible que des résistances de familles cherchent à s’opposer à la participation de leurs enfants aux séquences qui seront proposées. Je pense notamment aux filles de certaines familles musulmanes « conservatrices ». j’attends donc avec curiosité de voir comment la mise en place va être gérée.
Le retour de la croissance molle.
Voilà un projet dont on pourrait bien se passer. Des dépenses qu’on qualifiera d’inutiles alors que l’affaiblissement de la croissance dont nous avions à peine commencé à goûter les délices fait qu’elle tend déjà à disparaître, ce qui entraînera pour la France des difficultés budgétaires accrues. En plus, le temps géopolitique devient extrêmement mauvais. Il va y avoir fort à faire avec les dangers qui pèsent sur l’Europe et les risques de récession induits par les coups de Donald Trump. La crise migratoire n’est qu’un épiphénomène, le plus grave est ailleurs. Le mécontentement populaire monte. Le gouvernement ferait bien de réduire la voilure des réformes si elles doivent se limiter à du symbolique comme celle du service militaire. Pas de sous, pas de réformes !
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