NOTRE SOCIETE PAIE L’ABSENCE DE VERTICALITE
19 juin 2018
La délinquance juvénile explose.
Partout. Dans les écoles, au cœur des villes, dans les banlieues, à la campagne même ! Et de plus en plus elle se présente sous une forme organisée, quasi professionnelle. Ce sont les cambriolages, des vols de véhicules, et cela va jusqu’à des vols violents avec armes. Dans les cours de récréation, des bandes rivales s’affrontent. Elles sont le fait de mineurs de moins de 18 ans dans des proportions qui vont croissant au fil des années. Le phénomène est aggravé par les mineurs étrangers délinquants qui errent dans nos villes et passent entre les mailles du filet d’une police et d’une justice démunies pour traiter leur cas. Pourtant, il n’y a que les naïfs et les idéologogues qui s’en étonneront.
Des causes multiples, évidemment.
La France assiste impuissante à cette pandémie de violence qui prend toutes les formes : nouvelle guerre des boutons, mais avec des kalachnikovs, qui opposent des quartiers, rodéos urbains au mépris de la loi qui pourrissent la vie des habitants, les femmes violentées au gré des pulsions de jeunes sauvageons, les gares et les trains devenus terrains de jeu favoris de ces nouveaux barbares … On invoque l’ignorance et l’obscurantisme dont les progrès sont fulgurants, l’inefficacité des juges et des éducateurs qui font ce qu’ils peuvent. Mais nous avons nous-mêmes abandonné le terrain : à la défaillance judiciaire d’un droit inadapté au comportement de ces jeunes qui n’ont plus rien d’enfants, il faut ajouter la défaillance culturelle qui laisse trop de terrain aux pulsions communautaires et la défaillance éducative des parents et de l’école. Tout cela est avéré.
L’absence générale de verticalité.
L’origine du phénomène tient, en effet, dans l’absence généralisée de « verticalité ». Comme l’explique le pédiatre célèbre Aldo Naouri, tout commence par l’enfance. L’éducation, c’est la verticalité ! Il explicite : « C’est la capacité de dire « non » à un enfant ! C'est un enfant pour lequel les quatre premières années de sa vie ont servi à le conduire à son statut d'humain. Un nouveau-né, et c'est immuable depuis 7 millions d'années, est un être de pulsions qui mord dans la vie avec pour seule boussole le principe de plaisir. L'éducation est là pour lui opposer le principe de réalité, pour lui montrer qu'il n'est pas seul au monde et qu'il doit tenir compte des autres. Acquiescer sans discernement à ses demandes développera sa toute-puissance infantile, dont les manifestations sont multiples, des troubles du sommeil à l'agitation. Il croira devoir conserver son rapport à la toute-puissance toute sa vie. Cette affaire, si elle est bien menée, est jouée à 4 ans. On peut encore la rattraper, avec des efforts plus ou moins grands, jusqu'à 12 ans. » Et comme notre époque est propice à l’enfant roi qui veut imposer sa toute-puissance en toutes circonstances, il est indispensable que quelqu’un lui rappelle constamment les « limites ». Car ce sont ces limites qui sont aptes à le rassurer : c’est quand on est capable de réprimer ses pulsions qu’on devient capable d’efforts. Si l’ascenseur social fonctionnait autrefois, c’est parce que les deux -famille et école- pratiquaient le même principe d’autorité, la même verticalité. Comme l’enfant, l’adolescent a besoin de se sentir intégré dans un ensemble où existe une hiérarchie. Si la société ne la lui fournit pas, il s’en invente une, hors-la-loi. Le principe d’autorité a disparu dans la famille -quand elle existe encore-, et a bien du mal à être appliqué dans l’institution scolaire. Les enseignants ne sont pas naturellement des êtres de pouvoir, ils sont des êtres de savoir et de transmission. Comment faire quand il faut déjà se battre pour faire cours !
Et puis, il faut le dire, l’exemple vient de l’Etat lui-même. Celui-ci est le reflet d’une défaillance collective qui a pulvérisé les hiérarchies. Que penser du principe d’autorité quand un Etat n’est même pas capable d’expulser 300 zadistes qui occupent indûment des terres qui ne leur appartiennent pas ? Ce principe d’autorité qu’un Président est obligé de rappeler à un adolescent irrespectueux qui l’interpelle d’un « Manu » un peu trop familier ! Et ne parlons pas de la justice imprégnée d’idéologie soixante-huitarde toujours prête à excuser …
Il faudrait reprendre le travail éducatif : il sera long et difficile mais lui seul évitera « le choc des incultures ». À l'adolescence, c'est extrêmement difficile. Cela passe par le rappel constant des limites. Encore faudrait-il que ce travail soit entrepris.
Je vous conseille de lire l’interview qu’Aldo Naouri avait donnée au journal Les Echos le 20/10/2017, on la trouve facilement sur internet. Tout y est !
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