LE TONNEAU DES DANAÏDES.
12 juin 2018
Ah, les inégalités !
Je lisais l’autre jour Manuel Valls qui s’exclamait : « il faut réduire les inégalités ! ». Mais qu’ont-ils donc fait pendant cinq ans que les socialistes étaient au pouvoir avec cet objectif constant au point de rendre la fiscalité confiscatoire pour redistribuer aux « pauvres » ? Ils n’ont cessé d’élargir les mises sous condition de ressources au détriment des mêmes et au profit des mêmes et d’affranchir une frange toujours plus large de nos compatriotes de l’impôt sur le revenu si bien que 1% paie 25% de l’Impôt sur le revenu et les 10% les plus aisés paient 50% de l'addition IR + CSG + TH, une proportion qui pourrait s’accroître encore en 2018 si 80% des assujettis à la TH sortent de l’assiette de l’impôt. Et voilà qu’on vient encore nous dire que les inégalités se creusent ! Statistiques de l’Insee à l’appui ! Quand comprendront-ils que leur raisonnement est une machine à fabriquer de la pauvreté parce qu’ils prennent le problème par le mauvais bout. Il suffit de regarder les économies de notre vaste monde : celles qui s’appuient sur le libéralisme et la liberté d’entreprendre produisent plus de richesse que celles qui promeuvent le dirigisme étatique et les pauvres y sont moins pauvres. La France est un cas quasi extrême, excepté les rares économies totalitaires communistes qui perdurent, de pays dit « libéral » alors qu’il est complètement « socialisé ». Au point qu’on n’a même plus besoin des socialistes !
La redistribution : une machine à généraliser la pauvreté.
L’idéologie économique française valorise depuis Colbert et Louis XIV l’Etat entrepreneur et stratège, que les Jacobins ont ensuite repris à leur compte, irriguant tous les courants politiques. On y a rajouté le modèle social d’Etat-providence en 1945, avec le programme du Conseil National de la Résistance entériné par De Gaulle. De fait, en France, l’Etat est toujours prêt à se substituer au marché et le bien-être ne peut provenir que de son action. A crédit s’il le faut, quand l’économie dont on a faussé les règles ne produit pas la richesse attendue. C’est un cycle infernal qui s’est progressivement mis en place et singulièrement aggravé depuis Mitterrand. La retraite à 60 ans non financée ou les 35 heures généralisées font partie du florilège des décisions anti-économiques pourvoyeuses de déficits, d’assistance et de pauvreté. Comme la redistribution ne peut se faire par l’emploi et les salaires d’entreprises croulant sous les charges, c’est l’Etat qui y pourvoie en se procurant la ressource nécessaire par l’impôt et aussi, malheureusement, par l’emprunt. De la croissance à crédit qui génère du déficit commercial qui en annihile le bénéfice. Moyennant quoi on augmente le chômage et le poids de l’assistance. Cercle vicieux ! Expliquez-moi comment avec 729 milliards d’euros de transferts sociaux sur 1257 milliards, on a 3 millions de chômeurs et 6 millions de précaires… Les dépenses publiques atteignent 56,4% du PIB quand les recettes culminent avec un taux de prélèvements obligatoires record de 45,4% ! L’écart entre dépenses et recettes en dit long ! Si le système marchait, ça se saurait !
La dette et les déficits : toujours plus d’impôts.
Macron, que l’on présente comme le sauveur de l’Europe a poussé ce cri du cœur à l’adresse de notre voisin : « En Allemagne, il ne peut y avoir un fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux, car ils se font aux dépens des autres ! » C’est sûr, ce n’est pas à notre pays que ça arrivera ! Qu’est-ce qui empêchait les Français de se mettre en situation de concurrence avec nos partenaires européens en utilisant l’euro qui facilitait les échanges, comme l’on fait les Allemands. Mais la France a fait le choix de se mettre sous la protection de la monnaie commune pour pratiquer une politique budgétaire laxiste. On en paie aujourd’hui la facture. On comprend alors que proposer un « budget spécifique » européen éveille la crainte chez nos voisins d’y voir une tradition dirigiste accro à la dépense publique.
Ce cri du cœur d’Emmanuel Macron est révélateur de son état d’esprit. Adepte de l’Etat providence qu’il ne remet pas en cause, sa politique prolonge celle de son prédécesseur avec quelques adaptations taxées de « libérales » imposées plus par la réalité que par des convictions. Il n’envisage pas de baisser la dépense publique qui obligerait à remettre en cause le périmètre de l’Etat. Il est donc condamné à continuer dans la voie de l’augmentation de la pression fiscale et de l’emprunt. C’est d’ailleurs ce que lui rappellent ses trois économistes de service : les trois hommes préconisent des mesures précises comme la « taxation plus lourde des grosses successions ». Dans le même ordre d'idée, MM. Aghion, Martin et Pisani-Ferry conseillent au président de différer la suppression de la taxe d'habitation des 20 % les plus aisés. Ils recommandent par ailleurs de revoir « les aides aux entreprises » et « l'extinction des aides à la pierre ». Bonjour les dégâts si on asphyxie un peu plus les entreprises et le bâtiment. Comme il faut préserver ceux, toujours plus nombreux, qui sont dans la précarité, la base de ceux qui sont sollicités se rétrécit et ils paient toujours plus. Ainsi les retraités considérés aujourd’hui comme riches. Le ras-le-bol fiscal va en plus être exacerbé par le prélèvement à la source qui, supprimant le consentement à l’impôt, cache l’individualisation, la fin de la prise en compte de la famille, et prépare à terme la fusion avec la CSG. Les classes moyennes ne sont pas au bout de leurs peines.
On va donc continuer à remplir le tonneau des danaïdes.
C’est le système qui génère les inégalités. Il oublie principalement l’essentiel : il faut produire la richesse avant de la partager, et ce sont les entreprises, pas l’Etat, qui en sont capables. Tant qu’on ne les mettra pas en situation de participer à la compétition internationale avec les mêmes chances que leurs concurrentes, la France continuera de s’appauvrir. On va donc continuer à augmenter les prélèvements, faire semblant de réaliser des économies, tirer des plans tous azimuts… Il y aura évidemment de moins en moins de riches et toujours plus de pauvres, car imaginer que ce que l’on prend aux uns permet aux autres de s’élever est une fiction, d’autant plus qu’en réalisant l’opération on diminue la richesse produite. Depuis le temps qu’on a mis ce dispositif en marche, il ne devrait plus y avoir d’inégalités dans notre pays. Or on n’a jamais eu autant de précarité et de pauvreté. Parce que c’est comme remplir un puits sans fond : la redistribution une fois partagée, ce sont des miettes que reçoivent les destinataires. Cela débouche sur l’assistance généralisée et pourquoi pas, en phase ultime, le revenu universel pour suppléer au manque d’emplois que l’économie se révèle incapable de créer. Alors, faute de capitalistes locaux, on peut toujours faire venir des investisseurs étrangers pour créer quelques emplois, mais il faut savoir qu’ils rapatrient chez eux leurs bénéfices. Il suffit de regarder notre balance des paiements.
Notre pays si talentueux mérite une autre politique !
Commentaires