QUAND MICHELE MET LES PIEDS DANS LE PLAT…
21 juin 2018
… Tout le monde en prend pour son grade !
La récente crise chez Les Républicains avec l’éviction de Virginie Calmels aura eu au moins le mérite de réveiller sinon une dinosaure, du moins une dragonne. Michèle Alliot Marie dit tout haut ce que nombreux pensent tout bas.
Comment notre famille a-t-elle pu à ce point se fractionner ?
Elle souligne d’abord l’immense responsabilité d’Alain Juppé et de ses partisans dont une grande partie a changé de camp. Au lieu de se retrancher sur son Aventin pour ruminer sa défaite, et de préférer laisser ses aigreurs prendre le dessus, son devoir était de faire face. Il a donc laissé ses troupes partir à vau l’eau au lieu de jouer son rôle de « pater familias » au sein de sa famille dont il a été l’accoucheur en 2002. Bien que le résultat de la primaire ait été sans appel, il n’en devait pas moins l’affronter en continuant de peser au sein du parti du poids moral que personne ne lui aurait contesté. D’autant plus que la présidentielle a connu le résultat que l’on sait. On aurait peut-être évité toutes les défections et factions actuelles.
Le rôle de la loi sur le nom cumul des mandats.
Elle a été un accélérateur de particules. Les élus n’ayant plus de repli, leur mandat devient « vital ». Pour quelques présidents de régions, le prétexte était trop facile pour prendre ses distances avec Les Républicains, une étiquette utile au moment de leur élection mais devenue un handicap pour un renouvellement de mandat dès lors qu’on a été élu avec un appoint important de voix socialistes face au FN : ils ont donc fait le choix peu courageux du « sansétiquettisme ». Ils croient ainsi améliorer leurs chances, mais ils pourraient bien déchanter le moment venu. Il faut toujours se méfier de l’électorat quand on essaie de lui faire prendre des vessies pour des lanternes. C’est la partie qu’ont choisi de jouer Xavier Bertrand et Christian Estrosi. Plus quelques maires de grandes villes comme celui d’Angers.
La ligne Wauquiez.
On avait pensé que l’alliance au moment de l’élection à la présidence des Républicains avec la libérale et juppéiste Virginie Calmels ferait démarrer le parti sous le signe d’un rassemblement plus large que celui offert par le socle fillonniste de la primaire. Elle avait le mérite de corriger l’image un brin droitière d’un Laurent Wauquiez qui n’en a jamais fait mystère. Un tandem, donc. Le résultat a été sans bavure : 74% et 100 000 votants pour le fauteuil de président. Personne ne pourra jamais dire combien a pesé la présence de la n°2 dans le scrutin, probablement un cheval contre une alouette. Mais l’image était là ! Encore fallait-il assumer cette présence. On voit bien huit mois après, que le pari était impossible à tenir pour Laurent Wauquiez pétri de ses certitudes qui lui ont fait gagner largement sa région, et soutenu par un entourage à sa main et plus royaliste que le roi. Il se trouve que Virginie Calmels a du caractère et des convictions. Et elle n’a pas tardé à le faire savoir. Inutile de revenir sur les circonstances : dans un divorce chacun dit avoir raison. Les deux tiers des adhérents, par définition « bonapartistes », approuvent le chef. Il reste qu’un tiers désapprouve et ça n’est pas rien pour un parti qui court après ses adhérents. On fera un simple constat : dans cette affaire, le parti donne l’image de se rétrécir encore un peu. Tout le monde y perd, Laurent Wauquiez comme Virginie Calmels.
Se donner le temps ?
Revenons à Michèle Alliot Marie. Elle affirme qu’il faut arrêter le dénigrement et la critique systématique. Certes, elle a raison de dire que le président actuel est « dans le collimateur de certaines ambitions personnelles » et qu’il faut « respecter les choix démocratiques »… surtout quand on n’a pas eu le courage de se présenter contre lui. Que Laurent Wauquiez ait besoin de temps pour reconstruire une famille en lambeaux, on peut en convenir et personnellement j’étais prêt à l’y aider. Et comme notre amie députée européenne, je vais « juger ce qu’il va faire concrètement dans les prochains mois ». J’attends, comme elle le dit si bien, « qu’il fédère les envies ». Le limogeage brutal de Virginie Calmels n’en est pas un bon signe : sans entrer dans le débat infini des responsabilités, la question du management est posée aussi. Le Président sera-t-il capable de se remettre en cause ? Qu’il y ait des débats, c’est normal, encore faut-il qu’ils ne servent pas à saper l’unité du mouvement au point de mettre le parti en péril de mort. Comme je n’ai pas le culte du « chef-a-toujours-raison », je suis tenté de renvoyé les protagonistes dos-à-dos. Mais Valérie Pécresse et Jean-François Copé feraient bien d’écouter eux aussi l’avertissement de Michèle Alliot Marie. A faire les sourds, là encore, tout le monde y perdra. D’autant plus que l’épisode que nous venons de vivre tombe comme pain béni pour des médias anti-Wauquiez qui n’en demandaient pas tant !
En attendant, je continue de regretter le départ de Virginie Calmels que je vis comme une amputation de l’aile libérale d’un parti rongé par la tentation « illibérale » de certaines droites européennes.
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