SOURIEZ, C'EST L'ETE !
11 juillet 2018
OUF, Y A DU RESEAU !
On vient à peine de se lever et déjà les ordis sont allumés. Pour eux, pas de problème, la wi-fi fait le job et la « box » se laisse faire. Les engins sont connectés. Mais depuis que le smartphone a remplacé le portable, en fait on est « branché » sur le réseau 24h sur 24. C’est quoi le « réseau » ? On ne sait pas vraiment, alors on dit Internet, ça fait savant pour pas cher. Mais comme beaucoup de gens, on ne sait pas vraiment comment ça marche. Il faut bien en passer par là puisque le « fixe » ne sert plus que lorsqu’on est près de lui. Et encore.
Bon, mais ça, c’est quand tout va bien et qu’Orange ne nous fait pas de misères. On a connu une époque où c’était la galère, la « box » décrochait sans arrêt. C’était parait-il parce qu’on était en fin de boucle. Puis un technicien plus malin s’est aperçu que notre prise de raccordement au réseau téléphonique était très érodée en raison de son grand âge. Une fois remplacée par une neuve, nos problèmes avaient disparu. Depuis les décrochages sont devenus rares et nous prenons la précaution de tout débrancher, y compris la prise téléphone, chaque fois que nous nous éloignons pour quelques jours. Chat échaudé craint l’eau froide. Il a suffi qu’on oublie une fois pour qu’on retrouve la « box » cramée à cause d’un orage.
La « box » est devenue le centre névralgique de la vie familiale. Enfants et petits-enfants, à peine arrivés, réclament la clé de connection pour pouvoir profiter du réseau. Je l’ai photographiée dans mon « smart » pour éviter la gymnastique indispensable pour énumérer la liste longue comme un jour sans pain de chiffres et de lettres. Tous sont munis de tablettes, de iphones ou de ipads et autres objets connectés. Dans le monde connecté, il y a les « avec fil » et les « sans fil ». Ces derniers ont pris le pas sur les premiers. Mais pourquoi donc se connekton ? (pardon, se connectent-on). De jour comme de nuit, à la maison ou sur la route, en voyage ou au travail (pour ceux qui bossent), en haut débit ou bas débit, nos écrans servent pour jouer ou pour consulter nos messages, pour suivre la vie de la famille ou des amis sur Viber ou Whatsap, pour travailler aussi… nous sommes connectés. On va sur la page facebook pour lire les derniers « post » arrivés sur le « mur », écrits par des connaissances le plus souvent, mais aussi des inconnus, amis de nos amis…
Quel que soit l’endroit où l’on se trouve, l’important, c’est : « y a-t-il du réseau ? » C’est aussi vital que le soleil. Ainsi nous avons une résidence secondaire dont nous avons supprimé la ligne téléphonique fixe. Payer un abonnement pour si peu de consommation, ça ne valait plus le coup depuis que nos téléphones mobiles nous permettent de rester joignables ou d’appeler partout. Sauf qu’Internet, c’est comme « les bras et le chocolat » : plus de ligne, plus de connection. Nous avons donc opté pour la clé 4G, dénommée option « nomade » dans notre abonnement (sans la caravane ni la guitare). Elle nous permet de connecter l’ordi portable au réseau mobile. Enfin quand il est disponible. C’est qu’à certaines heures, à certaines époques, au bord de la mer, nous ne sommes pas tout seuls à vouloir utiliser le dit réseau, et il sature, l’animal. Il faut se brancher tôt le matin quand les djeunes roupillent, par exemple. Quelle galère pour vaquer à nos occupations « webiennes » quotidiennes !
Bah, à quelque chose malheur est bon. On a plus de temps à consacrer à la lecture ou à la promenade dans le monde réel, et ça fait grand bien : sentir le vent, humer les odeurs iodées de l’océan, sentir la caresse des rayons du soleil sur la peau et … rencontrer des vrais gens avec qui « causer ». Car plus nous sommes connectés, en vérité, plus nous sommes déconnectés de la réalité du monde physique. L’écran peut nous transporter partout, et c’est à peine si on regarde le temps qu’il fait dehors. Mais l’écran est aussi un as du virtuel qui fait plus vrai que le vrai. La différence entre le vrai et le faux n’a jamais été aussi difficile à établir et plus nous nous connectons, plus nous mettons d’écrans entre nous et la réalité du monde extérieur, quelle qu’elle soit. Au point que l’informatique fait écran entre les choses (ou les informations) et ce que nous croyons qu’elles sont. Vous suivez encore ? J’ai envie de dire qu’avec les objets connectés nous sommes devenus des « sujets » connectés. Esclaves quoi ! Et nous le serons de plus en plus. Déjà nous sommes, si nous n’y prenons garde, géolocalisables. Demain nous serons peut-être tapissés de puces qui renseigneront notre robot médecin sur notre santé… La chance au grattage garantie ! Et encore, je ne vous ai pas parlé de « réalité virtuelle » un oxymore (si c’est virtuel, ce n’est pas réel ?) ni de « réalité augmentée ».
Je crains qu’avec Internet notre bon vieux sens critique s’émousse. Ne pas croire tout ce qu’on nous raconte, cesser de gober sans réflexion les histoires les plus invraisemblables, savoir rester vigilant, autonome, attentif, face aux rumeurs et aux fables que charrient les médias et la « toile ». Prenons le progrès pour ce qu’il est : en prendre la part utile, laisser le reste à ceux qui aiment l’asservissement.
Ouf, y a pas de réseau !
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