DES MOTS SUR NOS MAUX
16 avril 2025
Le "comité d'alerte" sur les finances publiques et la conférence de presse du Premier Ministre n'auront pas été inutiles.
L’objectif de redresser les comptes publics en ramenant le déficit en dessous de 3% du PIB en 2029 est maintenu.
Il va nécessiter une très forte réduction des dépenses, le gouvernement excluant des hausses d’impôt. Bercy chiffre l’effort global à 110 milliard d'euros enttre 2026 et 2029. La charge d’intérêts versée par la France à ses créanciers continue de grossir. Elle devrait dépasser 67 milliards cette année (un montant similaire au budget de la Défense) et « elle est partie pour atteindre inexorablement 100 milliards en 2029 », a souligné François Bayrou lors du premier « comité d’alerte des finances publiques. » Le constat est clair, et les mots sont bien choisis : « La dette est un piège dangereux et elle menace la survie de notre pays », « Nous ne travaillons pas assez. » ! Tout est dit.
Alerter sur la situation calamiteuse de nos finances publiques, déficit public et dette, est une bonne initiative. En insistant sur les 40 milliards d’euros d'économies supplémentaires à réaliser en 2026, les ministres du gouvernement Bayrou ont fait comprendre aux Français l’ampleur du déficit public. Mettre des mots sur nos maux, c'est déjà mieux que rien.
Mais pour les solutions, il va falloir attendre le 14 juillet...
A défaut de connaître les détails précis de cet effort - « nous sommes en avril […] trop tôt », a-t-il prévenu - on sait au moins où il va tomber. « Ça va être essentiellement des économies » ou « ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance », entre « 40 et 50 milliards » d'euros d'économies sont « à trouver » pour le budget 2026 a précisé Eric Lombard, fermant la porte à toute augmentation des impôts, aussi bien pour les classes moyennes que pour les entreprises. Bayrou veut prendre le temps de convaincre, s’appuyer sur l’opinion, et embarquer partenaires sociaux et élus, même si les premières réactions ne laissent pas beaucoup d’espoir. Il a tout de même réussi à gratter trois mois de sursis supplémentaires en n'annonçant aucune mesure concrète avant le 14 juillet. Il compte utiliser le délai qu’il se donne pour bâtir un budget avec une nouvelle méthode. Au lieu de prendre celui de l’année précédente et de se contenter de l’ajuster, comme d’habitude, il veut partir de zéro et faire du neuf, en traquant les économies dans tous les recoins. « Avec 57 % du PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services », a estimé de son côté, Eric Lombard, réfutant toute politique « d'austérité ».
Seul résultat concret des grandes déclarations : le gouvernement va rester en place jusqu'au mois d'octobre.
Moyennant quoi, depuis hier, chacun a son idée sur la façon de réduire notre déficit : pour les gauchos, taxer les riches et les entreprises, pour les libéraux, réduire les dépenses publiques.
On va malheureusement assister dans les mois qui viennent à de grandes manœuvres où le PS va monnayer un éventuel soutien au budget, où le RN va se demander s'il est prêt pour des législatives (compliqué avant le jugement en appel de Marine Le Pen), et LFI menacer de la censure tous les quatre matins.
L’intérêt de ce gain de temps, c’est la stabilité gouvernementale. Elle permet au moins à Gérald Darmanin de peaufiner sa réforme carcérale et à Bruno Retailleau de mettre en place son dispositif « anti narcotrafic » et de continuer de renforcer la politique de sécurité et de lutte contre la criminalité. C’est toujours ça !
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