NE NOUS AFFOLONS PAS !
07 avril 2025
Le krach est là.
Les Bourses européennes sont en forte baisse ce lundi après de nouveaux propos de Donald Trump allant dans le sens d’une guerre commerciale quoi qu’il en coûte. L'indice CAC 40 a décroché de plus de 6% à l'ouverture. En Asie, la Bourse de Tokyo a chuté de 6,6 %, plombée par le secteur financier qui subit les craintes de récession entraînées par la guerre commerciale. Les craintes concernant les conséquences des droits de douane américains et la riposte chinoise pèsent aussi sur les marchés en Chine et à Hong Kong. L’indice hongkongais Hang Seng décline de 12,27 %, le SSE Composite de Shanghai a reculé de 7,68 %, le CSI 300 a perdu 7,29 %. A Wall Street, la Bourse de New York a dévissé vendredi pour la deuxième journée consécutive en réaction à la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump et la riposte annoncée par la Chine. L’indice Dow Jones a cédé 2.231,07 points, ou 5,50 %, à 38,314.86 points. Le S&P-500, plus large, a perdu 322,44 points, ou 5,97 %, pour finir à 5.074,08 points, son plus bas niveau en onze mois. Le Nasdaq Composite a chuté de 962,82 points ou 5,82 % à 15.587,79 points, affichant une baisse de plus de 20 % par rapport à son dernier pic de clôture à 20.173,89 points le 16 décembre dernier, ce qui le fait entrer techniquement en territoire baissier. La guerre commerciale initiée par le président américain et ses conséquences pèsent sur le dollar américain et australien tandis que l’euro s’apprécie. Le dollar recule de 0,5 % face à un panier de devises de référence, l’euro se hisse de 0,49 % à 1,1009 dollar, et la livre sterling se raffermit de 0,17 % à 1,2912 dollar.
La semaine sera décisive.
Pour imaginer ce qui va se passer dans les prochains jours au sujet des droits de douane, il faut évidemment se demander ce que va faire Trump devant la réaction brutale à son annonce de mercredi soir : panique dans les entreprises, panique dans tous les pays, panique sur les marchés. Plus de 50 pays ont pris contact avec la Maison Blanche pour démarrer des négociations sur la question des droits de douane, « Nous avons un président du XXe siècle, dans une économie du XXIe siècle, qui veut nous ramener au XIXe », résume Douglas Irwin, professeur à l’université Dartmouth et référence en matière d’économie du commerce. Lors de son premier mandat, Donald Trump a rouvert le grand livre des tarifs douaniers et décidé de mesures contre la Chine, maintenues, pour l’essentiel, par son successeur Joe Biden. Mais le déficit commercial des États-Unis et les importations de produits chinois ont continué à progresser jusqu’en 2022, avant que la Chine ne soit frappée par un violent ralentissement économique, sans rapport avec les tarifs. Cela montre que cela ne fait pas grand-chose contre les importations chinoises. Reste à voir les conséquences des nouvelles hausses de droits de douane qui, pour l’heure, ne font qu’affoler les marchés. Tout dépend de ce que recherche le Président américain. Mais son principal problème, non résolu par ses droits de douane est celui de la dette énorme des Etats-Unis et du recours au crédit de ses consommateurs très endettés.
L’art du deal ?
Trump serait adepte du système commercial du XIXème siècle, avant la grande mondialisation et la grande globalisation et il est entouré de quelques idéologues qui ont formalisé cette vision : il voudrait rétablir des frontières commerciales, reconstruire grâce à cela l'industrie américaine, redevenir isolationniste et protectionniste. Un pari qui demande du temps et qui ne relève pas de la baguette magique avec des chances de réussite très aléatoires. Mais si on se réfère à : « The Art of the Deal », Trump cherche à faire avant tout les deals les plus favorables pour les États-Unis, et pour lui à titre personnel. Comme il l'écrit dans son livre, il faut proposer des termes absurdes de deals en première négociation si on veut obtenir un bon deal, comme proposer des droits de douane à 54% pour finir à 10 ou 15%. Ce Trump-là suit le S&P tous les jours et n'aime pas voir la Bourse baisser. La panique qui s’est emparée des marchés est normale et devrait produire l’effet recherché. Il veut aussi être le Président du pouvoir d'achat et ne veut pas d'inflation. Et il a des élections dès l’an prochain. Il faut tenir compte de son caractère incontrôlable, et il est capable de changer d’avis du jour au lendemain. En attendant, l'économie mondiale va droit dans le mur, l'économie américaine et les marchés aussi. Le pire serait une récession aux US, un effondrement du dollar, une chute de la croissance mondiale et un effondrement des marchés.
L’Europe peut faire face.
Pour l’Europe, il n’y a pas le choix, elle doit faire front en restant unie pour peser dans la négociation. Elle en a les moyens, alors que dans des accords bilatéraux, les pays de l’Union n’ont aucune chance de faire le poids. Les ministres du Commerce de l’UE se retrouvent aujourd’hui pour afficher leur unité dans les négociations qu’ils veulent entamer pour désamorcer les droits de douane de 20% imposés par Washington. L’Italie est réticente mais a peu de marge de manœuvre tant elle dépend des fonds européens. L’Union a à sa disposition tous les outils pour répliquer, avec ses lois de protection du numérique et son « instrument anti-coercition », un texte adopté en 2023, qui permet de lutter contre des mesures commerciales d'un pays tiers qui viserait à influencer les décisions européennes. La nouvelle donne mondiale représente des risques, mais aussi des opportunités pour l’UE, qui pourrait se poser en pôle de stabilité, de respect du droit international et du multilatéralisme. La ratification du Mercosur devient une alternative importante, en protégeant nos agriculteurs, et le plan allemand de relance de 500 milliards à 1500 milliards d’Euros, véritable bazooka financier, voulu par Friedrich Merz, un véritable contre feu pour la croissance de l’Europe. Sans compter que notre voisin d’outre-Rhin compte rapatrier ses 1300 tonnes d’or stockées aux US. Et si l’Euro devenait la monnaie de référence ?
Nous allons assister dans les jours qui viennent à des deals bilatéraux avec de nombreux pays, à des droits de douane qui vont être plus proches des 10 ou 15% et des marchés financiers qui vont rebondir. Le chaos va donc continuer encore quelques jours. Tout dépendra de Trump l’imprévisible, mais il m'étonnerait qu'il laisse aller ,jusqu'au point de non retour de la catastrophe qu'il a enclenchée !
Une bonne nouvelle pour terminer, qui n'a pas grand chose à voir : hier à Paris les manifs du RN et de LFI n'ont pas mobilisé les foules...
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