HISTOIRE

QUELQUES COMMENTAIRES CROISES

Du débat de "Mots Croisés" de l'autre soir, sur les retraites, je retiens quelques arguments développés au cours des échanges.

De Philippe Manière, l'économiste, qui a rappelé avec pertinence que l'augmentation de l'imposition des gens fortunés ne rapporte jamais ce qui est espéré, ceux-ci ayant, plus que d'autres, les moyens de délocaliser leurs revenus. Il a pris l'exemple très convaincant emprunté à l'histoire économique américaine, à savoir que la contribution des plus riches aux dépenses publiques est toujours plus forte quand les impôts qu'ils paient sont bas que lorsqu'ils en paient davantage. Une illustration du principe : l'impôt tue l'impôt. Il n'a pas manqué de souligner que si la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu a été ramenée en France à 40%, il n'en reste pas moins que le prélèvement effectif atteint 55%, à cause de l'impôt marginal (CSG, etc...).

J'ai bien aimé aussi l'argumentation de Jacques Chérèque à propos de la participation collective par l'impôt au financement des retraites, qui est pourtant un système contributif dans lequel il ne devrait pas intervenir. Le creusement du déficit est en grande partie dû à la crise par la chute des recettes liées au chômage, dont les salariés ne sont pas responsables. Leur demander de combler le trou ce serait la double punition. Imparable. L'effort collectif vu comme cela est justifié. Son approche de la participation des actuels retraités au financement est aussi frappée au coin du bon sens : si l'on doit augmenter leur cotisation, ce serait plus logique que ce soit pour le financement de la dépendance qui les concerne au premier chef. Logique !

Par contre, il est apparu combien l'UMP est coincée dans ses propositions : soit Xavier Bertrand dévoile des positions originales, on soulignera tout de suite le hiatus avec le cadre fixé par Eric Woerth, soit elles sont dans le droit fil et il ne peut rien dire au risque de courtcircuiter le travail du Ministre. Dans les deux cas, il met le gouvernement en position de faiblesse dans la concertation. Aussi le Secrétaire Général était-il sur la réserve et dans la position peu confortable du sphinx, obligé de noyer le poisson à chaque question un peu précise et embarrassante. Il est dommage que le parti présidentiel soit à ce point mis sous tutelle et dans l'incapacité d'émettre des pistes nouvelles. Il n'est pas seul responsable. L'exploitation qu'en feraient les médias y contribue grandement. Mais le débat y perd.




RETRAITES : FRANCOIS FILLON A L’ASSEMBLEE

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Le Premier ministre, François Fillon, a répondu, mercredi 26 mai, à une question du député Jean-Marc Ayrault (groupe SRC) lors des questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale.

L'intégralité de la réponse du Premier ministre

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le président Ayrault,

Depuis à peu près un quart de siècle dans tous les pays européens sans exception, il a été choisi de répondre à l'allongement de la durée de la vie, par l'augmentation de la durée d'activité. Dans tous les pays européens - ou presque tous les pays européens -, cette décision a été le plus souvent prise dans le cadre d'un accord consensuel entre la Gauche et la Droite, voire parfois entre les partenaires sociaux et les gouvernements. Et quand, dans certains cas, cet accord consensuel n'a pas pu être trouvé, aucune majorité n'a jamais remis en cause les décisions qui avaient été prises sur la retraite par les précédents.

Le seul pays où la Gauche refuse de regarder la réalité, c'est la France, et ce n'est pas nouveau. Vous avez bien voulu rappeler la décision qui avait été prise en 1983 par le Parti socialiste, de ramener à 60 ans l'âge légal de la retraite qui était à 65 ans depuis les décisions du général de Gaulle et du Conseil national de la résistance. Puis-je simplement citer sur ce sujet Michel Rocard, lorsqu'il disait : "tous les ministres compétents en économie, Jacques Delors, moi, et quelques-uns, nous étions catastrophés ! Nous savions très bien que cette mesure n'était pas compatible avec l'évolution de la démographie française". Et puis, par la suite, vous avez multiplié les conseils, les critiques, les rapports, vous avez juré que vous abrogeriez toutes les décisions qui ont été prises.

Mais quelle est la vérité ? La vérité, c'est qu'en 1993, c'est le Gouvernement d'Edouard Balladur qui a allongé à 40 annuités la durée de cotisations dans le régime général. Vous vous étiez engagés à l'abroger ; de 1997 à 2002 vous n'avez pas trouvé le temps de le faire. En 2003, lorsque le Gouvernement décide d'harmoniser la durée de cotisations entre le public et le privé, et d'engager l'augmentation progressive de la durée de cotisations, vous avez répété maintes fois ici dans cet Hémicycle : "lorsque nous serons au pouvoir, nous abrogerons cette décision".

Mais voilà que dans le projet que vous nous avez présenté la semaine dernière, vous consacrez l'allongement de la durée de cotisations, et naturellement vous ne parlez plus de revenir sur l'harmonisation du secteur public et du secteur privé.

En 2007, lorsque cette majorité vous propose de voter la réforme des régimes spéciaux, vous votez contre. Mais je note que, dans aucune de vos propositions, vous ne voulez aujourd'hui revenir sur la réforme des régimes spéciaux.

La vérité, mesdames et messieurs les députés, c'est que le Parti socialiste s'est constamment trompé sur cette question des retraites. Mais il n'est pas trop tard. Vous pouvez encore participer activement, concrètement, à la consolidation des régimes de retraites de nos concitoyens. Et en le faisant, je veux vous dire que vous ne vous trahiriez pas Laurent Fabius, ministre de l'Economie, qui déclarait le 20 mars 2002 : "puisque l'espérance de vie augmente de trois mois, cela veut dire que les actifs doivent financer chaque année des retraités qui vivront trois mois de plus. Comment voulez-vous qu'il n'y ait pas un ajustement ! Bien sûr qu'il y aura un ajustement".

En faisant cela, vous seriez fidèles à Dominique Strauss-Kahn, qui déclarait il y a quelques jours, fort opportunément, que "lorsque l'on vivra jusqu'à 100 ans, il n'y a pas de raisons de maintenir la retraite à 60 ans". Mais surtout, en faisant cela, vous seriez fidèles à Martine Aubry, qui déclarait le 17 janvier dernier : "on va aller, on doit aller à 61 ou à 62 ans".

 


UN PROJET JUSTE…HYPOCRITE

  Contribuable détroussé

Enfin, la montagne Aubry a fini par accoucher de la souris « projet pour nos retraites ». Une souris parce qu’on n’y trouve rien de neuf comme idées. Taxer les banques, les stocks-options, les revenus du capital… autant de mesures aussi attendues qu’un nouveau-né chez une femme enceinte de neuf mois. Hypocrite parce qu’on ne touche pas officiellement au « tabou » des 60 ans, mais on le contourne par « la retraite à la carte », ce qui veut dire qu’on pourra partir quand on voudra, donc après 60 ans, et surtout parce que le projet PS entérine la réforme Fillon de 2003 qui allonge la durée de cotisations à 41,5 ans en 2025 et donc des départs en retraite entre 63 et 65 ans. La retraite à la carte, ce n’est pas vraiment une nouveauté, c’était même dans le projet présidentiel de Giscard qu’il aurait mis en œuvre s’il avait été élu en 1981. Et le projet est surtout virtuel, parce que nombre de revenus que les socialistes envisagent d’imposer ne vont pas attendre que le ciel rose leur tombe dessus pour s’exiler vers des cieux plus cléments.

Ce projet que les socialistes veulent justes, équilibré et durable est en fait un projet à un million de chômeurs supplémentaires au moins que le prélèvement financier, notamment la hausse des cotisations salariales et patronales, ne manquera d’avoir pour conséquence.

Incapable de sortir du carcan idéologique que lui imposent par posture les Fabius, Emmanuelli et consorts, Martine Aubry enfonce son parti dans le passé au lieu de le brancher sur l’avenir. Un signe de plus de notre décadence : même la gauche n’a plus d’utopie et se révèle stérile pour inventer des solutions nouvelles. Plus grave, elle se réfugie dans un déni face à la réalité démographique pourtant incontournable.

Alors on sort les vieilles recettes, et on se complait avec délices dans la démagogie. Ce projet est un catalogue d’impôts, qui plus est supportés par le travail. Les classes moyennes une fois de plus seront mises à contribution. S’il était mis en application, dans un pays où les impôts sont déjà concentrés sur les mêmes, on prendrait le risque d’une guerre des générations : les uns surtaxés pour payer les retraites des actuels rentiers, verront leurs salaires baisser, les autres imposés sur les revenus sur lesquels ils misent pour arrondir leur retraite seront enclins à se révolter…

Ce projet n’est ni à la hauteur de l’enjeu, ni juste comme Martine Aubry le prétend, parce qu’il fait l’impasse sur le « bouclier social ». Et il est inquiétant pour les répercussions économiques qu’il engendrerait.

                       


DU CREDIT AU SURENDETTEMENT

C'est le thème de la prochaine réunion de "débats et convergences".


Savez-vous ce que va changer la loi sur le crédit à la consommation ?

Quel est le nouveau délai de rétractation ?

Les conjoints pacsés ont-ils le même niveau de protection que les conjoints mariés  face aux crédits non contractés en commun ?

La mensualité d'un crédit renouvelable doit-elle permettre de rembourser le capital ou les intérêts ?

Laquelle de ces affirmations pourrait être utilisée dorénavant par les établissements de crédit dans une publicité ? :

- Emprunter c’est bien, rembourser c’est mieux

- Arrêtez d’épargner, empruntez !

Le taux de crédit pourra être librement indiqué au client ?

Dans quel cas le vendeur d'un magasin aura-t-il une prime plus importante ?

La consultation du fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers est-elle facultative pour un crédit renouvelable ?

Quelle mention légale devra être portée sur toutes les publicités ?

Pour la réserve permanente, quel contrôle des revenus de l'emprunteur ?

Quand la première mensualité du crédit devra-t-elle être réglée au plus tard ?


Réponses le 27 mai à Tiercé lors de la réunion-débat publique dont vous trouverez ci-dessous l'invitation, avec la participation d'invités hautement qualifiés :


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A COR … ET A CRI !

 

La réforme du financement des régimes de retraite exigera plus d'efforts que prévu

Selon les derniers calculs du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), le report de l'âge légal à 63 ans, tout en allongeant la durée de cotisation à 45 ans, comblerait seulement la moitié du déficit. En effet, dans le cadre d'un scénario économique prévoyant une stabilisation du chômage à 4,5%,  la retraite à 63 ans, combinée à 45 ans de cotisations, permettrait de couvrir 53% du déficit du régime général envisagé en 2050, estimé à environ 65 milliards d'euros. Cette hypothèse est cependant la plus défavorable pour les salariés en termes de durée de cotisation nécessaire afin de toucher une retraite complète. La mise en application de ces mesures est envisagée progressivement, avec des hausses des bornes d'âge et des durées de cotisation à raison d'un trimestre par an.

Détails des éléments de simulation sur l’âge et la durée :

Un report de l'âge légal de départ à la retraite à 63 ans permettrait de couvrir 27% des besoins en financement du régime général. Le déficit du système serait réduit de 18 milliards d'euros.

Un report de l'âge légal à 65 ans couvrirait 53% des besoins.

Un allongement de la durée de cotisation à 43,5 ans permettrait de couvrir 15% des besoins.

Un allongement à 45 ans en couvrirait 31% des besoins.

Un report de l'âge à 63 ans, assorti d'un allongement de la durée à 43,5 ans, permettrait de couvrir 36% des besoins.

Un report de l'âge à 63 ans et un allongement de la durée à 45 ans, couvriraient 53% des besoins.

Un report de l'âge à 65 ans et un allongement de la durée à 43,5 ans, couvriraient 59% des besoins.

Détail des éléments de simulation sur les ressources du système :

Un point de cotisation retraites en plus apporte plus de 4 milliards d'euros à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV), qui gère les pensions du secteur privé.

Un point de CSG en plus sur l'ensemble des revenus apporte 11,2 milliards d'euros.

Le Fonds de réserve des retraites (FRR) : les actifs de ce fonds, créé en 1999 pour accumuler des réserves financières pour après 2020, avaient une valeur de 33,3 milliards d'euros fin 2009. Selon le chiffrage du COR, cette valeur pourrait atteindre 70 milliards d'euros en 2020 « dans l'hypothèse d'un taux de rendement réel de 4% par an ».

L'hypothèse qui soulagerait le plus les finances est celle qui combine une durée de cotisation allongée progressivement à 43,5 ans (pour la génération 1990) avec un âge légal porté à 65 ans d'ici 2035. Ce scénario permettrait de couvrir près de 60% des besoins de financement des retraites de base du privé d'ici 2050.

C’est pourquoi l’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge de départ sont considérés comme une mesure urgente pour le Medef,

De leur côté, les syndicats jugent incontournables de nouvelles ressources,  mais les simulations du COR ressemblent bien à un « durillon » douloureux qui rend intenable leur position de blocage sur l’âge de la retraite… d’autant plus que la durée de la vie s’allonge.

 

Les simulations publiées hier par le Conseil d'orientation des retraites sont inquiétantes. Mais elles n’empêchent pas la gauche de hurler pour cacher son décalage par rapport à la réalité. Il y a des dogmes qui coûtent. Il lui est plus facile de stigmatiser (mot à la mode) le bouclier fiscal.  

 

Mais même en menant une réforme très dure, centrée sur un relèvement rapide de l'âge légal du départ à 65 ans, on ne pourra pas éradiquer totalement le besoin de financement des régimes de retraite. C’est bien ce qui ressort d’essentiel des simulations du Conseil.

 

Comme les ressources traditionnelles (hausse des cotisations notamment) se révèlent délicates et même quasi impossibles à envisager, il faut aller chercher ailleurs de nouvelles ressources. Les propos présidentiels de lundi indiquant qu'un effort serait demandé aux hauts salaires et aux revenus du capital pour contribuer à financer les retraites vont dans ce sens, mais cela pourrait n’être qu’un affichage à vertu de « justice » sans pour autant s’avérer suffisant comme on peut l’observer dans le chiffrage du COR. C’est à juste raison que le président du Nouveau Centre et ministre de la Défense, Hervé Morin, se déclare favorable « au principe de la TVA sociale » pour financer la protection sociale.

Et il y a bien sûr à résoudre en même temps le problème du travail des séniors, celui de la pénibilité et enfin celui de l’entrée des jeunes dans la vie active… Jouer sur tous les paramètres et même sur ceux … qui nous échappent !

 

 


PLUS SOCIAL, TU MEURS ! (fin)

Logosecu

 

Après la famille et la maladie, la protection sociale se préoccupe aussi de la vieillesse et du versement des retraites du régime général.

L'ensemble des régimes de base de retraite ont versé, en 2008, 175,82 milliards d'euros à 21,9 millions de retraités. Avec ses 11,5 millions de retraités, le régime général verse à lui seul 85,47 milliards d'euros de retraites, soit 7 433 euros par pensionné. Mais s'il concerne 52,5% des pensionnés en France, il ne récolte que 48% du montant total des prestations de retraites versées. Les 2 millions de fonctionnaires retraités, qui constituent 9,27% des pensionnés, récupèrent, eux, 25% du montant des prestations de retraites. Ils se partagent 41,14 milliards d'euros de prestation par an, soit 20 250 euros par pensionné. Les indépendants sont moins bien lotis : le million de pensionnés commerçants se partage 3,44 milliards d'euros par an (3 402 € par pensionné), les 819 000 artisans retraités se partagent eux 2,87 milliards d'euros par an (3 507 €). Les professions libérales se contentent, elles, de 835 millions d'euros pour 211 000 pensionnés (3 945 €). Ces montants ne concernent que les retraites de base.

Le minimum vieillesse, réservé aux personnes de plus de 65 ans disposant de faibles ressources, représentait en 2008 un coût annuel de 2,83 milliards d'euros pour la protection sociale. Cela représente la prise en charge de 22 régimes différents. Ces dépenses, en hausse de 4% par rapport à 2007, prennent en compte l'augmentation du nombre de retraités bénéficiaires et l'augmentation du montant de la prestation. En effet, celle-ci fait l'objet d'une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy qui s'est engagé à l'augmenter de 25% d'ici 2012 pour les personnes seules. Cette revalorisation concerne environ 400 000 bénéficiaires. Son coût global devrait être de 400 millions d'euros environ d'ici 2012. Au total ce sont 501 650 ménages qui bénéficient du minimum vieillesse. Cela représente donc une allocation moyenne annuelle de 5 633 euros par bénéficiaire.

L'allocation personnalisée d'autonomie (Apa) est une allocation destinée aux personnes âgées qui ont besoin de recevoir une aide pour accomplir les actes essentiels de la vie courante ou dont l'état nécessite une surveillance régulière. Elle profite donc aussi bien à des personnes habitants à domicile qu'à celles hébergées dans un établissement. En 2008, la protection sociale lui a consacré 4,85 milliards d'euros. Cette aide sociale a profité à 1,1 million de personnes. Plus de 60% de ces allocataires habitent encore chez eux (669 908 personnes) et les 433 682 autres sont en établissement. En moyenne, ces allocataires ont touché 4 395 euros chacun. L'Apa est versée par les départements.

Le tableau ne serait pas complet sans les aides au logement, qu’on pourrait intégrer dans les aides à la famille et les prestations qui ressortent de l’indemnisation du chômage.

Les aides au logement : chaque année, plus de 6 millions de Français perçoivent une allocation de la part de l'Etat pour les aider à se loger. Elles peuvent prendre plusieurs formes : APL, ALS... avec ou sans enfant, étudiants... Comme beaucoup peuvent y prétendre, cela à un coût pour la collectivité : 14,96 milliards d'euros soit 22% du montant total des prestations fournies par les Caisses d'allocations familiales (qui versent également, rappelons-le, l'essentiel du RMI, les allocations de naissance et les allocations familiales entre autres). Si bien qu'un bénéficiaire perçoit en moyenne 2 479 euros d'allocations logement chaque année. Les aides au logement en faveur de personnes sans enfants (3,54 millions de bénéficiaires) sont moins coûteuses pour l'Etat (7,24 milliards €) que les prestations légales de logement en faveur des familles (7,72 milliards € répartis entre 2,49 millions de bénéficiaires).

Le risque chômage regroupe toutes les prestations versées à des personnes privées d'emploi qui ne remplissent pas les conditions normales de droit à la retraite et dont la cessation d'activité n'est pas envisagée comme définitive. En 2008, la protection sociale y a consacré 34,3 milliards d'euros soit 6,2% du montant total des prestations sociales versées en France. Mais au-delà des prestations liées à l'indemnisation du chômage, le risque chômage comprend aussi les préretraites (2,2 milliards €). Ces deux prestations, pour un total de 32,23 milliards d'euros, pèsent 94,1% des montants consacrés au chômage. Mais le risque chômage au sens de la protection comprend également des dispositifs de réinsertion professionnelle qui compensent des pertes de salaire pour cause de formation professionnelle. Ces derniers allocataires ont bénéficié de 2,02 milliards en 2008.

De la naissance à la mort, nous sommes d’une manière ou d’une autre pris en charge par un dispositif de sécurité sociale qui couvre pratiquement tous les risques auxquels chacun peut être confronté. Maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, famille, vieillesse sont les quatre branches de ce vaste dispositif auquel va bientôt se rajouter celle de la dépendance pour laquelle il faudra trouver une source de financement, sachant que déjà la maladie est lourdement déficitaire ainsi que la vieillesse avec le problème du financement des retraites.

En plus de l’augmentation régulière du minimum vieillesse de 5% chaque année, et même chose pour les adultes handicapés, le gouvernement a mis en place le RSA qui améliore et simplifie les prestations liées à la précarité. On ne peut pas conclure sans évoquer la réforme HPST de grande ampleur pour tenter de rationaliser le secteur de la santé et de la maladie et le plan Hôpital 2012 qui représente un gros effort d’investissement et de modernisation de la santé publique. Il faudrait ajouter la création du fonds d’investissement social proposé par la CFDT dans le cadre des mesures anti-crise destiné aux demandeurs d’emploi et aux jeunes qui souhaitent décrocher une formation adaptée, le chèque-emploi service universel qui permet à 1 300 000 familles d’être aidées à domicile, …

Oui vraiment, plus social, tu meurs !

 


PLUS SOCIAL, TU MEURS ! (suite)

       Logocnam

 

Après le volet famille, dont on a vu qu’il était fourni, abordons celui de la maladie et de la santé. On oublie facilement la protection dont nous bénéficions et qui fait du système français, un des plus protecteurs au monde. Revue de détail :

Les consultations de médecins, En 2007,  ont été de 217,49 millions auprès des médecins généralistes libéraux. Au total, l’Assurance maladie, cette même année, a remboursé l'équivalent de 3,52 milliards d'euros pour ce type de prestation médicale à ses assurés sociaux. Cela représente donc un coût de 16,20 euros  par acte pour la protection sociale. Ce chiffre est à remettre en perspective avec l'ensemble des prestations maladie versées par cette branche de la Sécurité sociale : 115,93 milliards d'euros en 2007. Le remboursement des consultations de généralistes représente 3,04% des prestations légales couvertes par la branche maladie. Il s'agit aussi bien d'actes réalisés en cabinet libéral qu'en clinique privée ou en centre de santé.

Les remboursements de médicaments achetés en pharmacie sont de loin le premier poste de dépenses de l'Assurance maladie en médecine de ville : en 2008, ils ont coûté 18,3 milliards d'euros à la protection sociale, soit 14,1% des dépenses totales de l'Assurance maladie. Un montant nettement supérieur aux remboursements d'honoraires des médecins de villes libéraux par exemple. L'assurance maladie rembourse chaque année 2,1 milliards de boites de médicaments. Ce qui représente donc un remboursement équivalent à 8,7 euros par boite de médicaments remboursée.

Le congé maternité est considéré comme un risque maladie par la Sécurité sociale, au même titre que les arrêts maladie ou les accidents du travail. De toutes les indemnités journalières versées pour ces risques (11,3 milliards € en 2008), les congés maternité consomment 23,7% des crédits. . Le montant des indemnités journalières attribuées aux congés maternités est en constante augmentation depuis 1978.  Prises en charge par la branche maladie de la Sécurité sociale, elles coûtent chaque année 2,68 milliards d'euros. Elles sont égales à un salaire journalier de base, calculé à partir de la moyenne des salaires des trois derniers mois, diminué des cotisations sociales et de la CSG, dans la limite de 2 885 euros. De la même manière, les congés de paternité ont un coût pour la collectivité : 264 millions d'euros en 2008, en hausse de 4,9% par rapport à 2007.

Les indemnités journalières consécutives à un accident du travail, elles aussi sont prises en charge par la branche maladie de la Sécurité sociale et ont coûté 2,44 milliards d'euros en 2008. Cela représente 21,6% du montant consacré chaque année par l'Assurance maladie pour les assurés amenés à cesser leur travail pour des raisons médicales (11,3 milliards € en 2008). En amont ce sont 2 millions d'établissements employeurs qui cotisent à cette assurance et 18,6 millions de salariés (soit environ 70% de la population active). En 2008, on a recensé 704 000 accidents du travail et 45 400 maladies professionnelles qui ont donné lieu à un arrêt de travail. Le montant total des indemnités journalières attribuées aux accidentés du travail est en constante augmentation depuis 1978.

Les indemnités journalières consécutives à arrêt de travail pour maladie ont coûté 6,21 milliards € d'euros en 2008. Cela représente 54,8% du montant consacré chaque année par l'Assurance maladie aux  assurés amenés à cesser leur travail pour des raisons médicales (11,3 milliards € en 2008). Entre 2003 et 2008, on a constaté une diminution du montant total des indemnités journalières maladie (-1,4%). Et sur plusieurs décennies, on constate que le nombre de journées maladie indemnisées par personne ayant un emploi a eu tendance à diminuer. Il est passé de 11 jours en 1976 à 8,5 jours en 2005. Ce sont les chirurgiens orthopédistes qui prescrivent le plus de journées d'arrêt de travail. En 2005, ils avaient prescrits 85 207 journées d'arrêt de travail, suivis par les neurochirurgiens (58 438) et les généralistes (29 187).

Mais l'Assurance maladie rembourse également d'autres prescriptions. A commencer par les auxiliaires médicaux qui ont coûté 6,3 milliards d'euros à la protection sociale en 2008. Les prothèses médicales ont, elles, coûté 3,7 milliards d'euros, les examens biologiques 2,8 milliards d'euros. Enfin les transports sanitaires 2,5 milliards d'euros.

Les soins hospitaliers sont à l'origine de 44,1% des dépenses de santé de la protection sociale. Dans cet énorme gâteau, c'est l'hôpital public qui consomme le plus de crédits pour soigner les Français. En 2008, tous les soins qui ont été effectués ont coûté plus de 47,5 milliards d'euros à la collectivité. Logique, quand on sait que l'Assurance maladie prend en charge en moyenne 93% des dépenses d'hospitalisation. Mais les hôpitaux privés aussi profitent de cette somme. Les hospitalisations dans ces établissements ont représenté un coût de 9,8 milliards d'euros en 2008 pour la collectivité, soit 7,5% des dépenses de santé de la protection sociale. En moyenne, les dépenses de soins hospitaliers ont donc représenté 1 172 euros par personne dont 903 euros par personne dans le public et 269 euros par personne dans le privé.

Enfin, créée il y a dix ans, la Couverture Maladie Universelle (CMU) permet l'accès aux soins à des personnes à faibles ressources. Dans l'impossibilité de cotiser au régime général, c'est l'Etat qui couvre leurs dépenses de santé, dans les mêmes conditions qu'un assuré social normal. Aujourd'hui, la CMU de base couvrirait 1,5 million de personnes, d'après le fonds qui gère cette prestation. Mais impossible de connaître le montant total exacts des versements de cette couverture. Ni la sécurité sociale, ni le fonds CMU ne révèlent le budget qu'elle nécessite. Son coût avoisinerait les 6 milliards d'euros par an pour la CMU de base. En revanche, des chiffres très officiels battent en brèche certaines idées reçues : les dépenses des bénéficiaires de la complémentaire santé de la CMU (qui bénéficie, elle, à 4,5 millions de personnes) sont voisines de celles des autres assurés. Elles s'élèvent à 415 euros par bénéficiaire et par an.

Devant un tel foisonnement de prestations, il est normal qu’on les oublie, tant elles nous paraissent aller de soi. Et pourtant ce n’est pas fini. Il y a encore toutes les retraites et toues les prestations liées au vieillissement dont on sait qu’elles vont croître et embellir dans les prochaines années.

On en verra le détail dans le prochain article.

 


PLUS SOCIAL, TU MEURS !

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A force d’écouter tout ce qui se dit, ou plutôt tout ce qui ne se dit pas, on finirait par oublier que le Gouvernement actuel mène activement une politique de soutien aux Français les plus démunis, et contribue non moins activement à la redistribution de la richesse nationale. Qui plus est, il a fait le choix délibéré de laisser filer les dépenses pour que pendant la crise, les amortisseurs sociaux jouent à plein. Au détriment de l’équilibre des comptes, évidemment. Cette année, la Sécurité sociale affichera un déficit annuel de 32,2 milliards d'euros.

Exercice pratique.

Envié ou décrié par nos voisins, le modèle de protection sociale français est unique au monde. Très protecteur, il a un coût : 435 milliards d'euros pour les seuls régimes de base.

Mais que trouve-t-on dans cette protection sociale ? Une quantité d'allocations, de remboursements et d'indemnités pour que toute personne puisse faire face financièrement à des situations parfois douloureuses. Ce sont 408 milliards d'euros de prestations accordés par ce système qui repose sur les cotisations des assurés sociaux, quelques taxes et des impôts, combien coûtent les plus emblématiques ?

Au premier rang, toutes les dépenses en faveur des familles.

Les allocations familiales ont profité à 4,66 millions de foyers en 2008. C’est une somme de 2 649 euros en moyenne qui a été attribuée à chacune des familles qui comptent plusieurs enfants. Cette seule allocation pèse au total 12,34 milliards d'euros. Mais ce n'est pas la seule allocation offerte par la protection sociale en fonction des situations de chaque famille. Il faut ajouter le complément familial (1,59 milliards € distribués à 820 900 allocataires soit une moyenne de 1 943 €), l'allocation de complément familial (1,17 milliards €) ou l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé (655 millions €). Hors allocation de rentrée scolaire, la protection sociale a distribué au total 17,84 milliards d'euros de prestations directes aux familles.

La protection sociale se révèle généreuse à l'égard des familles qui s'agrandissent. Avec la Prestation d'accueil du jeune enfant (Paje), chaque enfant né en 2008 à coûté 5 154 euros en prestation sociale à la collectivité. Une somme versée sous forme de prime ou d'allocation mensuelle à 2,21 millions de foyers. Au total, le dispositif a donc couté 11,42 milliards € à l'Etat. Mais si on ajoute les aides à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle agréée (138 millions € en 2008), l'allocation de garde d'enfant à domicile (17 millions €) et le financement des crèches par la sécurité sociale (2 milliards €), les sommes dédiées à la petite enfance atteignent 13,58 milliards euros. Les seules ressources affectées aux caisses d'allocations par la CSG (12,17 milliards €) ne suffisent pas à couvrir cette dépense.

Mais la Caisse d'allocations familiales verse d'autres minimas sociaux. Il y l'allocation de parent isolé (1,08 milliard € pour 200 000 bénéficiaires), l'allocation aux adultes handicapés (5,5 milliards € pour 817 900 bénéficiaires). Sur un an, le nombre de bénéficiaires de l'AAH progresse de 4,6%, tandis que le nombre de bénéficiaires du RMI diminue de 2,7%. Le fameux revenu minimum d'insertion (RMI), appelé à disparaître au profit du RSA (Revenu de solidarité active) a coûté à la protection sociale 6,16 milliards d'euros en 2008. Il a bénéficié à 1,12 million de personnes qui ont reçu une prestation moyenne de 5 497 euros. Sont aussi entendus comme minimas sociaux les contrats aidés et les dispositifs de retour à l'emploi qui ont couté 422 millions d'euros en 2008. Au total, les minimas sociaux ont coûté 13,25 milliards d'euros.

L'allocation de rentrée scolaire (ARS) est versée aux familles aux revenus modestes qui ont des enfants âgés de 6 à 18 ans et qui sont scolarisés. Son montant par enfant est modulé en fonction de l'âge de l'enfant. En 2008, ce sont un peu plus de 2,89 millions de familles qui en ont bénéficié pour un coût moyen de 513 euros. Au total, cette allocation a mobilisé 1,49 milliard d'euros, soit 7,6% du montant total des prestations accordées aux familles par la Caisse d'allocations familiales (Caf). Dans son rapport annuel, cette dernière relève une « progression notable des dépenses au titre de l'allocation de rentrée scolaire (+7,7%), en lien avec la mesure de revalorisation de l'allocation » et un nombre de bénéficiaires en forte croissance (+3,6%).

Voilà un premier pan de prestations. On le voit elles sont nombreuses. Elles ont été renforcées en 2009 pour aider les plus modestes à faire face aux conséquences de la crise. Il faudrait y ajouter les aides au logement.

Mais il y a encore toutes les dépenses liées au risque « maladie », celles liées au risque « emploi »,  les accidents du travail, l’aide à la perte d’autonomie des personnes âgées, le financement des retraites…

La suite, donc demain. Histoire de ne pas vous assommer avec trop de chiffres.

 

 

 


TOURS, CONTOURS ET TOURS DE C…

 

Il y a des soirs comme celui-ci, de temps en temps, au cours desquels Archibald a envie de tremper sa plume dans le vitriol. Sûrement la saturation de conneries entendues sur France Info et autres radios qui nous en abreuvent au lieu de nous divertir, ou le contraire, nous servent des conneries croyant nous divertir. Au secours nous sommes (de) concernés !

Con-certation. Comme il est difficile de terminer la semaine sans égratigner le PS, la position exprimée par La Martine-de-Lille (comme le  Rouget), après six heures de réunions en conclave sur les retraites, est à afficher au Guiness des records de la manipulation minable : « on a un projet mais on ne le dira pas pour que le gouvernement ne nous pique pas deux ou trois idées ». C’est la « con-certation » façon gauche responsable. Il faut dire que dans ce domaine elle ne brille pas particulièrement. Mais on se demande quand même si elle n’avait pas abusé de son bourgogne préféré pendant la réunion, tant la réponse est pitoyable. Cela ne l’empêchera pas de continuer à donner des leçons de démocratie.

Con-sternant. La rougeole revient en force et il est recommandé de vacciner les enfants, parce que, contrairement à la croyance, ce n’est pas une maladie bénigne. Alors que penser de la réaction de cette femme, complaisamment relayée sur les antennes : « je ne vaccinerai pas mon enfant, vous comprenez, il y a déjà le vaccin contre l’hépatite B qui donne la sclérose en plaques… » Et voilà comment sur une affirmation totalement fausse prise probablement sur internet, on en arrive à de tels comportements stupides. Oui, vraiment, c’est con-sternant. Je souhaite à cette dame que son fils ne meure pas de la rougeole.

InCon-séquence. On n’entend que plaintes et manifestations des victimes de la tempête qui se révoltent contre le tracé des contours des zones noires. Mais combien sont-ils ceux à qui on tend généreusement le micro ou qui posent ostensiblement devant les caméras ? Je lisais l’autre jour dans le journal que près de 1000 sinistrés de la Faute avaient pris la décision d’accepter la proposition de rachat de leur bien par l’état au prix du marché, ce qui est à la fois correct et solidaire. Et sage de leur part : « mieux vaut emporter ses souvenirs dans une autre maison que dans un cercueil » disait l’un d’eux. Mais que penser de ces acharnés qui ne veulent rien entendre ?  Déjà qu’il y en a eu plus de 50 à payer de leur vie la « connerie » de bâtir à 2,50 m sous le niveau de la mer une maison sans étage. Si encore ils étaient spoliés, mais après tout, c’est nous qui allons payer pour qu’ils soient indemnisés : cela mériterait un peu de retenue et de décence. Mais c’est vrai, ils ont reçu le soutien de Ségolène qui n’en est pas à une inconséquence près.

Con-torsion. Le gouvernement a décidé de faire voter une loi contre le port du voile intégral. Il ne s’agit pas de stigmatiser les musulmans, comme cherchent à le faire croire les intégristes visés et quelques esprits compliqués en délicatesse avec la laïcité version « petit père Combe ». Ce n’est pas une obligation religieuse : ce n’est donc qu’une coutume et il se trouve qu’elle n’est pas acceptable en France. En plus elle est le symbole d’une soumission qui attente à la dignité de la femme. L’interdire, c’est le service que nous devons rendre à tous les musulmans qui ont une pratique religieuse compatible avec nos idéaux républicains. Mais évitons surtout les contorsions de ces politiciens et baveux des médias qui voudraient n’y voir qu’une manœuvre du pouvoir et en se retranchant derrière des arguties de droit et de liberté, masquer la confusion de leur esprit.

 

                                                                                              Archibald


RETRAITES : DONNEES INCONTOURNABLES

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Le rapport du Comité d’Orientation des Retraites plante le décor. Les données qu’il égrène pourront sembler relever du catastrophisme, elles sont pourtant bien établies et les chiffres sont connus depuis longtemps. Le reproche qu’on pourrait lui faire, y compris pour la version la plus pessimiste, c’est d’être établi à partir d’hypothèses économiques encore très optimistes, trop diront même certains. Par son caractère « partagé », il n’est pourtant pas contestable et il constitue une base discutable (peut-être), mais incontestable –sûrement-, pour les négociations qui viennent de s’engager entre partenaires sociaux et gouvernement.

Au-delà des postures que pourront prendre les uns ou les autres, qu’en est-il exactement ? Que penser des solutions proposées ? Quels sont leurs avantages et inconvénients ?

Essayons d’y voir clair, et pour une fois, sans vaine polémique.

Premier constat : on ne peut rien contre la démographie. A l’horizon 2050, on a la base de départ : les enfants qui auront l’âge de la retraite sont tous nés. On peut connaître leur parcours grâce aux statistiques. On sait combien ils seront à avoir 60 ans. Et les chiffres sont terribles : en 1990 il y avait moins de 10 millions de retraités, il y en a 16 millions aujourd’hui, il y en aura 21 millions en 2030… Où est le problème ?  Dans le nombre des actifs qui doivent, par le système de répartition, prendre en charge par leurs cotisations retraites, les pensions des retraités. Logiquement, le système fonctionne tant que le montant total des cotisations est supérieur à celui des pensions. Ce montant total est le fruit du produit entre cotisation moyenne et nombre de cotisants. Or, si celui-ci ne cesse d'augmenter, il le fait à un rythme bien plus faible que celui du nombre de retraités. Jusqu'à la fin des années 80 on comptait ainsi au moins deux cotisants pour un seul retraité. La proportion est passée en 2008 à 1,45 cotisant pour un retraité et le Conseil d'orientation des retraites prévoit un rapport de un cotisant pour un retraité en 2030. Ensuite, la France comptera moins d'un cotisant par retraité. Seule variable d’ajustement : l’apport migratoire qu’une croissance soutenue rendrait nécessaire. Ce serait des cotisants en plus.

Deuxième constat : la vie s’allonge tandis que la vie active se rétrécit. On gagne un trimestre de vie supplémentaire par année, nous disent les statistiques démographiques. Pour s’en convaincre, il suffit de constater l’augmentation du nombre des centenaires. Personne ne s’en plaindra. Mais les conditions de vie d’aujourd’hui qui allongent les études, qui rendent laborieuse l’accroche du premier emploi, et qui à l’autre bout décrochent les « séniors » à partir de 55 ans à coups de préretraites, constituent le paradoxe français et fondent une singulière impasse pour le financement de la vie après le travail. Si on ne peut raisonnablement envisager de raccourcir la vie, on peut faire quelque chose pour rendre la vie active plus « productive », c’est-à-dire faire en sorte qu’elle commence plus tôt et qu’elle finisse plus tard. Le correctif s’imposera à un moment ou à un autre, quand la situation ne sera plus soutenable : on y est !

Quelles solutions envisager, si on veut garder le système par répartition, évidemment ? Elles sont de deux ordres : mécaniques, avec des décisions portant sur les paramètres en âge et en durée de cotisation, et financières, avec des décisions permettant de réunir les ressources nécessaires au paiement des pensions. Aucune ne sera indolore : au bout de la négociation il ne peut y avoir que des mauvaises nouvelles. Et il faudra avoir le courage, d’un côté comme de l’autre, d’y faire face. Ce sera plus facile à faire accepter si le sentiment que les décisions sont justes. Il fat donc trouver l’équilibre entre ce qui est socialement acceptable et économiquement supportable. Là encore, aucune mesure ne sera neutre.

La suite…. Demain.



RETRAITES 2010 : C’EST PARTI !

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« Eric-le-vertueux » a lancé la concertation sur la réforme du financement des retraites par des discussions bilatérales avec les différents partenaires sociaux, organisations patronales et syndicales. En fait il s’agit dans un premier temps d’annoncer le calendrier et déjà les voix syndicales s’élèvent pour dénoncer en protestant les délais prévus, à savoir que le projet de loi serait vu en Conseil des Ministres début juillet et discuté en septembre à l’Assemblée Nationale.

L’exécutif se donne-t-il les moyens de réussir la réforme en s’y prenant de cette manière ? Je n’en suis pas sûr. Il faudrait d’abord qu’il prenne soin de faire acter par les partenaires sociaux les points qui peuvent faire l’unanimité et qui constituent les bases de départ de toute discussion : le régime de répartition sera maintenu, il n’y aura pas d’augmentation des cotisations retraites, il n’y aura pas de diminution des pensions. Encore faut-il que ce soit dit et même souscrit !

Le gouvernement a-t-il dans sa manche un projet de loi déjà écrit ? C’est possible, parce que les technocrates de Bercy ont dû plancher sur le sujet… d’où les fuites sur une éventuelle super « CRDS » qui n’entrerait pas dans le bouclier fiscal. Si c’est le cas, ce serait une deuxième erreur. Evidemment on ne peut empêcher certaines organisations syndicales d’en faire le procès d’intention, mais c’est justement pour ça qu’il n’est pas utile de leur donner raison.

Une fois le problème posé, on sait qu’il y a urgence à trouver les financements face au déficit abyssal qui se creuse chaque jour avec la diminution des recettes causée par la crise et que les marges de manœuvre sont minces. Augmenter la durée de cotisation, repousser l’âge légal de départ sont les seuls paramètres qui restent, avec en compensation des concessions sur la pénibilité. Certains auront beau faire croire que l’on peut trouver les financements en taxant les hauts revenus, on sait bien que c’est un mirage tant il est vrai que ceux qui sont menacés par cette mesure n’attendront pas qu’elle soit mise en œuvre pour se « délocaliser » sous des cieux fiscalement plus cléments.

Le chemin que l’on prend semble vouloir garder le même système tout en le « refinançant ». Et c’est là où le bât blesse. On ne devrait pas s’affranchir d’une réflexion approfondie pour le refonder sur des bases nouvelles. Pourquoi pas un seul régime, public et privé ? Pourquoi ne pas définir d’abord un « taux de remplacement » qui soit le même pour tout le monde et solvable : 65%, 70% ? Pourquoi ne pas décider du nombre d’années de « repos » après le travail, compatible avec notre démographie de population active : 15 ans, 20 ans, 25 ans ? (cela en s’appuyant sur les tables de mortalité moyenne). Voilà quelques pistes. Il y en a d’autres. Mais une chose est certaine : le retour à la croissance ne suffira pas.

Car l’important c’est de donner aux actifs, et plus particulièrement aux jeunes, une visibilité à long terme qui retirerait une partie du caractère anxiogène de leur vision de l’avenir.

 

 


QUE FAUT-IL DONC FAIRE POUR INTERESSER LA PRESSE ?

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L’association « débats et convergences » organisait hier soir un débat sur le thème « le stress au travail, il est possible d’agir ».

Un sujet on ne peut plus d’actualité, comme en témoigne encore ce matin le rebondissement de l’affaire  « France Télécom ».

Avec un plateau de choix pour les intervenants, qu’on en juge : le président de l’association des DRH de Maine-et-Loire, la secrétaire Générale du syndicat le plus représentatif dans le département, un patron d’envergure ayant « piloté »  la fermeture d’un site angevin d’une grande usine et la professeure en charge du service de Médecine du travail de l’Hôpital d’Angers…

Et une affluence de plus de 200 personnes !

Dommage pour les Angevins qui ne connaîtront jamais la richesse des débats et des échanges de cette réunion. Entre les intervenants, mais aussi avec la salle.

Les journalistes étaient pourtant invités. Mais aucun n’est venu. Leur mission est pourtant de rendre compte des événements locaux. Il faut croire que ça n’en était pas un.

Eh bien cela me laisse perplexe !

Je me prends à penser que l’on aurait eu plus de succès s’il s’était agi d’un raoût contre le parc du végétal, ou de la création d’un club dissident de l’UMP, ou ….bof, à quoi bon !

A moins que le fait que la réunion ait été organisée par le député de la première circonscription et que votre serviteur en était l’animateur aient été des inconvénients définitivement rédhibitoires. Je blague. C’est pas ça !

C’est quoi alors ? J’ai eu beau chercher ce matin dans les journaux quel événement avait pu mobiliser toutes les énergies plumitives locales, je ne l’ai pas trouvé.

A vous de penser ce que vous voudrez.

En ce qui concerne l’association, cela ne l’empêchera pas de continuer. A commencer par le 27 mai avec un débat sur « la culture et le numérique ». Et à nouveau, avec des intervenants ayant la pointure.

 



LE STRESS AU TRAVAIL

 

L’actualité a mis en lumière cruellement avec les suicides qui ont affecté France Télécom, le phénomène que l’on désigne sous le nom de « STRESS » et qui semble être la marque de notre époque, puisqu’il ne se passe pas un jour sans qu’il soit évoqué. Il touche le monde du travail sans que personne ne soit épargné… Le gouvernement s’est ému de la situation. La santé au travail est devenue un sujet national : un rapport a été remis au premier Ministre en novembre dernier, une mission parlementaire doit rendre le sien en mai, le Ministère du travail a saisi le COCT (Conseil d'Orientation sur les Conditions de Travail) pour inciter les grandes entreprises de plus de 1000 salariés à mettre en place des plans de prévention, et la semaine dernière, les syndicats et patronat sont parvenus à un accord sur le « harcèlement et la violence au travail ». Voilà un sujet qui est au cœur de l’actualité !

Pour en savoir plus, réfléchir ensemble, aller plus loin, Paul Jeanneteau et l’association « Débats et Convergences » organisent un débat sur le thème : « Le Stress au travail, il est possible d’agir ! ».  Ce sera l’occasion de croiser l’expérience d’un patron, d’un Directeur de Ressources humaines, d’une médecin du travail et d’une syndicaliste. Une soirée passionnante en perspective au cours de laquelle le public pourra aussi s’exprimer.

Voici ci-dessous le carton d’invitation. N'hésitez pas... C'est une réunion publique. Aidez l'organisation en faisant part de votre venue.

 Carton inv002


C’EST INSUPPORTABLE !

                                              Carte d'identité

Je comprends que l’administration fasse son travail et veille avec rigueur à l’obtention des cartes d’identité françaises. Qu’elle soit paranoïaque est carrément insupportable ! Et c’est trop souvent le cas depuis quelques temps : dès que l’on est né de parents étrangers ou tout simplement né à l’étranger, il devient franchement compliqué de renouveler ce titre, même quand on en est porteur depuis sa naissance !!!!

Et nous sommes au royaume d’Ubu. Il y a deux ans, ma femme, dont les parents décédés étaient espagnols, née en France, naturalisée à la naissance, mariée avec moi –un Français donc, il me semble-, de plus adjointe au maire de Saint-Barthélemy (dites-moi si on peut se faire élire si on n’est pas citoyen) s’est vue exiger « faire la preuve de sa nationalité autrement que par la carte dont elle demandait le renouvellement » !!!! Heureusement, nous avions récupéré dans les papiers de mes beaux-parents son acte de « naturalisation », plus pour le souvenir que par utilité juridique. Bien nous en a pris, je me demande comment nous aurions fait sinon. Proprement stupide ! La nationalité devant l’électeur n’est pas la même que devant le guichet.

Pire. Mon fils est né au Maroc, quand j’y séjournais au titre de la coopération. De parents français dois-je préciser ! Déclaré au Consulat de France, qui plus est. Sans parler du service militaire, cela va de soi. Peut-on faire plus « Français » ?  La guichetière lui a fait des complications parce qu’il était « né à l’étranger » et il a fallu qu’il fournisse un extrait d’acte de naissance avec filiation… Il a été très tenté de demander à la dame tatillonne, de couleur précisons-le, si elle pouvait faire aussi la preuve de sa nationalité. Mais il n’a pas voulu être désobligeant…. Il renouvelait lui aussi une carte « plastique » dont on nous a expliqué à l’époque qu’elle était « sécurisée ».

Je me mets à la place de tous ces Français qu’on tracasse aujourd’hui inutilement, par excès de zèle nous dit-on, dont beaucoup ne sont pas de la première jeunesse, et certains mêmes dans l’incapacité de produire les preuves aujourd’hui exigées et qui ne l’étaient pas hier quand ils pouvaient les produire parce que leurs parents étaient vivants. Il y a de quoi avoir la « rogne ». Le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur s’en sont paraît-il ému et une circulaire devait aplanir ces difficultés. Il est en effet grand temps, car le rôle de l’état n’est pas de décourager les citoyens ni de transformer ce qui est pour beaucoup d’entre eux une « fierté » -celle d’être français- en souffrance !

N’est-ce pas un comble, au moment où l’on débat de « l’identité nationale » de discriminer ceux qui la détiennent et qui y tiennent ?

 

 


UNE VOIX CONTRE LE VOILE

Dans le débat sur le port du voile intégral, je me demandais où était passé la gauche, tellement elle avait l'air de s'empêtrer dans ses palinodies, confondant tout et le contraire de tout, Jean-Marc Ayrault en tête, Olivier Besancenot ajoutant à la confusion. je commençais à me dire qu'il ne faudrait pas compter sur elle pour défendre la république laïque. Et puis il y a cet article qui m'a été envoyé par un ami. Enfin, une voix de gauche se fait entendre. Et quelle voix ! Celle d'Elisabeth Badinter. Exception n'est pas coutume, je lui fais volontiers une place sur le bloc-notes pour que vous en preniez connaissance. Je ne sais pas vous, mais pour moi, c'est reçu 5 sur 5...

ElisabethBadinter


LA FRANCE SOUS LA NEIGE

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Cette année nous avons droit à un « hiver », un vrai, avec des températures négatives, de la neige en plaine, du verglas… bref, quelle horreur il fait froid alors qu’on nous parle de réchauffement climatique. De quoi y perdre son latin.

Comme nos concitoyens sont par nature râleurs, les dérèglements que les éléments occasionnent sont d’autant plus difficiles à supporter que nos déplacements en auto, en camion, en train, en avion ont été multipliés par 10, 100 ou 1000, et provoquent des perturbations à proportion. Le moindre ralentissement, le moindre incident, et c’est le bouchon, la paralysie.

Pourtant, il faut bien bloquer la circulation sur la route ou l’autoroute et il faut fermer les pistes de l’aéroport pour déneiger. Tout paraît alors se figer. Pendant que les services compétents font inlassablement leur boulot, les usagers, eux, râlent contre les pouvoirs publics qui n’ont pas prévu assez de sel ou de matériel, boucs émissaires faciles puisque contre la tempête de neige on ne peut rien. Si ! Respecter les consignes de sécurité, condition sine qua none du confort de tous.

Mercredi dernier, j’étais sur l’autoroute, en fin d’après-midi, revenant d’une sépulture dans la région parisienne. Nous avons rencontré la neige entre Chartres et Le Mans. Branché sur autoroute FM, j’écoutais anxieux les points d’information les uns après les autres : saleuses en action sur Le Mans, déneigeuses sur Alençon et consignes à respecter pour éviter les accidents. Manifestement, tout le monde ne suivait pas le même programme à voir les bolides qui nous dépassaient dans la tourmente, sans grande visibilité et alors que la neige commençait à couvrir la chaussée même dans sa partie la plus à droite. Heureusement, tout s’est bien passé. Mais que dire de tels comportements : prompts à grogner contre tout ce qui « empêche » et n’acceptant pas de perdre un temps précieux. En France c’est toujours pire qu’ailleurs : parce que nous sommes moins disciplinés. Cette fois-ci les Anglais et les Allemands ont connu les mêmes problèmes que nous, voire pire.

Mais quel devoir impérieux oblige untel à prendre la route au mépris de toutes les consignes de vigilance et de prudence ? C’est la logique de nos sociétés développées qui n’ont jamais de temps à perdre.

Simplement, la nature se permet de nous rappeler à l’ordre de temps en temps, histoire de nous remettre à notre place. Alors tout s’arrête. Prendra-t-on seulement le temps de regarder le paysage magique recouvert de son manteau blanc, au lever du soleil ? Allez, c'est une fois tous les vingt ans ...




Y’A UN PROBLEME !

Mosquée de Paris

Oui, y’a un problème. Le débat sur l’identité nationale a au moins le mérite de le faire émerger. Si on voulait savoir ce que pensent les Français, nous voilà renseignés. Si le thème de l’immigration revient de façon récurrente, ce n’est sûrement pas le fait du hasard ni d’une quelconque manipulation politicienne voulue par tel ou tel qui y aurait intérêt. Il ne sert à rien de se voiler la face en adoptant le ton sentencieux comme le fait M. Moscovici. Beaucoup des propos plus ou moins « convenables » qu’on peut lire sur le net, l’interprétation qu’on fait d’une phrase retirée de son contexte prononcée par Nadine Morano, mais que des dizaines de personnes auraient pu prononcer de la même façon, montrent assez bien que notre pays est malade de son immigration.

Ce que j’entends autour de moi est du même tonneau. Et ce n’est pas le fait de gens « extrémistes ». Il y en a même qui votent à gauche ! Le sentiment qui prévaut est que notre identité française est menacée. C’est peut-être stupide, mais c’est comme ça. Les gens voient bien que la loi républicaine ne s’applique pas partout et savent bien que des coutumes incompatibles avec notre code civil sont souvent pratiquées de moins en moins clandestinement. C’est une difficulté de plus pour les Français qui ne conçoivent  l’intégration que comme une assimilation, persuadés qu’ils sont au fond d’eux-mêmes qu’ils sont les héritiers du siècle des lumières et de ses principes universels, voire universalistes. Ils ne peuvent concevoir une France pluriculturelle qu’à travers ce filtre universel symbolisé par les « Droits de l’Homme ».

C’est l’Islam qui est mis en cause la plupart du temps, parce que la partie visible en donne une lecture trop souvent déformée de la réalité vraie. Et le constat est vite fait : si tu t’appelles Garcia ou Pietrangelli, le problème ne se pose pas. Il commence à se poser, notamment à l’embauche, si tu portes un nom maghrébin ou africain. Il va donc falloir déployer beaucoup de pédagogie pour convaincre que les enfants d’immigrés de la troisième génération, non seulement ne sont pas une menace pour notre identité, mais sont Français, comme vous et moi, ont des talents et constituent une vraie richesse qui ne demande qu’à s’exprimer. Et Il va falloir donner beaucoup plus de crédits à Fadéla Amara pour que son plan « Espoir-Banlieues » débouche sur des réalités plus gaies, et des emplois pour les jeunes qui y vivent, sans quoi, aucun progrès d’intégration ne sera possible.

Si au moins le débat lancé par Eric Besson sert à cela, ça ne sera déjà pas si mal.


 


LE CGTHON


Logo cgt
Nous avons vécu toute la semaine dernière à l’heure du congrès annuel de la CGT. L’événement est toujours d’importance quand il s’agit de la grande et vénérable centrale syndicale, longtemps emblématique de la « lutte des classes », fer de lance des contestations ouvrières et de leurs grandes mobilisations et courroie docile de la place du « Colonel Fabien » (siège historique du PC pour les ignares). La situation a bien changé. La classe ouvrière, son réservoir naturel, a fondu comme neige au soleil avec les mutations industrielles et le syndicat peine aujourd’hui à recruter avec seulement 600 000 adhérents, ce qui est pitié par rapport aux effectifs pléthoriques des années « glorieuses ».

Il n’en reste pas moins que la CGT reste un interlocuteur de poids dans les négociations sociales. Aussi, le choix de ses dirigeants demeure-t-il indicatif des caps et des stratégies qui seront adoptés. Voilà pourquoi ce congrès a été suivi avec attention. L’insupportable suspense de la réélection de Bernard Thibault a alimenté, sans grande passion, les médias, plutôt attirés par les arguments de ses détracteurs, restés sur la ligne pure et dure du syndicat contestataire. C’est que le Secrétaire général sortant a engagé une tâche de longue haleine dont il n’est toujours pas sorti : celle de la modernisation pour en faire une grande centrale réformiste, partenaire incontournable des négociations sociales et capable de capter des publics plus diversifiés de salariés, de cols blancs et de cadres. A cet actif, on peut mettre deux accords très importants signés avec le patronat et qui symbolisent cette évolution : l’accord sur la réforme de la représentativité syndicale dans les entreprises et celui sur le « divorce » à l’amiable employeur-employé.

Il était donc essentiel que Bernard Thibault reste à la tête de la CGT. Il est réconfortant de constater qu’il a été réélu à une forte majorité et que les partisans de la ligne dure soient restés très minoritaires. Il n’aura pas trop des trois ans qui viennent pour terminer « l’aggiornamento » de sa maison. Il veut privilégier « l’intersyndicale » sur les combats isolés, modifier les structures pour être plus près du terrain avec des « syndicats de sites » afin de renforcer l’efficacité et faciliter l’adhésion des salariés des petites entreprises. On ne peut que se réjouir de voir le cap maintenu au moment où il est accusé par ses détracteurs de « connivence » sarkoziste ou de mollesse consensuelle. De fait, la CGT a fait preuve d’un esprit responsable très appréciable depuis le début de la crise. Avec sur la table la réforme des retraites en 2010, il vaut mieux avoir à faire, pour traiter ce délicat et épineux dossier, avec des gens réalistes et pragmatiques que des « jusqu’au boutistes » irresponsables, comme ceux qu'il traîne comme des boulets sur la ligne "A" du RER.

Dans cet esprit, on lui souhaite « bon vent » et pleine réussite dans la longue marche qu’il a engagée sur le chemin du syndicalisme réformiste.



IDENTITE FRANCAISE (2)


Marianne

Mais si le socle forgé par l’histoire et ses principes irrévocables sont intangibles, il y a aussi la part d’évolution qui touche à la culture, à la manière de raisonner, le rapport à l’autre, par le frottement avec les apports de population successifs. Il y a ce que nous partageons avec d’autres peuples (identité européenne) et ce qui est propre au génie français qui n’implique pas que les deux se superposent mais se recoupent : la conception de la laïcité, héritage de notre histoire des relations entre la religion et l’état, est typiquement française et n’existe nulle part ailleurs en Europe. Cela fait partie des principes intangibles de notre République. Par contre, certains voudraient inclure les services publics à la française dans l’identité nationale, alors qu’ils sont battus en brèche par les lois de l’Union. L’évolution dans ce cas est inévitable, même s’il est normal qu’elle donne lieu à un débat politique. On trouve là une limite à l’expression de notre identité.

Cette part de l’identité nationale reste inachevée, et c’est logique, parce qu’elle est en perpétuel mouvement. Et pourtant il y a problème pour qu’on éprouve le besoin de lancer un débat, une réflexion. 

Depuis deux siècles et demi, la France a tout fait pour apporter à la société qui vit sur son sol l’égalité et la fraternité, qui se traduit aujourd’hui par la « solidarité ». Elle y est parvenue dans les principes mais pas toujours dans les faits. Par exemple tout le monde a le même accès à l’école laïque gratuite et obligatoire, voilà pour les principes mais les divers handicaps de certaines populations ne permettent pas réellement l’égalité des chances, voilà pour les faits. Malgré cela, elle a assimilé, non sans mal quantités d’immigrants venus de partout en Europe, du Maghreb et d’Afrique. Jusqu’à ce que la machine s’enraye, il y a une bonne vingtaine d’années. Les accueillants ont essayé d’assimiler les accueillis qui ont voulu garder dans leur propre identité les éléments qu’ils importaient ou que leurs ascendants avaient importés. Ils se sont alors repliés sur leur propre culture parce que l’assimilation n’a pas fonctionnée.

Du sang étranger coule dans les veines d’une grande partie de la population française. Et il ne vient à l’esprit de personne, excepté quelques xénophobes impénitents, de nier à quiconque les droits dont nous bénéficions, pour peu que l’on  accepte les devoirs qui les accompagnent. C’est là que le bât blesse. C’est qu’en souhaitant conserver certaines de leurs traditions, des immigrés, qui par ailleurs se revendiquent Français, heurtent de front ce socle intangible décrit plus haut au nom de quoi il est interdit de pratiquer la polygamie, l’excision, le mariage forcé, et s’imposent la liberté de croire ou ne pas croire, le respect de la femme. Le port de la burqa est évidemment une double provocation en terme d’égalité et d’identité au sens propre du terme.

Et aussi, nous ne réussirons jamais l’intégration des immigrés si nous continuons d’être submergés par l’arrivée de dizaines de milliers de nouveaux venus, qui compliquent la tâche d’assimilation. Notre pays est généreux et accorde la nationalité par le droit du sol. Encore faut-il que celui qui souhaite y vivre fasse l’effort suffisant d’adaptation à nos lois et à nos codes, ensemble de devoirs correspondant au versant des droits dont il jouit sans obstacle, comme la sécurité sociale ou les allocations diverses et variées que l’état verse sans distinction d’origine.

Cela mérite bien un débat national, même si certains ne peuvent s’empêcher d’y voir une ficelle politique, et après ? ...  



IDENTITE FRANCAISE (1)

Drapeau français

 

Le fondement de l’identité qui fait la spécificité de la France en tant que nation se trouve dans la Révolution de 1789 et la Déclaration des Droits de l’Homme. Il faut y ajouter l’héritage du « siècle des lumières » dont est née notre conception de la liberté individuelle et ce que l’on appelle les libertés fondamentales : liberté de penser, de croyance, d’expression, de réunion et qui a permis l’éclosion de la République et de la démocratie. La France, c’est la patrie des Droits de l’Homme, dans sa dimension universaliste.

L’identité nationale se traduit par des signes visibles qui en sont les symboles : le drapeau, le buste de Marianne, l’hymne national : « la Marseillaise », et par une devise : « Liberté, Egalité, Fraternité », inscrite au fronton de toutes nos mairies. Il y a peu, elle se concrétisait encore pour les jeunes hommes par l’obligation de faire le service militaire. Etre « Français », c’est se référer à cet ensemble purement formel et en même temps, cela veut dire qu’on est capable d’en interpréter le sens et d’en assumer les devoirs autant que les droits, ce qui donne une responsabilité essentielle à l’éducation.

Et puis, il y a la langue. A la fois signe fortement signifiant et vecteur indispensable à la pratique de la démocratie, de la liberté d’expression, elle est indispensable pour participer à tous les aspects concrets de la vie quotidienne, pour étudier, se cultiver, travailler, se distraire, connaître les règles de la vie commune.

Un autre aspect de notre identité, révélé par la confrontation avec des anglo-saxons ou des germaniques, réside dans notre approche cartésienne des problèmes : pour faire court, un Français théorise d’abord avant d’expérimenter alors que ses voisins partent de l’observation pour en tirer une règle. L’exemple de notre enseignement des mathématiques ou de la musique sont à cet égard particulièrement frappants.

Et enfin, notre pays se distingue par sa conception unique de la laïcité issue d’un long combat de rivalité de pouvoir entre le politique et le religieux qui jouissait d’une position exorbitante engendrée par des siècles de monarchie de droit divin.

                                                       ... (à suivre demain)




INTER…NET OU PAS NET !

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Il manquait au palmarès d’internet et tous les « buzz » qu’il permet, celui de l’émeute : pari réussi avec l’épisode malheureux et absurde du coup de pub’ en forme de distribution de billets de banque. Internet fait partie de notre univers quotidien. Il n’est pas question ici de regretter l’ invention ou l’outil qui rend par ailleurs de multiples et vrais services. Mais le meilleur y côtoie le pire et pour séparer le bon grain de l’ivraie, il faut des qualifications que tout le monde n’a pas.

Aujourd’hui, 83% de nos concitoyens disposent d’un ordinateur à leur domicile et ils l’utilisent jusqu’à 24 heures par semaine. C’est ce que nous apprend une étude publiée par le Ministère de la Culture. On comprend mieux pourquoi il n’est pas possible de résister à internet, comme il aurait été absurde il y a vingt ans de se passer de la télévision. Du petit dernier de la fratrie jusqu’au papy ou la mamy, tout le monde « surfe sur le net » ! Le réseau est devenu un moyen de communication instantané et pratique, d’autant plus pratique qu’il est instantané.

Comme toujours, ce n’est pas l’outil qui est important, c’est l’utilisateur et ce qu’il en fait. A voir tous les dérapages auxquels on assiste, gageons qu’un jour il faudra un permis d’accès comme il existe un permis de conduire une automobile, ou un permis de pêcher. Car le recours à internet nécessite des compétences d’autant plus précises que les logiciels offrent des possibilités dans tous les domaines.  On peut tout faire… sans avoir besoin de sortir de chez soi, et c’est bien là le danger ! Il arrive que les compétences exigées par telle ou telle activité dépassent les limites des connaissances des utilisateurs, qu’il s’agisse d’aspects techniques ou de conscience morale : un apprentissage est donc nécessaire, comme en toute chose.

Internet s’ajoute à tous les moyens pratiques dont nous disposons mais ne doit pas devenir un moyen exclusif des autres. On peut « chater », mais cela ne dispense pas de la conversation de vive voix ; on peut se distraire mais cela ne remplace pas une soirée au théâtre ou au cinéma ; on peut lire et s’informer, mais cela n’est pas la même chose que lire un roman, ou un journal ;  etc…  C’est un vecteur extraordinaire de démocratie qui a l’avantage d’être gratuit et il permet à chacun de nous de s’exprimer. Mais les meilleurs logiciels ne procureront jamais l’intelligence et les connaissances nécessaires pour se servir correctement d’un ordinateur. Il suffit de suivre quelques « chats » pour s’apercevoir que nos contemporains manquent furieusement de culture générale, et ce ne sont pas les milliers d’illettrés (au sens propre du terme) produits par notre système éducatif qui vont arranger les choses.

Internet est donc la meilleure et la pire des choses. On y assiste à la collision permanente entre le vide (les lacunes) des internautes et leur hâte à s’adresser au reste du monde. A quoi bon écrire quand on ne sait pas aligner deux mots ou articuler trois phrases pour en faire un raisonnement ? Tout internaute doit savoir que les informations qu’on lui délivre et qui servent de base à un argument ne sont probablement pas vérifiées, que peut-être on cherche à le manipuler en multipliant des mensonges et en remplaçant les faits par de la propagande. Internet est le lieu de tous les excès : irresponsabilité des écrits, excès des passions, indécence des propos quand ce n’est pas l’insulte. Il en existe des utilisations frauduleuses avec des escrocs en tout genre, des experts du piratage de biens culturels (musique, films), des exploiteurs des dérives humaines sexuelles ou autres. Y mettre le pied, c’est entrer dans une jungle !

Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. On trouverait mille exemples à contrario des bienfaits  de cette invention qui bouleverse notre mode de vie dans ses aspects les plus concrets comme faire ses courses ou acheter un lave-linge, communiquer à distance avec ses proches, se tenir informé en temps réel, se cultiver en allant à la rencontre des gens savants… Simplement, il ne peut y avoir de bon internet qu’avec des internautes « qualifiés », sachant lire, écrire, concevoir, analyser, bref, ayant ce savoir indispensable à tout individu, qu’il se serve d’internet ou pas.

 


HOMO CYBERNATUS


                                                  

 

Depuis Homo Erectus, c’est-à-dire « l’homme debout », il y a 2 000 000 d’années,  l’homme n’a cessé d’évoluer. Il a commencé par fabriquer des outils, ce qui le différenciait des animaux proches de son espèce. Il est devenu, il a 200 000 ans « Homo Sapiens », soit « l’Homme Sage », expression à prendre avec le sens grec de sage = savant. Homo sapiens, c’est l’Homme moderne : c’est nous. Nous avons perfectionné les outils, notre dimension artistique, notre aptitude à conceptualiser, mais l’intelligence est restée la même. D’ailleurs le volume du cerveau n’a pas varié. 

Pourtant, depuis la fin du XXème siècle, Homo Sapiens a inventé un nouvel outil qui change la donne. Jusque là, l’Homme inventait des « prolongements » de ses membres. Il remplaçait ses bras par des machines, des « machines-outils » effectivement. Cela a débouché progressivement sur un prodigieux développement de l’industrie, car il utilisait en même temps son intelligence pour capter l’énergie et la domestiquer.  

Le nouvel outil qui change la donne c’est l’ordinateur. Au départ, simple machine à compter, il n’était qu’un appendice du meilleur de nos muscles : le cerveau. Blaise Pascal avait déjà tenté l’aventure. Mais aujourd’hui, avec le développement de la cybernétique, l’outil devient de plus en plus intelligent et de plus en plus autonome. Homo Cybernatus est né. C’est un Homo Sapiens doté d’une capacité intellectuelle décuplée par ce prolongement de sa pensée qui lui permet d’effectuer des calculs complexes en des temps records, de s’informer de ce qui se passe partout sur la Terre en temps réel, de stocker des capacités de savoir immenses à l’extérieur de son cerveau auxquelles il peut accéder en quelques instants, de communiquer avec d’autres humains à la vitesse de la lumière jusqu’à l’autre bout de la planète….

Homo Cybernatus existe. Vous le croisez tous les jours : c’est votre gamin qui joue avec sa « console » et se crée un monde virtuel, c’est le trader qui invente un logiciel ultra-rapide de comparaison des prix des actions et qui lui permet en quelques minutes d’acheter et de revendre en réalisant un bénéfice substantiel, c’est le consommateur qui achète 7 jours sur 7 sur internet ce qu’il a besoin, sans se soucier des jours d’ouverture, dimanche compris, et ne parlons pas de la vie des entreprises avec les « courriels », la bureautique qui a révolutionné la conception des services tertiaires quand ce n’est pas la production avec les robots…Même notre rythme circadien est en train de se modifier. Presque partout, il y a désormais un ordinateur allumé du matin au soir dans un coin de la maison. Les magasins ouverts le dimanche, c’est un épiphénomène né des modifications de nos habitudes consuméristes, dans lesquelles la part d’Homo Cybernatus joue son rôle.

Qui pourrait croire que notre vie sociale en sorte indemne ? Déjà le droit court après certains comportements d’Homo Cybernatus : piratage des musiques, déviances sexuelles, espionnage  industriel…Et jusqu’à la crise financière qui est bien née d’un abus de cybernétique par des banquiers irresponsables, non ? Notre société est déjà modelée dans les aspects quotidiens de notre vie : sites de rencontres, multiplication des espaces où l’on se met en scène comme Facebook,  les multiples blogs…Même les modes de pensée évoluent, au contact de la cyber planète. Homo Cybernatus est un homme planétaire. Les régimes politiques doivent en tenir compte. Regardez ce qui se passe en Iran : les aspirations de la jeunesse à plus de démocratie sont alimentées par la sphère internet très difficile à contrôler. Dans nos sociétés démocratiques, c’est une nouvelle dimension qu’il faut prendre en compte et qui nécessite  des adaptations dans tous les domaines y compris législatifs et judiciaires. Cela implique évidemment que certaines décisions soient « planétaires » : on le voit bien  avec la gestion de la crise économique mondiale et l’exemple des paradis fiscaux. 

Dans ce contexte, les prises de position de certains acteurs de notre petit monde politique apparaissent bien désuètes et étriquées…