L’ETE, ON S’DETEND !
27 juillet 2010
LE VIDE-GRENIER
Il apparaît avec les premiers rayons de soleil du printemps, et prolifère avec l’été. Si vous jetez un coup d’œil dans le journal, vous découvrez, que dans un rayon de
Ils sont même tellement nombreux qu’on finit par se demander comment il est encore possible d’y présenter des objets et l’on s’interroge sur l’inépuisable source qu’ils prétendent tarir. Ils se ressemblent tous. On y étale à même le sol dans des caisses ou sur une toile d’improbables objets plus ou moins vieux, tout dépend de l’âge de l’exposant, dans un joyeux désordre qui confine au capharnaüm.
Ce sont des jouets à profusion, témoins de la prodigalité inconséquente des adultes : le Père Noël étant toujours plus généreux, la nécessité de faire de la place pousse sur les étals une quantité invraisemblable de jouets du 1er âge, ces encombrants en plastique coloré, de l’enfance pour laquelle Ken, Barbie et autres mannequins tiennent la place principale, entourés de tous leurs accessoires, et dieu sait qu’ils en ont, de l’adolescence avec des rollers presque neufs, … une vraie caverne d’Ali-Baba !
La vaisselle tient aussi largement sa place. C’est fou ce que nos aïeuls avaient les mêmes goûts. On y retrouve toujours les mêmes collections de petits verres à liqueurs, les séries incomplètes de verres à porto, d’assiettes en faîence, plus rarement une coupe de style particulier de Bretagne ou d’ailleurs. De toute façon, la jolie pièce que vous auriez aimé trouver n’est pas là, elle aura été raflée des potron minet par un brocanteur à l’affût.
Les outils rouillés de mon grand-père, un vieil étau à main, un pied de cordonnier, une clé anglaise, sont entassés pêle-mêle dans une caisse et voisinent avec quelques vieille scie égoïne partiellement édentée et quelques objets participant de métiers disparus et dont plus personne ne connaît l’emploi.
Des vieux bouquins s’alignent inexorablement dans des cartons : vieux livres de poche tout jaunis, romans à l’eau de rose, collections incomplètes de BD écornées et côtoient des piles de films sur cassettes vidéo devenues obsolètes et de cd en passe de l'être, qui ont supplanté les vieux disques 33 tours en vinyle, dont quelques-uns survivent au détour d’un stand.
Et puis, il y a la légion des vêtements et des équipements divers qui témoignent de la fugacité des modes et de la fièvre acheteuse de nos contemporains.
La foule s’y presse invariablement. Chacun vient y chercher l’objet rare qu’il ne trouvera pas, mais rapportera une bricole inutile qui ira ensuite sommeiller dans un coin, ou tout simplement rien du tout. Le vide-grenier devient alors un prétexte de promenade où l’on va à la découverte du passé et où l’on rencontre parfois l’émotion de contempler un jouet en tôle semblable à celui qu’on a possédé dans son enfance. De là à l’acheter, il y a un pas que l’on ne franchira pas.
Cet entassement est le témoin de notre prospérité. Quand on fait les vide-greniers, on dit qu’on « chine ». Curieux mot qui existait pourtant avant que le pays qu’il évoque ne devienne l’usine du monde entier. Pas plus de rapport avec la profusion des objets qui en sortent et nous inondent, bien qu’on commence à en trouver dans le bri-à-brac exposé. Dans quelques années, ce mot aura probablement perdu son sens premier et se rapportera à l’origine uniforme des objets à vendre.
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