Le rapport du Comité d’Orientation des Retraites plante le
décor. Les données qu’il égrène pourront sembler relever du catastrophisme,
elles sont pourtant bien établies et les chiffres sont connus depuis longtemps.
Le reproche qu’on pourrait lui faire, y compris pour la version la plus pessimiste,
c’est d’être établi à partir d’hypothèses économiques encore très optimistes,
trop diront même certains. Par son caractère « partagé », il n’est
pourtant pas contestable et il constitue une base discutable (peut-être), mais
incontestable –sûrement-, pour les négociations qui viennent de s’engager entre
partenaires sociaux et gouvernement.
Au-delà des postures que pourront prendre les uns ou les
autres, qu’en est-il exactement ? Que penser des solutions proposées ?
Quels sont leurs avantages et inconvénients ?
Essayons d’y voir clair, et pour une fois, sans vaine
polémique.
Premier constat : on ne peut rien contre la démographie. A l’horizon
2050, on a la base de départ : les enfants qui auront l’âge de la retraite
sont tous nés. On peut connaître leur parcours grâce aux statistiques. On sait
combien ils seront à avoir 60 ans. Et les chiffres sont terribles : en
1990 il y avait moins de 10 millions de retraités, il y en a 16 millions
aujourd’hui, il y en aura 21 millions en 2030… Où est le problème ? Dans le nombre des actifs qui doivent, par le
système de répartition, prendre en charge par leurs cotisations retraites, les pensions
des retraités. Logiquement, le système fonctionne tant que le montant total des cotisations est
supérieur à celui des pensions. Ce montant total est le fruit du produit
entre cotisation moyenne et nombre de cotisants. Or, si celui-ci ne
cesse d'augmenter, il le fait à un rythme bien plus faible que celui du nombre
de retraités. Jusqu'à la fin des années 80 on comptait ainsi au moins deux
cotisants pour un seul retraité. La proportion est passée en 2008 à
1,45 cotisant pour un retraité et le Conseil d'orientation des
retraites prévoit un rapport de un cotisant pour un retraité en 2030.
Ensuite, la France
comptera moins d'un cotisant par retraité. Seule variable d’ajustement :
l’apport migratoire qu’une croissance soutenue rendrait nécessaire. Ce serait
des cotisants en plus.
Deuxième constat : la vie s’allonge
tandis que la vie active se rétrécit. On
gagne un trimestre de vie supplémentaire par année, nous disent les
statistiques démographiques. Pour s’en convaincre, il suffit de constater l’augmentation
du nombre des centenaires. Personne ne s’en plaindra. Mais les conditions de
vie d’aujourd’hui qui allongent les études, qui rendent laborieuse l’accroche
du premier emploi, et qui à l’autre bout décrochent les « séniors » à
partir de 55 ans à coups de préretraites, constituent le paradoxe français et
fondent une singulière impasse pour le financement de la vie après le travail. Si
on ne peut raisonnablement envisager de raccourcir la vie, on peut faire
quelque chose pour rendre la vie active plus « productive », c’est-à-dire
faire en sorte qu’elle commence plus tôt et qu’elle finisse plus tard. Le
correctif s’imposera à un moment ou à un autre, quand la situation ne sera plus
soutenable : on y est !
Quelles solutions envisager, si on veut
garder le système par répartition, évidemment ? Elles
sont de deux ordres : mécaniques, avec des décisions portant sur les
paramètres en âge et en durée de cotisation, et financières, avec des décisions
permettant de réunir les ressources nécessaires au paiement des pensions. Aucune
ne sera indolore : au bout de la négociation il ne peut y avoir que des
mauvaises nouvelles. Et il faudra avoir le courage, d’un côté comme de l’autre,
d’y faire face. Ce sera plus facile à faire accepter si le sentiment que les
décisions sont justes. Il fat donc trouver l’équilibre entre ce qui est
socialement acceptable et économiquement supportable. Là encore, aucune mesure
ne sera neutre.
La
suite…. Demain.
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