Enfin, la montagne Aubry a fini par accoucher de la souris « projet
pour nos retraites ». Une souris parce qu’on n’y trouve rien de neuf comme
idées. Taxer les banques, les stocks-options, les revenus du capital… autant de
mesures aussi attendues qu’un nouveau-né chez une femme enceinte de neuf mois. Hypocrite
parce qu’on ne touche pas officiellement au « tabou » des 60 ans,
mais on le contourne par « la retraite à la carte », ce qui veut dire
qu’on pourra partir quand on voudra, donc après 60 ans, et surtout parce que le projet PS entérine la réforme Fillon de 2003 qui allonge la durée de cotisations à 41,5 ans en 2025 et donc des départs en retraite entre 63 et 65 ans. La retraite à la carte, ce n’est pas vraiment
une nouveauté, c’était même dans le projet présidentiel de Giscard qu’il aurait
mis en œuvre s’il avait été élu en 1981. Et le projet est surtout virtuel, parce que nombre
de revenus que les socialistes envisagent d’imposer ne vont pas attendre que le
ciel rose leur tombe dessus pour s’exiler vers des cieux plus cléments.
Ce projet que les socialistes veulent justes, équilibré et
durable est en fait un projet à un million de chômeurs supplémentaires au moins
que le prélèvement financier, notamment la hausse des cotisations salariales et
patronales, ne manquera d’avoir pour conséquence.
Incapable de sortir du carcan idéologique que lui imposent
par posture les Fabius, Emmanuelli et consorts, Martine Aubry enfonce son parti
dans le passé au lieu de le brancher sur l’avenir. Un signe de plus de notre
décadence : même la gauche n’a plus d’utopie et se révèle stérile pour inventer
des solutions nouvelles. Plus grave, elle se réfugie dans un déni face à la
réalité démographique pourtant incontournable.
Alors on sort les vieilles recettes, et on se complait avec
délices dans la démagogie. Ce projet est un catalogue d’impôts, qui plus est
supportés par le travail. Les classes moyennes une fois de plus seront mises à
contribution. S’il était mis en application, dans un pays où les impôts sont déjà
concentrés sur les mêmes, on prendrait le risque d’une guerre des générations :
les uns surtaxés pour payer les retraites des actuels rentiers, verront leurs
salaires baisser, les autres imposés sur les revenus sur lesquels ils misent
pour arrondir leur retraite seront enclins à se révolter…
Ce projet n’est ni à la hauteur de l’enjeu, ni juste comme
Martine Aubry le prétend, parce qu’il fait l’impasse sur le « bouclier
social ». Et il est inquiétant pour les répercussions économiques qu’il
engendrerait.
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