HISTOIRE

TOUJOURS LA CHASSE AUX "RICHES"

 

Fortune_100 

Aussi insupportables que des potaches après leurs examens, les députés socialistes ont encore fait le coup des pancartes dans l’hémicycle pour manifester –fort démagogiquement- contre « le cadeau de 2 milliards faits aux riches ». Après avoir aboli le bouclier fiscal à la quasi unanimité, les députés se sont évidemment déchirés sur le volet « adoucissement de l’ISF » prévu pour compenser les hausses folles de l’immobilier qui ont conduit à assujettir à l’impôt sur la fortune des citoyens dont le patrimoine avait changé de valeur sans qu’ils aient rien eu à faire, ni rien demandé d’ailleurs.

Pour financer la réforme fiscale, le gouvernement et sa majorité ont prévu de nouvelles taxations sur les donations et les successions, une taxe sur les résidences secondaires des non-résidents, et un "exit tax" frappant le contribuable qui transfère à l'étranger sa résidence fiscale. Mauvaise foi de la gauche donc, mais exploitation maximale à des fins électorales avec argumentation adaptée : "20 ans de salaire pour les 3.600 employés de l'usine Citroën d'Aulnay-sous-Bois", "l'augmentation de 20% du minimum vieillesse", "1.000 écoles maternelles". Tellement facile !

Le racket des riches est une injustice sociale.

Je reste de ceux qui pensent que la pire injustice sociale c’est le racket fiscal des riches. Notre pays a intérêt à garder ses riches. Nous avons besoin d'eux : un pays qui fait fuir ses riches s’appauvrit. On parle beaucoup de Mme Bettencourt et du chèque de 30 millions d’euros qu’elle a touché en 2009 au titre du bouclier fiscal. On oublie seulement qu’elle avait payé 80 millions au fisc. Si elle s’était en allée, comme beaucoup d’autres l’ont fait, l’Etat aurait perdu 50 millions d'euros de recettes. C’est tout simple.

La question de l’ISF qui ne rapporte que 4 milliards se pose vraiment. Cet impôt fait fuir les riches. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller à Bruxelles se promener sur le boulevard « des Français », sorte d’avenue de Breteuil où s’alignent les hôtels particuliers. Les Belges se frottent les mains, et pas seulement les agents immobiliers. Avec les Suisses, ils profitent de capitaux qui seraient bien mieux chez nous. Faire payer les riches "toujours plus" fait partie de l’exception française. L’ISF coûte directement au moins deux fois plus cher qu’il ne rapporte, il a fait sortir 200 milliards d’euros de capitaux et sans doute empêché la création de 200 000 emplois et diminué le PIB de 1%. C’est le prix à payer quand l’aveuglement et l’idéologie l’emportent sur la raison.

Une réforme fiscale reste toujours à faire.

En fait, il faudrait supprimer l’ISF, et en même temps les niches fiscales, et garder un plafonnement fiscal limité aux seuls revenus du travail afin de ne pas décourager les Français laborieux, des catégories moyennes et supérieures, les revenus modestes étant protégés par les minima sociaux. On peut accepter que l’impôt sur les revenus soit rendu progressif pour les bénéficiaires de stock-options et avantages similaires. Voilà matière pour une réforme qui attendra… la prochaine campagne électorale.

 


CROISSANCE, EMPLOI : LE MIEUX SE CONFIRME

 

Lemploi salarié se porte mieux non seulement depuis le début de l’année, mais aussi au 4ème trimestre 2010 que l’Insee à réévalué de 10 000 postes supplémentaires à près de 50 000. Avec les 58 000 créations du 1er trimestre 2011, ce sont plus de 100 000 emplois supplémentaires qui ont été créés dans les six mois. Le 2ème trimestre 2011 s’annonce entre 0 et 0,5%, ce qui permet d’envisager une progression des effectifs salariés de 150 000 sur l’année. Et tous les chiffres convergent : l’Acoss est même plus optimistes en estimant la progression de l’emploi salarié au 1er trimestre à 0,6% soit 103 000 postes, et 230 000 sur l’année.

Ce qui est à souligner, c’est le redémarrage de l’emploi industriel. Aucun secteur n’a perdu d’emplois entre janvier et mars et les effectifs ont été stables dans l’industrie, ce qui ne s’était plus jamais vu depuis la fin de 2007. Ce n’est pas l’emploi intérimaire qui a tiré les créations au 1er trimestre, contrairement à l’an dernier.

Ce qui fait que le seuil des 18 millions de salariés a été de nouveau franchi pour la 1ère fois depuis la fin de 2008.

La Sécu profite du rebond de l’emploi.

Conséquence logique du rebond de la masse salariale, à +2,1% contre 0,4% au 4ème trimestre 2010, le déficit de la Sécurité sociale en 2011 devrait tourner autour de 19,5 milliards d’Euros au lieu de 24 milliards. Cela s’explique par des recettes mieux orientées et il y a toutes chances que ces prévisions soient même dépassées. Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le gouvernement peut tabler côté dépenses sur un tassement du nombre des départs en retraite (642 000, - 10%) lié aux  premiers effets de la réforme qui entre en vigueur le 1er juillet.

En 2011, l’assurance maladie devrait néanmoins accuser un déficit de 10,3 milliards d’€, la branche retraites de 6,4 milliards d’€ et la CNAF 2,8 milliards. Comme quoi, il reste encore du chemin à parcourir. Espérons que les nouvelles qui nous viennent des Etats-Unis et de Chine sur la conjoncture mondiale ne viennent pas contrecarrer notre redémarrage.

Croiser les doigts ne suffira pas.

 


PROLIFERATION HUMAINE ET DEFI AGRICOLE

 

Le monde devrait compter autour de 9 milliards d’habitants en 2050, soit un tiers de bouches de plus à nourrir. En même temps on prévoit que 2,5 millions de km2 de terres fertiles pourraient disparaître sous l’effet de la dégradation due à l’activité humaine et aux autres facteurs : érosion, extension des déserts, effondrement des équilibres biologiques… Or il faudrait 1 milliard d’ha supplémentaires pour récolter suffisamment de céréales, c’est-à-dire 400 millions d’ha de plus que les surfaces qui restent disponibles pour l’agriculture.

Un défi à relever. Les prophètes écologistes adeptes de la décroissance y puisent des arguments non dénués de sens. Selon les calculs des chercheurs, un simple café bu par un quidam accoudé au comptoir nécessite 140 litres d’eau pur cultiver, empaqueter et expédier les grains ! Une manière de dire qu’il faudra économiser l’eau en l’utilisant pour l’essentiel car il en faudra en 2050 deux fois plus qu’aujourd’hui pour satisfaire les besoins de l’activité agricole. Autrement dit, la solution passe par la réduction des gaspillages et une rupture des habitudes de consommation si on veut remplir l’assiette de l’humanité, en s’appuyant sur un développement de proximité. On s’apercevra rapidement que c’est une réponse naïve et insuffisante.

Ce sont les chercheurs qui relèveront le défi.

La réponse passera plus sûrement par la science, comme toujours. Il suffit de comparer un épi de blé d’aujourd’hui et ce qu’il était au Moyen Age. Sans tomber dans l’excès de l’agro-business qui standardiserait une assiette planétaire, il existe encore des marges d’augmentation des rendements dans de nombreuses parties du monde. Les progrès de l’agrogénétique, avec le concours des biotechnologies végétales, permettront  un contrôle précis et localisé des cultures pour produire plus en préservant les ressources et en tournant le dos aux modèles ayant recours à l’irrigation, aux engrais et aux protections phytosanitaires. On peut améliorer l’apport nutritionnel des cultures, sélectionner les variétés les plus utiles ou améliorées génétiquement, créer des plates plus sobres adaptées à la sécheresse. Les chercheurs de l’Inra sont déjà sur plusieurs pistes. Une manière d’améliorer de 10 à 20% le rendement des cultures…

Et encore n’exploite-t-on pas vraiment les ressources que les océans peuvent nous offrir. Les fermes aquacoles n’en sont qu’à leurs tout débuts, et ils sont prometteurs. L’exemple de la ferme cannoise qui s’inscrit dans la durabilité et le respect de l’environnement, connait des développements très prometteurs.

Autrement dit, il n’y a pas qu’une solution. Mais les terres fertiles constituent une surface complexe et fragile, un réacteur biologique unique dont la préservation dépend essentiellement du soin que nous prendrons à le préserver. Sur ce point, le respect de notre environnement est une nécessité vitale.

 


LA DETTE US EN LIGNE DE MIRE

 

Capitole 
 

Standard & Poor’s vient de mettre la dette américaine « sous surveillance négative ». C’est le premier pas avant la rétrogradation de la note AAA qui permet d’emprunter aux taux les plus bas. L’endettement américain continue de se dégrader. Ce n’est pas une nouveauté. L’agence a voulu manifester ses doutes quant à la qualité de la signature américaine et la capacité de la Maison Blanche et du Congrès aux mains des Républicains à se mettre d’accord d’ici la fin du mandat de Barak Obama sur le plan d’austérité nécessaire pour inverser la vapeur.

Il est vrai que la priorité de l’hôte de la Maison Blanche est pour l’instant de trouver un accord avec le Congrès pour augmenter le plafond de la dette et éviter un défaut de paiement des Etats-Unis. Or, la Chambre des Représentants vient de le refuser lors d’un vote. Ce plafond de 14 300 milliards de dollars a été atteint le 16 mai et le compte du Trésor est en train de se vider. Les deux parties ont jusqu’au 2 août pour se mettre d’accord. De quoi faire faire le yoyo aux bourses et inquiéter les investisseurs.

Consensus inavouable ?

Il y a tout lieu de penser qu’un accord sera trouvé, même si au passage, la gestion démocrate devra faire des concessions sur les économies exigées par les Républicains : jusqu’à  2 000 milliards de dollars sur 10 ans. La complication vient surtout de l’aile conservatrice « tea-party » qui a lancé la chasse aux dépenses publiques et pour qui tout compromis budgétaire serait une trahison.

La réalité est que ni les Démocrates qui souhaitent un haut niveau de dépenses publiques, ni les Républicains qui se veulent inflexibles sur les baisses d’impôts, ne proposent de scénario crédible de retour à l’équilibre budgétaire. Il en résulte un consensus inavoué pour laisser monter l’endettement. La dette qui pèse 65% du PIB passerait en 2013 à 90% du PIB. C’est bien ce que l’agence de notation a compris et qui explique son avertissement, c’est-à-dire la probabilité d’une dégradation de la note. En général, elle intervient dans les trois mois.

Bien que onze des dix-sept pays de la zone euro aient déjà perdu leur triple A, la vraie crise de la dette ne se produira pas en Europe, mais aux Etats-Unis. Quand la Chine ne voudra plus financer…

 


FMI : UN ENJEU POUR L’EUROPE

 

Logo FMI 

Les Européens ne lâcheront pas la direction générale du Fonds Monétaire International. Pas en ce moment. Depuis la dernière guerre, la règle était que la Banque Mondiale revenait aux Américains et la direction du FMI aux Européens. Le monde a beaucoup changé depuis. C’est d’ailleurs pour tenir compte des évolutions que les Européens ont abandonné deux des neuf sièges qu’ils détenaient au conseil d’administration au profit des pays « émergents », dans un souci de rééquilibre. Il se disait d’ailleurs qu’après Strauss-Kahn il faudrait peut-être leur céder le siège de la direction. Personne n’avait prévu que son mandat finirait en… queue de poisson, si l’on peut dire.

Mais voilà, les Européens sont confrontés aux dettes souveraines de plusieurs membres de l’Union et ils n’ont pas envie de lâcher maintenant un levier qui peut aider à la stabilisation par les prêts qu’il peut octroyer aux pays en difficulté. Ce n’est pas par hasard si DSK et JC Trichet étaient allés ensemble plaider devant le Bundestag pour convaincre les Allemands de la nécessité d’un second plan d’aide à la Grèce, il y a à peine trois semaines. Une manière de soutenir Angela Merkel dans cet effort.

Il faut que le FMI reste fort et qu’il garde sa sensibilité à l’Euro, gage de cohésion monétaire pour le Européens. D’ailleurs ils ne s’y sont pas trompés et c’est pourquoi ce soir la nomination de Christine Lagarde qui a fait rapidement l’unanimité sur le vieux continent, semble acquise après le G8. Au moment où l’Euro connaît quelques déboires,  l’Europe veut garder son influence sur le cours des événements à moyen et long terme, mais surtout à court terme. Elle a besoin du FMI pour conforter le « fonds européen de stabilité financière ».

L’Europe qui est le premier actionnaire du Fonds en est désormais aussi son premier emprunteur. Ce n’est pas le moment de lâcher le manche !

 


FMI : LAGARDE SE LANCE

 

ChristineLagarde 

Notre Ministre de l’Economie et des Finances est en train de sortir du lot comme la candidate unique de l’Europe, appuyée fortement par Angela Merkel, sans qui rien ne peut se faire. Elle a donc toutes ses chances pour prendre la tête de l’institution internationale dont elle connaît les sujets par cœur et tous les rouages. 

La querelle intentée par les députés PS, Jean-Marc Ayrault en tête, au sujet du règlement de l’affaire Tapie, a débouché sur une demande d’enquête du procureur Nadal à la cour de Justice de la République, pour connaître le rôle exact de Christine Lagarde dans l’arbitrage qui a conduit à accorder 240 millions d’euros de réparation à l’ancien patron d’Adidas. Ils auront mis quand même deux ans à s’émouvoir de la somme versée. En fait, l’épisode FMI n’était pas prévu.

Même si le fond du dossier est très technique, il faut tout de même savoir que la Ministre n’est en rien dans la décision qui a été rendue par la fameuse commission d’arbitrage, constituée de trois éminents juristes suffisamment différents pour que le jugement rendu ait un sens.

Fallait-il y avoir recours et en avait-elle le droit ? C’est finalement sur ce point que porte l’attaque. Le gouvernement a déjà fait savoir que le CDR (chargé de liquider le Crédit Lyonnais) bien que détenu par un établissement public est une société commerciale qui pouvait donc avoir recours à une procédure d’arbitrage pour mettre fin à un débat judiciaire qui dure depuis plus de 20 ans. Qui plus est, un tribunal administratif a rendu en 2009 et en appel en 2010 un jugement favorable, ce qui est une manière de montrer que la décision de la Ministre a été approuvée par d’autres organes. On cherche le pénal dans cette affaire, qui pourrait relever de la Cour de Justice. Autrement dit, il s’agit de chercher des poux uniquement pour nuire à la réputation d’une Ministre qui gêne par sa compétence.

On peut observer que les députés PS ne se seraient certainement pas émus de cette procédure si l’arbitrage n’avait pas été en faveur de Tapie. On a envie de leur dire que s’ils sont choqués de l’énormité de la somme versée, ils ont oublié que Bernard Tapie a été bel et bien « escroqué » par la Banque alors nationalisée dans l’affaire Adidas.

On s’étonnera aussi qu’ils ne soient pas choqués par les millions de Dollars qu’un certain DSK dépense sans compter outre atlantique pour se défendre. Là-dessus, on ne les entend pas. Dans ce cas, la présomption d’innocence rend sourd et aveugle.

DSK = Dollars Sans Kompter.

 


UNE CROISSANCE ROBUSTE DANS UNE CONJONCTURE INCERTAINE

 

Après la forte croissance du premier trimestre (+ 1 %), l'économie semble en avoir encore « sous le pied ». Les enquêtes auprès des chefs d'entreprise accréditent l’idée d'un ralentissement de l'activité, mais elles n'envoient pas de signaux de retournement. Après cinq mois consécutifs de progression, l'indicateur du climat des affaires publié hier par l'Insee a légèrement diminué en mai (- 1 point) pour revenir à son niveau de mars. Le moral dans le bâtiment et le commerce de gros reste stable, baisse un peu dans les services.

Quels que soient les secteurs d'activité, le moral des chefs d'entreprise reste supérieur à sa moyenne de long terme et demeure très élevé dans l'industrie et les services. « Le ralentissement actuel reste tout à fait compatible avec le maintien d'une croissance relativement robuste dans les mois à venir », précise Frédérique Cerisier, économiste chez BNP Paribas. Pour Pierre-Olivier Beffy, chef économiste chez Exane BNP Paribas, « le deuxième trimestre restera bon même si les effets temporaires du début d'année (rattrapage d'activité dans le bâtiment notamment) ne joueront plus et si la fin de la prime à la casse devrait peser sur la consommation ». Selon lui, les choses devraient se compliquer au second semestre « avec la hausse des taux et le resserrement budgétaire en France comme chez [ses] partenaires ».

La Banque de France table sur une hausse du PIB de 0,5 % et l'Insee de 0,4 %.

Du coup, les embauches repartent à la hausse. La dynamique de l’emploi ne s’est pas démentie en avril et l’Acoss, qui chapeaute les Urssaf signale une nette augmentation des déclarations d’embauche « dépassant les niveaux d’avant la crise ». Les créations nettes d’emplois sont en hausse de 0,4% pour les effectifs des entreprises de plus de 9 salariés sur le 1er trimestre. Ce dynamisme est allé de pair avec celui des heures supplémentaires. Au 1er trimestre 2011, le montant des exonérations déclarées aux Urssaf s’est élevé à 730 millions d’euros pour 175 millions d’heures supplémentaires (données brutes). C’est dans l’industrie que la hausse a été la plus spectaculaire avec +8,1% sur un an.

Le gouvernement va pouvoir tenir son engagement de faire diminuer le chômage en 2011. Les inscrits à Pôle emploi en catégorie A ont déjà baissé de 42 000 depuis le 1er janvier. La hausse du PIB est encourageante, d’autant plus que les entreprises ont commencé de reconstituer leurs marges.

Le nombre d’emplois salariés a atteint 16 059 600 dans les secteurs principalement marchands au 1er trimestre. Cela correspond à 58 800 postes supplémentaires. Topus les secteurs sont concernés, même si le secteur tertiaire a créé la plupart des emplois supplémentaires. La construction s’est tenue en légère hausse et l’industrie n’a plus détruit d’emplois, avec même un léger supplément de 600 emplois. Compte tenu du niveau des heures supplémentaires constatées dans ce dernier secteur, on peut s’attendre là aussi à une reprise de l’emploi au 2ème trimestre.

Reste que cette embellie va se trouver confrontée à la nouvelle donne de la croissance mondiale qui devrait se rétracter en 2011 sous le double effet de la diminution de la compétitivité des pays émergents, dont la chine au 1er rang, et d’une consommation freinée par l’inflation sur le vieux continent, elle-même aggravée par les politiques d’assainissement économique. L’espoir de limiter les dégâts pour la France repose sur la croissance allemande qui reste forte et qui sera probablement supérieur à 3% en 2011. Notre 1er partenaire pourrait ainsi contribuer à tirer notre économie en dépit d’un contexte mondial moins porteur.

Dernière minute : La croissance du PIB de la France devrait s'établir à 2,2 % en 2011 et à 2,1 % en 2012, selon un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publié le 25 mai. 

 


DU BILAN AU PROJET

Palme 
 

En 2012, la France sera à la croisée des chemins. Plus encore qu’en 2007, l’élection présidentielle pèsera sur son destin. La crise est passée par là. Les choix qui seront faits en matière de politique économique et sociale dessineront le pays pour les trente ans à venir.

Il faut avant tout, renverser l’état d’esprit des Français en leur faisant prendre conscience qu’ils sont encore responsables de leur propre destin. Le pays a beaucoup d’atouts, ses habitants ont encore du génie, pour peu qu’on veuille bien s’attarder sur ceux qui en ont. Nous avons les ressources pour relever le défi et connaître une nouvelle période de prospérité dans et avec la mondialisation. Arrêtons la sinistrose !

Il y a des conditions, bien sûr. D’abord ne pas jeter aux orties les efforts qui ont été faits depuis 2007. On peut avoir le sentiment, comme l’exprimait un auditeur d’une radio périphérique, de prendre des claques tous les jours depuis trois ans et céder à la tentation des sirènes qui promettent les beaux jours sans connaître la météo. C’est pourtant peu de choses à côté des coups de pied au cul que se prennent nos voisins du sud, à cause de leur laxisme. La continuité est une des conditions du redressement et du succès.

Notre société souffre de quelques maux sur lesquels on ne se penche pas suffisamment. Une des priorités devrait être de rétablir l’ascenseur social. La stagnation intergénérationnelle s’est peu à peu installée. Les parents n’ont plus l’espoir de voir leurs enfants gravir une marche dans la hiérarchie sociale. La précarité touche trop de monde et les revenus intermédiaires sont défavorisés entraînant la crainte bien réelle du déclassement. Les classes moyennes sont probablement celles qui ont le plus souffert de la crise et de la sclérose qui a gagné la société depuis vingt ans. Ce sont 17 millions de nos concitoyens qui stagnent entre 1 et 2 SMIC, alors que les dirigeants ont capté quatre fois plus les gains du progrès que leurs salariés. Le lien entre le salaire et le diplôme est rompu, ce qui dévalorise les études et annule le gain espéré du coût de la formation.

Notre pays doit s’ouvrir davantage sur le vaste monde. Les quelques entreprises, grandes ou petites, qui tentent l’expérience n’ont qu’à s’en féliciter la plupart du temps. Les soutiens et aides de toutes sortes existent pour en accompagner le cheminement en atténuant convenablement la prise de risque, c’est la volonté ou l’envie qui manque le plus souvent. Notre classe politique par paresse intellectuelle passe trop de temps à imputer nos difficultés à la concurrence que nous font les pays tiers et aux délocalisations. C’est regarder le problème par le mauvais bout de la lorgnette et c’est aussi la facilité.

Ainsi, l’Europe dont beaucoup de nos concitoyens se méfient aujourd’hui, est trop souvent vécue comme la victime expiatoire de décisions soi-disant prises hors de chez nous. Rien n’est plus faux. Mais c’est vrai qu’un déficit de politiques communes s’est peu à peu imposé et les sommets sont vécus comme des lieux d’affrontements où l’on se met finalement d’accord a minima. Pourtant, l’Europe a fait des progrès dans son organisation et joue pleinement son rôle d’amortisseur des difficultés. Que serions-nous aujourd’hui avec le Franc ballotté entre les grandes monnaies… Il faut donner à l’Europe un rôle à sa mesure, en commençant par une politique très forte de coopération franco-allemande qui en est le moteur principal. Notre perception de l’Union changerait si elle était à l’initiative d’un vaste plan d’équipement commun portant par exemple sur le ferroviaire et si elle mettait en place une politique fiscale de rapprochement de ses membres au sein d’un « serpent fiscal » du même type que le « serpent monétaire » qui a été le prélude à la monnaie commune. Le sentiment d’appartenance s’en trouverait grandement conforté

Voilà quelques pistes. Il y en a plein d’autres à explorer : relancer l’intégration des immigrés par une nouvelle politique du logement, mettre à la disposition de la jeunesse une politique d’entrée dans la vie active digne de ce nom en fédérant tous les outils qui existent aujourd’hui, du CIO aux missions locales en passant par l’apprentissage, le service civique ou les écoles de la deuxième chance, privilégier quelques secteurs d’avenir comme les énergies renouvelables ou l’automobile sobre, pour en faire des pôles d’excellence mondiale à côté de notre aéronautique.

Si l’avenir a un visage, nous le dessinerons tous ensemble.

 


UNE PRIME POUR BOUSCULER

 

Le pouvoir d’achat s’impose une nouvelle fois comme le chantier prioritaire du gouvernement, et constituera probablement l’un des enjeux majeurs de l’élection présidentielle. Le choc de l’inflation sur les produits de première nécessité et sur l’énergie ne pouvait que fournir l’occasion au Président de la République de prendre l’initiative sur ce front, les syndicats étant plus préoccupés d’embrayer des actions revendicatives sur les salaires dans les entreprises que de s’intéresser comme il leur avait été demandé à des négociations avec le patronat sur le partage de la valeur ajoutée.

De ce point de vue, la prime de 1000€ aux contours encore mal définis, a au moins le mérite de faire bouger les lignes. Bien sûr, syndicats comme patronat protestent, et ils n’ont pas tort sur le fond, contre l’ingérence de l’Etat dont ce n’est a priori pas le rôle d’intervenir dans la gestion des entreprises. D’autant plus quand celui-ci capte l’essentiel de la valeur ajoutée puisque les dépenses publiques représentent cette année plus de 56% de la richesse nationale, qui est produite pour l’essentiel par… les entreprises !

Les entreprises de plus de 50 salariés devront donc verser une prime dès lors qu’elles affichent des dividendes en hausse à leurs actionnaires. C’est une disposition qui n’est pas sans effets pervers qu’on aura sûrement mesurés à l’Elysée. Il y a gros à parier que les très grandes entreprises augmenteront un peu moins leurs salariés pour leur verser la prime défiscalisée, et les petites auront bien du mal à faire le minimum. Car il n’y a pas de trésor caché. Les géants du CAC 40 sont un miroir déformant et leurs profits, réalisés pour l’essentiel à l’étranger, sont une goutte d’eau dans le chiffre d’affaire mondial.

De fait, c’est le genre de décision qui vient percuter à revers et de plein fouet le discours sur la croissance des PME qui ont déjà bien du mal à trouver des actionnaires. Ce qui est à craindre, c’est que son application génère une multitude de cas particuliers tant on s’adresse ici à un univers complexe.

Nicolas Sarkozy a toujours au moins un mérite : il est persévérant et a de la suite dans les idées. Quand il a le sentiment qu’un chantier n’avance pas, il prend l’initiative, avec les risques qui s’ensuivent. Il est pourtant déjà le Président du pouvoir d’achat, ce que les Français n’ont pas encore perçu. En effet, et les chiffres en attestent, le pouvoir d’achat des salariés a été maintenu malgré la crise. Certes, ce n’est pas suffisant, mais c’est déjà beaucoup. Il suffit de regarder autour de nous en Europe. Il lui faut maintenant être le Président de «l’augmentation» du pouvoir d’achat. Dans un contexte rendu compliqué par le retour de l’inflation.

Si le pouvoir d’achat en France est bas, ce n’est pas parce qu’une part trop faible de la valeur ajoutée va à la rémunération du travail, mais qu’une part trop faible de cette rémunération va aux salaires directs. La part de charges sociales que paie les chefs d’entreprises constituent un salaire différé, ce dont aucun Français ne s’aperçoit vraiment. Mais force est de reconnaître que sur le partage de la valeur ajoutée, les partenaires sociaux n’ont rien fait et sont complices de la situation actuelle. Ils devaient se retrouver le 26 avril  pour en débattre … comme par hasard.

La vraie clé du pouvoir d’achat, nul ne doit en douter, c’est encore et toujours la croissance. Justement elle revient !

La prime est un non sens économique, mais politiquement elle n’en manque pas... de sens !

 


ENTRE OBSCURANTISME ET ARROGANCE

 

Le gouvernement a fait voter en urgence une loi proposée par Christian Jacob, président du groupe UMP, pour interdire l’exploitation des gaz de schiste. C’était le moyen d’éteindre une contestation grandissante organisée par la gauche et les écologistes contre les 3 permis d’exploration qui avaient été accordés aux industriels par Jean-Louis Borloo.

Cette précipitation, qui peut se justifier par la proximité d’une échéance électorale majeure, illustre bien le climat actuel que font peser sur notre société tous les agitateurs de peurs irraisonnées. C’est l’éternel combat du progrès contre l’obscurantisme. Ainsi on referme le dossier avant de l’avoir ouvert comme le dit si bien Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez.

D’un côté, les agitateurs de peur : que savent-ils, les Hulot, Bové, Joly et autres sur les gaz de schiste ? On l’ignore,  et probablement pas grand-chose  sinon que ce type d’exploitation aux Etats-Unis a provoqué un grave dommage à l’environnement à la suite d’un accident, érigé en symbole de propagande par généralisation abusive. Derrière se cache en fait l’idéologie de la décroissance pour laquelle toute ressource d’énergie fossile nouvelle est inconvenante.

De l’autre, les industriels avec l’arrogance habituelle des grands groupes pétroliers et miniers. Circulez, il n’y a rien à voir, on sait faire ! Sauf qu’aujourd’hui, l’opinion a besoin de transparence et qu’en la matière il y a sûrement des précautions à prendre. Il appartient aux pouvoirs publics de fixer les règles du jeu. En l’occurrence, il est certain que le Ministère a octroyé les permis de prospection sans savoir vraiment de quoi il s’agissait.

Entre les affirmations des compagnies pétrolières et les peurs véhiculées par les écologistes, il y a un  espace qui s’appelle celui de la raison rationnelle. Il est important de régler un certain nombre de problèmes qui supposent une modification du code minier, par exemple, et d’élaborer une législation adaptée qui instaure une répartition équitable de la richesse produite et une réelle protection de l’environnement dans ce domaine. Si la technique de fracturation hydraulique est vieille de 40 ans et bien contrôlée, par contre, il faut s’assurer que l’eau utilisée ne sera pas en situation de polluer nappes et cours d’eau. Tout cela est accessible.

Au demeurant, la France et la Pologne seraient en Europe les sites les plus favorables pour détenir des réserves exploitables de ce gaz de schiste. Nous venons de prendre la décision de ne pas savoir. Espérons qu’un jour le bon sens reviendra, car nous ne sommes pas si riches au point de nous passer d’une énergie qui permet aujourd’hui aux Etats-Unis d’avoir un gaz peu coûteux.

Comme l’affirme Claude Allègre : « Il ne faut pas suivre l’obscurantisme des écologistes, mais il faut aussi rompre avec une certaine arrogance industrielle. Il faut informer, rendre compte, déclarer les accidents, accepter les interdictions motivées. Organiser un contrôle citoyen. Il faut, dans un monde ouvert, accepter le progrès sous toutes ses formes. Celles de la production mais aussi celles de la protection de l’environnement ! ».

C’est peut-être un raisonnement de gauche mais il me convient.

 

 


NOME : A QUOI JOUE-T-ON ?

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On parle d’un nouveau report au 1er janvier 2012 de l’application de la loi NOME, initialement prévue au 1er juillet 2011, c’est-à-dire à trois mois des Présidentielles. Autant dire qu’on veut l’enterrer !!

De quoi s’agit-il ? La loi NOME permet de se mettre en conformité avec Bruxelles en permettant la concurrence sur le marché de l’électricité notamment par l’obligation qui est faite à EDF de vendre à ses concurrents à un prix raisonnable un volume limité d’électricité produite par ses centrales nucléaires. Les opposants à la concurrence, CGT en tête, ont tout fait pour faire croire aux Français qu’il faut y voir la cause de l’augmentation des prix de l’électricité, ce qui relève du mensonge. Mais Henri Proglio n’est pas innocent dans cette affaire, et en la matière il est en train de jouer le rôle du mauvais génie auprès du Président. On comprend qu’il défende les intérêts de son entreprise, mais il est inacceptable qu’il se dresse contre la loi votée par le Parlement, contre la réglementation européenne qui pourrait infliger à la France de lourdes pénalités et contre l’intérêt du consommateur.

Reculer la date de mise en application de cette loi c’est courir plusieurs risques : en premier de déclencher les poursuites de Bruxelles qui a accepté un compromis qui ne serait plus respecté, ensuite c’est enterrer la concurrence car les fournisseurs concurrents d’EDF ne pourront survivre et mettront la clé sous la porte, enfin c’est désavouer la volonté qui s’est exprimée par le vote des députés et des sénateurs.

Les prix de l’énergie vont augmenter et sans que la concurrence n’y soit pour quelque chose. C’est là une vérité inéluctable et il faudra bien qu’elle éclate un jour. il convient d’arrêter de mentir aux consommateurs en le prenant, qui plus est, pour des irresponsables : empêcher la concurrence de jouer c’est se priver du meilleur moyen pour freiner cette augmentation. 

Les prix de l’énergie augmenteront dans tous les cas de figure (prise en compte des coûts de sécurisation du nucléaire depuis Fukushima mais surtout en raison de l’augmentation des prix du pétrole). On sait qu’Henri Proglio voudrait faire payer par les clients les investissements qu’EDF va devoir affronter du fait du vieillissement de son parc de production nucléaire, alors que cet effort doit revenir en priorité à ses actionnaires, par autofinancement, endettement ou cession d’actifs. En cas de renoncement à la loi NOME, les citoyens-consommateurs seront dans tous les cas les pigeons : ils paieront avec leurs impôts les millions (les milliards) d’euros d’amendes infligés par Bruxelles, ils paieront encore pour des investissements qui sont des charges indues pour eux pendant que les actionnaires toucheront des dividendes, ils paieront pour le défaut de concurrence qui laissera le champ libre à un seul fournisseur. Les tarifs régulés ne pourront faire longtemps illusion, alors bonjour la facture !

Le seul moyen de limiter les effets de cette hausse est d’offrir aux consommateurs des offres alternatives en permettant à une véritable concurrence, par les prix mais également en termes d’innovations technologiques et de services, d’exister. Si jamais la mise en œuvre de la loi NOME, initialement prévue au 1er juillet 2011, devait être décalée, la concurrence en France notamment sur les marchés de masse ne se développera pas et ses bienfaits pour les consommateurs ne se produiront jamais.

Et s’il y a report, c’est peut-être pour permettre à EDF de sortir son audit sur la sécurisation des centrales nucléaires qui « démontrera forcément » que la loi NOME n’est plus d’actualité, permettant alors au gouvernement de reporter sine die son application. Une supercherie !

Si, comme on le pense, le Président prenait cette décision, cédant aux sirènes de son « ami » Proglio au mépris du vote du Parlement, il commettrait une grave et double erreur : stratégique sur le plan du développement du marché de l’énergie et tactique car il enverra alors un signal de renoncement que beaucoup interpréteront comme une lâcheté. Ce serait une réelle déception.

 

 


POUVOIR D’ACHAT, INFLATION, CROISSANCE

 

C’est le paysage contrasté de notre économie en ce début de printemps 2011. L'OCDE vient de relever sa prévision de croissance de cette année pour la France de 1,6 % à 2 %, « voire un peu plus ». Ce n’est pas surprenant et pour ma part je l’avais anticipé si on se réfère à mes précédentes notes. L’annonce de l’OCDE avait été précédée par des prévisions de l’INSEE  qui avait révisé nettement à la hausse la croissance du 1er trimestre avec une progression de 0,6% au lieu de 0,3 % précédemment et continue de tabler sur 0,4% pour le 2ème trimestre. Mais on le sait, l’organisme statistique national est toujours pessimiste.

Ce début d’année profite d’une effet de rattrapage dans les travaux publics et les matériaux de construction pénalisés par le froid en décembre. Ce qui est plus réconfortant tient dans le « climat des affaires » qui manifeste un regain d’activités dans les industries manufacturières et les services. Il faudra y ajouter bientôt les 4 milliards du grand emprunt investis dans l’économie verte. On se réjouira que les carnets de commande se regarnissent en espérant que l’impact sur l’emploi soit rapidement visible.

Hausse des investissements, rebond des exportations dans un environnement international plus porteur continueront de soutenir la croissance, même si l’envolée des prix du pétrole et des matières premières aggravent en trompe l’œil notre déficit commercial.

Cela permettra-t-il des hausses de salaire, parce que le pouvoir d’achat redevient la 1ère préoccupation des Français . Et on les comprend. Les grandes entreprises font des bénéfices, distribuent des dividendes et l’effet d’optique qui en résulte crée une frustration. D’autant plus que, si le pouvoir d'achat ne recule pas, il avance moins vite (+ 1,2%), effet aggravé par le sentiment d’avoir moins d’argent disponible à cause du « plus » bien réel des dépenses contraintes (loyers, portables…) auquel s’ajute les hausses, elles, très substantielles du carburant, du gaz, de l’électricité… L’inflation importée s’invite au moment où elle est la plus malvenue. Mais c’est toujours comme ça. Le gouvernement a peu de marge de manœuvre et voudrait bien contribuer à un endiguement des hausses et à une amélioration du pouvoir d’achat sans mettre la main à la poche.

La croissance devrait se maintenir en 2012. On mesurera alors si l’amélioration sur l’emploi et les salaires est au rendez-vous. Le gouvernement commence à récolter les fruits de la politique menée par papa Nicolas et tonton François. Mais tant que les « saints de glace » ne sont pas passés…. Autrement dit, une rechute est toujours possible dans un monde, dont le moins qu’on puisse dire en ce début d’année, c’est qu’il est imprévisible !

 

 


FUNESTE FUKUSHIMA

 

  Fukushima


Il ne pouvait pas arriver pire que ce drame nucléaire aux Japonais qui doivent par ailleurs faire face à une catastrophe aux conséquences matérielles et humaines indescriptibles. Fukushima est un coup dur, et d’abord pour eux. Et c’est à eux que nous devons penser en premier.

L’évolution de la crise nucléaire de la centrale pour laquelle le pire scénario n’est plus exclu pose avec plus d’acuité qu’hier le problème de l’énergie nucléaire. Désormais, nous sommes tous des Japonais. Fukushima, c’est inacceptable. Et c’est à partir de ce constat que nous devons réfléchir désormais : car le Japon, c’est nous. C’est un pays sérieux qui avait pris toutes les précautions pour limiter la « prise de risque ». On est loin des négligences de Tchernobyl. Et pourtant …

Le nucléaire civil ne sera plus abordé de la même façon par les gouvernants des pays qui veulent en être équipés et pourraient renoncer, et il y a tout lieu de penser que ce marché que la hausse du prix du pétrole devait faire rebondir va maintenant stagner. On ne pouvait pas empêcher déjà la peur que l’énergie atomique inspire. Avec l’accident, l’idée que le risque zéro n’existait pas va peser plus lourd dans la balance entre les avantages d’une énergie abondante et bon marché et ses inconvénients devenus inacceptables. C’est un coup dur pour la filière électronucléaire française.

Bien qu’il n’y ait aucune mesure entre la production des énergies propres et celle d’un réacteur nucléaire, on verra que faute d’alternative, de nombreux pays n’auront pas d’autre solution que d’augmenter la consommation des carburants fossiles avec l’ascension des cours qui en résultera.

Fukushima est aussi un coup dur pour notre production nationale. Il suffit de voir la réaction des allemandes aux élections d’hier pour comprendre que les difficultés sont devant nous. Les audits, les contrôles, les fermetures anticipées d’unités ne suffiront pas à calmer les inquiétudes, que les écologistes se chargent d’amplifier souvent sans vraie raison, surtout si la situation continue de s’aggraver au Japon au point de faire monter la radioactivité de l’atmosphère jusque chez nous. Il n’y aura plus alors à agiter des épouvantails.

La principale difficulté, c’est que pour le moment, il n’y a pas d’alternative au nucléaire civil. Et pourtant, la France, dont la production d’électricité en provient pour les 4/5èmes va bien être obligée de réévaluer ses sources d’énergie. Même si on prévoit les pires scénarios, la réalité vient de nous montrer qu’elle peut toujours dépasser la fiction. On n’effacera pas des mémoires avant longtemps l’accident qui vient de se produire. Il faut donc faire avec. Mais comme il n’est pas possible de couvrir l’Europe de panneaux photovoltaïques pour alimenter la France seulement énergie, nous sommes dans une impasse. Et pendant que le peuple continuera, au gré des élections, à balancer entre le plaisir de consommer et la peur du cataclysme environnemental, le pétrole va continuer à couler à flots, et c’est un autre coup dur pour notre porte-monnaie et pour la planète.

 

 


PLUS RIEN NE SERA COMME AVANT

  Fukushima


Les nouvelles qui nous parviennent peu à peu de la centrale de Fukushima sont là pour nous rappeler que l’énergie nucléaire, si elle est une technologie maîtrisée, n’en est pas moins sans danger, ce que nous avions tendance à oublier, ayant rangé Tchernobyl dans les accidents provoqués par l’irresponsabilité d’un système au bord de l’effondrement économique.

Ce qui interpelle, c’est que le drame majeur qui est en train de se dérouler quasiment sous nos yeux par le miracle de l’image en temps réel et des « boucles médiatiques », ait pu arriver dans un pays connu pour sa maîtrise des technologies de pointe, son sens de l’organisation, son culte du zéro défaut et du détail. Que cela soit venu à la suite d’un séisme hors norme et d’un raz de marée à la même échelle, ne doit pas empêcher le questionnement et surtout d’en tirer une leçon.

Mais peut-être est-il encore trop tôt. La précipitation des écologistes à s’engouffrer dans la brèche pour profiter de l’émotion pour faire passer leur vision absolutiste et péremptoire est à mettre au chapitre des comportements politiciens dans ce qu’ils ont de plus méprisables. D’ailleurs on voit bien que nos démocraties, toujours sensibles aux mouvements de l’opinion suscités par les événements tentent d’accompagner la dramatisation en prenant des mesures de nature à rassurer leurs électeurs. C’est un faux débat, évidemment. En espérant que l'effroyable scénario du pire ne vienne pas abolir toute possibilité d’opposer aux anti-nucléaires quelques arguments de raison, il serait responsable de ne pas céder à la tentation de la précipitation. Ce serait répondre trop simplement et rapidement à une question complexe.

Avant de condamner globalement et définitivement l'atome, il faut être certain d'avoir compris les causes de cet accident. Aurait-il pu être évité ? Est-il susceptible de se reproduire ailleurs ? Peut-on surmonter tous les risques, qu'ils soient naturels ou humains ? Pour agir, il va falloir prendre le temps de disposer de tous les éléments. Sans oublier que l'équation nucléaire à laquelle nous sommes confrontés est prise en tenailles entre des sources d'énergies en grande partie limitées et une nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. N’oublions pas que jamais nous n’avons eu besoin d'autant d'électricité. En même temps on sait bien que la vie n'a pas de prix. Mais une vie ne peut aussi s'imaginer sans énergie.  

Si les énergies renouvelables doivent être développées, elles ne seront jamais suffisantes. Par contre, notre réflexion devrait porter aussi sur un autre mode de distribution de l’énergie, moins centralisé, centré davantage sur l’autosuffisance domestique et les économies. Cela permettrait de réserver la production de centrales moins nombreuses aux gros consommateurs, et d’en limiter l’impact. La vraie question, c’est qu’il faudra bien un jour sortir de l’âge du nucléaire, ne serait-ce que par le vieillissement de nos équipements. L’accident de Fukushima pourrait bien être le point de départ de cette nécessité.

Mais en attendant, le plus urgent est de laisser le Japon compter ses morts et panser ses plaies et de l’aider à sortir de cette situation dramatique où Dame Nature l’a jeté, un certain vendredi 11 mars.



CAC ET COUAC

 

L’information qui ne passe pas inaperçue depuis quelques jours, c’est la bonne santé de nos entreprises du CAC 40 : leurs bénéfices s’élèvent à 83 milliards d’euros et ont cru de 85% d’un an sur l’autre et elles retrouvent les niveaux d’avant la crise. Tout va bien ? Oui, bien sûr, mais il ne faudrait pas confondre leur santé avec celle de l’économie française. Car l’idée qui vient aussitôt à l’esprit c’est qu’avec de tels bénéfices, tout ne doit pas aller aux actionnaires, il faut que les salariés en profitent aussi. Ce serait logique et naturel ; ce n’est pas si simple !

Les profits 2010 des plus grands groupes français ont de quoi impressionner. Ils témoignent du dynamisme de nos champions, de leur capacité à s'adapter à la nouvelle donne. Le contraste est saisissant entre la situation économique de la France dans son ensemble et la santé insolente de ses 40 plus grandes entreprises, entre le discours conquérant de ces leaders mondiaux et le pessimisme ambiant d'un pays en proie au doute face aux défis de l'après-crise.

Avec les énormes résultats du CAC 40 sous les yeux, les hommes politiques et l'opinion pensent que les entreprises gagnent trop d'argent en France et que tel est le problème. La vérité est exactement l'inverse. Les 83 milliards de profits du CAC 40  faussent toutes les statistiques nationales d’autant plus que les groupes qui le composent et ce n'est pas anecdotique, font leurs profits hors de France. Dans un monde où la croissance est d'abord hors de nos frontières, nos champions sont tournés vers l'international, qui représente d'ores et déjà les trois quarts de leur activité en moyenne et la plus grande part de leurs profits et où ils concentrent désormais l'essentiel de leurs investissements.

De la à les accuser de déserter le sol national, il n'y a qu'un pas qu'on aurait tort de franchir. D'abord parce que le CAC 40, c'est près de 1,7 million de salariés en France, soit 10 % de l'emploi privé du pays environ. Des salariés en prise directe avec cette prospérité à travers des rémunérations plus généreuses qu'ailleurs. Ensuite, parce que, quoi qu'on en dise, disposer de groupes mondiaux battant pavillon français est un atout important. La nationalité du siège social impose des devoirs sans lequel un certain nombre d'usines et de centres de recherche auraient été délocalisés depuis longtemps.

Mais cela peut cacher l’état réel de l’économie hexagonale et des entreprises qui tentent d’y vivre et de se développer. « La France a bien passé la crise », s'était vanté Nicolas Sarkozy l'an passé. C'était vrai. Les gigantesques dépenses sociales ont amorti le choc. Mais elle ne repart pas assez vite. Langueur, manque de compétitivité, impuissance à créer des emplois et comptes publics aggravés : voilà la réalité du pays.

L’année 2011 sera difficile, et les événements internationaux sont des accélérateurs de nos handicaps. L'examen des moteurs de la croissance est révélateur : la consommation va être à la peine parce que les salaires réels vont être rognés par le coût des matières premières qui flambent, d'autant plus que l'autre composante de la demande, l'Etat, les collectivités et les organismes sociaux sont clairement à l'heure de l'austérité. Le principal des maux français est l'autre moteur de la croissance : l'investissement. Le drame se joue autour du partage d'un faux diagnostic. Les marges des entreprises « cachée sous des chiffres globaux trompeurs » n'ont cessé de reculer, de 9 % du PIB il y a dix ans à 6 % aujourd'hui, à quoi il faut ajouter cette faiblesse dramatique de nos PME que sont les conditions d'accès au capital très difficiles.

Le déficit du commerce extérieur vient confirmer ce tableau peu réjouissant. La France souffre surtout de voir baisser le nombre d'entreprises qui tentent d'aller vendre à l'étranger, tout simplement parce qu’elles en ont de moins en moins les moyens.

Et pourtant, ce printemps 2011 ne cesse de nous envoyer des signaux d’espoir avec la stabilisation du chômage, des prévisions de croissance révisées à la hausse et une augmentation des contrats d’intérim toujours précurseurs d’une reprise de l’emploi. Alors il est temps que les Français et la classe politique prennent conscience à la fois de la difficulté de la situation et des atouts qui sont entre nos mains et que le débat public sorte des faux sujets en s’accrochant aux faits divers et aux conflits de personnes et porte sur le ressaisissement. Un électrochoc serait salutaire aux hommes et femmes politiques pour comprendre que notre pays conserve beaucoup d'atouts de travail et de capital, mais qu'il subit une érosion longue de ses « fondamentaux ». Dans ce combat, le Gouvernement est bien seul au moment où l’opposition réclame avec démagogie en permanence des dépenses sociales supplémentaires.

 



L’EXPORT, C’EST LE NERF DE LA GUERRE

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Le Premier ministre François Fillon a ouvert le 10 février à Bercy « Les rencontres de l’export », accompagné de Christine Lagarde, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie et de Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur.

Le Premier ministre a constaté que la part de marché de la France à l'étranger est en baisse constante depuis vingt ans. Un déclin quantifiable en d'emplois : depuis 2000, cette diminution de notre compétitivité nous en a fait perdre environ 200 000 dans le secteur industriel.

Pour redynamiser l'export en 2011, le Premier ministre a présenté trois axes d’action. Tout d'abord, l'ouverture des marchés et la régulation du commerce international : la France soutiendra la conclusion de nouveaux accords commerciaux en 2011 pour que les entreprises puissent « accéder à des marchés étrangers plus ouverts », en veillant au respect du principe de réciprocité.

François Fillon a défini son deuxième axe en mettant l'accent sur un soutien accru de l'Etat aux grands contrats, notamment « les plus stratégiques pour l'économie française ».

Enfin, le dernier axe : le Premier ministre, suite au triplement depuis 2007 du nombre de PME accompagnées chaque année à l’international, a demandé aux membres de l’ « Equipe de France » de l’export de poursuivre leur mobilisation et a annoncé l’expérimentation dans 3 régions d’un point de contact unique pour l’export. « Je souhaite que nous passions à 10 000 entreprises » bénéficiant de l’assurance-prospection de la Coface d'ici fin 2012 (contre 7000 actuellement), a-t-il indiqué.

A la suite de son discours, le Premier ministre et Christine Lagarde ont assisté à la signature de la convention entre Oséo et Ubifrance : ce partenariat permettra de proposer aux entreprises, et en particulier aux PME, une offre intégrée comprenant à la fois un accompagnement à l’international et des financements export.



La réindustrialisation des territoires : priorité du Président de la République

NS Montmirail

Le Président s'est rendu Mardi 15 février 2011 à Montmirail sur le site de l'entreprise AXON'CABLE pour défendre les dispositifs d'aide à la réindustrialisation et de soutien aux PME industrielles. Accompagné des ministres en charge, le Président a réaffirmé une conviction profonde qui détermine depuis 2007 l'ensemble de son action dans le domaine de l'industrie : la France doit rester une terre de production industrielle.

Source d'innovation et de productivité, l'industrie représente 90% des dépenses françaises privées de R&D, et plus de trois quarts des exportations de biens et services français. Elle contribue à maintenir notre pouvoir d'achat, tout en équilibrant notre commerce extérieur. Elle est également une source importante d'emplois. L'industrie et les services aux entreprises représentent un tiers de l'emploi salarié en France.

L'aide à la réindustrialisation est une mesure née des États Généraux de l'Industrie effective depuis juillet 2010, destinée à favoriser l'investissement industriel en France. Elle accompagne financièrement les entreprises ayant un projet d'investissement industriel contribuant, par son ampleur et son potentiel économique, à la réindustrialisation de la France et à la création d'emplois.

Dotée de 200 M€ sur une période de 3 ans, l'aide à la réindustrialisation, gérée par OSEO, s'inscrit dans le cadre du programme d'investissements d'avenir. Elle vise à générer plus de 400 M€ d'investissements et la création de 2000 emplois.

Sont éligibles au dispositif d'aide à la réindustrialisation les projets d'entreprises à caractère industriel de moins de 5 000 salariés et qui représentent un investissement d'au moins 5 M€, avec une création d'au moins 25 emplois. Cette aide est versée sous forme d'avance remboursable (prêt sans intérêt) et peut représenter jusqu'à 60% de l'investissement de l'entreprise.

Trois entreprises ont déjà bénéficié de l'aide à la réindustrialisation :

- 6,4 M€ ont été accordés à la fonderie LOISELET qui a prévu d'implanter à Dreux une nouvelle unité entièrement automatisée (coût total de l'investissement : 12,4 M€). Ce projet doit permettre la création de 100 emplois d'ici trois ans et aura pour conséquence la localisation en France de produits actuellement manufacturés en Chine et en Inde ;

- 4,2 M€ ont été octroyés à l'entreprise MP Hygiène qui projette de créer à Annonay une nouvelle unité de production (coût total de l'investissement : 19,2 M€). Ce projet, localisé dans un territoire fortement impacté par des restructurations, prévoit la création de 48 emplois en 3 ans.

- 2,2 M€ ont été accordés à l'entreprise AXON'CÂBLE.

Huit nouveaux dossiers d'aide sont en cours d'instruction. Ils représentent un programme d'investissements global d'environ 115 M€ pour 540 créations d'emploi prévues. Une douzaine de projets supplémentaires identifiés pourraient également prochainement aboutir à des demandes formelles d'aide.

L'industrie est indispensable à notre économie. Elle représente plus de trois quarts des exportations des biens et services français, chiffre qui se maintient malgré l'augmentation de la part des services dans notre PIB, et elle est à l'origine de 90% des dépenses françaises privées de R&D.

L'industrie est donc source d'innovation et de productivité, essentielles à notre économie, et permet d'équilibrer notre commerce extérieur, donc de maintenir notre pouvoir d'achat. Elle est également une source importante d'emplois, l'industrie et les services aux entreprises représentant un tiers de l'emploi salarié français.

Ces constats ont été renforcés par la crise et le gouvernement a pris de nombreuses mesures pour soutenir l'industrie française :

- Renforcement de la politique des pôles de compétitivité qui a permis le financement de 889 projets de R&D collaboratifs, représentant 4,6 Mds€ de dépenses de R&D, dont 1,1 Mds€ apportés par l'État à travers le fonds unique interministériel (FUI) ; 300 M€ supplémentaires ont été prévus dans le cadre du programme d'investissements d'avenir pour les projets de R&D structurants des pôles de compétitivité.

- Réforme du crédit impôt recherche, dispositif qui permet désormais de soutenir la R&D des entreprises à hauteur de plus de 4 Mds€ par an. Son remboursement immédiat, qui a été décidé temporairement dans le cadre du plan de relance de l'économie, a été pérennisé pour les PME ;

- Suppression de la taxe professionnelle permettant de faire bénéficier à l'industrie d'une économie de 2 milliards d'euros par an ;

- Renforcement des dispositifs de soutien des entreprises en fonds propres avec notamment la création du fonds stratégique d'investissement (FSI) fin 2008. Le FSI a engagé 3,54Md€ depuis sa création : 2,41 Md€ d'investissements directs, 354 M€ engagés dans des fonds dédiés créés par le FSI (le FMEA, INNOBIO, le Fonds Bois) qui ont investi dans 33 sociétés un montant de 291M€, 300M€ dédiés aux obligations convertibles OC+ dont 93M€ ont été investis, 476M€ engagés dans FSI France Investissement.

- Programme d'investissements d'avenir avec 18 des 35 Mds€ contribuant à l'innovation technologique et à l'industrie, dont :

  • 3,5 Mds€ pour la valorisation industrielle des résultats de la recherche publique ;
  • 2,5 Mds€ gérés par OSEO pour le financement de l'investissement et de l'innovation des PME et ETI, parmi lesquels 1Md€ dédiés aux Contrats de développement participatifs pour renforcer le haut du bilan des entreprises à potentiel et 500 M€ de prêts verts « bonifiés » ;
  • 3 Mds€ sont consacrés aux grandes filières industrielles (aéronautique, espace, automobile, ferroviaire, construction navale) ;
  • 9 Mds€ pour les investissements dans l'économie numérique et le développement durable.

- Le soutien au financement bancaire des entreprises à travers :

  • La médiation du crédit, qui a permis de conforter près de 13 000 entreprises et 230 000 emplois depuis sa création en 2008 ;
  • L'action d'OSEO, qui a soutenu 80 000 entreprises en 2010. Celles-ci ont obtenu 29Md€ de financements publics et privés. (+16% par rapport à 2009).

La politique industrielle a enfin été renforcée par les 23 mesures issues des Etats Généraux de l'Industrie (EGI) en 2010, dont la création d'un Conseil National de l'Industrie et de 11 comités stratégiques de filières, ainsi que la mise en place d'une médiation de la sous-traitance.



TVA « SOCIALE », OUI… MAIS

  TVA b

L’idée de la TVA sociale ou « antidélocalisation » est une vraie bonne idée. C’est sûr. De quoi s’agit-il ?

La TVA sociale consiste à augmenter le taux de TVA pour que cet impôt puisse financer les dépenses sociales. Aujourd'hui, ce sont avant tout les entreprises qui financent la protection sociale par le paiement de charges sociales. Le principe de la TVA sociale est d'augmenter le taux de TVA pour financer la protection sociale et diminuer les charges sociales payées par les entreprises. Il s'agit donc d'un transfert de fond : la baisse des charges pour les entreprises serait compensée par la hausse de la taxe sur les biens de consommation payés par tous, un point de TVA rapportant en moyenne 7 milliards d'euros. Tout ou partie de la protection sociale serait alors financée par les consommateurs, donc potentiellement tout le monde, au lieu que ce soit les entreprises actuellement.

Les partisans de la TVA sociale ont plusieurs arguments :
En diminuant les charges sociales des entreprises, celles-ci seront plus compétitives, elles pourront davantage embaucher et auront moins envie de délocaliser à l'étranger puisque les taxes sur les entreprises seront diminuées.
Les cotisations patronales sont actuellement payées uniquement par les entreprises présentes en France. Or, avec une TVA sociale, tous les produits seront taxés, notamment ceux qui viennent de l'étranger. De cette manière, la protection sociale est financée par tout le monde, même les entreprises étrangères. Par exemple, un produit fabriqué en Chine serait taxé à hauteur de 5% pour financer l'assurance maladie des salariés français.

Du fait de son double effet : baisse des prix à l'exportation d'une part, et hausse des prix des produits importés d'autre part, un transfert sur une TVA sociale a les mêmes effets qu'une dévaluation monétaire. L'instauration d'une TVA sociale pourrait donc compenser le dumping monétaire des pays qui laissent se dévaluer leur monnaie, sans que nous ayons à encourir le reproche d'avoir procédé aux mêmes manipulations, ainsi que le dumping social des pays à bas salaires. Confrontées à une concurrence de plus en plus féroce résultant de l'ouverture des marchés, les entreprises françaises sont contraintes d’améliorer sans cesse leur compétitivité. C'est pour elles une condition de survie. Elles y pourvoient soit par la délocalisation de leur production, soit par des investissements de productivité, c'est-à-dire, dans l'un et l'autre cas, par une diminution de la part de main d'œuvre nationale dans la production. Le principal effet attendu d’une TVA sociale n’est pas de pouvoir augmenter les salaires, mais de diminuer le chômage.

Mais, l'instauration de la TVA sociale pose de sérieux problèmes.
Tout d'abord, la TVA est considérée par la gauche comme l'impôt le plus injuste de tous les impôts puisqu'il est payé par tout le monde au même taux, quel que soit le revenu. Augmenter le taux de TVA revient à augmenter le prix des produits. Le risque est donc grand de voir une baisse significative de la consommation. Celle-ci étant le moteur de la croissance économique, et particulièrement en ces temps de redémarrage, cette mesure produirait alors les effets inverses : hausse des prix, baisse de la consommation, baisse de la croissance économique, baisse de la production, augmentation du chômage. Ce que craint, non sans raison, Christine Lagarde.
Enfin, dernier inconvénient, avec cette mesure, les recettes de l'Etat pour financer tout ou partie des indemnités chômage, des retraites, des dépenses de maladie, deviendraient dépendantes de la croissance. Si la croissance économique venait à faiblir, les rentrées d'argent diminueraient et le déficit de l'Etat s'aggraverait encore plus rapidement que dans le système actuel.

Dire que la TVA sociale n’est pas souhaitable en ce moment parce que la croissance française reste fragile et portée surtout par la consommation des ménages n’est pas complètement vrai. Car ce n’est pas toute la consommation des ménages qui tire la croissance, mais seulement celle des biens et des services produits en France. Au contraire, la consommation des produits étrangers la freine. Et la TVA sociale présenterait le gros avantage d’amener les ménages à consommer davantage les produits français –il en reste encore- en augmentant le prix relatif des produits importés. Donc d’accroître l’impact de la consommation des ménages sur la croissance. Avouons que c’est bien difficile à mesurer.

De même le raisonnement de la gauche n’est pas honnête quand Martine Aubry se déclare « contre » en faisant observer que la TVA est un impôt qui frappe davantage les bas revenus. Elle devrait appliquer le même raisonnement aux cotisations sociales actuelles. Leur remplacement par la TVA sociale ne peut donc pas aggraver les inégalités. Mais Mme Aubry oublie la baisse des cotisations sociales pour ne voir que la hausse d’un impôt.

La majorité des députés UMP est restée traumatisée par les 50 sièges perdus entre les deux tours de 2007 qu’ils attribuent à l’évocation de cette TVA sociale dans la campagne. C’est en partie vrai pour les sièges perdus, bien que les résultats de la gauche du 1er tour par ses scores et son degré de mobilisation et les mauvais reports de voix du Modem sur le parti majoritaire annonçaient le résultat que l’on sait. Mais l’idée est restée ancrée.

Ensuite, il faut compter avec la mauvaise foi de la gauche qui saura s’emparer du sujet sur le thème de l’injustice fiscale que représente déjà à leurs yeux la TVA, taxe uniforme. Et il faut considérer que les principaux perdants de ce type d’ajustement fiscal entre charges salariales et taxe à la consommation, sont les retraités, principal réservoir de voix de la majorité. Enfin, le taux de TVA en France est déjà très haut, à 19,6%. La marge d’augmentation est donc, par nature, très faible, si on veut rester dans une cohérence européenne.

Voilà pourquoi, cela en fait un sujet à haut risque électoral. C’est une réforme qui a besoin de temps pour s’appliquer et en mesurer les effets positifs. Notamment par le décalage inévitable entre la hausse immédiate de sa répercussion sur les prix et les effets forcément plus longs sur l’emploi, le temps que la baisse des charges fasse ses effets sur le cycle de production et des ventes. L’approche de la présidentielle et la proximité des élections cantonales, ne sont pas propices à sa mise en place. A moins d’être suicidaire.

 


LA TENTATION PROTECTIONNISTE

 

C’est un raisonnement simple qui s’appuie sur des considérations vertueuses et séduisantes : puisque la concurrence internationale détruit nos emplois et est responsable de la montée du chômage, protégeons-nous en fermant les frontières. Et en plus de la préservation de l’emploi, on préserve l’environnement en limitant les transports lointains, on se protège contre des produits de mauvaise qualités voire défaillants et on donne de l’oxygène à nos entreprises nationales. La mesure est simple, tout le monde peut la comprendre et semble facile à mettre en œuvre.

Et c’est pourtant ce qu’il ne faudrait surtout pas faire, en tout cas au seul échelon national. Ne faisons pas l’impasse sur ce que l’Histoire nous a appris. C’est en effet le réflexe protectionniste et la fermeture des frontières dans les années 30 qui avaient amplifié l’effet de la dépression économique. Et dans un monde où les économies sont devenues imbriquées les unes dans les autres, la fermeture unilatérale de nos frontières serait périlleuse et par nature très compliquée à mettre en œuvre.

Notre pays n’a pas les moyens de l’autarcie : son tissu industriel, sa monnaie, son agriculture, ses approvisionnements en matières premières et produits énergétiques dépendent des échanges avec l’extérieur. Fermer le robinet et ce sont des chômeurs par dizaine de milliers qui iront pointer à l’ANPE, sans compter avec la hausse du coût de la vie que les consommateurs devront affronter, aggravée par une dépréciation inévitable de la monnaie.

Il nous faudrait aussi dénoncer tous les traités, à commencer par celui qui nous lie à l’Union européenne, sortir de l’Organisation Mondiale du Commerce, renoncer à jouer un rôle dans les négociations mondiales. Le peu d’avantages que nos entreprises pourraient tirer en s’abritant de la concurrence, arrondirait peut-être leurs profits mais seraient vite perdu par la chute de la consommation et le recul de leur compétitivité. Et que deviendraient EADS, Airbus, Alstom et le TGV ? A qui vendrons-nous le surplus de fabrication d’automobiles ?

Par contre, notre devoir est de rester vigilant face au désir de la Chine d’acheter des entreprises chez nous. Cela concerne toute l’Europe. Autant on peut trouver désagréable qu’un groupe indien s’empare de ce qui reste de notre sidérurgie, qu’une multinationale américaine rachète une entreprise européenne, autant on peut être certain qu’on ne peut confondre leurs intérêts avec ceux de l’Etat auquel ils appartiennent. Il n’en est pas de même quand il s’agit de grandes entreprises chinoises qu’on peut évidemment soupçonner d’être au service d’une stratégie de domination tant politique qu’économique. En ce cas, le protectionnisme s’impose car il y a absence de réciprocité, concurrence déloyale en raison de l’opacité des modes de financement et surtout risque de fuite technologique.

L’ouverture au monde reste indispensable. Cela n’empêche pas une régulation et la lutte contre les spéculations abusives, tant financières que sur les matières premières.

 

 


LA GUEULE DE BOIS DE L’ECONOMIE BRITANNIQUE

 

Surprise totalement inattendue ! Après quatre trimestres consécutifs de hausse de son produit intérieur brut (PIB), le Royaume-Uni a vu son économie reculer de 0,5 % au cours des trois derniers mois de 2010. De quoi faire chuter la livre sterling. Ces chiffres qui ravivent le spectre d'une rechute de l'économie, sont très préoccupants pour le gouvernement de David Cameron. De quoi alimenter aussi les attaques aussi bien du patronat que des acteurs du secteur associatif qui lui reprochent son plan d’austérité.

L’opposition n’est pas en reste : Ed Balls, qui vient juste de prendre le poste de « shadow chancellor » de l'opposition, ne s'est pas privé de diriger le projecteur sur la vulnérabilité, diagnostiquée par des économistes de tout bord, de la stratégie économique du gouvernement. Il a estimé que le gouvernement de coalition « avait hérité d'une économie qui se renforçait » et que ses actions « rendraient en fait plus difficile le retour à l'équilibre des finances publiques ». Ce à quoi George Osborne, le chancelier de l'Echiquier, a répondu que le gouvernement maintiendrait le cap de l'austérité et ne serait pas « dévié par le mauvais temps ».

Gordon Brown est ressorti de l'ombre pour parler du retour des erreurs des années 1930. Pas complètement à tort. La relance de type keynesien peut en effet très bien provoquer du « stop and go ». Surtout avec la cure d’austérité brutale imposée par les conservateurs. Le gouvernement va attendre le 27 avril, date de publication de la croissance économique du premier trimestre 2011, avec la peur au ventre. Un nouveau trimestre de contraction signifierait que le Royaume-Uni est officiellement retombé en récession. Car il faudra compter avec la hausse du chômage et celle de la TVA qui vont peser sur l’économie britannique.

On entre cette année dans le vif du sujet du plan d'austérité, à un moment où la Banque d'Angleterre n'a plus guère de marge de manoeuvre compte tenu du retour de l'inflation. Les économistes craignent le retour de la stagflation. Il vaudrait mieux pour David Cameron, en délicatesse avec sa coalition, que cette première estimation ait présenté une image exagérément noire de la situation.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la croissance en Europe, même si nos liens économiques avec Albion ne sont pas aussi prégnants qu’avec notre voisine d’outre Rhin.



POURQUOI L’ALLEMAGNE NOUS A DISTANCES

écart franco allemand

Comment « Mettre un terme à la divergence de compétitivité entre la France et l'Allemagne ». C’est à cette question que se propose de répondre le rapport que vient de recevoir le ministre de l'Industrie, Eric Besson. Ses conclusions montre que«s’Il n'y a pas entre la France et l'Allemagne un décrochage permanent et structurel de compétitivité,  il y a en revanche une rupture de tendance d'ampleur sans précédent historique à partir de l'an 2000 »..

Une rupture qui s’explique par de multiples facteurs mais, « pour l'essentiel, par des politiques opposées de gestion du marché du travail et une divergence de grande ampleur des coûts et des marges des entreprises ». Autrement dit, la réduction du temps de travail côté français, comparée, outre-Rhin, à une politique de désinflation compétitive menée à travers une compression des salaires. Le résultat, c’est que « les exportations françaises représentent 40 % des exportations allemandes aujourd'hui, contre 55 % il y a dix ans ». Et « la France a perdu au cours des années récentes le seul avantage comparatif qui était le sien, celui des prix moins élevés ».

La comparaison restreinte à l'Allemagne, plus frappante que sur une moyenne de la zone euro, est délibérée et répond à une demande élyséenne, comme le précisait encore récemment Nicolas Sarkozy : « Autant je peux comprendre les différences de compétitivité entre la Chine, l'Inde et la France, autant je ne peux pas comprendre la différence de compétitivité entre l'Allemagne et la France. C'est trop grave pour nous ».

Le rapport met en évidence l'écart de compétitivité relativement récent qui « n'est pas irrémédiable » mais « les mécanismes à l'oeuvre ne se corrigeront pas spontanément ». S'il salue les pôles de compétitivité, Oséo, le crédit d'impôt recherche ou la réforme de l'université, « leurs effets ne pourront apparaître que dans des délais d'au moins cinq à dix ans ». Il faut donc un « pacte de compétitivité industrielle » entre pouvoirs publics, partenaires sociaux et citoyens, dont l'une des mesures prioritaires serait un « recalage de nos coûts industriels » : « Comme on ne peut pas dévaluer, il faut au moins stopper l'hémorragie liée au coût du travail par une nouvelle baisse des charges, de 10 à 15 milliards d'euros », juge Michel Didier, président de l'institut de conjoncture. A compenser, au choix, par une hausse de la TVA ou une baisse des dépenses publiques. Ou les deux combinées ?

Deuxième impératif : « adapter le compromis social salaire-emploi-durée du travail à la contrainte de compétitivité ». Il faudrait négocier au sein des entreprises de nouveaux accords autour du coût du travail. Des conclusions que ne partagent évidemment pas tous les économistes. Pour certains « les gains de l'Allemagne ne seront pas forcément durables, car ils ont été obtenus par les baisses de salaire. Nous serions plus inquiets s'ils avaient été obtenus par la productivité. » D’autres sont plus pessimistes : « Il n'est pas sûr que la France doive suivre la politique salariale allemande, en raison du poids devenu petit de l'industrie et donc de la faiblesse de l'effet d'amélioration de la compétitivité et des effets sur les inégalités  de revenus ». On peut comprendre que les Français ne l'accepteraient pas.

En l'absence de marges de manoeuvre budgétaires, les pistes de réforme paraissent donc limitées, au moins d'ici à 2012.

 


UN BOUT DE PRINTEMPS EN HIVER.

  Cac 40 01 10 semaine Le CAC 40

 

L'Europe retrouve la confiance des marchés. L'Etat portugais parvient à séduire les investisseurs,  les banques reprennent des couleurs, le CAC 40, en hausse de 2,15 %, est au plus haut depuis deux mois et l'euro repart en à la hausse à 1,3083 dollar. Avec raison, au bout d'un an de crise, les marchés ont enfin compris et admis que l'Europe avance. La découverte des déficits grecs, avait été suivie d’un temps de réaction trop lent, mais même si le  cheminement est laborieux, des solutions de compromis finissent toujours par s’imposer.

Et la crise la fait avancer plus vite : non seulement le Portugal a trouvé à placer sa dette, mais le taux obtenu montre qu’il séduit les marchés. La Commission propose un nouveau « paquet » de gouvernance de la zone, le Japon, après la Chine, est venu acheter des obligations européennes et, mieux, le fonds de secours doublerait !

Les Européens sont décidés à mettre un terme au plus tôt à la crise de leur dette souveraine. Les prochaines réunions des ministres des Finances et de l'Eurogroupe pourraient accroître considérablement les moyens et la flexibilité du Fonds européen de stabilité financière. Le ministre belge des Finances s'est prononcé hier soir en faveur d'un doublement des capacités d'aide mises à disposition de la zone euro, à 1.500 milliards d'euros. De leur côté, La France et l’Allemagne ont simplement évoqué cette possibilité si elle s'avérait « nécessaire ». L'Europe entend, c’est clair, contre-attaquer sur tous les fronts où elle est menacée.

L’Europe est un Objet Politique Non Identifié. Ce que testaient les marchés dès le début de la crise grecque est la solidarité des Etats membres de cet OPNI entre eux. Eh bien, les décisions ont été prises et avec elles, la preuve a été fournie que l'euro n'est pas seulement une monnaie, l'euro est un objet politique que ses fondateurs défendront. Les marchés semblent donc s'être convaincus que la volonté politique est là. Espérons qu’ils en resteront là et de fait, ils commencent à prendre au sérieux les intentions des Européens. L'euro s'est envolé au-dessus de 1,33 dollar après que Jean-Claude Trichet a fait part de ses craintes relatives à l'évolution de l'inflation dans les mois à venir. Les opérateurs en ont déduit que des hausses des taux allaient intervenir plus tôt que prévu. Le CAC 40 a tutoyé les 4.000 points d'indice.…

Mais attention, l’hiver n’est pas fini. Et il reste tant à faire pour que le marché unique soit relancé, que soit mis fin au dumping fiscal et social, que soit lancé des eurobonds pour financer des dépenses d'accélération de la productivité des Etats membres, à commencer par ceux du Sud… Oui, l’Europe est encore trop souvent un « processus » plus qu’un aboutissement et la « sauver » ne la construit que partiellement.



IL FAUT TRA-VA-ILLER !

Valls

C’est sur le principal échec du quinquennat de Nicolas Sarkozy que va se jouer la prochaine présidentielle : le pouvoir d’achat. La crise en est évidemment la principale cause, mais les Français n’en ont cure ; aussi bien les ouvriers et employés que ceux qui constituent ce qu’on appelle communément « la classe moyenne ».

L’équation est compliquée. Entre ceux qui bénéficient des prestations sociales, ceux qui « touchent » comme on dit, et ceux qui constituent le haut du panier et pour qui le pouvoir d’achat n’est pas un problème, il y a ceux qui gagnent trop pour « toucher » et pas assez pour être à l’aise. Ce sont les éternelles victimes des « effets de seuil ». Ce sont aussi les gros bataillons de la moyenne de la « classe moyenne ». Ce sont ceux-là qui ont le plus cru au slogan « travailler plus pour gagner plus ». Ils sont aujourd’hui les plus déçus.

 Tout le monde l’a bien compris. Qui séduira le mieux ces « classes moyennes », après qui tout le monde court désormais ?

Quelques précisions pour comprendre. En termes de revenus, on range dans cette catégorie les ménages disposant de 1.200 à 3.000 euros de revenus mensuels. Les analyses historiques montrent qu'elles ont explosé au cours des Trente Glorieuses. Mais après une période faste, leurs conditions de vie n’ont cessé de se dégrader entre les augmentations d’impôts et leurs salaires stagnants. Le déclassement qu'elles ressentent nourrit le pessimisme constaté dans les sondages. C'est le fond du problème posé aux politiques, et que la crise aggrave encore. Or plus de la moitié des Français, déclarent y appartenir. S'y retrouvent ainsi les professions intermédiaires, les enseignants, agents de maîtrise et employés, un gros tiers de retraités…

Voilà pourquoi les "Français moyens" détiennent probablement la clé de l’élection. Les socialistes y fondent de grands espoirs avec DSK, espérant y renouveler la performance de Mitterrand (56 %) et oublier la déconvenue de 2007 (37 %). Manuel Valls s'est rendu compte des effets pervers des 35 heures sur notre économie et traduit l'aspiration au travail par une abrogation qui paraît logique de  la loi, espérant s'attirer les bonnes grâces de cette partie de l'électorat. De son côté, Nicolas Sarkozy, solidement campé sur les retraités, ne désespère pas de les convaincre par sa gestion douce de la crise, sa modération fiscale, son discours sécuritaire…

La solution ? Leur redonner du pouvoir d’achat ! Et c’est là que ça coince. Augmenter les salaires en pleine reprise, c’est impensable, en tout cas d’ici 2012, et c’est prendre le risque d’accentuer les délocalisations. Il faut donc maintenir le dispositif actuel des heures supplémentaires défiscalisées qui apportent un supplément de revenu à 5 millions d’entre eux. Le débat sur les 35 heures qui remettrait en cause ce petit plus sera très mal vécu. De même, les augmentations d’impôts ne seront pas les bienvenues. La marge de manoeuvre est donc étroite, car il faut en même temps annihiler les effets dévastateurs du bouclier fiscal devenu, par l’hystérie de la gauche sur le sujet, un symbole d’injustice fiscale. On voit donc quel chemin tortueux est pris pour la reconquête de leurs voix. Car, la suppression de l’ISF pour le remplacer par un impôt sur les revenus du patrimoine pourrait bien être un remède pire que le mal. Les apparences de justice et de rationalité sont souvent trompeuses en matière d’efficacité économique.

La France ne s’en sortira que si elle produit plus de richesses. Travailler plus, si on peut, reste à l’ordre du jour.



TOUT N’EST PAS ROSE, MAIS….

  Euro

Deux ans après la crise de 2008, le monde ne va pas aussi mal qu’on pouvait le penser. L'année 2010 se termine sur une croissance record en Asie et sur une consolidation de la reprise en Amérique et en Europe, ce qui n’était pas évident avant l'été. La nouvelle année s'annonce sous les mêmes auspices avec une croissance partout stabilisée. Le navire de l'économie mondiale reste fragile, sans doute, mais aucun tsunami ne semble plus en mesure de le faire couler.

Le souci de 2011sera plutôt le découplage entre les pays développés et les émergents : « 10 % de croissance en Chine, 10 % de chômage en Occident » comme le résume l’économiste américain Nouriel Roubini, Les uns craignent la déflation tandis que les autres doivent lutter contre l'inflation et ont commencé à mettre le pied sur le frein. Alors que les pays développés sont préoccupés de voir leur croissance handicapée par des problèmes « structurels » qui seront long à se résorber. Cette grande divergence est la source d’instabilités et de menaces. La tentation protectionniste reste devant nous.

Aux Etats-Unis, la situation immobilière n'est pas encore stabilisée et les emplois tardent à revenir. La construction et l'industrie, qui ont fortement abaissé leurs effectifs durant la crise, ne s'estiment pas en mesure de réembaucher. D’ailleurs Goldman Sachs estime que la croissance potentielle américaine est aujourd'hui réduite à 2,25 %, contre 3 % dans les années 1980-2010. La première conséquence est que la moitié des chômeurs le sont pour « une longue durée » (plus de vingt- sept semaines), du jamais-vu chez des gens habitués à retrouver rapidement un emploi. Et pourtant, d'un point de vue conjoncturel, la reprise n'a pas flanché. La croissance de 2,7 % cette année s'est accélérée en fin d'année et elle devrait passer au-dessus de 3 % en 2011, notamment grâce aux baisses d'impôts négociées par Obama avec le Congrès.

En Europe, la reprise devrait aussi se solidifier : 1,7 % dans l'euroland cette année, 2 % en 2011 : la croissance repart sur des bases « autoporteuses » saines et à mi-2012, le choc de la crise pourrait même être effacé. En Allemagne, l'export n'est plus seul à tirer l'économie : la consommation pourrait croître de 2,1 % après 0,5 % cette année, et l'investissement de 2,7 % après un recul de 0,9 % en 2010. L'Allemagne est en passe de surmonter définitivement la crise des « subprimes ».

Les pays de l'Est (Pologne, République tchèque, Hongrie) et ceux du Nord foncent comme l'Allemagne : la croissance suédoise atteindra 5,4 % en 2010 en rattrapage de 2009, mais aussi 4,1 % en 2011 ! Voilà aussi des modèles qui marchent. En revanche, les pays du Sud et l'Irlande seront pénalisés par leurs dettes. L'Espagne, par exemple, maintenue en récession cette année, plafonnerait tout juste à 1 % en 2011, la moitié du rythme de la zone euro. La périphérie européenne représente « le risque principal », mais la taille de ces pays est trop faible pour remettre en cause la croissance du nord.

La France s'inscrit dans la moyenne de la zone euro. L'essentiel est que la consommation ne devrait pas trop fléchir malgré le moral négatif du pays. La croissance atteindrait 1,8 à 2 %  en 2011, après 1,6 % en 2010. Il faudra un jour expliquer que ce miracle n’est pas dû au hasard, mais tient à la gestion habile de la crise par le gouvernement.

Tout n’est pas rose, mais arrêtons de voir l’avenir en noir !

 


NIVEAU « CAFE DU COMMERCE » !

Marché

Hier soir, j’ai suivi par hasard pendant quelques minutes sur la « Trois », dans l’émission  «  Ce soir ou jamais » la discussion animée autour du « fameux appel de Cantona » dont on apprend qu’il émanait en fait d’un certain Sarfaty « comédien réalisateur » de son état. En Monsieur je-sais-tout, plein de ses certitudes, il nous a joué son numéro d’intermittent du spectacle et asséné en un long discours intarissable ses fadaises et contre-vérités sur le système bancaire, le capitalisme, l’Euro et l’Europe qui vont dans le mur… tout en chantant les mérites de cet espace de liberté d’expression incomparable qu’est internet. Son savoir économique était aussi maigre que notre taux de croissance.

C’est sûr, comme « café du commerce » planétaire où l’on refait le monde, où tous les ignards viennent étaler leur fausse science, où tous les lobbyes idéologiques propagent leurs fausses nouvelles et leurs intox à coups de mensonges, où tous les obscurantistes prêchent leur vérité rance, oui c’est sûr, internet est un espace d’expression. Mais il est le reflet de notre décadence, tant dans l’expression approximative que dans les savoirs auxquels il nous expose.

Encore heureux, on croyait qu’il y aurait des moutons de Panurge pour suivre la consigne : même pas. Le bon sens l’a sûrement emporté sur l’appréciation appuyée sur des connaissances économiques. C’est une bonne nouvelle, car le pouvoir des cons est terrifiant.

Mais comment peut-on nier à ce point le chemin parcouru depuis l’âge des cavernes par l’Homme, comment ignorer à ce point l’apport de la monnaie, des banques et de la bourse dans le développement des industries et de l’économie en général ? On peut convenir que le système n’est pas parfait, j’admets que l’on débatte de la nécessité de régulation de certaines pratiques, mais de grâce, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Si encore, l’entourage de ce quidam avait été à la hauteur : mais même pas. Quelques timides protestations, et surtout le degré zéro de la connaissance du fonctionnement de l’économie.

D’aillleurs, ce n’est pas étonnant. Selon un sondage TNS Sofres, deux tiers des Français disent n'avoir pas eu de formation économique durant leur scolarité et seul un sur dix avoue lire la presse économique. Les connaissances en la matière sont donc lacunaires : les Français obtiennent une note médiocre de 8,3/20 au petit quizz mis en place par le Conseil pour la diffusion économique (Codice).

Pourtant la crise a placé l'économie au coeur du débat.  Peu de disciplines procurent des sentiments aussi mêlés avec un paradoxe : les Français jugent leurs concitoyens mauvais en économie, mais éprouvent eux-mêmes, paraît-il, une grande curiosité pour cette matière : ça c’est plus difficile à croire. L'économie procure également une grande irritation car elle est souvent perçue comme un savoir détenu par un groupe d'experts parlant d'en haut à une France d'en bas. Du coup, cette discipline génère de la méfiance et le sentiment que toutes les réformes mises en oeuvre nous seront forcément défavorables.

Seuls 35 % des Français déclarent avoir suivi des cours d'économie durant leurs études. Nous sommes extrêmement en retard là-dessus par rapport aux pays anglo-saxons et scandinaves. On le constate dès que l'on parle de réformes, où le débat se situe immédiatement sur le terrain politique, tant sur une question économique, il est toujours plus facile d'avoir une opinion qu'un raisonnement.

Dire que le système éducatif ne joue pas suffisamment son rôle est un doux euphémisme. L’économie est pourtant enseignée à travers la géographie dès la sixième et même avant, et aussi en tant que discipline autonome. Et tout comme l’Education civique, on nous dit ne l’avoir jamais étudiée. Ce n’est malheureusement pas le seul maillon faible de la transmission des connaissances. Mais au-delà, une pédagogie sérieuse doit être possible tout au long de la vie. Elle est nécessaire pour comprendre les réformes douloureuses qui nous attendent. Les faits sont parfois plus têtus que les idées… surtout quand elles sont fausses !

 


LOI NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité)

  Lignes haute tension

Le parlement français a adopté définitivement le projet de loi relatif à la nouvelle organisation du marché français de l'électricité (NOME) qui prévoit qu'EDF cèdera jusqu'à 25% de sa production nucléaire à ses concurrents.

Depuis l'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité exigée par Bruxelles, aucun concurrent d'EDF n'a pu s'imposer. Et pour cause : avec son parc nucléaire, l’opérateur historique bénéficie de faibles coûts de production. La loi NOME doit l'obliger à céder une partie de sa production nucléaire à ses concurrents à un prix inférieur à celui du marché, mais auquel ? C'est l'une des questions épineuses de la réforme.

Le texte stipule qu'EDF cède jusqu'à 25% de la production de son électricité d'origine nucléaire à ses concurrents comme GDF Suez, Poweo ou Direct Energie, afin qu'ils puissent proposer des offres à tarifs concurrentiels. Il ne précise cependant pas le prix auquel devra être cédée cette part de sa production nucléaire. Ce prix, qui fait l'objet de vifs débats entre l'opérateur historique et ses concurrents, devra être fixé par décret. Dans un premier temps, le prix et la répartition seront fixés par le gouvernement, puis la Commission de régulation de l'énergie (CRE) prendra le relais.

Principale crainte soulevée par ce texte, qui doit entrer en vigueur début 2011 : la hausse des tarifs. Tandis que les groupes UMP et du Nouveau centre (NC) ont voté pour, les groupes de l'opposition de gauche ont voté contre, affirmant que cette réforme se traduirait par une augmentation de 11 à 15% des tarifs. Pour sa part, l'UFC-Que Choisir, organisation de défense des consommateurs, a affirmé que cette réforme risquait d'entraîner une forte hausse des tarifs « de 7% à 11% dès la mise en place de la loi et de 21% à 28% d'ici 2015 ».

Mais pour EDF, la loi NOME constituait surtout un risque direct pour sa position dominante sur le marché de l'électricité français. C'est ainsi qu’Henri Proglio avait dénoncé cette loi dès la fin octobre 2009, alors qu'il n'était pas encore entré en fonction à la présidence d'EDF. Il s'était alors exprimé devant les membres de la Commission des Affaires économiques de l'Assemblée Nationale et avait annoncé qu'il résisterait autant que possible au "pillage" d'EDF.

On peut même penser que la direction d'EDF a conclu une alliance de circonstance avec les syndicats particulièrement hostiles à la loi NOME. La CGT parle ainsi de « déconstruction du système électrique français » et en adopte une vision particulièrement négative. Le syndicat FO a demandé au gouvernement de « renoncer au projet de loi ». La CFDT d'EDF s'est exprimée en des termes plus directifs: « arrêtez la casse d'EDF ». Le lobbying syndical s’est même traduit par une campagne d’affichage scandaleuse, financée par le comité d’entreprise. La mise en concurrence effective d’EDF est en effet susceptible de faire apparaître son inutile et coûteuse lourdeur de structure, en comparaison de ses concurrents fournisseurs alternatifs, développés dans un esprit très « start-up » où tous les coûts doivent être maîtrisés au plus juste.

La CFDT d'EDF argumente que la rente nucléaire ne peut être redistribuée à tous les français qu'au travers de tarifs réglementés proposés par un opérateur public. C’est un marché de dupes qui maintient des tarifs réglementés 25% en-dessous de ceux du marché réel.  Comme ils devront disparaître, le réajustement est inévitable.

EDF en tant que producteur, devrait vendre directement à ses clients et à tout autre fournisseur indifféremment, à un prix de 34 €/MWh. Mais l’ex-entreprise nationale cherche en réalité à négocier une augmentation de ses tarifs avec un raisonnement simple : le prix de vente aux concurrents doit couvrir les coûts qui se situent à 45 €/MWh selon ses estimations, bien qu’elle semble disposée à un « compromis » à 42 €/MWh. On peut cependant regretter que ni l’Etat ni la CRE n’aient pris les moyens d’expertiser ces chiffres avancés par EDF (qui reste une entreprise publique !).

Si le prix est fixé à 34 €/MWh, la concurrence pourra se développer, les prix aux clients n’augmenteront pas ou peu, mais, selon EDF, il y aurait un risque de sous-rémunération du nucléaire. A l’inverse, si le prix est fixé à 42 €/MWh, des hausses importantes de 10% à 30% des tarifs de l’électricité seront nécessaires d’ici 2015 et il faut évidemment s’interroger sur l’usage qui sera fait par EDF des 8 €/MWh de rémunération supplémentaire qui lui seraient ainsi accordés. Cette somme pourra-t-elle servir à financer autre chose que le parc nucléaire (par exemple le développement international) et dès lors qu’elle aiderait à financer le renouvellement du parc, comment garantir que le client futur, qui consommera l’énergie produite par ces futures centrales, ne paierait pas une seconde fois les investissements concernés ?

En fait, EDF est le grand bénéficiaire de la loi NOME au détriment de ses concurrents et surtout des consommateurs ! Car en faussant la concurrence, on empêche la baisse des prix de jouer et on rend inéluctable l’augmentation des tarifs aux consommateurs.

 

 

 

 


SOUS LA CRISE, LES VIEUX !

 

Il n’y a pas que le problème des retraites qui pose problème pour les financer et dont on sait que la démographie est une circonstance aggravante, avec notre pyramide des âges en forme de montgolfière. Demain ce sera la dépendance et en attendant on peine à financer les maladies de dégénérescence cérébrale, comme Alzheimer.

Et voilà que la crise financière n’est plus tout-à-fait un mystère. Comment a-t-on pu en arriver à cette énorme bulle de crédit dont o l’explosion en 2008 a plongé le monde dans une crise dont on peine encore à sortir ?

Tout le monde s’y est mis : économistes, historiens, anthropologues, financiers pour creuser le dossier et tenter de trouver le point de départ.

D’abord, on a tout de suite vu la folie financière avec ses outils si sophistiqués que bien peu comprenaient leur fonctionnement, alors envisager un effet systémique, vous pensez !  Ensuite on a découvert que la politique monétaire trop laxiste aux Etats-Unis avait fait monter les cours des actions et les prix immobiliers. A ce premier déséquilibre macroéconomique il fallait en rajouter un autre, celui créé par le formidable excédent commercial chinois à mettre en face du déficit abyssal américain.

Puis on s’est aperçu que les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont contribué à accélérer le processus, participant à la création d’une bulle du même type que celle qui a explosé en 2000. Phénomène qui a contribué à l’accélération du mouvement de glissement du pouvoir économique de l’Amérique à l’Asie.

Mais la vraie clé qui vient se superposer à toues les autres, c’est la clé démographique. Au cours des 40 dernières années, la population mondiale de plus de 65 ans a augmenté de 400 millions de personnes. Et au cours des 40 prochaines années, elle va augmenter de 1,2 milliard. Avec la génération du « baby-boom » des pays développés qui prend sa retraite, c’est la finance qui est concernée en premier, puisque sa fonction est de transporter l’argent à travers le temps. L’inflation a disparu depuis que cette génération est arrivée à l’âge où l’on épargne. Depuis un quart de siècle les fonds de pension ont acheté massivement des actions. Les sommes en jeu sont colossales : près de 24 000 milliards de dollars selon les estimations (pour 13 pays), dont plus de la moitié pour les seuls Etats-Unis.

Mais fini d’engranger : pour les années qui viennent, les fonds de pensions vont devoir débourser, et d’abord pour sécuriser le capital, faire glisser les capitaux des actions vers les obligations, les faisant monter. En même temps, il faut s’attendre à une pression à la baisse sur les marchés boursiers. Résultat : la baisse des taux d’intérêts. Et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Et nous n’en sommes qu’au début.

Selon l’économiste hongrois Elöd Takats, l’impact  dépressif sur le logement dans les pays développés pourrait être de l’ordre de 1% par an dans les pays vieillissant le plus vite, de quoi faire baisser les prix de moitié !

La tempête financière et la crise économique ne viennent pas seulement des folies de Lehman Brothers, des erreurs d’Alan Greenspan, de l’émergence de la Chine et de l’effet démultiplicateur d’internet. La rupture démographique qui n’apparaît pas d’emblée est en réalité violente dans ses effets, parce qu’elle fait valser des milliers de milliards de dollars ou d’euros.

 Pas drôle de vieillir !

 


ECLAIRCIE SUR LE FRONT DE L’EMPLOI

 

L'euphorie n'est pas de mise, bien sûr. L'emploi salarié a tout juste retrouvé son niveau du deuxième trimestre de 2009. Mais si la baisse du chômage n'est pas encore installée, la hausse de l'emploi, elle, est là. C'est ce qui ressort des statistiques publiés par l'Insee. Le secteur marchand a gagné 44.000 postes, pour atteindre 15.958.400 postes au troisième trimestre 2010, et c’est le troisième trimestre d'affilée de hausse. Une estimation provisoire qu’il faut accueillir avec prudence, mais que la publication des chiffres définitifs, le 9 décembre, devrait confirmer.

Certes, les créations d'emplois ont continué, au troisième trimestre, à être tirées par l'intérim. Si la progression de 16.200 postes par rapport au trimestre précédent marque un ralentissement de sa croissance cet été (+ 3 % contre + 5,3 % au deuxième trimestre et + 5,9 % au premier trimestre de 2010), les statistiques mensuelles de Pôle emploi font état par ailleurs d'une évolution très contrastée, avec une stagnation en juillet (+ 0,1 %) et août (- 0,1 %) mais une nette reprise en septembre (+ 3,4 %). Attendons donc de voir.

Evidemment, l'industrie a continué à perdre des emplois au même rythme que le trimestre précédent (- 0,3 %), soit une perte de 8.900 postes et de 82.400 sur un an. La construction n'a pas non plus bénéficié d'un retournement de conjoncture, mais la baisse de ses effectifs a été divisée par deux par rapport au trimestre précédent, à - 0,2 %, soit 3.100 postes de moins.

Le tertiaire est pour sa part resté créateur net, même hors intérim, et l'Insee note une accélération des créations de postes, avec une hausse des effectifs de 47.400 contre 27.600 au deuxième trimestre.

Cette éclaircie sur le front de l’emploi précède généralement la baisse du chômage. Pour cela, il faut bien sûr que la croissance tienne le cap des 2%, ce qui n’est pas assuré pour 2011.

 

 


LE RETOUR DE LA TVA SOCIALE


L'idée de la TVA sociale refait surface dans la majorité. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a proposé d'instaurer une « TVA antidélocalisation », qui permettrait d'abaisser le coût du travail. Le sujet revient ainsi dans le débat politique, trois ans après son abandon sur fond de polémique.

TVA sociale, TVA emploi et maintenant TVA antidélocalisation : le nom change mais c'est la même idée centrale qui fait son retour. « Si on augmente la TVA et si on baisse parallèlement les cotisations sociales employeurs et salariés, on fait reculer notre coût du travail, donc on favorise l'emploi tout en faisant contribuer les importations aux ressources de la Sécurité sociale », a défendu hier dans « Le Figaro » le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, s'appuyant sur l'exemple allemand. On se souvient que cette idée avait été défendue par jean Arthuis dès 2006. Alors que la volonté du gouvernement de faire converger les systèmes fiscaux français et allemand a déjà été l'occasion de briser les tabous de l'ISF et du bouclier fiscal, l'Allemagne a instauré cette TVA sociale dès 2007, en relevant de trois points son taux (à 19 %) pour en affecter un tiers à l'allégement des cotisations. On estime que deux ou trois points seraient supportables pour le panier de la ménagère et permettraient d'alléger fortement le coût du travail.

« On ne peut plus continuer à fonder tout notre système exclusivement sur la taxation du travail, avec les risques de délocalisations que cela pose », avait aussi analysé, en mars, à l'issue des états généraux de l'industrie, Nicolas Sarkozy. Ajoutant toutefois, prudent, qu'il fallait « approfondir la réflexion » et ne pas « confondre vitesse et précipitation ». Car le débat a toujours buté sur des obstacles autant techniques que politiques. Le débat avait alimenté la bataille des législatives de 2007 et débouché sur un recul de la majorité.

Aujourd’hui, l’idée refait son chemin, y compris chez les alliés centristes de l’UMP, et le recul que procure maintenant l’expérience allemande pourrait lever quelques doutes à propos de l’impact sur le pouvoir d’achat ou sur l’inflation. Encore faudrait-il que nos chefs d’entreprises jouent le jeu de la répercussion à la fois sur leurs prix et sur les salaires, en répercutant le gain en allégement des charges que cela leur procurerait. Justement, avec le même objectif de réduire les écarts de compétitivité, le patronat revendique aussi cette mesure. « Dans l'éventuelle refonte fiscale, nous pourrions songer à la création d'une "TVA emploi"», propose l'Afep, qui regroupe les cent plus grands groupes français. La question est de savoir si le moment est bien choisi.

Avec la refonte fiscale qui verrait la suppression de l’ISF, ce débat est plutôt à mettre au registre de la campagne présidentielle de 2012. Ce serait un bon moyen de redonner de l’élan à notre économie pour la sortie de crise… et bon aussi pour le financement des retraites !