POURQUOI L’ALLEMAGNE NOUS A DISTANCES
20 janvier 2011
Comment « Mettre un terme à la divergence de compétitivité entre la France et l'Allemagne ». C’est à cette question que se propose de répondre le rapport que vient de recevoir le ministre de l'Industrie, Eric Besson. Ses conclusions montre que«s’Il n'y a pas entre la France et l'Allemagne un décrochage permanent et structurel de compétitivité, il y a en revanche une rupture de tendance d'ampleur sans précédent historique à partir de l'an 2000 »..
Une rupture qui s’explique par de multiples facteurs mais, « pour l'essentiel, par des politiques opposées de gestion du marché du travail et une divergence de grande ampleur des coûts et des marges des entreprises ». Autrement dit, la réduction du temps de travail côté français, comparée, outre-Rhin, à une politique de désinflation compétitive menée à travers une compression des salaires. Le résultat, c’est que « les exportations françaises représentent 40 % des exportations allemandes aujourd'hui, contre 55 % il y a dix ans ». Et « la France a perdu au cours des années récentes le seul avantage comparatif qui était le sien, celui des prix moins élevés ».
La comparaison restreinte à l'Allemagne, plus frappante que sur une moyenne de la zone euro, est délibérée et répond à une demande élyséenne, comme le précisait encore récemment Nicolas Sarkozy : « Autant je peux comprendre les différences de compétitivité entre la Chine, l'Inde et la France, autant je ne peux pas comprendre la différence de compétitivité entre l'Allemagne et la France. C'est trop grave pour nous ».
Le rapport met en évidence l'écart de compétitivité relativement récent qui « n'est pas irrémédiable » mais « les mécanismes à l'oeuvre ne se corrigeront pas spontanément ». S'il salue les pôles de compétitivité, Oséo, le crédit d'impôt recherche ou la réforme de l'université, « leurs effets ne pourront apparaître que dans des délais d'au moins cinq à dix ans ». Il faut donc un « pacte de compétitivité industrielle » entre pouvoirs publics, partenaires sociaux et citoyens, dont l'une des mesures prioritaires serait un « recalage de nos coûts industriels » : « Comme on ne peut pas dévaluer, il faut au moins stopper l'hémorragie liée au coût du travail par une nouvelle baisse des charges, de 10 à 15 milliards d'euros », juge Michel Didier, président de l'institut de conjoncture. A compenser, au choix, par une hausse de la TVA ou une baisse des dépenses publiques. Ou les deux combinées ?
Deuxième impératif : « adapter le compromis social salaire-emploi-durée du travail à la contrainte de compétitivité ». Il faudrait négocier au sein des entreprises de nouveaux accords autour du coût du travail. Des conclusions que ne partagent évidemment pas tous les économistes. Pour certains « les gains de l'Allemagne ne seront pas forcément durables, car ils ont été obtenus par les baisses de salaire. Nous serions plus inquiets s'ils avaient été obtenus par la productivité. » D’autres sont plus pessimistes : « Il n'est pas sûr que la France doive suivre la politique salariale allemande, en raison du poids devenu petit de l'industrie et donc de la faiblesse de l'effet d'amélioration de la compétitivité et des effets sur les inégalités de revenus ». On peut comprendre que les Français ne l'accepteraient pas.
En l'absence de marges de manoeuvre budgétaires, les pistes de réforme paraissent donc limitées, au moins d'ici à 2012.
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