LA DETTE US EN LIGNE DE MIRE
06 juin 2011
Standard & Poor’s vient de mettre la dette américaine « sous surveillance négative ». C’est le premier pas avant la rétrogradation de la note AAA qui permet d’emprunter aux taux les plus bas. L’endettement américain continue de se dégrader. Ce n’est pas une nouveauté. L’agence a voulu manifester ses doutes quant à la qualité de la signature américaine et la capacité de la Maison Blanche et du Congrès aux mains des Républicains à se mettre d’accord d’ici la fin du mandat de Barak Obama sur le plan d’austérité nécessaire pour inverser la vapeur.
Il est vrai que la priorité de l’hôte de la Maison Blanche est pour l’instant de trouver un accord avec le Congrès pour augmenter le plafond de la dette et éviter un défaut de paiement des Etats-Unis. Or, la Chambre des Représentants vient de le refuser lors d’un vote. Ce plafond de 14 300 milliards de dollars a été atteint le 16 mai et le compte du Trésor est en train de se vider. Les deux parties ont jusqu’au 2 août pour se mettre d’accord. De quoi faire faire le yoyo aux bourses et inquiéter les investisseurs.
Consensus inavouable ?
Il y a tout lieu de penser qu’un accord sera trouvé, même si au passage, la gestion démocrate devra faire des concessions sur les économies exigées par les Républicains : jusqu’à 2 000 milliards de dollars sur 10 ans. La complication vient surtout de l’aile conservatrice « tea-party » qui a lancé la chasse aux dépenses publiques et pour qui tout compromis budgétaire serait une trahison.
La réalité est que ni les Démocrates qui souhaitent un haut niveau de dépenses publiques, ni les Républicains qui se veulent inflexibles sur les baisses d’impôts, ne proposent de scénario crédible de retour à l’équilibre budgétaire. Il en résulte un consensus inavoué pour laisser monter l’endettement. La dette qui pèse 65% du PIB passerait en 2013 à 90% du PIB. C’est bien ce que l’agence de notation a compris et qui explique son avertissement, c’est-à-dire la probabilité d’une dégradation de la note. En général, elle intervient dans les trois mois.
Bien que onze des dix-sept pays de la zone euro aient déjà perdu leur triple A, la vraie crise de la dette ne se produira pas en Europe, mais aux Etats-Unis. Quand la Chine ne voudra plus financer…
Commentaires