TOUT N’EST PAS ROSE, MAIS….
12 janvier 2011
Deux ans après la crise de 2008, le monde ne va pas aussi mal qu’on pouvait le penser. L'année 2010 se termine sur une croissance record en Asie et sur une consolidation de la reprise en Amérique et en Europe, ce qui n’était pas évident avant l'été. La nouvelle année s'annonce sous les mêmes auspices avec une croissance partout stabilisée. Le navire de l'économie mondiale reste fragile, sans doute, mais aucun tsunami ne semble plus en mesure de le faire couler.
Le souci de 2011sera plutôt le découplage entre les pays développés et les émergents : « 10 % de croissance en Chine, 10 % de chômage en Occident » comme le résume l’économiste américain Nouriel Roubini, Les uns craignent la déflation tandis que les autres doivent lutter contre l'inflation et ont commencé à mettre le pied sur le frein. Alors que les pays développés sont préoccupés de voir leur croissance handicapée par des problèmes « structurels » qui seront long à se résorber. Cette grande divergence est la source d’instabilités et de menaces. La tentation protectionniste reste devant nous.
Aux Etats-Unis, la situation immobilière n'est pas encore stabilisée et les emplois tardent à revenir. La construction et l'industrie, qui ont fortement abaissé leurs effectifs durant la crise, ne s'estiment pas en mesure de réembaucher. D’ailleurs Goldman Sachs estime que la croissance potentielle américaine est aujourd'hui réduite à 2,25 %, contre 3 % dans les années 1980-2010. La première conséquence est que la moitié des chômeurs le sont pour « une longue durée » (plus de vingt- sept semaines), du jamais-vu chez des gens habitués à retrouver rapidement un emploi. Et pourtant, d'un point de vue conjoncturel, la reprise n'a pas flanché. La croissance de 2,7 % cette année s'est accélérée en fin d'année et elle devrait passer au-dessus de 3 % en 2011, notamment grâce aux baisses d'impôts négociées par Obama avec le Congrès.
En Europe, la reprise devrait aussi se solidifier : 1,7 % dans l'euroland cette année, 2 % en 2011 : la croissance repart sur des bases « autoporteuses » saines et à mi-2012, le choc de la crise pourrait même être effacé. En Allemagne, l'export n'est plus seul à tirer l'économie : la consommation pourrait croître de 2,1 % après 0,5 % cette année, et l'investissement de 2,7 % après un recul de 0,9 % en 2010. L'Allemagne est en passe de surmonter définitivement la crise des « subprimes ».
Les pays de l'Est (Pologne, République tchèque, Hongrie) et ceux du Nord foncent comme l'Allemagne : la croissance suédoise atteindra 5,4 % en 2010 en rattrapage de 2009, mais aussi 4,1 % en 2011 ! Voilà aussi des modèles qui marchent. En revanche, les pays du Sud et l'Irlande seront pénalisés par leurs dettes. L'Espagne, par exemple, maintenue en récession cette année, plafonnerait tout juste à 1 % en 2011, la moitié du rythme de la zone euro. La périphérie européenne représente « le risque principal », mais la taille de ces pays est trop faible pour remettre en cause la croissance du nord.
La France s'inscrit dans la moyenne de la zone euro. L'essentiel est que la consommation ne devrait pas trop fléchir malgré le moral négatif du pays. La croissance atteindrait 1,8 à 2 % en 2011, après 1,6 % en 2010. Il faudra un jour expliquer que ce miracle n’est pas dû au hasard, mais tient à la gestion habile de la crise par le gouvernement.
Tout n’est pas rose, mais arrêtons de voir l’avenir en noir !
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