HISTOIRE

DANS LES BROUILLARDS DE L’AUTOMNE

Brouillard

 

Absence de visibilité.

Comment ne pas se laisser envahir par l'ambiance actuelle d'incertitude qui ne favorise que la procrastination ou la déprime. Quel que soit le sujet qui vient à l’esprit, c’est la confusion ou l’absence de visibilité. A commencer  par cet épisode pandémique qui nous ligote d’un fil invisible et nous paralyse et  qui n’en finit pas. Il y a de quoi atteindre le  moral. Sans parler  de cette actualité qui se répète et qu’on pourrait intituler : « le coup de couteau du jour » ou quelque chose comme ça. Partout s’insinue le  poison de l’incertitude. Incertitude de l’élection américaine qui flirte avec le vaudeville trumpien, incertitude politique en France  à droite, à la Rem, à gauche, chez les Verts, incertitude  économique avec une reprise insaisissable, aussi bien en Europe que dans le monde…  Et on est désarçonné par la puérilité de certains comportements législatifs telle cette proposition d’amendement pour créer un « gibier électronique » pour remplacer le vrai dans la chasse à courre ! Si c’est pas de la masturbation ça ?

Quand tout cela va-t-il s’arrêter ? 

En fait, c'est la question qu'on entend ou qu'on se pose soi-même sans cesse depuis plusieurs semaines. Pour l’élection américaine, nous serons bientôt fixés : plus que trois semaines à attendre, en espérant que le résultat sera suffisamment net pour éviter la  période de désordre qui s’installerait s’il prêtait à contestation. Qu’on le veuille ou non, le sort du monde en dépend quelque peu (euphémisme). Pour le reste,  la question n’a qu’une importance relative.  Chaque sujet aura nécessairement une réponse. L’incapacité à anticiper nous chagrine, mais c’est parce que nous sommes impatients. Prenons l’épidémie de la Covid 19 (ah oui, on dit « la » maintenant, je ne sais pas pourquoi) qui préside au découragement : personne ne sait quand ça va s'arrêter : va-t-elle encore durer  3 mois, 6 mois, 9 mois ? Peu importe. On a quand même  une certitude : elle va s'arrêter un jour, toute seule, ou grâce à un vaccin ou à un traitement efficace. Or, si on prend un peu de recul, on s'aperçoit qu'on n'est plus à 3 ou 6 mois près ! D’ailleurs, si l’on en croit ce qu’on lit dans la dernière note du FMI ;  « les gouvernements doivent augmenter l’investissement public et les taux d’intérêt bas rendent l’endettement désirable". Vous n’avez pas la berlue : la plus grosse institution économique mondiale, apôtre traditionnel de la rigueur budgétaire et du désendettement à tout prix se range officiellement du côté de la relance keynésienne. Le Covid fait tout voler en éclat et, dans ce cas, c’est tant mieux, parce que selon le FMI, augmenter l’investissement public de 1% du PIB conduit directement à la création de 7M de jobs et plus de 20M indirectement. Evidemment, certains secteurs économiques y laisseront des plumes, mais imaginons plutôt ce qui va se passer quand ça va s’arrêter.

Se projeter dès maintenant.

Imaginons le boom de consommation et le boom d'investissements avec le retard accumulé par les ménages et les entreprises dans leurs dépenses. Un carburant phénoménal a été accumulé qui inévitablement va alimenter la reprise, avec l'épargne des ménages au plus haut et la trésorerie des entreprises, au plus haut elle aussi, sans parler des plans de relance gouvernementaux et des torrents de liquidités déversés par les banques centrales. Nous allons enfin pouvoir respirer sans masques ! Libérés de tout ce qui nous entrave ! Alors, plutôt que de se laisser envahir par la déprime qui pousse à la procrastination, il vaut  mieux dès maintenant se projeter. C’est le moment de se  poser les bonnes questions : comment allons-nous tirer profit du monde d’après et quelles réponses  allons-nous apporter, quels changements allons nous opérer pour nous y adapter. Voilà un bon sujet de  réflexion. Quelques pistes : la  dette  va-t-elle ruiner les rentiers ? La déflation causée par la déprime économique conjoncturelle et les données démographiques  associées aux évolutions techniques va-t-elle céder la place à une inflation salvatrice avec le rebond ?  La question est de savoir comment l'équilibre s'opérera entre déflation structurelle et inflation conjoncturelle, sujet fondamental  pour tous ceux qui ont des « assurances vie ». 

Même les brouillards les plus épais se dissipent dès que l’atmosphère se réchauffe un peu.

 


SYLVAIN TESSON ET LE SECRET DE L’AIGUILLE D’ETRETAT.

L'aiguille creuse Tesson 1003

 


L'aiguille creuse Tesson 1005 « … Une fois seul, Beautrelet retourna vers le fort. Il l’avait déjà presque dépassé, quand tout à coup il s’abattit à terre et resta blotti contre un pan de mur. Et il songeait en se tordant les mains :

— Suis-je fou ! Et s’ « il » me voit ? Si ses complices me voient ? Depuis une heure, je vais… je viens…

Il ne bougea plus.

Le soleil s’était couché. La nuit peu à peu se mêlait au jour, estompant la silhouette des choses.

Alors, par menus gestes insensibles, à plat ventre, se glissant, rampant, il s’avança sur une des pointes du promontoire, jusqu’au bout extrême de la falaise.

Il y parvint. Du bout de ses mains étendues, il écarta des touffes d’herbe, et sa tête émergea au-dessus de l’abîme.

En face de lui, presque au niveau de la falaise, en pleine mer, se dressait un roc énorme, haut de plus de quatre-vingts mètres, obélisque colossal, d’aplomb sur sa large base de granit que l’on apercevait au ras de l’eau et s’effilait ensuite jusqu’au sommet, ainsi que la dent gigantesque d’un monstre marin. Blanc comme la falaise, d’un blanc-gris et sale, l’effroyable monolithe était strié de lignes horizontales marquées par du silex, et où l’on voyait le lent travail des siècles accumulant les unes sur les autres les couches calcaires et les couches de galets.

De place en place une fissure, une anfractuosité, et tout de suite, là, un peu de terre, de l’herbe, des feuilles.

Et tout cela puissant, solide, formidable, avec un air de chose indestructible contre quoi l’assaut furieux des vagues et des tempêtes ne pouvait prévaloir. Tout cela, définitif, immanent, grandiose malgré la grandeur du rempart de falaises qui le dominait, immense malgré l’immensité de l’espace où cela s’érigeait.

Les ongles de Beautrelet s’enfonçaient dans le sol comme les griffes d’une bête prête à bondir sur sa proie. Ses yeux pénétraient dans l’écorce rugueuse du roc, dans sa peau, lui semblait-il, dans sa chair. Il le touchait, il le palpait, il en prenait connaissance et possession. Il se l’assimilait…

L’horizon s’empourprait de tous les feux du soleil disparu, et de longs nuages embrasés, immobiles dans le ciel, formaient des paysages magnifiques, des lagunes irréelles, des plaines en flammes, des forêts d’or, des lacs de sang, toute une fantasmagorie ardente et paisible.

L’azur du ciel s’assombrit. Vénus rayonnait d’un éclat merveilleux, puis des étoiles s’allumèrent, timides encore.

Et Beautrelet, soudain, ferma les yeux et serra convulsivement contre son front ses bras repliés. Là-bas, — oh ! il pensa en mourir de joie, tellement l’émotion fut cruelle qui étreignit son cœur, — là-bas presque en haut de l’Aiguille d’Étretat, en dessous de la pointe extrême autour de laquelle voltigeaient des mouettes, un peu de fumée qui suintait d’une crevasse, ainsi que d’une cheminée invisible, un peu de fumée montait en lentes spirales dans l’air calme du crépuscule. »

                                                   Extrait de « L’aiguille  creuse » de Maurice Leblanc.

Dans le roman de Maurice Leblanc, Arsène Lupin tente d’échapper à la police et à Isidore Beautrelet, un lycéen rusé et habile en déductions.  Après une longue enquête et malgré les nombreuses embûches et obstructions menées par le gentleman cambrioleur, le lycéen découvre enfin le repaire de son adversaire. L’extrait ci-dessus nous fait revivre ce moment décisif du roman. Arsène Lupin se cacherait à l’intérieur du célèbre rocher près d’Etretat où se trouverait également le fabuleux trésor des rois de France.

L'aiguille creuse Tesson 1001L’aiguille est-elle vraiment creuse ? Le trésor y est-il  encore ? Voilà une vérification qui aurait intéressé Tintin. Eh bien le  héros d’Hergé est réincarné en la personne de Sylvain Tesson. Il aime relever les défis de la littérature. Après avoir sillonné la Mer Méditerranée dans les pas d’Ulysse, notre Tintin du XXIème siècle, a voulu vérifier le « secret de l’aiguille creuse », en escaladant le célèbre rocher. En redingote et chapeau haut-de-forme, s’il vous  plait ! pour rappeler que c’était le repaire d’Arsène Lupin.  Pour le détail, il en fait le récit dans le Figaro magazine de cette semaine avec  son complice Philibert Humm. Et, pour faire un pied  de nez à « l’esprit de sérieux qui nous gouverne et aux masques qui nous étouffent », depuis son sommet, il nous lance un appel  pour que nous retrouvions ce qui fait l’esprit français : la gaieté, la désinvolture, la joie de vivre, l’esprit d’aventure, l’amitié …

L'aiguille creuse Tesson 1004

L’APPEL DE L’AIGUILLE

POUR LE PRIMESAUT DE FRANCE !

Quelle force s’est acharnée à nous rendre si tristes, nous, Français ?

Le monde a parfois considéré la France comme la patrie de la légèreté universelle.

Un proverbe disait : « Heureux comme Dieu en France. »

Pourquoi sommes-nous devenus si méchants et à ce point moroses ?

Les temps sont durs, nous le savons. Ils l’ont toujours été.

C’est précisément dans la peine que la gaieté est cruciale.

Cet appel n’est pas une lubie d’enfant gâté, mais une supplique.

Résumons le début du siècle XXI.

Chacun, devant l’écran ou derrière son masque (c’est la même chose)

surveille son voisin.

On connaît ses droits, on se pense offensé. On signale, on assigne,

on exige réparation. On  se censure puisqu’on s’épie. Le langage est régenté.

Un bon mot s’appelle une discrimination.

Quelques-uns s’emploient à tout réinventer. La forme des villes, le visage des paysages,

la substance de  la langue, les vieux modes de vie, les livres d’histoire.

Terra Nova et novlangue, disent-ils !  Résultat : un infralangage de manageurs,

un ordre techno-moral et  plus personne pour chanter à table

après les repas  de  famille. Quel chantier, quel pensum !

Chacun se sent malheureux. On pense la France l’antichambre de l’enfer.

On connaît mal le Soudan.

Voilà pour le tableau. Il est moins vivifiant qu’un Monet maritime.

Nous sommes quelques-uns à ne pas aimer ces maussaderies.

Nous leur préférons l’électricité d’Arsène Lupin et l’esprit de l’aiguille creuse.

Le héros de Maurice Leblanc ne voulait pas changer le monde, ni trouver des

coupables. Au sommet de l’aiguille blanche, il se gaussait des idées creuses.

Il moquait les vieilles barbes, échappait à l’enfermement. Il défiait les ordres

Poussiéreux mais n’imposait rien par la  violence, ni par l’esprit de sérieux, poison

suprême. Rebelle et poli. Il chantait le « primesaut », autre nom de la gaieté,

et célébrait les rois qui savaient s’amuser.

Il y avait en lui l’anarchiste et le seigneur féodal.

Par le primesaut il faut entendre la fantaisie du style, l’amour de la liberté, l’absence

du ressentiment, le goût des belles choses. Le contraire du primesaut, c’est la  vie sans

la joie telle que la concocte l’administration psycho-sanitaire « pour votre confort et

votre sécurité ».

Le primesaut est notre trésor perdu : la désinvolture et la longue mémoire.

L’essence de la France se tient peut-être là :

dans la rencontre des gravités publiques et des gaietés privées.

Nous autres, qui aimons les aiguilles, nous ne manifestons pas, nous ne revendiquons

rien. Nous faisons attention à ne pas faire tomber les pierres. Nous vénérons

ce qui est plus ancien que nous, ce qui demeure et ce qui domine. Nous préférons la

liberté à la sûreté, les nostalgies personnelles aux promesses

globales. Nous voudrions aimer, boire et chanter sans que la puissance publique nous

indique comment vivre, sous quel masque nous cacher, de quoi nous repentir et

comment nous exprimer.

Nous aimons les aiguilles parce qu’elles sont des refuges, comme  les Patagonies,

La colonne des stylites, certains jardins, quelques musées et les tablées d’amis.

Les strates des parois d’Etretat trahissent la profondeur des temps :

accumulation de la mémoire. Les silex sont coupants : esprit d’insolence.

Le soleil frappe l’ombre : gaieté de plein vent. La mer les barate, jamais fatiguée :

énergie vagabonde. Elles se tiennent debout, postées devant le  large, le dos tourné :

distance polie. En leur sommet, on y respire bien, on y dit ce que l’on veut, et la  vue

porte loin : liberté vitale. Iode, azur, photon : devise de notre royaume.

Les  aiguilles sont belles car intouchées par l’Administration et  conservées

par le temps. On y est libre de  déclarer son amour à la France, à la gaieté,

aux amis, à l’art, aux bêtes, à l’aventure. Elles s’écroulent un peu,

mais elles tiennent bon contre la gravité !

Il faut connaître ses aiguilles, les rejoindre,

Se tenir debout sur leur fine pointe, quand l’air devient épais.

Que les vieilles aiguilles crèvent les nouvelles baudruches ! 

 

L'aiguille creuse Tesson 1002Et Philibert Humm de conclure : au prétexte qu’il fait l’usage d’un sous-marin, téléphone au monde entier et roule à plus de quatre-vingts kilomètres par heure, il s’en trouve pour prétendre que Lupin n’a jamais existé. Qu’il serait le pur produit d’une imagination fantaisiste, celle de l’écrivain Maurice Leblanc. Croyez-moi ou ne me croyez pas, cela m’est égal. Je puis dire pourtant que je l’ai vu comme je vous vois, gravissant la paroi de l’aiguille creuse, il y a quelques jours de cela. Et en chapeau de cuir bouilli ! Et guêtres, et redingote ! Je puis dire aussi que j’étais son complice…

… Ces monte-en-l’air sans butin, ces conquérants de l’inutile, l’époque nous commandait de les dédaigner. Leur canular ne rapportait rien, sans compter que tous ces efforts étaient «chronophages», comme disent les esthéticiennes de Romorantin. Lupin a peut-être enfin trouvé un ennemi à sa mesure: l’esprit de sérieux. Il paraît que la fantaisie est passée de mode, ainsi que le primesaut, le poireau vinaigrette et les faux cols en Celluloïd. Nous ne marchons pas. Ils grimpent. Et nous montons les aiguilles en épingle.

… Ainsi donc, Lupin existe, c’est un fait indiscutable. Il existe parce qu’il le faut. Parce que je l’ai vu. Parce que sans lui le monde aurait bien mauvaise mine. «Et l’on ose dire que la vie est monotone! s’exclame-t-il à la fin du roman. Mais la vie est une chose adorable, mon petit, seulement, il faut savoir… et moi je sais…»

Et moi j'ajoute : "Ah que tout cela fait du bien !"

 


UN BUDGET 2021 LARGEMENT VIRTUEL

France-faillite

Avant la crise du Covid, le gouvernement n'avait pas réduit les dépenses publiques.
Mais celle-ci lui donne un prétexte pour aller encore plus loin et exploser tous les records budgétaires.

Un délire de dépenses.

Bruno Le Maire a présenté le projet de loi de finances pour 2021 et force est de constater que c'est le délire le plus total : Le déficit sera de 200 milliards d'euros. Rappelons qu'il était déjà à 92,7 milliards avant la crise du Covid. Et pour 2021, pour l'instant, il est prévu à 152,8 milliards. Mais le chiffre sera évidemment revu à la hausse, car 2021 est une année préélectorale et la distribution de cadeaux sera inévitablement encore conséquente. De son côté, avec 200 milliards de dettes supplémentaires sur le seul deuxième trimestre de 2020, la dette était passée à 114,1% du PIB à la fin du mois de juin. Le gouvernement l’envisage à 117,5% du PIB fin 2020 et 116,2% fin 2021.
Mais ne vous inquiétez pas, au train où va la dépense publique, on fera pire que ça !

Deux chiffres illustrent l'absurdité de la situation actuelle : 117,5% du PIB, comme on vient de le voir, c'est le niveau record d'endettement de la France prévu dans le budget du gouvernement à la fin de l'année 2020 ; -0,25% c'est le taux auquel la France emprunte sur les marchés à 10 ans. C’est du jamais vu. Plus les déficits budgétaires sont élevés, plus la dette est élevée, plus la France... gagne de l'argent puisqu'elle emprunte à taux négatif. Voilà une « anomalie » des marchés que le gouvernement, addict à la dépense, a vite exploitée. Il s'est engouffré dans la brèche dès que l'Allemagne a fait sauter le verrou de la limite du déficit à 3% ! Elle emprunte donc à un taux largement négatif, grâce aux achats massifs de la Banque Centrale Européenne qui finance ainsi ces dépenses publiques elles-mêmes massives. Le monde marche sur la tête.

La gageure du budget 2021.

Dans le contexte actuel de crise sanitaire qui se prolonge, l’élaboration d’un budget pour l’année prochaine relève d’une forme de gageure. Ce que semble souligner l’avis rendu le 21 septembre par le Haut-Conseil des Finances Publiques (HCFP). Il ressort de son examen que l’édifice intellectuel du PLF (Projet de Loi de finances) souffre « d’apesanteur ». On ne sait si le compliment vise Jean Castex ou Bruno Le Maire et les services de Bercy.

D’abord, c’est le socle qui est sapé par le Haut Conseil : la prévision de croissance est surestimée. Il ne valide pas l’hypothèse de 8,1% retenue par Bercy. « la prévision d'activité́ pour 2020 est prudente et, à l'inverse, l'ampleur du rebond prévu pour 2021 est volontariste. » Pour qui connaît les nuances sémantiques des usages scripturaux administratifs, nommer un chiffre de « volontariste » revient à ne pas lui accorder de rigueur. D'aucuns diraient même de rectitude. Dès lors que la croissance visée se situe, compte tenu des derniers rebondissements de la crise de la Covid-19, à près du double de ce qui aboutira, on  peut en déduire que le budget n’est guère réalisable. D’autant plus que, deuxièmement, le même Haut conseil est réservé quant à la vigueur de l'investissement dont il estime la prévision trop élevée en raison des facteurs nombreux qui pourraient gêner la reprise de l’investissement productif, qu’il s’agisse de la structure de bilan des entreprises fragilisée par l’endettement, et des perspectives de débouché peu porteuses dans certains secteurs. On ne peut dire les choses plus clairement.

Finances publiques à la dérive.

Avec 152,8 milliards d'euros de déficit public, soit l'exacte moitié des ressources nettes fiscales de 2019, l'Etat - donc nous - est dans une passe délicate qui imposera de lever plus de 260 milliards de dette additionnelle en 2021. Et encore, à condition que les recettes fiscales ne s’érodent pas alors que le Ministère des  Finances projette une contraction du PIB de 200 milliards en 2020. Quant au plan européen, le montant exact des financements européens, supposés améliorer le déficit public de 17,3 milliards en 2021 dans la prévision du gouvernement, reste incertain. Et la conclusion est sans appel : « En conséquence, le Haut Conseil estime nécessaire l'adoption dès le printemps 2021 d'une nouvelle loi de programmation des finances publiques fixant une nouvelle trajectoire d'évolution du PIB et du PIB potentiel ainsi que de finances publiques. »  C'est donc l'acte de décès de la loi de programmation votée le 22 janvier 2018 pour la période 2018 – 2022 !

Bercy lit dans une boule de cristal.

Le Gouvernement, comme les principaux organismes de prévisions, élaborent leurs scénarios macroéconomiques sous l'hypothèse forte d'une amélioration de la situation sanitaire, en France comme dans le reste de la zone euro. Au-delà des incertitudes qui portent sur l'activité elle-même, Le Haut Conseil souligne que les outils mobilisés habituellement par les économistes pour prévoir l'emploi sont rendus inadaptés par plusieurs facteurs : l'ampleur inégalée de la chute de l'activité au premier semestre comme du rebond qui lui succède ; l'impact des mesures sanitaires sur la productivité des entreprises ; la très forte hétérogénéité des évolutions sectorielles qui interdit d'ignorer la composition de l'activité, alors que celle-ci joue un rôle beaucoup plus faible dans des périodes normales ; la mise en oeuvre de mesures d'accompagnement des entreprises et de soutien à l'activité financées par le secteur public. Un avis qui révoque les outils utilisés par les économistes et appelle à la quête de créativité (« think out of the box ») et au progrès de l'économie politique. Bref : il faut faire sortir de la routine une administration sclérosée  et obèse, remplie de certitudes. Les  150  fonctionnaires en moins font sourire. Il ne reste plus au Parlement qu’à agir vigoureusement pour rétablir le niveau de flottaison d'un budget qui appelle déjà une future loi de finances rectificative. Le  gouvernement et la majorité en auront-ils la volonté ?

Retour sur Terre.

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, s'est exprimée, devant la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen. Et elle n’a pas mâché ses mots : « Les entreprises sont confrontées à des difficultés, les gens perdent leur emploi… La reprise reste incomplète, incertaine et inégale... Le PIB réel de la zone euro ne devrait retrouver les niveaux d'avant la crise que vers la fin de 2022 ». Voilà qui plombe un peu plus le discours optimiste de notre argentier. L’économie française qui peinait déjà à rebondir, ralentit déjà. La consommation des ménages marque à nouveau le pas. L'épargne continue de déborder et les entreprises n'investissent toujours pas. Enfin, pour compléter  le tableau d’une reprise en K, les secteurs de l'économie déjà au tapis voient tout espoir de redémarrage s'envoler. Une réalité qui contredit l’optimisme d’un budget surréaliste.




MEDIAS ABSENTS.

Gaulois2

 

Hier avait lieu le renouvellement de la moitié des sénateurs. Pas rien, quand on sait le rôle éminent que joue la « chambre haute » dans l’élaboration des lois et la représentation des territoires que le mode de scrutin dit « des grands électeurs » lui confère. Une élection évidemment intéressante  puisqu’il  s’agissait de vérifier si la majorité sortante serait confirmée, consolidée ou affaiblie. Le fait que le Sénat soit  dominé par  Les Républicains n’est pas non plus sans importance, puisque c’est la première force parlementaire d’opposition politique.  On pouvait donc imaginer que les médias s’intéresseraient à l’événement dont le résultat aura forcément des conséquences sur la suite du quinquennat. Eh bien niquedouille ! 

Quand ceux qui gagnent n’ont pas l’heur de plaire.

Il n’y avait guère que la Chaine Parlementaire pour organiser une soirée « électorale ». J’ai cherché ailleurs et n’ai trouvé que des bandes passantes laconiques en bas d’écran. Et encore grossièrement caricaturales :  majorité confortée sans autres  précisions, percée écologiste sans dire que c’est au détriment du PS, Lrem fait élire ses poids  lourds en omettant  la réduction de ses effectifs … Tout a été fait pour occulter une réalité dont on voudrait bien se passer :  une nouvelle belle  victoire des  Républicains, ce parti soi-disant moribond qui gagne 10 sièges, soit l’équivalent du groupe écolo,  auxquels il faut ajouter 5 sièges  de son alliée l’Union Centriste. Elle était logique, cette victoire puisqu’elle est la conséquence directe du dernier scrutin municipal où le parti Les Républicains  avait remporté avec ses alliés 57% des villes de plus de 9 000 habitants. Résultat passé sous silence, lui aussi. Mais le  bon peuple n’est  pas dupe.

La voix de la France profonde.

A travers les grands électeurs, c’est la France périphérique qui s’est exprimée. Celle que les bobos des grandes villes ne veulent surtout pas voir, sauf quand il s’agit d’aller se mettre à l’abri du Coronavirus.  Ces Français têtus n’appartiennent pas au nouveau monde, ils ont l’audace de désigner des sénateurs LR, PS, communistes, tous représentatifs de l’ancien monde, attachés aux convictions et au clivage droite-gauche, qui n’empêche pas pour autant la réflexion collective, chère à la haute assemblée.  Si la France renoue un jour avec la vie politique assise sur les partis qui retrouveront forcément leur rôle naturel, ce sera grâce au Sénat. Et le Président de la République et sa clique de technocrates auraient tort de négliger le signal qui vient de leur être envoyé.  Car la deuxième  assemblée, dont le Président est aussi le deuxième personnage de l’Etat, aura son mot  à dire sur tous les projets et réformes de l’exécutif. Un sacré caillou dans la chaussure !

Et maintenant, les départementales et les régionales …

Il faudra être courageux pour endosser un maillot LREM au printemps prochain.  Avis aux transfuges et amateurs de soupe qui ont changé de casaque en cours de route, ces élus qui ont changé de camp en croyant à la fable macroniste, reniant les électeurs qui avaient fait confiance à leur ancrage. D’abord qu’ils ne comptent pas sur les militants républicains, car il en reste, pour faire leur campagne, même  déguisés en candidats « centre-droit ». Ils vont tout tenter, y compris en brouillant les cartes, cherchant à constituer des binômes avec des candidats LR. La ficelle est un peu grosse. Hier le parti  présidentiel, s’il a existé un jour, a montré toute sa vacuité. Certains, sentant le vent tourner, vont se raccrocher à une mouvance aussi inconsistante que pernicieuse, autour d’Edouard Philippe. Une imposture de plus. Ce pays qui sombre dans la déprime,  l’anxiété et la défiance généralisée a besoin de choix clairs, d’élus à la colonne vertébrale solide, d’honnêteté des convictions. Les Républicains montrent le chemin pour retrouver la confiance.  Celui qui redonne à la  politique ses lettres de noblesse, en tenant à distance le cynisme, la manipulation et la tambouille politicienne si chers au Maire d’Angers.

 


LE CULTE DE LA NATURE SUPREME

Terre

Il  y a des relents de Robespierrisme dans la nouvelle doxa des écolo-bobos qui ont pris les rênes de quelques grandes villes. Leurs premières décisions politiques laissent pantois : écriture inclusive  imposée, cour de récréation « genrée », suppression du sapin de Noël,  attaques caricaturales contre le Tour de  France … Mais ce ne sont que broutilles qui cachent l’essentiel, et il fait peur.

EELV a choisi de jouer sur les  peurs. 

A tel  point que tout le  monde  voudrait être plus vert que les Verts. Mais pas au point de se figer comme les Amish, nous assène quand même  Macronibus. Les  insoumis se ravisent et abandonnent leur doctrine productiviste pour rejoindre  les écolos dans leurs désirs d’interdire pour nous forcer à sortir de la société de consommation : Manon Aubry rejoint David Cormand. Donc, enfonçons une porte ouverte : les écolos sont bien de  gauche. Verts dehors, rouges dedans, comme les pastèques. Le courant dominant chez les Verts affirme que l’Homme est un avatar de la vie qui ne dispose,  au mieux,  que d’un droit d’usage limité de  son environnement. Cette nouvelle gauche réduit l’homme à un être biologique parmi les autres espèces vivantes. Encore qu’il faille relativiser quand on s’aperçoit que nombre de ses adeptes adhèrent à la théorie du genre qui nie l’anthropologie et le caractère biologique du sexe à la naissance. Elle porte l’idéologie de la nature jusqu’à l’acmé au point d’en faire  un « être suprême ». Et voilà qui nous rappelle les  belles heures de la Terreur et Robespierre avec son culte de l’être suprême qui devait remplacer la religion chrétienne jusqu’à son calendrier.  Et  les écolos sont sur la même pente à n’en pas douter.

L’écologie politique, ou écologisme.

C’est une idéologie anti-humaniste qui, au prétexte de « restaurer l’équilibre » entre l’homme et son environnement, offre un projet de société authentiquement « humanicide » et nihiliste par défaut de considération pour les valeurs humaines. Si le CO2 est le problème, sachant qu’il n’existe aucun geste de l’homme qui n’en émette, alors c’est l’intégralité des actions humaines qui doivent être soustraites à l’empire de la liberté pour tomber dans la contrainte administrative, sur le mode du rationnement, de l’interdiction et de la sanction : c’est l’écologie punitive. Elle conduit au totalitarisme. D’un strict point de vue idéologique, théorique et analytique, l’écologisme forme le projet le plus parfaitement totalitaire depuis Marx, dont elle recycle la vision en se servant de la protection de la nature. Car le cœur de l’idéologie écologiste est anticapitaliste. Ce  n’est pas un hasard si elle est née après la chute du Mur et l’effondrement des  régimes marxistes. Et comme le marxisme, l’écologisme se fait prophétique : faute de pouvoir annoncer la fin du système capitaliste, la doctrine verte brandit désormais la fin de la Planète. L’écologisme est apocalyptique. Il se comporte comme une religion qui prétend se fonder sur la science.

L’Homme occidental en pénitence.

La doctrine verte désigne le coupable : l’homme occidental. Si la décolonisation s’accompagne de remords envers le reste du monde, l’écologisme traduit une culpabilité envers la nature. Ce qui permet en même temps d’afficher une supériorité morale : soyons plus propres, plus verts, plus doux, plus naturels, plus passifs… On communie dans une bienveillance universelle, visant la planète et les générations futures. On lutte contre les petits plaisirs (alimentation, voyages…) et contre un système productif dit insoutenable. L’homme doit donc se racheter en observant le catéchisme écologique et  en dénonçant les Mauvais, quitte à la convertir de force. Toute discussion des présupposés de l’écologisme entraîne en effet une excommunication immédiate, il suffit de suivre quelques débats pour s’en convaincre.  Pour tout dire, l’écologisme est une supercherie scientifique, un délire collectif et un totalitarisme.

L’autre écologie.

Je ne suis pas climato-sceptique, mais la  part anthropique dans le réchauffement climatique est  probablement bien  moindre que ce que les écolos veulent nous faire croire avec leur fausse science. Oui, la Terre se réchauffe, comme tous les 30 à 40 000 ans de l’ère quaternaire.  Et elle se réchaufferait probablement de la même façon sans l’Homme. Le risque d’un monde périssable existe réellement, mais c’est une farce que de penser qu’il peut être évité par le retour à une économie vivrière. Et c’est vrai les enjeux sont terrifiants. Avec  le réchauffement, les glaces de l’Antarctique fondent six fois plus vite qu’il y a une quarantaine d’années, et en moins de quarante ans, le niveau des mers a augmenté de 1,4 cm. La fonte totale des glaces du pôle sud entraînerait une élévation du niveau des océans de 57 m ! Celle des glaces du Groenland de 7m ! Le déversement de  la fonte des glaces  a des  conséquences sur les courants océaniques,  déséquilibrant la balance climatique, provoquant des événements extrêmes que nous constatons déjà. Il faut espérer dans le progrès.  Néanmoins, nous savons par expérience que la nature n’est  pas obéissante et peut même être très cruelle. D’autre part, un assez large consensus existe dans notre pays sur l’urgence de changer de modèle  productif et les entreprises n’attendent pas après les injonctions politiques pour chercher dans l’innovation des  formes  plus adaptées à notre environnement. Les  banques les premières  soutiennent de nombreux projets dits « écologiques »  et l’idée d’un développement soutenable progresse. Les  sources d’énergie les  plus propres sont maintenant parfois les  moins chères et l’AIE estime que les technologies déjà rentables permettront d’éliminer 60% environ de nos émissions de gaz à effet de serre. Il faut pratiquer une écologie des solutions, sans idéologie mais avec persévérance et pragmatisme,  car il est tout-à-fait possible de concilier écologie et croissance durable.

Le culte de la nature suprême, comme celui de l’être suprême, conduit  à une impasse, à une écologie irréalisable parce que fantasmée, sans solutions réalistes. Elle  conduirait si elle était appliquée, les sociétés humaines au cumul de  la détresse sociale et du recul du progrès. Bref, nos écolos sont les plus mal placés pour défendre une écologie durable.

 


La REM A LA RAMASSE !

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Les législatives partielles, même en l’absence (ou à cause) de 80% des électeurs ont consacré le désamour des Français pour le vote macroniste. Aucun des candidats n’a été en mesure de  pouvoir se maintenir au second tour. Après  les résultats catastrophiques des  municipales, il y a du mouron à se faire pour ceux qui envisageraient, aux prochaines élections, de s’allier avec le parti majoritaire ou de le rallier en prenant l’étiquette LREM dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas « vendeuse ». A cela il faut ajouter le départ du groupe majoritaire à l’Assemblée de plus d’une trentaine de députés, si bien qu’il n’a plus la majorité absolue  à lui tout seul. Quand Marlène Schiappa parle « d’une crise de croissance », on est étonné que cela se traduise par un amaigrissement. Le départ de Pierre Person (N°2) de la direction du parti, a sonné comme un coup de tonnerre.

Délitement de La REM.

Mais pour autant, le président Macron ne semble pas inquiet du délitement profond de sa majorité présidentielle. Les défections de députés passés dans d’autres partis, les alarmes diverses lancées par l’aile gauche de la République en marche, mais jamais entendues, un chef débordé par sa base, ne semblent pas l’atteindre. Il se borne à constater que la démission de Pierre Person, numéro deux du parti, a conduit Stanislas Guérini à le remplacer par d’autres élus, comme si la crise de la REM ne devait pas avoir d’impact sur les élections générales de 2022. La crise était devenue inéluctable dès lors que le chef de l’État n’a changé de Premier Ministre que pour placer à Matignon Jean Castex dont les idées ne diffèrent guère de celles d’Édouard Philippe, avec la différence qu’il est là uniquement pour appliquer les politiques décidées par le président. Le verrouillage idéologique du gouvernement a aggravé le malaise croissant des élus de La REM qui venaient de la gauche. Ils voient clairement qu’ils ne comptent plus et se posent donc la question de ce qu’ils font dans la majorité. Le parti, si tant est qu’il existe vraiment, n’est plus que l’ombre de lui-même. 

Un président sans majorité.

En fait nous assistons à une décantation. Emmanuel Macron sait que s’il a gagné les élections de 2017, c’est sur un malentendu et une confusion que sa formule du « en même temps » ne pouvait que renforcer. En France, l’électorat qu’il peut mobiliser se situe désormais à droite dans une opinion publique qui, depuis pas mal d’années, est majoritairement de droite. Comme  disait le regretté Jean d’Ormesson à  l’époque, il y aura forcément la moitié de son électorat qui sera cocu. On sait  maintenant que c’est celui de la gauche modérée qui l’a fait élire. Sauf que ceux du centre et du centre-droit qui le soutiennent aujourd’hui, si l’on en croit les sondages, le sont aussi. Il suffit de regarder les fondamentaux de la  politique menée depuis trois  ans, et continuée par Castex, pour s’en convaincre. Macron impose une politique sociale-démocrate et répugne à prendre les décisions qui le classeraient vraiment à droite comme le  montre sa répugnance à aller sur le terrain régalien de  l’insécurité ou de la lutte contre le communautarisme. Sa loi contre le séparatisme est une tarte à la crème qui ne verra le jour au mieux qu’en fin 2021 et qui ne traitera  pas du vrai sujet : réduire l’islamisme politique.  En 2022 il est condamné à se présenter en s’adressant directement à l’électorat, les forces censées le soutenir seront placées devant le fait accompli, et il le fera sans doute en maintenant le flou de son projet. Et à bien y regarder, il ne peut déjà plus passer la moindre loi sans le soutien du MoDem dont l’influence ne fait qu’augmenter, en même temps que ses exigences, comme le recours au scrutin proportionnel pour les législatives, incompatible avec l’essence de la Constitution.

Un calcul risqué.

Pourquoi Emmanuel Macron est-il si serein face à une crise de la majorité qu’il n’a pas tenté d’enrayer ? Certes, on ne gouverne pas avec des scrupules. Peut-être se dit-il que le cas de La REM n’est pas différent de celui des autres partis, que la gauche reste très divisée,  que les Républicains ne sont pas en meilleure santé, et que grâce à un nombre de candidats pléthorique, il  pourra tirer son épingle du jeu. Une telle analyse ne sera jamais que la construction théorique d’un optimisme triomphant. S’il espère que les partis auront moins d’importance et que les caractères des candidats feront la différence, ceux qui ont une forte expérience ayant de meilleures chances que les autres, il pourrait bien avoir une belle déconvenue. Car malgré les conditions imposées par la crise  sanitaire, ce qui ressort des élections intermédiaires, c’est la résistance du « vieux monde » et l’usure du « progressisme » qu’il prône.  D’ailleurs, les récentes manifestations l’ont démontré : les Républicains sont bien vivants et bénéficient d’un vivier de jeunes élus talentueux qui font chaque jour la démonstration de leur efficacité. Nul doute qu’ils auront un candidat crédible  le moment venu. Quant à la gauche et aux écologistes, il faudra  d’abord qu’ils se mettent d’accord pour avoir une chance de réunir une majorité des électeurs et ce n’est pas gagné ! L’échéance est encore lointaine. On a tant dit que les Français refusaient désormais le duel RN-Macron du second tour que cette fois, il est fort possible qu’il n’ait pas lieu.

Décidément, le remplacement d’Edouard Philippe par Castex n’était pas une bonne stratégie. La crise de La REM le confirme. A droite, on ne s’en plaindra pas.

 


QUEL ETE ! BONJOUR L’AMBIANCE !

Fin du monde tintin

 

Est-ce la crise du Covid qui se prolonge et qui me fait broyer du noir ou est-ce  l’accumulation d’une actualité décourageante ? Toujours est-il que cet été 2020 n’incline pas à l’optimisme quel  que soit le côté  où l’on se tourne. Tout va  mal  aurait dit Cassandre. Je crains que malheureusement ce ne soit pas qu’un état d’esprit  ou un « sentiment ».

Chez nous, déni et improvisation.

Notre Etat est imbattable dans la multiplication des règlements, normes, arrêtés… Le  Covid19 mobilise toujours nos technocrates en dépit de sa  moindre dangerosité. La crise sanitaire a pourtant démontré l’inefficacité du centralisme étatique et de sa bureaucratie. Il tente, sans renoncer à son jacobinisme de donner le change en laissant un peu de liberté aux préfets, mais la verticalité et  l’embrouillamini des structures restent les  mêmes : préfet, Ars, ministère de la santé. Il n’y a pas d’horizontalité, de souplesse,  de place laissée à l’initiative. La preuve en est que les mesures prises à Bordeaux et à Marseille se ressemblent comme  sœurs  jumelles. Comment s’étonner alors que l’Etat soit de moins en moins respecté par une population en proie aux doutes multiples. Comment faire  admettre qu’il faille renoncer à un mariage et à la fête qui va avec quand on laisse par ailleurs plusieurs milliers de jeunes braver  l’interdit et organiser une rave-partie sans que l’autorité ne puisse faire autre chose que de s’en émouvoir.

L’effondrement du pouvoir vertical est un fait et ce ne sont pas les moulinets et les rodomontades du Ministre de l’Intérieur qui y changent quoi que ce soit. L’autorité du pouvoir est défiée quotidiennement par une contre-société qui se renforce  de l’immigration incontrôlée et du commerce de la drogue. Pas un jour sans des meurtres, des règlements de comptes. Cet été a été celui de la multiplication des agressions gratuites commises presque toujours par des  voyous des cités. L’Etat demeure aveugle devant l’augmentation des crimes et violences.  Il  perd  tout crédit  quand  Gérald Darmanin qui dénonce à juste titre un « ensauvagement » est contredit par Dupond-Moretti qui estime  que ce mot développe le « sentiment d’insécurité » qui relèverait de « l’ordre du fantasme » (on se croirait revenu au temps de  Jospinou).  Qu’il aille  donc expliquer ça aux habitants du quartier de la Goutte d’or à Paris ! Ne lui en déplaise, l’augmentation de  la violence est un fait  et elle s’accompagne d’incivilités récurrentes contre lesquelles le citoyen lambda n’ose même  plus protester. Ainsi des rodéos urbains, des refus de porter le  masque dans les transports publics, des bagarres de rues, des non-respects du code de la route.

« L’urgence est économique et sanitaire » affirme notre grand argentier. Elle est aussi et surtout « sécuritaire et identitaire ». Car le gouvernement s’interdit toute brutalité contre les rebelles de la « diversité » par crainte de  l’émeute.  Il préfère la lâcheté croyant acheter la paix civile. Mais ce laxisme accélère le séparatisme territorial et culturel voulu par l’Islam politique. Il  multiplie les  interdits sanitaires mais garde les yeux fermés sur les  défis civilisationnels posés par  une contre-société islamique qui étend son territoire. « Aujourd’hui, où que le regard se pose dans l’espace  public, on voit des manifestations de l’islamisation de la société. Pourtant le déni est encore très répandu » constate Zineb El Rhazaoui, cette Française, ex-collaboratrice de Charlie Hebdo qui vit sous protection policière renforcée depuis l’attentat de 2015. Dans cette France qui se fragmente, il  est souvent insupportable pour le citoyen d’avoir le sentiment de se sentir étranger chez lui. Il ne suffit  pas de lâcher des mots pour s’indigner verbalement des désordres les plus visibles. On nous propose une loi contre le « séparatisme », la belle affaire. Sera-t-elle seulement appliquée alors qu’il existe déjà dans la panoplie largement de quoi agir légalement contre ceux qui le prônent. Dans ces conditions, il faut craindre l’accentuation de la défiance du peuple vis-à-vis d’un pouvoir matamore et  de ses médias enrégimentés. Un récent sondage n’a-t-il pas montré que 70%  des Français n’ont plus  confiance dans l’Institution présidentielle et trois sondés sur quatre annoncent un vote « antisystème » en 2022. La  France est en passe de devenir un moteur à explosions multiples.

Un monde de plus en plus dangereux.

Si l’été a été dominé  par l’épidémie qui ravage l’Amérique latine, reste hors de contrôle aux Etats-Unis et connait un regain en France, en Espagne et en Allemagne, l’ampleur de la récession mondiale est confirmée et acte la segmentation de la mondialisation. Elle s’opère sous l’effet de la  guerre larvée entre les Etats-Unis et la Chine dont la confrontation globale  prend des accents  guerriers avec  le  déploiement de navires de guerre de part et d’autre. Durcissement d’un côté d’un pouvoir  totalitaire  accompagné d’une politique agressive à l’égard de Hong-Kong et de Taïwan, guerre technologique menée de l’autre côté avec en parallèle une montée en puissance des géants numériques. Au moins, face à ces deux empires, l’Europe tient-elle le coup pour l’instant, en   montrant un front uni que même le jeu absurde de Boris Johnson, dont on ne sait plus très bien ce qu’il cherche, ne parvient pas  à fissurer.

Les  démocratures ne sont pas en reste. L’empoisonnement d’Alexeï Navalny venant après ceux d’Anna Polikovskaïa et d’Alexandre Litvinenko, nous rappelle que la Russie de  Poutine reste fondée sur la peur et le mensonge. Le cas de la Biélorussie et la fraude massive lors  de la dernière élection, suivie de la répression des manifestations, éclaire s’il en était besoin la vraie nature de ces régimes autoritaires. En Turquie, Erdogan cherche à masquer la dégradation rapide de la situation économique et financière de son pays par une sorte de reconstitution de l’Empire Ottoman, avec la revendication  au mépris du droit international de la souveraineté turque sur une large partie de la Méditerranée orientale, déploiement de bâtiments scientifiques et militaires à l’appui. La  France s’est portée à juste raison aux côtés des Grecs en apportant un soutien militaire visible. Enfin, le Sahel devient de plus en plus un nouvel Afghanistan  et le combat contre le terrorisme y devient chaque jour plus hypothétique avec une victoire militaire qui paraît impossible à obtenir. C’est une menace de plus d’exportation du chaos et de la violence non seulement dans l’espace africain mais aussi vers l’Europe.

A court terme les politiques monétaires continuent d’entretenir la  bulle financière, avec les banques centrales qui monopolisent les titres de dette publique et privée. Personne ne sait comment on en sortira. Une chose pourtant est certaine : il y aura une addition qu’il faudra payer d’une manière ou d’une autre. La  lutte contre l’épidémie de Covid 19 et la récession qui s’en suit ne doivent pas occulter la montée des risques stratégiques qui pèsent sur les démocraties. Et la reconfiguration du monde qui se dessine, qui conforte la numérisation, la  course à la maison individuelle et la fuite des hypercentres au profit des  campagnes alentours, et le développement du télétravail, constituent vrai défi  pour la transition écologique notamment en raison de la défiance envers l’habitat et les transports collectifs. Cela obligera peut-être les écolos à réfléchir et aller plus loin que leurs idées à la con. Un sujet dont on aura l’occasion de débattre, mais qui ne va pas simplifier le retour « à la normale ».

 

 


LA RELANCE SI…

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Le gouvernement a présenté enfin son plan de relance de l’économie, la semaine dernière. J’ai pris le temps d’un peu de  recul avant d’émettre un quelconque jugement. Car la seule question qui vaille,  c’est bien : « Est-ce que ces 100 milliards vont atteindre l’objectif fixé par le Premier Ministre, à savoir, entre autre, la création de 160 000 emplois l’année prochaine ? ».

Pour y parvenir beaucoup d’hypothèques devront être levées.

Réussir un  plan de relance, c’est rarement arrivé. Il faut bien comprendre qu’en la matière, il ne suffit pas de proposer, ce sont les entreprises et les consommateurs qui disposent. D’abord, il y a le temps de la mise en place : l’enveloppe, les cibles potentielles et les étapes d’approbation par  les rouages démocratiques. Ensuite, il y a le temps de l’application, c’est-à-dire l’engagement des crédits au fur et à mesure des besoins déclarés, enfin le délai de « digestion » par  les organismes concernés. Pour faire court : le  plan de relance ne commencera à s’appliquer au mieux qu’au début 2021, les crédits seront débloqués au cours des six  premiers mois si tout va bien, et les résultats tangibles ne commenceront à apparaitre que vers le début 2022, notamment pour l’emploi dont les délais de réponse sont toujours décalés, le temps  que la machine économique se remette en route.

Le contexte sanitaire, l’environnement économique international, la monnaie.

Le contexte de la crise sanitaire va-t-il continuer de peser ? C’est une autre question. La  peur du covid19 et les confinements ont provoqué un vrai traumatisme en même temps qu’une chute brutale de l’activité. L’économie éprouve aujourd’hui les séquelles liées aux incertitudes sur l’évolution de la pandémie, si bien que les ménages temporisent et les entreprises aussi. En conséquence, la croissance potentielle en pâtit.

A cela  s’ajoute l’environnement dans lequel la relance a lieu. L’ampleur de la récession mondiale est confirmée, elle devrait atteindre plus de 6%, touchant en priorité les pays développés dont l’activité chutera de près de 10% sur l’année, tandis que  les échanges dévisseront de 14%.  En toute logique, il est raisonnable de penser qu’il faudra plusieurs années pour que le  monde puisse retrouver une croissance égale à celle des années 2010 (3 à 4%). Le contexte géopolitique joue aussi un rôle et le délitement de la gouvernance mondiale associé à un renforcement du repli national ajoutent une couche supplémentaire d’incertitude. L’affrontement entre la Chine et les Etats-Unis en est un parfait exemple. Le risque est  amorti tant que les banques centrales sont à la manœuvre, qu'elles maintiennent les taux à zéro, qu'elles injectent des centaines de milliards et qu'elles financent gratuitement le déficit des gouvernements qui distribuent de l'argent à tous ceux qui sont touchés et même à ceux qui ne le sont pas. 

La hausse de l'euro est un autre problème.  Elle s’explique d’abord par la baisse du dollar, mais c’est aussi une hausse de l'euro. Les investisseurs ont été impressionnés par la réaction rapide à la crise de la BCE et par la mise en place toute aussi rapide d'un fonds européen de relance et surtout par l'implication européenne d'Angela Merkel. En effet, la zone euro est devenue une priorité pour l'Allemagne et les investisseurs font confiance à cette dernière. C'est un inconvénient pour l’inflation qui est déjà inexistante, car plus l'euro est fort, plus les pressions à la baisse sur l'inflation sont importantes. C’est un nouveau casse-tête pour la Banque Centrale Européenne. Cette hausse de l'euro tombe à un très mauvais moment, car en plus la zone monétaire est entrée en déflation : pour la première fois depuis 4 ans, l'inflation au mois d'août est tombée à -0,2%, elle était de +0,4% en juillet. Elle a touché 12 des 19 pays de la zone euro.

L’Europe et la France.

Dans l’Union européenne, dont la santé économique nous concerne directement, après le très fort rebond économique de juin et juillet, qui était mécanique, l’économie demeure en sous-régime. En Allemagne la production industrielle n'a progressé « que » de 1,2% en juillet. Et les économistes s’inquiètent d'un essoufflement de la reprise en Europe. Selon Eurostat, dans la zone euro, le PIB a diminué de presque 12 % au cours du deuxième trimestre 2020 et de plus de 11 % dans l'UE par rapport au trimestre précédent.

L'activité a fortement rebondi en France pendant l'été. Mais elle va avoir du mal à revenir à son niveau d'avant-crise, avec à la clé le risque d'un drame social. Si l’on en croit les estimations de l'Insee, le PIB a reculé de 6 % au premier trimestre, puis de 14 % au deuxième (avec même une chute de l'ordre de 30 % au plus fort du confinement). Il pourrait progresser de 17 % au troisième trimestre, puis de seulement 1 % au quatrième. La production nationale serait alors inférieure de 4 % à celle du dernier trimestre 2019. Le choc sanitaire de 2020, lui, a commencé par frapper toute l'économie. L'industrie et le bâtiment ont ensuite repris. Certains services ont eux aussi vite récupéré. Mais ceux qui touchent au voyage et ceux où les prestataires sont en contact direct avec les clients, restent loin en arrière. La reprise est très inégale - et les plus touchés sont ceux qui avaient été plutôt épargnés lors des chocs précédents. Le problème c’est que dans une récession des services, les outils employés depuis des décennies pour soutenir l'activité sont inopérants. Il va falloir en fabriquer d'autres, ce qui demandera du temps.

Voyons de quoi est fait le plan de relance.

A première vue, il évite le  premier écueil : une relance de la consommation ( en techno, on dit de « la demande »). Elle n’est pas à l’ordre du jour.  Le gouvernement compte sur les  85 milliards d’euros du  bas de laine accumulé pendant le confinement  par les ménages pour la réaliser. D’ailleurs, on sait que la relance par la consommation crée peu d’emplois en France. Ce n’est donc pas une priorité.

Le plan s'appelle « France Relance ». Il se donne comme objectif énoncé par Jean Castex  de permettre à l'activité en 2022 de revenir à son niveau de 2019. Il s’appuie sur trois axes : 30 milliards pour la transition écologique, 36 milliards pour le social et les territoires, 34 milliards dans l'industrie avec une volonté de relocalisation. A priori, c’est plutôt un bon plan. Il est programmé sur deux ans. Il contient au moins une bonne nouvelle : enfin arrive une baisse des taxes sur la production qui plombent nos entreprises, sauf que ce ne sera pas 20 milliards d'euros mais seulement 10 (mais comme l’Etat les compense aux collectivités locales pendant deux ans... ça ferait vingt). Sur 70 milliards,  c’est trop  peu. Il aurait fallu au moins 30 milliards. Dommage, parce que c’est le levier le plus efficace pour créer des emplois dans les entreprises. Selon une estimation de l’Ifrap, une baisse de 27 milliards aurait permis de créer plus de 420 000 emplois dont 100 000 dans l’industrie. La  principale faiblesse de ce plan c’est de tomber dans le saupoudrage. Avec 100 milliards celui-ci peut apparaître massif,  mais Il comporte un risque majeur de saupoudrage des crédits en voulant impliquer l’ensemble des grands ministères et des acteurs économiques et institutionnels, la longue liste des crédits affectés en est le signe visible. Et si  le Plan veut relancer l’économie par le soutien aux entreprises, il passe encore trop massivement par de la commande publique. 

Il se veut un pari audacieux puisqu’il sera presque exclusivement focalisé sur « l’offre » qui doit permettre de développer la croissance potentielle de l’économie française avec pour objectif +1 point à l’horizon 2030. Un  bon point pour les investissements qui sont privilégiés, un mauvais  point pour le soutien aux fonds propres, très insuffisant. Il fait un pari sur la dette, aussi, puisque le gouvernement ne veut être jugé que par sa capacité à effacer une partie de la crise en retrouvant les fondamentaux de l’économie française de 2019 dès 2022 et en effaçant la dette Covid à compter de 2025. C’est vraiment très ambitieux, d’autant plus que ce beau programme de relance pourrait être effacé par la politique monétaire de la BCE si l’euro se renforce trop face au dollar au risque de détruire la compétitivité que l’on espère retrouver.

La méthode d’exécution.

Pour l’exécution, le Premier Ministre propose une méthode de budgétisation inédite en réservant l’ensemble du Plan de relance à une mission particulière du budget 2021 afin de conserver une certaine fongibilité des crédits. Pour cela le Premier Ministre présidera un « Conseil de la relance » qui communiquera sur l’avancement et les résultats de la consommation des crédits, sur base mensuelle, tandis que chaque semaine « un comité de pilotage » présidé par le Ministre de l’Economie devrait piloter le déploiement du plan avec les ministères dépensiers et les acteurs des secteurs cibles. J’avais  commencé à oublier que la France est un pays de culture « dirigiste ». Tout sera sous le contrôle de Bercy. Amélie de Montchalin va nommer des « Sous-Préfets à la relance » et  il faudra aussi probablement compter avec François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan. On rajoute des couches d’administration à un pays déjà suradministré. On ne peut faire plus rigide ni plus vertical. Vous avez dit « handicap » ?

Mais le plan est « Un cadeau à la France pour relancer l'économie et lutter contre le chômage » selon Jean Castex. Il faudrait lui rappeler que ce « cadeau » n'est pas un cadeau du ciel, mais un « cadeau » fait et payé à terme par les Français pour les Français. En parlant de cadeau, il alimente cette croyance qu'on peut distribuer de l'argent magique qui ne coûte rien à personne... Rappelez-vous : « C’est gratuit, puisque c’est l’Etat qui paie ! ». Ce plan, et surtout la façon de le présenter, va alimenter dans l'esprit de beaucoup de Français l'idée qu'on peut dépenser sans compter et détruire définitivement toute tentative de revenir un jour à une gestion budgétaire saine, à l'Allemande. Un autre inconvénient, c'est que tout cet argent va également alimenter ce que les Anglo-saxons appellent la « zombie economy », ces entreprises qui doivent tomber car elles ne sont ni compétitives, ni adaptées au présent et à l'avenir et qu'on va maintenir artificiellement en vie. Ceux qui s'inquiétaient de savoir comment les entreprises allaient rembourser leur PGE à partir d'avril prochain ou comment elles allaient pouvoir supporter la flambée des taux de leurs crédits si elles les prolongeaient, peuvent se rassurer. L’État a imposé aux banques de laisser le taux de renouvellement du PGE dans une fourchette de 1% à 2,5%. On va donc continuer à maintenir artificiellement en vie des entreprises zombies. Au moins jusqu'aux élections...

Alors ?

Outre le fait que l’enveloppe de 100 milliards d’euros est artificiellement gonflée pour la présentation, puisque le plan reprend des dispositifs déjà en place, le moins qu’on puisse dire c’est que l’environnement global n’est  guère porteur. La pandémie ne se calme pas ce qui entretient une atmosphère d’angoisse peu propice à l’optimisme et à la consommation. Du coup, l'économie rebondit mais moins rapidement qu'anticipé, de même pour le chômage, dans un monde qui tourne au ralenti. Après un arrêt de la croissance comme on l'a connu avec le confinement, la reprise se fait par étapes. Sur le front monétaire, l’euro a progressé de 12% depuis l'apparition du virus. C'est un inconvénient supplémentaire pour les exportations qui sont une priorité de la relance. Enfin, c’est à l’épreuve des faits qu’on vérifiera si notre dirigisme n’est pas un handicap supplémentaire. Le moteur de la confiance, essentiel, tourne lui aussi au ralenti. Et les  secousses sociales qu’il faut craindre  avec  l’explosion du chômage  prévue d’ici la  fin de l’année, dans le contexte actuel de  violences, pourraient peser bien plus que l’argent pour la relance… mais pas dans le bon sens. Vouloir créer 160 000 emplois dès l’an prochain paraît vraiment très ambitieux, car l’Etat propose mais les entreprises disposent. Mais restons positifs, il fallait un grand plan de relance et c'est un grand plan de relance.

 


PARI REUSSI !

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La droite de Port-Marly.

Le rassemblement de Port-Marly était un pari audacieux :  réunir plus de 1000  jeunes pour participer à des tables rondes pouvait tenir de la gageure.  Eh bien, non seulement ils ont été au rendez-vous, démontrant la capacité du parti, mais ce fut passionnant grâce  aux invités et aux élus présents. J’ai pu suivre quelques-uns des rendez-vous grâce à la retransmission sur facebook. Mais ce qu’en ont retenu les médias est affligeant : au lieu de voir le travail sur le fond qui est réalisé, objectif poursuivi avec opiniâtreté par Christian Jacob, ils ne veulent retenir que le sujet de la candidature à la présidentielle de 2022 qui n’est pas à l’ordre du jour. Mais passons. Il y aura nécessairement un candidat issu de notre famille politique et il sera  en capacité de l’emporter. Je reviendrai sur ce sujet qui mérite un développement.

Déstabilisation.

Non seulement les médias ont  minoré sa victoire aux municipales pour focaliser sur une « vague verte » qui n’a  pas eu lieu, mais, au même moment, Les Républicains font l’objet d’attaques pour les déstabiliser, par un travail de sape venu de personnalités qui ont rejoint le camp macroniste. Un jour c’est Estrosi qui conseille de passer un accord avec Macron, le lendemain  c’est Roselyne Bachelot qui déclare que nos électeurs ont « toutes les raisons de voter Macron ».  Que Roselyne n’ait pas  pu résister à  l’attrait du maroquin de la culture, c’est son affaire,  mais qu’elle garde ses  conseils pour elle. Ce  sont des comportements comme le sien qui provoquent le dégoût des électeurs et les conduisent à l’abstention ou au vote contestataire. Elle est  plus convaincante quand elle refuse l’écriture inclusive qui défigure notre langue. Car pour ce qui est de soutenir Macron, encore faudrait-il pouvoir se reconnaître dans la  politique qu’il mène. Suivre Estrosi ou Bachelot relève du syllogisme: il vaudrait mieux pour la droite LR se ranger derrière Emmanuel Macron qui « fait-ce-que-la-droite-avait-promis-de-faire-mais-n’a-jamais-fait », sans jamais préciser quoi ; on connaît la rengaine de tous ceux qui ont pris le train macroniste en marche, aussi bien chez les cadres LR que chez leurs électeurs. Mais c’est un énorme mensonge !

D’abord à cause des réformes que la droite n’aurait jamais faites.

Qu’on en juge ! Nous n’aurions jamais supprimé la Taxe d’habitation sous l’odieux prétexte qu’elle était injuste. Voilà une décision imbécile qui montre une méconnaissance de la réalité. Nous n’aurions pas non plus continué la politique des exemptions d’impôts qui fait que 57% des foyers fiscaux ne paient plus l’IRPP,  nous n’aurions pas non plus  augmenté la  CSG des retraités, ni mis   en place le prélèvement à la source qui supprime de fait le  consentement à l’impôt et  renforce le pouvoir hyper-technocratique de Bercy.  Nous n’aurions pas abandonné  le projet d’aéroport de ND des Landes, bafouant les décisions de justice, les élus des collectivités et le résultat du referendum, en cédant à la violence de quelques dizaines d’opposants. Nous n’aurions pas fermé la centrale nucléaire de Fessenheim, un véritable non-sens écologique et économique. Nous n’aurions pas transformé l’ISF en Impôt sur la Fortune Immobilière, mais supprimé totalement. Nous n’aurions pas fait la réforme de  la formation professionnelle en confiant l’apprentissage aux branches professionnelles qui deviennent de fait juges et parties dans l’utilisation des fonds de la taxe d’apprentissage. Quant aux lois à caractère sociétal, le pompon a été atteint avec  la réforme de la loi bioéthique qui élargit  la PMA à toutes les femmes et en plus remboursée par la Sécurité sociale, ni permis les extravagances sur  les manipulations de l’embryon humain. Nous n’aurions pas supprimé les courtes peines et encore moins libéré des  milliers de détenus sous prétexte de la crise sanitaire. Macron n’a engagé aucune action pour réduire les déficits publics ni faire  baisser la dette qui a atteint les 100% de notre PIB avant la crise du covid19.  Et je ne parle  pas de la réforme des retraites sur laquelle il y aurait beaucoup à dire et du projet de réforme de la constitution. Voilà qui fait déjà beaucoup de sujets de désaccord.

Et puis il y a ce que la droite aurait fait et que Macron ne fait  pas.

Au pouvoir, la priorité d’un gouvernement de droite aurait été de rétablir les comptes publics afin de tenir nos engagements avec nos partenaires européens, et afin de baisser notre dette  et redonner des  marges de manoeuvre à l’économie. Il aurait rétabli la TVA sociale, que Hollande avait supprimée, pour baisser les  charges qui  pèsent sur les entreprises. Il aurait mené une politique déterminée  pour faire baisser  le nombre des fonctionnaires et baisser les  impôts qui font que notre  pays est toujours le plus taxé  de l’OCDE encore aujourd’hui. Evidemment, il aurait mené une politique ferme pour lutter contre l’immigration clandestine et maîtriser le flux migratoire légal, pour endiguer  la délinquance et la violence, afin de réduire l’insécurité qui sévit en France. Il aurait lutté fermement contre le communautarisme que le pouvoir actuel refuse  de nommer et qu’il ménage autant par idéologie que par intérêt électoral. Il aurait rétabli les peines planchers et construit les places de prison nécessaires…

Cela fait déjà beaucoup de désaccords et justifie amplement que nos cent députés LR siègent dans l’opposition à  l’Assemblée nationale.

Les Républicains ont le devoir d’exister.

D’ailleurs, dans les élections intermédiaires, comme les dernières municipales l’ont montré, Les Républicains n’ont pas eu à rougir de leurs résultats, comparés à ceux du parti majoritaire qui n’a engrangé aucune grande victoire. Dès lors on ne voit pas pourquoi ils iraient se placer derrière Emmanuel Macron et du même coup se suicider. Mais, surtout, soutenir Macron dès le premier tour serait la meilleure manière d’offrir au Rassemblement National de Marine Le Pen le rôle de principale alternative de droite à Macron et c’est le moyen le plus sûr de rejouer le duel Macron-Le Pen au second tour, dont les Français ne veulent  pas. Sans compter que se ranger derrière Macron inciterait nombre d’adhérents et d’électeurs à choisir Marine Le Pen, dès le premier tour,  augmentant ses  chances. Et puis, nier l’apport des Républicains reviendrait à faire une croix sur un pan de l’histoire politique française incarnée par le général de Gaulle et  le  centre droit plus globalement. Tout le jeu de l’actuel chef de l’État est de faire semblant : il a récupéré une partie du logiciel de la droite et une partie de son personnel politique, mais comme démontré plus haut, le macronisme n’est pas un programme de droite qui se voudrait pragmatique. C’est une évidence sur les sujets régaliens, tels que la sécurité, mais également sur la laïcité, sur l’identité et même sur l’économie. La polémique qui oppose actuellement Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti sur l’usage même du mot «ensauvagement» suffit à démontrer que les concepts identifiés comme « de droite » ne font pas l’unanimité au sein même du gouvernement.

L’avenir nous appartient.

De la même façon que faire référence à la droite d’il y a dix  ans, c’est comme retournr un siècle en arrière, 2022 est encore loin et en deux ans, il peut s’en passer des événements. Qui avait prévu la crise sanitaire ?  Aussi, continuons notre chemin méthodiquement et ayons confiance en nous-mêmes. Quand la droite veut, elle peut ! Le moment venu, elle se  présentera devant les électeurs avec  le bon candidat, un projet renouvelé et un personnel  politique rajeuni. Ce sera la droite  bien dans son temps et dans ses baskets. Elle a commencé à se montrer à Port-Marly.

A bon entendeur !

 


NICOLAS, AU SECOURS, ILS SONT DEVENUS FOUS !

Archibald en colère

En cette rentrée, la droite gêne, après sa victoire aux élections municipales. Tout est fait pour la déstabiliser : les sondages, les manœuvres, les positionnements d’impétrants… Encore faudrait-il qu’elle ne se déstabilise pas elle-même.

J’étais à La Baule. 

Une manifestation réussie par le nombre des présents, l’organisation impeccable, les tables rondes passionnantes avec Agnès Evren, Eric Woerth, Gilles Platret et Philippe Juvin. C’est du côté des « vedettes » qu’est venue la déception pour ne pas dire la confusion. Chacun y est allé de sa petite musique sur la méthode pour choisir le candidat à la présidentielle : chacun a évidemment plaidé pour le « rassemblement », mais des procédures différentes. De quoi alimenter les commentaires ironiques pour ne pas dire destructeurs des médias présents. Retailleau, Larcher, Dati… vous auriez au moins pu accorder vos violons. On avait déjà bien assez avec Bertrand et Pécresse qui agissent en francs-tireurs. Par contre, personne n’a vraiment évoqué le travail de fond  sur le projet entamé par Christian Jacob, comme si ça n’était pas essentiel et alors que les fédérations en sont saisies pour discussion et approfondissement. Serait-on en train de renouer avec « la droite la plus bête du monde » !

Le clan des masos.

Ce qui me surprend le plus, et me laisse pantois, c’est que 26% des électeurs dits de « droite » (encore savoir comment ils ont été triés), placeraient Edouard Philippe en tête pour leur choix d’un candidat en 2022.  En voilà qui ne sont pas rancuniers ou qui ont la mémoire courte. Ils ont oublié la « trahison » de l’intéressé et comment du jour au lendemain, il a abandonné, en même temps  que ses convictions, en juin 2017,  les candidats qu’il avait fait investir au profit des « En Marche ».  Ils ont oublié le matraquage fiscal des retraités avec la CSG, la suppression stupide de la Taxe d’habitation, l’hyper technocratie qui nous a menée à la crise des « gilets jaunes ».  Edouard Philippe laisse une France exsangue : déficits à 100 milliards en 2019, dette à 100% du PIB, situation que la crise du covid19 va aggraver avec un déficit à 220 milliards en 2020 et une dette à plus de 120% du PIB. Il faut ajouter l’explosion de l’immigration, de la  délinquance et de la violence dont la ruineuse et inqualifiable décision d’abandonner le projet de ND des Landes a été le facteur déclenchant. La France, et particulièrement nos villes, est devenue « insécure ». L’Islamisme n’a pas été combattu suffisamment et gagne dans les quartiers au point que 74% des -25 ans font passer la loi religieuse avant celle de  la République. Des milliers de délinquants ont été remis en liberté à la faveur de la crise sanitaire et la construction des places de prisons est devenue un serpent de  mer. La réforme des retraites, qu’il n’a pas su mener à bien, reste en suspens. Et il  ne peut pas se défausser non plus de la loi « bioéthique » dont l’essentiel du parcours s’est fait sous son autorité : non seulement elle élargit l’usage de la PMA, mais elle autorise en biais la GPA et introduit des manipulations sur l’embryon, la  ligne rouge a été franchie. Sa gestion erratique de la crise du Covid19 a été occultée  par une hyper communication pour donner le change et sur ce sujet, les enquêtes parlementaires permettront d’y voir plus clair. Et le fait que 35 députés  aient quitté le groupe "En Marche" montre bien que le "en même temps" ne fonctionne pas et paralyse la France. Avec Edouard Philippe la France a subi un déclassement. Il l’a laissée dans un triste état.

Le grenouilleur du sud...

... et quelques autres. Comme si ça ne suffisait pas, voilà Estrosi qui s’y met. Il décrète 600 jours à l’avance que la droite n’a pas de candidat qui émerge et, prône un rapprochement avec Macron. En voilà un magouilleur de première ! Il s’était éloigné des Républicains après l’élection de Macron et avait rejoint les « maires macroncompatibles ». Puis menacé sur son socle par Eric Ciotti, il a trouvé le moyen de se rapprocher de sa « famille » pour échapper au duel et se faire réélire. Maintenant que c’est fait, il scie à nouveau le vélo des copains. Ses arguments on les connait. Macron ferait une politique proche de celle que conduiraient les Républicains.  Il suffit d’observer comment sont gérées les Régions tenues par Les Républicains pour s’apercevoir que l’affirmation est fallacieuse. Il y a une réelle différence de vision de l’action publique avec  le macronisme. L’amalgame n’est pas  possible pour ceux qui continuent de croire dans des convictions et qui constatent tous les jours que la droite et la  gauche sont incompatibles : sur le régalien, sur la fiscalité, sur les dépenses publiques, sur l’immigration, sur l’économie… Le comportement des gens comme Estrosi désespère notre électorat et risque d’en conduire une bonne partie au dépit en s’abstenant ou au désespoir en votant Le Pen. Ils voudraient faire élire cette dernière qu’ils ne s’y prendraient pas mieux. Quant à Raffarin, on se passera de son avis, tellement il est intéressé.

Chaque candidat dans son coin.

Ras-le-bol des chapelles. Il va bien falloir en sortir.  Aucune méthode n’est idéale. A droite, la primaire ouverte  est une machine à perdre par les amertumes qu’elle génère. Une primaire interne ne vaut guère mieux : un entre-soi dans un parti qui a perdu une grande partie de ses militants n’aurait guère d’impact sur une opinion publique manipulée en permanence par les puissants médias aux mains du pouvoir. Nous savons une seule chose : nous ne pourrons présenter qu’un seul candidat au premier tour de la présidentielle si l’on veut qu’il ait une chance de participer au second tour. Nous avons des personnes talentueuses susceptibles de concourir, mais aucune ne gagnera sans les autres autour d’elle.  Alors, pourquoi ne pas faire les choses dans l’ordre : finaliser le projet d’abord, puis le  moment venu, se retrouver autour de la table pour trouver un accord afin de désigner celui qui paraîtra le mieux placé pour l’emporter. Que ceux qui ont envie d'y aller se parlent, bon sang !

Ne soyons pas des girouettes.

Je suis persuadé que les Français  en ont assez des « politiciens à géométrie variable ». une grande partie de nos électeurs attendent que nous  soyons nous-même. D’ailleurs ne dit-on pas que la France est  aujourd’hui majoritairement à droite ? Pourquoi  mettre notre drapeau dans la poche ? Nous incarnons la droite parlementaire modérée : celle qui défend la liberté, la sécurité, la cohésion nationale, le sérieux budgétaire et l’équité fiscale, le soutien à l’activité économique et l’idée d’une France forte en Europe. Nous n’avons aucune honte à avoir : la France a besoin de nos valeurs et de nos convictions. Si nous ne les défendons pas, elles seront reprises et trahies par d’autres. Si chacun reste dans son coin, nous serons « mangés » par les deux bouts, entre le RN et LREM dont on sait que ni l’un, ni l’autre ne représentent un choix complet et solide pour la France.

Nicolas, ils ont besoin d’une leçon de « rassemblement » ! Dis-leur que pour prétendre « rassembler les Français », et avoir une petite chance d’être élu, il faut commencer par rassembler sa famille !

 


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7 / AU BAL MASQUE…

Au bal masqué, si les faux-culs faisaient banquette, on ne pourrait plus s’asseoir. Le port du masque a ses décideurs et ses contradicteurs. Quel débat, pour ne pas dire déballage.  Ce petit carré de tissu en fait couler de la salive.  Mais comment s’y retrouver dans toutes ces injonctions mouvantes et parfois contradictoires…. C’est une préconisation du Conseil scientifique : voilà qui clôt le débat ! Alors, circulez, on ne discute pas la  science !  Voilà un débat marginal mais qui occulte  bien la réalité.  Et quand les masques tomberont, nous pourrons constater l’étendue des dégâts.

Le  masque intégral.

A partir de ce mardi, nous voilà donc masqués, presque partout. Après les Toulousains, puis les Marseillais, les Caennais, les Parisiens passeront désormais leurs journées avec le masque collé à leur visage. Donc, sauf à domicile ou en voiture, ce qui est devenu l'arme principale anti-Covid qui permet de pallier les limites de la distanciation physique, sera de rigueur dans les commerces, mais aussi au sein des entreprises et dans la rue. Port du masque obligatoire dans les lieux publics clos, port du masque obligatoire en extérieur dans les métropoles, port du masque obligatoire dans les communes de plus de 10.000 habitants, comme cela vient d’être décidé dans le Bas-Rhin, port du masque obligatoire dans toutes les entreprises et établissements scolaires :  face à la recrudescence de l'épidémie de coronavirus, et alors que plus d' un cluster sur cinq se trouve en entreprise, le gouvernement a décidé de rendre obligatoire, dès le 1er septembre, le port du masque sur les lieux de travail, y compris les open space. Seule exception, les bureaux individuels. Pour les écoles, certains  plaident même le  port obligatoire du masque dès 6 ans. On se demande bien comment un maître peut enseigner avec un masque, mais là n’est pas la question. Et tout cela, sans que l’on n’ait aucune étude scientifique qui en démontre l’utilité en extérieur.

Science sans fondement.

Le mouvement de généralisation du masque est d'autant plus frappant que le gouvernement, pendant des mois, a répété que son port était inutile, voire contre-productif. En la matière, le retournement, quoique progressif, est à 180°. Nous n’oublions pas comment, du ministre de la Santé Olivier Véran au directeur général de la Santé Jérôme Salomon, les mêmes qui décident aujourd’hui l’obligation du masque avaient décrété son inutilité pour le grand public, avec des mots définitifs et un ton agacé envers ceux qui ne comprenaient pas cette position. Le peuple français est  quand même bonne pâte. Et  si ça renâcle ici ou là,  comme du côté des   motocyclistes qui portent des casques à visière,  la confiance en ceux qui obligent au port du masque serait plus forte, et donc les consignes plus nettement respectées, s’ils reconnaissaient s’être trompés. Ou avaient dit tout simplement la vérité : pénurie !  Or aucun mea culpa n’a été prononcé. À cet impératif d’humilité qui aurait été salutaire s’ajoute l’exigence de cohérence des mesures imposées. Or, une fois encore, les allers-retours sont nombreux : sur l’obligation du port permanent du masque par les enseignants, sur la même obligation pour les cyclistes ou ceux qui mangent un sandwich en marchant, sans parler du premier ministre annonçant cette obligation sans porter de masque. Et comme chacun sait, la défiance s’engouffre toujours dans les approximations ou les contradictions. Et de nous demander : est-ce bien le rôle de nos gouvernants de s’immiscer aussi précisément dans notre vie quotidienne ?

Les éternels contestataires.

La  directive aurait été trop belle si elle n’avait pas suscité de rébellion. Les anti-masques se sont réunis dans plusieurs villes de France samedi dernier lors d’un « acte 1 » pour marquer leur opposition au port du masque. Le plus important rassemblement a  eu lieu à Paris. Comme lors des manifestations des gilets jaunes, il y aura donc d’autres « actes » à suivre.  Ils  veulent crier leur ras-le-bol des mesures contraignantes et des injonctions contradictoires, infantilisantes et culpabilisantes. Les anti-masques viennent s’ajouter à la liste déjà bien longue de  ceux qui osent remettre en cause l’autorité et la vérité officielle. Donc des complotistes, il en existe toujours, des pestiférés classés réacs ou des populistes tendance poujadiste…  La médiasphère aux ordres aura vite fait de faire le tri et d’attribuer les étiquettes. Le port du masque, qui n’est pas préconisé par l’OMS, relève-t-il du bon sens ou du non-sens ? La  question mérite d’être posée.

Et même un enjeu capital.

François Hollande a répété qu’il  pouvait « être utile ». Il vient d’en donner un exemple en estimant que le masque devait être «gratuit pour tous» dans l'enseignement privé comme public. Il prend ainsi une position décisive face à Emmanuel Macron qui préconise l’inverse. On a compris qu’il s’agit d’un débat  stratégique vital pour l’avenir de la France. Il ne nous manque plus que l’avis de Ségolène …. Macron n’a-t-il pas reporté la présentation du plan de relance, pour donner la priorité à la crise sanitaire ! Il semble pourtant urgent de  se préoccuper des conséquences  du confinement et la mise en léthargie de notre activité pendant deux mois (le PIB a chuté de 14% au 2ème trimestre !).

Pendant le même temps, en Suède, on vit normalement : pas de masque, pas de distanciation. Plus de virus non plus.  Mais  comment ont-ils donc fait ? Les « politiques » seraient-ils plus efficaces au Nord ?  A observer leurs résultats en matière de finances publiques, on serait tenté de le croire. A moins que le coronavirus ne soit une aubaine pour nos technocrates qui peuvent ainsi se faire plaisir à bon compte en prescrivant, interdisant, précisant, réprimant,  exercices dans lesquels ils excellent, pour « diriger » le bon peuple. Moins il y a de morts, plus il y a de précautions ! Ainsi,  on serait dirigé par des personnes dont la principale occupation est d’inventer de nouvelles interdictions. Après avoir instrumentalisé la pénurie, les voilà à la manœuvre pour résorber les stocks de masques. A  croire !  Ainsi va la technocratie…


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6 / DELINQUANCE, CRIMINALITE, INSOUMISSION : LES SIGNES VISIBLES DE NOTRE DECADENCE.

 

Nous vivons une drôle d’époque.

Le laid remplace le beau. Le désordre s’impose face à l’ordre. La facilité supplante la rigueur. L’obscurantisme gagne du terrain sur « les Lumières ». Le matérialisme dézingue la transcendance … Les signes de régression sont multiples et touchent à tous les domaines de notre vie en société. La  coiffure masculine se doit d’être hirsute, le jean se porte en guenille, le mâle se doit d’être mal rasé. « J’ai le droit » se  prononce plu souvent que « je dois ». Le  « genre » remplace le sexe en s’appuyant sur une théorie dont l’auteur canadien a avoué qu’il avait tout  inventé, mais elle fait des ravages sociétaux chez les « progressistes ». Certains veulent défigurer notre langue sous prétexte de dictature masculine par ignorance crasse de sa grammaire. Notre Histoire est soumise à la « question » (torture pour les incultes), et est dénaturée par les  « déconstructeurs ». L’école ne transmet plus qu’un savoir relatif, quand elle en transmet un. On dénonce les « violences policières » et les délinquants deviennent des héros. La fidélité est une valeur à mettre au rencart et respecter une règle est devenu le signe le plus sûr d’une névrose psychorigide. Mais le signe le plus avéré de notre décadence, c’est le glissement de notre société dans la violence gratuite qui explose au moindre prétexte et que certains nomment désormais « ensauvagement ».  

L’inversion des valeurs.

Le fonctionnement de nos médias nous propose trop  souvent  une vision décalée, aseptisée ou orientée de la réalité, cédant le  plus souvent à l’émotion qu’à une observation rationnelle. Les violences urbaines de Dijon, de Nice et d’ailleurs, les meurtres gratuits qui témoignent d’une totale indifférence à la vie des autres ont propulsé la notion d’ensauvagement au premier plan de l’actualité. On vient de comprendre que c’est le citoyen qui doit fermer les yeux et baisser la tête, car à vouloir rappeler la loi, il risque sa vie. C’est la France à l’envers. On touche là à une question plus essentielle que l’écologie ou l’économie, car elle est nationale et dépend uniquement de nous et de notre volonté politique. C’est ainsi que des groupes de pression idéologiques et déstabilisateurs, comme l’étonnante incursion en France, du « racialisme » prétendument antiraciste, ont facilité la scandaleuse exploitation de l’affaire Traoré. Les morts particulièrement cruelles commises par des « sauvages » font monter à la surface une réalité que peut-être on aurait préféré continuer à nous cacher : celle de quartiers et même de villes où la loi qui règne n’est pas celle de l’État mais ici, celle des bandes qui vivent des trafics, ou là celle de communautés qui pratiquent d’autres règles que les nôtres. Mais force est de constater que les gouvernements depuis huit ans l’ont jusqu’à maintenant ignorée. L’inversion des valeurs est victime d’une volonté de déni.

La violence de l’insubordination.

Pourtant, les chiffres sont éloquents : après une année 2018 marquée, au niveau national, par une hausse sensible du nombre de violences sexuelles enregistrées (+19 %), l’année 2019 continue d’afficher une augmentation très nette (+12 %). Les escroqueries sont en forte progression en 2019 (+11 %) de même que le nombre d’homicides (970 victimes). Comme en 2018, les coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus enregistrent une forte hausse en 2019 (+8 %). Ces données traduisent le désintérêt d’un gouvernement plus prompt à utiliser les forces de l’ordre pour réprimer les manifestations que pour protéger concrètement les citoyens. Et même dans ce cas, on ne parle jamais d’émeute, mais on vilipende les « violences policières ». Certain(e) vante la pratique de la polygamie et insulte la police en prétendant qu’elle massacre des gens à cause de la couleur de leur peau. D’autres multiplient les refus d’obtempérer, se soustraient aux interpellations de la police avec des conséquences souvent dramatiques que la mauvaise foi et le soutien médiatique imputeront systématiquement aux forces de l’ordre. Les violences, les coups de couteau, les blessures, les handicaps à vie, les morts, pour un mauvais regard, pour une cigarette refusée, pour un rappel à l’ordre, sont monnaie courante mais demeurent dans la zone grise des faits divers où les revendications islamistes sont assimilées au déséquilibre mental et les noms des auteurs oubliés ou maquillés. Et il ne s’agit plus  « d’incivilités » comme l’évoque maladroitement Macron.  Il  s’agit d’une augmentation des délits et des crimes, de la montée de ce que l’on appelle « l’anomie », l’absence de loi et de norme qui est le signe de l’effondrement du corps social. Une sorte d’insubordination généralisée.

Les réponses technocratiques.

La perception de la gravité de ce phénomène se heurte à un obstacle majeur : on est gouverné depuis longtemps par des « techniciens » du pouvoir, plus technocrates que politiciens, pour beaucoup coulés dans le même moule et qui n’envisagent que des solutions techniques. Il ne suffit pas d’augmenter les effectifs de la police, encore faut-il qu’elle ait les moyens d’agir. Un policier, visible ou non, est souvent mis hors d’état d’agir par les risques du métier et leurs suites judiciaires ; menacé lui-même et insulté, sa présence dans certains secteurs est même présentée comme une provocation. Dans ces conditions, la réalité nous montre qu’il  ne sert pas à grand-chose. Un autre obstacle de taille c’est la défaillance de la Justice : non seulement elle manque de moyens, non seulement elle est lente et procédurière, encombrée de sujets de moindre importance que l’ordre public, mais elle applique avec une orientation politique de moins en moins cachée, des lois qui n’ont cessé de mettre des entraves au maintien de l’ordre. La voie du redressement, s’il est encore possible, n’est pas technique mais idéologique.

Un enjeu de civilisation.

Et pour une bonne part, la responsabilité de la situation incombe à l’idéologie « progressiste », c’est-à-dire décadente, qui anime la sphère du pouvoir évidemment incapable d’endiguer la montée des séparatismes puisqu’il refuse de prendre en compte l’identité, nationale ou civilisationnelle, comme des repères indépassables. Le refus d’intégration dans notre société est largement en cause.  On sait qui ensauvage la France. Ne fermons plus les yeux. Ce sont ceux qui dans les cités et les quartiers sensibles, se livrent au trafic de stupéfiants, terrorisent les résidents honnêtes, empêchent les interventions de la police ou n’hésitent pas à exercer des violences de toutes sortes contre elle.  Ce sont ceux qui pour tout et n’importe quoi, s’en prennent aux maires au point que l’un d’eux, frappé, doit se satisfaire d’un rappel à la loi pour son agresseur. Ceux qui s’en prennent à des citoyens rappelant l’obligation du masque dans une laverie ou ailleurs. Ceux qui sèment la panique dans les centres de loisirs, comme à Étampes, récemment. Ces bandes qui se comportent dans l’espace public comme en terrain conquis, sans souci d’autrui mais avec l’arrogante certitude de l’impunité… Les solutions pour combattre cette réalité, imposeront un courage politique de tous les instants, des expulsions et éloignements à un rythme soutenu, une action équitable dans sa rigueur, une police et une gendarmerie accordées avec une Justice sans faiblesse, une exécution des sanctions efficace et réactive et, surtout effectives, avec le retour des peines plancher que les juges se devront d’appliquer. Cependant, la fermeté ne suffira pas. La responsabilité de cet ensauvagement incombe à des fauteurs d’origine étrangère, maghrébine ou africaine, parés nominalement de la nationalité française grâce à un droit du sol qui n’a plus aucun sens puisqu’on l’offre mécaniquement à des générations qui dévoient cet honneur. Il convient donc de remettre en discussion le « droit du sol » : envisager aujourd’hui, dans une France éclatée, son effacement n’est ni inhumain ni contraire à une tradition dont les effets sont devenus dévastateurs. De même, on doit pouvoir prononcer la déchéance de nationalité pour les binationaux. Cette remise en cause doit intervenir en parallèle d’une politique migratoire  intransigeante. Ces exigences vont bien au-delà des gesticulations actuelles faites pour donner le  change.

Enrayer la décadence, c’est possible.  Constantin a bien réussi à sortir l’Empire Romain de son abaissement et lui redonner éclat et grandeur, et la tâche était autrement plus immense. Cela implique de changer non seulement ceux qui sont aux commandes, mais aussi les objectifs qu’ils se fixent. Comme le dit souvent François-Xavier Bellamy, l’enjeu est civilisationnel, et ne concerne pas que nous, mais toute l’Europe.

 


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5 / BIOETHIQUE : LA RAGE TRANGRESSIVE

En fausse urgence et au forceps, la loi de bioéthique a été adoptée en seconde lecture à l'Assemblée nationale le samedi 1er août à 03h45 du matin, par 1/10e de la représentation nationale, sans vote solennel et en l'absence remarquée toute la semaine des principaux ministres concernés. Tout a été fait pour détourner l’attention des Français et faire en sorte qu’elle passe inaperçu. Alors que la crise sanitaire a révélé les faiblesses de notre système de santé et que la priorité devrait être à la relance, l’examen en plein été du projet de loi bioéthique ne peut qu’être un choix idéologique. Pourtant, ce texte mériterait un débat plus approfondi, tant il ouvre des possibilités vertigineuses, préparant l’arrivée de certaines formes d’eugénisme et même de gestation pour autrui. Il va revenir devant le Sénat courant octobre, probablement avant adoption définitive ensuite en 3ème lecture si la commission paritaire ne parvient pas à un accord, ce qui est le plus probable. Pour l’heure, le débat n’est donc pas terminé.

Un désastre bioéthique.

Les mesures phares du projet de loi ont été retenues : PMA excluant le père et remboursée par la sécurité sociale, filiation fictive, transgressions transhumanistes, manipulation des embryons, autorisation des embryons chimériques animal-homme. Pire encore des mesures sans rapport mais tout aussi transgressives ont été adoptées, comme l'assouplissement de l'accès à l'interruption médicale de grossesse. Les contributeurs Français sont donc sommés de prendre en charge l’abolition officielle de la paternité comme pilier de la famille et de l’enfance.

Après une bataille homérique d’amendements par une poignée de députés « résistants », tentant de façon presque désespérée de faire passer 2 500 amendements en commission spéciale face à un petit groupe majoritaire, habité d’une rage transgressive, quelques rares limites ont été posées, au moins jusqu'à la prochaine révision, dans 5 ans : interdiction de la ROPA, de la PMA post-mortem, de la commercialisation des gamètes, de la PMA pour les hommes transgenres, du DPI-A ou encore limitation à deux personnes pour accéder à la PMA. Malgré la conviction, le courage et la hauteur de vue des députés opposants, le droit de la filiation est sorti ruiné de ces travaux, le respect de l'embryon, laminé et les repères anthropologiques les plus solides déstructurés, au cours de débats bâclés, difficiles, parfois houleux, où les arguments d'autorité ou affectifs ou encore la victimisation ont été régulièrement utilisés par les promoteurs.

GPA et humanité génétiquement modifiée.

La perspective de légalisation de la gestation pour autrui (GPA) se rapproche. Le nouveau texte prévoit une transcription quasi automatique du statut de l’enfant né de GPA à l’état civil, tandis qu’aujourd’hui, la procédure reste relativement dissuasive. Quant aux chimères et aux embryons transgéniques, le texte de loi autorise désormais leur fabrication et « utilisation ». Ces expérimentations rejetées par le Sénat en première lecture ont été réintroduites dans le texte début juillet. Dans l’article 17, la modification génétique des embryons humains devient possible, ouvrant la voie à d’éventuels essais visant à faire naître des enfants génétiquement modifiés. Il est aussi envisagé d’expérimenter la création d’embryons animaux dans lesquels seraient intégrées des cellules humaines, qu’elles soient embryonnaires ou adultes reprogrammées. Noir sur blanc, la frontière homme-animal est abolie. C’est une rupture anthropologique majeure !

Sylviane Agacinski se révolte : « Je suis très inquiète. Par ce texte, la France assure qu’elle n’est plus hostile à la GPA, qu’elle cautionne et encourage la marchandisation des corps et le système des mères porteuses. » Et la philosophe marquée à gauche rajoute : «  Le lien mère-enfant n’est pas un rapport de propriété. Le lien filial ne peut être vendu. Si la loi m’autorise à louer la vie de quelqu’un et à lui acheter son enfant, alors elle traite les personnes comme des biens, autrement dit des choses ».

Un débat de société.

Le débat de société ?  Quel débat de société ?  L’avez-vous vu passer ?  Pas moi. Un vote lâche, honteux, en catimini.  « Conservateur » l’opposant à cette réforme ?  Non : résistant, résistant à une dérive totalitaire de la même nature que toute forme d’expérimentation touchant à la nature humaine. Deux visions irréconciliables de la personne humaine, de la famille, de la société et de la politique se sont affrontées entre les opposants et les promoteurs, les premiers soutenant des convictions au service de l'intérêt supérieur de l'enfant, les seconds soutenant des intérêts particuliers sur fond de vision libérale libertaire de la famille et de la personne humaine. « Tout le monde a peur de s’opposer », confie le député Patrick Hetzel. Peur d’être traité d’homophobe, peur de passer pour ringard ou antiprogressiste. 

Les mots de traîtres et d’opportunistes ne sont pas excessifs pour qualifier ceux qui ont retourné leur veste pour un maroquin (comme Edouard Philippe) sur ce sujet essentiel. 

La bioéthique ne pourra désormais plus être dénommée que « bioéconomie » ou « biopolitique ».

 


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4 / UNE RECESSION BIEN FRANCAISE !

Tous les pays du monde connaissent un repli de leur PBI à cause de la crise sanitaire.  L’Europe n’échappe pas à la règle. Mais pourquoi en France, la récession est-elle plus forte qu’ailleurs ? Le Royaume-Uni qui cumule les atermoiements de Johnson et les conséquences du Brexit  fera peut-être pire que nous, mais ça n’est pas certain.

Ce constat est d'autant plus perturbant que, traditionnellement, notre économie, du fait de l'importance de son secteur public et de ses mécanismes de redistribution protecteurs, est moins exposée aux chocs internationaux que nos partenaires de l’Union. Si l’on en croit les chiffres du début de l’été, qui peuvent encore bouger, l’OCDE a annoncé que la France pourrait connaître une récession de 11,4 % (246 milliards d'euros)  à 14,1 % de son PIB en 2020. C’est en France, juste devant l’Italie et l’Espagne, pourtant plus touchés par l’épidémie, que la crise économique pourrait donc être la plus forte. Car  pour le  moment, si les Français sont inquiets, ils n’ont pas  encore vraiment subi  les effets de la crise économique. Le  pire est devant nous quand les amortisseurs sociaux cesseront inévitablement de tendre leur filet  protecteur : chômage partiel,  prêts, paiements de  charges différés, etc… Cette chute, liée au confinement pendant près de huit semaines, est presque mécanique : quand on a 35 % de l’économie en pause pendant deux mois, ça ne se rattrape pas pendant les mois qui suivent. Au global, l’OCDE prévoit que l’économie mondiale va se rétracter de 6 % cette année. Ce sera encore pire dans la zone euro (entre 9 et 11 %). Le contexte est donc morose pour tout le monde.

Alors que s’est-il passé ?

  • La France a été prise au dépourvu.

Les  déclarations successives de nos responsables en disent long. Inutile de revenir sur les propos qui se sont enchaînés dont Sibeth N’Diaye a été le porte-drapeau risible. Non seulement personne ne croyait une pandémie possible, mais notre dispositif de santé, le meilleur du monde, était complètement inadapté pour y faire face. Quand l’épidémie est arrivée sur le continent européen, nous avons tardé à réagir et la  prise de conscience a  été brutale.  Ce n’est qu’au pied du mur, qu’on a mesuré que la vague des malades allait submerger nos hôpitaux, en manque de lits dédiés, de respirateurs, de matériel basique de soins. Manque de masques, de blouses, de tests, … Le  seul   moyen  pour éviter la  catastrophe, a été le confinement général, décidé en toute hâte, alors que les élections municipales étaient déjà programmées.

  • La France cumule deux handicaps majeurs : la centralisation excessive et  une technocratie toute puissante. 

Chez nous tout part d’en haut, et tout le monde doit faire pareil. Le nombre de prises de  paroles  du Président de la République pour commenter la situation est la partie visible de l’iceberg. L’exemple du confinement est emblématique de notre système centralisé : il s’est appliqué uniformément sur tout le territoire, Paris et Mende logés à la même  enseigne. Au moment du déconfinement, nous avons eu droit aux territoires à couleurs variables, avec des procédures de circulation très codifiées, inventées  par nos technocrates jamais en mal d’inspiration. Le fameux  Conseil scientifique n’était en fait qu’un assemblage de médecins bureaucrates, pas  toujours en phase avec la réalité. Pire, l’Etat qui ne connaît d’habitude que ses Préfets s’est pris les pieds dans le fouillis entremêlé de ses services déconcentrés  entre le Ministère de la Santé, l’Agence France santé, les ARS, …  au point d’enrayer les initiatives prises par les collectivités territoriales plus réactives et plus souples que l’Etat obèse. Si nous avons connu  la pénurie des masques, on le doit principalement à notre technocratie. Depuis « la Bercysation » de notre système de santé, il a fallu trouver les  économies à réaliser,  c’est ainsi que  les stocks de  masques périmés n’ont pas été renouvelés… Simple calcul de technocrate. Même embolisation pour les commandes de masques. Une autre des particularités françaises est la centralisation de son économie autour de deux régions, l'Ile-de-France et l'agglomération lyonnaise : « Vous avez à peu près 40% de l'économie française » résume Jean-Marc Daniel. « Quand vous bloquez les transports dans des régions qui sont aussi concentrées, vous avez un effet qui est l'incapacité de déplacement de la main d'œuvre. » Nouvel  effet démultiplicateur.

  • Le secteur public n’a pas joué son rôle amortisseur. 

D’habitude le secteur public n’est pas touché par la crise qui atteint majoritairement le secteur privé. Les  fonctionnaires continuent de consommer et permettent au moteur de la « consommation des ménages » de continuer à tourner. Mais cette fois-ci, avec le confinement, cet effet d’amortissement n’a pu avoir lieu. Et en plus, certains services ont dysfonctionné et contribué à paralyser ce qui continuait de marcher : La Poste, les transports publics, notamment …

  • Le confinement a touché nos points forts.

Soulignons d’abord que la France  a été l’un des pays où le confinement a été le plus long, près de deux mois donc, et où le déconfinement est des plus progressifs. Et ce confinement sanitaire a touché tous les points clefs ou les points forts de l’économie française. Les secteurs de services ont été plus atteints que les activités industrielles, en particulier le tourisme, les loisirs et toute la filière de la «mobilité». Or, en temps normal, ce sont les points forts de l'économie française, de l'aérien à la restauration, de la construction automobile au musée du Louvre. D'où l'impact immédiat et massif sur toutes ces activités dans notre pays. Le tourisme a été sapé dans ses fondements par le confinement. Le secteur est très important en France, comme pour l’Espagne et l’Italie. Car, même si on ne retrouvera pas tout de suite les touristes étrangers qui viennent par millions chaque année en France, le tourisme interne à lui seul représente les deux tiers des recettes touristiques. Sans réouverture totale du secteur on ne retrouvera pas les niveaux d’avant crise. L’industrie aéronautique se retrouve clouée au sol. Et plus globalement les secteurs exportateurs de la France que sont la chimie, l’agroalimentaire et le luxe. C’est vrai qu’en temps normal notre balance commerciale est déjà déficitaire. Mais le facteur aggravant c’est que ce sont les secteurs où la France est bien positionnée qui ont été touché. Arrivent ensuite l’automobile, la France n’est pas l’Allemagne mais a quand même un secteur important. La construction, qui compte pour 6 % dans le PIB français, a, elle aussi, été globalement à l’arrêt pendant deux mois. Il s'agit là de données objectives auxquelles on ne pouvait se soustraire. C’est pourquoi le gouvernement a déjà présenté un plan pour l’automobile, pour le tourisme et l’aéronautique.

  • Une économie qui tourne à l’envers.

En France, nos hauts responsables sont persuadés que c’est l’Etat qui crée la richesse et que donc il suffit de distribuer du pouvoir d’achat. La consommation des ménages est considérée  comme le principal moteur de la croissance tricolore. Pour la financer, l’Etat a recours à l’impôt qui donne lieu de ce fait à une « redistribution » qui brime les plus aisés. Comme  l’impôt  a atteint des seuils de saturation fiscale, il a eu recours à l’emprunt faisant grossir régulièrement la dette,  qui dépassait au début de l’année 100% du PIB.  En conséquence, la capacité des investissements par le privé est amoindrie et insuffisante pour financer la recherche et l’innovation, et le poids des charges rendent nos entreprises peu compétitives.  Nous perdons régulièrement des parts de  marché à l’export et notre balance commerciale est gravement déficitaire.  A l’inverse, des  pays comme l’Allemagne sont plus tournés vers l’export et veillent à garder leurs entreprises compétitives.  Tant qu’on ne comprendra pas que « le pouvoir d’achat » est la résultante de la  capacité des entreprises à créer de la richesse, on continuera de creuser nos déficits. Nous avons abordé la crise sanitaire dans les pires conditions : dès le début de l’année, la croissance était en berne contrairement aux affirmations de Bruno Le Maire. C’est pourquoi,  avec la fermeture de nombreux commerces, la capacité même à consommer a été largement amputée. Le résultat ne s’est pas fait attendre : dès mars, avec seulement deux semaines de confinement, on est revenu au niveau de consommation de l’an 2000. Une chute vertigineuse. Mais le taux de croissance du 1er trimestre était en recul de 5%, alors que le confinement n’est intervenu qu’à la mi-mars !

Dans son rapport, l’OCDE voit une reprise très nette, et même plus forte qu’ailleurs, en France en 2021. Mais il faudra a priori attendre fin 2022, dans l’état actuel des choses, pour retrouver le niveau économique du début de l’année 2020.

  • Une relance keynésienne serait suicidaire.

J’entends par là, une relance qui tablerait  essentiellement sur une reprise de la consommation. Il faudrait profiter du contexte actuel  « d’argent facile » pour financer  massivement la recherche-innovation, aider les entreprises à investir  en baissant significativement leurs charges- toutes leurs charges. Bruno Le Maire semble en avoir conscience mais les gestes qu’ils  prévoient restent à des niveaux très faibles : baisse de 10 milliards des charges de production sur 70 milliards, renouvellement pendant deux ans des baisses d’impôts sur les sociétés. Pas de quoi bouleverser la  donne de la  création de richesse.

Notre système de protection sociale est efficace pour amortir  le choc de la crise quand elle survient.  Le système de chômage partiel – coûteux mais nécessaire – a permis de conserver le capital humain des entreprises. C’est ce qui leur permettra de repartir plus vite que si elles devaient engager et former de nouvelles personnes. Aussi louables soient-ils, les dispositifs d'aide publique, en incluant les prêts des banques centrales, ont eu pour seule vertu de soutenir les revenus des personnes et les comptes financiers des entreprises. Ce sauvetage était nécessaire. Mais en tant que tels, ces dispositifs n'ont pu compenser les pertes de production et de consommation elles-mêmes, d'où ce paradoxe effarant avec, d'un côté les ménages qui ont accumulé une sur-épargne de près de 100 milliards d'euros et de l'autre un pays qui s'apprête à supprimer 800.000 emplois faute de perspective d'activité, selon les prévisions de Bruno Le Maire lui-même, le ministre de l'Économie et des Finances. Or, contrairement à ce que nous raconte le discours ambiant, la reprise de la consommation ne  doit pas  être la seule clef de la croissance dans les mois à venir. Certes, l’épargne a doublé pendant le confinement, c’est colossal ! Les ménages ont des marges de manœuvre de consommation. Reste à savoir si les ménages auront suffisamment confiance en l’avenir pour faire chauffer la carte.

Si la France subit aujourd'hui la récession économique la plus violente d'Europe et du monde, cela tient à la fois à la façon dont elle y est entrée et à sa sortie. Après avoir mis en place le confinement le plus draconien, l'exécutif et les Français eux-mêmes, anesthésiés par leur paperasserie, peinent à s'en extraire. Or c'est là que le bât blesse dans l'Hexagone, qui reste engoncé dans ses règlements pointilleux, ses protocoles sanitaires abracadabrantesques, ses délais de réflexion et de communication extravagants entre l'Élysée, Matignon et Bercy.

Voilà ce que traduisent les chiffres de l'OCDE : une certaine exception française au pire sens du terme. Le plan de relance concocté par Bercy risque de ne pas viser les bonnes cibles  et on peut craindre une coloration par trop électoraliste, ce qui serait la pire des options. L’urgence serait de recréer de la richesse « hexagonale » en réinstaurant un cycle vertueux, et pas de la transférer ailleurs, par la consommation qui augmente inévitablement nos importations et fait travailler les autres, en Asie, par exemple.


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3 / MEDITERRANEE : ENDIGUER ERDOGAN !

 

Escalade en Méditerranée.

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Notre mer intérieure n’est plus la « Mare nostrum » des Romains. Lieu de rencontre des grandes civilisations, et particulièrement celles du « Livre », elle devient aujourd’hui une zone de tensions majeures, marquée par l’extension du désordre qui domine le Moyen-Orient et  sa  côte sud, et la montée en puissance de la démocrature (pour ne pas dire la dictature) turque. L’effondrement du Liban et le jeu trouble de l’Iran, la décomposition de la Libye qui s’enfonce dans une guerre intestine sans fin  où se mêlent conflits tribaux et importation des conflits régionaux avec l’intervention de la Turquie et du Qatar du côté Tripoli, de l’Egypte, de l’Arabie saoudite, des Emirats et de la Russie du côté Haftar, n’arrangent pas la situation. Mais c’est peut-être la  rivalité entre les Etats pour le contrôle des espaces maritimes, et  l’appropriation des ressources qui vont avec, qui risque de déclencher des conflits.

La  découverte du gisement est-méditerranéen dont les réserves de gaz sont estimées à 3 500 milliards de m3 rend la situation  proprement explosive (sans jeu de mots). Sans compter que la Méditerranée voit transiter ¼ du trafic maritime mondial et constitue l’une des zones de  migrations les plus intenses. On comprend avec regrets pourquoi le projet de Nicolas Sarkozy de créer « l’Union Pour la Méditerranée »  était si stratégique.  Il avait réussi à réunir autour de la même table tous ceux qui s’affrontent aujourd’hui, plus de 40 dirigeants, pour en faire une zone de paix et de coopération autour de quatre thématiques : la dépollution de la  Méditerranée, la construction d’autoroutes maritimes et terrestres, le développement d’une protection civile méditerranéenne et l’installation d’une université euro-méditerranéenne en Slovénie. Les  « printemps arabes » bouleversèrent les données, et surtout, François Hollande abandonna le projet, probablement parce qu’il n’en voyait pas l’intérêt ou ne se sentait pas à la hauteur, ou les deux. Sans la France, L’Union européenne ne pouvait que se désengager. La  place est vacante pour laisser libre cours à tous les appétits !

L’inquiétante Turquie d’Erdogan.

Mais dans ce paysage aux soubresauts tumultueux, c’est l’évolution de la Turquie qui devrait nous inquiéter le  plus. Entre les mains d’Erdogan, le régime ne cesse de se durcir. La  liberté d’expression n’y est plus qu’un souvenir : les avocats sont soumis à un contrôle renforcé, on ne compte plus les députés de  l’opposition déchus de leur mandat, de nombreux journalistes sont poursuivis pour « espionnage politique » ou pour des révélations qualifiées de « secrets d’Etat » et il  ne fait pas bon critiquer le régime, il faut rajouter  les  procès à rallonge de personnes qualifiées « d’activistes », la  destitution des maires élus du parti pro-kurde.  En juin, une loi a été votée pour renforcer les pouvoirs des milices de quartier qui seront désormais armées. Les « Bekci », en chemise caramel rappelleraient à certains le temps des « chemises brunes ».  Ils veillent sur les villes et les villages dès la nuit  tombée.  L’AKP leur a donné le  pouvoir de contrôler et de fouiller, de porter une arme et d’en faire usage en cas de besoin. Une véritable  armée au service du régime  est  en train de se mettre en  place. Le pays va être pris dans un véritable étau dont Erdogan serre la vis.  Fin juillet, le  parlement a de nouveau frappé en élargissant l’emprise du pouvoir sur twitter et Facebook.  Les  réseaux sociaux sont d’une importance capitale pour de nombreuses personnes qui les utilisent pour s’informer, faute de médias libres. Désormais, la  censure en ligne est possible. Sous son action politique, la Turquie ne cesse de s’islamiser et dans une nécessité qui lui a paru sans faille, il a récemment transformé la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul en super mosquée. Et pendant ce temps-là,  l’arrogant dictateur gesticule et multiplie les provocations à l’égard de l’Europe, pour faire oublier la crise économique qui sévit chez lui et exacerber le nationalisme turc. Un engrenage que l’on connaît bien.

Il faut "endiguer" Erdogan.

Erdogan

Après son intervention dans le conflit syrien contre les Kurdes, Erdogan se mêle de la  Libye  tout en maintenant le chantage aux immigrés sur l’Europe moyennent finances. Maintenant, il mulitplie les  violations de l’espace grec notamment au prétexte de chercher du gaz. Car la Méditerranée orientale en regorge, et la Turquie, confinée sur ses côtes par les eaux territoriales grecques, n’entend pas être tenue à l’écart de ces richesses. C’est l’un des enjeux de ses interventions ces derniers temps dans les eaux chypriotes et grecques. Le gaz est la nouvelle pomme de discorde entre la Turquie et Chypre. Les projets gaziers chypriotes irritent particulièrement Ankara, car la Turquie ne reconnaît pas les limites maritimes validées par l’ONU. Il y a quelques jours, elle a signé un accord avec la Libye qui délimite de nouvelles zones maritimes entre les deux pays. Elles ne sont, bien sûr, pas reconnues par les autres pays, mais elles auraient pour effet de bloquer un projet de construction d’un gazoduc long de près de 2.000 km, baptisé « EastMed » qui relierait les champs gaziers d’Israël, d’Egypte et de Chypre à la Grèce, ouvrant les portes du marché européen. Bruxelles y est favorable, mais beaucoup doutent de la viabilité économique de l’opération, évaluée à 6 milliards d’euros alors que l’Europe est déjà bien approvisionnée en gaz par pipeline et en GNL bon marché. Cela n’empêche pas la Turquie de tout faire pour torpiller le projet EastMed et la  situation peut réellement déraper.

Les derniers développements ont conduit l’UE à réagir : Josep Borrell, chef de la diplomatie, a convoqué  les Etats-membres. Les 27 devraient exprimer leur solidarité avec La Grèce  avec un ton plus dur. Une fois n’est pas coutume, mais j’approuve la décision du Président Macron  de renforcer la présence militaire française en Méditerranée orientale. Deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la Marine se sont rendus dans les zones de tensions. Il faut montrer  ses muscles pour ne pas avoir à s’en servir. Erdogan est comique quand il l’accuse de jouer au « Caïd ».  Il n’y a aucune raison de ménager le « Caudillito » d’Ankara qui tente par tous les moyens d’imposer la présence turque en Méditerranée et qui multiplie les incidents avec les Grecs en envoyant drones, bateaux et soldats sur leur sol ou dans leurs eaux.  

Angela Merkel a engagé des négociations. Un compromis serait  possible, car  les Turcs peuvent légitimement revendiquer un droit d’accès aux richesses, pour peu  qu’ils soient raisonnables… Et l’Europe ne manque pas de moyens de rétorsion : elle est le plus grand partenaire commercial de la Turquie et pourrait créer un énorme problème à son économie déjà mal en point. Mais dans l’immédiat, il est urgent d’endiguer Erdogan. Et compte tenu du sort qu’il réserve à la démocratie  dans son pays, le mieux serait de mettre fin officiellement aux négociations pour son entrée dans l’Union européenne qui n’ont aucune chance d’aboutir. Ce n’est pas avec une attitude belliqueuse qui pue la haine de  l’Europe et les ambitions impérialistes, en piétinant la démocratie, en s’adressant aux autres avec un langage de charretier et en exacerbant le sentiment nationaliste de sa  base, qu’Erdogan parviendra à ses fins. Ou alors, ça rappellerait de biens tristes souvenirs comme ceux de 1938.

Heureusement, l’Histoire, dit-on, ne se répète jamais. 

 


DU SARKO « NI PLUS, NI MOINS » !

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LE TEMPS DES TEMPÊTES

L’écriture se veut nerveuse et il n’est pas difficile de voir que le récit a été écrit d’un seul jet. On y retrouve l’ancien Président tel qu’en lui-même. Tout y est : le ton, les tics verbaux, les formules aussi bien assassines que laudatives, même l’emphase reste celle qu’on lui connaît bien. Bien sûr, la pâte humaine est présente, elle transpire à chaque page, elle participe du personnage. Nicolas Sarkozy aime la politique. Et on le croit difficilement quand il assure avoir tourné la page. Il a aimé ses fonctions, même si celles-ci lui ont parfois demandé plus que de raison. Mais on sent qu’il aime par-dessus tout les Français et la France dont il a une haute idée et pour laquelle il nourrit la plus grande ambition. Alors quand il affirme, en ouvrant son récit que « les tempêtes l’ont toujours fasciné » nous ne sommes pas surpris. On savait déjà de lui qu’il ne manque jamais de courage, il l’avait montré lors de la prise d’otages  des élèves d’une école de Neuilly, dont il était le maire. On comprend aussi que son quinquennat l’a profondément marqué, les injustices pour ne pas dire l’acharnement, dont il a été victime aussi. Voilà pourquoi, exilé au Cap Nègre, pendant le confinement, privé de ses sorties à vélo, il s’est rabattu sur l’écriture. Et en 500 pages il fait le tour des deux premières années de son quinquennat. Il fallait que ça sorte. Et cela tombe bien : le « Temps des Tempêtes » résonne avec la crise économique que traverse la France.

Sarkozy « assume ».

Il ne s’agit pas ici de résumer le livre. Au « sarkozyste » qui suivait l’action du Président au quotidien, il n’apprend d’ailleurs pas grand-chose. Cela ne retire pourtant rien à l’intérêt de la lecture. Il n’est pas inintéressant de découvrir comment le quinquennat a été vécu de l’intérieur : ses premiers pas et la découverte de la fonction, l’exercice du pouvoir au quotidien, les crises auxquelles il a dû faire face, qu’elles soient de l’ordre de l’intime ou dans le cadre de ses fonctions. Rien n’est laissé au hasard, mais rien n’est passé sous silence. Même quand l’enchaînement des faits lui est défavorable. Et il n’hésite pas à reconnaître ses bévues.

L’hyperprésidence.

On savait Nicolas Sarkozy  hanté par l’inaction de son prédécesseur. On va donc vivre de l’intérieur cette hyperactivité qui avait marqué son action dès sa prise de fonction. « En allant vite, je voulais créer une dynamique, impulser un rythme, donner un sentiment d’efficacité » écrit celui qui avait décidé de s’occuper de tout, de tout mener de front, de tout suivre et d’être derrière chacun de ses ministres. Le récit recoupe ce qu’on savait : une vie politique bousculée par les projets, les coups d’éclats, les initiatives « transgressives » comme l’ouverture à des personnalités de gauche… Les syndicats, on s’en souvient, ne savaient plus où donner de la tête. Et l’international est soumis au même rythme. Aucun mea culpa sur les choix politiques fondamentaux pour lesquels il ne regrette rien et il n’est pas inutile d’en faire le bilan. Car, près de dix ans plus tard, il est facile d’en mesurer le bien-fondé de la plupart.

La part des confidences.

Evidemment, l’intérêt d’un tel ouvrage réside dans la part du vécu méconnue de l’extérieur. De la séparation avec Cécilia à la liaison puis au mariage avec Carla, les relations avec les grands du monde, le décryptage du caractère d’Angela Merkel, les portraits du personnel politique de son camp comme des adversaires… le livre fourmille de détails. Les jugements sont parfois sans appel. Ils sont, la plupart du temps, le simple constat tiré du vécu. Ils permettent de mesurer la méchanceté gratuite, quand ce n’est pas la haine de certains, l’hypocrisie ou la lâcheté des autres. Les anecdotes sont nombreuses, cocasses ou plus sérieuses. Elles donnent au récit sa densité humaine. 

Les dernières pages du livre s’ouvrent sur la plus forte des secousses de son quinquennat : la crise des « subprimes ». Ces pages entrent en résonnance évidemment avec la crise économique déclenchée par la pandémie du Coronavirus : « Fascinant de voir surgir exactement les mêmes phénomènes dans des contextes pourtant bien différents » !  Un hasard qui sonne comme une évidence : si les choses tournent mal, lui, se sent à l’aise par gros temps. Mais le « capitaine » jure qu’il n’est pas en campagne et que la politique ne lui manque pas. Il est vrai qu’avec Carla et Giulia il a probablement trouvé une vie bien remplie d’amours. Il a pris soin de ne fermer aucune porte et cela ne l’empêche pas de conclure : « C’est le sens de la politique. Voir grand, voir large, voir pour demain ». Une manière de dire qu’il n’est pas usé et que …  

De quoi alimenter les espoirs dans le camp de son électorat.

 

Le Temps des Tempêtes - Ed.  L'Observatoire. 

 


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2 / LE MOMENT DE L’EUROPE

Les trois femmes qui font avancer l’Europe.

Auréolée par sa gestion de la crise sanitaire, plébiscitée dans les sondages, Angela  prend la présidence de l’Union pour six mois, en position de force.  Et les peuples européens auraient tort de s’en  plaindre. Car le hasard, pour une fois fait vraiment bien les choses. Cette présidence tournante lui échoit à un moment clé alors que les  27 viennent de se mettre d’accord sur un plan de relance inédit dont l’Histoire nous dira s’il a été « historique ». Mais en ce mois de juillet 2020, l’Europe a effectué un virage décisif qui lui permet de faire un bond en avant exceptionnel. Elle le doit à trois femmes d’exception que la conjoncture et les aléas de la politique ont permis de se retrouver en même temps aux manettes :  Christine Lagarde à la BCE, Ursula Von der Leyen à la Commission et Angela Merkel indéboulonnable à la Chancellerie. Retour sur six mois exceptionnels.

Christine à la manœuvre.

Pour une fois, Emmanuel Macron a eu la main heureuse : Christine Lagarde est arrivée  à la tête de la BCE  parce qu’il fallait une femme, au nom de  la parité aux postes clés des institutions européennes. Elle était attendue au tournant, elle qui n’était même pas une économiste.  Mais près de 10 ans passés à la tête du FMI en pleine tempête financière lui conféraient une certaine légitimité. Néanmoins, les sceptiques dominaient au moment de sa nomination. Ceux-là  n’ont pas été déçus. Car  après un faux pas initial, c’est la Présidente du FMI qui a posé avec vigueur la   première ligne de  défense dace à la crise  sanitaire : dès le 18 mars elle lance un plan massif de soutien  à l’économie en engageant la banque centrale à racheter pour 1 000 milliards d’euros de titres de dette d’état et d’entreprises, une stratégie ambitieuse dépassant la « Fed ». Elle visait deux objectifs  qui ont été largement atteints : relâcher la  pression sur les  taux d’intérêt et empêcher la débâcle de la zone euro. Elle en remet  même une couche début  juin en élargissant l’effort avec 600 milliards d’euros supplémentaires. Cette femme intelligente a su tirer toutes les   leçons de la crise de 2008 lorsqu’elle était aux commandes à Bercy. Avec elle, la BCE utilise toutes les ressources dont  elle dispose. L’élan est donné.

Ursula la battante.

Propulsée quelques  mois plus tôt à  la présidence de la Commission  européenne, bien que novice  à un tel  poste, l’impopulaire ministre allemande de la Défense, est imposée  à la tête de l’exécutif européen par les chefs d’Etat et de Gouvernement et n’avait reçu qu’un soutien limité des eurodéputés. Beaucoup doutaient alors qu’elle trouve sa  place entre le Conseil et  le Parlement. C’est pourtant Ursula  Von der Leyen qui met en branle la lourde machine technocratique bruxelloise  avec un succès inattendu.  Depuis le début de la crise elle a mis la pression sur les  Etats-membres pour qu’ils coopèrent, lançant dès la fin février des programmes d’achat en commun de matériels  de protection et le 19 mars la toute première réserve européenne commune de matériel médical  d’urgence. Dans mes articles des 6 et 7 juin derniers, j’ai décrit dans le détail son action déterminante. Avec  elle, la  Commission a décidé de prendre les événements à bras-le-corps avec l’objectif de préserver le marché unique. La  deuxième quinzaine de mars permet de mettre de l’ordre dans la réaction continentale et les commissaires concernés ont multiplié les initiatives. Les mesures pleuvent. L’exécutif bruxellois est partout à la manœuvre. L’encadrement des dettes d’Etat est très largement assoupli ce qui autorise les gouvernements à renflouer des industries et des activités menacées.  Elle parvient à faire travailler les 30  000 collaborateurs  en télétravail dans des conditions « remarquables ». Les besoins en financement sont libérés en quelques jours et redirigés rapidement  alors que les règles ne le permettaient  pas. Elle est bien secondée par les  commissaires à l’instar de Thierry Breton  qui enchaine les démarches pour dynamiser le marché intérieur, et Margrethe Vestager, à la concurrence, qui approuve à la chaîne les nombreux plans nationaux de sauvetage qui atterrissent sur son bureau. Diplomatiquement, la Présidente de la Commission va jusqu’à  présenter ses excuses aux Italiens pour les réactions d’égoïsmes de  certains partenaires. L’accord  franco-allemand  du 18 mai lui permet  de proposer un colossal plan de relance de 750 milliards d’euros, du jamais vu, qui vise à  réduire les écarts que la crise a creusés entre les partenaires, sans sacrifier le « pacte vert » et la transition numérique. Elle va  plus  loin, en anticipant : elle jette les bases d’une union de la santé, proposant de  mettre à l’abri les industries stratégiques européennes contre les concurrents étrangers et mobilise des fonds pour la recherche d’un vaccin disponible pour tous.

Angela la chevronnée.

Comme à son habitude, Angela Merkel met un peu de temps à réagir. Cependant, cette fois-ci, elle prend conscience assez vite que la crise sanitaire qui a commencé en Italie et se répand en Europe va mettre cette dernière à genoux, surtout les pays du sud, avec le risque de disloquer le marché unique. Bien qu’elle soit menacée par la cour suprême allemande qui met en doute la légalité de l’action de la BCE, elle se décide à briser le tabou de la solidarité financière. Cette volte-face s’explique aussi par  les turbulences mondiales entre l’imprévisibilité de Trump qui replie l’Amérique sur elle-même et la nouvelle politique chinoise qui ne cache pas son penchant prédateur, avec un Poutine  en embuscade qui rêve de remettre la main sur l’Europe de l’Est, et un Erdogan qui multiplie les provocations impérialistes. Il faut donc sauver l’Union européenne.  C’est pourquoi, elle propose à Emmanuel Macron, qui en rêvait et qui la pressait depuis  longtemps, un fonds de relance de 500 milliards d’euros, empruntés collectivement par l’Union et redistribués au plus fragiles par le budget européen sous forme de transferts. Les réticences de la  Chancelière face à l’activisme de la France, suspectée à juste titre de vouloir transférer à Berlin le financement de  son modèle social insoutenable, passent au second plan. L’épidémie du Covid19 a changé la donne et lui a offert une occasion  de rétablir son autorité battue en brèche par la crise migratoire, le dieselgate, la déroute de la Deutsche Bank et la poussée de l’Afd. C’est là qu’intervient son remarquable sens politique, car l’Allemagne n’a plus d’autre option que l’Europe : elle va faire de la présidence allemande le  moteur d’une refondation de l’Union européenne, rendue nécessaire par  la nouvelle  donne mondiale. L’Europe a non seulement besoin d’une relance économique qui permette d’enrayer le grand écart entre ses membres, mais d’une réorientation vers la puissance et l’autonomie stratégique. C’est tout l’enjeu de la présidence du Conseil de l’Union par l’Allemagne au cours du second semestre  2020, placée sous la devise : « Tous ensemble pour relancer l’Europe ».

L’heure de l’Europe.

L’Europe a changé sous nos yeux. Elle a choisi d’être solidaire dans l’adversité. Personne ne l’attendait sur ce terrain-là.  Elle a choisi de franchir un pas décisif vers une union plus généreuse, autonome, indépendante, soucieuse de ses intérêts stratégiques et de sa place dans le monde, à un moment crucial de son histoire. C’est le bon moment pour l’Europe pour qu’elle se décide à exister. Nos amis anglais nous ont quittés : peut-être est-ce là le meilleur cadeau qu’ils fussent capables de nous faire. Ses anciens alliés néerlandais, danois, suédois, renaclent à l’idée d’une Europe puissance : ils n’auront pas le choix !  Les pays du groupe de Visegrad derrière la  Pologne et la Hongrie, dits « illibéraux » grincent, ils n’auront pas d’autre choix que celui d’évoluer au sein de l’Union qu’ils ne peuvent pas quitter, pour des raisons à la fois politiques et économiques. Car l’Allemagne a décidé  d’exercer son leadership européen autrement que par défaut et rend la refondation possible par son engagement et du fait de son poids économique. La récession y sera limitée à 6,3% du PIB et elle retrouvera son niveau de richesse dès la fin 2021, tout en restant en plein emploi. La France, affaiblie par l’épidémie  qui acte son déclassement, n’a d’autre choix que de soutenir inconditionnellement la présidence allemande, dont le réussite conditionne le plan de relance européen, vital pour le redémarrage  de notre économie. Et c’est heureux !  Le  couple-moteur de l’Europe reprend toute son importance. Elle apporte un renfort à l’Allemagne sur le seul point où elle peut être utile: la sécurité. La France peut apporter par ce biais une contribution décisive à la refondation de l’Europe en inscrivant la défense parmi  les priorités du plan de relance. L’accord  entre les vingt-sept, signé à Bruxelles, permet des évolutions décisives : emprunt européen , fiscalité… Nous vivons un tournant du monde qui impose de serrer les rangs  si nous voulons continuer à exister en tant que nations.

L’Europe, dernier rempart de la démocratie.

Il est peut-être encore trop tôt pour affirmer que l’Europe est devenue adulte en ce  mois de juillet 2020. Mais ce qui est une certitude c’est que l’ordre international né de la fin de  la seconde guerre mondial se disloque sous nos yeux. L’ONU  est au mieux paralysée, au pire impuissante. Les  Etats-Unis, après  la  guerre froide, la fin du communisme et le World Trade Center, et  les  avatars qui en ont découlé, dans la  dernière décennie  ont décidé de sonner le glas de « l’Occident », d’abord de  manière soft, puis plus  brutalement avec Trump qui fait éclater méthodiquement toutes les institutions mises en place par ses prédécesseurs , à commencer par  l’Otan et tous les  pactes régionaux qui permettaient aux Etats-Unis de dominer le monde. Avec la mondialisation, la structure idéologique du monde en deux camps opposés, capitalisme contre socialisme, a perdu toute signification  au profit d’ensembles régionaux qui font ressurgir souvent les empires du passé, Poutine et la Russie des Tsars, Erdogan et l’empire ottoman, Xi Jinping et la Chine impériale,  sans parler des islamistes qui rêvent du Califat.  Ils ont tous en commun la hiane ou le mépris de l’Occident. Le « multilatéralisme » qui a tenu lieu de doctrine internationale ces vingt dernières années en est mort, remplacé par des « politiques de puissance ».

La conséquence en est dramatique : tous ces néodictateurs ne se cachent pas pour proclamer que la « démocratie occidentale » ne leur convient pas. Et son recul est général partout dans le monde, en territoires et en régimes juridiques. Nous entrons dans un monde autoritaire, policier et  belliciste. Le pire  modèle est probablement ce que met en place la Chine communiste  quand les techniques  les  plus  raffinées de la reconnaissance faciale sont utilisées systématiquement pour contrôler  un à un, à chaque moment de leur vie, des centaines de millions d’hommes. Il devient vital que notre Europe  se décide enfin à exister, non seulement comme espace  économique  et commercial,  mais comme  puissance  politique. Si nous voulons encore faire  vivre notre modèle  démocratique et protéger notre civilisation ! La querelle entre fédéralistes et souverainistes est dépassée.

Saisissons la chance  que la présidence allemande nous offre. Elle va inscrire la  relance de l’Europe dans les principes de l’ordo-libéralisme qui l’a construite : le fédéralisme de souverainetés partagées, l’économie de marché et le libre-échange. On peut compter sur son pragmatisme et la recherche du consensus qui restent en termes de méthode le chemin le  plus sûr pour réaligner l’Europe du Nord et celle du Sud, celle de l’Ouest et celle de  l’Est. Un des facteurs de la réussite de cette volonté allemande réside dans les choix que la  France fera pour relancer son économie. Il est important qu’elle ne gaspille pas l’argent que la crise lui a permis d’emprunter à tout va. Car, il ne faut pas qu’Emmanuel Macron se méprenne : pour Angela Merkel, il ne s’agit pas de saisir sa main tendue, son ralliement au fonds de  reconstruction est une réponse pragmatique à un sentiment d’urgence, alimenté  avant tout par  le  plongeon vertigineux de l’économie allemande qui conditionne la reprise outre-Rhin au redressement des pays méditerranéens. En même temps, on peut sauver notre  modèle démocratique, ça  n’est pas anecdotique ! 

Merkel, VDL, Lagarde : un tiercé gagnant ? A  la fin de l’année 2020, on y verra déjà plus clair !

 


LES DOSSIERS DE L'ETE

Dossiers de l'été

I  /  LA CRISE DE LA DEMOCRATIE FRANCAISE …

On est en droit de s’étonner que si peu d’intérêt ait été accordé par les médias et les politiques au fait majeur des élections municipales : le record  des abstentions à une consultation qui traditionnellement recueillait l’intérêt de nos concitoyens. 58,4%,  c’est 20 points de plus qu’en 2014 qui était déjà considéré comme un record en abstentions. Mettre  ce résultat sur le dos de la crise sanitaire, même si le phénomène a pu jouer, c’est vouloir se rassurer à bon compte. Il faut surtout y voir une grave dégradation de notre lien civique, malheureusement, que les conditions matérielles du scrutin ne suffisent pas à expliquer. De fait, de nombreux facteurs y concourent. Quatre crises !

Le dépérissement du civisme fiscal.

Aujourd’hui, dans notre pays, 57% des ménages ne paient plus d’impôts sur le revenu ni de taxe d’habitation. La suppression de cette  dernière qui était dédiée  au financement des services publics communaux tels que écoles, équipements sportifs, culture, s’inscrit dans une longue série de décisions antérieures et qui remontent au quinquennat précédent, au nom du sacro-saint principe d’égalité très discutable.  On comprend bien que le lien civique sans la relation fiscale qui incite  le citoyen à s’intéresser à l’usage de l’argent public et à demander des comptes aux élus, n’a plus guère de contenu. Il reste bien la CSG et la TVA que tout le monde paie, mais ce sont des contributions qu’on identifie moins clairement. Plus d’un foyer sur deux n’a pas vraiment d’intérêt à aller voter. Et il est facile de mettre en corrélation le taux d’abstention avec le taux d’exemption fiscale… même si ça n’est pas si simple.

Le dépérissement de la démocratie représentative.

Convenons que le discours dominant porte une critique disproportionnée des procédures électorales.  Or, il n’y a pas de système supérieur à la démocratie représentative au suffrage universel par désignation dans le secret d’un isoloir, qui constitue le seul  moyen d’associer tout le monde à la décision, qu’on soit pour ou contre. Toutes les autres procédures qu’on nous présente comme supérieures : tirage au sort, démocratie participative, délibérative, ric ou rip, ont en commun de pousser dehors le plus grand nombre  en réintroduisant le clivage  entre  les  « entreprenants », experts autoproclamés, qui participeront, et la masse des simples électeurs qui ne se sentiront pas ou peu concernés. L’étude de ces  pratiques  montre que les citoyens se déplacent peu et ceux qui le font correspondent à des profils sociologiques particuliers. Les taux de participation en font foi. D’ailleurs, les  villes qui pratiquent la démocratie participative n’ont pas eu des taux de  participation plus mirifiques que les autres aux municipales. Le sujet c’est bien celui de la représentation :  y a-t-il aux manettes des gens qui nous ressemblent ?  Ce n’est pas un hasard si le taux d’abstention a été  particulièrement élevé chez les ouvriers (70%) et les  employés (65%), aux élections municipales. Et de fait,  la transmission des valeurs démocratiques aux nouvelles générations est menacée.

Le miroir déformé de la représentation médiatique.

C’est probablement l’une des causes majeures du dépérissement du lien civique : la représentation médiatique en parfait décalage avec le réel. Les sujets débattus dans les médias ignorent ou minorent des réalités qui déplaisent ou qui ne sont pas appréciées  à leur juste intérêt.  Par contre le monde médiatique, peut-être  parce qu’il est trop parisien (euphémisme), se montre trop souvent déterminé à  promouvoir des irréalités dans lesquelles il nous demande de nous reconnaître.  Par exemple, à l’occasion des élections municipales,  la « vague verte » était annoncée dès janvier  2020 et  le soir du second  tour, c’est encore la « vague verte » qui fait la une de tous  les médias.  Or, il n’y a pas eu de « vague verte » !  C’est l’abstention historique qui aurait dû faire la une !  Et pourquoi les Français seraient-ils aller voter,  puisque lorsqu’ils ne le font pas, leur absence est à peine remarquée. A cela s’ajoute, un succès éclatant de  l’opposition, droite en tête, en dépit de la participation électorale. Sujet oublié, lui aussi. C’est donc  un supplice pour le public qui n’a plus d’autre solution que de se tourner vers les réseaux sociaux pour chercher une représentation du monde qui ait du sens. Et que penser des polémiques violentes qui ont saturé l’espace public à propos du « racisme français », des « violences policières », du « déboulonnage des statues », instituant la « racialisation » du confit social alors  que notre pays combine une puissante culture républicaine à un Etat providence parmi les plus généreux.  On croit marcher sur la tête. La réalité tangible  dans laquelle chacun  peut se reconnaître est escamotée au profit d’un monde irréel qui n’est pas le nôtre, jusque dans les séries où l'on nous impose des représentations sociales marginales comme étant la règle alors qu'elles sont largement minoritaires. Au point que les Français ne reconnaissent plus leur propre pays dans le miroir médiatique qu’on leur tend !

L’évanescence du monde politique et les ravages du « en même temps ».

Si à ce phénomène médiatique on ajoute le sentiment le plus partagé selon lequel les « politiques sont impuissants » ou sont « tous pourris », on ne s’étonnera pas de l’érosion de la  participation électorale. Les conditions sont réunies pour que cette défiance en la politique s’aggrave toujours davantage. Pendant les trois mois de la crise intense du covid 19, les plus hautes autorités ont martelé, avec des  procédés qui relèvent de la propagande, que le « masque » était strictement inutile. Aujourd’hui, ces mêmes autorités le rendent absolument obligatoire…  Ce  « tête-à-queue » politique, nos responsables ont  préféré le mettre sur le dos  des experts scientifiques. Ils n’ont pas eu le courage d’assumer leurs  responsabilités, voire de s’excuser.  En apparence, la nation semble encaisser passivement, mais les Français n’ont pas été dupes. On retiendra des récents événements et du résultat des municipales que le bon vieux clivage gauche-droite demeure le plus pertinent quand il faut apprécier une politique. Le  « en même temps » et l’exhortation à transformer et à se réinventer n’a  pas résisté à la réalité. Mais ce  qui compte par-dessus tout,  c’est l’authenticité des convictions et pas la couleur de la « carte ». De ce point de vue, la montée des extrêmes s’explique surtout parce que les citoyens désabusés n’ont plus foi  dans ceux dont les « ambitions » sont tentées par la comédie du pouvoir au détriment de leurs convictions qui paraissent alors secondaires. Les retournements de veste, les trahisons (appelons un chat, un chat), ceux qui sèment le trouble dans leur propre camp, paraissent banalisés, compris, acceptés, et même valorisés au plus haut sommet de l’Etat. Renier son camp et son parti politique pour un prestigieux maroquin, quoi de plus normal, de plus ordinaire ? Ainsi, M. Castex peut-il avoir été un loyal collaborateur de Nicolas Sarkozy  et avoir été élu avec l’étiquette « Les Républicains », être nommé  par un Président dont ce n’est un secret pour personne qu’il est de gauche,  pour faire une politique démocrate-socialiste sous le contrôle de son directeur de cabinet Nicolas Revel, proche collaborateur de Macron, et finalement adhérer à LRem,. On comprend alors que c’est surtout un haut fonctionnaire qui poursuit son parcours,  en bon technocrate tout terrain. La  gauche et la droite ce n'est pas pareil  :   pourquoi les Régions gérées par la droite font-elles  des économies et réduisent leur dette et pas les collectivités gérées par la gauche ? A force  de faire croire que c'est la même chose, comment les électeurs peuvent-ils s’y retrouver. L’indifférence, quand ce n’est pas le dépit, d’un peuple blasé par les volte-face, les incohérences, les contradictions, les  fausses représentations, semble dominer, mais on en mesure le prix au moment d’aller  voter. On constate alors ce qu’en pense la nation dans ses profondeurs, que les sondages n’effleurent même pas.

Faut-il, comme interroge Maxime Tandonnet se demander si « l’apathie du pays dans ses profondeurs, est le fruit de l’indifférence, du déclin intellectuel, d’un authentique abrutissement de masse ; ou bien n’est-elle au contraire que le reflet de la surface des choses, entre reportages et commentaires lèche-bottes et sondages truqués, couvrant un mouvement de révolte, un grondement sourd dans les profondeurs de la France qui ne demande qu’à s’exprimer en la première occasion ? »

L’urgence est donc de résoudre cette quadruple crise démocratique. 

Et ce n’est pas en nous vendant un scénario écrit à l’avance d’affrontement Macron/Le Pen que notre démocratie  survivra. Quatre impératifs s’imposent : ranimer le lien civique, restaurer la souveraineté de l’élection, faire en sorte que l’espace  public soit représentatif de nos réalités politiques et sociales, présenter un personnel politique fiable avec de vraies convictions.

 

 


LA COMMODE AUX TIROIRS DE COULEURS

 

La commode aux tiroirs de couleurs001

Roman d’Olivia RUIZ.

J’ai déjà écrit un article sur Olivia Ruiz.  C’était à l’été 2008, elle était alors au début de sa carrière de chanteuse, tout au moins sur les plateaux télé. Je disais que j’appréciais ses textes, ses rythmes, sa voix, sa gestuelle : bref, une véritable déclaration de fan. Et j'ai toujours un ou deux CD à portée de main quand « l'envie d'Olivia me vient » ! Cette une femme qui a du talent  et  elle vient encore de le  prouver avec la  publication de son premier roman : « La  commode aux tiroirs de  couleur ».  Tout le monde savait déjà que son nom de scène, elle l’a emprunté à sa grand-mère, et que son ascendance ibérique lui tient chaud au cœur depuis qu’elle s’exprime, bien que ce lien ne lui vienne que de sa mère. On en retrouve les accents dans ses chansons, dans son spectacle, dans sa gestuelle.  Pourquoi cet attachement ?  C’est peut-être pour tenter d’y répondre qu’elle a écrit ce qui aurait pu être un récit autobiographique, mais qui faute d’éléments concrets est devenu un authentique roman.

Le thème de l’histoire revient sur son passé de petite fille de réfugiés espagnols ayant fui le franquisme. Une histoire qui résonne dans notre famille puisque ma belle-mère a connu le même épisode, et qui plus est, avec des ressemblances dans le parcours de la fuite vers la France, et l’accueil qui était réservé aux réfugiés. Comme chez nous, elle s’est heurtée à une sorte d’omerta sur l’exil.

A 40 ans, elle dévoile donc une autre facette de son talent : elle écrit  avec un style inimitable que sa double culture rend encore  plus attachant. Les  300 pages se lisent d’un coup.  On sourit, on s’amuse et on sort  son mouchoir à la fin.  Sa fougue, qui fait partie de son personnage, et que l’on  mesure sur scène, se retrouve ici dans le choix des mots, dans les images, dans le rythme de la phrase. Le tableau est complet, car faute de témoignage, elle s’est documentée. L’Espagne franquiste, la guerre civile, la fuite à pied à travers les Pyrénées, l’arrivée dans les camps, prennent un accent véridique tellement ils sentent le vécu. On a  envie d’y croire.  Et puis la double culture, l’assimilation, la transmission ou son absence, voilà un vécu très proche de ce que ma femme a reçu en héritage. Ce roman nous renseigne donc, indirectement sur la volonté d’oubli de ceux qui ont dû fuir leur patrie pour se refaire une autre vie. Ce que ces trois femmes, censées être sa grand-mère, sa mère et elle, ont vécu devient une épopée. Quand on suit Olivia Ruiz, on reconnait dans le roman  les références au café familial de Marseillette. Les femmes de son roman pourraient être sorties  de chez Almodovar. L’espagnol est sa seconde langue. Ce  passé, elle s’y cramponne. Ruiz comme nom de scène est un hommage revendiqué à sa grand-mère et quand sur scène elle entonne « la foule » en espagnol, encore un thème familial, la voix se fait plus rauque et l’accent est là, que seuls ceux qui ont les gènes ont avec cette justesse. Ce qui permet à sa grand-mère de crier son plaisir :  « Olivia est la plus espagnole de nous tous !». Le déracinement, elle en a fait aussi un spectacle : « Bouches cousues »  créé sur la scène nationale du Grand Narbonne  et devrait être à l’affiche des Bouffes du Nord en octobre, si covid veut bien.

Dans ce roman, il y a quelques pages grandioses. Le récit du « corps à corps » avec Rafaël est un sommet de délicatesse et de sensualité. Il y aurait bien d’autres épisodes à citer, mais je vous laisse  les  découvrir. « On pourrait croire à une petite fille sage mais le spectacle laisse au contraire entrevoir un tempérament volcanique.... » écrivais-je en 2008.  Cela se vérifie dans le roman. Voilà une écrivaine qui a du tempérament ! Allez, hâtez-vous d’aller ouvrir les tiroirs de couleurs de la commode !

La  commode aux tiroirs de couleurs, Olivia Ruiz, chez JC Lattès

 


LA RELANCE DE LA DERNIERE CHANCE

Robots-industriels-

 

Le  chemin du déclassement.

En 1975, la France était la 4ème économie mondiale. Elle est aujourd’hui au 6ème rang, et  encore, ça n’est pas certain. Pays exportateur, son commerce  extérieur est en déficit depuis de nombreuses années sans qu’elle arrive à renouer avec un solde positif.  Ses parts de marché n’ont cessé de se rétrécir même au sein de  l’Union européenne. La faute à une désindustrialisation massive provoquée par les 35 h et  les délocalisations qui ont suivi et aux charges excessives que doivent supporter les entreprises qui sont encore là,  mais à la compétitivité aléatoire. Les multiples relances  keynésiennes tentées depuis les années 80, aussi ruineuses qu’inefficaces n’ont fait qu’accroître  le mal, en stimulant une consommation de produits fabriqués ailleurs, surtout en Asie.  Hausse des dépenses sociales et chocs fiscaux l’ont coupée des reprises mondiales. Le résultat, nous l’avons sous les yeux, aggravé par la dernière crise sanitaire : croissance potentielle réduite à 1%, accélération de  la  désindustrialisation, chômage permanent, dépenses publiques non maîtrisées, dette en expansion continue. Le mal est profond et les trois dernières années n’ont fait que le confirmer : déni de la compétitivité, de  l’investissement et de l’innovation ;  état-providence toujours plus boulimique qui interdit la modernisation de l’appareil de production. La  France n’a plus le droit à l’erreur. 

Une situation critique.

A la sortie de la crise du covid19, pour autant que l’on en soit sorti,  notre économie subit la récession la plus sévère  avec  une reprise fragile et « hémiplégique ». Outre  le terrible bilan sanitaire avec plus de 30 000 morts, nous sommes  plongés dans la pire crise économique et sociale de  l’OCDE.  La récession atteint 12% du PIB, le chômage est remonté lui aussi à 12% des actifs, la dette publique s’est envolée à plus de 120% du PIB. L’activité reste inférieure de 10% à son niveau d’avant-crise. On constate un effondrement de l’investissement (de 40%) et des exportations, alors que la consommation s’est redressée à 97%. L’industrie est à 70% de ses capacités. Fermées plus tôt, plus longtemps, les lignes de production françaises repartent un peu moins vite que leurs concurrentes européennes - ce qui fait craindre un nouveau décrochage du made in France. Le déficit commercial atteignait plus de 7 milliards en mai. On reconnaît là tous les stigmates de l’économie du pays. Dans ce contexte d’autant plus déprimé que l’économie mondiale est en panne, la situation de la production mondiale se stabilise en effet à un niveau inférieur de 25 % par rapport au niveau de début janvier, il faudrait éviter que le plan de relance annoncé par le Président et le Premier Ministre ne s’inscrive dans la continuité des précédents, qui ont tous échoué  et  qui privilégiaient la redistribution sur la production et la protection sur l’innovation. D’autant plus que certains pays s'en sortent mieux que d'autres, mais pas la France.

Dépenser n’est pas relancer.

Une chance au moins : grâce à « l’argent magique » qui tombe du ciel européen et qui permet à la France d’emprunter à moindre coût, nous allons échapper, pour l’instant, aux hausses d’impôts qui seraient le plus sûr moyen de tuer la reprise comme en juillet 2012 avec Hollande. Mais compte tenu de l’état de nos finances publiques, qui n’est pas « un conte de fée » comme dirait Eric Woerth, c’est probablement la dernière fois que la France peut empruntée plusieurs centaines de milliards d’euros pour reconstruire son économie. Autant dire qu’il vaudrait mieux qu’elle soit au final compétitive et écologiquement soutenable. A cet égard, ce que fait l’Allemagne pourrait servir de modèle : 130 milliards d’euros au service de l’investissement, de l’innovation, de la conversion numérique et écologique de son industrie notamment automobile. Notre plan de relance ne sera présenté qu’à la fin août par Bruno Le Maire. Les actes suivront-ils ses paroles ? Les mesures de soutien aux entreprises pendant le confinement avec  les suppressions de charges temporaires ont été utiles. Mais pour la relance,  pour l’instant on constate surtout l’avalanche des dépenses pour la police, pour l’hôpital, pour la SNCF, et la machine à redistribuer semble l’emporter avec  l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire et les  hausses de salaires, les aides à la rénovation thermique pour les ménages … Sans parler de la création de la 5ème branche de sécurité sociale (financement?) au moment où le déficit du système des retraites explose à 30 milliards d’euros. Seuls 40 des 100 milliards sont affectés pour l’instant à la production et à l’industrie, ce qui ne compensera même pas les pertes enregistrées en 2020 (70 milliards pour les entreprises). On retrouve encore la  machine à dépenser dans la poursuite de la création de postes dans la fonction publique affectés aux services territoriaux… Bruno Le Maire veut baisser les impôts de production de 10 milliards d’euros, c’est mieux que rien, mais une goutte d’eau dans la mer des 67 milliards que paient nos entreprises, et encore, il faudra qu’il compense le manque à gagner pour les Régions. Ses bonnes intentions  risquent de se noyer dans le saupoudrage et le parasitage vert. Notre pays est donc en passe de dilapider à nouveau 100 milliards d’euros. On cherche une stratégie et du courage politique et on trouve surtout gesticulations, annonces démagogiques et moulinets. Et cerise sur le gâteau, on va « cantonner » la dette Covid ce qui n’est rien d’autre que le « maquillage » des comptes  publics, comme le font … la  Grèce et l’Italie.

Si Castex  veut casser la baraque, il va falloir qu’il s’y prenne autrement. Je crains que ça ne soit guère possible. Un technocrate ne peut faire que ce qu’il sait faire : reproduire à l’infini les mêmes schémas qui ne fonctionnent pas. C’est clair que la droite ferait autrement. La France semble hélas condamner au déclassement et  au déclin, à la stagnation, au chômage et aux dettes …

 


QUAND LE VIEUX MONDE DEMANDE DES COMPTES…

Les gaulois réfractaires001

 

J’ai lu le dernier livre de Philippe De Villiers. Par curiosité et aussi en amateur de belle langue.  Qui connaît le spectacle du Puy du Fou, c’est de quoi je parle. Le Vendéen a un vrai talent de narrateur et pratique le Français avec maestria. Que pouvait-il bien avoir à nous dire, lui qui semblait avoir été conquis par Emmanuel Macron, alors Ministre de l’Economie, quand il  était venu lui rendre visite dans son fief. Je n’ai pas été déçu, même si je suis loin d’adhérer à toutes les thèses du Puyfolais.

Parlons d’abord  du livre.

Il  se lit d’une seule traite. Il a le mérite d’être court, concis et bien documenté. Le style est enlevé, enthousiaste aussi bien pour  applaudir que dénoncer. L’auteur, dont on connait les talents d’orateur capable de tenir en haleine une assemblée de 10 000 personnes, a conservé sa verve et le sens de la formule « tueuse ».  Son répertoire, bien que classique, peut amuser par ses nombreuses références à sa culture et son univers religieux détournés ici par dérision : Sibeth devient « La Pythie » et son pupitre de plastique un « lutrin » ;  « Saul, le païen (qui) s’est converti en galopant sur la route de Damas » est  mis en parallèle  avec « le startupper devenu le grand  logisticien du rapatriement des patries  perdues » (Macron dans son discours du 13 avril)… Le plan en est relativement simple : la pandémie et  le  confinement sont une occasion en or pour régler son compte à Emmanuel Macron par un homme que ce dernier a tenté de manipuler, et par la même occasion de se faire une fois de  plus le  chantre de la souveraineté nationale et  des terroirs face à la  mondialisation, à la technocratie et à l’européisme. L’ouvrage début donc logiquement par la rencontre Macron-De Villiers, suivie de l’épisode de la pandémie du déni au mensonge pour finir par le « jour d’après » en guise d’épilogue.

Dialogue entre le « vieux monde » et le « nouveau ».

On ne peut pas  suspecter Philippe de Villiers de mentir. Après son passage à Orléans pour « honorer » la  Pucelle, au cours du même été, Emmanuel Macron s’était rendu au Puy du Fou soi-disant pour comprendre comment fonctionnait cette réussite économique spectaculaire que sont le « Grand parc » et la « Cinéscénie ». Une rencontre haute en couleur entre le Vicomte et le banquier, au cours de laquelle il avait fait son « coming out » : « Je ne suis pas socialiste » ! ». Des heures de dialogue approfondi  qui vont laisser Philippe de Villiers sous le coup de la séduction. Le récit de l’échange est hallucinant. Macron montre un art consommé de la disruption et de la manipulation qui fait dire aujourd’hui à de Villiers : « J’ai mis du temps à comprendre ce qui se cachait derrière les figures chorégraphiques du « en mêm’temps » : Macron des villes, Emmanuel des champs »…

La pandémie : du déni à la catastrophe.

Philippe De Villiers livre ensuite un réquisitoire glaçant sur la gestion de la pandémie : le déni pendant deux mois, les mensonges successifs habilement habillés en vérités, la mise en scène du paravent du « conseil scientifique » pour se mettre à l’abri, le confinement qui aurait pu être évité et qui conduit à la débâcle économique… Une histoire terrifiante que l’auteur présente sous le faux questionnement : « Auraient-ils menti ? ». Pour Villiers, cela ne fait aucun doute, mais, avant tout, le gouvernement a péché par aveuglement idéologique. Car les mensonges vont s’enchaîner comme un engrenage inéluctable mis en perspective par le calendrier incontestable des faits et des affirmations des uns et des autres. Car il était impossible de « ne pas savoir ».  « Depuis douze ans des voix autorisées et les plus hauts képis de  l’armée française » avaient prévenu. En 2017,  le service de santé des armées alerte sur le risque d’émergence d’un « nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou échappant à un laboratoire de confinement ». Il cite au passage la légèreté avec laquelle Raffarin fait installer à Wuhan une plate-forme novatrice P4  sur le modèle du laboratoire Jean Mérieux de Lyon, dont les 50 chercheurs français qui devaient y travailler pendant cinq ans ne sont jamais partis. Et c’est de Wuhan,  justement, que le virus va  prendre le large … Les dispositions pour y faire face auraient dû être prises. Mais le 24 janvier la Ministre de la Santé rassure les Français : « Le risque d’importation de cas  de Wuhan … est pratiquement nul ». On connait la suite. La  voie choisie par la France est surprenante : les frontières ne servent à rien, les masques pas plus, ni les tests…  pour finalement se retrouver bouclé par la frontière de son propre appartement. Deux mois de déni, deux mois de confinement, une économie effondrée et plus de 30 000 morts qui auraient pu n’être que 5 ou 6 000 si l’exécutif avait fait, ne serait-ce que comme l’Allemagne. Une lourde responsabilité pour les gouvernants qui, à coups de grands’messes médiatiques ont camouflé  leur incurie. Ceux-là ne mériteraient-ils pas la Cour de Justice de la République à commencer par celui que les médias présentent comme le « chouchou » des Français ? 30 000 morts et 220 milliards de déficit, comme carte de visite… Mais évitons de jouer les procureurs. Les commissions d'enquête parlementaires sont là pour ça éventuellement.

Le retour du Nouveau Monde.

« Il faut nous réinventer, et moi le premier ». Tu parles.  En fait de se réinventer, le Président a suivi le conseil de celui qui dirige le « Centre d’analyse, de prévision et de stratégie » du Quai d’Orsay, Manuel Lafon Rapnouil, qui lui a remis un rapport sur la « sortie de crise », à la fin mars. Il y brandit la menace : « Le risque est réel que les efforts de stimulation de la croissance ne soient l’occasion pour l’ancienne économie de se remettre au centre du jeu en détriment de celle –plus innovante et verte notamment- que l’on essaie de développer ».  Tout est dit. L’ancienne économie peut crever, ces indépendants qui résistent encore au « Nouveau Monde ». Il y a donc une France « déconnectées » qu’on débranchera. Evidemment « Le jour d’après », pour Philippe De Villiers, ce sera la guerre  de ceux qui ont tenu la France à bout de bras pendant la crise contre la dilution de la souveraineté, contre la mondialisation qui nous a désarmés  face au virus. L’auteur y reprend ses combats de toujours, pertinents quand il s’agit de la technocratie ou la globalisation qui tue notre économie, quand il vante l’économie réelle ancrée dans les territoires, beaucoup moins quand il enfourche la thématique de l’Europe inutile en négligeant l’action déterminante qu’elle a eue pendant la pandémie, notamment grâce à l’action d’Ursula Von der Leyen. Cela ne veut pas dire pour autant que la France n’est pas  capable de gâcher la relance obtenue au dernier Conseil européen. Et le plan qui se concocte à Bercy n’est pas fait pour rassurer.

Le livre est donc une attaque en règle contre ce « Nouveau Monde » prôné par Emmanuel Macron et qu'il juge responsable des difficultés de la France face au coronavirus. L'ancien député européen avait eu des mots lourds de sens durant la campagne des élections européennes de 1994. « Quand toutes les barrières sanitaires seront tombées et qu'il y aura une grippe à New Delhi, elle arrivera dans le Berry. » avait-il proclamé à l’époque, en déchainant les rires. Il saisit donc cet ouvrage pour faire le procès de la disparition des frontières, de la technocratie et de la mondialisation financière. De véritables chevaux de bataille pour lui et qui ont trouvé un écho très particulier ces dernières semaines.

Même quand on n’est pas Villiériste, ce qui est mon cas, un livre à lire absolument pour la mine d’informations qu’il comporte auxquelles le grand public n’a pas eu accès et pourtant nécessaires pour se forger un jugement sur les événements.

 


RENDEZ-VOUS EN TERRITOIRE INCONNU

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Ou… CASTEX chez les réfractaires.

Le mot  a été prononcé  25 fois dans le discours de  politique générale de Jean Castex.

Territoire : 

Étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain :  le territoire de la France.

Étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction : le territoire de la  commune.

Espace défini par une particularité naturelle : territoire  montagneux.

Espace défini par une caractéristique culturelle : territoire linguistique.

Zone sur laquelle s’exerce la domination d’un animal : le chien marque son territoire en urinant. Le territoire chez les animaux est déterminé par le marquage et la défense de leur espace de vie, par un comportement parfois agressif envers les intrus. On observe alors une complémentarité entre le territoire et un comportement hiérarchique de domination. C’est  ce qui explique que les hommes pissent à côté de la cuvette.

Pour un technocrate :  le territoire est un « agencement de ressources matérielles et symboliques capables de structurer les conditions pratiques de l'existence d'un individu ou d'un collectif social et d'informer en retour cet individu ou ce collectif sur sa propre identité ».Vous n’avez pas compris ? Pas grave. Plan du gouvernement pour relancer les territoires : l’association « France Tiers-Lieux » fait plancher une dizaine de ministères sur le projet de créer 500 « manufactures de proximité » pour doper l’emploi local. Un « tiers-lieu » est « un espace collectif  hybride de travail mêlant industrie et services ». Si c’est pas un concept technocratique, ça ! Et avec ça, on va sauver la France ! Voilà où vont passer les 100 milliards pour ressouder…

La  France des territoires : la commune, la communauté de communes, l’agglomération, l’arrondissement, le canton, le département, la région, la circonscription, l’Académie, le Diocèse, l’Anpe, le bassin d’emplois, le  Pays, la Cam, la Zup, la Zad, la Zac… et l’Etat. J’en ai sûrement oublié.

Pour le géographe : le territoire est « toute portion humanisée de la surface terrestre ». Il est l’interface entre nature et culture. Le territoire est alors le décor où se déroulent les activités humaines.

Pour le politique : le territoire désigne à la fois une circonscription politique et l'espace de vie d'un groupe  qui cherche à en maîtriser l'usage à son seul avantage.

Historique : « Moi, Général De Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats  français qui se trouvent en territoire britannique… ». Un certain 18 juin.

Alimentaire : la  Sarthe c’est le territoire de la rillette !

Macronien : "il faut transformer le territoire mais sans contrarier  les procédures qui le paralysent". (en même temps).

Communautarisme : les territoires perdus de la République.

Vestimentaire : « Territoire d’homme », des griffes, des styles, des hommes… Boutiques de prêt-à-porter pour les hommes qui veulent casser la routine chemise-veste-cravate. Il n’est pas précisé si  les bi et les trans sont acceptés (pas pu résister).

Ecg : Le territoire électrique est utile pour incriminer une artère coronaire précise au cours d’une ischémie ou un infarctus. Autrement dit l’électrocardiogramme (ecg) sert à dépister les crises  cardiaques.

Vénerie : « J’aime le son du cor, le soir au fond des bois ». Un territoire de chasse est l’espace généralement assez vaste où l’on mène des chasses à courre. Chambord est un territoire de chasse présidentiel. La mauvaise interprétation serait de croire que le Président y courtise les femmes. Non, il y court après le cerf avec ses invités.

Le problème, c’est que le Premier Ministre n’a pas précisé de quel territoire il parlait. La notion de territoires vingt-cinq fois répétée comme un mantra relève d’une communication politique mal maîtrisée, voire caricaturale. Un élément de langage comme on dit aujourd’hui. Ce n’est pas en répétant machinalement un mot qu’on l’incarne, encore moins qu’on le fait exister. La notion de territoires, par ailleurs, appartient au champ politico-journalistique. La notion parle à certains élus locaux, pas aux Français. Le risque est d’être paradoxalement vu comme parisien et déconnecté à répéter machinalement un mot dont l’usage témoigne de l’inverse de sa signification.

Bref, un mot qui ne veut rien dire. Qui a dit déjà : « quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! »

 


MERKEL S’IMPOSE

Angela

 

L'accord qui vient d'être signé à Bruxelles est HISTORIQUE.

Sur ce point, Emmanuel Macron a raison. Mais il a une chance inouïe : Merkel a eu besoin de lui, ce qui n’aurait pas été évident s’il n’y avait pas eu la crise. Car le changement de pied de l’Allemagne n’est pas dû au Président français qui aurait convaincu la chancelière comme il le prétend. C’est de bonne guerre, il tire la couverture à lui, pour une fois que la conjoncture lui est favorable. En réalité, comme l’analyse Eric Le Boucher dans les Echos, c’est le plongeon de l’économie allemande en 2019 qui est à l’origine du changement de cap d’Angela Merkel jusque-là inflexible sur la mutualisation de la dette. Les complications des relations commerciales avec les Etats-Unis, l’effondrement des exportations vers la Chine, font que l’Allemagne a besoin d’une relance forte du marché européen pour faire redémarrer son industrie et faire en sorte que les 110 milliards d’euros qu’elle a débloqués pour ce faire ne le soient en pure perte.

Pragmatisme oblige !

Il faut donc aider les pays en difficulté à se redresser rapidement. Aidée par Christine Lagarde qui a ouvert les vannes de la BCE et Ursula Von Der Leyen aux manettes de la Commission, elle s’est activée pour faire avaliser ce puissant plan de relance européen, qui permet à l’Union de s’affirmer aujourd’hui comme une puissance mondiale capable de rivaliser avec les autres géants de la planète. Evidemment, elle n’a eu guère d’efforts à faire pour convaincre Emmanuel Macron, alliance indispensable pour peser au Conseil européen. Bon comédien, le Président français a rempli son rôle à la perfection. Mais il ne faut pas s’y tromper, comme le remarque Marc Fiorentino, tout le mérite revient à Angela Merkel. Sa volonté de marquer sa présidence de l'Union Européenne a été déterminante. L'Allemagne a imposé sa volonté, une fois de plus. Elle a été « le Sarkozy » du sommet. Pour le bien de l'Europe. Car, c’est un pas de géant politique qui a été franchi : les 27 restent soudés, aucun n’a envie de sortir de l’Union, et même s’il y a des coupes dans certains budgets, ce plan de relance marque une volonté politique commune inédite par son ampleur. C’est le Royaume-Uni qui peut faire la gueule : avec 300 milliards de déficit, il connait la pire récession de son histoire et il ne participera pas à la « fête ».

Un accord essentiel.

Il n’a fallu que 5 jours seulement, pour que l'Union Européenne franchisse ce pas de géant. Un accord inimaginable il y a 10 ans et même en ce début d'année 2020. En quoi consiste-t-il ?

. D'une dette commune européenne de 750 milliards (des eurobonds qui ne disent pas leur nom)

. De 390 milliards d'euros de subventions, donc non remboursables. Des subventions payées par l'Union Européenne destinées seulement aux Etats les plus touchés par la crise.

. Plus 360 milliards d'euros de prêts, toujours pour les pays en difficulté.

L’Italie peut se féliciter et ne pourra pas venir se plaindre du trop peu de soutien de l’Union :elle va encaisser 209 milliards d’euros sur le total de 750 milliards, et 80 milliards de subventions, elle est la première bénéficiaire du plan. La France a réussi à obtenir 40 milliards d’euros, mais Macron à oublier de mentionner que notre pays est un contributeur net et pas un bénéficiaire net…. Bah oui, l’oubli fait partie de l’art de gouverner. S’il fallait tout dire …

Les pays frugaux ont cédé, en échange d'un rabais sur leur participation au budget européen.
La Pologne et la Hongrie ont cédé malgré le fait qu'une des conditions pour l'octroi des fonds soit le respect de l'Etat de droit. Simplement, on peut regretter que l'octroi des fonds ne soit pas assorti de conditions telles que la mise en place de réformes structurelles... C’eût été trop demander. Espérons que pour les pays comme la France, ce deal ne sera pas une incitation à la paresse réformatrice et fiscale, ce que l’on peut craindre malheureusement. Car la résistance des pays frugaux est un avertissement. Elle s’explique par leur lassitude face au laxisme budgétaire qu’ils observent, alors qu’eux ont fait les efforts nécessaires et que c’est grâce à eux que l’euro garde toute sa valeur, et tend à devenir, en ce temps de crise, une valeur refuge. Valeur dont profitent les pays du sud, Espagne, France, Italie, dépensiers et surendettés.

Maintenant, il ne faut pas rater la relance.

Car, si les Etats-Unis sont aujourd’hui en difficulté, avec un contexte politique chahuté et un rebond de l’épidémie, ils ont toujours cette capacité à rebondir économiquement que notre vieux continent n’a pas, d’autant plus que Trump va « dégainer » un nouveau programme massif de relance.

 


NON, FILLON N’A RIEN VOLE !

Le mystère Fillon001

 

Retour à 2017.

Que vous ayez voté Fillon ou non en 2017, il faut lire le livre de Tugdual Denis : « La vérité sur le mystère Fillon ».  L’auteur est le rédacteur en chef adjoint de la rédaction de Valeurs Actuelles, après avoir collaboré à l’Express et au Point. Vous allez me dire, il est de droite, donc, sous-entendu, forcément il n’est pas objectif.  Comme si l’appartenance à une famille  de pensée empêchait l’honnêteté : il faut être de gauche pour penser comme ça.  D’ailleurs le  propos du livre n’est pas de faire une contre-enquête ni de prouver l’innocence du candidat à l’élection présidentielle. Non, il s’agit d’une plongée dans l’univers et la proximité de la famille Fillon pour comprendre ce qui s’est réellement  passé. Entre un clan qui veut raconter ce qu’il est et le journaliste qui cherche à savoir comment les protagonistes de l’affaire se reconstruisent, une idée fait son chemin,  que chacun pourra se faire selon son choix. La mienne est qu’il est innocent en droit, des faits qui lui sont reprochés. Après, on  peut porter un jugement moral, mais c’est une toute autre chose.

Plongée dans le monde fillonien.

Le livre est donc le récit  de rencontres multiples, de dîners informels, de moments intimes  passés avec François et Pénélope, leurs enfants, de témoignages d’amis proches. J’y ai retrouvé beaucoup d’éléments que je connaissais déjà pour avoir côtoyé François Fillon lorsqu’il était élu comme je l’étais moi-même. J’ai pu faire des recoupements aussi avec ce que des témoins sarthois m’avaient dit et qui se trouvent confirmés.

Tugdual Denis écrit bien. Le style est aéré, la langue élégante, les phrases souvent bien rythmées. Le plan du livre se veut un peu déconcertant, volontairement, pour éviter  l’écueil d’une chronologie linéaire qui aurait vite été ennuyeuse. C’est un portraitiste précis et synthétique sans jamais céder à la caricature. La dimension humaine est toujours présente, comme le bon vin d’ailleurs. L’auteur excelle à rendre les atmosphères, ce qui n’est pas rien quand on veut pénétrer dans l’intimité d’un homme  plutôt secret, peu enclin à se confier.

L’affaire.

Une phrase de Pénélope résume son rôle : « Ce n’était pas très compliqué : j’étais quelqu’un qui faisait des choses très banales pour un élu vers qui se tournaient des gens qui avaient des problèmes ». Tout le travail d’un assistant parlementaire de terrain y est résumé. Fermé le ban. Le travail de collaboration au Sénat des enfants a été effectif, d’ailleurs ils n’ont pas été poursuivis.  Il faudrait entrer dans la mécanique du fonctionnement du parlement pour comprendre que les sénateurs,  comme les députés, disposent d’une enveloppe financière dont ils ont la liberté d’emploi, et qu’une fois les collaborateurs payés, l’argent qui reste peut être utilisé pour financer des études. J’ajouterai, mais c’est mon jugement personnel, que les poursuites engagées par le parquet national financier m’ont toujours paru suspectes de parti-pris ou de connivence avec le pouvoir  politique de l’époque, et qu’aussi bien le chef d’inculpation de « détournement d’argent public » n’aurait pas dû pouvoir être tenu, de même que certaines procédures comme la perquisition du bureau à l’Assemblée nationale, réalisée sans avoir été autorisée par le Président de l’Assemblée (cela a été dit), bafouait le  principe de séparation des pouvoirs. Autant d’éléments qui auraient dû conduire l’enquête dans les poubelles de l’Histoire. Les condamnations auxquelles elle a abouti,  prononcées par le tribunal correctionnel sont d’autant plus surprenantes : idéologie, impossibilité de déjuger le parquet financier, éviter le scandale d’une élection volée ? …

D’autres protagonistes.

Pour le reste, on apprend que Fillon, piégé ignominieusement avec les « costumes », en état de sidération à la veille du Trocadéro, était prêt à passer la main à Juppé. Celui-ci s’est dégonflé, par orgueil ou par dépit. Comme quoi le sort de la France … Et que Nicolas Sarkozy n’a pas été beaucoup plus brillant à ce moment-là. On y découvre que celui qu’on a présenté comme un catholique fervent genre « cul béni » fait murmurer au prêtre de sa paroisse : « si seulement c’était vrai », tout cela pour dire qu’il est croyant mais pratique avec la même assiduité que beaucoup de nos compatriotes.  Vous apprendrez beaucoup de choses aussi sur le milieu politique, vu de l’intérieur, qu’on savait déjà ou pas. Il se qualifiait lui-même de « libéral-conservateur », ce que j’avais bien compris et  me convenait parfaitement. Une chose est certaine : c’est la qualité des liens qui existent entre les parents et leurs enfants, une famille  qui forme un clan soudé, auquel s’adjoignent des amis en nombre très limité.

Je donnerai le mot de la fin  à Antoine qui dit de son père, en vous fixant de son regard brun –marque de famille- indique l’auteur : « Je n’ai pas de doute sur le fait qu’il s’agit de quelqu’un de bien ! ». Il est en effet bien placé  pour savoir que  l’intéressé  a été victime d’un assassinat politique.

Une autre vie.

Ah oui, au fait, François Fillon s’est reconstruit une autre vie, chez Tikehau.  Il a découvert que le « privé » est bien plus lucratif que le mandat politique, fut-il de haut niveau. Il faut bien le dire à ceux qui trouvent que « les politiques » sont trop payés !

Le  titre du livre est finalement juste : voilà une belle vérité à découvrir au fil de la lecture.

Un observateur au regard acéré.

Au détour d’un entretien, François Fillon nous livre une analyse qui s’adapte  parfaitement à la  situation actuelle : « … la  mise en scène de l’affrontement Le Pen/Macron et l’absence, en face, de personnalités crédibles pour exercer la fonction de Président de la République conduit plein de  gens à droite au dépit  électoral. D’autant plus qu’il y a plein de sujets qu’Emmanuel Macron n’aborde  pas.  Des sujets civilisationnels auxquels je me frottais… Le progressisme d’Emmanuel Macron consiste, lui, pour l’essentiel  à gérer le quotidien. Il n’y a pas de choix courageux, décisifs.  Qui soient de nature à inverser le cours des choses. Non seulement les questions fondamentales ne sont pas réglées, mais la situation financière du pays n’est pas traitée, l’avenir de l’Europe pas résolu, la politique étrangère gérée de  manière opportuniste et sans vision. » La montée d’un vote de  protestation, le mécontentement considérable d’une grande partie des classes moyennes et populaires, s’explique pour lui par deux principales raisons : la mondialisation qui induit la disparition des emplois industriels, et l’immigration… Crise de la démocratie et  Moyen Age moderne. « Nous sommes dans la société liquide, où l’on se regroupe  en communautés religieuses, ethniques, sexuelles.  L’idée d’intérêt général ne l’emporte plus. Je ne vois rien, aucun événement, pour empêcher le mouvement en cours de triomphe de l’individualisme, de dictature de ces minorités. Pour un gouvernement cela devient absolument ingérable. Les peuples cherchent à obtenir la destruction du pouvoir central, en pensant qu’ils en retireront plus d’autonomie. La phase suivante sera la tentation d’un pouvoir fort. » On ne peut pas faire  plus lucide. Et voilà pourquoi tous ceux qui vont soutenir un gouvernement de Macron et affaiblissent du même coup  l’alternative possible de la droite républicaine ont tort et font le lit du populisme. Car c’est le seul moyen, peut-être, d’interrompre un processus historique. 

Cela alimente encore plus les regrets : en 2017, la France est probablement passée à côté de sa dernière chance de redressement.


UNE SOUDURE A 100 MILLIARDS !

Pluis de billets

 

Castex veut ressouder le pays fracturé !

Un conseil : dans les temps qui viennent, il va falloir non seulement porter  un masque pour se protéger du coronavirus mais  protéger votre chef d’un casque lourd pour éviter d’être assommé par  les liasses de billets de 500 € qui vont se mettre à tomber du ciel. Car des Milliards il va en pleuvoir,  comme les obus à Gravelotte. Ne cherchez pas  d’où ils tombent. Je l’ai déjà expliqué. Les  banques centrales c’est magique !

100% social, 0% libéral.

C’est la ligne que s’est fixée Jean Castex. Notamment pour lutter contre le chômage.

Le Premier ministre a commencé la distribution des cadeaux. La  pluie tombe d’en haut mais la demande doit venir du coin de la rue. Tout le monde sera  arrosé. Et ce n'est que le début.

. 8 milliards pour le  système de santé

. 20 milliards  pour la transition  écologique

. 40 milliards pour la reconstruction de  l’industrie et les  relocalisations dont 20 milliards pour baisser les impôts de production : une petite bonne nouvelle dans l’océan des dépenses (les entreprises françaises en paient 5 fois plus que les  allemandes).

. Et le reste sera distribué pour l’emploi des jeunes avec une baisse de charges de 4 000 € pour les jeunes embauchés avec un salaire inférieur à 1,6 SMIC (donc pas pour les diplômés), pour le service civil, pour l’apprentissage, les formations-emplois, l’allocation de rentrée scolaire, le resto U à 1 euro, etc…

. 6  milliards d’économisés : report envisagé de la suppression de la taxe d'habitation pour les 20% de Français les plus riches (à partir de 2 500 €/ mois) prévu en 2023. Une  mesquinerie au vu de la valse des milliards.

Pour les réformes on va prendre son temps.

Il se pourrait bien que la réforme des retraites ne s’applique qu’à partir des jeunes qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail, donc à l’horizon 2065-2070. Les syndicats  ont du temps devant eux pour voir venir.  En attendant, il faudra bien prendre une mesure d’âge pour boucher le gouffre qui s’est ouvert avec le coronavirus (30 milliards). Le redressement des comptes passera avant la réforme.

Ça  fait cher la  soudure.  Bah, « ça coûte rien puisque c’est l’Etat qui paie ». Le mot « déficit » n’existe plus.

Points de repères :

Tableau de bord de la France (rapport de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale)

.  Le choc du coronavirus va coûter 22 points de PIB à la France en 2020

.  Le ratio de dette française sur le PIB s’établit à 120,9% soit 2.650 milliards d'euros

.  Le recours de l'État aux émissions de dette sur les marchés financiers devrait exploser de plus d'un tiers, soulignent les auteurs, estimé à 361,2 milliards d'euros au total.

.  Commerce extérieur 1er trimestre 2020 :  - 14,3 milliards € (déficit 2019 : 58,9 milliards)

. Déficit budgétaire : 11,4%  - 220 milliards €

Et encore, pour corriger l’affirmation « la  France  le  pays le plus attractif d’Europe »

Nous disposons du même nombre de millionnaires que l’Allemagne, entre 1 et 5 millions d'euros (notamment à cause de l'immobilier), mais nous accumulons les retards dès les 10 millions d'euros de fortunes nettes. A partir de 50 millions d'euros nous en avons moitié moins... et jusqu'en haut de l'échelle puisque nous disposons de plus de 2 fois moins de milliardaires. Nous manquons de riches entrepreneurs parce que la fiscalité personnelle et sur le capital, mais aussi de production sur les entreprises, est trop importante en France comparativement à notre voisin Allemand, ce qui pose des problèmes de rentabilité, de transmission et de succession. Autrement dit l'impôt-risque est toujours trop fort en France.

Et être attractif pour les capitaux étrangers, c’est mettre nos entreprises sous leur tutelle. Après  on s'étonne qu'elles partent ailleurs...

 

 


ET MAINTENANT, QUE VAIS-JE FAIRE…

Macron-ne-convainc-pas

 

Quand Macron réinvente Macron à l’identique.

Remaniement ou pas … rien n’y fait. Emmanuel Macron ne change pas et son interview d’hier le confirme. Face à une Léa Salamé béate et un Gilles Bouleau aux abonnés absents, l’échange lénifiant aura permis au Président de montrer qu’il ne s’est guère réinventé. Il a tout fait bien et peine à reconnaître qu’il a été  parfois maladroit (sic). Aucun sujet qui fâche n’a été abordé : l’identité nationale en ce 14 juillet, la laïcité, les débordements de violence, le trouble de la justice, la faillite  scolaire et sur le plan international, en dehors de quelques banalités velléitaires sur l’Europe, rien sur Erdogan et la Lybie ou  l’islamisation de Sainte-Sophie …  Pas un mot sur le chauffeur de bus massacré ou la gendarme tuée. On s’est contenté des affaires courantes : on va  mettre les masques, en août foi d’animal ! Pour le « quoi qu'il en coûte » macronien, on en est déjà à la saison 2 ; après avoir affiché 460 milliards d'euros de fonds public pour maintenir à flot l'économie française durant la crise sanitaire, le gouvernement promet désormais « au moins 100 milliards » supplémentaires pour la relancer, annonçant un « plan de relance massif à la fois industriel, écologique, local, culturel et éducatif ». Des mots  et creusement garanti de la dette. Celui-ci doit être complètement dévoilé à la fin de l'été, c’est-à-dire trop tard, quand les Allemands sont déjà à pied d’œuvre. Bref, un entretien vide, pas de pistes nouvelles –même pour les  jeunes on rétablit de vieilles mesures d’insertion-, pas de perspectives positives pour le pays, et peut-être un referendum infaisable pour modifier la Constitution visant à introduire une préoccupation écologique. Il pourra encore dire : j’ai été empêché par les vilains conservateurs.

Le modèle Californien.

Mais son modèle reste celui du commencement : il est progressiste et son modèle est le modèle californien. D’où sa volonté de faire passer la loi de bioéthique et ses articles « libertaires », son envie (contrariée) d’aller au bout de la réforme des retraites « universelle » qui ferait  disparaitre le régime de cotisations géré par les partenaires sociaux au profit d’un modèle étatique assis sur l’impôt, enfin de conforter la « transformation » de la société française pour qu’elle se conforme aux impératifs de la « start-up nation », cette société « liquide » qui donne la priorité à la création de « valeur » fut-ce au détriment du travail. Tout le reste n’est que stratégie ou tactique pour conserver l’avantage en 2022. Le remaniement n’est donc qu’une manipulation de plus pour préserver, voire renforcer le « bloc élitaire » qui s’est constitué autour de lui, avec une base sociologique de cadres supérieurs et de retraités relativement aisés, tout en gardant un encadrement politique venu du Pati socialiste et du Modem, de l’UDI mais aussi des Républicains. Mais il lui faut l’élargir, d’un coté en direction des écologistes, de l’autre vers une certaine droite plus populiste, d’où … Pompili et Dupont-Moretti. Au-delà des manipulations à visées électorales, l’évolution de la société que nous propose Emmanuel Macron débouche directement sur la juxtaposition des communautarismes, en privilégiant le relativisme culturel toujours à l’œuvre et qu’il combat faiblement, au nom de l’individualisme-roi : « j’ai le droit si c’est ma volonté ».  Ainsi sont libérées toutes les forces de fragmentation : au nom de l’individu, la société devient une collection de communautés, les homosexuels, les noirs, les musulmans, les décolonialistes … au gré des distinctions auxquelles on s’identifie. On perd totalement de vue la « conscience républicaine collective » (voir mon article précédent). Chacun vivant selon son tropisme et ayant ses propres revendications égalitaires, c’est à une société de l’affrontement que nous allons être confrontés. Elle est déjà « en marche » !

La société bloquée.

Les  gesticulations des Ministres du nouveau gouvernement ne sont qu’une façade. Derrière, il ne se passe rien. Le  vent de haine qui s’est levé contre les forces de sécurité ne peuvent que favoriser l’anarchie. Pourtant, elles mériteraient d’être applaudies à l’instar des soignants,  car elles sont le dernier rempart de la République. Elles ont besoin d’être dirigées, réorganisées,  encouragées, mais Darmanin sera-t-il à la hauteur de cette tâche ?  Il est à  craindre que Sarkozy-le-petit,  au-delà des coups de mentons ne soit qu’un cautère sur une jambe de bois. Ce serait d’autant plus nécessaire que l’explosion sociale est à craindre. Beaucoup attendent le moindre prétexte pour la provoquer, et le million de chômeurs  en plus qui se profile peut en procurer un, dans un France toujours plus fracturée.  Il reste 500 jours au Président pour reconstruire un « bilan » mis à terre par  la crise des  Gilets jaunes et celle du Covid. Excepté le prélèvement à la source, la refonte de la  fiscalité du capital, la réforme des seuils et les ordonnances travail, il ne reste rien des  promesses de 2017. Macron continue de penser que c’est l’Etat qui crée la richesse  et que l’argent ne peut tomber que d’en haut. Autrement dit, ça va être Noël jusqu’en 2022 pour tout le monde (sauf pour les zézés). Face à l’incendie qui couve, on peut faire le pari que la facilité de la subvention et de l’intervention l’emporteront sur l’indispensable libération et simplification. Au prix d’un enfoncement du pays dans les déficits et la dette, toujours plus périlleux.

En fait le « nouveau chemin » c'est tout simplement le chemin de la campagne électorale. Au passage, rien de nouveau : l'enterrement de la suppression de la taxe d'habitation pour les « aisés » ( je traduis : avec Macron, si vous gagnez plus de 2 500 euros par mois). Quoi qu’on en pense, le nouveau chemin reste celui de l'enfer fiscal. Ce n’est pas ainsi qu’on va débloquer la société et libérer  les  forces créatrices de richesse. On serait tenté de conseiller à Castex : « Casse-toi, la  tâche est impossible ! »

 


CRISE DE LA CONSCIENCE REPUBLICAINE

La liberté guidant le  peuple bis

 

Une dernière pour la route… comme on dit.

Traditionnellement, le bloc-notes se met au vert au début de l’été. Je devrais plutôt dire « au bleu océan ». Nous allons donc passer en mode détente, avec des articles plus espacés –farniente oblige- et aux thèmes plus souriants, ce qui n’exclut pas la réflexion de fond sur les travers de notre société.

Mais en cette veille de week-end du 14 juillet, notre « fête nationale » pour ceux qui seraient tentés de l’oublier, je voudrais attirer votre attention sur l’excellente tribune de Jacques Julliard, tirée de son « carnet », publiée dans Le Figaro du 6 juillet dernier et intitulée « La crise de la conscience républicaine ».  L’auteur constate que nous avons atteint le point extrême d’un déséquilibre entre les droits (fort nombreux) et les devoirs (très modestes) que l’individu estime avoir envers la nation. Je vais tenter de vous en livrer ici une synthèse forcément simplificatrice et je ne saurais trop vous conseiller de vous la procurer, tant elle me paraît emprunte d’une rare lucidité et décrit un chemin pour le monde dans lequel nous sommes entrés que j’aimerais voir emprunté par Les Républicains.

Une France aux abois.

La description est impitoyable. Il commence par ce qui lui paraît le plus imprévisible, le plus baroque : l’antiracisme racialo-mondain, aussi absurde que virulent, avec son escorte des milieux pharisiens  du show-biz, d’intellectuels de gauche plus couchés que jamais, de politiques qui n’ont rien appris à droite, au centre ou à gauche, sans oublier les écolos, ces « grands bénêts qui chantent la bonté d’une nature que le coronavirus a révélée dans sa cruauté extrême ». Il faut y ajouter une télé d’Etat qui bat des records d’information… Liberté, égalité, camping ! Et pour terminer un gouvernement qui feint de commander aux événements… dans le sens où ils vont tout seuls, avec en perspective une récession sans précédent. Le tableau est couronné par la faillite de l’Etat révélée par la crise sanitaire. Cet Etat dans lequel chacun feint de voir la solution alors qu’il est une partie du problème, incapable d’assumer correctement ses fonctions régaliennes, police, justice, défense et comme responsable de l’éducation de la nation. « On l’a vu tâtonnant, titubant, incapable d’imposer son autorité à ses fonctionnaires ».

Une crise de la conscience collective.

Ce qui a éclaté au grand jour avec la crise sanitaire, c’est la crise de la conscience républicaine qui couvait depuis longtemps. Pour faire court, la République avait exprimé la volonté des Français de se constituer en nation, avec ce que cela de suppose de droits acquis mais aussi d’obligations assumées. La crise sanitaire a révélé l’inverse : pour les Français, l’Etat républicain n’est plus rien d’autre que le régime où la conservation de chaque individu est devenue la valeur suprême. Et on voit désormais des citoyens intenter des procès à leur Etat pour avoir failli à cette mission. « L’idôlatrie de la vie est devenue la passion dévorante à quoi toute valeur collective doit être sacrifiée » … « quoi qu’il en coûte » ! La Patrie « cette entité transcendant les existences individuelles pour laquelle les hommes avaient accepté de risquer leur vie », … agonise sous nos yeux. Pour s’en convaincre, il suffit de poser la question : existe-t-il encore des institutions, des idées, des personnes pour lesquelles nos contemporains accepteraient de sacrifier leur vie ?  

La conscience républicaine était universaliste. C’est parce qu’elle a perdu de vue cette volonté que les « pulsions séparatistes »  et communautaristes trouvent leur espace.  Il est urgent de revenir à cet idéal qui fonde la France. De même que l’universalisme républicain  a besoin d’une France qui retrouve puissance et grandeur pour retrouver son sens.

Des raisons d’espérer.

Heureusement tout n’est pas négatif. L’expérience de 2008 a servi. L’Etat, au coeur de la crise, malgré ses faiblesses, n’a songé qu’à la relance  et à sauver les emplois en compensant les pertes de salaires et en intervenant pour éviter le plus possible les faillites. Pas parfait, mais la direction est la bonne. Et l’Europe a tenu, déjouant tous les pronostics des souverainistes dont le clairon ne sonnait que « la retraite ». Les mesures, quand elles seront adoptées par tous les Etats membres, permettront à l’Europe d’aider la relance des pays les plus en difficultés. A l’heure où l’on déboulonne les statues, il va y avoir de la place pour en élever une à Angela Merkel, s’exclame Jacques Julliard…  Ainsi sera préservé l’espace politique plus large que le cadre national, pour que se déploie la conscience républicaine. « Bienvenue dans une Europe allégée de la tutelle américaine et revivifiée par le couple franco-allemand.  D’autant plus que dans « un monde en proie aux passions nationalistes et populistes, l’Europe est la seule puissance d’équilibre, la seule puissance de paix, à condition qu’elle accepte d’être une puissance et d’en assumer les responsabilités ».

La France à la croisée des chemins.

Pour Jacques Julliard, la France peut faire le choix de la facilité, avec comme ambition de devenir  une sorte « de grande Suisse pieusement écolo en marge de l’Histoire : soleil, tourisme et pourboire ». Elle peut aussi continuer, contre vents et marées, à « se penser comme un destin ». Ce n’est pas facile, surtout avant.  « La pensée d’un grand peuple, c’est sa vocation historique », disait Bernanos. Et la vocation historique de la France c’est l’universalisme. Il n’a de sens que si elle prend les moyens de continuer d’exister à l’échelle planétaire.

Le projet doit donc être : l’unité et la puissance française ! Et s’en donner les moyens : redevenir une République, un lieu sûr pour ses citoyens égaux en droits et en devoirs ; revenir à une école « creuset de la nation ». Il faut que la France redevienne une puissance, et l’Europe franco-allemande est le seul moyen de s’opposer à la folie croissante des impérialismes rivaux. La conscience républicaine est le chemin qui débouche sur un renouveau de la cohésion et de l’ambition française.

Mais comment faire ? L’auteur souhaite s’en remettre pour le moment, à la Providence.  Ce qui ne me satisfait guère. Si seulement Les Républicains  voulaient s’emparer de ce défi… Il leur correspond et ils en sont capables !

 


REMANIEMENT CASTO : DU BRICOLAGE !

Chaises-musicales

 

Il est où le « rassemblement »  promis ?

Depuis que Casto est plus ou moins en faillite, on n’y trouve plus « tout ce qu’il faut ». C’est un peu la  même chose pour le remaniement « Castex ». Du recyclage, du rafistolage, du vidage d’encombrants et du verdissage timide. Ajoutons un peu de people et d’esbrouf’ pour la com’ et on a fait le tour d’un changement de gouvernement qui cède plus aux chaises musicales qu’au « rassemblement » promis. Pour ce qui est du message politique voulu par Emmanuel Macron, c’est en effet raté : le président de la République avait tweeté qu’il souhaitait un gouvernement de rassemblement, or les frontières politiques de l’équipe Castex restent les mêmes que sous  Edouard Philippe, sans ralliement spectaculaire venu de la gauche ni débauchage symbolique venu de la droite. Avec les déclarations de Macron à propos de l’Homme du 18 juin et de l’esprit de résistance, on s’attendait à des initiatives fortes. Comme d’habitude ce n’était que gesticulations et postures. Pourtant il devrait savoir que nos concitoyens  ont perdu le goût pour les jeux de chaises musicales et les équilibres subtils entre formations politiques. Ce genre de procédés alimente plutôt la crise de confiance envers la politique. Certes, il sera de bon ton d’abuser des références LR ou gaullistes, mais mis à part Roselyne Bachelot, la pêche est plutôt maigre. Et encore, Roselyne Bachelot n’incarne pas vraiment le monde d'après : notre chère Ministre de la Culture, avec ses 73 balais fait plutôt vieux monde d’avant non ? La seule vraie audace de ce casting, c’est la nomination de Me Dupont-Moretti. Bref, deux stars pour masquer le statu quo et l’absence d’élargissement… Mais aujourd’hui, l’arrivée de fortes personnalités n’ont qu’un effet  éphémère car l'opinion ne prête plus guère attention aux têtes sur l'affiche, elle réclame des résultats tangibles et surtout une bonne méthode. Et au-delà, que serait  Macron sans les transfuges de la droite ? Même si c’est une stratégie pour affaiblir l’émergence  d’un candidat issu des Républicains contre lui, on voit bien que le magasin LRem est vide.

Béchu reste en rade.

Une autre surprise pour nous Angevins, c’est l’absence de Christophe Béchu. Dieu sait qu’« on » avait entretenu localement le « teasing » autour du « pressenti ». Ce qui fait dire à un journaliste angevin, féru de Tintin : « Caramba, encore raté » ; il s’agit de Ramon, qui vise toujours trop à droite (L’Oreille cassée). L’édile ne devrait pas accepter le lot de consolation d’un poste de Secrétaire d’Etat qui ne correspondrait ni à sa valeur ni à son ambition. Et puis se retrouver dans un même gouvernement que Roselyne avec un poste subalterne, dur-dur ! Il serait plus judicieux qu’il préserve ses chances  pour l’avenir, il a encore le temps. Car quoi, renier tout ce en quoi l'on croyait pour un poste, cela ne fait pas la réussite d'un homme. Qui sait, il sera  peut-être bien aise de rallier un gouvernement de droite après la présidentielle… Et puis l’exemple de Roselyne lui permet d’espérer, ça lui laisse encore une belle marge d’attente. Le  voilà en réserve de la République.

La  verticalité et l’obsession de 2022.

Au lieu de préparer 2022, Emmanuel Macron ferait mieux de gouverner correctement la France !  Car là est le sujet essentiel. Ce qui caractérise cette nouvelle étape de son quinquennat, c’est la verticalité réaffirmée et l’obsession de la réélection. Il poursuit inlassablement ses tentatives de siphonnage de la droite et tente de débaucher, jusque-là sans grand succès, tout ce qui pourrait l’empêcher de l’emporter en 2022. Donc la nouvelle mode c’est de laisser entendre que Sarkozy serait le gourou de Macron alors que récemment, l’ancien président a confié sans détour à un ambassadeur d’un pays de la communauté européenne qu’il attendait l’effondrement du macronisme, lequel lui paraissait imminent. Sur l’influence supposée de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron ferait bien de se méfier : un fauve reste un fauve et ne chasse jamais que pour lui. A ce jeu de poker menteur, il n’est pas sûr que le Président en exercice l’emporte. Alors il doit se contenter de la nomination de Gérald Darmanin au poste-clé du ministère de l’Intérieur, de l’élargissement du ministère confié à Bruno Le Maire, qui restent révélateurs de la stratégie engagée depuis 2017, et d’une chiraquienne semi-retraitée à la culture. En même temps, le chef de l'Etat ne renonce pas à sa grande ambition d'une « transformation », en s'obstinant, par exemple, à remettre à l'agenda son projet coûteux et bancal, de régime universel de retraite - projet dont l'urgence ne saute pourtant pas aux yeux-. Il  montre aussi que rien n'a changé dans la verticalité du pouvoir. Dans un récent rapport sur la gestion de la crise du Covid-19, l'Institut Montaigne relève que, vue des territoires, l'action de l'Etat a été caractérisée à la fois par une extrême centralisation et par une profonde carence dans la réponse aux défis les plus aigus comme l'approvisionnement en masques. La nomination d’un premier Ministre technocrate, sorte de Directeur Général, sommé d’attendre la  parole présidentielle avant de faire son discours de politique générale, la désignation d’un conseiller du Président auprès de chaque Ministre, confirment cette volonté de reprise en main. Non seulement la manière de gouverner le pays ne va pas changer, mais elle risque d’être encore plus concentrée à l’Elysée. Voilà le nouveau chemin vers le monde d'après… Tout ça pour ça !

Heureusement qu'il y a Dupond-Moretti, ça va nous distraire un peu.

 


REMANIEMENT : PEUT-ON SAUVER LE SOLDAT MACRON ?

Naufrage Titanic

 

Tous ceux de droite qui, comme Christophe Béchu, rejoindraient un gouvernement Macron, porteront une lourde responsabilité.  Ils compliqueront  l’émergence d’un candidat de la droite républicaine à l’élection présidentielle  et auront à porter la responsabilité d’une victoire de Marine Le Pen, faute d’avoir pu proposer une autre alternative au Président sortant. Je les plains d’avance. Leur plat de lentilles aura un goût amer.

Mais si cet argument est essentiel, il y en a d’autres  pour caractériser ce qui constituerait une trahison politique, sur le double plan de  la stratégie et des idées.

Priorité au projet Républicain.

Sur le plan de la stratégie, la priorité aujourd’hui est de se rassembler autour de la construction du projet des  Républicains afin de proposer une alternative crédible en 2022. Tenir 60% des communes ce n’est pas 60% des Français. Il reste à reconquérir et à convaincre les électeurs urbains où les résultats des Républicains sont souvent à la peine, malgré l’action des Régions qu’ils pilotent en faveur du cadre de vie et des  infrastructures. Les Français des villes ne sont pas réduits à voter pour Macron ou la nouvelle union des gauches fut-elle repeinte en vert. Nous avons à leur proposer un projet intransigeant sur la sécurité et la laïcité, exigeant en matière de finances publiques et d’endettement, ouverte sur une conscience écologique compatible avec l’économie et s’appuyant sur une conversion progressive et raisonnable. Les  Français aspirent à vivre tranquillement à se loger correctement et espèrent le progrès social.  Ils ont besoin de croire de nouveau dans l’avenir,  mais il faut leur proposer une perspective qui leur apporte des réponses à eux et à leurs enfants  en matière de qualité de la vie : manger sain, respirer un air moins pollué, et obtenir des salaires qui récompensent justement le travail et les efforts…  Nous avons à proposer  une union de la droite et du centre fière de son identité, qui conjugue respect et progrès. A la fin de cette année, le projet sera  prêt.  Il restera à l’incarner.

Le projet politique de Macron n’est pas le nôtre. 

Nous n’adhérons pas à son néolibéralisme caméléon,  mondialiste avec un discours protectionniste à ses heures, repeint en vert pour la circonstance. Depuis qu’il est au pouvoir, excepté la fiscalité du capital, il a peu réformé,  les fractures territoriales et communautaires se sont aggravées, la  violence a augmenté. Il rêve d’instaurer la « proportionnelle » qui rendra notre pays déjà fractionné en démocratie ingouvernable.  Il n’a rien fait pour alléger le  poids d’un Etat  obèse.  Le nombre des fonctionnaires continue d’augmenter et la technocratie a toujours plus de pouvoir.  L’Education nationale reste à la dérive et les recrutements se font toujours  à la baisse en termes de compétences. Notre pays bat toujours les records de prélèvements sur les ménages et sur les entreprises… Il a mené avec Edouard Philippe une politique de gauche qui ne dit pas son nom, sociale-démocrate, dans le  prolongement du mandat Hollande. La recherche  de l’égalité, qui confine à l’égalitarisme, s’est faite par la  fiscalité en prélevant toujours sur les mêmes au profit des mêmes  tranches sociales. Sur le plan international, avec lui, le projet européen n’a guère avancé et si les institutions communautaires ont réagi face à la crise du Covid, c’est surtout grâce à Angela Merkel. Comment  un garçon intelligent comme Christophe Béchu, dont les convictions sont tout autres –ou au moins étaient- peut-il ne pas voir le piège ?

Le changement de casting n'y fera rien.

Ce ne sont pas de petits débauchages au service exclusif d’une ambition personnelle dont la France a besoin, mais d’un projet cohérent fondé sur la liberté, la responsabilité et l’autorité de l’Etat, et qui s’adresse à tous. Toutes choses qui semblent à cent  lieues des préoccupations du Président actuel. Macron est une impasse.  Il ne peut gagner que contre Marine Le Pen. Et encore rien n‘est certain. Entrer au gouvernement maintenant, c’est comme monter sur le Titanic. Au moment où Ségolène Royal sort du bois  pour rassembler les  gauches, Les Républicains ont un boulevard qui s’ouvre devant eux, entre le nationalisme rabougri et la « Start-up nation » qui ne parle qu’aux « geek » des villes.

 


MUNICIPALES : l’ARNAQUE DE LA « VAGUE » VERTE !

Municipales 2020

 

Abstentions massives.

Avec un taux d’abstentions de 60%, jamais vue sous la Vème République, le second tour des élections municipales souligne une fois de plus la désaffection du peuple à l’égard du moyen unique de la démocratie de s’exprimer librement. Signe d’un rejet ou d’un désenchantement des Français couplé avec la peur de sortir des personnes à risque à cause du coronavirus, dans de nombreuses villes, plus des trois quarts des électeurs n’ont pas pris la peine d’aller voter, comme à Roubaix (Nord) avec 77,25 % d’abstention. C’est une réalité désastreuse qui oblige à relativiser tous les résultats car elle apporte un biais à la sincérité du scrutin. Néanmoins, l’échec des macronistes se confirme et les partis de « l’ancien monde » montrent qu’il faudra encore compter avec eux.

Echec de LRem.

C’est le deuxième constat : la popularité de Macron diminue fortement. Les électeurs modérés et de droite ont clairement peu participé au vote. Les alliances avec le parti majoritaire ont la plupart du temps tiré les résultats vers le fond, comme à Bordeaux. Et quand il comptabilise des victoires c’est au travers de candidats « divers droite » qui n’ont pas affirmé franchement la couleur comme à Angers. La stratégie de la REM, qui a tenté les alliances à gauche et à droite, a échoué, comme  elle a échoué à s’implanter localement. Tout au plus peut-elle se féliciter du succès, au Havre, du Premier ministre, Édouard Philippe (qui n’est pas Lrem), avec 59% des voix, ce qui, logiquement devrait empêcher Emmanuel Macron de se séparer de lui, pour autant qu’il en ait envie.

Les Républicains confortés.

Malgré la  perte de quelques bastions, des échecs sur lesquels s’est fixée la focale médiatique, mais compensés par de nouvelles conquêtes, LR se sort de ces Municipales plutôt avec  les honneurs : plus d’une ville sur deux de plus de 9 000 habitants  sera gérée  par des maires LR et alliés, 120 villes de plus de 30 000 hab sur 236  … A Marseille, la gauche a gagné, mais la droite n’a pas encore perdu. Michèle Rubirola, tête de liste de gauche, a largement remporté le suffrage populaire mais n’obtient qu’une majorité relative au conseil municipal après le second tour. Au «3e tour», Martine Vassal (LR) ne s’avoue pas vaincue. Ses listes ont résisté mieux que l’annonçaient les sondages et rien n’est encore joué pour la désignation du futur maire de Marseille : onze élus des listes minoritaires du dissident LR Bruno Gilles et surtout de l’ex-socialiste Samia Ghali feront la décision. Le  parti de la  rue de Vaugirard peut se targuer d’être la 1ère force politique par son ancrage territorial.  Ces défaites dans certaines des plus grandes villes de France sont le reflet d’une sociologie dans les métropoles de plus en plus favorable au vote écologiste. Le parti se maintient toutefois dans deux des cinq plus grandes villes de France : Toulouse et Nice et conquiert Metz. Les accords avec Lrem à Lyon, Bordeaux ou encore Strasbourg se sont soldés par de cuisants échecs. La montée en puissance des écolos dans les grandes agglomérations n’a pas balayé la droite du paysage des grands centres urbains, mais l’abstention de ses électeurs y devient préoccupante. Cette victoire a été occultée par les trophées tonitruants conquis par les  Verts, mais elle est réelle et on le mesurera bientôt avec le renouvellement de la  moitié du Sénat fin septembre.

Le RN planté, le PS reprend des couleurs.

Le Rassemblement national a réussi à conquérir sa première grande ville, Perpignan, 120 000 habitant mais la victoire de Louis Aliot n’a surpris personne. En réalité, le RN n’a pas fait de vraie percée et son palmarès municipal reste encore très modeste. Ces résultats sont peu en rapport avec les sondages favorables qu’on attribue à sa patronne. A  la faveur de ces élections, le PS peut s’enorgueillir de quelques victoires symboliques comme à Saint-Denis. Il a surtout profité d’alliances avec EELV pour maintenir ses positions.   Martine Aubry à Lille l’emporte finalement avec seulement 127 suffrages de plus que son concurrent direct et Anne Hidalgo triomphe à Paris surtout grâce au maintien d’Agnès Buzyn.

Une vague plus haute que large.

On a présenté la « déferlante verte » comme « historique ». La victoire des écologistes « pastèques » en raison de leur alliance avec les partis gauchistes, dans plusieurs villes majeures comme  Lyon, Bordeaux, Strasbourg  ou Tours a été rendue possible par la désaffection de l’électorat de droite. Le triomphe des verts est un trompe l’œil. En effet, en raison de la faiblesse de la participation, le scrutin marque une réorientation de 40% des votants vers les coalitions socialistes, communistes et vert. L'écologisme reste une mode urbaine de  bobos gauchos. Et personne ne peut s’étonner de l’immense déroute de Gérard Collomb à Lyon, qui a mené une campagne incohérente.

Macron va jouer la carte verte.

N’ayant aucune conviction, il peut les avoir toutes, ce qui fait dire au « Canard » : « Le virage écolo de Macron : un vert à moitié vide ou un vide à moitié vert ? ». Il va vouloir surfer sur ce qu’il croit  être une large victoire écologiste.  Il va encore nous faire le coup du type qui a compris l’appel du peuple à une lutte sans merci contre le réchauffement climatique.  Il a commencé en débloquant 15 milliards pour les propositions environnementales de la Convention pseudo citoyenne qu’il a lui-même réunie. Or les résultats des municipales ne réclament pas du tout le basculement dans le « tout écologie ». Il  joue  là sa dernière carte  pour 2022.  Car le redressement économique apportera  rapidement ses limites aux délires verts. Sauf à creuser toujours plus les déficits et la dette… jusqu’à l’insoutenable. C’est le meilleur service qu’il pourrait rendre à la droite.