QUEL ETE ! BONJOUR L’AMBIANCE !
15 septembre 2020
Est-ce la crise du Covid qui se prolonge et qui me fait broyer du noir ou est-ce l’accumulation d’une actualité décourageante ? Toujours est-il que cet été 2020 n’incline pas à l’optimisme quel que soit le côté où l’on se tourne. Tout va mal aurait dit Cassandre. Je crains que malheureusement ce ne soit pas qu’un état d’esprit ou un « sentiment ».
Chez nous, déni et improvisation.
Notre Etat est imbattable dans la multiplication des règlements, normes, arrêtés… Le Covid19 mobilise toujours nos technocrates en dépit de sa moindre dangerosité. La crise sanitaire a pourtant démontré l’inefficacité du centralisme étatique et de sa bureaucratie. Il tente, sans renoncer à son jacobinisme de donner le change en laissant un peu de liberté aux préfets, mais la verticalité et l’embrouillamini des structures restent les mêmes : préfet, Ars, ministère de la santé. Il n’y a pas d’horizontalité, de souplesse, de place laissée à l’initiative. La preuve en est que les mesures prises à Bordeaux et à Marseille se ressemblent comme sœurs jumelles. Comment s’étonner alors que l’Etat soit de moins en moins respecté par une population en proie aux doutes multiples. Comment faire admettre qu’il faille renoncer à un mariage et à la fête qui va avec quand on laisse par ailleurs plusieurs milliers de jeunes braver l’interdit et organiser une rave-partie sans que l’autorité ne puisse faire autre chose que de s’en émouvoir.
L’effondrement du pouvoir vertical est un fait et ce ne sont pas les moulinets et les rodomontades du Ministre de l’Intérieur qui y changent quoi que ce soit. L’autorité du pouvoir est défiée quotidiennement par une contre-société qui se renforce de l’immigration incontrôlée et du commerce de la drogue. Pas un jour sans des meurtres, des règlements de comptes. Cet été a été celui de la multiplication des agressions gratuites commises presque toujours par des voyous des cités. L’Etat demeure aveugle devant l’augmentation des crimes et violences. Il perd tout crédit quand Gérald Darmanin qui dénonce à juste titre un « ensauvagement » est contredit par Dupond-Moretti qui estime que ce mot développe le « sentiment d’insécurité » qui relèverait de « l’ordre du fantasme » (on se croirait revenu au temps de Jospinou). Qu’il aille donc expliquer ça aux habitants du quartier de la Goutte d’or à Paris ! Ne lui en déplaise, l’augmentation de la violence est un fait et elle s’accompagne d’incivilités récurrentes contre lesquelles le citoyen lambda n’ose même plus protester. Ainsi des rodéos urbains, des refus de porter le masque dans les transports publics, des bagarres de rues, des non-respects du code de la route.
« L’urgence est économique et sanitaire » affirme notre grand argentier. Elle est aussi et surtout « sécuritaire et identitaire ». Car le gouvernement s’interdit toute brutalité contre les rebelles de la « diversité » par crainte de l’émeute. Il préfère la lâcheté croyant acheter la paix civile. Mais ce laxisme accélère le séparatisme territorial et culturel voulu par l’Islam politique. Il multiplie les interdits sanitaires mais garde les yeux fermés sur les défis civilisationnels posés par une contre-société islamique qui étend son territoire. « Aujourd’hui, où que le regard se pose dans l’espace public, on voit des manifestations de l’islamisation de la société. Pourtant le déni est encore très répandu » constate Zineb El Rhazaoui, cette Française, ex-collaboratrice de Charlie Hebdo qui vit sous protection policière renforcée depuis l’attentat de 2015. Dans cette France qui se fragmente, il est souvent insupportable pour le citoyen d’avoir le sentiment de se sentir étranger chez lui. Il ne suffit pas de lâcher des mots pour s’indigner verbalement des désordres les plus visibles. On nous propose une loi contre le « séparatisme », la belle affaire. Sera-t-elle seulement appliquée alors qu’il existe déjà dans la panoplie largement de quoi agir légalement contre ceux qui le prônent. Dans ces conditions, il faut craindre l’accentuation de la défiance du peuple vis-à-vis d’un pouvoir matamore et de ses médias enrégimentés. Un récent sondage n’a-t-il pas montré que 70% des Français n’ont plus confiance dans l’Institution présidentielle et trois sondés sur quatre annoncent un vote « antisystème » en 2022. La France est en passe de devenir un moteur à explosions multiples.
Un monde de plus en plus dangereux.
Si l’été a été dominé par l’épidémie qui ravage l’Amérique latine, reste hors de contrôle aux Etats-Unis et connait un regain en France, en Espagne et en Allemagne, l’ampleur de la récession mondiale est confirmée et acte la segmentation de la mondialisation. Elle s’opère sous l’effet de la guerre larvée entre les Etats-Unis et la Chine dont la confrontation globale prend des accents guerriers avec le déploiement de navires de guerre de part et d’autre. Durcissement d’un côté d’un pouvoir totalitaire accompagné d’une politique agressive à l’égard de Hong-Kong et de Taïwan, guerre technologique menée de l’autre côté avec en parallèle une montée en puissance des géants numériques. Au moins, face à ces deux empires, l’Europe tient-elle le coup pour l’instant, en montrant un front uni que même le jeu absurde de Boris Johnson, dont on ne sait plus très bien ce qu’il cherche, ne parvient pas à fissurer.
Les démocratures ne sont pas en reste. L’empoisonnement d’Alexeï Navalny venant après ceux d’Anna Polikovskaïa et d’Alexandre Litvinenko, nous rappelle que la Russie de Poutine reste fondée sur la peur et le mensonge. Le cas de la Biélorussie et la fraude massive lors de la dernière élection, suivie de la répression des manifestations, éclaire s’il en était besoin la vraie nature de ces régimes autoritaires. En Turquie, Erdogan cherche à masquer la dégradation rapide de la situation économique et financière de son pays par une sorte de reconstitution de l’Empire Ottoman, avec la revendication au mépris du droit international de la souveraineté turque sur une large partie de la Méditerranée orientale, déploiement de bâtiments scientifiques et militaires à l’appui. La France s’est portée à juste raison aux côtés des Grecs en apportant un soutien militaire visible. Enfin, le Sahel devient de plus en plus un nouvel Afghanistan et le combat contre le terrorisme y devient chaque jour plus hypothétique avec une victoire militaire qui paraît impossible à obtenir. C’est une menace de plus d’exportation du chaos et de la violence non seulement dans l’espace africain mais aussi vers l’Europe.
A court terme les politiques monétaires continuent d’entretenir la bulle financière, avec les banques centrales qui monopolisent les titres de dette publique et privée. Personne ne sait comment on en sortira. Une chose pourtant est certaine : il y aura une addition qu’il faudra payer d’une manière ou d’une autre. La lutte contre l’épidémie de Covid 19 et la récession qui s’en suit ne doivent pas occulter la montée des risques stratégiques qui pèsent sur les démocraties. Et la reconfiguration du monde qui se dessine, qui conforte la numérisation, la course à la maison individuelle et la fuite des hypercentres au profit des campagnes alentours, et le développement du télétravail, constituent vrai défi pour la transition écologique notamment en raison de la défiance envers l’habitat et les transports collectifs. Cela obligera peut-être les écolos à réfléchir et aller plus loin que leurs idées à la con. Un sujet dont on aura l’occasion de débattre, mais qui ne va pas simplifier le retour « à la normale ».
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