HISTOIRE
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LE MALAISE

LE BILAN DE TRUMP

Capitole

Le suspense se prolonge : qui sera le 46ème Président des Etats-Unis ?  Le décompte n’en finit pas de s’éterniser. Et puis, les résultats sont si serrés que dans les derniers états, on recompte pour être certain. Mais le voile se lève peu à peu. Tout  converge  pour désigner Joe  Biden comme gagnant. Une victoire de Trump sur le fil serait une énorme surprise.

Saluons d’abord la performance électorale.

Une fois de plus, Trump crée quand même la surprise. Même s’il  est battu. Cette fois-ci encore, les sondages se sont trompés. Cette  fois-ci encore, le fossé entre la perception générale et la réalité du terrain est profond. Mais, quel que soit le résultat définitif de cette élection, on voit que Trump a été soutenu par une part importante de la population américaine, près de la moitié des suffrages exprimés, et pas seulement par quelques bandes d’extrémistes ou de clowns caricaturaux qu'on a vus pendant quatre ans. Non seulement Trump n'a pas été rejeté mais ses électeurs se sont largement mobilisés, au-delà du cliché du petit blanc du middle-west. Il faudra analyser en profondeur ce qui, quoi qu'il arrive, constitue un excellent score. Il y a quatre ans on pouvait dire qu'il avait bénéficié d'un effet de surprise et que personne ne le connaissait. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Au cours  de  la campagne électorale, il a donné une leçon sur la confiance en soi, inébranlable, allant jusqu'au déni permanent de réalité. Il a donné aussi une leçon de combativité, menant le combat jusqu'au bout, à raison de cinq meetings par jour, et cela lui a permis de combler son retard qu’annonçaient les sondages. Tout cela, évidemment, ne compense aucune de ses outrances. Mais la vague démocrate annoncée n’a pas eu lieu.

Un pays fracturé.

Trump, s’il s’en va, laisse un pays divisé en deux camps totalement opposés et difficilement réconciliables. Sa volonté de rester dans le bureau Ovale à n’importe quel prix, y compris le désordre institutionnel, des troubles ou émeutes possibles qui affaibliraient les démocrates, des accusations calomnieuses non assorties de la moindre preuve, suffit à indiquer qu’il a perdu l’élection et qu’il ne pourrait exercer un second mandat que dans un cadre institutionnel difforme. Mais, en réalité, il ne peut se battre contre le calendrier que pendant une courte période. Le 16 décembre, le collège électoral se réunira pour désigner le vainqueur. Au tout début de janvier, le nouveau Congrès confirmera ce choix. Au-delà des palinodies judiciaires, toute décision d’un tribunal se fondera sur le nombre des suffrages. Biden aura probablement la majorité du collège électoral et la majorité en voix populaires. À partir de là, il sera invincible. Deux choses sont sûres : la  première c’est que pour rétablir un semblant de sérénité et d’unité, Biden est préférable à Trump ;  la  seconde c’est que la  démocratie est tout de même grande gagnante, car jamais  les Américains n’ont été aussi nombreux à participer au scrutin. Il n’en reste pas moins que l’Amérique sort encore plus divisée de cette expérience. Il se peut même que se produisent de graves incidents, avec morts, blessés, pillages et incendies.

Le bilan économique.

En attendant le résultat, profitons-en pour tenter de faire un bilan économique des quatre ans de présidence Trump. Essayons de dépasser les clivages partisans et les sentiments que peut inspirer le personnage. Sa volonté de « Make America Great Again », sa volonté d'être pro business et son obsession pour la Bourse, lui tenait lieu de programme économique. A-t-il réussi ? Certes, la crise du Covid, comme partout, a fait déraper la machine.  Il faut donc examiner la situation pré-Covid sur les points fondamentaux : la croissance, le chômage et la bourse.

+ La croissance.  Avant Covie, les États-Unis ont connu la plus longue période de croissance positive de leur histoire : plus de onze ans de trimestres successifs de croissance ininterrompue. Une croissance certes moins importante que les taux habituels de sortie de crise (crise de 2008), mais une croissance prolongée de quelques années alors qu'on annonçait régulièrement une récession qui n'est venue qu'avec la Covid.

+ Le chômage.  Là encore, un point positif. Avant la Covid, il avait atteint le plus bas niveau depuis près de 60 ans : à 3,5%, le chômage américain défiait toutes les prévisions avec même des taux au plus bas aussi pour les minorités.

+ La Bourse. Elle est allée de records historiques en records historiques, avec une écrasante domination de la tech et de la finance américaines en Bourse, et des capitalisations phénoménales, avec des entreprises de moins en moins contraintes par la réglementation et de moins en moins imposées.

Ces points positifs ne doivent pas occulter pour autant les aspects beaucoup moins favorables.

Cette croissance s'est faite à crédit, avec une dette qui, même avant la Covid, avait dérapé du fait de déficits budgétaires explosifs.

Autre point négatif : le commerce extérieur. C’est un échec total. Le pari du protectionnisme a été perdu. Les mesures prises contre la Chine n'ont pas permis de faire baisser le déficit commercial abyssal des États-Unis, bien au contraire, et n’ont pas réussi à empêcher les importations tout en les renchérissant pour le consommateur américain.

Et enfin, les inégalités.
C’est un débat plus compliqué. Certes le fossé s'est creusé, mais l'accroissement des inégalités est plus dû à un enrichissement spectaculaire des plus riches qu'à une détérioration de la pauvreté.

Et le Sénat !

Quand Biden sera élu, il devra compter avec un Sénat hostile, très probablement. Les Démocrates pensaient remporter facilement le Sénat. Ce n'est pas le cas. Les deux camps ont 48 sénateurs chacun, et il faut 51 postes pour avoir la majorité. Sauf qu’on ne connaîtra les résultats définitifs pour le Sénat qu'en janvier 2021. En effet, en Géorgie (toujours la Géorgie), un candidat et probablement un deuxième n'ont pas atteint la barre des 50% des voix. Il faudra donc, fait exceptionnel, attendre un deuxième tour qui déterminera si les Républicains conservent la majorité. Il ne pourra avoir lieu qu’en janvier. Il faut savoir que Le Sénat américain n'est pas notre Sénat, il a un vrai pouvoir qui pourrait en cas de majorité des Républicains,  contrebalancer le pouvoir démocrate et empêcher toute dérive d’impôts ou de dépenses … autrement dit paralyser grandement l’application du programme du nouveau président.

Les Etats-Unis vont  donc connaître une nouvelle période  passionnante !

 

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