CONTRE LA BARBARIE, L’HISTOIRE !
04 novembre 2020
A hauteur de l’Histoire, les événements que nous vivons, telle la multiplication des « attaques au couteau », correspond à une entreprise de terreur pour sidérer les Français. Et l’attaque de Vienne, montre, s’il en était besoin, qu’il s’agit bien d’un choc de civilisation. La France, comme l’Autriche, comme tous les pays de l’Union européenne, incarnent un modèle de civilisation qui représente une résistance objective à la conquête islamiste. C’est donc l’Europe qui est attaquée, quel que soit son visage, qu’elle soit catholique, protestante, juive ou athée. Ce choc de civilisation qu’Erdogan cherche à amplifier en le transformant en guerre d’agression, est plus violent sur le territoire de la France par le fait que notre pays y ajoute le principe de laïcité, mortel pour les obscurantistes qui nous combattent. Car la laïcité, c’est l’autre nom de « l’universalisme », ce nom savant pour proclamer l’unité de l’espèce humaine.
Le rôle de la connaissance de l’Histoire.
Le modèle de civilisation dans lequel nous vivons ne va évidemment pas de soi. Il suffit de regarder le monde autour de nous pour constater qu’il est assez unique sur la Terre. Même les Etats-Unis d’Amérique présentent des traits d’obscurantisme, ne serait-ce qu’en enseignant à partir des thèses du « créationnisme », et leur société communautarisée montre au moment de l’élection du Président des limites inquiétantes par les violences qu’elle entretient.
Il est donc essentiel d’enseigner l’Histoire à nos enfants qui arrivent dans un monde plus vieux qu’eux et dont elle seule peut leur donner les clés de compréhension. Il importe de refaire avec eux, quelle que soit leur origine, le chemin qui a mené à la République, à la proclamation des Droits de l’Homme puis au principe de séparation. Comme l’énonçait Charles Péguy, « laïcité, République et France sont une seule et même chose ». La laïcité, c’est l’unité dans la séparation, celle de l’église et de l’Etat, entre le religieux et la conscience basée sur la raison. Cette séparation a pour présupposé l’unité de l’Esprit humain, l’idée qu’il y a un Esprit universel à l’image de l’intelligence humaine. Et c’est la grandeur de la République d’avoir proclamé ce principe valable pour tous les temps, tous les pays, toutes les civilisations, toutes les religions. C’est ainsi que notre coin de terre est devenu la patrie de l’Universel. Principe rappelé par des intellectuels de renom dans un manifeste publié dans le Journal du Dimanche le 25 octobre dernier.
C’est le principe de séparation qui permet le libre-arbitre, la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté d’expression … et qui nous a permis une fois pour toute de sortir des guerres de religion (encore l’Histoire). Et c’est pour le défendre, que des Boualem Sansal, Kamel Daoud, Zhineb El Rhazaoui, Jeannette Bougrab, et tant d’autres pas particulièrement gaulois… risquent leur vie au nom de la liberté. En même temps, c’est aussi pour nous qu’ils se battent !
L’Histoire pour combattre les contre-vérités.
A Nice, c’est la France chrétienne qui était visée. Même si beaucoup parmi nous rejettent désormais cet ancrage, pour les musulmans, elle est une « terre chrétienne ». Et pour ceux qui l’attaquent elle est encore le pays des croisés, des colonisateurs. On retrouve là deux mensonges historiques qui font partie de leur rhétorique. D’abord les arabes avaient totalement oublié les Croisades jusqu’au XIXème siècle. Ensuite, il n’y a pas de continuité historique entre les Croisades et la colonisation : leurs buts étaient totalement différents. Enfin il n’y avait pas de collusion entre les colonisateurs et les missionnaires, sauf peut-être en Algérie, car la plupart du temps ces derniers étaient plutôt considérés comme des gêneurs qu’il fallait parfois expulser. L’enseignement de l’Histoire peut rétablir la réalité des faits dans leur chronologie et leurs motivations. Il est utile aussi de faire la part d’ombre et de lumière de ces périodes qui ont permis bien des échanges entre l’Orient et l’Occident. Ce n’est pas un hasard si nous comptons avec des chiffres arabes. Quant à affirmer que la France est encore aujourd’hui un pays impérialiste, c’est un mirage que des esprits nostalgiques ou malintentionnés essaient d’entretenir.
L’Histoire et la spécificité de l’Islam.
Il est bon de faire découvrir aussi, sous l’angle historique, ce qui fait la nature des trois grandes religions monothéistes. Elles ont la même origine, sont toutes les trois « abrahamiques », sont parties du même concept de Dieu unique qu’on ne nomme pas (Yahvé, Dieu, Allah) et ont d’abord prospéré au Moyen-Orient avec Jérusalem comme point d’ancrage. La religion hébraÏque est la plus ancienne, le christianisme est venu près de 2000 ans plus tard et l’Islam encore plus de six siècles après. L’islam méprise depuis le début le christianisme qu’il accuse d’avoir trahi le message d’Issâ (Jésus) qui aurait trafiqué l’Evangile pour en effacer l’annonce de la venue de Mahomet, et aussi d’être une religion qui associe au Dieu unique deux créatures : Jésus et Marie. De même que pour les chrétiens, le juif a longtemps été « perfide » à cause de Juda, pour les Musulmans, l’Islam est la seule vraie religion et il convient de convaincre tous les autres croyants de s’y soumettre. L’affrontement d’aujourd’hui perdure depuis les origines entre deux systèmes de normes, deux lois divines : l’une cherchée par la raison et la conscience, créées par Dieu ou de manière plus moderne par la raison, l’autre dictée par Dieu dans un livre, le Coran, et dans la conduite de Mahomet, qui l’a reçu sans rien y ajouter ou en retrancher. Cependant, l’Histoire nous montre qu’à plusieurs époques et en différents lieux, elles ont pu cohabiter pacifiquement.
Le christianisme a dû s’adapter.
Les musulmans peuvent croire que la République les stigmatise et ne s’en prend qu’à eux. Ils comprendraient mieux ce qu’est la séparation de la religion avec l’Etat si l’Histoire leur enseignait qu’avant eux, les chrétiens ont du se résigner à la laïcité et ça ne s’est pas fait sans mal. Les républicains n’ont pas hésité à utiliser des méthodes brutales : en 1880, Jules Ferry expulse près de 6 000 jésuites des établissements scolaires, en 1904, sous le Ministère Combe, 30 000 religieux sont interdits d’enseignement. On nous objecte que l’Islam est un système politico-religieux d’une seule pièce, incompatible avec la seule pratique d’une foi personnelle. C’est ce qu’on prétendait naguère du catholicisme. Pourtant, à l’issue de l’affrontement, la laïcité a triomphé et avec elle la paix des esprits et des consciences. Il faut donc créer les conditions pour que l’Islam devienne compatible avec la démocratie, en évitant, si possible, les violences que la République a fait subir au catholicisme.
L’Islamophobie, ce mauvais prétexte.
Bien des musulmans, installés depuis longtemps sont sincèrement républicains. Mais pour de multiples raisons, les islamistes ont marqué des points dans la jeunesse. Si bien qu’aujourd’hui, il existe une « zone grise » composée d’une majorité d’hésitants et de nouveaux venus qui n’approuvent pas le terrorisme mais sont tentés par le « communautarisme ». Il nous revient de faire le nécessaire pour les convaincre d’adhérer aux règles du jeu de notre société. Encore faut-il leur en montrer l’intérêt intellectuel. Après tout, la vérité qui affirme que la Terre est plate arrive à coexister avec la réalité sphérique ! Encore faut-il faire en sorte que notre société leur ouvre les bras : le chemin serait plus facile si le décalage entre l’affirmation d’égalité et la réalité sur le terrain était réduit. C’est pourquoi les partisans d’une « laïcité ouverte », qui ont abandonné l’universalisme au profit des communautarismes rivaux, ne sont que les tristes organisateurs des guerres civiles qui ne manqueraient pas de se produire si on les laissait faire. L’islamo-gauchisme d’un certain nombre d’intellectuels, minoritaires mais très puissants dans les médias, a paralysé toute reconquête républicaine en l’assimilant à de l’islamophobie, qui identifie l’islam à une race et toute résistance à l’islamisme, à du racisme. La rhétorique du « pas d’amalgame » d’Edwy Plenel et de Jean-Luc Mélenchon ne convainc plus personne. Seule la vraie laïcité peut instaurer la coexistence organique de toutes les familles de pensée, de toutes les religions, même de celles qui ne croient pas en elle.
Nous sommes dans une lutte pour la liberté de l’esprit, et le rôle de l’éducation est essentiel, avec au premier rang l’enseignement de l’Histoire et de l’Education civique. Cette lutte ne concerne pas que les Français de confession musulmane. L’Etat doit soutenir inconditionnellement tous ses professeurs. L’école a besoin, pour briser le huis clos familial, du « colloque singulier de l’enseignant et de l’enseigné », comme l’énonce si bien Jacques Julliard. Ce n’est pas aux parents de dire ce que l’on doit enseigner à leurs enfants. Ecrivant cela, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour Samuel Paty.
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