La réforme du
financement des régimes de retraite exigera plus d'efforts que prévu
Selon les derniers calculs du
Conseil d’Orientation des Retraites (COR), le report de l'âge légal à
63 ans, tout en allongeant la durée de cotisation à 45 ans, comblerait seulement
la moitié du déficit. En effet, dans le cadre d'un scénario économique
prévoyant une stabilisation du chômage à 4,5%, la retraite à 63 ans, combinée à 45 ans de
cotisations, permettrait de couvrir 53% du déficit du régime général
envisagé en 2050, estimé à environ 65
milliards d'euros. Cette hypothèse est cependant la plus défavorable
pour les salariés en termes de durée de cotisation nécessaire afin de toucher
une retraite complète. La mise en application de ces mesures est envisagée progressivement, avec des hausses des
bornes d'âge et des durées de cotisation à raison d'un trimestre par an.
Détails des éléments
de simulation sur l’âge et la durée :
Un report de l'âge légal de départ à la retraite à 63 ans
permettrait de couvrir 27% des besoins en financement du régime général. Le
déficit du système serait réduit de 18 milliards d'euros.
Un report de l'âge légal à 65 ans couvrirait 53% des
besoins.
Un allongement de la durée de cotisation à 43,5 ans
permettrait de couvrir 15% des besoins.
Un allongement à 45 ans en couvrirait 31% des besoins.
Un report de l'âge à 63 ans, assorti d'un allongement de la
durée à 43,5 ans, permettrait de couvrir 36% des besoins.
Un report de l'âge à 63 ans et un allongement de la durée à
45 ans, couvriraient 53% des besoins.
Un report de l'âge à 65 ans et un allongement de la durée à
43,5 ans, couvriraient 59% des besoins.
Détail des éléments de simulation sur les ressources du
système :
Un point de cotisation retraites en plus apporte plus de 4
milliards d'euros à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV), qui gère
les pensions du secteur privé.
Un point de CSG en plus sur l'ensemble des revenus apporte
11,2 milliards d'euros.
Le Fonds de réserve des retraites (FRR) : les actifs de ce
fonds, créé en 1999 pour accumuler des réserves financières pour après 2020,
avaient une valeur de 33,3 milliards d'euros fin 2009. Selon le chiffrage du
COR, cette valeur pourrait atteindre 70 milliards d'euros en 2020 « dans
l'hypothèse d'un taux de rendement réel de 4% par an ».
L'hypothèse qui soulagerait le plus les finances est celle
qui combine une durée de
cotisation allongée progressivement à 43,5 ans (pour la génération 1990) avec un âge légal porté à 65 ans d'ici 2035. Ce scénario
permettrait de couvrir près de 60% des besoins de financement des retraites de
base du privé d'ici 2050.
C’est pourquoi l’allongement de la durée de cotisation et le
recul de l’âge de départ sont considérés comme une mesure urgente pour le Medef,
De leur côté, les syndicats jugent
incontournables de nouvelles ressources,
mais les simulations du COR ressemblent bien à un « durillon »
douloureux qui rend intenable leur position de blocage sur l’âge de la retraite…
d’autant plus que la durée de la vie s’allonge.
Les simulations publiées hier par le Conseil
d'orientation des retraites sont inquiétantes. Mais elles n’empêchent pas la
gauche de hurler pour cacher son décalage par rapport à la réalité. Il y a des
dogmes qui coûtent. Il lui est plus facile de stigmatiser (mot à la mode) le
bouclier fiscal.
Mais même en menant une réforme très dure, centrée
sur un relèvement rapide de l'âge légal du départ à 65 ans, on ne pourra
pas éradiquer totalement le besoin de financement des régimes de retraite. C’est
bien ce qui ressort d’essentiel des simulations du Conseil.
Comme les ressources traditionnelles (hausse des
cotisations notamment) se révèlent délicates et même quasi impossibles à
envisager, il faut aller chercher ailleurs de nouvelles ressources. Les propos
présidentiels de lundi indiquant qu'un effort serait demandé aux hauts salaires
et aux revenus du capital pour contribuer à financer les retraites vont dans ce
sens, mais cela
pourrait n’être qu’un affichage à vertu de « justice » sans pour
autant s’avérer suffisant comme on peut l’observer dans le chiffrage du COR. C’est
à juste raison que le président du Nouveau Centre et ministre de la Défense,
Hervé Morin, se déclare favorable « au principe de la TVA sociale »
pour financer la protection sociale.
Et il y a bien sûr à résoudre en même temps le problème du
travail des séniors, celui de la pénibilité et enfin celui de l’entrée des jeunes
dans la vie active… Jouer sur tous les paramètres et même sur ceux … qui nous
échappent !