Le nouveau ministre du Budget, François Baroin, aurait bien
besoin de la baguette magique d’Harry Potter auquel certains le comparaient
quand il portait ses petites lunettes rondes. Là s’arrête malheureusement la
ressemblance. Car le gouvernement est confronté à un problème de taille :
la contradiction entre la nécessité de réduire les déficits et le principe
présidentiel de non-augmentation des impôts. En l’absence de croissance forte,
le pari est impossible à tenir. Dès lors qu’il faudra bien se résoudre à les augmenter,
autant procéder à une réforme en profondeur –une de plus, dira-t-on- de la
fiscalité, et celle-là est urgentissime.
Car sans réforme de la fiscalité, celle des retraites n’aura
guère de chance de fonctionner.
Mettons, pour commencer, au rang des accessoires, le « bouclier
fiscal » dont la suppression ne rapporterait à l’Etat que quelques
centaines de millions, quand le déficit des finances publiques atteint cette
année 150 milliards. Inutile de revenir sur la politique ambitieuse que Nicolas
Sarkozy souhaitait mener en matière de diminution des prélèvements obligatoires,
ou en matière d’économie dont il souhaitait la relance par les mesures prises
sur les droits de succession, ou d’atténuation d’imposition des riches pour
faire revenir les capitaux. La crise que personne n’avait prévue a tué dans l’œuf
les résultats que l’on pouvait en attendre alors même que par la contraction de
l’économie qu’elle a causée elle a obligé le Président à la combattre par un
vigoureux soutien aux banques et aux entreprises. Il en est résulté à la fois
un énorme manque à gagner pour l’Etat et un gouffre de dépenses que personne ne
songerait à lui reprocher. Cela malgré les efforts déployés par Eric Woerth pendant
trois ans pour diminuer les dépenses de l’Etat, avec des résultats réels
aujourd’hui complètement masqués par les dépenses de relance et de soutien social.
Mais le « bouclier » n’a jamais été que le
succédané d’une suppression jugée impossible de l’ISF, ce caprice des
socialistes qu’aucun gouvernement de droite n’a osé supprimer. Martine Aubry
veut sa suppression : très bien, supprimons du même coup l’ISF ! En
compensation, il suffira alors d’augmenter le barême de l’impôt sur le revenu
avec une tranche à 70% qui permettrait d’augmenter les prélèvements
obligatoires pour l’ensemble des contribuables sans que l’on puisse crier à l’injustice,
ni à l’effet confiscatoire. Il faut bien des recettes pour combler les
déficits.
Le Ministre du Budget a le feu vert pour s’attaquer aux
niches fiscales, cet ensemble complexe et foisonnant qui permet à de nombreux
Français, riches ou simplement aisés, (et parmi eux des fonctionnaires aux
retraites confortables), de placer leur épargne dans des investissements
défiscalisés. Mais il faudra faire preuve de discernement, car ces dispositifs
protègent des emplois, aident à en créer, encouragent le dynamisme économique
de certaines branches, et au bout du compte apportent de la richesse qui
constitue des revenus pour l’Etat lui-même. Avec comme corollaire, l’effet
négatif que peut constituer ce problème typiquement français que d’être un pays
où la fiscalité change tout le temps.
Raison de plus pour remettre à plat l’ensemble. Car il faut
aller plus loin : dès lors qu’on touche à l’impôt sur le revenu, dont un
foyer sur deux ignore l’existence, la logique voudrait qu’on s’intéresse à la
CSG. Et qu’on utilise aussi le levier de la TVA dont le gouvernement maîtrise,
sans autorisation européenne, la possibilité d’augmenter le taux jusqu’à 25%. En
jouant habilement sur le redéploiement plus que sur l’addition, le taux des
prélèvements obligatoires, déjà élevés dans notre pays, ne devrait pas trop en
souffrir.
"Inutile de revenir sur la politique ambitieuse que Nicolas Sarkozy souhaitait mener en matière de diminution des prélèvements obligatoires, ou en matière d’économie dont il souhaitait la relance par les mesures prises sur les droits de succession," les proches aisés n'ont absolument pas dépensé leurs gains d'impôts ou les économies de droits de succession. Ils les ont placés, souvent en assurance vie qui bénéficie de la bienveillance du fisc.
Au mieux, ils ont voyagé à l'étranger ou acheté des homes cinémas, des véhicules importés avec prime à la casse qui n'apportent rien à l'industrie française en l'absence de TVA sociale.
Tout le monde ne rêve pas d'une Rolex !
Ces proches ne sont certainement pas représentatifs mais de quelles statistiques bénéficions-nous ?
Par contre, j'entends qu'un déséquilibre des prélèvements français par rapport à ceux des pays environnants peuvent provoquer des exils avec perte de l'IR, de l'ISF et de la TVA et aussi de l'investissement productif.
A quand une uniformisation de la fiscalité européenne ?
C'est un rêve utopique.
Mais attention, avec des revenus tellement dissonants, nous risquons une révolution...et de tout perdre. certains y ont laissé la tête!
Rédigé par : ARSOUILLE | 23 avril 2010 à 00:11