HISTOIRE

IL FAUT BAISSER LA DEPENSE PUBLIQUE !

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Sans surprise, le thème du pouvoir d’achat arrive en tête des revendications exprimées aussi bien par les gilets jaunes que dans les séances du « grand débat national ». La  difficulté,  c’est que le gouvernement n’a plus aucune marge de manœuvre pour l’augmenter par les procédures qui lui sont familières : prélèvement sur les « riches » pour saupoudrer, augmentation du smic…, autant de remèdes  mortifères pour une croissance déjà bien molle. Quant  à augmenter les impôts comme le proposent chaque jour des irresponsables qui n’ont toujours pas  compris,  c’est prendre le  risque de réveiller la jacquerie fiscale, qui pourrait alors être bien plus violente que celle du  mois de novembre dernier. Il n’y a qu’un seul et vrai moyen d’augmenter le pouvoir d’achat :  baisser les impôts !

Baisser les dépenses publiques. 

C’est urgent et c’est un préalable à la baisse des impôts.  Il est affligeant d’observer que l’exécutif continue d’évoquer des hausses d’impôts  sans jamais envisager de réduire la dépense publique qui a encore  augmenté de 44 milliards en 2018, et de 51 milliards depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. La baisse de la dépense publique est la mère de toutes les réformes quand on sait qu'en France, on a 56% de dépenses publiques et 45% de fiscalité contre 47,5% de dépense publique et 40% de fiscalité dans les autres pays de la zone euro.  

Economiser plus de « 20 milliards d'euros » par an c’est possible ! Dès l’automne dernier, « Les  Républicains » ont proposé un plan documenté et chiffré portant sur des éléments certifiés, préconisés soit par l’Ifrap, soit par la Cour des comptes.  Mais pour que cet effort soit acceptable, il faut qu’il soit accompagné de contreparties, c’est ce qui a été prévu.

La  première cible concerne évidemment la gestion de la fonction publique : porter progressivement le temps de travail à 39H/ semaine et réduire les effectifs en compensant par une hausse du temps de travail, soit 400 000 postes  en 5 ans. En même temps, on sanctuarise le régalien (sécurité, justice, défense), on reverse la moitié des économies en revalorisation salariale, mais on supprime la surrémunération des temps partiels  et on instaure 3 jours de carence.  Résultat : un gain de 3,6  milliards d’euros/an.

Il est possible aussi d’économiser sur le train de vie de l’Etat et des collectivités : en rationalisant le parc immobilier public,  le parc automobile administratif,  en optimisant les achats publics, en généralisant la digitalisation des administrations… Le  gain potentiel est estimé  à 2,5 milliards d’euros.  Les  Régions Ile-de-France et Auvergne Rhône Alpes ont testé la démarche avec succès. Ce travail doit être mené de pair avec la réflexion sur le périmètre des missions de l'Etat.

Les retraites  constituent un gisement important d’économies et nous ne pourrons pas faire l'impasse sur une réforme qui vise à une convergence des modes de calcul de la pension : un système de retraites plus juste qui supprimerait tous les régimes spéciaux et qui alignerait le public sur le privé, avec un recul inéluctable de l’âge de départ porté progressivement à 65 ans,  accompagné  d’une amélioration des coûts  de gestion, permettrait un gain de 3 milliards par an et 5 milliards à terme.

Des économies peuvent être faites sur le système de santé en améliorant la prévention et en optimisant le parcours de soins avec le développement de la e-santé. Avec la  création d’une allocation sociale unique plafonnée à 75% du Smic,  on pourrait atteindre un gain de l’ordre de 6 milliards  d’euros. La lutte contre les fraudes sociales et fiscales de tous ordres  déjà bien identifiées ajouterait 1 milliard supplémentaire.  Enfin avec la fin des  dispositifs incitant à l’immigration (type  AME  et accès aux prestations  sociales)  et la réduction du financement des syndicats, c’est près de 4 milliards d’économies !

Diminuer les impôts.

L’effort de baisse de  la  dépense permet de rétablir le cercle vertueux de la croissance. En effet, la  baisse  structurelle  de la dépense  publique permet la réduction du déficit, de la dette et par voie de conséquence des intérêts de la dette auxquels l’Etat consacre bon an mal an entre 40 et 50 milliards d’euros par an. Ensuite, on peut enclencher la baisse des prélèvements obligatoires, dont la France est championne du monde, sur les entreprises en priorité et sur les ménages.  Les entreprises retrouvent alors de la compétitivité et les ménages du pouvoir d’achat. Cela  débouche sur une amélioration de la balance du commerce extérieur et de la  consommation qui entraînent plus de croissance et des effets  bénéfiques sur la situation de l’emploi. C’est, en effet, par la création  de richesse qu’on augmente le pouvoir d’achat et non par la redistribution entre riches et moins riches  qui, elle, conduit à la pauvreté  généralisée.

Voilà pourquoi, Les Républicains proposent comme sortie de crise des mesures qui se concentrent autour de 3 thématiques : d’abord une baisse de 10% de l'impôt sur le revenu et la hausse de 50% du patrimoine que l'on peut transmettre à ses enfants et petits-enfants, de son vivant, sans acquitter d'impôt ; la revalorisation du travail avec l'instauration de contreparties au RSA et la création d'une allocation sociale unique plafonnée à 75% du SMIC ; la réindexation des pensions de tous les retraités sur l'inflation, l'annulation de la hausse de CSG et le retour de la demi-part des veuves. Le coût : 14 milliards, largement financés si on met en œuvre le plan précité. Ils appellent aussi à une grande vigilance sur les attaques fiscales actuelles sur les successions : il faut au contraire faciliter la transmission familiale et baisser la fiscalité sur les donations - c'est une excellente proposition de loi de Nicolas Forissier - pour permettre un transfert plus rapide des richesses.

Vous direz que 20 à 30 milliards d’euros c’est encore bien peu pour résorber le gouffre des 100 milliards de déficit, mais le réenclenchement du cercle vertueux de la prospérité aura un effet démultiplicateur de croissance et l’on peut en espérer une accélération de l’amélioration de notre situation budgétaire, car les effets cumulatifs jouent aussi bien dans un sens que dans l’autre. A la spirale de l’endettement peut succéder celle beaucoup plus positive du désendettement !

 

 


çA FAIT PEUR !

Archibald en colère

Le Brexit fonce dans le mur, les populismes gagnent du terrain et l'économie européenne montre des signes de fatigue inquiétants dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale. De plus, l'arme monétaire est épuisée. Trump se plante partout et ça commence à se voir. Enfin notre dette est catastrophique et notre déficit abyssal.

L'OCDE a publié ses prévisions de croissance.

Elles ont été revues à la baisse. 3.3% seulement  pour la croissance mondiale. Malgré des taux d'intérêt proches de 0, voire négatifs, malgré les injections massives de liquidités par les banques centrales, malgré des plans de relance comme la baisse massive des impôts aux États-Unis. C'est principalement la zone euro qui ralentit : en trois mois, l'OCDE vient quasiment de diviser par deux son pronostic de croissance, n'attendant plus qu'un maigre 1 % cette année. L'Allemagne marque le pas brutalement avec une croissance à 0.7%. L'Italie sera en récession. Le bilan de la banque centrale a dépassé depuis longtemps le seuil d'obésité et n'a plus guère de munitions. Elle doit se contenter de gagner du temps, ce que Draghi fait en relançant la politique de souplesse monétaire.

L'OCDE avance les explications suivantes : le ralentissement du commerce mondial, les tensions entre la Chine et les États-Unis qui ne s'apaiseront que momentanément avec un deal commercial, les incertitudes politiques. Mais ce sont des causes apparentes. Les causes réelles sont ailleurs. Nous vivons une rupture économique majeure. Le ralentissement de l'économie n'est pas conjoncturel, il est structurel. Et les économistes patentés semblent déroutés.

Trump a tout faux !

Le déficit commercial des Etats-Unis a explosé en 2018 : 621 milliards de $. Le plus large depuis 2008 : une claque pour Trump qui en avait fait son cheval de bataille avec les droits de douane et le protectionnisme. J’avais dit que ça ne pouvait pas marcher ! Le déficit avec la Chine est largement en cause : 419 milliards de $, une hausse de 43.6 milliards de $ sur l'année. Pour Trump, cela ne va pas être simple à assumer, ni à expliquer.

Trump veut retirer ses troupes d'Afghanistan. Et il s'apprête à laisser les clés de l'Afghanistan...aux Talibans, un groupe qui contrôle maintenant plus de la moitié du territoire et qui multiplie les attentats.

Le boulet de la dette de la France.

La gravité de la dette française ne fait, elle, aucun doute car notre niveau d'endettement excède ce que notre potentiel fiscal peut absorber. Les facteurs d’aggravation sont déjà présents : une croissance qui plafonnera à 1,3% cette année, des taux d’intérêt bas qui amputent  la capacité de prêter des banques. Cette configuration va à l'opposé de l'expansion. Si on retient comme hypothèse  que la France peut continuer à subir 1.038 milliards de prélèvements obligatoires et si on suppose inchangé le niveau des taux d'intérêt, on s’aperçoit qu'il faudra près de 27 ans si l'on éponge 30 milliards par an, pour amoindrir la seule moitié de notre dette, sans y inclure les près de 4.000 milliards additionnels de la dette hors-bilan. L'hypothèse d'une inversion des taux (taux d'intérêt et taux d'inflation) est imminente car la crise va générer de véritables tensions déflationnistes que la BCE a déjà anticipées. Le signal nous est envoyé par l'Allemagne  qui a frôlé la récession au quatrième trimestre de 2018. Et ça, ce n’est pas bon du tout pour notre dette ! Cette situation mène Macron dans l’impasse. Il cherche à se défausser sur l’Europe, mais ce n’est pas en créant un empilage de structures technocratiques supplémentaires qu’elle  pourra nous aider à sortir de l’ornière.

On n’est pas près de voir la fin des déficits.

Côté fiscal, au gouvernement, c’est la foire, entre ceux qui proclament qu’il faut baisser les impôts  et  ceux qui en proposent un différent chaque jour. Voilà un climat d’instabilité très dangereux pour l’économie et les  investisseurs. Dernière  en date : le retour des successions dans le viseur.  De quoi déclencher une guerre de tranchée avec les propriétaires. Mais le  plus grave n’est pas là, il tient dans l’ampleur du déficit  public 100 milliards d’euros en 2019. Vous allez dire, bah, ça n’est que 3% du PIB. Mauvaise pioche, la  vérité est autre : les recettes de l’Etat ne sont que de 400 milliards d’euros (TVA : 130, CSG :  115, IRPP : 70, IS : 30, carburants : 17,  autres : 30).  Le déficit représente donc 25% du budget. C’est énorme. Voilà la réalité. Imaginez un ménage qui gagne 2 000 euros/mois et qui en dépense 2 500. Voilà pourquoi l’exécutif ne parle jamais de baisser la dépense.  Il  en est strictement incapable ! Par contre, on  peut être certain qu’il y aura des impôts supplémentaires.

Pourtant les armes économiques et politiques sont les seules qui nous restent : pour l’hexagone, il faut au moins 25 milliards de baisses des dépenses publique par an. Les Républicains ont présenté un plan chiffré et sérieux en octobre dernier. Pour l’Europe, il faudrait une initiative de relance budgétaire coordonnée par les pays les moins endettés, ce qui exclut la France, la poursuite des réformes structurelles, une refonte des règles de concurrence qui permettrait l'émergence de champions européens face aux mastodontes chinois et américains. Justement, c’est ce que proposent, pour l’essentiel les Républicains. Une Europe du bon sens ! Mais Macron passe  son temps  à brasser du vent !

Vivement  l’alternance !

 

 


LES RICHES, CETTE OBSESSION FRANCAISE

Contribuable détroussé

 

Moins je pédale plus vite, plus j’avance moins vite !

Ou comment augmenter les impôts  en annonçant une baisse.  C’est du Darmanin ! Après avoir subi des attaques, en particulier de la droite, sur des propositions aboutissant à une augmentation de la pression fiscale, le ministre affirme vouloir à l'inverse diminuer celle-ci avec l'argent récupéré sur les niches. Gérald Darmanin souhaite plus exactement « placer ces aides fiscales sous condition de ressources ». Des niches dans les niches ! L'idée étant d'abaisser le taux des premières tranches d'imposition, pour cibler les classes moyennes.  En conditionnant les niches fiscales à des conditions de revenus on « peut baisser les tranches d'impôt sur le revenu des gens qui gagnent 1700€ par mois de 180 € en moyenne ». L'idée est simple : accélérer le transfert entre la classe moyenne supérieure et la classe moyenne inférieure, en laissant les hyper riches tranquilles (Il y en a encore 5 000 de plus qui sont partis sous  des cieux fiscaux  plus cléments). Taper sur la seule classe qui ne se plaint pas.
La classe moyenne « supérieure », les « aisés », parce qu'ils ne manifestent pas. On trouve pêle-mêle dedans les retraités qui perçoivent plus de 2 000 € de pensions, les salariés du privé qui gagnent plus de 3 500 ou 4 000€, les entrepreneurs, les professions libérales. « Salauds de pseudos-riches » !

Bercy est devenu une machine folle.

On est prévenu, le  calvaire des contribuables va s’aggraver. Pas tous. Toujours les mêmes. Macron a balayé d’un revers de main  les propositions sur les niches, mais le feu couve toujours.  La surenchère d’idées au gouvernement et de ceux qui le conseillent ne concerne pas la baisse des dépenses publiques, mais la hausse des impôts directs.  Il faut absolument compenser  l’échec cuisant de l’augmentation des taxes sur les carburants. Alors on rêve  de transformer le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile en aide sociale, avec forcément « conditions de ressources » au nom de la sacro-sainte justice fiscale. L’universalité des prestations  des aides à la famille déjà bien écornée va en prendre un nouveau coup de plus. Ou bien une nouvelle tranche de l’impôt  sur le revenu à 45% : voilà qui va plaire au bon peuple (57% des Français) qui n’en paie pas.  C’est oublier qu’avec la CSG ,  la  France est déjà au maximum,  sans compter  que notre pays se paie le luxe d’une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus à 250 000 euros par an  (500 000 pour un couple) !  A moins que l’on revienne sur le principe d’exonération des plus-values de cessions des résidences principales… à partir d’un certain montant : ce serait en fonction du prix de vente, et évidemment sans tenir compte de l’inflation. Il faut que ce soit juteux un max. Une injustice de plus. Sans compter que les droits de succession sont dans le collimateur, eux aussi. Vous vous rendez compte, il y a  encore des  héritiers en France, des entreprises et des patrimoines à transmettre !  Allez expliquer à ces névrosés  que la Suède, paradis social-démocrate, a supprimé purement et simplement les droits de succession.

Macron n’a pas les félicitations de  Migaud.

L’exécutif, que ce soit à l’Elysée ou à Matignon, ne s'attache pas à l'essentiel. La réforme à faire en priorité c'est la baisse des dépenses publiques. La France continue de sombrer sous le poids de sa charge publique : 100% du PIB pour la dette, 100 milliards de déficit pour les dépenses, 60 milliards de déficit en 2018 pour le commerce extérieur. Sans baisse des dépenses publiques, l’Etat passera son temps à prendre dans la poche de l'un pour donner à l'autre, tout en augmentant régulièrement tous les impôts et les taxes. Par manque de courage ou par idéologie fiscale,  ou les deux à la fois.  Avertissement de la Cour des Comptes bien inutile puisqu’elle parle  à des sourds. Ce quinquennat est parti pour être celui de l’explosion de la pression fiscale. Les  Gilets Jaunes n’ont pas été compris. Le  Président pérore pour démontrer qu’il ne changera rien. Comme la plupart des  vrais riches sont partis, maintenant ce sera le tour de nos cadres supérieurs : qui voudrait faire une carrière en France pour servir de vache à lait à un Etat inconséquent ? Pendant ce temps-là, les Chinois et les fonds de  pensions rachètent la France. Dans les beaux quartiers et dans les villes touristiques à forte valeur immobilière, les Français y résidant n’ont plus les moyens financiers de faire face aux montants exorbitants de l’IFI et des droits de succession qui leur sont réclamés : le patrimoine change de mains au profit de SCI et de sociétés détenues par des étrangers. La fiscalité   va tuer la classe moyenne supérieure (le vocable vient d’apparaître, comme par  hasard), tuant toute espérance  d’ascension sociale. Bienvenue en Corée du Nord !

 


LA FRANCE EST SEULE RESPONSABLE DE SES MAUX

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La Cour des Comptes vient de rappeler  au gouvernement et au Président de la République l’extrême fragilité de nos finances et s’inquiète de la dégradation qui s’annonce pour 2019. Une mise en garde utile au moment où l’exécutif cherche des  moyens pour sortir de la crise des Gilets Jaunes, avec des chèques en bois. Mais si notre pays cumule tant de problèmes, il ne le doit qu’aux politiques qui ont été menées  et ne peut pas rejeter la responsabilité sur le dos de la libéralisation mondiale ou du « néolibéralisme » imposé par l’Europe.

La croissance financée par l’Etat : erreur.

Ce sont bien les politiques menées depuis plus de vingt ans qui nous ont menés au gouffre et personne ne nous a obligés à faire les choix qui ont été faits. Voici des faits pour éclairer ces affirmations. Ce sont des constats indiscutables*. Depuis l’an 2 000, la progression du pouvoir d’achat a été plus rapide que la croissance (en moyenne 1,3%) et les gains de productivité (en moyenne 0,7%). Ces gains de pouvoir d’achat ont été financés par l’endettement. Rappelons que celui-ci était de 20% du PIB en 1980 et atteint 100% en 2018.

La redistribution massive : erreur.

Parallèlement, la France a financé à crédit une politique sociale très généreuse. La population en-dessous du seuil de pauvreté (13,8%) est l’une des plus faibles du monde développé. Cela s’accompagne d’inégalités de revenus elles aussi les plus faibles du monde.  Cela se mesure avec l’indicateur « gini » qui est à 0,259. Il était à 0,337 en 1970. Le rapport entre les revenus les plus élevés et les plus faibles est de 1 à 22  avant « redistribution » et de 1 à 5,6 après. L’effet redistributif est obtenu particulièrement avec l’impôt sur le revenu que seulement 43% des Français paient, avec une progressivité confiscatoire puisque  2% des ménages paient 40% des 78 milliards prélevés. Le rouleau compresseur  fiscal est efficace, mais il est un frein énorme à l’investissement. L’Europe ne nous impose pas d’infliger à nos entreprises des charges supérieures de 8 points à la moyenne de ce que pratiquent nos partenaires de l’Union. Notre pays accumule ainsi de nombreux retards en innovation, en robotisation, donc en emplois non créés.

Fuite en avant par l’impôt et l’emprunt : erreur.

Du coup le chômage de masse s’est installé : autour de 9% depuis trop longtemps. Il explique que dans les dix dernières années l’écart de richesse par habitant avec l’Allemagne s’est creusé de 13,6%. Pour financer sa politique dispendieuse et décourageante pour le travail, les dépenses publiques atteignent 57% du PIB, et les prélèvements ne suffisent pas : il manque près de 10 points de PIB, ce qui explique le déficit et l’accroissement de la dette. Cela se fait au détriment des classes moyennes.  Ainsi depuis 2011, 60 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires se sont réalisés à 90% sur les ménages. Parallèlement, les  charges pesant sur les entreprises, ont peu évolué, conduisant au quasi gel des salaires. La conséquence, c’est qu’aujourd’hui, le revenu des retraités est en moyenne de 5% supérieur à celui des actifs. C’est anormal,  mais ce qui est en cause c’est la faiblesse des salaires, pas les retraites acquises. Ce phénomène est aggravé par le déclin de la mobilité sociale à mettre en relation avec le déclin de la qualité des services publics, notamment dans la France des territoires.

L’emploi public pour compenser l’emploi privé : erreur.

Cerise sur le gâteau, nous avons une fonction publique pléthorique : la hausse du nombre des fonctionnaires dont le nombre avoisine les 6 millions, a augmenté de 47%  depuis 1980  quand la  population a augmenté de 24% dans  le même temps.  Deux fois plus vite : nous sommes donc sur-administrés.  La « décentralisation » qui devait nous faire économiser a été souvent prétexte à embauches supplémentaires, mais pas que. L’Etat a souvent pratiqué la politique de l’emploi public pour freiner la hausse du chômage.

Pour bien mesurer le caractère insoutenable de notre modèle économique et social, ce palmarès finira de vous édifier : nous représentons 1% de la population mondiale, notre production participe pour 3%  du PIB mondial et nos aides sociales pèsent à elles-seules 15% des aides sociales mondiales. Cherchez l’erreur !  Après on s’étonne que notre dette soit à 100% du PIB.

L’Europe bouc émissaire : erreur.

Dans cette affaire, l’Europe n’est en rien responsable de nos choix et de nos dérives. Elle aurait même plutôt servi de garde-fous par les contraintes que les traités nous imposent et que nous ne respectons pas toujours en matière de finances publiques. Affirmer que nous serions victimes du néolibéralisme européen est une escroquerie intellectuelle, alors qu’à bien des égards, notre pays présente tous les traits d’un pays fortement socialisé pour ne pas dire socialiste,  car il faudrait rajouter tous les avantages mis "sous conditions de ressources". Ce qui est en cause c’est la politique keynésienne complètement inadaptée au contexte du monde contemporain que nos gouvernants mènent, sous l’influence d’une technocratie incapable de changer de modèle. La preuve, ils cherchent encore à augmenter les impôts. 

Ce n’est pas le modèle néolibéral qui est en cause, comme l’affirme Michel Onfray, c’est le modèle keynésien qui est  périmé. Dites-le à Bruno Le Maire si vous le rencontrez dans un débat.

 

*La plupart des chiffres sont fournis par Nicolas Baverez.

 


LE BEURRE ET L’ARGENT DU BEURRE…

Désolé pour le retard à l'allumage cette semaine, mais l'ordi vieillissant avait besoin d'un petit check'up.


Beurre Des-liasses-de-billets

Champions des dépenses sociales.

L’OCDE, Organisation de coopération et de développement économique, qui regroupe les pays les plus industrialisés, vient de  confirmer que la France, avec des dépenses sociales qui atteignent 32 % de la richesse nationale produite chaque année, est le pays dont le montant des prestations sociales est le plus élevé.  Simultanément, c’est la France qui subit la crise sociale la plus grave. Cherchez l’erreur ! Est-ce que cela ne veut pas dire tout simplement que notre système redistributif de prélèvement-répartition ne résout rien et nous conduit tranquillement à la faillite pour les raisons que j’indiquais dernièrement : il est doublement pénalisant en incitant à ne pas travailler d’un côté et à ne pas gagner trop de l’autre. N’arrive-t-il pas à la France  dont les niveaux de prélèvements font un d’elle un « état socialiste » qui ne dit pas son nom, le même sort que celui des démocraties populaires de naguère : la révolte d’un peuple en désespérance qui crève de l’absence de liberté, les uns condamnés à la pauvreté, les autres à végéter ou partir ailleurs ?

Fiscalité plus juste…

Alors, dans le grand débat national, les suggestions pour une fiscalité plus juste abondent. Dès le début de « l’insurrection », c’est le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) qui a été réclamé par certains gilets jaunes, soutenus à la fois par la gauche, l’extrême gauche et l’extrême droite. Une hausse généralisée des salaires a été également exigée, ainsi qu’une baisse ou une disparition de la CSG. Et maintenant voilà qu’est envisagée une baisse de la TVA. Tout cela est très contradictoire et suppose que l’Etat peut tout. Il suffit de jeter un coup d’œil sur cette liste des doléances pour savoir que son application conduirait immédiatement à la faillite. Les 3,5 milliards que rapporterait l’ISF se révèleraient vite très insuffisants pour compenser une baisse de la TVA (un point de réduction valant 2,6 milliards) et de la CSG (7,5 % sur tous les revenus), l’impôt social le  plus productif après la TVA. Cette lettre au Père Noël nous montre tout bonnement que les contestataires et  bien des responsables politiques sont nuls en économie. J’ai même entendu qu’il fallait plus de « Keynes » alors que c’est justement ce type de politique qui nous a menés là où on en est.

ISF et autres impôts.

On peut toujours gloser sur le montant des impôts et leur répartition. Effectivement, quand Michel Rocard a inventé la CSG à 1 % du revenu brut, il n’avait pas imaginé qu’un jour elle serait multipliée par huit, ce qui, effectivement, peut peser dans le budget des foyers les plus pauvres. En revanche il n’est pas normal que 52% des foyers français ne paient pas l’impôt sur le revenu. Cela donne un sentiment d’inéquité, l’IRPP servant de machine à redistribuer. On devrait donc envisager un meilleur équilibre entre ces deux sources de prélèvements. Quant à baisser la TVA, ce serait la pire des solutions.  J’ai expliqué maintes fois que c’est le contraire qu’il faudrait faire en y transférant tout ou partie des charges qui pèsent sur les entreprises, avec de multiples avantages pour notre économie. Le débat sur le paiement ou non de l’Impôt sur le Revenu est purement moral. Il n’a rien à voir avec le montant de la pression fiscale, c’est seulement un débat sur l’égalité républicaine devant l’impôt.

Protection sociale et pauvreté.

Le fond du problème, c’est qu’on a poussé dans notre pays le curseur de la « protection sociale » trop loin, entraînant tout un cortège de déresponsabilisation et de découragement. Tant que l’Etat ne réformera pas les aides qui plombent budget et entreprises, poussant à toujours plus de déficits et de dette, on ne s’en sortira pas.  Baisser les  dépenses, voilà le vrai sujet ! Mais au moins les gilets jaunes devraient-ils comprendre, ce qui ne semble pas être le cas, que les prestations sociales (APL, allocations familiales, prime à l’emploi, etc.) dont ils bénéficient n’existent que parce que tout le monde en France paie ses cotisations sociales. Ils devraient comprendre que, si l’Etat ne se livrait pas à ce prélèvement massif sur la richesse nationale, il ne pourrait pas lisser les inégalités entre les revenus, ce qui en fait le pays d’Europe où on trouve le moins de pauvres. Les demandes qui émergent, en définitive, c’est qu’on les libère de toute contribution et que l’on aille trouver l’argent ailleurs, chez les riches, c’est-à-dire chez tous ceux qui gagnent un peu plus qu’eux. Autrement dit aggraver un peu plus le mal. Bonne façon d’appauvrir tout le monde ! On est bien loin du « ras-le-bol » fiscal qui a déclenché le mouvement.

Etre riche en France.

Il va être urgent de définir ce que l’on désigne par « riche ». Non, on n’est pas riche quand on est un cadre supérieur à la retraite qui a une confortable pension complémentaire. Pas plus que le citoyen qui habite un appartement confortable qu’il a payé pendant trente ans. Enfin qu’on se le dise : le transfert par le fisc de sommes massives entre les foyers les plus riches vers les plus pauvres ne résoudront jamais le problème des inégalités. Pas plus que les réformes collectivistes de l’Union soviétique n’ont pas amélioré la production de son agriculture. Prendre de l’argent dans une poche pour le mettre dans une autre, beaucoup pour le  premier, des miettes pour le second, ne résout pas les problèmes de formation, de qualification, d’innovation, d’investissement,  de compétitivité… Ce qui crée de la richesse solide et distribuable, c’est la productivité, la qualité du produit, la capacité à concurrencer les meilleures usines étrangères. Ce n’est pas la recherche du dénominateur le plus bas. Nous sommes certes dans une société où, même socialisé, un revenu minimum reste insuffisant. Et, s’il faut empêcher les « riches » de frauder le fisc, de rechercher un enrichissement excessif, (regardons d’abord du côté de la « haute administration »), on ne peut pas accepter une théorie économique qui suggère de réduire drastiquement les prélèvements obligatoires et d’augmenter arbitrairement les revenus les plus bas. Ce sont deux propositions incompatibles.

Questions qui ne sont  pas  que subsidiaires : quand parle-t-on de créer de la richesse, et comment s’y prend-on ? Là réside la vraie solution pour augmenter le pouvoir d’achat !

On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre !

 


LES SOLUTIONS SONT A DROITE !

Tonneau des danaïdes

 

Le président parle des Français qui ne font pas assez d’efforts ! Il  n’a encore rien compris.  Pour en sortir il faudrait qu’il prenne conscience que nous avons produit un système doublement contre-productif. « A quoi bon faire des efforts »,  se dit celui qui vit benoîtement des aides sans avoir besoin de travailler. « A quoi bon faire davantage d’efforts » se dit celui qui sait que s’il augmente ses revenus en travaillant plus, le surplus lui sera pris en impôts. Dans les deux cas le système conduit à lever les  pouces. La  première priorité c’est d’en sortir. En réduisant les aides d’un côté,  ce que Laurent Wauquiez appelle l’assistanat, pour retrouver  le goût  ou la nécessité de travailler,  et de l’autre, en réformant le  système fiscal de telle façon qu’il ne soit  plus confiscatoire.

Et d’abord baisser les dépenses publiques.

Le  Président nous gratifie d’une lettre dont les 20 questions sont autant de choix prédéterminés qui contiennent en filigrane les réponses attendues par le pouvoir. Mais c’est pour mieux éviter le seul débat  qui vaille et ce par quoi il  aurait dû commencer son quinquennat : baisser les dépenses publiques. C’est la mère de toutes les batailles. Le reste n’est que bavardage. C’est en réduisant les déficits que l’on pourra ensuite baisser les impôts et  les taxes et surtout investir  pour réindustrialiser la France. Et c’est  possible !  La  dépense publique française dépasse de  9 points de PIB la moyenne de celle des 18 de la zone euro, de  12 points de PIB celle de l’Allemagne.  Sur les 56% du PIB que représentent nos dépenses publiques, le quart, soit 14 % sont consacrées aux retraites. Voilà un gisement d’économie phénoménal, non pas en trucidant  les retraités, mais en réformant sérieusement le système de financement. On ne réglera  pas le problème avec un régime à points qui n’est qu’un changement de mode de calcul. La  simplification à trois régimes, correspondants aux trois grandes catégories de travailleurs, et en mettant l’âge de départ à 64 ans avec un dispositif de décote-surcote pour introduire de la souplesse, et une durée de cotisations portée à 44 ans assortie d’amortisseurs pour tenir compte de la pénibilité, permettrait d’économiser 25 milliards par an. Le  second chantier est aussi simple : renoncer à la suppression de la taxe d’habitation  qui est un impôt juste parce qu’en lien avec un service local. Les  20 milliards que l’Etat s’est engagé à compenser aux collectivités locales ne sont pas financés ! Voilà déjà 45 milliards de trouvés pour réduire le déficit et accessoirement financer la réindustrialisation de la  France, tâche urgente, et la numérisation de l’économie et des territoires.

Mettre fin à la  vision technocratique.

Le Président et le gouvernement n’ont pas voulu considérer qu’il existe deux France, phénomène pourtant bien décrit par le géographe Christophe Guilluy : 25 millions d’habitants vivant dans les grandes villes, c’est-à-dire la France connectée, avec transports  en commun et emplois, 40 millions d’habitants, excusez du peu, vivant dans des villes moyennes ou petites, des zones rurales sans ou avec peu de transports en commun, sans ou avec peu de connectivité. Cette  France-là a des besoins différents, et la voiture y joue un rôle  accru dans le mode de vie. Miser la transformation environnementale sur une hausse du carburant, qui plus est, au moment d’un pic de prix du pétrole, relève d’un raisonnement de bureaucrate assis dans un bureau parisien. C’était explosif ! (sans jeu de mot). D’autant plus que tout le monde avait compris qu’en plus, l’argument de la transition énergétique n’était qu’un prétexte et un gros mensonge. Cette attitude a été considérée par les Français de ces territoires comme  une atteinte à la fois à leur portefeuille et à leur dignité. C’est  en associant les territoires et leurs élus aux décisions qu’on avancera, pas en les ignorant. Et surtout pas en pilotant de Paris à partir de Bercy !

Sortir du cercle vicieux de l’Etat-providence.

Ce n’est pas l’Etat qui produit la richesse. Mais il prétend la répartir par les taxes et les impôts.  Sauf que l’expérience montre que le système prélèvements-répartition se révèle incapable de générer une vraie croissance qui produirait de la richesse supplémentaire. Au contraire, ce fonctionnement nous appauvrit par la dette et le déficit du commerce extérieur. Nous sommes aujourd’hui dans la « révolution numérique » et de la « robotique ». Dans ces domaines, nous continuons de prendre du retard sur tous nos concurrents et partenaires faute d’un grand plan de réindustrialisation. Or, l’absence d’industries, c’est pas d’exportations, pas de R&D qui s’avèrent le nerf des économies en croissance. Pas besoin de « grand débat » pour observer l’erreur de stratégie : 1,5 milliard d’euros d’investissements dans l’intelligence artificielle sur le quinquennat, quand il faudrait  cent fois plus, et 50 milliards en cumulé sur le quinquennat pour supprimer cette décision imbécile de la taxe d’habitation. L’urgence est donc dans la réforme de l’Etat-providence, pour privilégier la réindustrialisation de la France, réorienter le dispositif pour favoriser le développement des entreprises et permettre un essor massif des investissements. Cela passe par  la diminution des aides sociales et une réforme de la fiscalité pour la rendre plus favorable aux classes moyennes qui sont le principal moteur économique et social. Ainsi on restaurera  les conditions d’une croissance réelle du pouvoir d’achat fondée sur la  croissance économique.

A droite, on a les idées et même des solutions qui peuvent redresser le pays si on les mettait en application. La preuve on les applique à la Région et ça marche...

 


GRIBOUILLE CAFOUILLE !

Archibald en colère

 

J’aimerais bien aborder des sujets plus souriants.

Mais rien à faire, le spectacle que nous offrent le gouvernement et le pitoyable Bruno Le Maire oblige à y revenir sans cesse : leur recherche effrénée de nouvelles ressources pour financer leur budget dispendieux et leurs promesses inconséquentes les poussent vers toujours plus de taxes et d’impôts, sans même penser à tout simplement chercher à baisser  les dépenses. Depuis la fin de l'été, ISF, taxe d’habitation, carburants, salaire minimum, référendum, sans oublier le prélèvement à la source et la limitation à 80 km/h, ça part dans tous les sens. Les ministres parlent, se reprennent, se contredisent entre eux ; les parlementaires y vont de leurs commentaires et suggestions, créant à la fois un halo d’incertitude et un sentiment de précipitation. La seule idée que ce serait encore les 20% des Français les plus aisés qui se verraient ponctionnés en revenant sur la suppression programmée de la taxe d’habitation me révulse et me fait bouillir. Car, tenez-vous bien, à partir d’environ 3 600 € de revenus par mois  vous en faites  partie.  A 4 000 € vous êtes riche ! Faut-il que notre pays soit tombé bien bas ! C’est le cœur des classes moyennes qu’on vise encore. Pas étonnant que nos cadres s’expatrient pour des cieux meilleurs. Rien n’est moins certain, me direz-vous, car ce qui est annoncé le matin à 8H est démenti à midi pour être repris le soir à 18H. Faute de partition, l’orchestre est désaccordé. La  vérité c’est qu’ils ne savent plus comment faire devant le désastre annoncé : un budget 2019 déjà obsolète, 10 à 15 milliards à trouver pour financer les mesures Macron, et probablement 10 de plus faute de croissance suffisante…

Insupportables, en plus !

Je ne sais pas si vous avez lu la tribune d’ « Horreur » Bergé, Stanislas Guérini et Amélie de Montchalin, publiée dans Les Echos lundi dernier, cosignée par les parlementaires LREM. « Retrouver les fondements de notre contrat social », qu’ils disent. Un minable plaidoyer qui veut rejeter la responsabilité de la situation de blocage d’aujourd’hui sur le système politique en place depuis 30 ans que la majorité nouvelle s’est soi-disant attelée à réformer, et d’énumérer : elle « lève un à un les blocages, supprime les rentes de situation, réhabilite le risque, renouvelle et améliore les protections et les solidarités… ». En fait, la majorité « et de gauche et de droite » n’a pas su se doter d’un corpus idéologique solide auquel les membres de LReM pourraient aujourd’hui se référer. L’idée de faire mieux avec du neuf que toute cette vieille politique qu’il fallait dégager n’a pas prouvé sa pertinence. La promesse d’efficacité continue à buter sur le manque de résultats tangibles sur le front du chômage et de la croissance économique. Et on croit rêver : ce sont les éléments de langages déjà mille fois entendus que les Français ne supportent plus car ils n’ont vu que des réformettes qui n’ont rien changé, une pratique politique qui n’a rien à envier à l’ancienne, des impôts et des taxes supplémentaires et la poursuite du ciblage de l’effort sur les classes moyennes dans une danse échevelée autour du totem de la justice fiscale rendant le système toujours plus inéquitable.  Et comme on affaiblit du même coup le consentement à l’impôt, on instaure  le prélèvement à la source qui s’en passe ! Alors inutile de se  plaindre  des « blocages des ronds-points qui affaiblissent nos entreprises », quand on n’a même pas l’humilité de reconnaître qu’on s’est fourvoyé dans une impasse. Avant les ronds-points, ce sont les lourdes charges que paient nos entreprises qui les  affaiblissent, pour lesquelles il a été fait si peu en allègement. Le « grand débat » y est présenté comme la solution à tous nos maux avec une vision de bisounours : après avoir méprisé tous les corps intermédiaires, à commencer par les collectivités locales, voilà que tout le monde doit se réunir dans « les territoires » pour « retrouver les fondements de notre contrat social ». Et tout y passe : le financement des services  publics, l’efficacité de l’Etat (chiche, on supprime l’ENA), la réduction de la dépense  publique (je me  marre), la transition écologique (dos large), la remise à plat de notre système fiscal pour plus de justice sociale (je crains le pire), et rémunérer justement le travail (il serait temps), et sur notre identité profonde (celle-là elle est forte quand on a évacué le thème de l’immigration).  Difficile de ne pas y voir une arnaque. Comment Madame Michu aurait-elle les solutions ? Ce bavardage fait l’impasse sur les sujets essentiels : l’immigration, la fiscalité, la  famille, l’entreprise, la  création de richesse, seule manière d’augmenter le pouvoir d’achat…

L’échec de la  politique redistributive.

C’est le choix de l’Etat-providence. On a perdu de vue le rôle  majeur de l’économie comme moteur de la richesse au profit de celui de l’Etat dont la priorité est l’égalisation des revenus et non leur production. Le résultat est simple, depuis de nombreuses  années, l’impôt et la dépense publique sont considérés comme la solution : on déshabille Pierre pour habiller  Paul par les transferts et la redistribution. C’est pourquoi notre pays est champion d’Europe des  prélèvements obligatoires. Le problème c’est que personne n’y trouve son compte. Le ras-le-bol fiscal est général, du smicard au contribuable de l’IFI. Et ça se comprend, car  il  n’y a que des perdants au grand jeu de la redistribution : les riches et les plus aisés qui paient trop et ceux qui reçoivent qui trouvent que ce n’est jamais assez, ce qui est inévitable. Pourtant, au regard des chiffres publiés  par l’Insee dans son rapport  2018, la  France est une société quasi socialiste à la redistribution massive et ciblée. D’ailleurs, c’est aussi l’un des pays où les inégalités sont les moins fortes. Si cette  politique marchait, il y a longtemps qu’on s’en serait aperçu. On ne fait que remplir le tonneau des Danaïdes, sans jamais résorber nos déficits ni la dette, ni résoudre le chômage. La meilleure illustration en est l’erreur d’Hollande qui en juillet 2012 a cru qu’il réglerait le problème de la dette en prélevant 40 milliards : il a bloqué l’économie pendant trois ans, accru la dette et attendu la baisse du chômage comme Sœur Anne.  Politique d’inspecteur des  finances qui ne connait rien à l’économie et aux entreprises, continuée par  Macron, lui aussi inspecteur des finances, avec 25 milliards prélevés sur les retraités sans plus de succès. Jamais on ne se préoccupe de la création de richesse (mot honni) sinon en créant de la croissance par l’augmentation artificielle du pouvoir d’achat, fruit de la redistribution.  La boucle  est bouclée.

C’est reparti !

Pour se sortir de l'impasse des « Gilets jaunes » qui réclament tout et n'importe quoi, le gouvernement va, une fois de plus, sacrifier la catégorie de la population qui fait l'erreur d'essayer de bosser. Et il est certain d’y parvenir puisqu’il va demander au 57% de Français exonérés s’ils sont d’accord pour que les 43% restants paient davantage. A votre avis, quelle sera la réponse ? Alors pour adapter le langage à la réalité, on ne dit plus « riches », on dit « aisés ». Nous voilà repartis dans une nouvelle spirale digne des plus belles heures de la présidence de Hollande...  Voilà que 73% des Français veulent le rétablissement de l'ISF, cet impôt imbécile, et pour tenter de les calmer, le gouvernement envisage de ne pas supprimer la taxe d'habitation pour les 20% des « ménages les plus aisés », et éventuellement d'alourdir la fiscalité déjà confiscatoire sur les successions.

Mais qui donc est aisé ?

Un célibataire qui gagne plus de 27 000 € par an, ou un couple avec un enfant qui gagne plus de 49 000 €. Hollande disait : « est riche celui qui gagne plus de 4 000 € par mois ». Pas de changement ! Si vous gagnez ça, vous faites partie des 20% des Français les plus aisés. Et vous faites aussi partie des 20% de Français les plus taxés (ou baisés, ou nikés…) : vous payez la très grande majorité de l'impôt sur le revenu, vous avez aussi subi la baisse des plafonds du quotient familial, l'augmentation de le cotisation vieillesse, et si vous êtes retraité celle de la CSG de 25%. Elles accélèreront le massacre des « aisés ». Les  vrais riches,  eux s’en foutent. Ils défiscalisent, optimisent ou campent en Belgique. Et accessoirement ont voté » Macron.

Bon, c’est promis, la  prochaine fois, je vous parle d’autre chose   : « Romanesque », de Laurant Deutch, l’histoire jubilatoire de la langue française.

 


QUE SERA 2019 ?

Orages

Pessimisme ambiant.

Si j’en crois les titres que je lis, l’année qui commence n’arrive pas avec les meilleurs auspices. « Année lourde d’incertitudes pour l’économie mondiale » titre  Le Figaro ; « L’économie mondiale enregistre un endettement record » surenchérissent les Echos ; Macron va être confronté  à « un retournement de conjoncture plus fort que prévu », nous prévient l’économiste Jean-Marc Daniel ; « Les entreprises doivent se préparer à  une année risquée »  analyse David Barroux… Et cerise sur le gâteau (enfin, façon de  parler), le livret A fait perdre de l’argent aux épargnants avec sa rémunération gelée à 0,75% jusqu’en 2020 alors que l’inflation est à 2% ! Du coup, on ne sait plus si on doit enfiler un gilet jaune ou pas, à cause de la récupération par les casseurs et les gauchos, prendre un stylo rouge comme les  profs pour demander qu’on arrête de maltraiter les retraités, adopter une toque verte pour signifier à nos mauvais écolos que de la  façon dont ils s’y prennent le combat est  perdu d’avance.

Entrons dans les faits.

Les nuages s’accumulent en effet sur l’économie mondiale, et par contre coup sur la croissance européenne. Les signes annonciateurs ont été observés dans les fluctuations des bourses et leur ralentissement, qui trouvent leur justification dans de nombreuses incertitudes. Celle du bras de fer commercial engagé par Trump avec la Chine vient en premier.  Sans compter que le FMI vient de révéler que la dette mondiale (publique et privée) a atteint 184 000 milliards de dollars … à la fin de 2017, soit 225%  du PIB de la planète. Et on peut se dire que la glissade a continué en 2018. Avec le resserrement des conditions financières dans de nombreux pays, les perspectives ne sont pas réjouissantes. A cela s’ajoute la perspective du Brexit qui risque de se faire dans les pires conditions, aggravée par la montée des populismes qui risquent de paralyser l’Europe après le mois de mai.  Toujours est-il que du FMI à l’OCDE, en passant par les grandes banques, tous les prévisionnistes, au fil des mois ont révisé leurs chiffres vers  le  bas. De  leur côté, les  « émergents » restent sur des fondations fragiles et cela ne s’améliorera pas en 2019.  Ils dépendent de l’épargne du reste du monde et la prudence plus marquée des investisseurs et la hausse des taux d’intérêts américains ne sont pas des éléments qui leur soient favorables. Beaucoup vont voir leur croissance ralentir. Quant à la France, les gilets jaunes font broyer du noir aux économistes.  On devrait assister à un gros coup de frein sur la fin de l’année, après  trois trimestres déjà faiblards.  L’élan est brisé et ça n’est pas la meilleure façon d’aborder  la nouvelle année. D’autant plus que les événements ont contribué à charger un peu plus la barque de nos dépenses publiques alors que les ressources stagnent. Et l’on a du mal à évaluer quel effet aura le prélèvement à la source sur la consommation des ménages. Inflation, chômage qui reste  élevé, croissance en berne : voilà un mauvais cocktail que Macron va devoir diriger. Et  nous avec !

La France file un mauvais coton.

Avec  les « Gilets Jaunes », nous sommes en présence d’une révolte contre la fiscalité doublée d’une crise de la démocratie représentative, l’une ayant d’ailleurs alimentée l’autre. A lire et à entendre toutes  les déclarations, on se demande bien comment le pays va pouvoir s’en sortir entre un pouvoir sourd qui ne veut rien entendre, des  révoltés  qui se radicalisent, des  oppositions démocratiques qui n’impriment pas et des extrêmes en embuscade.  Si ce que projette  Macron voit le jour, il n’y a rien à attendre de bon pour les classes moyennes en matière de fiscalité avec des idées tout droit sorties de Terra Nova ou de France Stratégie, ni en matière de démocratie  sinon un affaiblissement du pouvoir  législatif,  avec à la clé une emprise encore  plus grande de la technocratie.  La  vérité,  c’est  que nous sommes au bout d’un système,  celui de l’Etat-providence, qui se révèle incapable de produire de la richesse par la  croissance et qui est entré depuis plusieurs années déjà dans le cercle pervers du prélèvement aux uns pour redistribuer aux autres.  Pour en sortir, il faudrait prendre le chemin du libéralisme, de la concurrence et de la responsabilité… Un chemin bien malaisé par les  temps  qui courent. Et si l’Europe se retrouve paralysée et qu’elle ne peut plus nous protéger de nos démons en nous imposant des limites, qu’est-ce qu’on va devenir ? S’il est vrai que nous avons un million et demi de jeunes sans formation, stage ni emploi, alors  ne nous étonnons pas que la colère l’emporte contre ceux qui ont généré un tel bilan. Sauf que la tentation est grande de mettre tout le monde dans le même panier. Et  ça, ça peut conduire au pire.

« Les Républicains » depuis un an et demi ont porté tous les thèmes qui affleurent aujourd’hui dans les revendications, mais tout a été fait pour qu’ils ne soient pas entendus. Ils sont les premiers à défendre les retraités et à avoir dénoncé la hausse de la CSG, ils sont les premiers à avoir mis en avant la fracture territoriale et le prix excessif des carburants,  la  bêtise de la limitation à 80 km/h, ils sont les premiers défenseurs de la classe moyenne, celle qui paie tout et ne reçoit rien et ils sont les derniers défenseurs de la famille… Souhaitons que des retrouvailles aient lieu. Le moment est peut-être propice. L’espoir fait vivre ! Comme dit Guillaume Larrivé : « La France a commencé l’année 2019  en marche arrière ! » (admirez au passage  la subtilité du jeu de mot  qui aura échappé à Gilles Legendre). Faisons en sorte qu’avec « Les Républicains » elle passe en marche avant !

 


L’EURO A VINGT ANS !

Euro

1er  janvier 1999.

L’Euro est né officiellement le vendredi 1er janvier 1999. Les  Français commencèrent à jongler avec la  parité de 5,55957  Francs pour un euro, qui fit les beaux jours des calculs mentaux et des convertisseurs. De Paris à Berlin, d’Amsterdam à Madrid, il n’y avait  plus qu’une seule monnaie, avec un même taux d’intérêt,  celui fixé  par la  BCE (Banque Centrale Européenne). On se souvient aussi que les billets et les  pièces ne sont apparus que trois ans plus tard, en 2002, pour des raisons pratiques. Mais dès janvier 1999, toutes les opérations financières et commerciales ont été réalisées à l’international  sous  l’égide de la monnaie unique. Et tout le  monde fut ému à  l’affichage du premier cours euro-dollar à 1,1789.

Euro pièce Une histoire courte et déjà mouvementée.

Après une première décennie sous le signe de l’euphorie, conduisit à une insouciance quelque peu coupable, car le succès de la  monnaie fut immédiat. La séquence suivante fut moins enthousiasmante comme si la monnaie européenne vivait sa crise d’adolescence avec des parités euro-dollar en montagnes russes et une crise qui a bien failli le voir disparaître en faisant exploser l’Europe. Il a fallu une thérapie douloureuse pour le remettre sur les rails, bien que certains états peinent toujours à rester dans les clous des règles communes, comme la France. Mais la crise a été l’occasion de corriger ses faiblesses les plus criantes et de recadrer sa gouvernance : il a fallu modifier les règles de  Maastricht, ce que les gouvernements emmenés  par Nicolas Sarkozy, soutenus par la  BCE, réussirent à obtenir. Cela a  permis d’apporter une aide massive aux pays frappés par la crise financière et  incapables de financer leurs dettes, tels la  Grèce, l’Irlande, Chypre et le  Portugal. Les  règles du Pacte de stabilité, dénoncées sans effets heureusement par François Hollande, ont permis de renforcer la monnaie , rassurer les marchés, et d’imposer aux cigales la discipline budgétaire nécessaire à sa pérennité.

Vingt  ans  après.

Une génération plus tard, l’euro se porte  plutôt bien. 17 millions de Français n’ont pas connu le Franc : ils sont nés avec ou après la naissance de la monnaie commune. Personne n’a eu l’idée de célébrer  cet  anniversaire avec le faste qu’il  aurait mérité. Car quoi, qui peut nier que l’euro nous est désormais consubstantiel. Car  l’euro est bien le symbole de l’unité, de la souveraineté et de la stabilité pour  les 340 millions d’européens de l’« eurozone ». Elle est même plébiscitée par une forte  majorité de la population dont 64%  juge que « l’euro est une bonne chose pour leur pays » (59% en France). L’euro, qu’on le veuille  ou non rassure : en Italie, sa cote a fait un bond de dix points depuis que les partis antieuropéens sont arrivés au  pouvoir. En France, excepté quelques « azimutés », personne n’envisage de quitter  le giron de  la  monnaie commune. L’euro est devenu la  deuxième devise du monde, après le  dollar, en terme d’instrument de mesure, d’échange et de réserve. Et  il pourrait faire beaucoup  mieux.

Euro pièceDes  progrès sont encore nécessaires.

Avec l’euro, les pays qui l’ont adopté sont mieux armés. Pour éviter le  retour de crises comme celle de 2008, une surveillance systémique a été mise en place par la BCE, et un mécanisme de sauvetage a été créé, financé par les banques elles-mêmes, pour éviter  au maximum  le recours à l’argent public. Le vaste chantier de l’Union bancaire lancé en 2012, est presqu’arrivé à son terme. Il manque la dernière pierre, celle de la garantie européenne des dépôts qui pourra voir le jour dès que les dernières banques du sud de l’Europe auront terminé de nettoyer leurs bilans. Les 28 pays européens ont acté au mois de décembre dernier le principe d’un budget de la zone euro, dédié aux investissements dans les pays en retard de compétitivité : c’est une étape indispensable pour avancer  dans la cohésion économique et sociale de l’Union européenne. Même si des évolutions institutionnelles  apparaissent à beaucoup comme nécessaires. Car, à l’heure où le parapluie américain s’éloigne, la nécessité de muscler la stature de la  devise commune apparaît comme une évidence. L’action de Donald Trump  vis-à-vis de l’Iran en a été le révélateur. L’union européenne n’aura de véritable autonomie stratégique qu’avec une devise forte.

Un bilan positif, mais en demi-teinte.

Qui donnerait cher de la monnaie de la France, avec 2300 milliards de dettes et un déficit de 100 milliards ?  Nos partenaires sont un peu trop complaisants avec notre laxisme,  mais  l’euro nous protège, même si l’union monétaire reste encore une cote  mal taillée. Il  appartient dès lors  à nos dirigeants de faire les efforts qui  ont manqué dans la dernière décennie  pour faire davantage converger les économies, notamment dans les domaines de l’industrie, des revenus, du chômage, de la productivité et de la robotisation… Ainsi l’euro tiendra toutes ses promesses,  y compris à l’international où il n’est pas à la hauteur de ce que l’ensemble européen représente sur la  scène mondiale.

 


ECONOMIE : DIX VERITES QU’IL FAUDRAIT PRENDRE EN COMPTE !

Dix préjugés

 

Terminons l’année en beauté, avec une leçon d’économie donnée par Jacques de Larosière, histoire de donner de bons conseils à ceux qui auraient, un jour, l’idée géniale de vouloir redresser la situation de notre pauvre pays. Jacques de Larosière, ancien directeur du FMI à Washington, ex-gouverneur de la Banque de France, est aujourd’hui une exception, un homme hors Système qui parle vrai en matière économique. Le titre de son dernier ouvrage est tout un symbole : Les 10 préjugés qui nous mènent au désastre économique et financier.

Spéculation contre production.

Et  c’est en citant l’incontournable Georges Maynard Keynes (encore lui) qu’il commence son ouvrage : « Lorsque l’organisation des marchés financiers se développe, l’activité de spéculer l’emporte sur l’activité d’entreprendre. »  En bref : il dénonce la financiarisation extrême de l’économie mondiale actuelle et il est convaincu que la politique monétaire très laxiste menée par le président de la Fed, Alan Greenspan, de 1987 à 2006, a conduit à une surabondance de crédits et à la crise des « subprimes » de 2007-2008. Une bien belle vérité si l’on observe le fonctionnement de l’économie planétaire depuis qu’en 2008, la  crise des subprimes nous a explosée au nez.  Les capitaux n’allant pas à l’économie réelle, la compétitivité en souffre évidemment. En France, les  biens d’équipement continuent d’être pénalisés par des prix trop élevés et d’insuffisantes innovations. En ce qui concerne le rapport moyen qualité-prix nous restons dans la moitié inférieure du classement européen.

Le choix de l’endettement.

De même, il s’élève contre l’hyper-endettement des gouvernements, des entreprises et des particuliers et la folie de la politique d’assouplissement quantitatif des banques centrales créant des liquidités monétaires pour mettre fin au krach de 2008. La dette publique française a pratiquement doublé en 10 ans. Dans la même période, 700 000 emplois ont été créés dans les collectivités locales sans que l’augmentation de la population ou l’amélioration des services rendus ne les justifient. Ces dérives sont liées au laxisme financier global. Jacques de Larosière estime, également, que la politique des taux d’intérêt nuls ou négatifs est de la folie pure et simple. L’effet pervers de ces  politiques conduit à dérégler le système par la facilité qu’offrent le crédit et l’endettement alors que, par exemple, rien n’a été fait, en France, « pour allonger impérativement l’âge de départ en retraite ». Elles ont empêché les réformes structurelles du monde réel.

La course est engagée entre l’inflation et les taux d’intérêt.

Il est donc impératif de remonter les taux d’intérêt, suite à l’inflation qui devrait atteindre 3,5 % aux États-Unis, bien que Jay Powell, le président de la Fed, commence à fléchir, à douter quant au nombre de hausses de taux d’intérêt en 2019, qui pourraient être ramenées à deux au lieu de quatre. Seule a été confirmée, la majoration de 0,25 % du 19 décembre dernier, suite aux pressions de Trump et de Wall Street. Parallèlement, si on veut éviter la catastrophe, il faudrait assainir les finances publiques et réduire l’endettement. Un chemin que ni les Etats-Unis, ni la France n’ont décidé d’emprunter pour l’instant. Et pour cause : la Bank of America Merrill Lynch a déjà averti officiellement que la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis pourrait déclencher une nouvelle crise. Le renoncement à la hausse des taux d’intérêts,  qui ne peut être que provisoire, aura pour effet de prolonger la vie des « entreprises-zombies ». General Electric, par exemple, est présentement fragilisée par la hausse des taux d’intérêt. Ses ratios financiers se sont détériorés et sa capitalisation boursière est descendue en dessous de sa dette de 110 milliards de dollars.

Le système bancaire et la bourse.

Les banques ne sont pas en reste : elles maquillent leurs ratios financiers pour rassurer la galerie et mentent sur la réalité de leurs capitaux propres, ce qui permet aux médias d’affirmer qu’elles sont plus solides, en passant également sous silence le problème de l’hyper-endettement qui mènera à l’explosion. Des traders londoniens estiment que le système est redevenu très fragile  et n’hésitent pas à dater le prochain krach à mars ou avril 2019, au moment du Brexit et des élections européennes. D’autres paramètres sont inquiétants : l’indice du Dow Jones rapporté au prix de l’once d’or tourne autour de 20, ce qui est phénoménal et dépasse le niveau de 2008. L’indice Wilshire 5.000, qui compare la valeur boursière des actions américaines au PIB américain, est à 1,4, soit au même niveau très élevé qu’en 2000, et supérieur, même à 2007. Ce qui semble n’émouvoir personne ! Un système monétaire international n’est qu’une manière de coordonner les  politiques économiques des grands acteurs.  Mais les données politiques actuelles ne semblent guère compatibles avec cette conception de l’intérêt collectif, car toute coordination implique une certaine limitation de la souveraineté si on veut maximiser le « bien commun ».

Un krach, c’est comme la mort.

L’événement est certain, mais personne ne connaît l’heure fatidique. Dans l’attente, le Système et les médias passent leur temps à mentir et à rassurer. On voit venir la catastrophe mais comme  on ne sait pas comment arrêter le mécanisme, on ferme les yeux. C’est l’un des paradoxes les plus étranges de notre temps : « Abondance de savoir et pauvreté du savoir, on ne veut pas tirer les bonnes leçons », constate Jacques de Larosière.  Et il précise : « il  me semble que c’est une erreur d’attendre des économistes qu’ils prédisent avec précision les ruptures et les crises ».

Jacques de Larosière, les 10 préjugés qui nous mènent au désastre économique et financier.  Odile Jacob.


PIETRES ECONOMISTES !

économie pour les nuls

 

Mais comment se fait-il que les dirigeants politiques soient si nuls en économie ? Nous en France, on a une excuse : on a l’ENA ! Mais les Etats-Unis, tout de même, avec leurs  grandes universités, la  patrie de Georges Maynard Keynes … !

Données brutes.

Aux Etats-Unis, le déficit du commerce extérieur explose malgré la guerre commerciale engagée par Trump avec comme objectif de  « protéger » son  pays, et sa relance entraîne une surchauffe qui va précipiter le « retournement cyclique » de l’économie au lieu de l’avoir contré. En France, la dette avoisine les 100% du PIB et les récents événements conduisent à une aggravation des déficits et de l’endettement. Mêmes causes, mêmes effets. L’économie a ses règles et elle est têtue. Pourquoi sont-ils donc si mauvais ? Nos dirigeants occidentaux sont de piètres économistes qui ne connaissent même pas leurs fondamentaux. Et ce n’est pas la faute de Keynes, considéré par nos technocrates comme l’alpha et l’oméga de toute politique économie.

Trump et l’Etat-dealer.

Le Président américain mène les Etats-Unis comme on joue au poker. Il veut une « America great again ». Il  y a de fortes chances qu’il la laisse plus faible qu’il ne l’a trouvée.  Ses tweets rageurs, ses rodomontades, ses esbroufes ne trompent plus personne. La réalité c’est qu’en dehors du rapport de force, il ne connait  rien au fonctionnement de l’économie au-delà des réactions spasmodiques des  marchés et de la bourse qui le font enrager. Ses fausses négociations ne cherchent qu’à faire croire plus qu’à réellement aboutir. Mais la réalité le rattrape : ainsi sa volonté de doper l’économie américaine à coups de baisses massives d’impôts a eu pour effet de creuser massivement le déficit commercial américain à 55,5 milliards de dollars rien  que pour le mois d’octobre, par la  baisse conjuguée des exportations et l’augmentation des importations stimulées par une forte demande intérieure. C’est tout simplement un record !  Voilà ce qui arrive quand on est à la tête d’un pays qui n’est plus capable de produire suffisamment pour répondre à la demande et qui voit ses exportations contrariées par des mesures de rétorsion.  Pire, l’acier, pourtant taxé à 25%  depuis le mois de mars, continue d’entrer massivement pour alimenter les industriels en matière première, contribuant à l’inflation. Comme quoi il parait simple de favoriser les producteurs américains avec des analyses simplistes.  Les effets néfastes de cette politique, qui étaient prévisibles, ne s’effaceront pas avec un coup de colère. Contentons-nous de constater : sa mauvaise connaissance de Keynes l’a conduit à produire une double erreur. On ne relance pas une économie qui va déjà bien. Et on ne le fait pas sans avoir préalablement assaini les finances, sinon, on aggrave la situation. Trump ne récoltera donc que des fruits amers. Son entêtement dans son bras de fer avec les démocrates, en provoquant le « shutdown » prolongé de son administration,  est surréaliste mais inquiétant : il préfère la paralysie de son pays plutôt que composer. De même,  il n’a pas l’air de comprendre la volonté d’assainissement de la Fed quand elle remonte les taux d’intérêts. Les spasmes de la bourse viennent ajouter au tableau. On découvre qu'après neuf  ans de progression ininterrompue, la croissance peut ralentir. On découvre aussi que le monde a surmonté la crise de 2008 en créant artificiellement une masse incontrôlable de dettes. Ce dont Trump n’a cure.

Les énarques gestionnaires mal avisés.

L’américain Georges Meynard Keynes est la référence en matière d’économie pour nos énarques  et notre gauche démocrate-socialiste. Ils n’ont retenu de lui que « la  politique de stimulation de la demande »  pour maintenir l’activité  et favoriser la croissance. C’est en s’appuyant sur ce principe que depuis près de quarante ans, nous avons dans notre pays une progression continue des dépenses budgétaires, avec un Etat qui a grossi de 40% depuis les années 70,  qui a accru les prélèvements de 25%, passant à 57% du PIB, et comme c’était loin de suffire, la dette  a  grimpé pour atteindre 100% du PIB. Sans pour autant apporter une réponse satisfaisante en matière de croissance et d’emplois. Un peu trop court comme définition !  Car Keynes n’a jamais préconisé une hausse ininterrompue de la dépense publique et de l’endettement. Il exposait d’ailleurs qu’il fallait limiter le montant des prélèvements obligatoires à 25% du PIB parce qu’au-delà, l’excès d’impôts nuisait à l’activité !!!  De  même, nos technocrates se réfèrent encore au « maître » qui avait expliqué pour la crise de 1929 que « la restriction des crédits avait été une erreur aggravante ». D’où la politique des banquiers centraux qui ouvrent grand les vannes à chaque choc : abaissement des taux et rachat d’actifs par milliards.  Là encore, Keynes avait indiqué qu’en dessous d’un certain seuil -un taux d’intérêt minimal- une politique monétaire trop expansive joue contre elle-même. De fait, déficits budgétaires et relances monétaires excessives ont contribué à entraîner le monde dans une financiarisation extrême, détachant la finance de l’économie réelle et créant des bulles et des crises à répétition. Ce manque de culture et de lucidité, on en paie le prix aujourd’hui. On  pourrait y ajouter le manque de courage : l’argent facile a trop souvent permis aux politiques de « gagner du temps » et différer les  réformes structurelles telles que allègement de l’Etat, ajustement de l’éducation, adaptation à la concurrence… Et on continue, avec Macron, de marcher sur la tête. Le débat serait donc en France entre trop et pas assez de libéralisme  ? Avec une culture économique aussi pauvre, c'est évidemment un leurre.  D'ailleurs, les statistiques parlent d'elles-mêmes : nous avons l'Etat le plus socialisé de la planète. Vous constaterez, comme moi, que lorsqu'on parle d'augmenter le pouvoir d'achat, on ne parle  jamais en même temps d'augmenter la création de richesse qui le permettrait. 

 

 

 

 


LA BATAILLE DU POUVOIR D’ACHAT

Contribuable détroussé

 

Edouard Philippe en fait son leitmotiv.

Dom Quichotte contre les moulins… En cela, il relaie les imprécations de son Ministre des Finances, Bruno Le Maire et de son acolyte de l’Action et des Contes (sic) Publics. Alors,  voilà confiée une nouvelle fois à l’Etat  la tâche ingrate de distribuer ce que notre économie  n’a  pas permis, conformément aux décisions du Technocrate en chef, Macron-le-Généreux.  De la simple parole à l’exécution, il y a  tout un  monde technocratique. Rien n’est plus compliqué que de verser 100€ à un smicard quand ce n’est pas  le  patron qui débourse. Ces 100€ d'augmentation du SMIC vont donc passer par la prime d'activité. Et selon «  les Échos », même si le nombre des bénéficiaires de la prime d'activité (40% aujourd'hui) va augmenter, seulement 55% des Smicards vont toucher la prime. Forcément ça ne va pas  plaire... Les smicards dont les conjoints sont mieux rémunérés seront donc exclus !  Dans les mêmes « Echos », notre Premier Ministre détaille l’application des promesses. Les heures supplémentaires seront bien défiscalisées et exonérées de charges sociales mais elles seront plafonnées à 5 000€ (bah oui, tout ça c’est  à crédit)  pour éviter les effets d'aubaine. Et la mesure sur l'annulation de la CSG pour les retraités dont le revenu fiscal de référence ne dépasse pas 22580€ est bien confirmée. Tant pis pour les autres : il faut bien des poires. Ils tapent encore à côté du clou !

Le  casse-tête du trou à combler.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces dépenses n’étaient pas prévues, auxquelles il faut ajouter  le manque à gagner des taxes annulées. La France va encore se ridiculiser à Bruxelles. Et  les  Italiens se  marrent. Le déficit public, selon Édouard Philippe, sera de 3.2% en 2019... Avec une prévision de croissance maintenue à 1.7%.Ce qui est très optimiste et surtout on évite d’évoquer le trou que la croissance de cette année va laisser. Je maintiens qu’elle va plafonner à 1% ! Pour économiser, le gouvernement va donc décaler la baisse des impôts sur les sociétés de 33% à 31% pour les sociétés qui ont plus de 250 millions d'euros de CA. Il devrait y avoir aussi une taxe sur les GAFA en 2019, tant pis si on se prend une volée de mesures de rétorsion ... Mais  toujours pas de réformes structurelles pour réduire les dépenses publiques. Ils sont incorrigibles !  La vérité, c’est qu’un ministre de Bercy n’a aucun véritable levier pour garantir cette promesse de bonheur qu’est l’augmentation du pouvoir d’achat. Dans le schéma technocratique, avec nos économies ouvertes sur le vaste  monde, aux politiques monétaires et budgétaires contraintes,  le jeu s’avère toujours être à somme nulle : on prend aux uns pour donner aux autres en se servant des canaux de la fiscalité et de la  redistribution. Ce faisant, on constate que les gagnants sont toujours les mêmes, et les perdants existent forcément en face. Comme la richesse  produite est insuffisante pour financer ce  pouvoir d’achat factice,  fruit d’une décision politique et non d’un résultat obtenu, on a recours  à  l’endettement. C’est une solution très utilisée par nos gouvernements qui augmentent le pouvoir d’achat de leurs électeurs  en laissant à leurs successeurs le soin de régler la facture. Si je vous disais que la France a abusé de ce subterfuge, vous ne me croiriez  pas, avec une dette qui frôle les  100% du PIB. Prendre  aux entreprises  pour donner aux ménages ne vaut guère  mieux : on grignote les  marges, on réduit la  compétitivité, on  augmente le  nombre de chômeurs,  avec  en prime le déficit du commerce extérieur. Chez nous on combine les deux procédés avec le succès que l’on sait. Et Pénicaud s’étonne que le chômage ne baisse pas.

Il y avait pourtant un moyen bien plus simple.

L’Etat va décaisser 15 milliards (et pas 10) pour financer les décisions de Macron. Il suffisait de baisser les charges qui  pèsent sur les entreprises d’autant : il y a  gros  à parier qu’en six mois, avec  l’amélioration de  la croissance ainsi générée, l’économie nationale aurait été en mesure d’augmenter les salaires probablement dans les mêmes  proportions et de façon bien plus harmonieuse qu’avec cette mesure plaquée sur un cadre rigide (le smic) qui génère toutes de sortes d’effets  pervers, à commencer par  le tassement de  la hiérarchie des salaires, et augmente l’iniquité fiscale puisque les couches moins défavorisées  n’ont droit à rien. Evidemment, en même temps, il aurait fallu engager des réformes qui permettent de diminuer la dépense publique. Car il faut réunir trois conditions pour obtenir une vraie augmentation du pouvoir d’achat. D’abord, empêcher l’inflation : la BCE s’en charge et plutôt  bien. Ensuite,  assainir les finances publiques est un préalable à toute augmentation du pouvoir d’achat. Enfin, il faut de la croissance, que l’on obtient par l’expansion économique, c’est-à-dire par la compétitivité des entreprises. Ces trois conditions ont été réunies par le plan Pinay-Rueff de 1958 et valut à la France  un joli « redressement » et de belles années de prospérité avec augmentation annuelle du pouvoir d’achat qui frisa les 10%.

Comme le gouvernement s’entête sur le mauvais  chemin, on n’est donc pas au bout de la crise !

 


LA FRANCE EN SOUFFRANCE

Marianne pleure

Attentat mardi soir sur le marché de Noël de Strasbourg. Triste. Pas de commentaire.

La croissance a du plomb dans l’aile.

Un petit rayon de soleil dans cet océan de morosité : deux jours de suite que la bourse est dans le vert. Ce soir elle remonte sur les 4 900 points. Les espoirs d'un apaisement des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et les propos de Donald Trump sur un possible accord entre les deux pays alimentent cet optimisme. En Europe, l’Italie proposerait à l’Union européenne de ramener son objectif de déficit pour 2019 de 2,4% à 2% du PIB. Bel effort,  comme quoi les populistes peuvent devenir raisonnables. Chez nous ce sera plutôt l’inverse. La France avait déjà accumulé un retard de croissance par rapport aux autres grandes puissances économiques. Mais l’année dernière, on avait pu croire qu’elle renouait avec une activité plus conforme. Hélas, depuis le début 2018, elle se traine à nouveau et la crise des « gilets jaunes » va provoquer un ralentissement majeur dont nous n’avions vraiment pas besoin. Un ralentissement qui risque de toucher de plein fouet nos TPE et PME. En écoutant Bruno Le Maire, j’ai eu un vertige : il tablait encore hier sur 1,6% pour cette année,  avec un impact de 0,1% en moins quand la  Banque de France l’estime à -0,2%.  Je suis donc allé voir sur l'Insee les chiffres de la croissance 2018 : 0,2 au 1er trimestre, 0,2 au second, 0,4 au 3ème. Et maintenant on peut espérer 0,2 au 4ème selon la Banque de France. Soit 1% pour l’année ! Je voudrais qu'on m'explique comment Mr Le Maire et les médias peuvent annoncer au moins 1,5% ???? Mensonge ? Désinformation ? Il est vrai que 1% de croissance au lieu de 1,7 espéré, ça fait un sérieux trou de plus dans la caisse : quelques 15 milliards d‘euros voir plus. Les conséquences de ce ralentissement risquent d'être rudes pour l'emploi, et, évidemment, pour le déficit public. Des faillites de PME et TPE sont à prévoir, notamment dans les secteurs les plus touchés par la crise : le commerce, la grande distribution, l'hôtellerie, le tourisme et le transport. Et ce ralentissement va automatiquement limiter les marges de manœuvre du gouvernement en matière de relance du pouvoir d'achat. Cela n'empêche pas des irresponsables d'appeler à un "Acte V" samedi prochain et certains vont même jusqu’à inventer un complot avec l’attentat de Strasbourg. Proprement indigne !

Pas de quoi fermer le robinet.

Donc, malgré tout, Macron-Père Noël a ouvert les vannes : coup de pouce de 100€ pour le SMIC qui sortira directement des caisses de la Providence sans qu’il en coûte à l’employeur, en plus de la revalorisation prévue au 1er janvier, les heures supplémentaires complètement défiscalisées, possibilité d’une prime du patron sans charges ni impôts, la hausse des taxes sur les carburants annulée évidemment, ainsi que la hausse de la csg pour les retraites en-dessous de 2 000€. Les évaluations de la dépense faites par Bercy tournent autour de 10 milliards d’euros. Un montant sous-estimé probablement pour ne pas  affoler Bruxelles. On serait plus près de 14 ou 15 milliards en réalité si l’on en croit la calculette d’Agnès Verdier-Molinié, généralement plus fiable. Pour satisfaire les gilets jaunes cela devrait suffire, même si les  premières réactions sont grognonnes.  Mais, que voulez-vous, certains ont pris le goût du pouvoir par la rue et le goût de l'hyper médiatisation des chaînes continues.

Comme d’habitude, on a donc tout fait à l'envers.

Normalement, il aurait fallu d'abord faire des réductions des dépenses publiques avec des réformes structurelles profondes comme l’avait réalisé l'Agenda 2010 de Schröder en Allemagne. Puis on aurait utilisé ensuite les surplus dégagés pour améliorer le pouvoir d'achat en baissant substantiellement les impôts. Chez nous, on fait le contraire. Il resterait à espérer que le gouvernement a prévu d'accélérer la mise en place des réformes indispensables et la réduction des dépenses publiques mais c'est peu probable car il n'a plus aucune marge de manœuvre, d’autant plus que maintenant « l'état de grâce » de Macron est bel et bien terminé. Curiosité : l’année 2019 commence avec un trou financé par la dette et va se poursuivre avec un autre trou, celui généré par le point de croissance qui manque. Le Maire qui annonce des baisses d’impôts va devoir se  transformer en Mandrake.

Voilà où conduisent l’hypercentralisation doublée du mépris des classes moyennes et le déni. La révolte n’a compté finalement que quelques dizaines de milliers de personnes et elle n'aurait pas eu autant de retentissement sans... les casseurs. C’est bien dommage d’avoir été obligé d’en passer par là pour être (un peu) entendu. Un effort a été fait, mais la plus grande partie des classes moyennes est encore tenue à l’écart.

 

 


LE PERE NOËL EST PASSE

Noel

Ou plutôt Saint-Nicolas…

A quelques jours près, la coïncidence aurait été amusante  puisque Saint-Nicolas passe le 6 décembre. La seule personne qui peut aujourd'hui sortir la France de la crise ressemble fortement à celui qui vient apporter les cadeaux. Il est descendu ce soir du haut de son trône élyséen avec une bonne quinzaine de milliards à distribuer. Il ne manquait que la voix doucereuse de Tino Rossi en fond sonore. La  magie de Noël va-t-elle opérer ? Ce soir on a  donc appris ce que le Président, prophète de l’Etat providence, (donc ceux qui paient l’impôt), a offert comme cadeaux au-delà de la suppression de la taxe sur les carburants pour 2019 déjà obtenue. Une jolie liste, en vérité,  bien technocratique à souhait : une prime de 100€ à chaque smicard qui ne coûtera rien à l’employeur, en plus de la revalorisation du smic déjà programmée, la fin de la hausse de la CSG pour les petites retraites de moins de 2 000€ (encore  pas pour nous), les heures supplémentaires seront défiscalisées et sans charges, les employeurs qui le peuvent  devront verser une prime de fin d’année, elle aussi sans impôts ni charges. « Elle est pas belle la vie ? » 

Et qui c’est qui va payer tout ça ?

Voilà des mesures qui  sont de nature à aider les fins de mois. Pas pour tous, évidemment. C’est mieux que rien, mais le  Père Noël est encore dans son  schéma techno  et sa vision comptable. Si le but était de baisser les impôts et les charges pour la « classe moyenne », la cible n’est que partiellement atteinte, à cause d’un  problème qu’il  ne prend toujours pas en compte : seulement 45% des Français paient l'impôt sur le revenu !  Et  pour ceux-là il faudra continuer de payer, et probablement un peu plus  encore. Faudra bien trouver les 15 milliards que coûte le contenu de sa hotte. Encore heureux, il n’a pas touché à l’ISF ni à la flat tax. Ouf ! Mais on évoque déjà un relèvement des tranches supérieures de  l'impôt sur le revenu... Ce sont surtout les entreprises qui vont être visées avec un report ou une suppression de la prochaine baisse des taux d'IS. Avec des recettes fiscales de 48,4 % du PIB en 2017, la France est la championne d'Europe des prélèvements : une hausse de 0,7 point en 2017. Dans l’affaire, Macron a totalement oublié la compétitivité, c'est vrai que ce n'est pas très grave,  au point où  on en est. Ce problème n’est pas dans l’urgence économique et sociale.

Révolution à la petite semaine.

La situation est asses surréaliste et plutôt étrange. La semaine, tout est calme,  ou presque. Et la révolte se déroule juste un jour par semaine : le samedi. Ce  jour-là, les casseurs entourés de gilets jaunes entraînés par le mouvement, et la police se donnent rendez-vous. De préférence à Paris. Et chaque semaine, chaque camp se déplace pour gagner la bataille du jour. Avouez que c'est assez unique. Mais l'impact du mouvement et les manifestations violentes auxquelles il donne lieu, est une catastrophe pour l'économie française. Directement, avec l'effondrement en décembre de la grande distribution, du commerce mais aussi de l'hôtellerie et du tourisme ;  beaucoup d’enseignes réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires annuel et risquent de se trouver en mauvaise posture une fois passées les fêtes. Indirectement, avec la détérioration spectaculaire de l'image de la France auprès des investisseurs étrangers. Notre balance des paiements, déjà mal en point, ne dira  pas merci. Avec le temps, le discours protestataire s’est radicalisé, et les extrêmes des deux bords  s’emploient à souffler sur les braises. Mélenchon y prend même son pied. Ce type devrait faire vraiment peur tellement il fait penser à Robespierre. Qu’en sera-t-il samedi prochain. Tout le monde attend évidemment... « samedi », puisque c'est la révolution du samedi. Pas sûr que les mesures annoncées ce soir soient suffisantes pour calmer complètement le jeu. Il faudrait l’espérer, même si le message des Français qui bossent et qui en ont ras-le-bol d'être matraqués par les impôts n’a pas vraiment été entendu. Pour l’instant Bruno Le Maire promet une baisse des prélèvements à la fin du quinquennat...d'1%, ça fait rêver, non ? Un objectif qui paraît dérisoire, alors qu'on est huit points au-dessus de la moyenne de la zone euro. Enfin on peut miser sur le retour au calme pour le samedi suivant.  En effet, les manifestants ne pourront sûrement pas venir car c'est le début des vacances scolaires... Faut pas exagérer non plus.

Quant à la croissance,  elle est définitivement en berne pour 2018. Après les deux premiers trimestres à 0,2, seul le troisième a rempli le  contrat avec 0,4. Pour le dernier,  la  Banque de France vient de diviser par deux sa prévision de 0,4. On est loin, très loin des 1,5%  envisagés par Bercy ! Voilà des marges encore réduites pour le gouvernement. Heureusement, il y a la dette… On n’est plus à quelques milliards près.

 


CE GAUCHISME QUI TUE LA FRANCE

Révolution russe

 

Et  voilà, l’ISF de nouveau sur la sellette.

Rien que d’en parler, c’est comme si on avait rétabli cet impôt imbécile qui n’existe nulle part en Europe et même dans l’OCDE. Car, pour les investisseurs, la crainte de  l’instabilité fiscale est aussi nuisible que sa réalité. Evidemment, non seulement il  ne faut pas le rétablir, mais il faudrait aussi supprimer l’IFI. Ou alors ne nous  plaignons pas que les milliards fuient la France, nous condamnant un peu plus chaque jour à partager… la  pauvreté ! Il y a des totems qui ont la vie dure.

« Le problème vient de loin. »

C’est la phrase  en vogue à « En Marche » en ce moment, tentative naïve de faire  porter  le chapeau à l’ancien  monde. Dommage tout de même que le « nouveau » ne fonctionne pas.  Oui, le  problème vient de loin et il porte  un nom : le socialisme. Le problème de la France vient de ce qu’elle a emprunté le chemin inverse de  tous ses concurrents. Elle est  devenue de plus en plus socialiste alors  que ceux avec qui elle échange l’étaient de moins en moins. Position qui fait de notre pays le champion du monde de la taxation et des prélèvements publics avec la croissance la plus anémique.  Et par son niveau de redistribution et le nombre des dispositifs « sous conditions de ressource », il est pratiquement le seul pays socialiste de la planète ayant atteint ce niveau d’étatisation. Le mal était endémique jusqu’à la prise de pouvoir de Mitterrand. Il s’est aggravé avec des décisions majeures non financées comme la retraite à 60 ans,  avec les nationalisations et autres inepties collectivistes. Il a empiré sous Jospin et Hollande. Les gouvernements de droite n’ont été que des intermèdes qui n’ont guère permis de toucher au système. On a donc continué de financer par   toujours plus de dette et le cercle vicieux que l’on connaît pour les impôts et les taxes.

Le paradoxe de l’Etat-providence.

Les  Français semblent réclamer toujours plus de  services et d’allocations à l’Etat et hurler dès qu’il faut les financer.  Ce n’est qu’une apparence.  Le système en place  est tellement pervers, qu’un peu plus de la moitié des Français est sous assistance pendant que l’autre petite moitié est celle qui finance, généralement sans profiter des aubaines. Le point de repère c’est le  « pouvoir d’achat » que l’on finance par  la « redistribution » parce que nos entreprises aux semelles de plomb ne créent pas  suffisamment de richesse. On prend aux uns pour donner aux autres. Ailleurs dans le  monde, et dans la majorité des pays européens, les citoyens ont compris que le pouvoir d’achat n’est pas une « denrée » qu’on peut augmenter d’un coup de baguette magique, comme s’apprête à le faire Edouard Philippe qui va nous sortir de la hotte du Père Noël une prime de 1 000 €, mais qu’il faut d’abord produire la richesse. Ce raisonnement de base échappe à  nos compatriotes habitués à  être exonérés d’impôts sur le revenu et en même temps de taxe d’habitation, tout en « touchant » toutes sortes d’aides. Pour eux, il n’y a pas de lien évident avec le travail. Par contre, ceux-là sont sensibles à tous les revenus élevés et trouvent normal que les « riches » paient. Pour les satisfaire,  notre système de prélèvement est donc devenu confiscatoire. Pour autant, les services publics n’en sont pas forcément plus performants. Du fait des intérêts de la dette qui pèsent sur le budget, ce serait même le contraire. Dans cet esprit, et en bonne logique, certains profitent de la crise actuelle  pour demander le rétablissement de l’ISF. Cet impôt rapportait quelque 7 milliards d’euros par an : une goutte d’eau. Mais symbolique, parait-il.  Tellement symbolique qu’il a fait fuir les familles riches et a engendré un manque à gagner fiscal de plus de 30 milliards en impôts classiques que ces familles auraient payé en France. Or l’impôt est fait pour financer les dépenses de l’Etat, il n’est pas fait pour punir le riche !

Egalitarisme mortifère.

Le  cri de colère des « gilets jaunes » est en train d’être détourné. Ceux qu’on a d’abord vu manifester,  ce sont ces Français des classes moyennes, habitant la France dite périphérique,  souvent les lotissements pavillonnaires des premières et deuxièmes couronnes des grandes villes, ou plus prosaïquement à la campagne, comme on dit. On travaille à deux avec les salaires d’aujourd’hui : il ne reste pas  grand-chose une fois qu’on a tout payé. Deux voitures sont souvent obligatoires pour aller et venir, alors le prix du carburant, ça compte. La décision de lui faire porter  le « chapeau » de la transition écologique a été la goutte d’eau de trop.  Ce qui s’exprimait clairement, c’était le ras-le-bol fiscal auquel s’ajoutait un ressenti négatif, celui d’être  méprisé. Comme le dit François-Xavier Bellamy : « Les Gilets jaunes sont des personnes à qui l'on dit qu'il faut changer sinon ils resteront des ploucs, des ringards, qu'ils fument des clopes et qui roulent au diesel. On leur demande de changer mais ils sont dans l'incapacité de changer car on ne leur offre aucune alternative. Et en plus, on les méprise, on les insulte en disant qu'ils ne changent pas assez vite ». Rien  à voir avec ce que le mouvement tend à devenir, où les revendications mille fois entendues et irresponsables prennent le dessus avec le discours égalitariste bien connu, entretenu par les Mélenchon de service. La surenchère gauchiste est un classique du genre : ses militants n’ont pas leur pareil pour infiltrer et imposer leur discours démagogique. Elle s’accompagne toujours de la violence,  dans la bonne vieille tradition révolutionnaire. La preuve, les mêmes réseaux tentent d’enflammer les lycéens pour ajouter aux désordres. Ces revendications conduiront à encore plus d’impôts et de dette, puisqu’on ne mettra pas nos entreprises en situation de produire la richesse supplémentaire que l’on pourrait  partager. Les Gilets jaunes ne revendiquent pas l'émancipation de l'individu, la mobilité, mais de rester là où ils sont, ce qu'ils sont et que leur monde reste vivable et humain. S’ils n’y prennent garde, les vrais « gilets jaunes »  pourraient se retrouver « gros Jean» comme on dit à la campagne.

Et la croissance ?

Avec cet épisode et ce qu’il va être obligé de lâcher, le gouvernement peut définitivement dire adieu à son objectif de croissance pour 2018, qui était déjà bien entamé. Un malheur n’arrivant jamais seul, le pétrole repart à la hausse après la réunion de l’Opep, et les bourses continuent de plonger, malgré  le léger rebond de Paris hier. L’arrestation de la patronne de Huawei a même provoqué un début de panique boursière à Wall street jeudi. Bref, l’horizon se bouche.

 


CETTE CRISE QUI VIENT : LES SIGNES AVANT-COUREURS SE PRECISENT

Baisse de l'euro

 

Bien évidemment je n’oublie pas la crise que nous vivons avec l’épisode « gilets jaunes » et la séquence parisienne de samedi prochain qui va certainement décider de  la suite, selon qu’elle sera « maîtrisée » ou pas. Cela ne doit pas nous empêcher de regarder ce  que le vaste monde nous prépare.  Là aussi, il semble que l’orage monte. Après le « krach rampant » qui a repris après un léger rebond,  voici les inversions de courbes des taux aux Etats-Unis. Si elles se confirment, elles annoncent une récession.  Explications.

Le contexte.

En ce moment le grand jeu chez les prévisionnistes est d'anticiper deux événements majeurs : un krach boursier aux États-Unis dont certains affirment qu'il aura lieu en juin 2019, d'autres fin 2019 ou mi-2020, sans plus d'explications... et une récession aux États-Unis que beaucoup s'accordent à voir à la mi-2020. L'euphorie qui a suivi l'annonce d'une trêve entre la Chine et les États-Unis a fait long feu. Le président américain Donald Trump a envoyé une salve de tweets peu accommodants. Il est prêt à prolonger la trêve, mais il reviendra à la politique de hausse des droits de douane si un « véritable accord » avec la Chine se révélait impossible. C'est normal et c’était prévisible : le différend entre les États-Unis et la Chine va bien au-delà du seul problème du déficit commercial

Les  marchés financiers réagissent.

Sur fond de  trêve fragile dans la guerre commerciale qui oppose Pékin à Washington, mardi, les principaux indices américains, le Dow Jones et le Nasdaq, ont reculé de près de 3 %. Et mercredi, dans le sillage de Wall Street, les places européennes ont entamé une nette baisse qui s’est   prolongée encore aujourd’hui à Paris où le CAC 40 cède encore 3,30 % : les marchés ont pris conscience que la trêve n'est rien d'autre qu'un apaisement de façade à ce stade. Pas de répit donc sur les marchés financiers.

La vraie raison de la baisse est ailleurs...

Ce qui a vraiment inquiété les marchés aux États-Unis, c'est la courbe des taux d'intérêt des emprunts d’état américains en fonction de leur durée. Les taux courts sont déterminés par la Banque centrale américaine, la FED, alors que les taux longs sont établis par le marché, en fonction de l'offre et de la demande. Normalement, les taux longs sont supérieurs aux taux courts. C'est logique : vous voulez recevoir plus de rémunération si vous prêtez votre argent à l’État américain plus longtemps. Mais lundi dernier  la courbe des taux s'est « inversée ». Les taux longs sont passés en dessous des taux courts. Cela veut dire que les marchés anticipent une baisse des taux à moyen terme, autrement dit un ralentissement de l'économie américaine, voire une récession. De quoi créer la panique sur les marchés.

Les banques ont enregistré de forts reculs.

C’est en lien avec les marchés. Les  banques sont exposées,  forcément. JPMorgan a cédé 4,46 %, Goldman Sachs 3,82 % et Bank of America 5,43 %. On observe un aplatissement de la courbe des taux : la différence entre les taux courts et les taux est de plus en plus mince. Sans entrer dans le détail et pour faire court, mardi, la courbe entre le 3 et le 5 ans s'est inversée, nourrissant l'inquiétude des investisseurs. Heureusement, il  faut encore relativiser, le meilleur indicateur d'un retournement imminent est la courbe entre le 10 ans et le 3 mois. Si l'écart se réduit de plus en plus, il reste encore 50 points de base. Pour  l’instant !

L’excitation post cessez le feu « Chine/Etats-Unis » est retombée. Comme il fallait s’y attendre, on revient aux vrais sujets : le ralentissement de l’économie Européenne et le ralentissement annoncé de l’économie US en 2019/2020, et bien sûr aussi le ralentissement de l’économie Chinoise. Maintenant la question sur les marchés n'est plus de savoir s'il y aura une récession aux États-Unis ou une crise sur les marchés, mais de savoir quand elle aura lieu. Et les investisseurs ont décidé, brusquement, de l'anticiper. En toute logique, la baisse des indices boursiers continue donc.

 


GILETS JAUNES ET IMPOSTURE VERTE

Bagarre_village_gaulois

 

Une révolte est toujours désastreuse.

Rappelons-nous le désastre des portiques autoroutiers avec les « bonnets rouges ». Voici maintenant la révolte des « gilets jaunes » déclenchée par le prix des carburants. Tout ça parce que nos gouvernants ne conçoivent l’écologie qu’à travers des taxes vertes. Le malheur c’est qu’elles viennent s’ajouter à un niveau de prélèvement très élevé qui justifie le « ras-le-bol ». Après, il faut faire la part des choses : le spectacle des violences auxquelles on assiste de week-end en week-end n’est pas le fait des « gilets jaunes » mais de groupes de casseurs qu’on appellera comme on voudra. Ils ne m’étonnent pas vraiment : quand un Etat recule devant quelques dizaines de zadistes comme   à Notre-Dame des Landes, le  signal qui est envoyé ne peut que déboucher sur de tels débordements. Les dégâts  causés sont inexcusables et les auteurs  méritent d’être recherchés et  poursuivis. On peut penser, comme l’affirme Luc Ferry, que le gouvernement a les moyens d’empêcher ces désordres, surtout quand ils touchent des lieux très symboliques comme l’Arc de Triomphe. On peut alors légitimement se demander ce que recherche l’exécutif. On hésite entre incompétence et machiavélisme. Cela n’empêche pas que la colère des gens ordinaires qui manifestent, ou pas d’ailleurs, est profonde. Les taux d’adhésion aux revendications contre les taxes font état de soutiens énormes, dépassant 80%, dans les sondages. Du jamais vu.

Un Etat escroc.

Les Français en « gilets jaunes » ne sont pas contre la transition écologique. Mais ils ont compris que la hausse des taxes « vertes » ne la finance pas. C’est un prétexte. Ils voient bien qu’il s’agit avant tout de mesures de rendement pour remplir les caisses du Trésor public. Ainsi, entre 2018 et 2019, le produit de la TICPE a augmenté de 3,9 milliards d’euros. La quasi-totalité est allée nourrir le budget général  et seuls 80 millions seront reversés sur le compte « dédié » spécial « transition énergétique ». La vérité c’est que le gouvernement se livre à un jeu de bonneteau : la suppression de la taxe d’habitation  pour 2018 aura en effet coûté 3,8 milliards. Le parallèle est facile à faire. Et la projection à l’horizon 2020 est identique : les hausses prévues des taxes (19 milliards) sont appelées à couvrir les 18 milliards de coût de la suppression totale de la taxe d’habitation que l’Etat s’est engagé à compenser aux collectivités à l’euro près. L’erreur de Bercy a été de vouloir combler les pertes de recettes générées par ses réformes de baisses d’impôts  comme l’ISF  ou de cotisations sociales, par une augmentation de la fiscalité verte et de la CSG. C’est clairement une « escroquerie ». Le choix de la facilité alors qu’il aurait fallu plutôt engager une baisse sérieuse des dépenses publiques. Et les Français doivent avoir clairement dans l’esprit que c’est un tsunami qui va leur tomber dessus : selon les prévisions actuelles des finances publiques pour 2022, le  produit de la fiscalité énergétique passerait de 50 à 67 milliards. Un « Everest fiscal », selon l’expression d’Agnès Verdier-Molinié, qui ferait passer la fiscalité verte à 2,53% du PIB, une des plus élevée du monde alors que notre pays est plutôt un bon élève avec moins de 1% d’émission de CO2. Pourquoi être les « premiers de la classe » alors que nous avons déjà une fiscalité confiscatoire. Tous les Français se retrouvent dans le sentiment d’un matraquage fiscal. Car les 1 038 milliards de prélèvements  que nous observons aujourd’hui sont appelés à devenir 1188 milliards en 2022 si le même cap est maintenu.

Une autre fiscalité écologique est possible.

Pour être acceptée, une fiscalité verte doit être équitable, neutre et claire. L’équité consisterait à imposer de la même façon toute atteinte identique à l’environnement, quelles qu’en soient les causes. Si on se réfère au prix de la tonne de gaz à effet de serre émise à 44,60 €, en comparaison l’essence devrait supporter 11 centimes/l ce qui est nettement moins que ce qui est perçu aujourd’hui ! Cela supposerait donc que l’Etat se focalise sur d’autres produits que le carburant qui porte déjà plus que sa part.  D’autre part, la fiscalité écologique doit être neutre à la fois pour les agents économiques et pour les finances publiques. Cela veut dire que chaque euro perçu doit être compensé par un euro rendu. Tout autre façon d’agir ne peut qu’alourdir la pression fiscale, réduire la compétitivité, baisser le pouvoir d’achat. Enfin, l’effort  consenti doit être clair : les fonds perçus pour la transition écologique doivent vraiment abonder un compte dédié à comptabilité séparée et régulièrement audité pour être public. On pourrait ainsi, à taxation constante, modifier progressivement l’assiette de l’impôt, en taxant la pollution plutôt que le travail ou le capital… Une voie vertueuse que le gouvernement pourrait emprunter s’il était honnête.

Si la hausse des carburants a déclenché ce vent de colère, c’est parce qu’elle ne répond à aucun des trois critères précédemment énoncés. Elle n’est pas équitable, car elle ne touche pas les autres produits émetteurs de gaz à effet de serre, elle n’est pas neutre car elle aboutit à une hausse de la pression fiscale non compensée, et elle n’est pas claire parce qu’elle est absorbée dans l’insondable et obscur budget de l’Etat.  Un déclencheur, car c’est la goutte qui fait déborder le vase ! Comme  on le  voit, si le gouvernement et  Macron veulent sortir de  la crise, le chemin n’est pas bien compliqué. Il suffit d'arrêter de mentir.  D’être vertueux !

 

 


DES IDEES POUR REDRESSER LA FRANCE

Chantier

 

La question n'est plus de savoir s'il faut réformer la France. Mais comment la réformer.

Macron a lancé un train de réformes et certains considèrent que c'est déjà un exploit après des années d'immobilisme. On sait pourtant que c’est largement insuffisant, et qu’aucune des transformations engagées n’est allée assez loin, comme le démontre Agnès Verdier-Molinié dans son dernier livre. Et on sent à la grogne qui a gagné le pays, qu'il aurait fallut faire plus, plus vite et différemment. Facile à dire...? C’est sûr. Mais d'autres pays l’ont bien fait !

Une évidence.

Primo, il faut baisser les prélèvements obligatoires. Le plus vite  sera le mieux. Le  ras-le-bol fiscal qui éclate au grand jour avec les « gilets jaunes » vient de  loin. Un reflux avait été engagé par Sarkozy mais la crise de 2008 est venue tout enrayer.  Il a subi un coup d’accélérateur avec  le coup de massue fiscal de Hollande et Macron a  poursuivi peu ou prou la même politique portant les prélèvements à un niveau jamais atteint. Maintenant il faut faire vite, car ils sont asphyxiants. Mais pour les baisser, il faut réduire les dépenses de l’État. Et pour réduire les dépenses de l’État, il faut réformer…  mais vraiment réformer !

Par quoi commencer ?

Sans conteste, par une réforme des prestations sociales et une réforme du financement des retraites. Pour cette dernière, en évitant le détour, si possible, par  une usine à gaz fumeuse pour endormir tout le monde,  comme le système  à   points. L'âge du départ à la retraite doit être repoussé en s’appuyant sur  le constat que l'allongement de la durée de vie ne laisse  pas le choix, la retraite par capitalisation venant compléter la retraite par répartition.  Autre impératif : la baisse des prestations sociales dont notre  pays est le champion du  monde. Simplification,  suppression des doublons, contrôle strict des prestations versées : on peut le faire. En conséquence, les impôts pourront baisser.

L’économie ensuite.

Il faut rendre le  marché du travail beaucoup plus flexible. Ce qui a été entrepris s’est arrêté au milieu du gué et est resté beaucoup trop timide. Il faut aussi des contraintes plus strictes d'acceptation d’emploi par les chômeurs, avec la création de mini-emplois, qui, comme on l’a observé ailleurs, deviennent avec le temps des vrais jobs à plein temps.  Naturellement, il faut accompagner d’un versement d'allocation chômage très strict, assorti d’une professionnalisation et d’une amélioration sensible des agences pour l'emploi. Dans le même temps, les entreprises  doivent pouvoir accompagner le  mouvement  par leur capacité accrue de développement. Le chemin passe inévitablement par un basculement sur la TVA de la plus grande partie des charges qui pèsent sur elles. Trois points de  plus sur la TVA à 20% devraient suffire. C’est la solution la plus juste, parce que tout le monde la paie, la plus rapide et la plus efficace économiquement parlant. On ramènera ainsi leur compétitivité  à la moyenne européenne : elles pourront reconquérir des parts de marché et atténuer ainsi le déficit de notre balance commerciale. Un cercle vertueux peut se mettre en place qui conduit à la croissance grâce à la hausse des investissements et des salaires.

C’est possible.

Oui, on peut le faire ! La  preuve : jugeons-en par les résultats économiques de l'Allemagne aujourd'hui ! Plein-emploi, excédent budgétaire, excédent commercial, dette en baisse, hausse des salaires et du pouvoir d'achat, l'Allemagne « a fait le job »  et a  commencé avec Gerhard Schröder le 14 mars 2003 avec son « Agenda 2010 ».  C’est le chemin qu’elle a emprunté et  elle s'est réformée. Certes, au prix de sacrifices,  mais les résultats sont là. L’Allemagne est aujourd’hui la locomotive de l'Europe. L’Allemagne l’a fait, pourquoi pas nous !

Le  cœur de la méthode : exiger et aider.

Schröder déclarait en 2012, en faisant le bilan de son « Agenda 2010 » :
« De mon point de vue, le principe fondamental qui est au cœur des réformes de l'Agenda 2010, c'est le principe "exiger et aider" (require and support). Ce principe concerne l'équilibre entre la solidarité d'une part et la responsabilité individuelle d'autre part. Certes, l'État-providence garantit - et doit garantir - que les gens ont droit à une protection dans les moments qui constituent une menace pour leur existence. Mais il ne faut pas absoudre les gens de leur devoir de faire tout ce qu'ils peuvent pour éviter de demander une aide. »
Rien à dire de plus.

J’attends « l’agenda 2026 ». Qui osera faire de la  France la « locomotive de l’Europe » dans sept ans ? Un rêve ? Non, on  peut  le  faire !

 


IL A ENCORE TAPE A CÔTE DU CLOU !

Archibald en colère

 

Macron ne comprend pas les  « gilets jaunes ».

Il ne sait pas vraiment qui ils sont.  Quand il pense « France laborieuse », il évoque plutôt  les  smicards,  qui ne sont pas à négliger mais qui sont toujours servis les  premiers, alors que le cœur des contestataires est constitué de tous ceux qui bossent et qui se prennent les hausses d’impôts et de taxes sans jamais bénéficier des aides « sous conditions de ressources ». Ce ne sont pas des poujadistes, ce sont des salariés, des artisans, des petits commerçants, des retraités, qui en ont marre d’alimenter le  tonneau des danaïdes, marre d’être traités comme des vaches à lait, sans jamais voir d’amélioration de  la  situation.  Tout cela est résumé par le  coup de  gueule de « Jacline » sur facebook : « Mais qu’est-ce que vous faites du pognon ? ».  En guise de réponses, Macron disserte.  Il fait des beaux discours devant des maires choisis, mais le plus  grand nombre n’est pas dupe. Il fait de beaux discours sur la transition énergétique, mais tout le monde  sait que la France fait partie des moins  pollueurs de la planète et que peu d’argent y est consacré. En bref, le sentiment s’accroit dans les classes moyennes qu’il nous prend pour des cons. Il  faut qu’il arrête d’emmerder les Français qui savent qu’ils ne sont pas les pire  pollueurs de la planète et qu’il sera temps de les solliciter le jour où les Chinois et  les  Américains appliqueront les accords de Paris.

Discréditer pour ne pas écouter.

La première parade qu’il tente c’est de discréditer  le  mouvement des « gilets jaunes » en l’assimilant à des séditieux d’extrême-droite de préférence, et les éléments de langage ont été diffusés avec suffisamment de cohérence pour qu’on en connaisse l’origine. D’abord par le Ministre de l’Intérieur, puis par les autres ministres. Lequel aura été ce week-end,  le plus odieux de Castaner ou de Darmanin ? Ceux qui reprochent à Wauquiez des allusions au nazisme quand il évoque l’eugénisme, ne sont pas en reste pour trafiquer l’Histoire en évoquant la « peste brune » (mot macronien) ou la lèpre nationaliste, juin 34 et j’en passe. Menteurs et malhonnêtes intellectuellement, de leur part ce n’est guère surprenant. Ils ont ordre d’instituer Marine Le Pen comme seule opposante face à Macron, aidés  par certains médias complaisants. Ils oublient  simplement qu’entre les deux, il y a le « peuple de France » (expression chère à Nicolas Sarkozy). Les gens se rendent bien compte, à voir  les « gilets jaunes » défiler paisiblement dans les rues d’Angers, de Poitiers, d’Orléans ou d’ailleurs, qui ils sont véritablement : trop blancs et trop français probablement pour plaire aux élites parisiennes. Mais la description que celles-ci en font est tellement fausse qu’évidemment le mensonge n’en est que plus flagrant.

L’excuse : c’est pas nous, c’est les autres. 

Ah, Gilles Legendre !  Il est pathétique. Rendez-vous compte, le ras-le-bol fiscal serait vieux de trente ans, alors  comment voulez-vous qu’en 18 mois … Sauf que La REM n’était pas obligée d’aggraver la situation avec un choc fiscal de 22 milliards (CSG), agrémenté d’une foultitude de taxes à tout va dont  le carburant n’est que la  partie émergée de l’iceberg. Il serait plus crédible si son groupe avait accepté le vote du Sénat d’intégrer les hauts fonctionnaires  qui touchent jusqu’à 300 000 € par an dans la loi sur « la moralisation de la  vie publique » (La REM s’y est opposé) et  n’avait pas pris l’initiative de voter l’exemption de  la CSG pour les députés. Le gouvernement réforme peut-être -encore que-, mais il n’a engagé aucun effort pour réduire les dépenses publiques, au contraire il dépense toujours  plus… à crédit. Il se comporte comme  la gauche l’a toujours  fait. Les Français s’en rendent bien compte. Résultat : la  croissance  n’est  pas au rendez-vous ! Inutile d’invoquer le passé.  Quant à la droite, il y a sept ans qu’elle n’est  plus  aux affaires,  autant dire  un siècle.  Encore a-t-elle eu à gérer une crise inouïe,  et pas si mal que ça ! Reste Bruno Le  Maire. Sa malhonnêteté intellectuelle n’est plus à démontrer.  Il donne maintenant dans la dramatisation. Les « gilets jaunes » nuisent à la France et seront responsables si le taux de croissance espéré n’est pas atteint. Une excuse trop facile, alors que l’on sait que l’économie est plantée depuis  le début  de l’année.

 L’intrusion des réseaux sociaux comme contre-pouvoir.

Prenons garde. Il faut avoir de la sympathie pour ce mouvement plus citoyen que certains voudraient le laisser croire, mais ne laissons pas détruire ce trésor qu’est la démocratie représentative. Ce serait prendre  le risque d’errements que la France a déjà connus, avec leur cortège d’horreurs. L’intrusion des réseaux sociaux comme contre-pouvoir peut paraître salutaire, laisser  prospérer serait très dangereux pour la démocratie : une assemblée citoyenne sortie de nulle part qui s’arrogerait un pouvoir de « constituante », par  exemple. Mélenchon en rêve ! Les Républicains sont trop timides. Certes, la « récupération »  est  un vilain mot.  Cependant il ne faut pas avoir peur de se poser en interlocuteur présent partout puisque le pouvoir méprise  la rue.  Des initiatives fortes seraient les bienvenues. Le diagnostic a été fait depuis longtemps : Laurent Wauquiez a été le premier à parler du trouble des classes moyennes.  Nous avons certainement  des propositions à faire, et pourquoi pas à travers une grande réforme fiscale qui rétablirait l’équité,  ce qui  prendrait le pouvoir actuel  à son propre piège ! Je suis certain que ce serait entendu par la  France qui bosse. Ce serait autrement  plus crédible que toutes les usines à gaz que nous pondent Macron et ses sbires, « sous conditions de ressources », ce qui exclut les « gilets jaunes », et les "machins" d'experts, ce qui s’appelle « taper à côté du clou ! ».

 


UN KRACH LENT MAIS BIEN REEL

Récession

 

Baisse rampante.

Ce n'est pas un krach, brutal, comme ceux que l’on a déjà connus avec une baisse violente de 10% dans une journée. On assiste depuis quelques jours à un krach rampant : les unes après les autres, explosent les bulles qui se sont formées sur les marchés depuis des années du fait des taux d'intérêt à zéro et de l'excès de liquidités.  La plupart des marchés ont  perdu 20% depuis leur niveau le plus haut. Tout y passe : les marchés émergents, le bitcoin et même Apple. Toutes ces bulles éclatent. 2018 marque donc la fin d'un cycle de près de 10 ans de hausse. En effet, cela fait des mois, voire des années, que certains marchés étaient largement surévalués.  La baisse intervient maintenant. Plusieurs facteurs l’expliquent : la tension entre la Chine et les États-Unis, les perspectives du ralentissement de la croissance mondiale confirmé par Christine Lagarde récemment, mais surtout la hausse des taux d'intérêt aux États-Unis. Rappelons-nous, quand les taux d'intérêt étaient à zéro, il n'y avait pas d'alternative aux actions, mais quand les taux sont au-dessus de 3%, certains investisseurs considèrent que c'est une alternative envisageable. C'est l'envolée de la capitalisation des grands groupes de tech américaines qui a alimenté la hausse des indices américains pendant ces dernières années et c'est la baisse des cours de ces mêmes groupes qui mène la danse de la baisse ! Le Nasdaq chute de plus de 3%. Il est à son plus bas niveau depuis avril. Avec une baisse marquée d'Apple, Facebook ou encore Salesforce. Le dernier rempart a cédé. Premiers signes d’essoufflement de l’économie américaine pour 2019 ? Les commandes de biens durables aux Etats-Unis chutent lourdement de -4,4% en octobre alors que le consensus s'attendait à un repli plus limité de -2,2%. On aura bientôt la  confirmation.

Les monnaies virtuelles en vrille.

Du côté des monnaies virtuelles, ça n’est pas mieux, même si on peut être persuadés que la blockhain marque une véritable rupture. Il n’y a pas si longtemps, les médias faisaient un buzz sans fin quand le bitcoin frôlait les 20 000$ et qu'on voyait des épargnants retirer leur argent des livrets A pour miser sur dessus. Les imprudents ! Le bitcoin a chuté en dessous de 5 000$, soit une baisse de 75%. Et son challenger, l'ethereum, a perdu plus de 90%. C’est curieux, mais on entend beaucoup moins les défenseurs des « crypto-monnaies »... En attendant ce sont des  milliards (de monnaies  pas virtuelles) qui se sont « évaporés ».

Soldes généralisées.

Les marchés américains sont portes closes pour "Thanksgiving". Aujourd’hui c’est le « Black Friday ». C'est parti : tout est en soldes pour quelques jours, de ce vendredi au cyber Monday : les actions dans le monde entier qui affichent de 10 à 30% de baisse, même Apple et Amazon ; le bitcoin est à moins 75%, les marchés émergents à moins 30%, le pétrole à moins 30%, l'action Renault à -40%... A Tokyo, les indices sont eux aussi au repos pour la fête du travail. Du côté de l'euro, celui grappille quelques fractions face au dollar à 1,1412. Le CAC40 tente un rebond à l'ouverture dans des volumes étriqués, après avoir cédé 0,75% hier.

Gare au pétrole !

Les prix du pétrole ont connu une lourde chute sur le mois d'octobre avec une baisse de 30 % depuis leur dernier pic au début du mois dernier. Mais ne nous réjouissons pas  trop tôt et Macron ferait bien de ne pas trop compter dessus pour calmer la hausse des prix à la pompe. Les pays de l'Opep et la Russie doivent se rencontrer le 5 décembre pour ajuster leur stratégie de soutien des prix, et l'Arabie saoudite prône une réduction de la production. Et puis on oublie toujours cette autre composante du prix du pétrole : le cours de l’euro.  Et le rapport n’est pas en notre faveur : dollar fort et  euro à 1,14.

 


IL FAUT QUE L’EXECUTIF ARRETE DE NOUS MENTIR !

Contribuable détroussé

 

Non,  la  croissance n’atteindra pas 1,6% en 2018

Avec une progression estimée à 0,4% au quatrième trimestre par la Banque de France, après 0,2 % aux premier et deuxième trimestres, et 0,4 % au troisième, on ne voit pas comment elle pourrait atteindre 1,6% ! Ce sera  plutôt 1,2 ou 1,3% et ce sera déjà bien si on tient compte de l’environnement à la baisse en Europe et surtout en Allemagne, notre premier partenaire. Par rapport aux prévisions du gouvernement à 1,7 %, c’est donc un manque à gagner d’environ 11 milliards d’euros qui va creuser le déficit ou la dette.  Encore faudra-t-il regarder aussi du côté de la balance commerciale à quel niveau de déficit on sera. Pas étonnant que Philippe ne veuille pas baisser les taxes !

Non, les taxes sur les  carburants  ne sont pas justifiées

Certes l’augmentation des taxes a été décidée sous Hollande. Ce n’est pas une excuse valable.  On peut toujours revenir sur des décisions. D’abord, il aurait fallu tenir compte des aléas du prix du pétrole,  que nous payons, rappelons-le, en dollars.  Le prix du baril doit être corrigé du cours de la monnaie américaine, ce qui fait que les hausses ou les baisses à la pompe ne sont pas toujours très compréhensibles. La conjonction de la hausse du prix du baril avec celle du dollar auxquelles sont venues se rajouter les taxes dites « vertes » a débouché sur des prix à la  pompes proprement insupportables. D’autant plus que le système de taxation est depuis trop longtemps hystérique puisque l’Etat y taxe même ses  propres taxes en leur appliquant la TVA !   Quant à l’écologie, tout le monde a compris qu’elle était surtout un prétexte puisque ce sont des sommes dérisoires qui lui sont consacrées sur le pactole récupéré. Pour que les hausses soient acceptées, il faudrait qu’elles ne soient pas punitives, c’est-à-dire à fiscalité globale constante par transferts, et que l’argent ainsi récupéré finance vraiment une transition verte. Sauf que le budget de l’Etat interdit tout « fléchage ». Il faudrait  un gouvernement vertueux. Peut-on faire confiance à des menteurs ?

Non, les 80 km/heure ne sauvent pas des vies.

Depuis le début de l’application de la nouvelle réglementation, les organismes qui comptabilisent la mortalité routière en sont aujourd’hui à +26, par rapport à la même période antérieure.  Il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions définitives.  Mais on voit bien par contre le « jack-pot » des contraventions générées par les radars.  De quoi ajouter au mécontentement général que l’exécutif  a tort de sous-estimer.

Non, il n’y a pas plus de pauvres.

Chaque fois que l’exécutif invente un dispositif  de « compensation », il le fait par des mesures « sous conditions de ressources ». C’est encore par ce genre d’usines à gaz qu’il compte calmer  le mouvement des « gilets jaunes ». Mais les classes moyennes plus ou moins aisées n’en peuvent plus de ces régimes discriminatoires qui divisent toujours plus la France en deux, entre ceux qui sont aidés et qui touchent et ceux qui payent tout plein pot.  Or, l’indice « gini »,  l’indicateur international de la pauvreté est stable depuis de nombreuses années pour la France. Il n’y a donc pas d’aggravation de la pauvreté, contrairement à ce que le discours ambiant tend à nous faire croire. Les  mécanismes d’aides  mis en place,  qui font de notre pays à la fois le recordman des prélèvements avec plus de 1 000 milliards d’euros et celui où l’on trouve le plus de dispositifs « sous conditions de ressources » pour satisfaire l’obsession égalitariste, conduisent à un appauvrissement généralisé et empêchent les entreprises de prospérer par le poids qu’ils font peser sur elles. Les résultats en sont le chômage structurel chronique, les déficits publics, la dette et le commerce extérieur en berne.

Non, Macron n’est pas  le sauveur de l’Europe.

La journée du 11 novembre aura été pour le Président français celle du changement de pied.  Dans sa pensée complexe, le schématisme « d’homme de l’ouverture » dans lequel il s’était réfugié face aux « forces populistes du repli », prolongé  par  une comparaison douteuse avec la  montée des nationalismes dans les années 30, a dû laisser la place à un discours où le patriotisme est mis en exergue cette fois-ci, comme contrepoint au nationalisme. Il fallait atténuer les angles en présence des dits « populistes » parmi les quelques 60 chefs d’Etats venus commémorer la paix . Cela ne change pas grand-chose : sa dénonciation des nationalismes,  même élargie au  monde entier est à  mettre en relation avec un fédéralisme européen qu’il continue de défendre et dont les Français ne veulent plus. Mais on voit bien la manœuvre. En se plaçant sur le terrain du patriotisme,  il veut réinvestir le champ de la droite ;  il a compris que le danger ne venait pas seulement des extrêmes qui veulent détruire l’euro et l’Europe, mais aussi  de ceux qui souhaitent garder l’Europe  tout en la réformant et sans fuite en avant vers plus d’intégration. Un axe vers lequel il tend désormais. La politique du coucou chère à Emmanuelle Macron. La droite républicaine aura intérêt à dénoncer la manoeuvre, car derrière  les  mots, la même volonté politique subsiste. Ceux qui peuvent sauver l’Europe en contrecarrant la vague du populisme, ce sont les partis qui composent le PPE. Ceux que Macron,  précisément veut détruire. Ce n’est certes pas le moyen de sauver l’Europe !

Dans ma  prochaine note, j’aborderai le sujet des « gilets jaunes » et vous dirai ce qu’on peut en penser.

 


TRUMP S’EN SORT, MAIS RIEN N’EST REGLE

Donald Trump

 

Le scénario anticipé s'est produit.

Comme annoncé par  les sondeurs, les démocrates ont repris le contrôle de la Chambre des Représentants. C’est une première depuis 2008. Le Sénat reste républicain. Les démocrates ont gagné quelques sièges de gouverneur mais des états clés comme la Floride sont restés républicains. Pourtant, la chute des indices boursiers, provoquée par la hausse des taux et les tensions commerciales avec la Chine, n'étaient pas une bonne nouvelle pour Donald Trump. Sa popularité est  au plus bas après le meurtre de Khashoggi, les colis piégés adressés à des personnalités démocrates et l’attaque contre une synagogue de Pittsburgh. Il  a contrebalancé par une furia populiste   et une collection de mensonges sans précédents.

Pas de vague anti-Trump.

« Tremendous success tonight. Thank you all. » C'est le tweet de Trump ce matin. Il se félicite de sa « victoire ». « Fabuleux ? » même s'il a perdu la Chambre des Représentants. Certes, il n'y a pas eu de vague bleue, de vague démocrate, et Trump n'a pas été rejeté massivement. Il avait transformé cette élection en referendum en s'investissant massivement, plus qu’aucun autre président pour des élections de mid-terms, et sa campagne a permis de sauver quelques candidats. Mais le pays reste divisé. Les  Etats-Unis sont coupés en deux camps totalement différents, et totalement opposés. À l'image des femmes qui représentent 52% des votants et ont voté massivement pour les démocrates et contre Trump avec un écart de 18 points. D’un côté, Trump a réussi à prendre le contrôle de fait du GOP, le parti républicain, et de l'autre, les démocrates ont réussi à prendre le contrôle de la Chambre des Représentants.

Deux années agitées s’ouvrent.

C'est la campagne présidentielle qui commence. On peut s’attendre à ce que l'affrontement entre les deux camps soit sanglant. Les démocrates vont tout tenter, et ils ont deux ans pour le faire, pour déstabiliser Trump et le fait d'avoir la majorité à la Chambre des Représentants va être une arme redoutable, notamment sur les sujets domestiques et sur les enquêtes en cours. Evidemment, Trump va encore plus tweeter qu'à son habitude, avec une violence qui va être décuplée par son sentiment de victoire. Mais pour les marchés c'est le scénario « idéal » pour les investisseurs. A partir de maintenant Trump est sous contrôle, et les acquis des deux premières années ne seront pas remis en question. Il va falloir à nouveau regarder du côté des nouvelles économiques et se désintéresser un peu pendant quelques mois de la politique. D’autant plus que le ralentissement mondial promet des rebondissements imprévisibles de l’hôte de la Maison blanche.

Le pétrole et les marchés.

Le pétrole s’est effondré. Le  prix du baril a chuté de plus de 20%, pour de multiples raisons mais en particulier du fait des exemptions massives concernant l'achat de pétrole iranien qui va donc continuer à couler sur le marché. La baisse du prix du pétrole, c'est évidemment une bonne nouvelle. Sauf pour le gouvernement français qui fait campagne en ce moment sur le thème : « si les prix du carburant flambent c'est à cause de la flambée du pétrole... ».  Sur les marchés boursiers, le mois d'octobre est derrière nous mais cela ne veut pas dire que les craintes sont dissipées. Elles sont toujours présentes et elles sont même nombreuses. De la panne de la croissance européenne aux taux et à l'inflation en passant par les tensions commerciales, la consolidation était nécessaire. Elle a eu lieu. Mais pour combien de temps ? On se demande même comment les marchés ont fait pour résister pendant de si longs mois. La fin de l'année risque donc d'être encore agitée. Les indices vont maintenant tenter un rebond. Il faudra surveiller trois éléments : d’abord, les taux américains et notamment le niveau des 3,25 % sur le 10 ans ;  ensuite les taux italiens et notamment le « spread » avec les taux allemands ; enfin, la rencontre fin novembre entre Trump et Xi Jinping à Buenos Aires qui devrait marquer un tournant dans les relations commerciales entre les deux pays. En attendant, tous les regards des traders et des investisseurs sont tournés vers un chiffre et un seul : le taux de référence pour les taux d'intérêt aux États-Unis, le taux à 10 ans des emprunts d’État. Il a atteint vendredi dernier les 3,22 %, un niveau proche de son record de hausse depuis 7 ans.

Les  taux américains remontent.

Un peu de technique. On distingue deux catégories de taux d'intérêt.  Les taux d'intérêt à court terme d'abord. Ils sont déterminés par les banques centrales. Et la FED, la Banque centrale américaine, a remonté ses taux d'intérêt 8 fois depuis décembre 2015 et s'apprête à les remonter encore une fois en décembre et plusieurs fois en 2019. Les taux d'intérêt à long terme ensuite. Ils sont déterminés par les marchés, par l'offre et la demande. Et ils progressent car l'économie américaine est en pleine croissance, avec un plein-emploi qui provoque une hausse des salaires et par conséquent une hausse de l'inflation et donc une hausse des taux d'intérêt à long terme, comme le taux à 10 ans des emprunts d'État américain. Il faut suivre ce taux pour une raison simple : la hausse des marchés boursiers depuis 2009 a été, en grande partie, alimentée par la baisse des taux d'intérêt. Quand les taux d'intérêt étaient à zéro, on disait « qu'il n'y avait pas d'alternative aux actions ». Mais avec des taux d'intérêt qui remontent, il y a maintenant une alternative aux actions : si le taux à 10 ans dérape au-dessus des 3,4 % et s'approche des 4%, cela aura un impact négatif sur les indices boursiers. Aux niveaux actuels, les taux américains sont encore sous contrôle. Pour combien de temps ? La surchauffe provoquée par la relance massive de Trump alimente l’inflation. Une crise boursière violente pourrait donc arriver  dans les deux ans… Et quand les taux américains remontent, les nôtres suivent. Pas  bon pour nous, vous savez pourquoi ! Pas bon pour Macron non plus, mais ça on s'en tape.

 

 


SANTE : COMMENT MACRON L'ETATISE AVEC SA REFORME

Réforme santé

 

Vers un système  à l’anglaise

Déjà la part du financement de la santé est de moins en moins assurée par les charges sociales, puisque la  part de l’impôts via la CSG grossit petit à petit et finira par remplacer  les cotisations salariales. On s’éloigne du modèle dit « bismarckien », fondé sur l’assurance assise sur le travail, pour se rapprocher du modèle dit « beveridgien » à l’anglaise, de type assistanciel, piloté par l’Etat. On sait déjà à quoi s’attendre : une médecine à deux vitesses, avec des médecins « fonctionnaires » et les anglais qui ont les moyens qui viennent se faire soigner en France. 

Le plan santé 

Les  médecins ont pourtant applaudi quand le Président de  la République a présenté son projet, parce qu’il  vise à sortir du modèle tricolore hospitalo-centré et englobe tous les acteurs, privés et publics, dans une évolution systémique. Des lignes de force qui paraissent logiques, en effet : deux paris,  celui du territoire et celui de la confiance aux acteurs de santé. On tourne le dos à l’ère idéologique Touraine, dont le parti pris était de réserver les missions de service public au seul hôpital public, au mépris des réalités du terrain. Pour autant, si l’approche est claire, paraît cohérente et bien pensée sur le papier, en donnant une vue d’ensemble où chacun trouve sa place,  la ville  comme l’hôpital, avec une gradation des soins, et en partant des territoires, rien n’est réglé. Il faudra réformer les directoires et conseils de surveillance institués par la loi Bachelot,  et renouveler les  directeurs des ARS  tout en divisant les effectifs de leur personnel par deux. Il faudra aussi  supprimer des pans entiers du Code de la santé publique pour laisser une vraie liberté aux hospitaliers. Enfin, il faudra réguler l’offre de soins de la médecine de ville et c’est le plus compliqué à mettre en place, car la  grande difficulté d’aujourd’hui c’est justement pour les établissements hospitaliers  d’avoir en face d’eux, localement, des interlocuteurs libéraux pour assurer la  permanence des soins, les parcours de prise en charge, mettre en place les coopérations.

Déjà ça commence mal

« Le  compte n’y est pas » dans le budget 2019 de la Sécurité sociale constate la fédération hospitalière de France, et  appelle à plus de volontarisme. Pour mettre en place la réforme, il y a une double nécessité : réguler les soins de ville et accompagner financièrement la transition.  Dans le  budget 2019 on ne retrouve ni l’approche des territoires, ni les nouvelles régulations pour la médecine de ville. Le gouvernement continue à surestimer l’activité des hôpitaux et à baisser les tarifs  en sous-estimant la progression de leurs charges, supprimant tout lien entre le coût d’une pathologie et la somme versée  pour la traiter. Et le système shaddock fait le reste : on gèle les crédits des hôpitaux puis on puise dans ces crédits gelés pour financer les dépassements de la médecine de ville, et présenter ainsi une sécurité sociale en équilibre… Avec une équation insoluble pour les hôpitaux à qui on demande 960 millions d’euros d’économie  cette année.  L’investissement hospitalier est tombé à moins de 4 milliards d’euros par an, là où près de 7 seraient nécessaires en rythme de croisière !

La  fin du modèle libéral ?

« En même temps », la réforme enterre le modèle national de médecine libérale. D’abord en battant en brèche son principe fondateur : le  paiement à l’acte, pour le remplacer par le forfait qui s’appliquera « pour commencer » dès 2019 à l’hôpital  pour l’insuffisance rénale et le diabète. Les  médecins de ville suivront. Deuxio, la réforme veut mettre fin à l’exercice « isolé » -aujourd’hui majoritaire- du médecin dans son cabinet, pour le remplacer par les cabinets de groupe qui devraient procurer efficacité et convivialité. Avec le risque, comme  c’est le cas pour les cliniques et les laboratoires absorbés par des grands groupes, que ces cabinets regroupés et maisons de ville de connaître le  même sort, les médecins devenant de simples salariés. Troisio, le plan Macron pose l’obligation de former des « communautés professionnelles territoriales de santé ».Il en existe aujourd’hui 17,  il en voudrait 1000 d’ici à 2022.   Mais ça coince, avec un cahier des charges très rigide, organisé d’en haut et peu de latitude laissée aux acteurs. Quarto, 400  médecins salariés des hôpitaux vont être envoyés dans les déserts médicaux jusqu’à ce que la fin du numerus clausus crée  l’offre de soins suffisante et permette de les remplacer.  En espérant que la  surabondance ne débouche pas sur l’instauration de règles strictes pour réguler les ouvertures de cabinets. Et quand on sait que la cohérence du système  sera alors assurée non plus par les cotisations et les  partenaires sociaux,  mais  par l’impôt et l’Etat … la  boucle est bouclée.

Une médecine administrée

Il y a gros à parier que la  régulation des soins se fera par des incitations et des contraintes calculées à partir d’écarts-types, de moyennes d’actes, avec des remboursements dégradés et potentiellement des déconventionnements pour les établissements ou les professionnels de santé qui s’écarteraient trop des référentiels. .  Quand on voit les résultats que l’Etat obtient avec l’économie française qui crève d’être administrée… on sait à quoi s’attendre pour la  médecine.

 

 


« EN MARCHE… VERS L’IMMOBILISME »

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Dans son livre « En marche vers l'immobilisme »  Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation IFRAP, tire la sonnette d'alarme : le gouvernement ne va ni assez vite, ni assez loin dans sa politique de réforme de la France. Rien ne serait pire que de sombrer dans le piège de l'enlisement. Les quinquennats passent mais les urgences restent les mêmes : réduire les dépenses publiques et les impôts, mais aussi renforcer au plus vite la compétitivité des entreprises.

Et le verdict tombe à la page 235 : « Deux choix s’offrent  maintenant à nous : continuer à vivre dans l’obscurité ou allumer la lumière. » Et elle ajoute : « Les Rentiers de la République,  ceux qui refusent de faire le bilan,  de regarder en face les faits et  les chiffres de l’état de la France écornent chaque jour un peu plus la démocratie. Ils manquent de courage, de panache, mais aussi de clairvoyance.  Pour se  maintenir  ils  laissent les citoyens dans l’illusion du redressement économique. Avec  le risque majeur de dérouler le tapis  rouge aux populistes et autres  bonimenteurs. »… Le  verdict est sans appel.   « Le  gouvernement tombe dans le panneau des fausses réformes et complique un peu plus  chaque jour la vie des  Français.  La réforme de la formation professionnelle qui ne simplifie rien et conserve des structures avec des emplois quasi fictifs,  le  prélèvement à la source, la réforme de  la taxe d’habitation avec  sa cascade d’impôts  en vue… Impuissance à éclairer suffisamment le  projet gouvernemental, à en faire la pédagogie, impuissance à ne pas  se  perdre dans les détails technocratiques, impuissance à vaincre  les résistances provenant tant des corps  intermédiaires que de sa propre administration ! »

Quand les promesses s’évaporent…

La grande réforme fiscale se fait attendre, les économies promises sont restées lettres mortes, l'administration responsable de biens des blocages n'a pas été remise au pas, mais la communication bat son plein. Certes, des réformes ont été lancées. Mais elles se révèlent trop timides et très imparfaites dans leurs mises en œuvre. Bref, Agnès  Verdier-Molinié craint que le mandat d'Emmanuel Macron ne s'enlise dans les mêmes sables mouvants que ceux de ses prédécesseurs. Ce livre est un essai concret et pragmatique,  un petit manuel de la réforme agrémenté de quelques idées simples et efficaces pour libérer les énergies et redonner du pouvoir d'achat aux particuliers ainsi que des marges d'investissements aux entreprises. C'est un livre "libéral", ce qui nous permet de relativiser le "libéralisme" macronien.

Tout ça pour ça !

Dans « En marche vers l'immobilisme », Agnès Verdier-Molinié nous dit en quelque sorte: « Tout ça pour ça ? »

Voici une petite liste de ses constats :

- le prélèvement à la source se révèle être un choc de complexité et se résume à cette alternative extravagante pour le contribuable : dévoiler [ses] revenus ou payer plus cher !

- la non-transparence publique est toujours ce qu'elle était : le public, par exemple, cache des emprunts en milliards d'euros que le citoyen ne saurait voir, qu'il s'agisse de la Ville de Paris ou de la SNCF.

- les prélèvements obligatoires ne baissent pas : un impôt (ou une taxe) qui baisse peut en cacher un ou une autre qui monte comme  par exemple : d'une part baisse des cotisations sociales et d'autre part hausse de la CSG ; et la suppression de la taxe d'habitation sera inévitablement compensée...)

- Pôle Emploi coûte et ne sert à rien.

- le nouvel ennemi de classe est le détenteur d'immobilier : pourtant, quand le bâtiment ne va pas, rien ne va...

- l'insécurité est toujours ce qu'elle était, par enlisement et aveuglement.

 Les grands corps de l’Etat ont leur part de responsabilités :

- le Président en est issu et s'entoure de ses semblables...

- ils sont les grands bénéficiaires du système et de ses prébendes, qu'il s'agisse des administrateurs des finances publiques, des administrateurs des douanes ou des parlementaires.

- ils dissimulent les chiffres de l'exil fiscal qui ne diminue pas par la grâce des impôts confiscatoires et du repoussoir qu'est l'impôt sur la fortune immobilière.

- l'ENA ne sera pas réformée et le recrutement des hauts fonctionnaires non plus.

- le nombre de fonctionnaires ne baisse pas significativement et les dépenses publiques pas du tout.

- les fonctionnaires de l'Assemblée nationale ne sont pas moins bien lotis que les hauts fonctionnaires et tiennent tout autant à leurs prébendes.

Et  puis il faut compter avec les bloqueurs : 

- les syndicats de l'éducation nationale : malheur aux dissidents...

- les agents de la fonction publique : pas touche à leurs avantages et à leur temps de travail...

- les syndicats de la SNCF : pas touche à leurs avantages, à leur régime de retraite, etc. La réforme n’y a surtout pas changé grand-chose.

- les syndicats, plus forts dans le public que dans le privé : les ordonnances se caractérisent par beaucoup de reculades et peu d'avancées... et le Code du Travail ne fait que gonfler. Contrairement à ce que d’aucun a cru.

Ce qu’il faudrait faire…

Elle donne aussi sa feuille de route  qu’elle conseille au gouvernement : «  Le gouvernement et l'administration doivent garder en mémoire les 8 objectifs suivants : fiscalité à 40% du PIB [45% actuellement] ; des dépenses publiques à 50% du PIB [57% actuellement] ; un coût de fonctionnement des administrations à 25% du PIB ; une masse salariale à 11% ; 6% de chômage ; 74% de taux d'emploi ; 10 000 communes et interco ; 115 000 élus max ; la retraite à 67 ans.. ».

 Ce n'est même pas ambitieux. Ces objectifs nous permettraient simplement de revenir au niveau de la moyenne européenne... Et cela ne réduirait évidemment pas la dette publique qui tangente les 100% du PIB...

Le tout démontré, chiffres à l’appui,  exemples  concrets et comparaisons parlantes. Tout ce qu’elle constate est étayé, tout ce qu’elle propose existe ailleurs et donne des résultats. Alors ?

Un livre à lire absolument par ceux qui ne veulent pas  voter idiots !

 


JE VOUS L’AVAIS BIEN DIT…

Economie  bourse

 

Rappelez-vous mon article  « Cette crise qui vient et qui se  précise »…  Eh bien, à observer ce qui se passe dans les bourses du monde entier, on peut penser qu’elle s’est mise en branle. 

Les bourses plongent.

Il  paraît qu’il ne faut jamais dire : « on vous l’avait  bien dit ! ». Cela ne se fait pas,  ça fait orgueilleux. Pourtant on devait bien s’en douter depuis le temps qu'on vous annonce que les marchés boursiers sont trop chers, en particulier les marchés américains, et que de nombreux signaux d'alerte sont apparus depuis des mois déjà. Et la purge se produit sur les marchés.  Elle était prévisible. Les spécialistes  disent qu’elle était même nécessaire. Beaucoup de marchés sont donc entrés en « bear territory », c’est-à-dire en configuration baissière, comme c'est le cas quand on chute de plus de 20%. L'Asie accuse une baisse de 21% par rapport à son plus haut niveau de l'année en janvier et on évalue tout de même à 5 000 milliards de dollars l’argent qui s’est évaporé en fumée là-bas depuis le début d'année. La baisse des marchés boursiers s'accélère. Et, pour une fois, ce sont les marchés américains qui ont le plus baissé, Nasdaq en tête : 4% de baisse. C’est la plus forte baisse en un jour depuis août 2011. Mais, comme c'est toujours le cas, quand les marchés américains baissent, le reste du monde suit. Avec des hauts et des bas, parce qu’il y aura toujours des prises de bénéfice pour produire des petits rebonds.

Pourquoi maintenant ?

Pour Trump c'est de la faute de la Banque centrale américaine qui a trop remonté ses taux. Et  c’est  logique, il n’a pas tout à fait tort. En effet, c'est bien en partie la hausse des taux d'intérêt aux États-Unis qui a rendu la Bourse moins attractive.  Sauf qu’il se trompe sur le coupable : si les taux remontent ce n'est pas de la faute de la FED, c'est de sa faute à lui, qui a fait une relance keynésienne avec ses baisses massives d’impôts, sur une machine économique américaine qui tournait déjà à plein régime,  ce qui a donc obligé la FED à remonter ses taux d'intérêt... Il devrait lire « l’économie pour les nuls ! »

Ralentissement économique.

Et  bien entendu, on commence à avoir des signes de ralentissement économique. Rappelez-vous que le FMI avait déjà abaissé sa prévision de croissance mondiale pour 2019 de 3,9% à 3,7%.
La Chine a ralenti, et la croissance européenne marque le pas. L'indice des directeurs d'achat, un indice très suivi par les prévisionnistes, a touché son plus bas niveau depuis 25 mois. La baisse des exportations et en particulier des exportations allemandes est l’une des causes principales. On n'attend plus qu'une croissance de 0,3% au 4ème trimestre en zone euro contre 0,4% initialement prévu.  Et ça  n’est certainement pas fini. On n’est qu’au début.

La  France n’est pas mieux lotie.

Les  prévisions de croissance  pour la fin de l’année  tournent maintenant autour de 1,3% : un chiffre qui doit vous dire quelque chose non ? Quant à l’année prochaine, même la  Commission européenne s’inquiète du budget 2019 que l’Assemblée  est en train de voter, tellement il  est plein de mensonges  et de faux-semblants  en matière de baisses des dépenses publiques  et de tenue du cap. Agnès Verdier-Molinié en dresse  aujourd’hui la liste des incongruités dans une longue tribune du Figaro.  Des chiffres mis en perspectives et incontestables qui  démontent  les assemblages trompeurs mis en œuvre  par Bercy. Pour résumer : les 6 milliards de baisses d’impôts n’existent pas. Notons au passage que les recettes de la CSG passent de 91 milliards en 2017 à 119 milliards en 2019 ! Et  les ménages vont payer l’an prochain 2 milliards de taxes en plus sur les  carburants  soi-disant pour la transition écologique.  Si c’est comme  pour  le patrimoine  …   Et le gouvernement ne prend pas en compte le 1,8 milliard d’augmentation des cotisations de retraites complémentaires. Mêmes  tours de passe-passe pour les entreprises. Les impôts  sur la production vont augmenter en 2019 de 4 à 5 milliards  d’euros  alors que ce sont ceux qui plombent le plus leur compétitivité.  Et  c’est encore par un tripatouillage peu accessible au commun des mortels que le déficit de l’Etat à 4% du PIB avec 98,7 milliards d’euros, se transforme en fin de compte à 1,9% !! Au total, la dépense publique  devrait augmenter l’an prochain de 22 milliards d’euros,  après 28 milliards  en 2018. Telle est la réalité de la gestion macronienne via Darmanin-le-racketteur. On ne s’étonnera donc pas que tous les voyants soient au rouge : important déficit du budget, hausse du chômage, croissance en berne, dette en expansion comme le déficit commercial (because le  pétrole, entre autre) avec à la clé un ras-le-bol fiscal des  Français dont  le gouvernement ferait bien de se  méfier.

On avance vers la crise, et notre pays est plus désarmé que jamais !

 

 


CETTE CRISE QUI VIENT ET QUI SE PRECISE…

Endettement mondial oct 2018endettement mondial

 

D’abord la chute des marchés.

Cela faisait des mois qu’on attendait une chute des marchés. Hier, la dernière digue a cédé. Les investisseurs s’étaient réfugiés sur les valeurs technologiques américaines, sur les valeurs du luxe ou encore sur les valeurs pétrolières. Ils avaient commencé à fuir les marchés émergents. Mais ces valeurs « refuges » ont fini par chuter aussi. Hier, tout s’est accéléré. Les marchés américains défiaient toutes les lois de la gravité boursière et ont connu un cycle de hausse phénoménale depuis mars 2009. De nombreuses sociétés atteignaient des valorisations aberrantes. Une correction n’est donc pas étonnante. Tout va dépendre maintenant de l’évolution des taux aux États-Unis et des négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis, mais la purge pourrait encore continuer.

Les ingrédients d’une nouvelle crise.

Dix ans après l'effondrement de  Lehman Brothers la question la plus pertinente consiste à déterminer ce qui provoquera la récession et la crise mondiale de demain. Six facteurs vont concourir  à son déclenchement : les valorisations excessives sur les marchés boursiers, le retournement de cycle inévitable de la récession, l’inexorable hausse des taux d’intérêt, l’escalade de la concurrence commerciale exacerbée  par l’affrontement entre Trump et la Chine, les marges de relance très réduites du fait de la fuite en avant de la dette  mondiale, une croissance plus lente en Europe, en raison d'un resserrement monétaire et de frictions commerciales, et enfin la désastreuse résolution de la crise de 2008, notamment aux Etats-Unis, où on assista à une situation ubuesque qui vit les épargnants spoliés, sauver par le biais de l’endettement public, les banques qui les avaient floués.  

Comme en 1929, la crise commence à la  bourse.

Le  premier de ces facteurs est en train de se mettre  en place, il fait l’objet du constat en introduction. Les marchés boursiers américains et mondiaux sont en effervescence. Les ratios cours/bénéfice aux Etats-Unis sont supérieurs de 50 % à leur moyenne historique, les valorisations de capitaux privés sont devenues excessives et les obligations d'Etat trop coûteuses compte tenu de leur faible rendement et de leurs primes de terme négatives. Le crédit à haut rendement devient également de plus en plus coûteux, à l'heure où le taux d'endettement des entreprises américaines atteint des sommets historiques. Par ailleurs, l'endettement sur de nombreux marchés émergents et dans certaines économies développées se révèle clairement excessif. L'immobilier commercial et résidentiel est beaucoup trop coûteux dans de nombreuses régions du monde. Le FMI relève qu’avec la hausse des taux d'intérêt américains et le raffermissement du dollar, ainsi que l'intensification des tensions commerciales, un certain nombre d'économies de marché émergentes ont connu une inversion des flux d'investissement de portefeuille. Les fonds d'actions et d'obligations des marchés émergents ont enregistré des sorties d'environ 35 milliards de dollars. Pour l'heure, avec l'appétit de risque des investisseurs internationaux, les pressions sont restées contenues et se sont concentrées dans quelques pays (Argentine, Turquie, Brésil, Afrique du sud). Mais une déstabilisation de plus grande ampleur n'est pas à écarter. Au risque, cette fois-ci de faire sombrer le bateau, c’est-à-dire l’économie mondiale.

Vers une récession mondiale.

L'actuelle expansion mondiale devrait se poursuivre encore l'année prochaine, dans la mesure où  les Etats-Unis enregistrent d'importants déficits budgétaires, où la Chine applique des politiques de crédit assouplies et où l'Europe reste sur une trajectoire de reprise. Mais d'ici à 2020, les conditions tendront vers une crise financière, suivie d'une récession mondiale. D’abord, les politiques de relance budgétaire qui poussent actuellement la  croissance annuelle américaine au-dessus de son potentiel de 2 % ne sont pas tenables. D'ici à 2020, ladite relance se sera épuisée.  Ensuite, le timing de cette relance ayant été inadapté, l'économie américaine connaît actuellement une surchauffe, et l'inflation s'élève au-dessus de la cible.

Inexorable hausse des taux d'intérêt.

La Réserve fédérale des Etats-Unis devrait ainsi continuer d'augmenter le taux cible des fonds fédéraux, l'amenant de son niveau actuel de 2 % à 3,5 % au moins d'ici à 2020, ce qui élèvera probablement les taux d'intérêt à court et long terme, ainsi que le dollar américain. Enfin, dans le même temps, l'inflation augmente également au sein d'autres économies majeures, tandis que le prix du pétrole contribue à des pressions inflationnistes supplémentaires. Cela signifie que les autres grandes banques centrales suivront la Fed sur la voie d'une normalisation de la politique monétaire, ce qui réduira la liquidité mondiale, tout en exerçant une pression à la hausse sur les taux d'intérêt. La surchauffe américaine va précipiter le retournement du cycle de  croissance.

Escalade commerciale.

Facteurs aggravant, les tensions commerciales opposant l'administration Trump à la Chine, à l'Europe, au Mexique, au Canada et à d'autres sont vouées à l'escalade, engendrant une croissance plus lente et une inflation plus élevée. La croissance dans le reste du monde devrait donc ralentir, sous l'effet de pays jugeant bon de riposter contre le protectionnisme américain. Les marchés émergents, d'ores et déjà fragilisés, continueront de subir les effets du protectionnisme et des conditions monétaires resserrées aux Etats-Unis. Pour les pays émergents, l'endettement extérieur a augmenté beaucoup plus rapidement que leurs exportations. Résultat : les pays où la dette extérieure est trop élevée par rapport aux exportations représentent maintenant environ 40 % du PIB global des pays émergents (hors Chine). Les  sorties de capitaux les mettent clairement en grande difficultés : l’Argentine et la Turquie en savent quelque chose.

Marges de relance réduites.

La marge de relance budgétaire dans le monde est d'ores et déjà réduite par une dette publique massive. La possibilité de nouvelles politiques monétaires non conventionnelles sera limitée par  des bilans hypertrophiés et par un manque de capacité à réduire les taux directeurs. Par ailleurs, les sauvetages dans le secteur financier seront intolérables pour des pays marqués par la résurgence de mouvements populistes, et dirigés par des gouvernements quasi insolvables comme par exemple l’Italie. Les  banques centrales seront cette fois-ci impuissantes. Aux Etats-Unis, en particulier, le législateur a limité la capacité de la Fed à fournir de la liquidité aux institutions financières non bancaires et étrangères présentant des passifs libellés en dollars. En Europe, la montée des partis populistes complique l'adoption de réformes au niveau de l'UE, ainsi que la création des institutions nécessaires pour combattre la prochaine crise financière et la récession qui s'ensuivra.

Des mesures de renforcement insuffisantes.

Le Fonds monétaire international (FMI) dresse pourtant un bilan plutôt positif des réformes entreprises pour consolider  le système financier au cours des dix dernières années. Les banques sont maintenant plus solides ; la quantité et la qualité de leur capital se sont fortement accrues ; les tests de résistance des banques à une déstabilisation des marchés ont été largement adoptés ; bon nombre d'activités financières réalisées hors du cadre bancaire classique ( « shadow banking »), en partie responsables de la crise de 2008, ont été réduites ou transformée en outils de marché plus sûrs. Mais il s'inquiète d'une certaine fuite en avant concernant l'endettement dont le niveau global a progressé. Tout indique que la croissance a été soutenue par plus de dettes : les politiques monétaires non conventionnelles mises en oeuvre depuis la crise de 2008, en abaissant le coût de l'endettement, ont soutenu la reprise économique. Là où le bât blesse, c'est que la dette totale du secteur non financier a augmenté à un rythme beaucoup plus rapide que le taux de croissance de l'économieDans les pays dont le secteur bancaire est le plus développé, l'endettement des entreprises non financières a fortement progressé. Il s'élève maintenant à 167.000 milliards de dollars, soit plus de 250 % du PIB de ces pays, contre 113.000 milliards de dollars (210 % du PIB) en 2008. Les vulnérabilités continuent de s'accumuler et le nouveau système financier n'a jamais été mis à l'épreuve.

A la différence de 2008, époque à laquelle les gouvernements disposaient des outils politiques permettant d'empêcher une chute libre, les dirigeants qui affronteront la prochaine récession auront les mains liées, sachant par ailleurs que les niveaux globaux de dette sont supérieurs à ceux d'avant-crise. Lorsqu'elles surviendront, la crise et la récession de demain pourraient se révéler encore plus sévères et prolongées que celles d'hier. S’il y a crise en 2020, le gouvernement américain ne pourra recourir à des déficits budgétaires abyssaux. La dette américaine a atteint un niveau record qui menace la crédibilité du dollar. De son côté, la Réserve fédérale ne pourra abaisser un taux directeur qui reste très bas en dépit de sa remontée récente. Quant aux épargnants et aux salariés qui perdirent leur emploi suite à la récession de 2008, ils n’accepteront pas d’être ignorés une fois encore. Et l’Europe connaîtra le même sort !

Et pendant ce temps-là, Jupiter qui a perdu son bâton de foudre, n’arrive pas  à former un gouvernement…

 


LA VALSE FOLLE DE JUPITER (extrait n°2)

Macron la valse folle de Jupiter 2

 Voici un autre passage du livre de Jean-Marc Daniel, celui consacré au chantier de la retraite.

« …Pour résoudre une fois pour toutes ce délicat  problème, Emmanuel Macron a nommé un « Monsieur Retraite » en la personne de Jean-Paul Delevoye, ancien président du Conseil économique, social et  environnemental.  Les  consultations ont recommencé avec le défilé des partenaires sociaux dans les  couloirs des ministères en charge du dossier. Qu’il faille encore débattre paraît d’autant plus surprenant que depuis le livre blanc remis à Michel Rocard, nous n’avons guère  manqué d’analyses et de recommandations ;  que le constat est simple, à savoir que la France qui consacre 14% de son PIB à payer des retraites, est le pays de l’OCDE, après l’Italie, où  le poids est le plus élevé ; et que la solution elle-même est en fait assez simple. …La retraite repose, comme tout système  de transfert, sur une mécanique dans laquelle on prend pour donner. Si le système  accumule les déficits, c’est que l’on donne trop ou que  l’on ne prend pas assez. Et Alfred Sauvy de préciser qu’en reculant l’âge de départ à la retraite, on aurait moins à prendre et à donner. Cette évidence a d’ailleurs été rappelée en avril 1999 dans un des multiples rapports rédigés depuis le livre blanc de 1991, à savoir celui qui fut remis par le groupe présidé par Jean-Michel Charpin, alors commissaire général au Plan. Ce rapport, qui faisait un point à ce jour guère égalé sur la situation des retraites, contenait cette observation : « Le recul progressif de l’âge de la retraite pourrait favoriser le rééquilibrage des régimes par répartition sans peser ni sur les revenus des retraités ni sur ceux des actifs. Il est justifié à la fois par l’allongement de la vie, le recul de l’âge d’entrée dans la vie active, et l’amélioration de l’état de santé des plus de 60 ans. »

A quel problème peut donc se heurter Jean-Paul Delevoye ? Juste à une assertion assez péremptoire :  « Pour la première fois depuis des décennies, les perspectives financières permettent d’envisager l’avenir avec une sérénité raisonnable, selon le Comité de suivi des retraites. L’enjeu aujourd’hui n’est donc pas de repousser l’âge ou d’augmenter la durée de cotisation. »

Et comme cette assertion émane du programme d’Emmanuel Macron, circulons puisqu’il n’y a rien à voir… ou à revoir.

On peut compter néanmoins sur Trissotin 2.0 (les technocrates ndlr) pour nous délivrer un texte incompréhensible, nourri de références au notionnel, au système à points, à la sauvegarde de la répartition qui aura comme résultat de noyer une nouvelle fois le poisson.

Soyons clair : toutes les astuces de langage plus ou moins alambiquées n’empêcheront pas que sortir de cet inconcevable déni sur l’âge de départ à la retraite est inévitable. Cependant, cela ne prendra tout son sens que si l’on agit selon une démarche économique plus large. Il se trouve que certain personnage envisage de supprimer un jour férié pour financer la dépendance des personnes âgées. Celui qui fait cette proposition  est celui qui  proposait  en 2014 d’assouplir les 35 heures, car il constate que la quantité de travail mobilisée en France est insuffisante. Il s’agit bien évidemment d’Emmanuel Macron. Cela signifie qu’il est indispensable de résorber  le chômage structurel dont le niveau élevé tend à devenir une spécificité française parmi les économies développées, mais qu’il faut également allonger la durée du temps de travail de ceux qui en ont un, en différant leur départ en retraite, en leur permettant de travailler autant qu’ils veulent par la suppression des 35 heures, et en revoyant le nombre de jours fériés :  Emmanuel Macron  le sait et l’a dit... »

Vous avez donc bien compris : d’un côté on ne touche pas à l’âge de départ, dixit Murielle Pénicaud, et de l’autre on veut mettre en place un système qui y pousse avec un concept fumeux « d’âge pivot » …  

Il  y a un  principe qui échappe à Jupiter : ce qui se conçoit bien s’énonce clairement !


POUVOIR D’ACHAT : MANDRAKE AUX FINANCES

Mandrake

Mandrake, c’est le magicien qui a enchanté mon enfance grâce à ses  pouvoirs d’hypnotiseur. Il  mettait ses dons au service de la lutte contre le mal. On ne peut pas en dire autant de nos apothicaires de Bercy qui essaient par des tours de passe-passe de nous faire croire qu’ils baissent les  impôts quand ils les augmentent et que le  pouvoir d’achat augmente quand il baisse.  Ce serait  de  la  magie si ça n’était  pas  un habile bonneteau fiscal. Attachez  vos ceintures, il va falloir suivre. Car depuis le début de l’année nous sommes pris dans un tourbillon de mesures qui fait que pour nos revenus, même  un comptable  expérimenté se mélangerait les pédales.

Commençons par les hausses.

Au 1er janvier  les taxes sur le tabac et les carburants ont été augmentées, suivies de près fin janvier par la CSG de 1,7 point (25% de hausse en produit). Le renchérissement du pétrole a accentué la hausse du prix de l’essence et du gazole. Du coup, les prix des produits alimentaires ont accéléré. Et  l’inflation est réapparue. Moralité : le pouvoir d’achat a diminué de 0,5% au 1er trimestre. Et le même scénario recommence en 2019. Rebelote pour les  carburants et le tabac à quoi il faudra ajouter les surprises du prélèvement à la  source de l’impôt sur le revenu. Pour les dix millions de Français déjà mensualisés,  le  prélèvement viendra dix jours plus tard et sera, en théorie et à condition que vous n’ayez pas de crédit d’impôts,  un peu inférieur pendant les dix premiers mois de l’année mais il faudra continuer à payer en novembre et en décembre. Ceux qui profitent de niches fiscales recevront un acompte de 30%, et puis non, de 60% (!) du montant des abattements de l’année précédente. L’Etat a retrouvé 5 milliards d’euros pour faire l’avance. En 2019, il faudra compter aussi avec une revalorisation inférieure à la hausse des prix des pensions de retraite : un rabotage déguisé.

Voyons les baisses.

Les cotisations sociales dues  sur les salaires par les employés ont été allégées de 2,2 points et l’impôt sur la fortune dû en juin a fondu des deux tiers. Bon, ce ne sont pas  les mêmes qui sont concernés, mais ça compte quand même. Les  salariés vont connaître une autre baisse de leurs cotisations de 0,95 point fin octobre. A la même date la  taxe d’habitation va diminuer d’un tiers pour quatre foyers sur cinq. Avec un peu de chance vous serez dedans, mais ça n’est pas certain. En 2019, nouvelle baisse de la  taxe d’habitation de 30%  et revalorisation du minimum vieillesse (de combien ?). Cette dernière n’est pas  une baisse mais au moins ça vient compenser un peu les hausses.

Vous avez suivi ?

Selon nos magiciens le sacro-saint  pouvoir d’achat devrait connaître une (forte) hausse de 1,5% au dernier trimestre 2018 ce qui laisse perplexe les statisticiens de l’Insee qui ont du mal à s’y retrouver. Pour eux ce serait plutôt 1 à 1,3%, soit une hausse du même ordre que l’an dernier sur l’ensemble de l’année. La vérité c’est que le gouvernement patauge et  panique à l’approche de la fin de l’année avec la  crainte de ne pas rester dans les clous  des 3% de Bruxelles si la croissance n’est pas au rendez-vous. Il promet des milliards d’euros en mêlant étrangement les  genres dans un jeu de bonneteau effréné, distribuant et reprenant tour à tour. Notons au passage que la hausse de la CSG a été effective dès janvier et que sa compensation pour les salariés a été fractionnée : une partie en début d’année, l’autre ce mois-ci. L’écart de 9 mois dans l’application a généré 4,5 milliards d’euros de trésorerie pour Bercy. Et dans le même temps, les impôts ont augmenté pour les ménages de 4,5 milliards d’euros. Donc une marge de 9 milliards …Voilà un jeu de bonneteau savamment orchestré par une administration fiscale qui sait que les dépenses ne vont pas baisser et qu’il faut prévoir en face de chaque baisse d’impôt une hausse ! Ainsi les  petites taxes créées cette année vont-elles rapporter 7 milliards… Donc, au total, les ménages vont bénéficier de 24 milliards d’euros de baisses d’impôts directs quand le dispositif annoncé sera complètement en place, tout en devant s’acquitter de 29 milliards de prélèvements  supplémentaires … L’Etat crée en moyenne près de 7 taxes nouvelles chaque année, ça n’est donc pas fini. Etonnez-vous alors que la France batte le record de l’OCDE des prélèvements obligatoires : plus de 1 000 milliards.  Jamais on n’a payé autant d’impôts en France. Les entreprises paient plus de 16,1% du PIB, 50 milliards  de plus par rapport à la moyenne européenne, ce qui relativise les baisses programmées pour elles par ce « brave » monsieur Le Maire.

La hausse du pouvoir d’achat.

On comprend que les  Français n’en croient pas un mot. Ce ne sont pas les quelques euros supplémentaires sur la feuille de paie  (30 €) qui vont compenser  la hausse des prix et les  quelques heureux qui vont engranger une taxe d’habitation moindre, il y a de fortes chances  pour qu’ils l’épargnent en prévision du mois de janvier. Le gouvernement lui-même, « Darmamoins » en premier, crée de l’incertitude  par sa  communication brouillonne. Son action est illisible. Et  encore, on n’est pas au bout de nos surprises : un choc pétrolier n’est pas impossible en novembre si Trump applique ses sanctions contre l’Iran qui promet en représailles de bloquer le détroit d’Ormuz. En  plus, il  pourrait bien y avoir, en début d’année prochaine, un effet récessif du prélèvement à la source agrémenté de quelques bugs, ce qui n’est pas exclu. Bonjour les dégâts !

Ce n’est plus Mandrake, c’est Garcimore !

Autrement dit, ce n’est pas la consommation qui est à l’ordre du jour,  mais plutôt l’épargne de  précaution.

 


LA VALSE FOLLE DE JUPITER (extrait n°1)

Macron la valse folle de Jupiter

Je poursuis aujourd'hui la suite de l'analyse du livre de Jean-Marc DANIEL.

Voici un premier extrait (p. 79,80 et 81) :

 

« C’est à la résolution des problèmes structurels du pays que le président Macron doit se consacrer en priorité. Cette priorité est d’autant plus manifeste que ces problèmes sont assez clairement identifiés.

La première manifestation en est la persistance d’un chômage élevé. Ce chômage est d’autant plus paradoxal que, fin 2016, 27% des entreprises industrielles déclaraient avoir des difficultés à recruter. Cela  signifie en particulier que… l’inadéquation entre les besoins des entreprises et les compétences effectives de la main d’œuvre est plus forte que jamais.

La deuxième est l’absence de maîtrise des finances publiques. Malgré une hausse spectaculaire des prélèvements obligatoires qui sont passés de 41,3% en 2010 à 44,5% en 2016, les budgets publics connaissent un déficit et la Cour des Comptes… avance que la situation exige un effort d’économie « d’ampleur inédite ».

Un appareil  productif à la peine et une dépense publique excessive se conjuguent pour nourrir le troisième problème qu’Emmanuel Macron reçoit en héritage, à savoir un important déficit extérieur. La  balance des paiements courants de la France en 2017 est négative,  s’établissant à 0,8% du PIB…  Et la situation a tendance à s’aggraver, puisque l’OCDE anticipe un déficit de 1,6% du PIB pour 2018.

Porter un jugement sur les débuts d’Emmanuel Macron revient à s’interroger sur l’adéquation de la politique qu’il mène à la situation qu’il a reçue, c’est-à-dire à un héritage où  le  cycle masque les limites du rebonds de l’économie française,  d’une économie en sous-emploi et marquée par un phénomène de déficits jumeaux (déficit extérieur et déficit budgétaire).

Dès lors que la croissance est le cumul de trois composantes, l’analyse de la réponse à apporter à cette interrogation… doit porter sur chacune des trois composantes. Nommé président du Conseil Italien en 2011, Mario Monti a formalisé ce principe en affirmant que toute politique économique efficace devait comporter des réformes tendant à accroître la concurrence de façon à élever le niveau de croissance potentielle,  des réductions de dépenses propres à  équilibrer les finances publiques à long terme… et une politique d’ensemble fondée sur le retour à la dignité nationale pour que les aléas n’altèrent pas trop  la confiance du pays en lui-même.

Emmanuel Macron a-t-il rempli ce contrat ? A ce stade, nous affirmons qu’il y a de sérieuses raisons d’en douter. »