L’EURO A VINGT ANS !
03 janvier 2019
1er janvier 1999.
L’Euro est né officiellement le vendredi 1er janvier 1999. Les Français commencèrent à jongler avec la parité de 5,55957 Francs pour un euro, qui fit les beaux jours des calculs mentaux et des convertisseurs. De Paris à Berlin, d’Amsterdam à Madrid, il n’y avait plus qu’une seule monnaie, avec un même taux d’intérêt, celui fixé par la BCE (Banque Centrale Européenne). On se souvient aussi que les billets et les pièces ne sont apparus que trois ans plus tard, en 2002, pour des raisons pratiques. Mais dès janvier 1999, toutes les opérations financières et commerciales ont été réalisées à l’international sous l’égide de la monnaie unique. Et tout le monde fut ému à l’affichage du premier cours euro-dollar à 1,1789.
Une histoire courte et déjà mouvementée.
Après une première décennie sous le signe de l’euphorie, conduisit à une insouciance quelque peu coupable, car le succès de la monnaie fut immédiat. La séquence suivante fut moins enthousiasmante comme si la monnaie européenne vivait sa crise d’adolescence avec des parités euro-dollar en montagnes russes et une crise qui a bien failli le voir disparaître en faisant exploser l’Europe. Il a fallu une thérapie douloureuse pour le remettre sur les rails, bien que certains états peinent toujours à rester dans les clous des règles communes, comme la France. Mais la crise a été l’occasion de corriger ses faiblesses les plus criantes et de recadrer sa gouvernance : il a fallu modifier les règles de Maastricht, ce que les gouvernements emmenés par Nicolas Sarkozy, soutenus par la BCE, réussirent à obtenir. Cela a permis d’apporter une aide massive aux pays frappés par la crise financière et incapables de financer leurs dettes, tels la Grèce, l’Irlande, Chypre et le Portugal. Les règles du Pacte de stabilité, dénoncées sans effets heureusement par François Hollande, ont permis de renforcer la monnaie , rassurer les marchés, et d’imposer aux cigales la discipline budgétaire nécessaire à sa pérennité.
Vingt ans après.
Une génération plus tard, l’euro se porte plutôt bien. 17 millions de Français n’ont pas connu le Franc : ils sont nés avec ou après la naissance de la monnaie commune. Personne n’a eu l’idée de célébrer cet anniversaire avec le faste qu’il aurait mérité. Car quoi, qui peut nier que l’euro nous est désormais consubstantiel. Car l’euro est bien le symbole de l’unité, de la souveraineté et de la stabilité pour les 340 millions d’européens de l’« eurozone ». Elle est même plébiscitée par une forte majorité de la population dont 64% juge que « l’euro est une bonne chose pour leur pays » (59% en France). L’euro, qu’on le veuille ou non rassure : en Italie, sa cote a fait un bond de dix points depuis que les partis antieuropéens sont arrivés au pouvoir. En France, excepté quelques « azimutés », personne n’envisage de quitter le giron de la monnaie commune. L’euro est devenu la deuxième devise du monde, après le dollar, en terme d’instrument de mesure, d’échange et de réserve. Et il pourrait faire beaucoup mieux.
Des progrès sont encore nécessaires.
Avec l’euro, les pays qui l’ont adopté sont mieux armés. Pour éviter le retour de crises comme celle de 2008, une surveillance systémique a été mise en place par la BCE, et un mécanisme de sauvetage a été créé, financé par les banques elles-mêmes, pour éviter au maximum le recours à l’argent public. Le vaste chantier de l’Union bancaire lancé en 2012, est presqu’arrivé à son terme. Il manque la dernière pierre, celle de la garantie européenne des dépôts qui pourra voir le jour dès que les dernières banques du sud de l’Europe auront terminé de nettoyer leurs bilans. Les 28 pays européens ont acté au mois de décembre dernier le principe d’un budget de la zone euro, dédié aux investissements dans les pays en retard de compétitivité : c’est une étape indispensable pour avancer dans la cohésion économique et sociale de l’Union européenne. Même si des évolutions institutionnelles apparaissent à beaucoup comme nécessaires. Car, à l’heure où le parapluie américain s’éloigne, la nécessité de muscler la stature de la devise commune apparaît comme une évidence. L’action de Donald Trump vis-à-vis de l’Iran en a été le révélateur. L’union européenne n’aura de véritable autonomie stratégique qu’avec une devise forte.
Un bilan positif, mais en demi-teinte.
Qui donnerait cher de la monnaie de la France, avec 2300 milliards de dettes et un déficit de 100 milliards ? Nos partenaires sont un peu trop complaisants avec notre laxisme, mais l’euro nous protège, même si l’union monétaire reste encore une cote mal taillée. Il appartient dès lors à nos dirigeants de faire les efforts qui ont manqué dans la dernière décennie pour faire davantage converger les économies, notamment dans les domaines de l’industrie, des revenus, du chômage, de la productivité et de la robotisation… Ainsi l’euro tiendra toutes ses promesses, y compris à l’international où il n’est pas à la hauteur de ce que l’ensemble européen représente sur la scène mondiale.
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