PIETRES ECONOMISTES !
27 décembre 2018
Mais comment se fait-il que les dirigeants politiques soient si nuls en économie ? Nous en France, on a une excuse : on a l’ENA ! Mais les Etats-Unis, tout de même, avec leurs grandes universités, la patrie de Georges Maynard Keynes … !
Données brutes.
Aux Etats-Unis, le déficit du commerce extérieur explose malgré la guerre commerciale engagée par Trump avec comme objectif de « protéger » son pays, et sa relance entraîne une surchauffe qui va précipiter le « retournement cyclique » de l’économie au lieu de l’avoir contré. En France, la dette avoisine les 100% du PIB et les récents événements conduisent à une aggravation des déficits et de l’endettement. Mêmes causes, mêmes effets. L’économie a ses règles et elle est têtue. Pourquoi sont-ils donc si mauvais ? Nos dirigeants occidentaux sont de piètres économistes qui ne connaissent même pas leurs fondamentaux. Et ce n’est pas la faute de Keynes, considéré par nos technocrates comme l’alpha et l’oméga de toute politique économie.
Trump et l’Etat-dealer.
Le Président américain mène les Etats-Unis comme on joue au poker. Il veut une « America great again ». Il y a de fortes chances qu’il la laisse plus faible qu’il ne l’a trouvée. Ses tweets rageurs, ses rodomontades, ses esbroufes ne trompent plus personne. La réalité c’est qu’en dehors du rapport de force, il ne connait rien au fonctionnement de l’économie au-delà des réactions spasmodiques des marchés et de la bourse qui le font enrager. Ses fausses négociations ne cherchent qu’à faire croire plus qu’à réellement aboutir. Mais la réalité le rattrape : ainsi sa volonté de doper l’économie américaine à coups de baisses massives d’impôts a eu pour effet de creuser massivement le déficit commercial américain à 55,5 milliards de dollars rien que pour le mois d’octobre, par la baisse conjuguée des exportations et l’augmentation des importations stimulées par une forte demande intérieure. C’est tout simplement un record ! Voilà ce qui arrive quand on est à la tête d’un pays qui n’est plus capable de produire suffisamment pour répondre à la demande et qui voit ses exportations contrariées par des mesures de rétorsion. Pire, l’acier, pourtant taxé à 25% depuis le mois de mars, continue d’entrer massivement pour alimenter les industriels en matière première, contribuant à l’inflation. Comme quoi il parait simple de favoriser les producteurs américains avec des analyses simplistes. Les effets néfastes de cette politique, qui étaient prévisibles, ne s’effaceront pas avec un coup de colère. Contentons-nous de constater : sa mauvaise connaissance de Keynes l’a conduit à produire une double erreur. On ne relance pas une économie qui va déjà bien. Et on ne le fait pas sans avoir préalablement assaini les finances, sinon, on aggrave la situation. Trump ne récoltera donc que des fruits amers. Son entêtement dans son bras de fer avec les démocrates, en provoquant le « shutdown » prolongé de son administration, est surréaliste mais inquiétant : il préfère la paralysie de son pays plutôt que composer. De même, il n’a pas l’air de comprendre la volonté d’assainissement de la Fed quand elle remonte les taux d’intérêts. Les spasmes de la bourse viennent ajouter au tableau. On découvre qu'après neuf ans de progression ininterrompue, la croissance peut ralentir. On découvre aussi que le monde a surmonté la crise de 2008 en créant artificiellement une masse incontrôlable de dettes. Ce dont Trump n’a cure.
Les énarques gestionnaires mal avisés.
L’américain Georges Meynard Keynes est la référence en matière d’économie pour nos énarques et notre gauche démocrate-socialiste. Ils n’ont retenu de lui que « la politique de stimulation de la demande » pour maintenir l’activité et favoriser la croissance. C’est en s’appuyant sur ce principe que depuis près de quarante ans, nous avons dans notre pays une progression continue des dépenses budgétaires, avec un Etat qui a grossi de 40% depuis les années 70, qui a accru les prélèvements de 25%, passant à 57% du PIB, et comme c’était loin de suffire, la dette a grimpé pour atteindre 100% du PIB. Sans pour autant apporter une réponse satisfaisante en matière de croissance et d’emplois. Un peu trop court comme définition ! Car Keynes n’a jamais préconisé une hausse ininterrompue de la dépense publique et de l’endettement. Il exposait d’ailleurs qu’il fallait limiter le montant des prélèvements obligatoires à 25% du PIB parce qu’au-delà, l’excès d’impôts nuisait à l’activité !!! De même, nos technocrates se réfèrent encore au « maître » qui avait expliqué pour la crise de 1929 que « la restriction des crédits avait été une erreur aggravante ». D’où la politique des banquiers centraux qui ouvrent grand les vannes à chaque choc : abaissement des taux et rachat d’actifs par milliards. Là encore, Keynes avait indiqué qu’en dessous d’un certain seuil -un taux d’intérêt minimal- une politique monétaire trop expansive joue contre elle-même. De fait, déficits budgétaires et relances monétaires excessives ont contribué à entraîner le monde dans une financiarisation extrême, détachant la finance de l’économie réelle et créant des bulles et des crises à répétition. Ce manque de culture et de lucidité, on en paie le prix aujourd’hui. On pourrait y ajouter le manque de courage : l’argent facile a trop souvent permis aux politiques de « gagner du temps » et différer les réformes structurelles telles que allègement de l’Etat, ajustement de l’éducation, adaptation à la concurrence… Et on continue, avec Macron, de marcher sur la tête. Le débat serait donc en France entre trop et pas assez de libéralisme ? Avec une culture économique aussi pauvre, c'est évidemment un leurre. D'ailleurs, les statistiques parlent d'elles-mêmes : nous avons l'Etat le plus socialisé de la planète. Vous constaterez, comme moi, que lorsqu'on parle d'augmenter le pouvoir d'achat, on ne parle jamais en même temps d'augmenter la création de richesse qui le permettrait.
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