LE BEURRE ET L’ARGENT DU BEURRE…
29 janvier 2019
Désolé pour le retard à l'allumage cette semaine, mais l'ordi vieillissant avait besoin d'un petit check'up.
Champions des dépenses sociales.
L’OCDE, Organisation de coopération et de développement économique, qui regroupe les pays les plus industrialisés, vient de confirmer que la France, avec des dépenses sociales qui atteignent 32 % de la richesse nationale produite chaque année, est le pays dont le montant des prestations sociales est le plus élevé. Simultanément, c’est la France qui subit la crise sociale la plus grave. Cherchez l’erreur ! Est-ce que cela ne veut pas dire tout simplement que notre système redistributif de prélèvement-répartition ne résout rien et nous conduit tranquillement à la faillite pour les raisons que j’indiquais dernièrement : il est doublement pénalisant en incitant à ne pas travailler d’un côté et à ne pas gagner trop de l’autre. N’arrive-t-il pas à la France dont les niveaux de prélèvements font un d’elle un « état socialiste » qui ne dit pas son nom, le même sort que celui des démocraties populaires de naguère : la révolte d’un peuple en désespérance qui crève de l’absence de liberté, les uns condamnés à la pauvreté, les autres à végéter ou partir ailleurs ?
Fiscalité plus juste…
Alors, dans le grand débat national, les suggestions pour une fiscalité plus juste abondent. Dès le début de « l’insurrection », c’est le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) qui a été réclamé par certains gilets jaunes, soutenus à la fois par la gauche, l’extrême gauche et l’extrême droite. Une hausse généralisée des salaires a été également exigée, ainsi qu’une baisse ou une disparition de la CSG. Et maintenant voilà qu’est envisagée une baisse de la TVA. Tout cela est très contradictoire et suppose que l’Etat peut tout. Il suffit de jeter un coup d’œil sur cette liste des doléances pour savoir que son application conduirait immédiatement à la faillite. Les 3,5 milliards que rapporterait l’ISF se révèleraient vite très insuffisants pour compenser une baisse de la TVA (un point de réduction valant 2,6 milliards) et de la CSG (7,5 % sur tous les revenus), l’impôt social le plus productif après la TVA. Cette lettre au Père Noël nous montre tout bonnement que les contestataires et bien des responsables politiques sont nuls en économie. J’ai même entendu qu’il fallait plus de « Keynes » alors que c’est justement ce type de politique qui nous a menés là où on en est.
ISF et autres impôts.
On peut toujours gloser sur le montant des impôts et leur répartition. Effectivement, quand Michel Rocard a inventé la CSG à 1 % du revenu brut, il n’avait pas imaginé qu’un jour elle serait multipliée par huit, ce qui, effectivement, peut peser dans le budget des foyers les plus pauvres. En revanche il n’est pas normal que 52% des foyers français ne paient pas l’impôt sur le revenu. Cela donne un sentiment d’inéquité, l’IRPP servant de machine à redistribuer. On devrait donc envisager un meilleur équilibre entre ces deux sources de prélèvements. Quant à baisser la TVA, ce serait la pire des solutions. J’ai expliqué maintes fois que c’est le contraire qu’il faudrait faire en y transférant tout ou partie des charges qui pèsent sur les entreprises, avec de multiples avantages pour notre économie. Le débat sur le paiement ou non de l’Impôt sur le Revenu est purement moral. Il n’a rien à voir avec le montant de la pression fiscale, c’est seulement un débat sur l’égalité républicaine devant l’impôt.
Protection sociale et pauvreté.
Le fond du problème, c’est qu’on a poussé dans notre pays le curseur de la « protection sociale » trop loin, entraînant tout un cortège de déresponsabilisation et de découragement. Tant que l’Etat ne réformera pas les aides qui plombent budget et entreprises, poussant à toujours plus de déficits et de dette, on ne s’en sortira pas. Baisser les dépenses, voilà le vrai sujet ! Mais au moins les gilets jaunes devraient-ils comprendre, ce qui ne semble pas être le cas, que les prestations sociales (APL, allocations familiales, prime à l’emploi, etc.) dont ils bénéficient n’existent que parce que tout le monde en France paie ses cotisations sociales. Ils devraient comprendre que, si l’Etat ne se livrait pas à ce prélèvement massif sur la richesse nationale, il ne pourrait pas lisser les inégalités entre les revenus, ce qui en fait le pays d’Europe où on trouve le moins de pauvres. Les demandes qui émergent, en définitive, c’est qu’on les libère de toute contribution et que l’on aille trouver l’argent ailleurs, chez les riches, c’est-à-dire chez tous ceux qui gagnent un peu plus qu’eux. Autrement dit aggraver un peu plus le mal. Bonne façon d’appauvrir tout le monde ! On est bien loin du « ras-le-bol » fiscal qui a déclenché le mouvement.
Etre riche en France.
Il va être urgent de définir ce que l’on désigne par « riche ». Non, on n’est pas riche quand on est un cadre supérieur à la retraite qui a une confortable pension complémentaire. Pas plus que le citoyen qui habite un appartement confortable qu’il a payé pendant trente ans. Enfin qu’on se le dise : le transfert par le fisc de sommes massives entre les foyers les plus riches vers les plus pauvres ne résoudront jamais le problème des inégalités. Pas plus que les réformes collectivistes de l’Union soviétique n’ont pas amélioré la production de son agriculture. Prendre de l’argent dans une poche pour le mettre dans une autre, beaucoup pour le premier, des miettes pour le second, ne résout pas les problèmes de formation, de qualification, d’innovation, d’investissement, de compétitivité… Ce qui crée de la richesse solide et distribuable, c’est la productivité, la qualité du produit, la capacité à concurrencer les meilleures usines étrangères. Ce n’est pas la recherche du dénominateur le plus bas. Nous sommes certes dans une société où, même socialisé, un revenu minimum reste insuffisant. Et, s’il faut empêcher les « riches » de frauder le fisc, de rechercher un enrichissement excessif, (regardons d’abord du côté de la « haute administration »), on ne peut pas accepter une théorie économique qui suggère de réduire drastiquement les prélèvements obligatoires et d’augmenter arbitrairement les revenus les plus bas. Ce sont deux propositions incompatibles.
Questions qui ne sont pas que subsidiaires : quand parle-t-on de créer de la richesse, et comment s’y prend-on ? Là réside la vraie solution pour augmenter le pouvoir d’achat !
On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre !
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