LE PERE NOËL EST PASSE
10 décembre 2018
Ou plutôt Saint-Nicolas…
A quelques jours près, la coïncidence aurait été amusante puisque Saint-Nicolas passe le 6 décembre. La seule personne qui peut aujourd'hui sortir la France de la crise ressemble fortement à celui qui vient apporter les cadeaux. Il est descendu ce soir du haut de son trône élyséen avec une bonne quinzaine de milliards à distribuer. Il ne manquait que la voix doucereuse de Tino Rossi en fond sonore. La magie de Noël va-t-elle opérer ? Ce soir on a donc appris ce que le Président, prophète de l’Etat providence, (donc ceux qui paient l’impôt), a offert comme cadeaux au-delà de la suppression de la taxe sur les carburants pour 2019 déjà obtenue. Une jolie liste, en vérité, bien technocratique à souhait : une prime de 100€ à chaque smicard qui ne coûtera rien à l’employeur, en plus de la revalorisation du smic déjà programmée, la fin de la hausse de la CSG pour les petites retraites de moins de 2 000€ (encore pas pour nous), les heures supplémentaires seront défiscalisées et sans charges, les employeurs qui le peuvent devront verser une prime de fin d’année, elle aussi sans impôts ni charges. « Elle est pas belle la vie ? »
Et qui c’est qui va payer tout ça ?
Voilà des mesures qui sont de nature à aider les fins de mois. Pas pour tous, évidemment. C’est mieux que rien, mais le Père Noël est encore dans son schéma techno et sa vision comptable. Si le but était de baisser les impôts et les charges pour la « classe moyenne », la cible n’est que partiellement atteinte, à cause d’un problème qu’il ne prend toujours pas en compte : seulement 45% des Français paient l'impôt sur le revenu ! Et pour ceux-là il faudra continuer de payer, et probablement un peu plus encore. Faudra bien trouver les 15 milliards que coûte le contenu de sa hotte. Encore heureux, il n’a pas touché à l’ISF ni à la flat tax. Ouf ! Mais on évoque déjà un relèvement des tranches supérieures de l'impôt sur le revenu... Ce sont surtout les entreprises qui vont être visées avec un report ou une suppression de la prochaine baisse des taux d'IS. Avec des recettes fiscales de 48,4 % du PIB en 2017, la France est la championne d'Europe des prélèvements : une hausse de 0,7 point en 2017. Dans l’affaire, Macron a totalement oublié la compétitivité, c'est vrai que ce n'est pas très grave, au point où on en est. Ce problème n’est pas dans l’urgence économique et sociale.
Révolution à la petite semaine.
La situation est asses surréaliste et plutôt étrange. La semaine, tout est calme, ou presque. Et la révolte se déroule juste un jour par semaine : le samedi. Ce jour-là, les casseurs entourés de gilets jaunes entraînés par le mouvement, et la police se donnent rendez-vous. De préférence à Paris. Et chaque semaine, chaque camp se déplace pour gagner la bataille du jour. Avouez que c'est assez unique. Mais l'impact du mouvement et les manifestations violentes auxquelles il donne lieu, est une catastrophe pour l'économie française. Directement, avec l'effondrement en décembre de la grande distribution, du commerce mais aussi de l'hôtellerie et du tourisme ; beaucoup d’enseignes réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires annuel et risquent de se trouver en mauvaise posture une fois passées les fêtes. Indirectement, avec la détérioration spectaculaire de l'image de la France auprès des investisseurs étrangers. Notre balance des paiements, déjà mal en point, ne dira pas merci. Avec le temps, le discours protestataire s’est radicalisé, et les extrêmes des deux bords s’emploient à souffler sur les braises. Mélenchon y prend même son pied. Ce type devrait faire vraiment peur tellement il fait penser à Robespierre. Qu’en sera-t-il samedi prochain. Tout le monde attend évidemment... « samedi », puisque c'est la révolution du samedi. Pas sûr que les mesures annoncées ce soir soient suffisantes pour calmer complètement le jeu. Il faudrait l’espérer, même si le message des Français qui bossent et qui en ont ras-le-bol d'être matraqués par les impôts n’a pas vraiment été entendu. Pour l’instant Bruno Le Maire promet une baisse des prélèvements à la fin du quinquennat...d'1%, ça fait rêver, non ? Un objectif qui paraît dérisoire, alors qu'on est huit points au-dessus de la moyenne de la zone euro. Enfin on peut miser sur le retour au calme pour le samedi suivant. En effet, les manifestants ne pourront sûrement pas venir car c'est le début des vacances scolaires... Faut pas exagérer non plus.
Quant à la croissance, elle est définitivement en berne pour 2018. Après les deux premiers trimestres à 0,2, seul le troisième a rempli le contrat avec 0,4. Pour le dernier, la Banque de France vient de diviser par deux sa prévision de 0,4. On est loin, très loin des 1,5% envisagés par Bercy ! Voilà des marges encore réduites pour le gouvernement. Heureusement, il y a la dette… On n’est plus à quelques milliards près.
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