LA FRANCE EN SOUFFRANCE
12 décembre 2018
Attentat mardi soir sur le marché de Noël de Strasbourg. Triste. Pas de commentaire.
La croissance a du plomb dans l’aile.
Un petit rayon de soleil dans cet océan de morosité : deux jours de suite que la bourse est dans le vert. Ce soir elle remonte sur les 4 900 points. Les espoirs d'un apaisement des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et les propos de Donald Trump sur un possible accord entre les deux pays alimentent cet optimisme. En Europe, l’Italie proposerait à l’Union européenne de ramener son objectif de déficit pour 2019 de 2,4% à 2% du PIB. Bel effort, comme quoi les populistes peuvent devenir raisonnables. Chez nous ce sera plutôt l’inverse. La France avait déjà accumulé un retard de croissance par rapport aux autres grandes puissances économiques. Mais l’année dernière, on avait pu croire qu’elle renouait avec une activité plus conforme. Hélas, depuis le début 2018, elle se traine à nouveau et la crise des « gilets jaunes » va provoquer un ralentissement majeur dont nous n’avions vraiment pas besoin. Un ralentissement qui risque de toucher de plein fouet nos TPE et PME. En écoutant Bruno Le Maire, j’ai eu un vertige : il tablait encore hier sur 1,6% pour cette année, avec un impact de 0,1% en moins quand la Banque de France l’estime à -0,2%. Je suis donc allé voir sur l'Insee les chiffres de la croissance 2018 : 0,2 au 1er trimestre, 0,2 au second, 0,4 au 3ème. Et maintenant on peut espérer 0,2 au 4ème selon la Banque de France. Soit 1% pour l’année ! Je voudrais qu'on m'explique comment Mr Le Maire et les médias peuvent annoncer au moins 1,5% ???? Mensonge ? Désinformation ? Il est vrai que 1% de croissance au lieu de 1,7 espéré, ça fait un sérieux trou de plus dans la caisse : quelques 15 milliards d‘euros voir plus. Les conséquences de ce ralentissement risquent d'être rudes pour l'emploi, et, évidemment, pour le déficit public. Des faillites de PME et TPE sont à prévoir, notamment dans les secteurs les plus touchés par la crise : le commerce, la grande distribution, l'hôtellerie, le tourisme et le transport. Et ce ralentissement va automatiquement limiter les marges de manœuvre du gouvernement en matière de relance du pouvoir d'achat. Cela n'empêche pas des irresponsables d'appeler à un "Acte V" samedi prochain et certains vont même jusqu’à inventer un complot avec l’attentat de Strasbourg. Proprement indigne !
Pas de quoi fermer le robinet.
Donc, malgré tout, Macron-Père Noël a ouvert les vannes : coup de pouce de 100€ pour le SMIC qui sortira directement des caisses de la Providence sans qu’il en coûte à l’employeur, en plus de la revalorisation prévue au 1er janvier, les heures supplémentaires complètement défiscalisées, possibilité d’une prime du patron sans charges ni impôts, la hausse des taxes sur les carburants annulée évidemment, ainsi que la hausse de la csg pour les retraites en-dessous de 2 000€. Les évaluations de la dépense faites par Bercy tournent autour de 10 milliards d’euros. Un montant sous-estimé probablement pour ne pas affoler Bruxelles. On serait plus près de 14 ou 15 milliards en réalité si l’on en croit la calculette d’Agnès Verdier-Molinié, généralement plus fiable. Pour satisfaire les gilets jaunes cela devrait suffire, même si les premières réactions sont grognonnes. Mais, que voulez-vous, certains ont pris le goût du pouvoir par la rue et le goût de l'hyper médiatisation des chaînes continues.
Comme d’habitude, on a donc tout fait à l'envers.
Normalement, il aurait fallu d'abord faire des réductions des dépenses publiques avec des réformes structurelles profondes comme l’avait réalisé l'Agenda 2010 de Schröder en Allemagne. Puis on aurait utilisé ensuite les surplus dégagés pour améliorer le pouvoir d'achat en baissant substantiellement les impôts. Chez nous, on fait le contraire. Il resterait à espérer que le gouvernement a prévu d'accélérer la mise en place des réformes indispensables et la réduction des dépenses publiques mais c'est peu probable car il n'a plus aucune marge de manœuvre, d’autant plus que maintenant « l'état de grâce » de Macron est bel et bien terminé. Curiosité : l’année 2019 commence avec un trou financé par la dette et va se poursuivre avec un autre trou, celui généré par le point de croissance qui manque. Le Maire qui annonce des baisses d’impôts va devoir se transformer en Mandrake.
Voilà où conduisent l’hypercentralisation doublée du mépris des classes moyennes et le déni. La révolte n’a compté finalement que quelques dizaines de milliers de personnes et elle n'aurait pas eu autant de retentissement sans... les casseurs. C’est bien dommage d’avoir été obligé d’en passer par là pour être (un peu) entendu. Un effort a été fait, mais la plus grande partie des classes moyennes est encore tenue à l’écart.
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