LA BATAILLE DU POUVOIR D’ACHAT
17 décembre 2018
Edouard Philippe en fait son leitmotiv.
Dom Quichotte contre les moulins… En cela, il relaie les imprécations de son Ministre des Finances, Bruno Le Maire et de son acolyte de l’Action et des Contes (sic) Publics. Alors, voilà confiée une nouvelle fois à l’Etat la tâche ingrate de distribuer ce que notre économie n’a pas permis, conformément aux décisions du Technocrate en chef, Macron-le-Généreux. De la simple parole à l’exécution, il y a tout un monde technocratique. Rien n’est plus compliqué que de verser 100€ à un smicard quand ce n’est pas le patron qui débourse. Ces 100€ d'augmentation du SMIC vont donc passer par la prime d'activité. Et selon « les Échos », même si le nombre des bénéficiaires de la prime d'activité (40% aujourd'hui) va augmenter, seulement 55% des Smicards vont toucher la prime. Forcément ça ne va pas plaire... Les smicards dont les conjoints sont mieux rémunérés seront donc exclus ! Dans les mêmes « Echos », notre Premier Ministre détaille l’application des promesses. Les heures supplémentaires seront bien défiscalisées et exonérées de charges sociales mais elles seront plafonnées à 5 000€ (bah oui, tout ça c’est à crédit) pour éviter les effets d'aubaine. Et la mesure sur l'annulation de la CSG pour les retraités dont le revenu fiscal de référence ne dépasse pas 22580€ est bien confirmée. Tant pis pour les autres : il faut bien des poires. Ils tapent encore à côté du clou !
Le casse-tête du trou à combler.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces dépenses n’étaient pas prévues, auxquelles il faut ajouter le manque à gagner des taxes annulées. La France va encore se ridiculiser à Bruxelles. Et les Italiens se marrent. Le déficit public, selon Édouard Philippe, sera de 3.2% en 2019... Avec une prévision de croissance maintenue à 1.7%.Ce qui est très optimiste et surtout on évite d’évoquer le trou que la croissance de cette année va laisser. Je maintiens qu’elle va plafonner à 1% ! Pour économiser, le gouvernement va donc décaler la baisse des impôts sur les sociétés de 33% à 31% pour les sociétés qui ont plus de 250 millions d'euros de CA. Il devrait y avoir aussi une taxe sur les GAFA en 2019, tant pis si on se prend une volée de mesures de rétorsion ... Mais toujours pas de réformes structurelles pour réduire les dépenses publiques. Ils sont incorrigibles ! La vérité, c’est qu’un ministre de Bercy n’a aucun véritable levier pour garantir cette promesse de bonheur qu’est l’augmentation du pouvoir d’achat. Dans le schéma technocratique, avec nos économies ouvertes sur le vaste monde, aux politiques monétaires et budgétaires contraintes, le jeu s’avère toujours être à somme nulle : on prend aux uns pour donner aux autres en se servant des canaux de la fiscalité et de la redistribution. Ce faisant, on constate que les gagnants sont toujours les mêmes, et les perdants existent forcément en face. Comme la richesse produite est insuffisante pour financer ce pouvoir d’achat factice, fruit d’une décision politique et non d’un résultat obtenu, on a recours à l’endettement. C’est une solution très utilisée par nos gouvernements qui augmentent le pouvoir d’achat de leurs électeurs en laissant à leurs successeurs le soin de régler la facture. Si je vous disais que la France a abusé de ce subterfuge, vous ne me croiriez pas, avec une dette qui frôle les 100% du PIB. Prendre aux entreprises pour donner aux ménages ne vaut guère mieux : on grignote les marges, on réduit la compétitivité, on augmente le nombre de chômeurs, avec en prime le déficit du commerce extérieur. Chez nous on combine les deux procédés avec le succès que l’on sait. Et Pénicaud s’étonne que le chômage ne baisse pas.
Il y avait pourtant un moyen bien plus simple.
L’Etat va décaisser 15 milliards (et pas 10) pour financer les décisions de Macron. Il suffisait de baisser les charges qui pèsent sur les entreprises d’autant : il y a gros à parier qu’en six mois, avec l’amélioration de la croissance ainsi générée, l’économie nationale aurait été en mesure d’augmenter les salaires probablement dans les mêmes proportions et de façon bien plus harmonieuse qu’avec cette mesure plaquée sur un cadre rigide (le smic) qui génère toutes de sortes d’effets pervers, à commencer par le tassement de la hiérarchie des salaires, et augmente l’iniquité fiscale puisque les couches moins défavorisées n’ont droit à rien. Evidemment, en même temps, il aurait fallu engager des réformes qui permettent de diminuer la dépense publique. Car il faut réunir trois conditions pour obtenir une vraie augmentation du pouvoir d’achat. D’abord, empêcher l’inflation : la BCE s’en charge et plutôt bien. Ensuite, assainir les finances publiques est un préalable à toute augmentation du pouvoir d’achat. Enfin, il faut de la croissance, que l’on obtient par l’expansion économique, c’est-à-dire par la compétitivité des entreprises. Ces trois conditions ont été réunies par le plan Pinay-Rueff de 1958 et valut à la France un joli « redressement » et de belles années de prospérité avec augmentation annuelle du pouvoir d’achat qui frisa les 10%.
Comme le gouvernement s’entête sur le mauvais chemin, on n’est donc pas au bout de la crise !
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