HISTOIRE

TRIVIALITES ET CRIS D’ORFRAIE

Macron prophète

 

« Casse-toi, pauvre con ! »,  « descend  si t’es un  homme ! » : Sarkozy avait fait couler beaucoup d’encre avec ses répliques triviales. «Indigne d’un Président », s’était exclamée la  « vox médiata »  (en latin approximatif). Et  voilà que son successeur en remet une couche en utilisant l’expression « ceux qui foutent le bordel ». Pas de quoi s’émouvoir, mais depuis trois jours on ne glose que là-dessus. D’accord, une majorité de Français désapprouve : « Un Président ne devrait pas  parler comme ça ! ». C’est certain, on n’imagine pas  Giscard céder à ce genre de trivialité en public, ni même Chirac. Encore que celui-ci avait glissé, en murmurant, lors d’un Conseil européen à l’adresse de Thatcher : « Elle veut quoi la ménagère, mes couilles sur un plateau ? » Mais on l’avait su bien longtemps après et par l’indiscrétion d’un conseiller. Pendant ce temps-là on ne parle pas des sujets qui fâchent.

De l’utilité de ce genre de saillie.

La phrase est prononcée impulsivement chez Sarkozy. Pas chez Macron. Elle est énoncée clairement alors que la caméra est là, et en la regardant. Ce langage « grossier » soi-disant pour mieux communiquer avec une partie des Français, marque, selon Bayrou-le-ressuscité « un surgissement du réel dans le discours politique ». Celle-là, il fallait la trouver ! Il est surtout fait à usage politique, et sciemment. Macron sait quel effet il veut produire. Et il sait qui il vise : les Insoumis et Mélenchon. Car il sait que c’est de là que viendra la réaction la plus vive et c’est justement ce qu’il recherche. Faire du leader de la France Insoumise son principal adversaire et opposant, comme si les autres n’existaient pas. Et ça marche. Tous les médias tombent dans le  panneau : « arrogance, mépris, … ». La disruption, une fois de plus, pour brouiller les pistes.  Cela n’est pas nouveau, il nous avait déjà fait le coup avec Jeanne d’Arc et De Villiers. Et tant pis pour l’apprentissage qui était l’objet du déplacement et dont on n’a pas parlé. Là encore un bon moyen de  mettre sur le dos des journalistes le fait qu’on ne parle  pas des « vrais problèmes des  vrais gens ». S’il donne par ce biais du carburant à Mélenchon, c’est pour qu’il pousse à le faire passer pour un président de « droite », qui protège les riches (raccourci saisissant et caricatural), et l'autre que ça fait mousser y va de bon coeur  !.

Emmanuel Macron, Président des riches ?

En réalité, les 3,7 millions de ménages gagnant entre 4 000 et 5 000 euros par mois après impôts (49 300 à 63 200 euros de revenus annuels), déjà frappés sous le mandat Hollande, verront leur pouvoir d’achat baisser l’année prochaine. Les perdants seront même probablement près de deux fois plus nombreux : ce sont sept millions de foyers, 20 % des ménages les plus aisés, qui devraient aussi voir leur pouvoir d’achat baisser l’année prochaine sous les effets croisés de la hausse de fiscalité verte  (plus de 3 milliards de taxes supplémentaires) et du tabac (500 millions). Car si Bercy indique que les 10 % des ménages les plus riches verront leur pouvoir d’achat augmenter de 1,2 %, c’est presque uniquement grâce à la suppression de l’ISF. Or, l’ISF n’est payé en France que par 350 000 ménages, c’est-à-dire 10 % des 10 % les plus riches : les fameux « 1 % ». Cela signifie que 90 % du « dernier décile » verra aussi son pouvoir d’achat reculer l’année prochaine. Ces 7 millions de foyers, ce sont ces classes moyennes supérieures, trop « modestes » pour bénéficier de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et trop aisées pour profiter de la revalorisation de la prime d’activité ou de la suppression de taxe d’habitation. Sans compter ceux qui seront touchés par l’IFI, dont j’ai parlé dans ma notre précédente. Pourtant si l’on en croit les documents annexés au projet de loi de finances, tous les ménages devaient bénéficier d’une hausse du pouvoir d’achat l’année prochaine. Mais voilà pour l’instant, il n’y a pas de levier budgétaire pour aider les classes moyennes dites supérieures.

Les Français ne croient pas  aux baisses d’impôts.

Et on les comprend. Les Échos publient les résultats d'une étude du Trésor sur l'impact des baisses d'impôts. Gain de pouvoir d'achat le plus élevé, 2,9%, pour les 10% des ménages français les plus modestes, et 2,7% de gain pour les ménages entre 21 000 et 25 000 euros de revenus. Les ménages les plus aisés qui profitent de ces mesures sont uniquement ceux qui étaient assujettis à l'ISF, comme je l’ai expliqué. Interrogés sur la baisse des impôts annoncée par le gouvernement pour 2018, les Français sont une très écrasante majorité - 81 % - à ne pas croire que les impôts vont baisser. Voilà pourquoi selon les documents annexés au projet de loi de finances pour 2018, les niches fiscales vont encore augmenter l’année prochaine, à la fois en montant (+6,8 milliards d’euros, à 99,8 milliards) et en nombre (de 451 à 457). Ceux qui le peuvent s’en servent pour échapper à l’impôt  et c’est encore ce que je vais faire avant la fin de cette année. Je vais profiter de ce que ce sujet n’est clairement pas la priorité du gouvernement.

En conclusion, grâce aux diatribes de Mélenchon, Macron réussit à faire croire que sa politique « est équilibrée » (pour 45% des Français contre 40% qui la jugent trop à droite) alors que ce n’est qu’un habillage libéral d’une politique keynésienne assise sur l’impôt, où on reprend d’une main ce qu’on a donné de l’autre. L’Etat est fauché, il faut bien qu’il trouve de l’argent puisqu’il ne fait pas d’économies réelles.

 

 


LES IMPÔTS VONT BAISSER… AH OUI ?

Contribuable détroussé

 

Les impôts  vont parait-il baisser en 2018. C’est ce que nous annonce notre grand argentier.  On aimerait le croire, mais…  chaque jour apporte une nouvelle taxe. Ce  matin encore, c’était la participation qui va  être imposée davantage ; hier c’était  les  propriétaires  de logement mal isolé par les bons soins de notre chouette Hulot. Que sais-je encore !  Ah aussi, le gazole qui va augmenter progressivement pour rejoindre le prix de l’essence. C’est bizarre, on aurait pu imaginer  le  contraire ou encore, faire converger les prix.  Mais non, là-haut on ne connait que la  hausse !

Qu’est-ce que l’impôt sur le Fortune Immobilière ?

Le  grand sujet du moment, c’est la « transformation » (notez que je fais des  progrès : je n’ai pas dit réforme) de l’ISF. On supprime  l’impôt  sur le Fortune. Mais pas  complètement. A Bercy, où les plombiers avaient peur  d’être en mal de tuyauteries, ils ont inventé une nouvelle usine à gaz pour  transformer  l’ISF en IFI : impôt  sur la fortune immobilière.  Tout  le monde « assume » le  machin,  c’est une promesse  de campagne de Macron, donc on entre sur le territoire sacré.  Sauf que cette  nouvelle taxe, pourrait, à terme, coûter plus cher que l'ISF aux propriétaires fonciers. Le président de la République veut ainsi retirer les valeurs mobilières et assimilées de l'assiette du futur impôt sur la fortune immobilière (IFI). Nous savons tous qu'Emmanuel Macron et ses proches conseillers, dont Jean Pisani-Ferry, ont une vision négative de l'immobilier qu'ils assimilent un peu hâtivement à la rente. On sait aussi que la résidence principale faisait l'objet d'un abattement de 30 % de sa valeur déclarative à l'ISF. Or, il est très probable que cet avantage ne soit pas  maintenu car le rendement annoncé de l'IFI - autour de 850 millions - est bien en deçà de celui de feu l’ISF : 4 à 5 milliards. En quête de rendement de l'outil IFI et en se fondant sur la notion de plus-value latente issue d'un marché immobilier dynamique, l'Etat est tenté de jouer un mauvais tour aux propriétaires fonciers. Il a par exemple déjà été évoqué que les revenus fonciers soient intégrés dans l'assiette de l'IFI dont on ne sait pas, par ailleurs, s'il conservera le plafonnement à 75 % qui est une planche de salut pour bien des assujettis retraités. Le barème sera peut-être intangible, mais pas les tranches de déclenchement de l'IFI. De plus, on peut imaginer que certains députés LREM en mal de notoriété voudront amender le projet du gouvernement. L'IFI sera donc plus coûteux que l'ISF pour un détenteur d'actifs immobiliers. Et je n’évoque pas toutes les combinaisons  liées aux SCI.

Créer un impôt sur la fortune «immobilière» est une aberration.

C’est assimiler le secteur à l’immobilité et à la stérilité économiques. Or c’est exactement le contraire qui se passe. Comment peut-on soutenir que les actifs de nature immobilière ne sont pas créateurs de richesse ? On sait que le secteur de la construction neuve, comme celui de l'entretien et de la rénovation, sont fortement employeurs, avec de l'ordre de un million et demi de femmes et d'hommes qui y travaillent, pour l'essentiel en tant que salariés. En outre, la  création des emplois y est l'une des plus importantes : un logement produit en plus, c'est deux emplois directs et indirects en plus. D’autre part, le parc locatif public est loin de répondre à la demande puisqu'il loge 40 % des ménages locataires. On ne peut donc prétendre que l'investissement locatif s'apparente à un placement sans contrepartie fonctionnelle pour la collectivité. Sans investisseurs privés, qui ont choisi d'apporter un « service logement » à la collectivité, acceptant au passage une rentabilité bien modeste, où iraient les 60 % restants ? L'Etat aurait-il les moyens de prendre le relais de l'épargne privée ? Les investisseurs institutionnels, qui se sont désengagés de l'habitation, y reviendraient-ils ? La probabilité est quasi nulle, évidemment.

Même les résidences secondaires !

On ne peut nier qu’elles constituent des actifs « luxueux », c'est-à-dire dont les ménages pourraient se passer sans grand préjudice. Pour autant, beaucoup de propriétaires exploitent ces maisons ou ces appartements de villégiature, augmentant de façon pertinente l'offre locative saisonnière. Il s’agit donc d’une activité locative utile, profitable au tourisme et au rayonnement territorial, qui ne mérite pas non plus qu'on l'assimile sans nuance à une rente à taxer.

On voit bien que l'appréciation du président de la République sur l'immobilier n'est pas fondée. L'immobilier vaut mieux que de céder à des a priori  éculés. D'autant que la facilité idéologique qui consiste à trouver que les immeubles sont juste du capital immobilisé ne heurte pas seulement l'évidence économique et l'intelligence : elle est risquée au plus haut point à bien des égards. Par contre, la rente foncière mériterait elle, une surpondération. Aujourd'hui, en zone tendue, le terrain représente plus de la moitié du coût de production d’un bien immobilier, quand cette proportion était de 30 % il y a vingt ans et c’est un vrai problème.

Mais le  problème est ailleurs : les yachts et les lingots d’or pourraient échapper à l’impôt, vous vous rendez-compte ? Si avec tout  ça les riches reviennent, on aura de la chance ! Pourtant il serait temps de constater que notre pays a décroché en matière de rentabilité du capital, que le phénomène des exilés fiscaux n'est pas marginal et que l’empilage des impôts (taxations de l'épargne, du patrimoine, des successions) reste confiscatoire.

 

 


SUS AUX RETRAITES !

Retraites 2

 

Les retraités étaient dans la rue la  semaine dernière pour protester contre la hausse de la CSG. C’est une catégorie sociale qui subit injustement beaucoup d’agressions, qu’elles soient verbales ou financières.

Des nantis !

Parmi les qualificatifs les plus courants qui leur sont attribués, celui de « nantis » est le plus pervers. Comme souvent, on a vite fait, en France, de désigner des boucs émissaires, et ici, de dresser les jeunes contre les vieux.  Ainsi on n’hésite pas à attribuer artificiellement à cette fraction de la population, dont les membres n’ont que l’âge en commun, des avantages, des égoïsmes, des indifférences qui existent d’autant moins qu’il y a toutes sortes de retraités : des pauvres, des riches, des malades, des bien portants, des généreux, des pingres, des heureux et des malheureux. Faire détester les autres est la solution la plus facile quand on veut faire  passer une mesure inique. Les retraités coûtent cher ? Il suffit de les appauvrir encore. Alors on les  accable de jugements négatifs. Mais la campagne dont ils font l’objet, si elle est indigne, va aussi droit dans le mur, car une société qui se respecte ne jette pas à la vindicte un quart de sa population. Les seniors ne méritent pas cet amas d’injures gratuites déversé sur eux : il suffirait qu’ils fassent la grève du bénévolat pour qu’on se rendent compte de l’ineptie de ce genre de débat.

Une mesure contestable.

Peut-on exprimer l’idée que celui qui a travaillé toute une vie possède, c’est une évidence, plus de biens ou d’argent que celui qui commence sa carrière ? Alors forcément, c’est chez les Français âgés que se concentre le patrimoine national. Mais on oublie au passage que nombre de parents aisés aident en général leurs enfants par tous les moyens dont ils disposent, et la tentation est grande pour le fisc d’intervenir dans la procédure sous le prétexte qu’il faudrait mettre un terme aux privilèges dynastiques !  C’est tellement facile d’imposer de force une solidarité entre génération. Quitte à faire l’impasse  sur  la réalité.  Comme chez les actifs, les inégalités entre retraités sont considérables. La hausse de la CSG affectera moins l’ancien cadre supérieur que l’ancien ouvrier au salaire minimum, même  en appliquant des seuils. Mais ce qui rend la nouvelle ponction de la  CSG insupportable, c’est que les retraités ont déjà beaucoup donné : ils ont cotisé 120 pour que le calcul de leur pension soit établi sur une base 100, et le montant de leur retraite est gelé depuis quatre ans. Et s’ils ont des retraites aujourd’hui, ils ont travaillé pour, et souvent durement, dans un contexte qui a toujours échappé complètement à leur volonté : on est forcé de cotiser en tant qu’actif, et on paie des impôts sur la pension pour laquelle on a cotisé ! Le  gouvernement aurait vraiment  pu trouver autre chose que céder à la  facilité d’une hausse de la CSG ?

L’âge n’est pas une classe sociale.

Le président de la République n’a pas caché qu’il rejoignait le choeur des détracteurs de la vieillesse. Il trouve lui aussi que les vieux, décidément, ont une vie trop tranquille et qu’il est juste qu’eux aussi « participent à l’effort national ». Comme si ça n’était pas déjà le cas ! Il faudra bientôt qu’un retraité demande pardon à la société d’avoir l’âge qu’il a. Déjà, quand il travaillait au-delà de 55 ou de 60 ans, son entreprise le pressait de partir, et sous prétexte qu’il coûtait trop cher, de prendre sa « pré-retraite », antichambre du cimetière des actifs. On a beau jeu aujourd’hui de stigmatiser les retraités alors que beaucoup de gens ne souhaitent pas prendre leur retraite à 62 ans. Le plus absurde, c’est que tous, il n’y a pas si longtemps, syndicats, gouvernements, entreprises, se sont littéralement ligués pour licencier des personnels considérés comme âgés, les jeter au chômage avant la retraite. Et voilà que maintenant on considère les pensionnés comme une charge insupportable pour la société. Mais l’Etat n’est pas à une contradiction près. Les plus pessimistes voient poindre la tentation d’une solution totalitaire du genre : « Ils coûtent trop cher en pensions et en soins, qu’ils crèvent », une idée déjà évoquée par Jacques Attali, qui comme on le sait, vaque dans les allées du pouvoir. Il s’agit évidemment d’un excès de langage, mais il n’est peut-être pas inutile de rappeler que les jeunes finiront par vieillir, que les vieux ont été jeunes et qu’il est ridicule d’opposer un âge à un autre. L’âge n’est pas une classe sociale ! Quant à la hausse de la CSG ciblée, c’est, par définition, une mesure injuste qui ne trouve sa justification que dans la condamnation du principe de la retraite et même de l’état de personne âgée.

 

 


ERIC WOERTH : « MACRON GÂCHE LES OPPORTUNITES QUE NOUS PERMET LA CROISSANCE ! »

Woerth 1

 

Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de lire l’interview dans les Echos,  je vous la  livre ci-dessous :

 

« Le président LR de la Commission des finances de l’Assemblée fustige un « budget de petite continuité », reprochant à Emmanuel Macron de ne pas « utiliser à plein » une conjoncture « extrêmement favorable ».

Les  Echos : 16 milliards d'économies, des baisses d'impôts, un déficit public inférieur à 3% de PIB... N'auriez-vous pas rêvé de porter un tel budget ?

Un déficit de l'Etat qui s'accroît dangereusement à 83 milliards d'euros, un déficit de la Sécurité sociale qui a du mal à se résorber, des dépenses publiques qui augmentent de 1,6% en valeur : il n'y a aucune raison de pavoiser. Ce n'est pas un projet de grande rupture mais de petite continuité.

Je ne conteste pas une volonté de maîtrise de la dépense ; je conteste l'idée qu'elle se traduise réellement. Il a d'ailleurs suffi d'un sursaut de croissance pour que le gouvernement abandonne ses bonnes résolutions. Un relâchement qui se traduira par une hausse de la dépense publique qu'on peut estimer à 6 milliards d'euros. La baisse du déficit public est faible, essentiellement fondée sur des éléments conjoncturels et pas structurels. Nous sommes clairement hors des clous des règles européennes. Rien n'est fait pour maîtriser la masse salariale de l'Etat avec seulement 1.600 suppressions de postes cette année alors qu'il en faudrait 24.000. Les crédits de nombreux ministères grimpent - et pas seulement ceux de la Défense. 

L E  : Le gouvernement souligne qu'il n'y a pas de rabot, mais des choix forts d'économies, sur les contrats aidés ou les aides au logement... 

Je ne suis pas contre le fait de revoir les aides au logement et de réduire la voilure des contrats aidés, mais c'est un peu court ! Pourquoi ne pas réadapter davantage de politiques ? Où est la réforme de l'Etat ? Malgré la grandiloquence dans les propos, l'histoire de France et du monde n'a pas commencé avec le nouveau président de la République. Emmanuel Macron hérite d'une conjoncture extrêmement favorable mais au lieu de l'utiliser à plein il fait le contraire, tout comme Jospin en son temps. Il souhaite réaliser 16 milliards d'économies en tendance au lieu des 20 milliards prévus, sans dire clairement où. Le compte n'y est pas et c'est gâcher les opportunités que nous permet la croissance. 

L  E : Le budget prévoit une flat tax à 30% sur les revenus du capital et une réforme de l'ISF. Est-ce un changement profond ? 

Non, on revient en fait à la situation d'avant 2012. Ce n'est pas une rupture mais un retour en arrière. La flat tax, nous l'avions proposée pendant la campagne présidentielle, nous y sommes évidemment favorables. Mais c'est une erreur de ne pas préserver le régime de l'assurance-vie. Et il est regrettable de ne pas faire bénéficier les revenus fonciers de la flat tax.

Le signal envoyé sur l'immobilier est doublement désastreux, avec la réforme de l'ISF qui est proposée. L'immobilier, ce n'est pas une rente mais de l'investissement. Pourquoi montrer du doigt ce secteur économique, alors qu'on a besoin de logements. Au vu de toutes les mesures anti-immobilier prises par ce gouvernement, le choc d'offre n'est pas près de se produire ! Ayons le courage de supprimer purement et simplement l'ISF. 

L E : Les Républicains défendent aussi la diminution de l'impôt sur les sociétés... 

Tous les grands pays le font. Là encore, il n'y a rien de révolutionnaire : Emmanuel Macron est du reste dans la continuité de la trajectoire votée sous François Hollande. 

L E :  Pourquoi critiquer la hausse de la CSG, qui va permettre de financer une augmentation du pouvoir d'achat des actifs ? 

C'est un projet agressif et inutile. Pourquoi opposer les Français entre eux, en allant taxer les retraités, les épargnants, les propriétaires fonciers ? Ce n'est pas juste de vouloir réduire le niveau de vie des retraités. L'augmentation du pouvoir d'achat des salariés doit se faire par l'amélioration de la compétitivité, la création d'emplois et de richesses, et non par des transferts sociaux ou des transferts d'une catégorie de Français sur l'autre.

En outre, avec le décalage des baisses de cotisations, plus de 4 milliards d'euros sont en réalité pris aux Français en 2018. Ce n'est pas le choc fiscal de François Hollande mais c'est quand même un choc fiscal qui concernera beaucoup de ménages modestes, surtout si on ajoute les hausses de carburants, du tabac, ou encore la diminution des APL. 

L E :  80% des Français vont néanmoins bénéficier d'une exonération de taxe d'habitation... 

Cela revient à dire que le service public local ne coûte rien. C'est un message dangereux. Alors que l'impôt sur le revenu est déjà très concentré, il va rester un îlot de contribuables qui paieront de plus en plus cher pour la taxe d'habitation. Le gouvernement fait une réforme de la fiscalité locale sans dire vers où il veut aller, sans concertation avec les élus. 

L  E : Le Cice va être transformé en allégements directs de charges. Cela fait partie de vos propositions... 

Pas dans de telles conditions ! La vérité, c'est que le gouvernement va augmenter le coût du travail de 3,3 milliards d'euros alors que nous prônons une forte baisse. Le Cice est transformé en allégements de charges mais son taux est réduit, et l'exécutif ne compense pas le surcroît d'impôt sur les sociétés, payé par les entreprises. La hausse du coût du travail va être particulièrement élevée pour les salaires moyens, ce qui va pénaliser l'industrie. Les entreprises sont les parents pauvres de ce budget. 

L E : La gauche reproche à Emmanuel Macron de mener une politique économique de droite. Vous, comment la qualifiez-vous ? 

Tout président élu en 2017 était condamné à réformer parce qu'aujourd'hui, les sujets sont mûrs. S'il avait été élu, François Fillon aurait réformé plus fort et plus clair. Mais là, on reste dans un entre-deux, dans le « en même temps ».  La réforme du Code du travail contient des mesures utiles et nécessaires, c'est pourquoi je voterai ce texte, même si je regrette qu'il n'ait pas abordé le sujet clef du temps de travail. Cette réforme n'a de valeur que si elle est accompagnée d'une politique ambitieuse en faveur de la compétitivité des entreprises. Et sur ce sujet-là, il n'y a rien dans le projet de loi de finances. 

L E :  Que répondez-vous à Bruno Le Maire, qui appelle les responsables de la droite à être « constructifs » ? 

Les derniers convertis sont toujours excessifs. Certains étaient LR hier, En Marche aujourd'hui. Et demain ? La météo économique et politique est changeante. Mais pour bien construire, il faut construire droit ! 

L  E : L'exécutif gère-t-il bien le dossier Alstom ? 

Je ne comprends pas la différence de traitement, ahurissante, avec STX. D'un côté, on fait un ramdam national pour dire qu'il faut créer un Airbus naval avec STX et de l'autre, on laisse filer Alstom chez les Allemands. Pourquoi tout céder à Siemens ? Il n'y a aucune raison pour que les TGV deviennent allemands. Pourquoi balayer l'option d'achat des titres de Bouygues par l'Etat ? »

 


LES NOUVEAUX TEMPS MODERNES.

Contribuable détroussé

 

Tout l’art de Macron c’est de faire faire par des gens de droite, une politique de gauche. Comme enfumage machiavélique on ne fait pas mieux, et « en même temps »  Le Maire et Darmanin en redemande ! Un seul exemple : augmenter un impôt (la CSG) pour le redistribuer en pouvoir d’achat est typiquement une relance keynésienne de gauche.  En plus c’est une mauvaise relance de la croissance, puisque, « en même temps », elle contribue à creuser notre déficit commercial : on sait que sur 100€ de pourvoir d’achat supplémentaire, 70€  vont à des produits importés hors d’Europe. Ce n’est pas pour rien que les  finances ont été confiées à des gens issus de  la droite : un  piège à double détente, qui les conduit à promouvoir une politique qui n’est pas  la leur et qui, si elle ne donne pas les résultats, retombera sur la droite toute entière.

Un bonneteau à 50 milliards.

Dans le même genre on a un autre tour de magie macronienne : on emprunte pour faire des économies ! Ainsi Edouard Philippe a dévoilé le grand plan d'investissement promis par le  président de la République et élaboré par Jean Pisani-Ferry. Un plan quinquennal dans la plus pure tradition de « l’économie administrée ». 57 milliards d'euros seront déployés sur cinq ans, avec pour priorités la transition écologique, la formation, ou encore la transformation numérique de l'Etat. On investit dans du fonctionnement comme les 15 milliards d'euros pour la formation professionnelle ! Mais alors que le gouvernement a prévu 16 milliards d'euros d'économies dans le budget 2018, où l'Etat va-t-il trouver cet argent ? Là, le tour de passe-passe budgétaire est habile car ce plan d'investissement ne doit peser que modérément sur les finances publiques. 10 milliards proviendraient de la dernière tranche du programme d'investissement d'avenir, des crédits seraient redéployés à hauteur de 12 milliards d'euros et 24 milliards d'euros seraient des nouvelles dotations budgétaires et enfin, 10 milliards d'euros seraient empruntés auprès de la Caisse des dépôts et consignations.

Un budget « et en même temps » 

Donc un plan d'investissement de 57 milliards d'euros sur le quinquennat d'un côté, un déficit budgétaire en augmentation qui dépassera encore 80 milliards d'euros l'année prochaine, de l’autre. Est-il bien sérieux d'engager de telles dépenses publiques quand la France, déjà championne des pays riches en la matière, est à la merci d'une remontée des taux d'intérêt sur les marchés ? Les deux chiffres s'entrechoquent et interpellent non ?  La dette publique atteint encore 96,8% de la richesse nationale et « en même temps » l’an prochain, l’Etat devra encore emprunter 195 milliards d’euros sur les marchés, un record depuis plus de 10 ans. Ne comptez pas sur Macron pour nous désendetter, ses  copains banquiers n’ont pas financé sa campagne pour rien. Alors le  budget présenté  pour 2018 est dans le droit fil de ce balancement que le commun des mortels aura du mal à comprendre. Côté dépenses publiques, 15 milliards d’euros d’économies sont programmées et « en même temps », les budgets de la plupart des ministères vont augmenter à court terme, parfois fortement. La création d’une taxe unique de 30% sur les revenus du capital et la réforme de l’ISF d’un côté et « en même temps », de nombreux Français vont être exonérés de la taxe d’habitation, les salariés profiteront progressivement de baisses de cotisations, les minimas sociaux vont être revalorisés. On baisse les  impôts de 7 milliards et « en même temps » on augmente la CSG qui rapporte 22,4 milliards.  On favorise les investissements d’un côté avec la « flat tax à 30% » et « en même temps » toutes les mesures décidées sur l’immobilier sont propres à faire fuir les investisseurs, dans un pays où déjà on ne construit pas assez. Quand on sait de quel poids le secteur du bâtiment pèse sur l’emploi… Avec  ça, cerise sur le gâteau, le déficit public doit être ramené à 2,6%, grâce à une conjoncture favorable. Mais c’est  un trompe l’œil, il n’y a pas beaucoup d’effort : merci la croissance ! Eric Woerth a raison quand il dit que le gouvernement gâche cette opportunité.  Comme sous Jospin, on cède  à la tentation d’augmenter les dépenses, au lieu de rester sérieux, car les mesures de redressement restent conjoncturelles alors qu’il aurait fallu s’attaquer aux structurelles. Pour l’examen complet  du budget, je vous recommande l’excellente interview d’Eric Woerth aux Echos.

Les nouveaux pédagogistes.

On a  salué avec soulagement le départ de  Michel Lussaut, Directeur des  programmes de l’Education nationale, mis en place par l’inénarrable Vallaud-Belkacem. Il  était   le chef de file des pédagogistes à l’origine du jargon « educnat ». Ce que fait Blanquer n’est ni de droite, ni de gauche : c’est le retour à la raison. Il  est réactionnaire au plein sens du terme, ça c’est vrai, car il fallait bien « réagir » au désastre. Mais on en n’a pas fini avec la novlangue. Les Macroniens ont  remplacé  les  pédagos. Voilà  pourquoi si vous lisez le budget 2018 avec des critères objectifs dits de « droite » ou de « gauche » vous avez tout faux. A entendre Aurore Berger, nouvelle adepte, « la droite et la gauche c’est dépassé ». Alors quand on les pousse dans les retranchements pour souligner les contradictions, on obtient toujours les « mêmes éléments de langage » : « on applique le programme », « on assume »,  « ça c’est le monde ancien », « le président tient ses promesses »…  Chez ces  gens-là,  monsieur, on ne réforme pas, on "transforme" ! Nuance  ! Donc la lecture selon le monde ancien ne permet pas de comprendre. En fait c’est une nouvelle langue de bois réservée aux « sachants ». Le problème c’est que l’initiation va être longue et périlleuse si on veut faire de  chaque citoyen un « macronien converti ».

 

 

 


MACRON CONFOND VITESSE ET PRECIPITATION

Macron Europe

 

Narcisse a encore frappé !

A force de vouloir se mettre en avant, il va finir  par se prendre les pieds dans le tapis. Emmanuel Macron veut plus d'Europe, plus rapidement. Mais si les idées sont bonnes il fait une erreur de timing. En intervenant maintenant il veut peser dans les négociations pour la future coalition allemande. Le résultat c'est qu'il embarrasse Angela Merkel. Pourtant, rien ne pressait, compte tenu des résultats des  élections allemandes.

Pas de vraie zone euro sans convergence fiscale.

Depuis le temps, c’est devenu une évidence. On ne pourra pas continuer à avoir au sein de l'Europe des pays comme le Luxembourg ou l'Irlande qui font du dumping fiscal. La convergence est une nécessité absolue. De même que l'idée d'avoir un vrai budget européen qui permettra de faire des investissements ciblés ou encore d'avoir enfin un vrai ministre de l'économie et des finances. Toutes ces idées sont bonnes et pas vraiment nouvelles.  Et toutes ces idées sont des idées que défend aussi Angela Merkel.

L’Allemagne n’est pas en situation d’acquiescer.

En effet, Angela Merkel a réagi très froidement. Il n’y a  pas besoin d’être grand stratège en politique pour comprendre que le président français vient de faire une erreur de timing. Même si c’est volontaire pour peser de l’extérieur sur la constitution de la future coalition allemande, c’est maladroit car il ne rend pas service à sa partenaire allemande. Peut-être ne sait-il  pas qu’Angela Merkel n'agit jamais dans la précipitation. On lui a même souvent reproché d'être trop lente. En fait elle prend toujours son temps. C'est un diesel et c'est pourquoi d'ailleurs elle a défendu le diesel au salon de Francfort. Elle a toujours agi ainsi et toujours, en 12 ans, obtenu ce qu'elle voulait. Elle va d'abord organiser sa coalition, puis la conforter et la consolider et ensuite seulement, elle fera passer auprès de ses alliés, et même peut-être auprès des libéraux allemands, un projet d'Europe plus resserrée en faisant des concessions sur d'autres sujets sensibles pour ses alliés dans la coalition. C'est la méthode allemande. Lente mais efficace. L'Europe sortira gagnante de ces élections allemandes mais au rythme allemand.  Il faudra donc patienter, parce qu’on est parti pour un marathon de négociations à Berlin qui pourrait durer jusqu’à Noël.

D’ici là qui se souviendra de l’esbrouf des propositions françaises ?

 

 


FAUT-IL AVOIR PEUR DE MELENCHON ET CONSORTS ?

Martinez   Mélenchon bastille 2

Le populisme en déclin.

Après le pic  de  la  présidentielle, les extrêmes populistes perdent du terrain.

Le Front national  est en panne, en pleine crise d’identité (un comble), et les soubresauts de l’échec à la présidentielle n’ont pas fini d’avoir des répliques. Le départ de Philippot le divise  profondément et la présidente est dévaluée durablement. Reste à savoir  où iront les  électeurs en déshérence : vers l’extrême gauche pour certains, vers la droite républicaine pour les autres si elle sait s’y prendre.

Mélenchon est devenu l’épouvantail principal mais il a beau battre les estrades, à coups de formules approximatives faites pour frapper les esprits,  la mayonnaise ne prend pas. La France insoumise se réduit comme peau de chagrin et le leader maximo prend la tournure d’un leader minimo. Il a eu beau grossir outrageusement les chiffres à la manière bolchévique, le déferlement du pays en colère n’a pas eu lieu samedi dernier. Pourtant toutes les grandes gueules que compte l’ultra gauche s’étaient mobilisées dans les rues de Paris contre le « coup d’état social ». Avec 30 000 personnes –la police n’est pas loin de la vérité- place de la République, le rêve de masser un million de manifestants sur les Champs-Elysées semble bien inaccessible.

Les syndicalistes contestataires ne font pas recette non plus.

Après les manifestations plutôt  décevantes de la CGT le 12 septembre dernier (223 000 manifestants en France entière selon la police), le syndicat, renforcé de quelques dissidents FO, a recouru à la bonne vieille méthode du blocage des dépôts de carburant, avec effet garanti puisque les automobilistes, anticipant la pénurie d‘essence, se sont précipités à la pompe et ont créé eux-mêmes la pénurie. Mais là encore, entre la grosse mobilisation annoncée et la réalité, il y a une marge qui a de quoi conforter le gouvernement dans sa détermination à ne rien céder. La manifestation des routiers, entamée hier et qui se poursuit aujourd’hui, pour protester contre la réforme de la loi travail qui ne le concerne pas  vraiment, ressemble à tout sauf à une paralysie du pays. Le blocage des raffineries n’a pas tenu,  et les stations-services sont ravitaillées presque normalement. Même si l'on ne peut encore présager de la suite, ce nouveau round social ressemble aux précédents, plus proche de la tempête dans un verre d'eau que du grand soir. Il faut  dire que le front syndical est sérieusement désuni et que ça n’aide pas à la mobilisation.

Dans leur majorité, les Français ont du mal à croire les rodomontades des Insoumis, tout comme ils ne supportent plus d’être pris en otages par une ultra-minorité de syndicalistes. La loi travail va pouvoir s’appliquer et c’est bien pour notre économie, même s’il ne faut pas en attendre des miracles.

 

 


LA BELLE VICTOIRE DES REPUBLICAINS

Gérard Larcher

 

On ne va pas bouder son plaisir.

C’est une belle victoire que Les Républicains viennent de remporter avec les élections sénatoriales. Elle était inscrite dans celle des municipales de 2014 et mécaniquement produire le renforcement du groupe qu’on a constaté hier. Mais en politique, rien n’est jamais certain et les bouleversements des précédents scrutins  de cette année auraient  pu produire des  mouvements divers et variés au sein des grands électeurs, car nombreux sont ceux qui n’ont aucune carte politique dans la poche. Il n’en a rien été : les partis traditionnels ont bien résisté à gauche puisque le  PC sauve son groupe et le PS, bien qu’en baisse, fait mieux que ce qu’on  pouvait attendre après l’effondrement de la candidature Hamon. Ce sont la droite et le centre qui profitent le  plus de cette  élection, en bonne logique.

Des raisons politiques.

Il  n’y a pas que l’effet mécanique qui a joué. Si LREM rate la marche au Sénat et est loin d’atteindre l’objectif qu’elle s’était fixé, c’est parce que les grands électeurs ont largement rejeté les projets  présidentiels concernant les collectivités territoriales, en matière fiscale et d’économies budgétaires notamment, et la méthode pratiquée qui ne respecte pas les élus.Ce n’est pas le « dernier sursaut d’un monde ancien » comme l’a stupidement commenté sa porte-parole, c’est la volonté des représentants de la France profonde de garder avec le Sénat un contre-pouvoir d’équilibre, rôle qui a toujours été le sien, face aux tentatives caporalisatrices de l’Elysée. Ce revers devrait faire réfléchir les « constructifs » : déjà qu’ils sont inutiles … Dépasser les clivages au Sénat n’a guère d’intérêt quand on connait le mode de fonctionnement des sénateurs qui ont une grande habitude de la recherche de l’approfondissement et des consensus. Le rôle  de la haute assemblée en sort renforcé et elle sera d’une grande utilité pour modérer la volonté de réforme constitutionnelle de l’exécutif qui visait à affaiblir le parlement et pour apporter sa bonne connaissance des collectivités au moment où il faudra établir la répartition des compétences et le mode de désignation des élus des communes nouvelles. Mais plus que jamais Les Républicains, ces empêcheurs de tourner en rond, vont être la cible des « progressistes » macronistes pour tenter de déstabiliser ou empêcher l’émergence d’une opposition de droite clairement identifiable et les centristes auront droit eux aussi à la danse du ventre pour les attirer. On va donc voir s’activer tous les « va-à-la-soupe », comme les nomme Luc Ferry, avec l’espoir secret, tel un Béchu ou une Keller, de décrocher un maroquin à la faveur d’un remaniement. Car la défaite de LREM au Sénat ne leur a visiblement rien appris.

Dans le Maine-et-Loire, LR garde ses deux sièges.

Sénatoriales 3 bisMalgré le contexte rendu compliqué par les manœuvres erratiques du maire d’Angers, qui a imposé son candidat à la tête d’une liste LREM, la liste conduite par sa collègue sortante, Catherine Deroche, confirme là aussi, la tendance nationale. La droite et le centre restent majoritaires dans le département, puisque les Républicains  gardent leurs deux sénateurs et que la liste conduite  par Isabelle Leroy de l’UDI ne manque l’élection que d’une vingtaine de voix, la faute probablement à la liste divers droite «dissidente » d’Adrien Denis. Le maire d’Angers s’en tire avec une demi-victoire, puisque son adjoint réussit à se faire élire avec un score correct. Il faut dire qu’il n’a pas lésiné pour convaincre les  grands électeurs d’Angers Loire Métropole de « ne pas se tromper ». Il se targue d’avoir fait élire un LR de plus, certes avec le label « constructif », ce qui est d’un cynisme consommé par rapport aux marcheurs authentiques, macroniens de la première heure.

La victoire de Catherine Deroche n’est pas un scoop, tant elle était attendue. Son travail de terrain pendant six ans auprès  de tous les élus du département et son activité au Sénat où la qualité de son travail est largement reconnue, la rendait quasiment imbattable. Le choix de son numéro deux a été le bon. Stéphane Piednoir, jeune maire d’une commune de l’agglomération d’Angers, s’est déjà fait repérer pour ses qualités de gestionnaire habile, d’élu ouvert et modéré, compétent dans les domaines qu’il a en charge. Un atout sans nul doute pour une liste par ailleurs solide. Il  participera à renouveler l’image d’une assemblée souvent considérée comme un refuge pour vieillards, ce qui est évidemment particulièrement faux. Garder ses deux sénateurs est d’une grande importance pour la fédération de Maine-et-Loire des Républicains : l’avenir se présente désormais plus sereinement.

 


LE GRAND MALENTENDU

Macron prophète

 

Christophe Béchu vient de se fendre d’une longue lettre aux grands électeurs du département de Maine-et-Loire pour tenter de justifier son choix de soutenir une liste de la majorité présidentielle à la tête de laquelle il a mis son principal féal, Emmanuel Capus, à défaut de se représenter lui-même. La démonstration est rigoureuse et intellectuellement du niveau qu’on pouvait attendre de lui. Elle repose  sur deux arguments principaux : il faut empêcher l’échec du Premier Ministre et du Président de la République en soutenant l’action réformatrice qu’ils mènent, pour éviter de se retrouver avec une confrontation FN-Insoumis d’une part, il faut soutenir la recomposition politique qui nous conduit à « transcender » les clivages politiques, d’autre part.  Son raisonnement est aussi bâti sur un procès d’intention qui consiste à diaboliser Laurent Wauquiez avant même que l’élection à la tête des républicains ait eu lieu. Je prends à dessein cet exemple car il est assez représentatif de la scène politique nationale et emblématique du jeu d’Emmanuel Macron et des « constructifs ».

Soutenir quelle politique ?

Selon Christophe Béchu, nous n’aurions d’autre choix que de soutenir la politique de l’exécutif. Mais pour faire quoi ? On ne le voit pas clairement : mon décryptage me conduit à voir dans l’action menée, des gages verbaux en direction de la droite mais des décisions largement inspirées  par le « think tank » gaucho bobo Terra Nova  dans les faits. Qui, à droite, pourrait se retrouver dans la politique fiscale, la transformation de l’ISF en IFI (impôt sur la fortune immobilière), sans parler des projets sociétaux ou de la mollesse face au communautarisme. On peut avoir voté Macron sans pour autant avoir cautionné son programme. Et c’est là tout le malentendu.  Personne ne conteste la légalité de son élection, mais sa légitimité est faible car elle ne repose  en fait que sur les 24% d’électeurs du premier tour. Ceux qui ont voté pour lui par défaut n’ont pas perdu pour autant leur droit à la contestation de son action. Et c’est ce qui se passe. Quant aux gens de droite au gouvernement, à commencer par Edouard  Philippe, ils sont des otages : ils sont le miroir aux alouettes pour faire avaliser le « droite et gauche ». C’est une arnaque,  car au passage, ils ont abandonné leurs propres idées pour se mettre au service de celles du Président. Le meilleur exemple est celui donné par Bruno Le Maire qui défendait la baisse de la CSG dans son programme et qui met en oeuvre aujourd’hui exactement l’inverse ! De la même façon mettre un candidat de droite à la tête d’une liste de gauche pour les sénatoriales  constitue une belle arnaque, que les « marcheurs » authentiques ont bien vu. 

La recomposition est un fantasme.

Le  second argument du maire d’Angers ne vaut pas mieux : la présidentielle a donné une large  majorité à « La République En Marche », broyant du même coup par la logique électorale, les autres partis. Mais cela ne constitue en rien une « recomposition » durable. Chaque jour,  le caractère hétéroclite de la majorité présidentielle apparaît  un peu plus et la domination de la gauche à l’intérieur n’est pas un mirage. Macron n’a pas fait exploser le PS : il était déjà en miette avec les frondeurs avant l’élection présidentielle, il a simplement préempté largement les socialistes modérés, et il n’a pas réussi à dynamiter complètement la droite républicaine malgré le ralliement de quelques transfuges au gouvernement. Oui, la  recomposition est un fantasme. Elle n’existe  pas dans la tête des Français. Ceux-ci ont pu être un moment lassés des guéguerres intestines des uns et des autres et certains être tentés par le « dégagisme ». Mais on voit bien aujourd’hui que si tel était le cas, l’exécutif jouirait d’une cote d’opinion bien plus favorable que celle qu’on observe. La réalité est que la situation du gouvernement et de ses soutiens est celle d’un centrisme intenable, fut-il un habillage.

Il faut affaiblir la droite.

Dans ce contexte, tout le jeu du Président consiste à affaiblir la droite pour n’avoir plus en face de lui que Mélenchon. Ne parlons plus du FN, il vient d’entrer dans une période de turbulences comme seule l’extrême-droite en a  la recette, et sa présidente, par le spectacle qu’elle a donné lors du débat, s’est décrédibilisée à jamais pour occuper la magistrature suprême. N’avoir que les « Insoumis » comme adversaire, voilà la facilité. Mais, le problème, c’est que la « droite » n’a pas dit son dernier mot. Alors, il faut l’affaiblir en l’empêchant de fédérer en son sein les sensibilités de la droite et du centre, et c’est à cette mission que les « constructifs », faute de  mieux, sont en train de s’activer, avec deux objectifs qu’on perçoit dans la lettre de Christophe Béchu : caricaturer  d’avance l’opposition des Républicains en la qualifiant de « frontale » et présenter Laurent Wauquiez comme un extrémiste borné, tenter ensuite et en conséquence de faire grossir leur effectif maigrelet en ralliant à eux des modérés qui ont jusque-là refusé de quitter leur parti. 

Une vraie opposition est nécessaire.

Si on veut que le quinquennat d’Emmanuel Macron n’échoue pas totalement, il faut une opposition républicaine à droite pour l’obliger à corriger son programme. Une opposition qui soutient et propose ses amendements, chaque fois que ça va dans le bon sens, comme la loi « travail ». Si on veut me faire dire que le Ministre de l’Education fait du bon boulot : pas de problème. Mais je n’en dirai pas autant de l’action d’autres ministres. Il faut donc une opposition qui combatte ce qui lui paraît inadéquat comme l’augmentation de la CSG sur le seul dos des retraités ou la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des assujettis, une opposition qui reste vigilante et entende peser pour que la lutte contre l’islamisme soit effective sur notre territoire, enfin une opposition qui ait son mot à dire pour que l’exécutif n’ait pas les mains libres quand il s’agira de toucher à nos institutions. Une opposition claire, qui coopère chaque fois que l’action parait utile à notre pays et qui propose d’autres choix quand ce n’est pas le cas. Une opposition qui soit en capacité   d’être une alternance : c’est ça qui nous évitera les  extrêmes. Les  « constructifs » qui tentent aujourd’hui par une tribune dans la presse d’obtenir sur la loi « travail » ce que la majorité LR au Sénat n’a pas réussi à faire passer, seraient bien mieux à l’intérieur des Républicains où ils ont toute leur place. C’est ça, pour moi, être à la hauteur des événements ! Christophe Béchu sait bien tout cela, alors quel dessein qui nous échappe poursuit-il pour prendre  le risque de piétiner ainsi tous ceux qui se sont battus pour lui, et qui ont sué sang et eau pour qu’il soit élu à toutes les étapes de son parcours ?

Dimanche 24, les grands électeurs du Maine-et-Loire ne seront pas en peine de choix, avec neuf listes. Chacun pourra choisir selon sa sensibilité, mais il n’y a qu’une liste qui représente la droite et le centre et qui allie ouverture d’esprit et expérience, c’est celle emmenée par Catherine Deroche et  Stéphane Piednoir !

 


AUGMENTER LA CSG EST LA PIRE SOLUTION !

Contribuable détroussé

 

Faussement juste et inéquitable sûrement !

Le gouvernement s’entête à vouloir augmenter la CSG de 1,7 point.  On ne dira jamais assez combien cette disposition est inéquitable dans la mesure où les compensations, avec la baisse des cotisations salariales, mettront les retraités à l’écart ainsi  que les fonctionnaires.  Si on ajoute que l’augmentation s’appliquera dès 1 200 € de pension, c’est un véritable racket sur une catégorie de la  population qui se trouve ainsi stigmatisée. En plus, établir un seuil, c’est introduire cette tare de tous les dispositifs français : l’impôt ne s’applique pas à tous, défaut auquel la CSG avait jusque-là échappé. Et cela, d’autant plus que le projet d’exemption de Taxe d’habitation pour 80% des français ne profitera pas non plus aux foyers à revenus moyens et aisés.  Une double punition ! J’ajouterai que le découplage en deux temps de ce dernier dispositif aggrave encore la punition puisque le gouvernement se fait ainsi de  la « trésorerie » à bon compte sur le dos des mêmes, et tout particulièrement des retraités. L’effet récessif sur la croissance sera alors inévitable et ne sera pas compensé pas les améliorations hypothétiques sur la feuille de paie des salariés, d’autant plus que les allégements de charge ne toucheront pas la part patronale des cotisations.

Une réforme fiscale en profondeur d’abord.

Les dégrèvements d’impôts successifs accordés aux petits revenus s’ajoutent aux autres mécanismes redistributifs dont ils bénéficient déjà. On a un système d’impôts sur le revenu qui marche sur la pointe, en pyramide inversée : 10% des contributeurs assurent 70% de la recette. C’est une situation qui devient intenable et qui déresponsabilisent ceux qui ne contribuent plus à rien, puisqu’en général ils ne paient pas non plus la taxe audiovisuelle ni la taxe d’habitation. Il y a rupture de l’égalité devant l’impôt. Le dégrèvement de taxe d’habitation accordé  à 80% des assujettis, qui sont déjà plus de 40% à en bénéficier, va concentrer cet impôt sur les 20% restants, compte-tenu du fait que la compensation prévue par l’Etat (dont les contours restent imprécis) sera forcément décalée dans le temps. Les collectivités locales qui sont déjà à l’os et à qui on va supprimer 300 millions dès cette année, devront bien trouver la recette pour joindre les deux bouts. Le sentiment d’injustice fiscale s’accroit entre ceux qui paient, qui sont de moins en moins nombreux et ceux qui touchent toujours plus nombreux. Avant de songer à supprimer la taxe d’habitation –pourquoi pas totalement— il faudrait engager une réforme fiscale en profondeur, avec révision des bases cadastrales pour les impôts locaux, qui remettent tout le monde à égalité devant l’impôt à proportion des facultés contributives de chacun.

C’est la TVA à 20% le bon levier.

Cette situation ubuesque alimentée par un égalitarisme de mauvais aloi, pour y mettre fin,  il n’y a qu’une solution : avoir recours à l’augmentation de la TVA. Je ne comprends pas que la droite ne s’empare pas de cette solution qui n’a que des avantages. Evidemment, il faut en faire la pédagogie, car beaucoup d’idées fausses à son sujet sont entretenues notamment par la gauche.  Avec 145 milliards d'euros estimés pour 2016, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) représente la moitié des recettes fiscales : il s'agit de la principale recette de l'État. 1 point rapporte environ 7 milliards d’euros, davantage si la croissance est au rendez-vous.

Pas une augmentation, mais un transfert. En augmentant le taux à 20% de 2,5 points, on récupèrerait une recette supplémentaire de plus de 18 milliards d’euros qui permettrait de baisser d’autant les charges sociales payées par les entreprises et en premier lieu transférer sur l’Etat celles qui concerne la branche familles. Evidemment, la contrepartie serait double : une amélioration des marges et une hausse des salaires. Ce serait donc, non une augmentation d’impôts, mais un transfert. C’est un dispositif qui accroit la compétitivité de nos entreprises en permettant de baisser le coût du travail. C’est pourquoi on l’a souvent appelé : TVA anti-délocalisation.

Augmentation de la TVA = hausse des prix.  C’est faux ! Il est faux d’établir un lien direct  entre l’augmentation des prix et la hausse de la TVA, surtout si elle n’est que de deux points. La répercussion sera faible du fait que 70% de la recette touche des produits importés (d’Asie principalement) dont le prix est soumis à une concurrence  forte, ce qui fera que les 2,5% seront probablement absorbés dans la  marge qu’ils dégagent. Ainsi tombe l’argument de la gauche qui en fait un impôt anti classes populaires. J’ajouterai que cet argument est mal fondé.  Même  si l’augmentation entrainait une petite hausse des prix, le caractère injuste parce que cette hausse frapperait autant les faibles revenus que les gros, est effacé par le fait que dans notre  pays, les faibles revenus bénéficient déjà de nombreux dispositifs de redistribution qui compensent. Et cela en sachant que les produits de première nécessité ne sont pas concernés pas plus que tout ce qui est touché par le taux intermédiaire, largement en rapport avec l’activité des artisans.

Peu d’impact négatif sur la croissance. C’est ce que disent tous les économistes : la hausse de  la TVA, conçue comme un transfert de charges des cotisations vers l’impôt indirect aura peu d’impact sur la croissance et n’aura pas d’impact négatif non plus sur la consommation. Avec l’avantage de faire  participer des  produits étrangers au financement de notre protection sociale. Mieux, c’est même l’augmentation d’impôts qui n’impacte pas les exportations ! En améliorant la compétitivité elle  peut même faciliter la croissance. On n’y trouvera donc que des avantages. 

Qui aura le courage de monter au front ? Du volontarisme et de la volonté que diable ! En attendant, voilà de quoi méditer pour les grands électeurs avant de voter le 24 septembre.

 


LES SUPPLETIFS SANS SOLDE DE MACRON

Gaulois2

 

Des « constructifs » marginaux.

Ils se rallient sans se rallier, mais veulent que le président « réussisse »  son quinquennat pour éviter  les extrêmes la prochaine fois. C’est leur antienne et leur « excuse ».  Un discours qui ne convainc qu’eux-mêmes pour justifier leurs petites ambitions.  Mais voilà, Jupiter n’a pas la reconnaissance généreuse. Pour l’instant ils sont coincés entre une majorité qui ne veut pas d’eux et une opposition de droite qui les regarde en chien de faïence, les considérant comme des traîtres. Jusqu’à maintenant ils ont été plutôt inutiles. Le plus surprenant dans cette affaire aura été la nomination, dans le Maine-et-Loire, d’Emmanuel Capus à la tête d’une liste « En Marche » après avoir été investi n°2 de la liste LR, concoctée dans la plus pure tradition des arrangements entre copains, à savoir le Sénateur-maire d’Angers et le Premier Ministre, sans consultation des instances partisanes habilitées.  Il a suffi de voir la réaction des comités locaux du parti macronien qui a constitué une liste dissidente pour mesurer tout ce que la  manip’ à de méprisable. Au-delà du caractère choquant de  la manière de procéder, il faut maintenant que Christophe Béchu nous explique sa conversion démocrate-socialiste puisque son adjoint va soutenir la politique mise en œuvre par l’exécutif. J’y reviens plus loin.  Mais au demeurant, il fait avec ses amis un pari qui est  loin d’être gagné.

"Macron, encore un président qui va échouer."

C’est le titre d’une tribune publiée par le New York Times. Un professeur de Cambridge, Chris Bickerton, est sans concession pour le président français. Aux Etats-Unis, la victoire d’Emmanuel Macron avait été saluée : réformateur charismatique, voire héroïque, les adjectifs ne manquaient pas pour qualifier le nouveau chef d’Etat. Après avoir pointé du doigt le fait que seulement 24% des Français ont voté pour lui au premier tour, le chercheur énonce le premier gros problème du nouveau quinquennat : le « macronisme ». « Jusqu’à maintenant, tout son projet politique a été bien trop concentré sur sa personne (…) Avec cette approche hyper-personnalisée, il y a toujours le risque qu’une fois le charme passé, ses soutiens n’auront plus rien à soutenir » ! constate Chris Bickerton qui s’en prend par ailleurs à l’arrogance d’Emmanuel Macron. D’après lui, en affirmant vouloir faire du neuf, l’hôte de l’Elysée emploie en fait des vieilles méthodes : « Macron est allé jusqu’à décrire ses politiques économiques comme une « révolution copernicienne », mais tout ce qu’il fait, c’est pousser la France sur la voie de la dérégulation du marché du travail et l’austérité fiscale, un chemin déjà bien emprunté par d’autres pays ». Le chercheur pointe du doigt sa chute de popularité et en tient pour responsable « le vide au cœur de son projet politique ». Une analyse pertinente qui va faire grincer des dents. Le fait qu’elle soit publiée par le New York Times n’est pas anodin.

Une politique démocrate-socialiste qui ne dit pas son nom.

Quand on observe le sens qui se dégage globalement des décisions prises depuis la  mise en place du gouvernement Philippe, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une banale politique de redistribution grâce à l’impôt. On est dans le prolongement de la politique menée sous le quinquennat précédent. On prend aux uns pour donner aux autres. Or c’est par la création de richesses supplémentaires qu’on sortira le pays de l’ornière, pas en continuant d’assommer les riches et les classes moyennes plus ou moins aisées. L’action du gouvernement, pour l’instant, avec un habillage faussement libéral, ne fait que compliquer les choses en multipliant les subdivisions qui fracturent la société française :  60% des retraités subiront la hausse de la CSG, les autres pas, 80% seront exonérés de la taxe d’habitation, les autres pas, à rajouter aux 60% qui ne paient plus l’impôt sur le revenu … « diviser  pour régner » comme toujours ! Mais cette fois-ci, l’exécutif y ajoute une dimension supplémentaire : il oppose une génération à l’autre. C’est ainsi qu’il présente le débat sur l’aide à la jeunesse et la taxation des retraités. Et cela n’est une attitude ni responsable ni constructive ! On est loin, très loin, du programme libéral d’Alain Juppé !

Déficit de légitimité, multiplication des images pour compenser.

Le président joue un jeu dangereux. A force de se mettre en scène pour essayer de se faire aimer, il augmente le sentiment que les Français perçoivent : un personnage superficiel au narcissisme exacerbé, et au caractère volontiers ombrageux qui joue avec les provocations. En fait c’est son déficit de légitimité qui réapparaît comme il fallait s’y attendre. Un déficit qu’il aura beaucoup de  mal à combler. Tout ce qui peut lui arriver de mieux c’est qu’il ait en face de lui une opposition de la droite républicaine forte et crédible, capable d’imposer des garde-fous et d’empêcher la fuite en avant d’une politique incohérente qui tire à hue et à dia. Et ne permettra ni de restaurer nos finances publiques ni de combler notre dette, ni d’enrayer les dérives communautaristes qui minent notre tissu social. Le 24 septembre apportera un premier signal avec les élections sénatoriales. On ne gagnera rien à avoir un Sénat « aligné ».

Ce n’est pas le renfort de 12 LR associés à des centristes toujours aussi imprévisibles, tous sans boussole, qui pourra inverser le cours des choses. D’autant plus qu’on a le sentiment que le « chef d’orchestre », en l’occurrence le Premier Ministre, n’a pas l’air de bien connaître sa partition comme en atteste son passage chez Bourdin.

 


LARCHER VISE JUSTE

Chemillé 4
 

 

Jeudi matin, à Chemillé, Catherine Deroche a reçu avec sa liste le Président du Sénat, Gérard Larcher, en présence de près de 150 grands électeurs, avec au premier rang de l’assistance André Lardeux et Marc Laffineur, rejoints ensuite par Jean-Charles Taugourdeau. Le choix de la capitale des Mauges n’est pas le fruit du hasard. Il s’agissait d’envoyer un message aux élus des territoires ruraux, ceux-ci étant au cœur des  préoccupations et de  la haute assemblée et de  la sénatrice sortante.

Comme le veut l’usage, c’est Lionel Cottenceau, Maire-délégué de Chemillé, qui a commencé par quelques mots d’accueil à destination de ses hôtes, lui-même étant sur la liste, et présenter sa commune. 

Chemillé 1Catherine Deroche a ensuite présenté les membres de sa liste : des élus bien ancrés sur leur terrain et représentatifs de l’ensemble des territoires du Maine-et-Loire. A ses côtés, on trouve  outre Lionel Cottenceau déjà nommé, Stéphane Piednoir maire de Montreuil-Juigné et Vice-Président d’Angers-Loire Métropole, Lydia L’Herroux chef d’entreprise et Maire de St-Just sur Dive, Jean-Luc Davy,  maire de Daumeray et Président des Maires du Maine-et-Loire, et Marilyne Lezé, Présidente de la  Communauté de communes du Haut-Anjou. Une liste solide et compétente comme on peut le constater, avec pour titre : « des élus de terrain et de convictions pour tout le Maine-et-Loire », ce qui est une belle manière d’afficher la couleur si on veut bien prendre en compte le sens de chaque mot. Elle a ensuite décliné brièvement ses responsabilités politiques : vice-présidente du groupe Les Républicains au Sénat, membre de  la  commission des affaires  sociales et animatrice d’un groupe d’étude qui lui tient à coeur : « enfance et cancer » en partenariat avec l’association Hubert Gouin ;  conseillère régionale elle a en charge la  mise en place du schéma régional de la santé.  

Son collègue Philippe Mouiller, Sénateur des Deux-Sèvres, venu de Moncoutant, lui a ensuite succédé à la tribune pour un propos nourri sur le travail effectué par les sénateurs pour améliorer les textes des lois qu’on leur confie, sur l’action de rénovation de l’institution à laquelle il a participé sous l’autorité du président, et pour témoigner de l’implication de Catherine Deroche dans son mandat.

Chemillé3Enfin  Gérard Larcher, qu’on sentait impatient de délivrer son message, s’est emparé du micro avec une certaine jubilation. Entre anecdote complice et sujets du moment, il développe son propos avec la précision d’un expert es-territoires. Sur la ruralité, il pourrait être intarissable prenant ses exemples aussi  bien aux confins des Ardennes qu’en Normandie, où il est né, ou au pied des  Pyrénées… Car « le sujet qui préoccupe tous les élus  c’est la nouvelle organisation des territoires » et si on a beaucoup fait pour  les métropoles, le Sénat se doit d’être l’instance qui porte la voix de tous les territoires ruraux  et périurbains qui se sentent mis à l’écart. Les sujets ne manquent pas qui attisent l’inquiétude ou la grogne : la fin des contrats aidés annoncés trois semaines avant la rentrée, la réforme de la taxe d’habitation,  la réduction des dotations. Le Président du Sénat parle poliment d’un « problème de  méthode » quand les annonces viennent quatre jours après un rendez-vous avec le Premier Ministre où il avait insisté sur la situation de la ruralité. Il  demande plus de respect des élus et surtout qu’on leur fasse confiance, surtout dans l’organisation des communes nouvelles et en vue de la réforme du mode de scrutin pour leur représentation. C’est d’autant plus important que la commune est peut-être le seul échelon qui bénéficie encore de la confiance des citoyens. C’est « une petite république dans la république ». Il a beaucoup insisté sur le rôle du Sénat, reprenant le discours du Général de Gaulle à Bayeux : « le  Sénat est le balancier d’équilibre des territoires de la République », à l’abri des « pulsions » populaires qui peuvent agiter l’Assemblée nationale. De fait le travail qu’on y fait est souvent appuyé sur des rapports à la double signature d’un élu de la majorité et un de l’opposition. L’amélioration des lois se fait avec le même état d’esprit. Dans la  période actuelle, plus que jamais,  le Sénat a un rôle à jouer pour veiller à cet équilibre et les sujets ne manquent pas : financement des collectivités, répartition équitable des compétences, … Gérard Larcher a identifié quatre grands chapitres de discussion avec l’exécutif, en espérant que la  « conférence des territoires » installée au Palais du Luxembourg, jouera son rôle. Il souhaite qu’on ne revienne pas sur la réforme territoriale et qu’on travaille à la réduction des normes. Ces deux sujets faisant l’objet d’un accord de  principe. Viennent ensuite la réforme des dotations et la  suppression de la taxe d’habitation, sujets sur lesquels le Sénat devra être « très » vigilant. L’auditoire est conquis et regrette presque qu’on arrive au bout de la réunion. Les questions de la salle ont permis d’affiner quelques-uns des sujets abordés, avec au centre des préoccupations le financement. L’inquiétude est forte chez des élus qui ont épuisé toutes leurs marges de manœuvre et qui voient poindre de nouvelles contraintes. Raison de plus pour envoyer une majorité qui ne soit pas « aux ordres ». En conclusion, Gérard Larcher a insisté sur le rôle politique que le Sénat doit jouer avec comme ligne de conduite : « le Sénat n’est jamais contre par principe, et jamais pour par discipline ! »

A quoi servirait alors de « bousculer les codes » comme le prétendent certains ! Les journalistes ont bien essayé d’attirer le président du Sénat sur le terrain de la polémique suscitée par le tourne-veste de Capus, ils n’ont eu droit qu’à une réponse polie : « la petite tambouille politique ne m’intéresse pas ! » D’ailleurs le sujet n’a même pas été abordé pendant la réunion, c’est dire… Du côté Deroche, c’est la sérénité qui préside.

Larcher Chemillé
 


IMPÔTS : LE GRAND N’IMPORTE QUOI !

Contribuable détroussé

 

Dans toutes  les annonces qui sont faites sur les réformes, si vous vous y retrouvez, vous aurez bien de la chance. Comme si la multiplication des annonces était faite pour brouiller l’écoute. Une chose est certaine, c’est le haut du panier qui sera le plus impacté à coup sûr, et les classes moyennes de la moitié supérieure y laisseront des plumes aussi : au-dessus de 30 000 euros de revenus par an, n’espérez rien sinon casquer en plus.  Dans ce pays on n’aime pas les riches.  C’est pourtant eux qui font tourner la machine.  Essayons de nous frayer un chemin dans le maquis philippo-lemairien. 

Il faut être  « productif » !

C’est le message que voudraient porter toutes ces réformes traduisant l'état d'esprit du gouvernement par rapport à l'épargne. Le mot-clé c'est « productif ». Et pas seulement pour les placements. Il faut que tout soit productif. Il vaut mieux sous Macron être actif et donc productif que retraité, on l’a compris. C’est moins méchant que l’euthanasie que prônait Attali. Pour les placements, on aurait d'un côté les bons placements, les placements « productifs », les placements à risque. Et les mauvais, ceux qui ne sont pas assez risqués donc pas assez productifs. Comprenez : «  l'immobilier », ou encore les fonds en euros des contrats d'assurance-vie. Le gouvernement oublie simplement que ce sont ces derniers qui ont financé la dette du pays pendant longtemps. C'est vrai que les taux sont si bas que le financement de la dette n'est pas un problème actuellement. Pour l’instant. Si c'est bien de favoriser la prise de risque, l'entrepreneuriat, les actions, l'entreprise, pour autant tout le monde ne peut pas et ne doit pas prendre des risques. On ne peut pas tous investir notre argent uniquement en actions. Ce n'est pas raisonnable.

La « flat-tax ».

C’est le nouveau cheval de bataille de Bercy. Elle sera de 30% et s'appliquera aux dividendes, aux intérêts et aux plus-values de cessions mobilières. Les avantages des livrets défiscalisés et des PEA sont maintenus, mais pour les PEL elle s’appliquera dès la souscription pour les nouveaux et après 12 ans de détention pour les anciens.

L’assurance-vie.

Elle subira la « flat-tax » de 30% aussi. Ce sera une augmentation de la fiscalité mais seulement pour les nouveaux versements, seulement pour la part des montants supérieurs à 150 000 euros par personne et 300 000 euros par couple et seulement par rapport au taux préférentiel qui s'appliquait à partir de 8 ans de détention. En clair, aucun changement pour les revenus des versements antérieurs à la réforme. Au final, peu de personnes seront concernées même si elles représenteront une part non négligeable des versements à venir. Espérons que les avantages et la simplification qu'apporte un taux unique de taxation pour le capital viennent largement compenser cet alourdissement et ne remettront pas en cause l'attrait de l'assurance-vie sur la durée.

L’ISF disparait.

Cet impôt imbécile qui ne perdurait qu’en France est enfin supprimé. Il est remplacé par l’IFI, impôt sur la fortune immobilière qui touchera les patrimoines immobiliers nets supérieurs à 1,3 million. Pas de changement sur les taux et l'abattement de 30% sur la résidence principale, le plafond des 75% des revenus (IFI+ IR) est maintenu. Les égalitaristes  hurleront de plaisir, ce sont les plus riches qui sont frappés. Par contre on peut être inquiet des répercussions sur l’investissement immobilier et les répercussions sur l’activité  du bâtiment, car les investisseurs vont devenir méfiants.

Le système ISF-PME.

Il disparaît. Rappelons le fonctionnement : si on investissait dans une PME, on pouvait déduire 50% de son investissement de son ISF. L'ISF disparaissant, ce dispositif disparaît aussi. Logique. Ce qui est dommage c’est qu’il aurait pu s'appliquer au nouvel « Impôt sur la Fortune Immobilière ». Cette disparition aura probablement des conséquences sur le financement des PME et des TPE, et en particulier des start-ups qui ont largement bénéficié de ce dispositif depuis des années. C'est tout de même paradoxal de la part d’un gouvernement qui prône le « tous startuppers » et le « tous entrepreneurs » de faire disparaître du jour au lendemain plus de 500 millions d'euros de l'économie réelle, l'économie productive, celle que le gouvernement dit justement tant aimer. Vous arrivez  à suivre ?

La taxe d’habitation.

80% des Français n'auront plus de taxe d'habitation à payer d'ici trois ans. Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a précisé les conditions requises pour bénéficier de ce nouvel avantage fiscal. Les plafonds d'exonération de la taxe d'habitation seront de 27.000 euros pour une personne seule et 43.000 euros pour un couple sans enfant. Ces montants concernent le revenu fiscal de référence, obtenu après l'abattement de 10%. Pour une personne célibataire, cela correspond à un revenu réel de 30 000 euros annuels environ et pour un couple, 48 000 euros. Problème : certains devront néanmoins supporter la hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) au 1er janvier 2018, avant de pouvoir profiter de l'allègement de la taxe d'habitation à la date du paiement de l'impôt, en novembre 2018. Tandis que d'autres, appartenant aux 20% non exonérés ou qui le sont déjà aujourd'hui, ne bénéficieront pas de l'avantage fiscal et subiront simplement la hausse de la CSG. Double peine ! Selon le ministre, ceux qui continueront à payer la taxe d'habitation paieront « pareil », autrement dit ne verront pas leur taxe augmenter. Une affirmation gratuite puisque ce sont les collectivités concernées qui en décide, sauf à leur ôter cette prérogative ! Quant à la compensation par l’Etat : rien n’est dit ! 

Les APL.

La baisse des aides personnalisées au logement (APL) envisagée par le gouvernement dans le logement social n'aura « aucun impact » pour les bénéficiaires, promet le Premier Ministre qui se veut rassurant. Pour compenser la baisse des aides, le Premier ministre promet une baisse identique des loyers,  mesure qui impactera  les organismes HLM, forcément. Une solution déjà évoquée par Emmanuel Macron qui appelait publiquement tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros par mois. Quant à ceux qui ne sont pas dans le logement social et qui bénéficient des APL, il n'y aura aucune espèce d'impact puisqu'ils ne sont pas concernés. Curieusement cette baisse ne concernerait donc que les locataires de HLM alors que les bénéficiaires les plus nombreux sont ceux du parc privé.  Comprenne qui pourra,  là encore. On ne dit pas non plus comment les organismes gestionnaires   qui ont déjà bien du mal à équilibrer leurs comptes, compenseront leur manque à gagner.

Il parait que le mot « réforme » était inadapté et qu’il faut désormais parler de « transformation ». Espérons donc que le gouvernement arrive à « transformer » le plomb en or.  Parce que pour l’instant, si on voit bien les ponctions, on discerne mal leur intérêt…En termes de baisses des dépenses, par exemple. Des annonces tous azimuts qui dénotent l’amateurisme et la fébrilité. Et je n’ai pas abordé le problème de la CSG.

 


LE SENAT POUR LES NULS

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Demain, notre sénatrice sortante, Catherine Deroche, reçoit Gérard Larcher, Président du Sénat, venu en Anjou pour soutenir sa liste.

C’est le moment de rappeler à tous quel est le rôle du Sénat, cette assemblée souvent qualifiée d’inutile par les ignorants ou les antiparlementaristes, et qui joue un rôle pourtant essentiel dans les rouages de notre république.

Le Sénat est la seconde assemblée législative.

Tous les projets de loi lui sont soumis et il a le pouvoir de les modifier, amender, rectifier… Un travail très approfondi sur les textes qui, la plupart du temps les améliore, souvent avec un large consensus qui transcende les clivages politiques. Un apport essentiel ignoré parce que peu médiatisé. Mais il n’a pas le dernier mot. Si la plupart du temps la commission mixte Sénat-Assemblée nationale parvient à se mettre  d’accord sur le texte final, il arrive que pour les projets très « politiques » un désaccord  persiste. En ce cas, la loi repart à l’Assemblée nationale en seconde  lecture et le texte est voté définitivement.

Le Président du Sénat est le second personnage de l’Etat.

En cas de vacance présidentielle, c’est lui qui assure l’intérim de l’Elysée et est chargé d’organiser une nouvelle élection. La dernière fois que c’est arrivé, c’est avec la mort de Georges Pompidou avant la fin de son septennat. Ce statut confère à l’Assemblée du palais du Luxembourg un rôle éminent voulu par la Constitution.

Le 24 septembre prochain, auront lieu les élections des 170 sénateurs renouvelables sur 348 dans la moitié des départements, pour un mandat de six ans.

En effet, le Sénat est renouvelable par moitié, ce qui le met à l’abri des variations brutales d’élans politiques que l’Assemblée nationale peut connaitre. C’est un havre de stabilité. Cette année ce sont les départements allant, dans l’ordre minéralogique, de l’Indre-et-Loire aux Pyrénées-Orientales ainsi que les départements d’Île-de-France, et outre-mer, la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et Saint-Pierre-et-Miquelon. Les sénateurs ou sénatrices sont élus au suffrage universel indirect par un collège d’environ 160 000 grands électeurs. Dans chaque département, ils sont élus par des élus locaux : députés et sénateurs de la circonscription, conseillers régionaux et départementaux et délégués des conseillers municipaux, au scrutin majoritaire à deux tours dans les départements représentés au maximum par trois sénateurs, et à la représentation proportionnelle dans les départements de quatre sénateurs ou plus. Les partis doivent présenter un binôme titulaire/suppléant paritaire pour les scrutins majoritaires et une liste en alternance homme/femme (ou l’inverse) pour les scrutins proportionnels, sous peine de sanctions financières. Il faut être âgé d’au moins 24 ans pour être candidat aux élections sénatoriales. En Maine-et-Loire, il y a quatre sièges à pourvoir, c’est donc la  proportionnelle qui s’applique.

Les enjeux du scrutin.

La droite sénatoriale, qui a reconquis la majorité en 2014, renouvelle moins de la moitié de ses sièges lors de ces élections. Elle devrait être mathématiquement confortée par cette élection, d’autant plus qu’elle a gagné les élections intermédiaires depuis. Mais rien n’est jamais certain bien qu’on puisse penser que les « grands électeurs » soient moins perméables aux intempéries du moment créées par l’élection présidentielle et ses « scories » avec la création de listes LREM pour le  moins bigarrées. Certains groupes politiques du Sénat jouent leur avenir avec ce renouvellement. Le groupe écologiste remet en jeu les 10 sièges qu’il détenait depuis 2011 et aura des difficultés à se reconstituer. Même inquiétude du côté du groupe communiste, qui renouvelle 19 de ses 21 sièges en septembre prochain.  Les socialistes, dont 64 sièges sur 109 sont renouvelables, amoindri par la sécession de François Patriat qui a créé un groupe LREM, devraient voir leur place diminuer dans la Haute Assemblée. Selon les estimations de certains sénateurs, le groupe devrait perdre entre 10 et 30 sièges. Or, au moins 10 sièges de sénateur sont nécessaires pour former un groupe politique au Sénat. Il importe, pour l’équilibre des pouvoirs, que dans le contexte actuel, la droite garde la majorité au Sénat. D’autant plus que le président et le gouvernement ont raté le rendez-vous de confiance avec les élus locaux.

Le Sénat est l’assemblée représentative des « territoires ».

Une mission très importante. Grâce au Sénat, les territoires ruraux de la République ont un espace de représentation et d’expression pour faire remonter les problématiques qui leur sont propres. L’équilibre des territoires doit être le leit-motiv, dans un pays qui a besoin de retrouver des éléments de confiance, notamment ceux qui se sentent oubliés. On pensait que  le nouveau président l’avait compris : la création du Conseil national des territoires au Sénat est une bonne idée. Mais la relation de confiance qui aurait pu s’établir dans ce cadre avec le gouvernement a été immédiatement contrebattue par des décisions assénées sans concertation : suppression brutale des emplois aidés que nombre de collectivités auront du mal à remplacer, 13 milliards de baisse des dotations sur le quinquennat, 300 millions sur le budget 2017… La réalité d’aujourd’hui, c’est que l’autonomie financière des collectivités locales est menacée gravement, aggravée par la suppression à terme de la taxe d’habitation qui, de surcroit, affaiblira un peu plus la relation entre le citoyen-contribuable et la collectivité.

Dans ce contexte, il importe que le Sénat reste une voix différente.

Une voix indépendante et exigeante, avec l’esprit de concertation et la recherche des consensus qui sont dans son ADN. L’équilibre des pouvoirs passe par une façon de faire la loi autrement. Justement le Sénat est le garant de cet équilibre des pouvoirs, en étant un contre-pouvoir parlementaire indispensable au fonctionnement de la démocratie. Le spectacle donné par le groupe parlementaire En Marche à l’Assemblée nationale n’incite pas à lui confier les rênes au Sénat. Quant aux constructifs qu’apporteraient –ils de plus à une assemblée dont la méthode de travail est déjà dans cet esprit-là, sinon un peu plus de confusion ? Au contraire, la Haute Assemblée a besoin d’élus de convictions, fidèles à  leurs idéaux et c’est de cette confrontation que sortent les meilleurs textes.

Les Républicains constituent le principal groupe de la majorité sénatoriale actuelle. Le 24 septembre, il doit le rester. C’est le meilleur message que l’on puisse envoyer à l’exécutif.

 


REVUE DE RENTREE

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Incorrigible Narcisse.

Il veut refonder l’Europe ! Rien que ça. Pourquoi pas,  après tout ? Mais pour l’annoncer, quelle mise en scène ! Vous n’avez pas pu louper les images. Macron s'est exprimé sur la colline de la Pnyx, avec l'Acropole en toile de fond et le soleil couchant dans le dos. Si vous ne le savez pas, ici, c’est le berceau de la démocratie, là que se situait « l’agora ». Voilà pour les symboles. Théâtralisation de l'évènement comme il l'affectionne, et envolées lyriques pour parler de l'avenir de l'Europe et … de sa « refondation ». Evidemment, il fallait le faire de « Là où tout a commencé ». Souveraineté européenne, réformes institutionnelles, gouvernance et budget de la zone euro : il a esquissé, longuement, très longuement, les axes de réflexion ; il a promis de nous donner tous les détails de la feuille de route après l'élection d'Angela Merkel. Je ne sais pas si vous avez aimé sa prestation, mais ce qui est certain c’est que lui, il s'est beaucoup aimé !

Calmels, Pécresse, même combat.

Elles veulent toutes les deux l’unité de la famille. Elles veulent toutes les deux rester et oeuvrer au rassemblement. Mais l’une a choisi d’agir en soutenant Wauquiez, avec son mouvement « droite lib’ » tout en restant dans la ligne Juppé, l’autre préfère fonder son propre mouvement au sein des Républicains, « Libres »,  pour mieux  marquer sa défiance à l’égard du même Wauquiez.  Le « Rassemblement » est un combat, qui pourrait en douter. Mais pour l’instant, malgré les précautions de langage, c’est l’impression de dispersion qui domine. Et puis, il vaudrait mieux que certains arrêtent de jeter des anathèmes, car ils risquent d’insulter l’avenir. Deux femmes de talent… complémentaires ? On aimerait !

Les constructifs sur le sable normand.

Solère, Riester à Trouville, c’est un gag ! (bon d’accord, c’est du niveau Hanouna). Certains voudraient bien affirmer leur indépendance en fondant un nouveau parti. C’est là que Solère devient franchement lunaire. Croire que Lagarde pourrait abandonner son siège de patron de l’UDI, au profit d’un destin incertain, c’est comme pisser dans un violon pour le faire chanter. D’accord sur pas grand-chose entre eux, déçus de la place illisible qu’ils occupent dans la « macronie », ils avaient surtout le blues. Dur, dur d’exister quand on ne sert à rien. Il n’est donc rien sorti de leur séminaire.

France-Allemagne : le gouffre qui les sépare !

Selon une étude COE-Rexecode, l'écart des prélèvements obligatoires, impôts et taxes, entre la France et l'Allemagne est très élevé : en 2015, ils représentaient 45,9% du PIB en France contre 38,8% en Allemagne. On parle tout de même de 185 milliards d'euros par an !  Et ça ne s’est pas amélioré depuis. Y du « bulot ! » dirait Johnny.

Pitoyable Collomb !

C’est certain, il  ne sait pas où est l’Amérique. Rien à voir avec l’illustre découvreur du même nom.  Devant l’avalanche de critiques qu’a suscité la lenteur de l’acheminement des forces pour sécuriser une île en proie au pillage, Saint-Martin, après le passage d’Irma, alors que c’était hautement prévisible d’après ceux qui connaissent le contexte de l’île, le Ministre de l’Intérieur s’est livré à un exercice d’autojustification qui en dit long sur l’impréparation du gouvernement. Pathétique ! Parler, en haut lieu, on sait faire. On ne sait faire que ça. Et augmenter les impôts !...  Une pensée pour les îliens durement éprouvés.

Marine à la rame.

Rentrée tristounette sous un ciel peu complaisant pour la patronne du Front, à  Brachay, devant un groupe bien maigre d’auditeurs. Discours alambiqué sur la  « refondation » (oui, là aussi)  et sourires crispés avec le trouble-fête Philippot. Même à TF1 : aucune annonce significative qui marquerait la rentrée. Elle est en panne. Le parti souffre d’une guerre interne qui vise évidemment la ligne Philippot  et ceux qui le soutiennent. Le Front  est bel  et bien fracturé.  Cerise sur le gâteau, le bras droit (sur le départ ?) a fondé son parti dans le  parti avec « Les Patriotes ».  Ce qui est interdit par les statuts. Mélenchon a donc le champ libre sur le terrain de  la surenchère extrémiste.

 


LOI TRAVAIL, PAS UNE RÉVOLUTION MAIS ON AVANCE…

Code du travail

 

Une réforme  encore incomplète,  mais une réforme !

Et c'est déjà appréciable. Dans les cinq ordonnances modifiant le Code du Travail, une quarantaine de mesures devraient simplifier la vie des entreprises et en particulier celles des TPE et des PME. C'est ça la bonne nouvelle.

Ce qu’il faut retenir.

En deux mots voici les grands axes : fusion des instances représentatives du personnel en un « comité social et économique » pour les entreprises de plus de 50 salariés ; négociation directe dans les entreprises de moins de 50 personnes avec un délégué du personnel, dans les entreprises de moins de 20 personnes, négociation directe avec les salariés avec referendum au deux tiers ; plancher mais surtout plafond des indemnités pour licenciement abusif avec en contrepartie une augmentation de 25% des indemnités légales de licenciement ; pour une entreprise multinationale, la justification d'un licenciement économique se fera sur la base des résultats en France. Ce n’est pas la « révolution copernicienne » promise par Emmanuel Macron, mais c’est une rénovation utile du droit du travail. Jusque-là ultraprotecteur pour le salarié, le marché du travail, en France, ne va donc pas subitement devenir une jungle livrée à la loi du chef d’entreprise… Vouloir plafonner le montant des indemnités prud’homales à des niveaux conformes à la jurisprudence, autoriser les petites entreprises à négocier avec leurs salariés en l’absence de représentant du personnel, permettre des ruptures conventionnelles collectives, voilà qui ne suffit pas à casser le modèle social français,  d’autant qu’il sera toujours possible d’aller devant le juge en cas d’atteinte aux droits fondamentaux. Cette réinitialisation du Code du travail est d’une tout autre ampleur que les petites « mises à jour » qu’avaient été la loi Bertrand de 2008 et la loi El Khomri de 2016, lesquelles, rappelons-le, avaient donné plus de pouvoir à l’entreprise pour renégocier l’organisation du travail.

On est encore loin d’une réforme  libérale.

Mais on commence à décorseter vraiment les entreprises de l’économie administrée. Notre Code anti-travail devient enfin plus neutre. Assouplir la réglementation sociale, rééquilibrer les droits en faveur du chef d’entreprise et alléger le livre rouge à l’obésité légendaire : voilà trois conditions favorables à la création d’emplois qui sont réunies dans cette réforme. En ramenant la négociation des primes collectives au niveau de l’entreprise, en délimitant à l’échelle nationale les difficultés pouvant motiver un licenciement économique dans une multinationale, le gouvernement apporte une flexibilité qui pourrait être payante à moyen terme pour la relocalisation de l’emploi en France. On y trouve aussi des mesures de bon sens comme la fusion des instances représentatives du personnel, ou de simple justice comme ce ticket modérateur que les comités d’entreprise devront maintenant débourser lorsqu’ils engagent des expertises jusqu’à présent payées par l’entreprise. Le balancier revient dans le camp de l’entreprise, timidement, mais sans réduire les droits des salariés. Là est probablement toute l’habileté de cette réforme menée par l’ancienne DRH qu’est Muriel Pénicaud. La principale barrière à l’emploi qu’est le Code du Travail est en train de tomber. Il  en faudra  plus pour qu’elle ait des répercussions sur le chômage. On reste encore largement dans une économie  « administrée » tant que les  niveaux de prélèvements et  les textes plus contraignants que chez nos voisins seront en vigueur, comme  ceux sur la  « pénibilité ». Et il faudra aussi agir sur les autres plaies qui pèsent sur l’emploi : le manque de main d’œuvre qualifiée et le niveau des charges. C’est aussi le carnet de commandes rempli qui fait le résultat.

Des réactions modérées.

La CGT grogne comme d’habitude et va sortir son arme ultime : les cheminots. La CFDT dit qu'elle est un peu déçue : il faut bien se démarquer du politique. Curieusement, FO semble satisfaite, ce qui n'est pas rien ; mais curieusement aussi, au même moment Stéphane Lardy, chargé de l’emploi et de la formation professionnelle à FO pendant neuf ans, devient directeur adjoint du cabinet de Muriel Pénicaud. Corrélation ? Décrit comme « un réformiste convaincu », membre du Parti socialiste, il sera en charge de la formation professionnelle, grand chantier que souhaite ouvrir Emmanuel Macron, et de la pénibilité.  Quant à elle, la France Insoumise dénonce une agression contre le Code du Travail, et continue à vouloir utiliser  la rue… Ce qui reste du Parti Socialiste veut se battre (no comment). La droite en toute  logique reconnaît que cette réforme est une avancée même si elle émet quelques critiques, ce qui est normal. Au pouvoir, elle aurait certainement fait différemment et serait allée plus loin, notamment sur les fameux « seuils ». Les "constructifs" n'ont rien dit de plus : preuve qu'ils ne servent à rien.

Il faut  maintenant attendre la dernière étape : rendez-vous le 22 septembre.

 

 


SENATORIALES A L’ANGEVINE

Soupe angevine
 

 

Une personnalité avait coutume de dire que les Angevins étaient les « Chinois de l’Europe ». A voir comment les Sénatoriales se profilent dans notre département on a bien  l’impression que cette approche se vérifie. Plus compliqué, tu meurs ! Mais ça me rappelle  aussi ce que disait un ancien maire d’Angers dont j’étais proche : « En Anjou, on assassine derrière les tentures ! ». C’est à qui fera sa liste pour dynamiter celle du copain. On a beau avoir affaire à des « grands électeurs », il va bientôt falloir leur fournir un guide illustré « de la sénatoriale en Maine-et-Loire » pour que chacun puisse s’y retrouver dans un capharnaüm où un cochon ne retrouverait pas ses petits. Va-t-il y avoir plus de candidats que de grands électeurs ?

Zizanie à gauche.

A gauche entre ceux qui sont partis chez En Marche, qui doivent composer avec la nomination de  Emmanuel Capus et qui l’ont en travers comme Stella Dupont, et ceux qui contestent la nomination par le national de la tête de liste PS, Sophie Foucher-Maillard, comme Joël Bigot « macronpatible » (c’est la mode) qui entendait bien la mener lui aussi, ce serait comme qui dirait « la zizanie »… On compte s’en remettre au vote local des militants (s’il en reste) pour trancher. Encore que deux listes, ce ne soit pas exclu.

Du côté de la Majorité présidentielle,  ça remue aussi.

On a d’abord la liste officielle emmenée par Emmanuel Capus qu’il  présente aujourd’hui comme inédite. Pour sûr, elle l’est doublement. En premier par ses deux investitures successives puisqu’il avait demandé et obtenu l’investiture LR, le 5 juillet, pour ensuite se raviser, et par on ne sait quelle opération du Saint-Esprit, accepter dix jours après la tête de liste de LREM. Le plus fort, c’est qu’il ose encore revendiquer son appartenance aux Républicains après ce manque de loyauté. Chacun appréciera. En second, curieusement, il se présente à la tête d’une liste de quatre membres alors qu’il en faut six : aurait-il du mal à boucler ? Côté argumentaire, avec ses colistiers venus d’ailleurs, il prétend se situer au-delà des clivages, c’est-à-dire quelque part dans l’éther : nulle part, quoi ! Si lui « ne souhaite pas l’échec de Macron »  sa numéro deux, Marie-Claire Starel, préfère parler « de la réussite du Président » : on appréciera la nuance, pour avancer ensuite une raison commune bien piètre (une scie qui tourne en boucle chez les « constructifs ») : « sinon on aura la prochaine fois Le Pen-Mélenchon »…. Et en plus, ils ont une boule de  cristal ! Mais ça évite de parler des vrais sujets comme la réduction des dotations aux collectivités locales. Quant à se targuer de l’originalité d’une liste chabada, c’est tout bonnement imposé par la loi ! On ne peut que souhaiter à M. Capus une belle veste pour l’automne qui s’annonce tempêtueux.

Car il a dans les pattes une liste dissidente de militants authentiques (eux) d’en Marche menée par le Maire de Saint-Mathurin, Jean-Charles Prono, et l’adjointe au Maire d’Angers, Françoise Le Goff : une liste du centre et des territoires ruraux qui a le goût d’En Marche, la couleur d’En Marche, mais n’est pas (officiellement) En Marche ! Vous suivez ? Ce sont les grands électeurs d’Angers qui ne vont pas savoir à quel saint se vouer !

Pléthore en vue au centre.

Au centre,  je n’entre pas dans le détail : c’est pléthore. Je savais l’Anjou centriste, mais à ce point-là, je n’imaginais  pas …  Il y aurait au moins trois listes : une avec Gilles Leroy, une avec Frédéric Mortier (ceux-ci n’ont pas confirmé). Je plains sincèrement Isabelle Leroy qui mène sa liste UDI et qui a légitimité à mener ce combat pour le Sénat.

Heureusement, dans tout ce méli-mélo, émerge la liste de Catherine Deroche.

Composée de six élus expérimentés et représentatifs des territoires du département,  elle est la seule qui corresponde réellement aux impératifs de sérieux que réclament la haute assemblée : expérience d’abord, compétence ensuite. Avec deux plus : des convictions qui ne varient pas au gré du vent, et une ouverture d’esprit qu’impose la logique du travail sénatorial.  Sénatrice sortante, Catherine Deroche peut mettre en avant sa maîtrise du travail législatif et son expertise des dossiers de nos collectivités. Cela mérite bien deux sièges ! On aura l’occasion de revenir sur ses colistiers et sur son programme.

Vous comprenez maintenant pourquoi c’est dans notre département qu’a été inventée la « soupe angevine ».

 


CE CHER ET VIEUX PAYS !

Gaulois 2ème tour

 

On ne fait pas prendre des vessies pour des lanternes aux Français.

Ce vieux peuple, pétri d’Histoire, ne se livre pas aux pieds du premier venu, fût-il issu du suffrage universel. Il  connait la règle : quelles qu’aient été les conditions du scrutin, celui qui est élu, est élu. Il  n’en garde pas moins sa capacité de discernement et de résistance. Profondément démocrate, je le crois, il est capable de dénoncer rapidement tout ce qui lui parait excès d’autorité.  Eminemment politique, il  est à l’affût de toutes les supercheries électorales, des  promesses non tenues et des rendez-vous « peau de lapin ». On ne la lui fait pas ! Plus de deux siècles après la monarchie absolue, il n’est pas né celui qui, comme par magie, ferait disparaître les clivages qui animent les débats, façonnent les clans pour ne pas  dire les « familles » et se fondent sur une histoire politique et sociale, souvent très ancienne. C’est toute une culture dont il est imprégné. Chassez  le naturel, il  revient au galop.  Un instant le camelot peut brouiller les  pistes. Un instant seulement. Un instant, le Français peut se laisser séduire par un verbe, une image,  mais un instant seulement, si le fond  se révèle en désaccord avec l’image trop convenue ou une parole trop creuse. Rien de redoutable dans tout cela. Simplement, le peuple français est complexe comme aucun autre.

En France, et depuis bien longtemps, les partis n’ont pas bonne presse.

Prévus dans la Constitution pour concourir à l’organisation de la vie démocratique, ils sont, sauf période exceptionnelle d’engouement, anémiques en regard du potentiel électoral. Toutes tendances confondues. Les  Français traitent leurs partis comme leurs syndicats : ils adhèrent peu et sont méfiants. Cela n’empêche pas les partis d’être la référence de courants de pensées qui orientent ensuite les votes. Mais les Français fuient par-dessus tout l’embrigadement.  Seul le noyau dur des électorats captifs milite. On s’étonnera ensuite de l’inadéquation de leurs positions avec la base des électeurs inscrits. Le consensus est donc rare et difficile à obtenir. Les périodes de mutations et de crises comme  celles que nous avons connues récemment et vivons encore aujourd’hui accentuent le sentiment d’impuissance à régler les problèmes. L’inculture générale des médiateurs, les élites technocratiques sans autre culte que celui de l’Etat, les prêches  des  uns et  des autres le plus souvent pour des remèdes diamétralement opposés, la permanence d’un personnel politique qui donne le sentiment de privilégier la carrière au bien commun, … les facteurs ne  manquent pas qui ont pu conduire à ce que l’on appelle le « dégagisme ». Mais chassons le naturel, il revient au galop. Chacun a vite fait de revenir à son ancrage naturel, par confort intellectuel. Alors ni droite, ni gauche, ça conduit au mieux à des acteurs qui vivent ensemble mais se regardent en chien de faïence, au pire à une action qui tire à hue et à dia. C’est ce qui se passe dans les cabinets ministériels en ce moment. Mais une fois le bruit et la fureur retombés, les clivages reprennent leur territoire, inéluctablement. Les partis peuvent mourir, les courants de pensées, jamais (J’ai l’impression de me répéter).

Non, la  France n’est pas un pays redoutable.

C’est la situation qui l’est. Contrairement à Nicolas Sarkozy en 2007, Emmanuel Macron est un président « mal élu ». Dès le premier tour, il faut franchir le seuil des 30% pour avoir des  marges de manoeuvre et rassembler largement au second tour.  Avec seulement 24%,  le socle n’est pas suffisant. C’est la confrontation avec Marine Le Pen qui a permis le score du second tour mais avec  un taux d’abstention qui en dit long sur la réticence et l’embarras que suscitait le choix proposé. Les législatives ont aggravé encore le constat : avec plus de 50% d’abstentions, les Français ont manifesté non leur désintérêt, mais leur méfiance tout en souhaitant laisser une chance à l’élu de la présidentielle. Une position d’attente qui décante aujourd’hui. Il ne faut donc pas s’étonner si le fossé entre les ambitions de changements du Président et les attentes des Français s’est creusé, et s’ils expriment maintenant une résistance tranquille (pour l’instant) au vu des premiers mois de pouvoir. Emmanuel Macron s’est comporté en béotien et a pratiqué ce que les Français détestent le plus : l’image pour l’image et l’autoritarisme arrogant, qui font de lui un personnage superficiel. A lui d’apprendre, et  vite !

Notre responsabilité est collective.

Son impopularité a pu surprendre ses partisans, mais elle est logique. Pas de base suffisamment large au départ, et accroissement du scepticisme. Toute comparaison avec les présidents précédents est inutile. Chaque mandat démarre avec un contexte et des spécificités différentes. On retiendra seulement que la dégringolade n’aura jamais été aussi rapide. Quel  paradoxe : on a cru que les  Français  avaient été capables de cet exploit de mettre au pouvoir le représentant « jailli de nulle part » d’une nouvelle génération, surprenant par cette audace le monde entier aussitôt tombé en pâmoison par médias interposés, et ces mêmes Français sitôt la séquence électorale retombée, de reprendre leurs habitudes…  Comme si tout cela s’était fait sans eux !  Ce qui est un peu la réalité. Il ne sert donc à rien de crier « haro sur le baudet », nous sommes tous responsables de cette situation : la classe politique et ses petits meurtres entre camarades, les médias qui nous ont vendu à longueur d’antennes et de unes le sauveur suprême, les élites et les intellectuels avec leur euphorie sans fondement, et le peuple lui-même en n’allant pas voter ce qui représente un bon paquet de Français !  Ce qui fait que le résultat n’a été en fait que le croisement du hasard et des circonstances, bien exploités, il est vrai par le vainqueur.  Tout aurait pu être différent : il s’en est fallu de quelques points tant les écarts à l’arrivée du premier tour étaient faibles entre les quatre premiers. Imaginons ce qui se serait passé dans d’autres cas de figure… Alors la chute de Macron vient de ce que la nouveauté n’est pas à la hauteur des espoirs qu’elle suscitait pour les uns, des décisions erratiques et contorsionnistes en matière de fiscalité  pour les autres. Comme dit Sarkozy, « ce qui n’est pas fait en juillet, il faut le faire en septembre » … On entre dans le dur.  Comme pour ses prédécesseurs, rien ne sera épargné à Emmanuel Macron. C’est la rentrée de tous les commencements, avec l’immobilisme à affronter,  les corporatismes à museler, la technostructure sûre d’elle à dépasser, la surenchère gauchiste et les élans de la rue à contenir fermement mais si possible sans casse … Il y en a pour cinq ans que ça nous plaise ou non. Cela nous oblige à faire sérieusement de la politique et à construire une opposition de  la  droite et du centre crédible.  Mais il ne sert à rien de se plaindre d’une situation pour laquelle notre responsabilité est engagée autant que celle de bien d’autres.

Comment Macron va-t-il empoigner la réalité ? Ce sera le sujet d’une autre chronique à venir. 

 

 


LA CRISE FINANCIERE EST TERMINEE. PAS SI SÛR !

Des-liasses-de-billets

 

Août 2007 : la  faillite de Lehman Brother déclenchait la plus violente crise que la planète financière ait connue, tant  les « subprimes » truffés de créances insolvables avaient inondé le  marché jusque dans les  moindres recoins de nos banques. Dix ans après où en est-on ? On a l’habitude de dire que  l’histoire ne se répète pas. Par  contre, les  mêmes causes entraînent toujours les mêmes effets. Dix  ans après, les  effets de cette violence secousse qui a touché le monde entier en bousculant toutes  les économies, ont en grande partie été digérés. La question qui hante les esprits  reste  pourtant : «  est-ce  qu’une  même crise peut se  reproduire ? »  Tentons d’y répondre sans entrer dans  le détail de ce que les spécialistes et les analystes observent.

Voyons les chiffres.

L’endettement mondial atteint un record de 217 000 milliards  de dollars, contre 142 000 milliards dix ans plus tôt. C’est 327% du PIB mondial ! La dette totale a  augmenté de 2 000 milliards de dollars aux Etats-Unis et dépasse 63 000  milliards à la fin du premier trimestre de cette  année.  Dans ce contexte, on sait que la France n’a pas fait mieux et ce qu’il en est de sa dette qui a continué de gonfler. Les marchés ont beau bien se porter, on ne  peut pas dire  que la  situation se soit totalement assainie.

D’abord  ce qui est rassurant.

Les banques se sont remises du choc de 2007,  sous la pression des autorités. Le risque systémique, grâce à un renforcement draconien des fonds propres, est devenu très faible.  Elles  ont mené de lourdes restructuration, notamment aux Etats-Unis et ont doublé leur capitalisation rapportée à leur risque financier. Les européennes n’ont pas  encore tout-à-fait  tourné la page, et certaines  traînent encore  des créances douteuses qui plombent leur bilan, en particulier en Italie. Mais le mécanisme de supervision unique est en  place et  prêt  à parer à toute éventualité. Les mécanismes de régulation initiés par le Comité de Bâle, ONU de la finance, avec  les  accords  Bâle 1 et Bâle 2, et les milliers de pages de réglementation, rendent presque impossible une faillite générale accompagnée d’un « bank run » (les gens se précipitent pour retirer leurs avoirs).

Ensuite, ce qui est inquiétant.

Les « subprimes ». Ils ont été à l’origine de la  crise de 2007 et n’ont pas disparu.  Au moins deux bulles  existent aux Etats-Unis sur les crédits automobiles, et sur les prêts étudiants. Les crédits aux ménages très peu solvables ont aussi explosé et pèsent 33% des crédits titrisés.

La titrisation.  Car autre  mauvaise nouvelle, la titrisation a continué aussi. Cette procédure qui consiste à noyer des actifs peu solvables dans des paquets de titres avait contribué à aggraver la crise des « subprimes » dont ils étaient les vecteurs. Tous les produits toxiques n’ont pas été éradiqués  et on en produit de nouveaux,  malgré 320 milliards de dollars d’amendes. En cause, les nouvelles contraintes en capital et la faiblesse des taux qui ont réduit les marges des banques et ont poussé celles-ci à délester leurs bilans en recourant à la titrisation. La chine suscite aussi des inquiétudes car les banques y recourent à des montages de titrisations complexes pour se débarrasser d’actifs toxiques. Une trentaine d’entre elles totaliserait 2 000 milliards de dollars de ce type de créance.

De nouvelles bulles sur les marchés. Elles gonflent avec le déversement d’une masse considérable de liquidités par la Fed,  la  banque du Japon, puis par la BCE, qui font flamber les prix des actifs.  Les indices boursiers ont bondi (265% pour le S&P).  La  plus grande menace est la sortie de la politique monétaire expansionniste, avec le risque d’un dégonflement brutal de la bulle  obligataire. La Fed a commencé. La BCE devrait y venir en 2018. Il faudrait ajouter au tableau la flambée de la  dette chinoise  consécutive à la forte hausse du prix de l’immobilier. Elle est aujourd’hui sous contrôle du gouvernement chinois, mais pour combien de temps ?

Le comité de Bâle est en panne. C’est le dernier signal négatif. La sortie définitive de la crise financière s’embourbe dans des jeux de défense d’intérêts nationaux et il ne parvient pas à boucler la négociation portant sur les montants des fonds propres que doit détenir une banque pour couvrir les risques (Bâle III).  La méfiance des Etats-Unis et la volonté de Trump de « déréguler » dans son pays ne sont  pas étrangères à cet enlisement,  alors que bien d’autres chantiers seraient à  mener (trucages sur les marchés des changes, non-respect des embargos  …)

Reste que rien n’a été fait pour tenter de réguler la finance de l’ombre. 

Les hedge funds, les  plates-formes de prêt  participatif,  les sociétés de gestion de patrimoine échappent à tout contrôle. Ce système parallèle représente le quart de la finance  mondiale. Un défi immense  pour  l’économie mondiale, car contrairement aux banques,  les prêts octroyés  par ces institutions ne sont pas garantis par le dépôt  des épargnants mais par l’argent que veulent bien leur consentir les investisseurs…  Cela les rend particulièrement vulnérable à la conjoncture.

Pour tout dire, dix ans après,  la finance mondiale vit et  danse de nouveau sur un volcan.  Nous ne sommes donc pas  à l’abri d’un nouvel  incendie, sauf que nos pompiers qui avaient été à l’oeuvre avec succès en 2007, la  Fed et la BCE, aujourd’hui  n’ont  plus d’eau car elles ont pratiquement épuisé leurs réserves !

Le  pire n’est pas toujours certain, heureusement ! Quoique ….

 


CELLE-LA, ELLE EST UN PEU FORTE !!

Hollande pit

 

En politique, on ne meurt jamais.

Surtout les méchants ! François Hollande, tel Rastapopoulos dans les aventure de Tintin ou Olrik dans Blake et Mortimer, vient de prouver qu’il était toujours vivant en attaquant, brusquement et brutalement, Emmanuel Macron, au sujet des réformes que le président actuel veut engager et que son prédécesseur, dans des propos qu’il a tenus au festival d’Angoulême, vient de juger dangereuses.

La vengeance est un plat qui se mange froid.

On pensait qu’il se ferait oublier. En fait il ruminait sa vengeance et attendait le moment propice pour compliquer la vie de son successeur. Il n’a pas cédé à un imprévisible accès de colère mais  plutôt à un irrépressible ressentiment qu’il a été incapable de contrôler. Il  voudrait tout simplement que les Français se félicitent de l’héritage qu’il a laissé et pour cela, rien de mieux, que de critiquer acidement Emmanuel Macron sur les réformes qu’il a entreprises. Il ne faut pas « demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles (…) Il ne faudrait pas flexibiliser le marché du travail au-delà de ce que nous avons fait, au risque de créer des ruptures. » Le message est clair, après le « temps de la récolte est venu », qui nous a fait sourire, pour se glorifier des bons chiffres du chômage. D’ailleurs le PS en a aussitôt rajouté une couche en prétendant que le « redressement est le produit des efforts des Français et des décisions que François Hollande et ses gouvernements ont prises pendant cinq ans ». Refaire le coup de l’héritage en espérant que les Français soient un peu oublieux de son caractère calamiteux ! Manque pas d’air !

Petit rappel.

Ce sont des déclarations qui mentent par omission, en restant indulgent. Le pingouin a quitté l’Elysée après avoir détruit au moins six cent mille emplois. Si l’économie française connait une embellie avec un retournement de tendance constaté depuis le début de l’année 2017, les deux résultent un  peu des timides réformes entreprises sous son mandat et beaucoup d’une amélioration de la conjoncture dans toute l’Europe, toutes politiques économiques confondues. Cela ne mérite pas qu’il massacre son ex-chouchou et, avec lui, l’espoir des quelques changements sans lesquels il sera impossible de relancer vraiment l’économie française. Le retrouver président de tous les frondeurs,  voilà qui est inattendu. Avec un but  précis : en distillant son poison il espère voir envahir les artères politiques et sociales du pays, si ce n’est la rue. Et au moment de la rentrée.  Machiavel dans toute sa splendeur !

Est-ce que ça va mieux ? Pas tant que ça !

L’économie française connait une embellie. Le sujet n’est pas  de savoir si on le doit à l’élection de Macron ou au bilan du mandat précédent, c’est hors sujet.  C’est  d’abord le résultat des efforts de nos partenaires, autrement plus conséquents que les nôtres, Espagne, Portugal, Allemagne et autres… qui portent aujourd’hui la croissance européenne et dont nous profitons évidemment, bien que nous n’ayons pas fait le nécessaire chez nous. C’est tellement vrai que ce que j’avance s’appuie sur deux observations imparables : la première, notre commerce extérieur reste dramatiquement déficitaire et ça s’aggrave, ce qui souligne notre incapacité à reconquérir des parts de marchés ; la  seconde, le niveau de production de notre industrie manufacturière n’a pas encore retrouvé celui d’avant 2007,  c’est tout dire ! Alors oui, le marché de l’emploi se porte un peu mieux,  mais les conjoncturistes restent très prudents. Le gouvernement ne voit lui qu’un point positif : la croissance sera un peu plus élevée ce qui lui facilite l’élaboration du budget 2018. Or, celui-ci prépare une ponction supplémentaire en impôts, ne serait-ce que la CSG, qui risque de nous faire retomber dans une spirale d’atonie économique. Car il  ne faut pas  escompter un regain de compétitivité de la réforme du code du travail, dont on voit bien qu’elle va accoucher d’une souris supplémentaire.

L’opposition de Hollande est une manœuvre politicienne d’orgueil.

Quand il demande au gouvernement de ne pas aller au-delà de ce qu’il a fait lui-même, il  considère que la réforme du travail menée par sa ministre de l’époque, Myriam El Khomri, serait suffisante. Rappelons-nous simplement qu’elle n’a pas créé un seul emploi. Et il faudrait que le pays s’en tienne à ce très mauvais résultat ? Ce que craint l’ancien président, c’est que la réforme, même édulcorée, finisse par passer, consacrant la défaite du PS sur tous les fronts et apportant à M. Macron une forme d’invincibilité. Et il n’est pas le seul, en France, à tenter d’empêcher le passage en force du projet. Avec les frondeurs, les Insoumis, les communistes, le Front national, les opposants sont nombreux. Et c’est dans ce camp-là que se situe François Hollande. En se souciant des salariés dont les acquis sociaux seraient menacés il oublie que c’est au détriment de six millions de chômeurs. S’il Souhaite que le pays change c’est à condition qu’on lui en accorde le mérite,  à lui, et à lui seul. De sorte que, ne trouvant pas dans le peuple ou chez ses partisans la ferveur qui ferait de son rôle personnel un moment historique, il se met à brandir triomphalement un « bilan » qui loin d’être le sien, est celui des aléas de l’économie. Voudrait-il faire accroire de la preuve d’une injustice commise à son égard, qu’il  ne s’y prendrait pas mieux alors qu’il faut voir dans son retrait l’aboutissement inéluctable d’un quinquennat fait d’à-coups, de scandales et de mortelles hésitations.

Un faux procès en libéralisme.

C’est bien une accusation sous-jacente quand Hollande parle de point de rupture à ne pas  dépasser.  Il faut être de gauche pour avoir décrypté déjà dans la politique du quinquennat précédent une inflexion libérale. Pas plus de libéralisme quand l’actuel propose d’assouplir le code du travail ou de réformer à la marge l’ISF. Tant que le pays restera à  57% de prélèvements obligatoires, il restera avec une économie collectivisée et administrée. Il faudrait baisser ces derniers de 10 points pour commencer à parler de politique libérale. On ne ferait alors que rejoindre l’Allemagne. Et ce n’est pas en demandant « un effort » supplémentaire aux retraités déjà maltraités sous Fillon et massacrés sous Ayrault et Valls, comme le réclame l’amnésique Le Maire, qu’on y parviendra.

On peut s’attendre à une vive réponse de Macron. Hollande en sonnant l’hallali, c’est tout simplement la curée de la rentrée qu’il précède. L’opposition protéiforme n’en demandait pas tant. Cependant, il pourrait bien avoir rendu service à son successeur à moins d’un mois des sénatoriales. Allez savoir ce qui se passe dans les têtes d’un pays troublé.

 

 


DESAMOUR ? NON, DECANTATION !

Macron le messie

 

Le chiffre est sans appel : 62 % ! Presque deux Français sur trois sont mécontents du Président de la République, seulement 100  jours après son élection. Un verdict dont il se passerait bien pour aborder une rentrée pour le moins  orageuse. Car les gros nuages noirs s’accumulent à l’horizon.

Une évolution logique !

La situation est très bien analysée par Jérôme Sainte-Marie à la lumière des enquêtes d’opinion menées par son institut. Une baisse confirmée par tous les sondages, et qui présente un caractère socialement diffus. Ainsi l’Ifop  a constaté une baisse de 18 points chez les fonctionnaires et dans le même temps les retraités manifestent massivement leur désapprobation de la hausse annoncée de la  CSG. L’insatisfaction est manifeste. La manière dont le chef d’état-major des armées a  été désavoué a pesé et la qualité très médiocre des débats à l’Assemblée doublée des péripéties interne au mouvement En Marche a  contribué à la dégradation globale de l’image du dispositif macronien. La  surinterprétation des bons sondages initiaux a contribué à masquer le premier revers politique essuyé par Macron, à savoir  le record d’abstentions aux  législatives, excédant la moitié des inscrits dès le premier tour. De là vient la fragilité qu’on constate aujourd’hui : personne n’a voulu voir la dichotomie entre l’hyperpuissance du Président au sommet de  la structure politique et l’étroitesse de son soutien à la base. Evidemment, cela ne retire rien à sa légitimité, mais cette situation devient dangereuse quand elle rend particulièrement visible la dimension par essence coercitive de l’appareil d’Etat au moment  où l’action gouvernementale doit se concentrer sur des réformes douloureuses.

Des erreurs impardonnables.

Dans les premières semaines, le nouveau président a  montré son aisance dans l’exercice du pouvoir, particulièrement sur les domaines régaliens. Et la formation de son premier gouvernement a été une belle démonstration de son savoir-faire politique en confirmant une cohérence : en confiant le poste de Premier Ministre et les  ministères en charge de l’économie et des  finances à des personnalités de droite, tout en attirant des figures de la gauche, du centre et de l’écologie, il a rendu concret son discours de rassemblement.  Au service de la  réforme ? Là est  la question ! Il y a eu deux bémols. Le  premier c’est la volonté d’une présidence « jupitérienne », avec la  volonté de tout contrôler, qui ravale « l’hyperprésidence » de Sarkozy au rang des accessoires pour garçonnet. Il  en ressort une discrétion étonnante du Premier Ministre dont on voit bien que, obligé de partager ses  conseillers avec  l’Elysée, il n’a aucune facilité  pour « mener la politique du gouvernement ». Les Français veulent de l’autorité, mais insérée dans un cadre républicain qui les protège des caprices du prince. Or, le comportement du Président commence à les inquiéter : en cause, par exemple, son discours humiliant pour le Général De Villiers qui a été une grave erreur. Les relations avec sa majorité transformée en armée de spadassins aux ordres en a été une autre. La débâcle des centristes obligés de quitter le bateau et l’affaire Ferrand ont fait le reste. La  promesse de renouveau et de rassemblement s’évanouit, faute aussi que soit accordée à ses soutiens une autonomie suffisante à l’égard de l’omnipotence présidentielle. Le second bémol, c’est le goût narcissique de la communication « maîtrisée ». Macron a mis en avant volontairement son individualité physique dans sa représentation politique, dont la photo officielle de sa présidence témoigne avec éloquence. Il  a  ensuite  multiplié les images : Macron en fauteuil roulant, Macron jouant au foot, Macron boxeur, Macron aviateur. On a l’impression d’une série du style « Martine à … ». Certes, la fonction présidentielle dont il  est imbu  implique un contact direct avec le peuple, qui doit s’accompagner d’un langage simple, des  objectifs clairs qui soient pour le  moins entendu des citoyens. Or, comme l’affirme Jacques Julliard, « nous ne savons toujours pas quelles sont les priorités du Président de la République, quels chemins on emprunte, lesquels on évite.  A la croisée des chemins, il n’y a plus d’en même temps, il y a un choix. » On l’a persuadé de communiquer.  Mais « communiquer » n’est pas un verbe intransitif.  Il faut dire quoi !  Sinon, la communication dans le vide, ça n’est que de la « réclame ». Macron n’explique pas quel  est son projet. Nous n’avons pas besoin de discours habiles, nous attendons un langage de vérité. On l’attend toujours.

Une  politique trop identique à la précédente.

J’ai envie de demander à Edouard Philippe : «  Mais qu’as-tu fait de ta droite ? » tant la politique qu’il mène ressemble  à celle de ses prédécesseurs immédiats. Et c’est inévitable quand on sait que derrière le rideau des officiants ministériels se cache toute la clique des technocrates de Pisani-Ferry. Comment peut-on changer de politique quand ce sont les mêmes qui sont à la manœuvre. Vous voulez des exemples. En voilà deux.

D’abord, La pratique du rabot. Il faut à tout prix tenir la promesse des 3% pour la fin de l’année, donc il faut faire des économies. L’héritage hollandais n’aide pas,  mais le gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé a choisi de recourir à la méthode du rabot  en mettant tous les ministères à contribution et en se gardant bien d’engager des économies  « structurelles » forcément plus douloureuses. D’où le problème de la réduction des crédits de la défense, fort mal venue en ces temps troublés et à la veille  du 14 juillet, qui plus est ! C’est au nom du même rabot  qu’on a lancé  la réduction de 5€ sur les  APL des étudiants,  avant d’y renoncer devant la  levée de boucliers.  

En second, le  recours à l’impôt où l’Etat fait  preuve d’une imagination machiavélique. Il  n’a rien trouvé de mieux que d’imaginer une surtaxe de 2 milliards d’euros/an pour financer les pertes sur les contentieux fiscaux (6 milliards), en augmentant sur trois ans la C3S des grands groupes, impôt antiéconomique s’il en est puisqu’il frappe le chiffre d’affaire. Autrement dit il veut faire payer aux entreprises les contentieux qu’elles ont  gagné contre lui, par la faute d’une loi mal boutiquée sur les dividendes qu’il va être obligé de supprimer. Il sera, en effet, obligé de rembourser les  milliers d’entreprises qui ont contesté le paiement de cette taxe. Donc,  le condamné veut faire payer le prix de sa faute à  la victime.  On ne peut pas  faire  plus immoral.  Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle  pour les entreprises,  puisque,  par  la grâce hulotesque, la taxe carbone devrait être fixée à 44€ la tonne dès 2018 contre 39€ initialement prévus. On ne me fera pas croire que trouver de vraies économies était impossible !

Décantation.

La dépense on sait  où on peut la réduire, mais il faut un sacré courage pour aller chercher les réductions que ce soit dans la bureaucratie ou dans  la générosité parfois abusive de notre système de protection. Alors reste, comme dit Marc Dugain dans les  Echos, la tradition rad-soc qui recommande de ponctionner la classe moyenne.  Comme les  plus aisés de celle-ci se sont mis à l’abri, on commence à toucher l’os. Le constat est là : on a bien un gouvernement rad-soc.  Pas de  changement ! Pourtant, les Français étaient prêts à se laisser séduire. Il  y avait au centre et chez les Républicains un potentiel prêt à suivre le Président. Or le nouveau pouvoir dilapide tous les atouts dont il disposait. On ne manipule pas aisément un vieux peuple retors et versatile comme les Français. En fait de recomposition politique, après décantation, on s’aperçoit que la droite reste la droite et la gauche, itou, même quand elle se déguise. Reste que l’opposition de la France insoumise ajoute une note radicale très dangereuse à gauche  et que les enjeux identitaires au premier rang desquels la question migratoire, pourraient bien permettre une renaissance du FN si  la droite républicaine ne s’en empare pas.

Voilà une rentrée périlleuse à tous égards.

 

 


COUACS ET COIN-COIN

Bagarre_village_gaulois

 

Les réformes n’avancent pas comme le gouvernement aurait voulu. La confusion qui a régné au parlement ces dernières semaines n’a pas aidé et même si l’action politique n’est pas remise en cause, elle se mesure à l’aune d’une baisse de popularité vertigineuse de l’exécutif.

Couacs à l’Assemblée.

L’entreprise réformiste du gouvernement est largement mise  à mal par les inconsistances, les erreurs de procédure et d’arbitrage et « l’apprentissage » lent et chaotique des nouveaux députés dégagistes macroniens. La grogne n’en est que plus sensible dans le pays comme  en témoigne les reculs sur la baisse de 5€ de l’allocation logement ou sur la volonté de doter  la  1ère dame d’un « statut ». La polémique avec  le Général de Villiers a nui gravement à l’image du Président  de la  République qui comble de maladresse a cru bien faire de se déguiser en Buck Dany pour aller sur la base d’Istres pour tenter de rétablir une autorité écormée.

Du retard dans la programmation.

Le  projet de  loi Travail qui vient de faire l’objet d’un accord entre les deux assemblées  a pris beaucoup de retard et ne sera  pas complètement en place à la rentrée comme il aurait mieux valu. C’est vrai que le dossier est d’une complexité inextricable et il peut encore produire des rebellions violentes et des manifestations  monstres comme l’espère bien l’Insoumis Mélenchon. Certes une forme de consensus a émergé du parlement, ce qui montre que les Républicains sont constructifs et donc que les « constructifs » font une sécession inutile. C’est le volet négociation avec les syndicats qui s’éternise et la Ministre du travail fait tout son possible pour que le  projet ne soit pas trop édulcoré. Il y aura toujours une forte opposition à un projet de loi qui brise plus d’un tabou et remet en cause les acquis sociaux. Elle existe et s’exprime à l’Assemblée tous les jours ; elle constitue le coeur de la revendication syndicale. Mais les atermoiements de l’exécutif ouvre un espace de contestation qui n’existait pas il y a deux mois. Certains croient désormais possible de rendre impossible cette réforme  bien que l’opinion générale sente, qu’au fond, il est temps de moderniser le pays. Septembre pourrait bien voir fleurir des mouvements du même  genre que celui des « bonnets rouges ».

Le Canard fait « coin-coin ».

Le coup de grâce pourrait venir de la Justice. Au moment où l'ancien Garde des Sceaux, Michel Mercier renonce à entrer au Conseil constitutionnel où il a été nommé (décidément le ministère de la justice ne réussit pas au Modem), après les sorties de Bayrou, De Sarnez, Ferrand du gouvernement, c’est Muriel Pénicaud qui semble être dans le viseur. On notera au passage que la  Cour des comptes  peut  raconter ce qu’elle veut sans que rien ne bouge. Par contre il suffit que le Canard fasse « coin-coin » pour qu’aussitôt des procédures soient engagées. Or il se trouve que notre ministre des Affaires sociales fait l’objet de soupçons divers qui menacent de plus en plus sa présence au sein du gouvernement. Elle résiste, mais  pour combien de temps ? On lui reproche d’avoir organisé, alors qu’elle dirigeait « Business France », un organisme qui promeut l’image commerciale du pays, une visite d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, à Las Vegas : visite qui a coûté cher (près de 400 000 euros), alors que le voyage du ministre n’a fait l’objet d’aucun appel d’offres. L’affaire est loin d’être close. Ensuite, « l’Humanité » a révélé que la même Mme Pénicaud, ancienne directrice des ressources humaines chez Danone, a vendu des actions de son entreprise, ce qui lui aurait rapporté un million d’euros en plus-value. A l’époque, elle n’était ni élue, ni nommée à un poste de l’exécutif. Elle n’a fait que ce que d’autres cadres supérieurs de Danone ont fait : la vente des actions était parfaitement légale. Il n’empêche, l’atteinte à l’image de la Ministre est réelle dans un pays où il est interdit de gagner de l’argent, surtout comme ça !

Le gouvernement joue gros.

Ni le président, ni le Premier ministre ne semblent désireux de la remplacer, en plein débat sur la loi travail, par une autre personnalité. D’abord  parce qu’on ne peut pas nier que la ministre des Affaires sociales est compétente dans son domaine et sait dialoguer avec les syndicats.  L’effet de son départ serait désastreux. Mais sa réputation est désormais entachée : un cadre qui s’enrichit par le biais de la Bourse, c’est déjà mal  vu, mais quand en plus on apprend qu’elle a vendu ses parts quelque temps après un plan social qui a permis à la valeur de l’action Danone de remonter, on n’empêchera  pas certains de crier au délit d’initié. « Voyeurisme » dit-elle pour se défendre. Argument bien faible quand on connait le délire égalitaire de ceux qui vont crier au loup sur tous les articles de sa loi. Il n’empêche une mise en examen sur l’affaire  « Bussiness France »  n’est pas impossible et pourrait intervenir dès septembre avec l’obligation pour elle de démissionner. On imagine les dégâts si, à cause de toute cette esbroufe, la réforme qui est la clé de voûte du programme Macron,  échouait ! Déjà que l’exécutif qui nous gouverne et sa majorité  parlementaire sont assis sur un socle électoral très étroit, ils pourraient bien ne pas s’en remettre.

L'inquiétante dégradation du commerce extérieur. 

Ce serait d’autant plus malvenu qu’un nuage inquiétant obscurcit le ciel jusque-là plutôt dégagé de notre économie : le déficit commercial de la France continue de se dégrader, et aucune embellie n'est prévue sur l'année 2017. Selon les chiffres publiés par les Douanes, le déficit commercial s'est élevé à 4,7 milliards d'euros en juin dernier, contre 4,4 au mois de mai. Sur douze mois, il s'envole à 59,8 milliards d'euros, contre 50,2 milliards sur la même période l'an dernier. Cette flambée s'explique en partie par la facture énergétique, mais elle est aussi due à des faiblesses bien connues : le manque de compétitivité des produits « made in France » et le trop faible nombre d'entreprises exportatrices.  Comme quoi « l’effet Macron » a ses limites ! Un pays qui perd  de l’argent à l’export ne peut pas s’enrichir…

 

 


LES ERREMENTS DE CHRISTOPHE BECHU

Béchu municipales

Une courte pause de dix jours : voilà tout ce que m’aura laissé l’actualité politique. Je me dois de  reprendre la plume, ou plutôt le clavier, pour commenter la décision d’Emmanuel Capus de prendre la tête d’une liste LREM pour les sénatoriales du 24 septembre prochain. J’avais évidemment suivi l’événement, de Hongrie où je m’étais rendu, étant en permanence connecté, cela va de soi. Je suis resté sur ma première réaction : scandalisé !  Par la forme et sur le fond !

Un procédé inacceptable.

J’ai rencontré Emmanuel Capus à la soirée d’Angers pour vous,  juste avant de partir. Je venais d’apprendre son investiture par LR comme n°2 de la liste de Catherine Deroche et je l’en félicitais.  Il m’avait fait part alors de sa satisfaction. Choisi par le Sénateur-Maire pour le remplacer au Sénat, il  avait toute légitimité à figurer en bonne position sur la liste menée par la Sénatrice LR sortante. C’était dans l’ordre des choses. Et c’est bien Béchu qui l’a imposé ! Alors, pourquoi cette désertion  quelques jours après. Une seule explication : le Maire d’Angers a cédé aux pressions d’Edouard   Philippe et de son homme de main, Jean-Paul Delevoye, pour essayer d’empêcher Catherine Deroche, Vice-présidente du groupe LR au Sénat d’être réélue. C’est une manœuvre hautement politique pour éliminer les « gêneurs ». Car, évidemment,  Emmanuel Capus aurait été engagé par son investiture LR. Le but : assurer à Macron une majorité « docile » au Sénat, quitte à tirer sur les amis !

Une trahison en bonne et due forme.

L’argumentation est pitoyable et étonnante de la part du Maire d’Angers qui nous avait habitués à des analyses de haut vol. Comment peut-il se fourvoyer à ce point et tourner le dos à ses convictions politiques. Car, Emmanuel Capus, dans l’affaire n’est qu’un pantin qui va là où on lui dit d’aller. « Il  n’a jamais appartenu à la droite dure » plaide-t-il. Moi non plus et Catherine Deroche pas davantage, ou alors il faut qu’il m’explique ce que la formule veut dire. Ce faisant, il stigmatise une grande partie de son électorat qui pourrait bien s’en souvenir. Il  n’y a pas de courant « macroniste » au sein des Républicains. Inutile de se cacher derrière le mythe entretenu par une poignée de parlementaires (13 députés sur 120) qui ont choisi de faire un groupe avec l’UDI. Ils se disent « constructifs », mais ils ont en fait bénéficié de « facilités » pour être élus. N’ayant rien apporté de nos idées à la majorité actuelle, ce sont donc de simples « collabos ». Cela n’a rien à voir avec une « cohabitation » dans laquelle la majorité parlementaire impose son projet. Donc, « Béchu alias Capus » va soutenir : l’augmentation de la CSG sans contrepartie pour les retraités, la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, la PMA généralisée, le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, la généralisation du tiers payant, les baisses de dotation pour les collectivités locales, la réforme de l’ISF qui consiste à créer un impôt sur la fortune immobilière, nouvelle aberration … J’arrête là l’énumération. Cela s’appelle  une « trahison » ! Car, n’ayons pas peur des  mots : c’est une trahison en bonne et due forme.

Béchu prend des risques énormes.

Le Maire d’Angers n’a probablement pas renoncé à décrocher un strapontin dans le gouvernement. Peut-être le prix du revirement imposé à Capus. Le Premier Ministre qui peine à remplir la fonction a, en effet, bien besoin de renfort. Mais les vents de septembre pourraient bien n’être pas aussi favorables que ceux de mai pour la majorité en place. Pour de multiples raisons, à commencer par le spectacle de pagaille « bobo-populiste » qu’elle donne à l’Assemblée nationale qui n’est  pas de nature à convaincre  les grands électeurs de la rejoindre. Début septembre on va entrer dans le dur et « l’effet présidentielle » aura disparu. La confiance a déjà commencé à s’effriter malgré les coups de com’ à répétition d’un Président omniprésent et omniscient. S’il ne faut pas « infantiliser » les grands électeurs, comme dit Béchu, ceux-ci ont probablement plus de conscience politique que le citoyen lambda. « Il faut que Macron réussisse ! » est son leit-motiv,  « pour éviter Le Pen la prochaine fois ». Devant de tels errements, il vaudrait mieux que le Sénat reste une assemblée « garde-fou ». Et puis la noblesse de la politique, ce n’est pas  de jouer au « bonneteau » !  Plutôt que de s’en remettre à la providence d’un mage, il ferait mieux de se demander pourquoi un tiers de l’électorat a apporté ses suffrages à l’extrême-droite : il y a le chômage, mais il n’explique pas tout. La question identitaire taraude la majorité des Français et Macron n’est pas parti pour y répondre. La déréliction du FN va favoriser l’émergence d’une force politique républicaine à droite à vocation majoritaire. « Les Républicains » sont les mieux placés pour occuper cet espace politique. Quant à Béchu, il ne mesure pas les dégâts que sa trahison cause dans son socle électoral. Et je ne parle pas que des militants. Il y a de quoi être écoeuré, en effet !

Moi, si j’avais à voter, ce serait  sans  hésiter  pour la liste de mes amis Catherine Deroche et Stéphane Piednoir. Bah oui, la fidélité fait partie de mes valeurs !

 


A DROITE LA DEFIANCE DOMINE

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Allez, un dernier  pour la route avant la pause !

L’électorat de la droite dubitatif.

On sait qu’il s’est massivement abstenu aux élections législatives.  Depuis, le doute s’est installé.  Les  gestes du président  sont trop  « alternatifs » pour que la confiance s’installe.  L’épisode du Général de Villiers ne le rassure pas.  L’électorat de la droite,  y compris les modérés, ne  place pas Macron au-dessus de la mêlée. Au contraire sa volonté affichée de tenir ses  promesses sur la CSG et la taxe d’habitation augmentent la défiance.  Quel revirement dans la  même semaine : on est passé du report des baisses d'impôts et d'un plan d'austérité lors du discours de politique générale d'Édouard Philippe à un « choc fiscal pour donner confiance » du même Édouard Philippe. 11 milliards d'euros de baisse d'impôts en 2018, application de la taxe forfaitaire de 30% sur les revenus du capital et, comme annoncé déjà, la transformation de l'ISF en Impôt sur la Fortune Immobilière. Macron est passé par là et a réagi rapidement au flottement provoqué par les annonces de report. Mais l’équation budgétaire de 2018 est encore  moins tenable que celle de 2017, du fait de « l’héritage » : tout cela pourra-t-il tenir ? L’impression qui se dégage, c’est que  les « recrues » de droite sont plus des « faire-valoir » sans réelle marge de manœuvre que des compléments venus rééquilibrer une  politique qui penche à gauche. La « trahison » est un peu plus patente chaque jour.

L’hypocrisie des « constructifs »

De quoi rendre improductif le discours des « constructifs » qui s’entêtent  à vouloir saisir la « main tendue » du Président. Celui-ci n’a guère besoin d’eux à l’Assemblée, sinon pour affaiblir  un  peu plus l’opposition qui pourrait venir de la droite  et dont on a grandement besoin de la vigilance. Pour l’instant il peut encore se servir d’eux parce qu’il veut faire basculer le Sénat en sa faveur pour faire  passer sa  réforme constitutionnelle. Ils ne se rendent pas compte combien le langage qu’ils tiennent peut blesser les électeurs de la droite et du centre en les faisant passer  pour des « intransigeants », ce qu’ils  n’ont jamais été, encore moins leurs représentants. Ceux qui se réclament  de cette posture feraient donc bien d’y regarder à deux fois : la faiblesse du courant qu’ils drainent est inversement proportionnelle à l’agitation qu’ils déploient et cela devrait les alerter. Et puis que vaudra la parole de Macron dans un ou deux mois ?  Une fois les images sur papier glacé fanées, la confrontation avec la réalité risque d’être explosive. Le paysage politique actuel est une image déformée du pays réel tant le piédestal sur lequel il repose est étroit. Le revirement se produira, inévitablement, le tout est de savoir quand. Les échéances suivantes pourraient être alors désastreuses  pour ceux qui auront joué avec le feu jupitérien. Les Sénatoriales seront un test. A bon entendeur  …

 

 


LA FRANCE NE PREND PAS LE CHEMIN DU REDRESSEMENT

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Ce serait plutôt « on prend les mêmes et on recommence ».

Entre le discours de politique générale du Premier Ministre et la dernière intervention présidentielle pour en modifier l’agenda, on comprend que le « renouveau » consiste à retomber toujours dans les mêmes travers. Le président a pris lui-même la décision de revenir sur le calendrier de baisses d'impôts détaillé par Edouard Philippe, lors de son discours de politique générale. La baisse de l'ISF et la première tranche de réduction de la taxe d'habitation auront bien lieu en 2018 et non pas en 2019, comme annoncé par le Premier Ministre. Comment finance-t-on les 6 milliards de coûts supplémentaire ainsi engendrés ? Pour l'instant, le gouvernement ne prévoirait pas de nouvelles baisses de dépenses mais une moindre réduction du déficit l'an prochain, qui resterait donc autour de 3 %. Avec l'espoir qu'une croissance meilleure que prévue apporte le surplus de recettes nécessaires.  En imposant le démarrage des réformes  dépensières dès l’année prochaine, Jupiter fait comme ses prédécesseurs : il  table sur l’amélioration de la conjoncture pour résoudre les maux de notre pays, pari qui s’est révélé systématiquement perdant dans le passé. La principale erreur est de ne pas donner la priorité aux réformes qui rétabliraient une offre compétitive à nos entreprises et concrétiseraient la baisse des dépenses publiques. Au passage on aura noté qu’on a une carpette à Matignon sur laquelle le président vient de s’essuyer allégrement les pieds : « Non mais, qui c’est qui commande ! ». Ceux qui croyaient à la promesse d’un retour à l’esprit de la constitution, le Président préside,  le Premier Ministre gouverne, étaient bien naïfs.

Embellie, mais rien de réglé au fond.

Si aujourd’hui, l’environnement de l’économie française connaît une embellie, ni le déséquilibre du commerce extérieur, ni la dérive des comptes publics ne sont réellement jugulés. On cherche toujours l’essentiel : une stratégie de réforme pour le pays. Les avancées et reculades auxquelles on vient d’assister démontrent que le « ni de droite, ni de gauche, » ne change rien au comportement de gouvernants toujours sensibles aux pressions d’un groupe parlementaire d’autant plus irresponsable que ses membres sont incompétents et majoritairement de gauche. Le fossé va donc continuer de se creuser entre le diagnostic sur la situation catastrophique de la France confronté au manque d’ambition et au report des réformes. La continuité prime sur la rupture : rien de surprenant avec les « Pisan-Ferry » aux manettes. Et il y a gros à parier que la réforme du marché du travail, vu la nature des débats à l’Assemblée, ne voie son champ se réduire. La montagne accouchera d’une souris dont il ne faudra pas attendre grand-chose en terme d’emplois. Les réformes destinées à stimuler l’offre et normaliser la fiscalité sont reportées  pour permettre au déficit de rester à 3% du PIB : on veut bien accepter que tout soit fait  pour éviter de franchir la barre des 100% d’endettement, mais cela devrait passer par la baisse des dépenses et non par une nouvelle envolée des recettes ! Une floraison de taxes supplémentaires va éclore au printemps 2018 : 2 pts de CSG, alignement du diesel sur l’essence, hausse de 40% d’ici à 2030 de la taxe carbone … le  plan « climat » s’appuie sur plus de réglementations, taxes et aides sociales, c’est dire si le portefeuille du contribuable (enfin, celui qui paie) sera sollicité.

Les  demi-mesures et les demi-réformes.

En attendant, il faudra se contenter de demi-mesures, de coups de rabots déjà mille fois utilisés, bref, de bidouillages, pour habiller la réalité et faire croire à nos partenaires que nous tenons nos objectifs : Darmanin dans les pas de Sapin, qui l’eût cru ! Car il est devenu évident qu’il n’existe pas de projet chiffré, clair et précis, sur les intentions du gouvernement qui, comme ses prédécesseurs, est pris dans la tenaille : diminuer les dépenses publiques et/ou diminuer les impôts. Or les dépenses publiques ne vont pas ralentir si toutes les décisions de François Hollande sont maintenues (huit milliards qui manquent dans le budget « insincère » de 2017 et près de 20 milliards en 2018) et si on veut « en même temps » commencer à démanteler 17 réacteurs nucléaires (par exemple),  comme  l’annonce l’écolo-amateur- affairiste Hulot. L’économie réelle, celle des entreprises attendra !

La France est à la traîne de l’Europe, elle va le rester. Combien de temps va durer l’illusion Macron ? Là est toute la question.

 


JUPITER, MERCURE, HERCULE & C°…

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Un discours d’une heure et demie à 400 000€ (au moins).

Il parait que nous avons le plus beau Président de la Vème République. Le compliment vient de Brigitte (bah oui !). Forcément puisque c’est un dieu. C’est Jupiter et son ministre des finances  en voyage à New York est Mercure (ou Hermès, chez les Grecs, le messager des dieux). Rien que ça ! Jupiter a donc parlé devant tous les parlementaires. Le palais avait  fait savoir qu’il  ne donnerait pas d’interview le 14 juillet parce que sa pensée est trop complexe. Les députés et les sénateurs ont pu le vérifier : ça baillait dur dans l’hémicycle, c’était dur de suivre. Hier, il a encore franchi une étape dans la mise en scène de son pouvoir : les images de sa marche dans la galerie des bustes à Versailles ont fait le tour du monde. Il a présenté sa vision du quinquennat au Congrès : à combien d’animaux sacrifiés ses « aruspices » ont-ils procédé pour arriver à un tel niveau éthéré. Le rêve éveillé a duré 1H30. Dieu a évoqué  les grands, très grands principes de son action, à tel point qu'on a un peu de mal à en extraire les éléments clés. On aura retenu principalement la réforme des institutions. Il se donne un an pour la mettre en œuvre : baisse du tiers du nombre des députés et sénateurs, introduction d'une dose de proportionnelle sans plus de détails, suppression de la Cour de Justice, réorientation du Conseil économique et social, qu'il aurait pu supprimer d'ailleurs... autant d’idées qui flatteront  le bon peuple par leur caractère populiste et vaguement punitif pour les élus, mais dont l’efficacité  reste à démontrer. Toute « révolution » fait revenir au point de départ.

Hercule en action.

Il  revenait donc à Hercule le soin de détailler sa méthode pour nettoyer les écuries d’Augias (l’Etat). Mais c’est un Hercule sans moyens : les caisses sont vides. Il faudra étaler le nettoyage ! Édouard Philippe va devait ramener tout le monde sur terre et aborder les sujets très pratiques. Son discours de politique générale fait penser à la chanson de Fernand Sardou : « Aujourd'hui peut-être ou alors demain ». Mais c’est la « Révolution » sans l’air ou plutôt  l’« R ». Car ce qu’il propose est une timide « évolution ». On retrouve les éléments du programme de Jupiter dont il doit craindre la foudre.  C'est déjà bien,  mais le contraire eût été surprenant. Seulement voilà, le timing est devenu un peu flou. Des mesures vont être prises,  dont certaines devraient être saluées. Mais elles ne le seront pas aujourd'hui, ni demain ! Certaines sont repoussées à 2019. D'autres à la fin du quinquennat... autrement dit  aux calendes grecques. Il faut dire que la situation des finances publiques n'est pas bonne, comme l’a souligné la Cour des Comptes. Comme nous voulons, pour obtenir le soutien de l'Europe mais surtout la coopération de l'Allemagne, impérativement passer sous la barre des 3% du PIB, il faut donc différer d'un an, voire de quatre les mesures qui coûtent. Le seul risque c'est que dans un ou deux ans, l'état de grâce sera terminé et que les décisions soient moins simples à faire adopter. Donc, l'ISF ne sera pas supprimé avant 2019, le CICE ne sera pas transformé en baisse des charges avant 2019, au mieux, la taxe d'habitation sera bien supprimée pour 80% des Français mais on ne sait pas quand, sinon au bout  d’une négociation avec les collectivités territoriales dont on sait qu’elles sont vent debout contre. Il reste la hausse du paquet de cigarettes à 10 euros et le « vaccin pour tous » qui devraient arriver rapidement. Par contre la hausse de la CSG sera appliquée  rapidement et tant pis  pour les retraités. Je perds mon temps à dénoncer cette mesure inique.  On cherche le grand plan d’économies que tous ses prédécesseurs ont soigneusement évité. Hercule  en dépeint l’urgence mais se hâte lentement. Dans cinq ans, si tout va bien, on aura réduit la dépense publique de 3 points de PIB et les  prélèvements obligatoire de 1% : pas de quoi se rouler  par terre, sinon de rire ! Dans l'ambiance de « Macronmania » actuelle, émettre une critique est un crime de lèse-majesté ou de blasphème. Je me contente donc de rapporter. C'est encore autorisé.

Les Français n’écoutent pas.

On ne s’étonnera  pas que seulement un Français sur quatre a jugé convaincantes les interventions de Jupiter et d’Hercule. Selon un sondage Harris Interactive, le discours divin à Versailles devant les députés et sénateurs réunis en Congrès a convaincu 26% des personnes interrogées, 42% ne se disant pas convaincues et 32% ne se prononçant pas. Celui de politique générale d'Hercule devant l'Assemblée nationale a été, pour sa part, jugé convaincant par 27% des sondés, pas convaincant par 41%, 32% ne se prononçant pas. Rien d’étonnant, cela rappelle comme en écho, le taux de participation aux élections. La confiance sera longue à revenir. Et quand on est rattrapé par la réalité …

Pendant ce temps-là, Irène …

Pour rester dans la métaphore antique, voyons voir ce qu’Irène (Régente de l’Empire byzantin) a préparé outre-Rhin pour sa réélection : la présentation du programme de la CDU. Un objectif majeur : le plein-emploi, alors que l'Allemagne a atteint un des taux de chômage les plus bas d'Europe et du monde, Merkel vise les 3%, le plein-emploi absolu. Le programme a pour titre « L'Allemagne, le pays où il fait bon vivre ». Baisse d'impôts possible grâce à l'excédent budgétaire, relance d'une industrie déjà florissante, investissements dans le numérique : tout y est. On croit rêver. Non, on ne rêve pas !

 


RETABLIR LA CONFIANCE, MAIS …

Moralisation-de-la-vie-politique

 

Ecoeurés, trahis, sidérés, abandonnés.

L’évènement marquant des législatives aura été  la grande désertion des électeurs de droite au 1er tour : dans beaucoup de circonscriptions les candidats ont vu leurs voix fondre de moitié, voire plus. Faut-il y voir la colère de l’élimination de François Fillon ou la déception ? Ou sont-ce les nominations d’Edouard Philippe, de  Bruno Le Maire et Gérald Darmanin vécues  comme des trahisons semant le trouble  dans les esprits ?  A moins que ce ne soit la « sidération » suivant l’élection du « gourou »  avec l’effet de démobilisation conjugué avec le « donnons-lui sa chance ». Probablement un  peu de tout ça. Mais allons au-delà. Que penser du taux de participation du second tour des législatives : 43% !! Du jamais vu sous la Vème République. La démobilisation de la droite n’est pas suffisante pour expliquer, d’une manière générale,  le manque de participation aux scrutins de la présidentielle et des législatives qui ont suivi. C’est la désertion massive des classes  populaires,  ouvriers et cols  blancs qui est plus largement en cause. Des électorats laissés  en jachère  peu concernés   par  les discours de la classe politique,  pas  plus celui de Macron inscrit dans le concept de « mondialisation heureuse », que celui dit « de vérité » de la droite avec son cortège peu amène de  sacrifices  à consentir,  encore moins celui du PS, complètement décrédibilisé  par un bilan affligeant.

Sous-représentatifs, hypo-responsables : cadrés, surveillés, caporalisés.

Les élus de la nouvelle majorité entrant au Palais Bourbon ne sont pas plus représentatifs  ni plus légitimes que les responsables syndicaux avec qui ils vont devoir se coltiner sur la nouvelle loi « travail ». On peut critiquer le faible taux de syndicalisation,  mais il n’est pas plus condamnable que le taux encore plus faible d’adhésions à nos partis politiques. Et le 43% du 2ème tour des législatives  n’est pas plus affriolant que le 42,76% recueilli par les syndicats lors des dernières élections dans les entreprises. De sorte que la démocratie parlementaire ne se retrouve guère plus légitime que la démocratie sociale. Peu légitime ne veut pas dire « illégitime »  comme le souhaiterait un Mélenchon. Il n’empêche, le nouveau visage de l’exécutif et de la majorité à l’Assemblée montre déjà tous les mauvais signes d’une démocratie malade.  Dans son souci de tout cadrer,  le Président qui veut que tout procède de lui, a pris soin de  mettre en place des garde-fous partout.  Le Premier Ministre et les ministres sont mis sous la surveillance de « macroniens » purs et durs, les  députés  sont assortis d’assistants parlementaires qu’on leur impose et triés par la machine « En Marche » ! On  met à leur tête celui qui a la confiance du chef, à défaut d’être blanc comme neige. Et on voudrait avec ça, que le peuple ait confiance dans ses institutions. Sauf surprise, les lois ne procéderont pas du parlement,  mais de l’exécutif,  pas des représentants du peuple mais de l’énarchie qui entoure  le chef de l’Etat et qui nous gouverne en sous-main depuis  des lustres avec les résultats que l’on sait. Surtout que ce sont ceux qui conseillaient Hollande. Le reste n’est qu’image. Ce n’est pas comme ça qu’on convaincra les 89% de Français qui rejettent leurs élites.

Dégrevés, déresponsabilisés.

Il y a peut-être une relation de cause à effets entre la défiscalisation spectaculaire que nous avons connue depuis plusieurs années et la montée de l’abstention. Les citoyens toujours plus nombreux à être déchargés des impôts directs peuvent se sentir peu motivés pour aller remplir un devoir civique qui offre du coup peu d’enjeu pour eux. La  suppression de la taxe d’habitation pour 80% d’entre eux ne fait que renforcer cette déresponsabilisation. C’est profondément démagogique et de plus antirépublicain : on  peut y voir une rupture d’égalité devant l’impôt. Car le principe de l’impôt  est bafoué : celui-ci est institué « pour l’entretien de la force publique et pour les dépenses d’administration » qui nécessitent « une contribution commune également répartie entre tous les citoyens en raison de leurs facultés » (texte de la constitution). Plus de la moitié des citoyens peuvent se dire : « Pourquoi j’irais voter puisque ça ne changera rien pour moi ! » : dégrevé donc déresponsabilisé !

Et démoralisés !

Dans ce contexte, la loi de « rétablissement de  la confiance dans l’action publique » tape largement à côté des vrais problèmes.  Ses propositions cèdent au populisme ambiant, chargé d’un antiparlementarisme qui affuble la classe politique du « tous pourris ». En fait de  « moralisation » on est servi. Le fait que la loi ait été porté par un ministre de la justice obligé de démissionner n’est qu’anecdotique. La volonté de « moralisation de la vie politique » n’est qu’une tartufferie.  L’éthique reprendra le dessus et sera convaincante quand la politique reflétera la vérité de la vraie situation du pays  dans tous les domaines : économique, social, identitaire… En attendant ce que propose le projet de loi initié par Bayrou n’est qu’un plan com’ vaguement populiste avec quelques mesures justifiées comme la suppression de la Cour de Justice de la République ou la  disparition des anciens présidents du Conseil Constitutionnel. Mais s’acharner à nous faire croire que les choses iront mieux parce qu’un parlementaire ne pourra plus recruter un membre de sa famille ou devra se limiter  à trois mandats successifs, sera remboursé  de ses frais sur facture avec  le casse-tête bureaucratique qui va avec, c’est se leurrer ! En vérité, la loi ne corrige en rien les principaux maux dont souffre notre démocratie représentative : le clientélisme entretenu par la double représentation national-circonscription, la perméabilité face au lobbying, le travail parlementaire indigent faute de moyens alloués aux députés. Et le mal risque de s’aggraver par l’entrée massive de la « société civile » voulue par le nouveau président : entrepreneurs et responsables associatifs représentant plus que jamais des intérêts catégoriels. Enfin la loi n’impose pas la publication des noms, des fonctions et des montants des donateurs français et étrangers aux candidats : les citoyens ne sauront jamais envers qui nos élus sont redevables … Une dernière réflexion : la corruption n’existe pas sans corrupteur, l’un dans la société politique, l’autre dans la société civile. Nos représentants ne sont pas différents de ce que nous sommes, nous avons les élus que nous méritons. Cette vérité vaut depuis l’Antiquité !

Consolons-nous : les Français ont une fausse idée de leur classe politique constituée de gens intègres dans leur grande majorité. Tant pis si on ne me croit pas. J’ose le dire !

 


LE FIL A COUPER LE BEURRE

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Une interview révélatrice.

Je m’interrogeais sur la réelle motivation qui avait pu pousser Edouard Philippe et Bruno Le Maire à entrer dans le gouvernement.  « Saisir la  main tendue », après  tout, pourquoi pas.  Ils disaient alors ne pas renier  leur appartenance à la  droite. On pouvait donc penser qu’ils avaient négocié  avec  le Président des apports à son programme qui respectassent leurs convictions.  J’ai la réponse : elle est venue de Bruno Le Maire  dans une longue interview au Figaro de samedi.

Le ministre de l'Economie a redécouvert le « fil à couper le beurre ».

Bruno Le Maire a dit qu'il fallait prendre « immédiatement » des « décisions difficiles » pour respecter les 3% de déficit public, car « les comptes publics sont dégradés. Le précédent gouvernement n'a pas budgété des dépenses quasi certaines, comme la recapitalisation d'Areva (géant du nucléaire en difficulté, NDLR), et laissé filer la dépense depuis le début de l'année ». Il poursuit  :  «  Baissons-nous les bras? Ou prenons-nous immédiatement des décisions nécessaires pour tenir les engagements du chef de l'État ? L'intérêt national impose de prendre ces décisions difficiles pour repasser sous la barre des 3% de déficit public ». Le constat, tout le monde le connaissait depuis longtemps et l’équation est quasiment insoluble  s’il veut faire  face aux reliquats et  « en même temps » satisfaire  les   promesses d’une campagne qu’il  a combattue. Si c’est pour reculer à 2019 la transformation du CICE en baisse des charges, on a déjà vu : on commence par augmenter les impôts, ensuite on reporte les baisses, et on fait croire qu’on va reboucher un trou sans fond. Il ne me fera pas  croire qu’il ne s’y attendait pas. La continuité ! Ces décisions difficiles, d’ailleurs, il se garde bien de les détailler, car ce n’est  pas lui qui décidera. Il faudra qu’il demande à Benjamin Griveaux son avis, et c’est  Jupiter qui tranchera, s’il tranche ! Je veux bien que la maîtrise des déficits soit la « condition de notre souveraineté »,  et  qu’elle soit « impérative », mais en affirmant ces truismes, il  enfonce des portes  ouvertes,  ou pire, il redécouvre le « fil à couper le beurre  » !

C’était  bien une trahison !

Au-delà de ces mesures, Bruno Le Maire a réitéré la volonté de réformes fiscales du gouvernement, dont « la hausse de la CSG de 1,7 point », une « baisse de la taxe d'habitation » Avec  ces deux mesures phares aussi inéquitables qu’injustes, ce sont les classes moyennes qui vont  en prendre plein leur kilt, et particulièrement les retraités. Il tourne le dos à ses propres propositions et défend avec vigueur un  projet qui n’est  pas le sien. Autrement dit, il est passé dans le camp Macron sans rien apporter que lui-même, donc pour satisfaire uniquement sa soif de pouvoir.  C’est le  principe  même de la trahison.  Le raisonnement vaut  pour Edouard Philippe qui cautionne les  choix du chef de l’Etat et qui doit  subir humiliation sur humiliation : après les « conseillers communs », c’est le discours de politique générale du président-Jupiter  devant le congrès,  la veille du sien devant l’Assemblée. Philippe transformé en perroquet !  Que peut-il dire de différent ?  En quoi peut-il s’affranchir ? Les  conséquences ont été désastreuses pour leur famille politique, comme on l’a vu aux législatives. Ils cautionnent  la démarche d’une poignée de frondeurs  dits « constructifs », dont  l’apport à la majorité présidentielle sera identique,  c’est-à-dire rien,  puisqu’on peut se passer d’eux. Une démarche totalement inutile faite pour gêner toute forme d’opposition raisonnable dont  ils voudraient s’arroger le monopole. C’est totalement  bidon et politicien. Ceux qui seraient tentés  de suivre leur chemin  en paieront le prix lors des rendez-vous électoraux qui suivront. Qu’ils n’oublient  jamais que si le Président et son Premier Ministre sont au plus haut aujourd’hui, il n’y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéïenne. Les Français ont le désaveu facile surtout quand on prend en compte la base électorale qui soutient vraiment. Le pouvoir actuel, pas plus que le bon peuple, ne voient le gouffre qui se creuse sous nos  pieds. J’aimerais bien être optimiste …

 

Les réponses aux devinettes (dans l’ordre) :

  • Philippe VI de Valois
  • Vespasien
  • Napoléon 1er

 


PERIPETIES POST-ELECTORALES

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La grande lessive.

Élu dimanche dernier, Richard Ferrand est exfiltré du gouvernement pour être candidat à la présidence du groupe REM à l’Assemblée. Ministre de la Défense, Sylvie Goulard démissionne pour assurer sa défense dans l’affaire des emplois fictifs du MoDem. Président du MoDem, François Bayrou, jusque-là imperturbable est contraint de suivre la même démarche, et Marielle de Sarnez aussi. Le Président est évidemment à la manœuvre. Il ne peut se permettre d’entamer sa mandature avec des brebis poursuivies. Richard Ferrand n’aura pas de mal à être élu à la tête du groupe REM : il en a été le grand organisateur. Le poste est moins exposé qu’au gouvernement si des suites judiciaires survenaient. Il a affirmé que, s’il était sollicité par la justice, il répondrait à ses questions et ne recourrait pas à l’immunité parlementaire.  En attendant le bourreau n’a pas voulu être trop sévère avec celui à qui il doit beaucoup.

Bayrou voulait laver « plus blanc ».

Le cas de Sylvie Goulard, tant vantée pour ses nombreuses compétences, est plus obscur. Elle semble avoir été incitée à la démission par la haute idée qu’elle se fait du respect de l’éthique en politique et s’est sacrifiée sur un autel que ses collègues du MoDem voulaient ignorer. Mme Goulard n’est pas plus dans le collimateur de la justice que Marielle de Sarnez ou François Bayrou. Ce dernier avait affirmé, plutôt hypocritement, que Sylvie Goulard avait pris une décision « personnelle ». Jusqu’au moment où la position est apparue intenable. En effet, du ministre le plus en vue au député le plus anonyme, tout le monde doit s’appliquer les principes contenus dans la loi de moralisation publique que le garde des Sceaux venait de présenter en conseil des ministres. Sinon, l’accusation de duplicité allait enfler jusqu’à gêner l’action du pouvoir. Sa défense met en avance des réflexions qu’il n’a pas eues au temps de l’affaire Fillon. Il est ainsi puni de sa malveillance. Il n’avait pas prévu qu’à force de vouloir « laver plus blanc » c’est lui qui se retrouverait dans la lessiveuse !

Les LR « supplétifs ».

Les médias font grand cas de la scission du groupe Les Républicains parce qu’une poignée de députés a formé avec les élus UDI un groupe qui se veut « constructif ». Je n’ai pas trouvé dans les propos de Franck Riester chez Calvi, hier soir, de grande différence de stratégie avec Les Républicains. C’est donc une démarche curieuse dont la motivation est purement politicienne, guidée par on ne sait trop quelle soif d’exister. La composition du nouveau gouvernement montre qu’ils ne sont même pas pris en compte par l’exécutif : des supplétifs d’une majorité qui n’a même pas besoin d’eux, des « allongés » qui s’appuient sur un discours creux, voilà ce qu’ils sont. Car le « ni droite, ni gauche » est une supercherie soutenue par une petite poignée d’électeurs bobos. Le concept ne bénéficie d’aucun soutien populaire comme le démontre la participation électorale dont il ne parle jamais. Macron n’a pas besoin d’eux car ils n’ont rien à lui apporter. Ils affaiblissent l’opposition républicaine et du coup, font le jeu du FN. Quant au Premier Ministre, leur appui sera dérisoire, lui qui est déjà « allongé » devant le Président avec l’obligation d’avoir des conseillers communs avec l’Elysée : on voit tout de suite qui mènera la politique du gouvernement. C’est un Premier Ministre sous tutelle. Si c’est ça la nouvelle politique !

L’opposition républicaine est une nécessité.

Les élections ont donné une large majorité au Président. Va-t-on laisser à la gauche insoumise de Mélenchon et à quelques élus FN avec Le Pen en tête, la possibilité d’occuper toute la place de l’opposition au nouveau gouvernement ? Ce serait un jeu dangereux dans le contexte de désaveu démocratique que la France traverse. L’Assemblée a besoin d’une respiration démocratique qui ne peut venir que de débats avec une opposition responsable attachée aux institutions. Le fait que le gouvernement ait un premier Ministre issu de la droite ne change rien au projet qu’il doit appliquer : on sait qu’il est insuffisant sur bien des points pour redresser le pays et plein de contradictions. Sa réussite est aléatoire et on connait la versatilité des Français. Le groupe Les Républicains est le seul à incarner une force de propositions pour améliorer les textes et le moment venu, une alternance crédible.

Attention aux extrêmes.

Car les extrêmes ont le triomphe facile alors que leur marge de manoeuvre à l’Assemblée est à peu près nulle. Le Front national, qui tente de cacher ses plaies que sont le découragement de Marine Le Pen et les querelles internes, clame que ses huit députés feront le travail de 80. On peut toujours compter sur eux pour démolir. Plus agressive encore, la position des « Insoumis », pour qui le résultat des élections législatives n’a pas la moindre importance et qui réaffirment leur vocation, la manifestation dans la rue, comme moyen principal et même unique, d’obtenir les mesures sociales qu’ils exigent. Pour eux, le fonctionnement de la démocratie ne serait qu’un miroir aux alouettes et ce que l’on n’obtient pas dans les urnes, on peut aller le chercher par la force. Avec la « loi travail » l’été pourrait bien être plus animé que prévu !


FIN DE PARTIE ET RETOUR SUR TERRE !

Assemblée elections-legislatives

 

Ouf ! C’est fini. 

Le marathon électoral  est  enfin terminé. Macron a sa majorité, large mais  pas  aussi écrasante que ce qui était annoncé : il y a bien eu un correctif du second tour. Mais à majorité absolue, responsabilité absolue. La  préoccupation reste le taux inédit des abstentions qui font du Président de  la République un colosse aux pieds  d’argile. Il  manque à cette victoire écrasante en apparence un atout  et non des moindres : l’adhésion populaire. 66% des ouvriers et 61% des employés se sont abstenus au premier tour des législatives. Et le plus dur commence pour lui, avec un socle électoral  étriqué : 24% des suffrages exprimés par 79% du corps électoral d’une part et 30% de 50%  pour ses  députés. Avec un groupe LR finalement pas si famélique, Mélenchon et Le Pen en embuscade, et un groupe « En Marche ! » à la cohésion incertaine, l’Assemblée ne va  pas  être un lieu de tout repos. Spectacle en vue  …  Bon à savoir : les chambres introuvables finissent toujours  mal. Celle de 1815 fut dissoute par Louis XVIII un an après, celle de 1919 déboucha sur le Cartel des gauches, celle de 1968  n’empêcha pas le Général de perdre son referendum  un an après  et celle de 1993 fut dissoute par Jacques Chirac en 1997 avec le résultat que l’on sait  … A bon entendeur !

C’est pas pire que si c’était moins bien !

Pour l’union de  la droite  et du centre le résultat n’est pas glorieux  en perdant pas loin de 80 sièges sur  la  législature précédente. Mais avec près de 140 députés, le groupe sera suffisamment étoffé  pour exister. La défaite n’est jamais déshonorante,  ce qui l’est c’est le comportement qui suit. Il importe en effet que le  parti ne sombre pas dans des querelles sybillines et sache préserver sa  cohésion tout en prenant en compte  les sensibilités qui le traversent. La trahison d’Edouard Philippe nous  coûte cher : elle a créé la confusion et le désarroi  parmi notre électorat.  Ceux qui s’apprêtent à rallier le gouvernement feraient bien d’y réfléchir à deux fois. Macron a sa majorité, il n’a pas besoin de « supplétifs » pour gouverner. Il  importe, dans le cadre d’une  opposition constructive qui a toujours été  la  tradition de la droite, de ne rien lâcher sur nos convictions et nos valeurs,  car après la marée basse revient toujours la marée haute.  Il appartiendra au congrès de la  fin de l’année de définir les axes du nécessaire ajustement que les  leçons de la défaite nous imposent.

La désillusion suivra inexorablement l’engouement.

Le programme de Macron n’est pas suffisant pour redresser véritablement le pays. C’est une évidence.  Sur bien des points il va se retrouver piégé :  par le bilan du quinquennat qui vient de s’achever, par  la  fin programmée du financement « quantitatif »  de la BCE et la remontée des taux, par les effets récessifs  de l’augmentation de la CSG qui va prélever 20 milliards d’impôts, par le besoin de financement des retraites, sans parler de l’équilibre financier à trouver … avec une  majorité de bric et de broc.  Je continue  de penser que le concept de « droite et de gauche » est un leurre.  Les  clivages ne tarderont pas à ressurgir au détour de quelque réforme que les uns ou les autres ne voudront pas  assumer. Ce sont donc des résultats en demi-teinte, notamment sur le chômage auxquels il faut s’attendre,  car le contexte actuel, s’il est porteur, ne durera pas forcément.  Et comme Le Président a les « pleins pouvoirs », il est en première ligne et  n’aura pas d’excuses.

La recomposition est une tartufferie.

Certes, le « dégagisme »a  joué à plein après le quinquennat désastreux de Hollande. Celui-ci a entraîné dans sa chute une partie du monde politique, tel le judoka qui en s’effondrant entraîne son adversaire à terre. Si le PS est étrillé, c’est qu’il a été phagocyté par  En Marche qui a recyclé une partie de ses idées et de ses cadres. Mais la droite a  plutôt  résisté même si la nouvelle génération (60% des candidats) n’a pas  pu tirer son épingle d’un jeu largement pipé par la présidentielle et sa logique implacable.  Ils n’en sont pas  moins la relève. C’est dire si la « recomposition »  est superficielle. Le clivage gauche-droite fait partie de notre histoire politique, on ne le gomme pas si facilement. Il est fondé sur des divergences culturelles inconciliables, même si des accommodements de gouvernance peuvent les cacher. La droite n’est pas soluble dans le macronisme, sauf pour quelques ambitieux en mal de maroquins qui font passer leur carrière et leur ambition personnelle avant leurs convictions. Et qu’ils ne viennent pas plaider l’intérêt du pays. Le fonctionnement de la démocratie exige  au contraire le débat et les courants d’idées, pas l’uniformité.

Les devoirs des Républicains.

Ils ont d’abord  un devoir d’opposition. Face  à Mélenchon et  Le Pen qui voudront se présenter comme les  seuls opposants véritables, c’est le groupe LR qui a en charge  l’opposition républicaine et l’espoir d’alternance qui viendra forcément un jour. Ils ont ensuite un devoir d’union : les élections ont mis à jour des fêlures que  la défaite  exacerbe. Oublier que le parti est traversé de sensibilités diverses et vouloir les réduire serait le condamner à rester l’opposition pendant deux décennies.  On ne gagnera rien à réduire le socle sur lequel il est installé. C’est au contraire, en faisant appel  à toutes les bonnes volontés et en tolérant les différences qu’on préparera sérieusement l’avenir. Et c’est le troisième devoir : celui de tirer les leçons de la séquence électorale qui vient de se terminer, digérer la défaite et réfléchir à  un nouveau projet pour la France des années 2020.