HISTOIRE

LA GRANDE INJUSTICE DES CONDITIONS DE RESSOURCES.

Contribuable détroussé

 

« Président des riches ! »

Voilà un slogan facile qui mériterait une exégèse mais qui est surtout loin de la réalité de notre système fiscal et ne rend compte en rien de la situation financière dans laquelle se  trouve notre pays. La loi de finances qui a été votée par  l’Assemblée nationale présente  deux vraies faiblesses : d’abord, encore une fois les dépenses publiques vont augmenter l’an prochain, avec des économies toujours  aussi floues et la certitude que le déficit dépassera  les 80 milliards d’euros ; ensuite  les réformes de Bercy ne touchent pas à la progressivité du barême de l’impôt sur le revenu qui peut s’élever jusqu’à 45%, auxquels peuvent s’ajouter 4 points de contribution exceptionnelle sur les revenus immobiliers, mais en plus, chez nous, nous avons la  particularité d’ajouter d’autres  progressivités aussi nombreuses que désordonnées qui amplifient celle de l’impôt sur le revenu. Et c’est là que le bât blesse !

Les réformes structurelles ne sont pas engagées.

C’est un budget de continuité. Le vrai courage manque toujours : celui de réformer en profondeur pour diminuer le poids de l’Etat et de ses 6 millions de fonctionnaires. La technique des coups de rabot pour faire croire à des économies ne peut plus faire illusion. Pourtant le gouvernement a une large majorité pour s’y attaquer et s’il ne le fait pas c’est qu’il ne veut pas. C’est donc un choix politique. Pas seulement celui de la facilité, le mal est plus profond. Il tient dans la petite musique que les cercles économistes plus ou moins gauchisants et adeptes de la politique keynésienne de l’Etat providence omnipotent, jouent en permanence dans les cercles du pouvoir. Pour ces gens-là,  la dépense publique est saine, il ne sert à rien de la réduire. Les résultats montrent que rien n’est plus faux : 6 millions de chômeurs, 100%  d’endettement, 60 à 80 milliards de déficit du commerce  extérieur, plus de 80 milliards de déficit pour l’Etat.

Une logique mortifère. Comme l’Etat n’a plus d’argent, pour redistribuer il  doit augmenter les impôts et pour protéger les plus démunis, les exempter, ce qui fait que ceux qui paient sont de moins en moins nombreux et doivent payer toujours plus. Les conséquences sont multiples : pour échapper à  une pression fiscale confiscatoire  il n’y a pas trente-six moyens, c’est fuir, frauder ou gagner moins d’argent en limitant son activité.

Comme la suppression de l’ISF, la « flat tax »  est un cache sexe. Ce sont des réformes utiles mais pas déterminantes, parce que trop contrebattues par des décisions délirantes dont la plus emblématique est la surtaxe de 3% sur les grandes entreprises pour tenter de compenser les 10 milliards perdus dans la galère de la taxe sur les dividendes. La vision fantasmée du pouvoir, celle de classes moyennes qui ré-alloueraient leur épargne aux start-up, est une pure vue de l’esprit du fait des rendements quasi nuls du capital-risque en France. Une telle situation porte un nom : la  décadence !

Les Français sous conditions de ressources.

C’est un cancer bien établi. Les  progressivités mises en place par nombre de décideurs publics accroissent lourdement celle de l’impôt sur le revenu. Ainsi, même la  CSG sur les pensions de retraite comporte une exonération et un taux réduit, en fonction des ressources du ménage. Les contribuables de 75 ans et plus sont exonérés de taxe foncière, sous conditions de même nature évidemment. Il en va de même de l’octroi des bourses scolaires et étudiantes dont les bénéficiaires échappent en sus aux droits d’inscription. Pour les mêmes raisons, un étudiant qui s’inscrit à Sciences-Po Paris peut voir le montant annuel qui lui est réclamé varier de 540€ à 10 150€ !...

Allons plus loin. La plupart des prestations sociales sont sujettes à conditions de ressources, variables d’un régime à l’autre. Il en est ainsi du RSA, de la prime d’activité, de l’allocation d’invalidité, des allocations logement. Vous en voulez  encore : chaque auteur d’un règlement refait le quotient familial à sa guise !  Le summum a été  atteint en 2015 quand on a supprimé la moitié ou les trois quarts des allocations familiales des familles aisées, suivant leurs revenus. Dans la même logique, la taxe d’habitation vient d’être supprimée pour 80%  des contribuables, toujours en fonction de leurs revenus. Quant aux détenteurs de valeurs mobilières, leur régime n’est pas aussi favorable que l’administration veut le croire : les plus-values sur lesquelles ils sont imposés, sans réévaluation du prix d’achat, sont en grande partie fictives, autrement dit ce sont des profits imaginaires taxés à 30% ! Un système pervers qui frappe toujours les mêmes et aboutit à un égalitarisme forcené dans la plus totale inéquité.

C’est simple : avec les nouvelles réformes, la progressivité du système fiscal et social excède les 100% pour les familles proches des seuils, ce que monsieur Le Maire se garde bien de nous dire ! Cela aura comme conséquences prévisibles pour les  professionnels libéraux une incitation à réduire l’activité  si ce n’est à frauder car un tout petit supplément de revenu peut devenir une terrible machine à  perdre avec une lourde ardoise fiscale et une perte de prestations sociales à la clé. Mais les fonctionnaires et les cadres sont aussi concernés. 

D’un côté, on encourage l’assistanat, de l’autre, on démotive la création de richesse.

A suivre, demain, les classes moyennes sont les grandes perdantes de ce système inéquitable. Retenons bien que toute dégressivité des prestations en fonction des revenus équivaut à un supplément de progressivité fiscale déguisé. 

 


TRISTE SPECTACLE

Clown

 

Il faut souvent de l’abnégation pour aimer la politique.

Et il faut reconnaître que la période  est gratinée. Nous assistons en effet à  un bien triste spectacle qui pourrait s’intituler : « Comment faire  prendre aux Français des vessies pour des lanternes ? ».

Nous  avons assisté à un débat  surréaliste sur la suppression (partielle) de l’ISF dont il restera  un résidu, l’IFI, qui ne rapportera pratiquement rien à l’Etat (850 millions d’€), mais qui s'attaque à la propriété immobilière et oriente de force les économies des Français vers la finance au détriment de l'acquisition d'un logement à transmettre à leurs enfants et petits-enfants. L'Impôt sur la fortune immobilière va punir les petits entrepreneurs qui acquièrent un patrimoine par leur travail et tous les Français dont le logement a pris de la valeur avec la hausse de l'immobilier.

Je suis triste !

Oui, je suis triste de voir deux ministres issus des Républicains faire voter  la hausse de la CSG dont les  retraités seront les principales victimes et la suppression de  la taxe d’habitation pour 80% des foyers qui va priver les  communes de  leurs marges de manœuvre sur une ressource essentielle, reportant inévitablement  l’effort sur les autres taxes et les  20% d’assujettis restants. Et si ça n’était que ça ! En plus d'augmenter la CSG pour toutes les retraites supérieures à 1200 euros, Le budget  s’attaque aussi aux familles avec la suppression de la prestation d'accueil du jeune enfant pour des dizaines de milliers de Français. Le gouvernement refuse de baisser les droits de succession pour les classes moyennes  et se montre incapable de réduire sérieusement la dépense publique. Et on voudrait me faire croire que la droite aurait fait la même chose ?

C'est du sabotage !

Pire, ceux qui ont choisi d’aller soutenir Macron revendiquent toujours leur appartenance au parti qu’ils ont fait battre aux élections législatives. Et il faudrait les garder ? Quelle dose de  masochisme anime donc certains de nos amis… Il  ne s’agit pas d’exclure  des sensibilités, mais des personnes qui ont fait un choix qui ne regarde qu’elles.  Après, c’est le jeu politique : à quoi sert tout le débat  actuel sinon à vouloir affaiblir un peu plus Les Républicains, pour rendre service à monsieur Macron ! C’est là qu’on touche à la manœuvre sordide. Il s’agit d’étouffer la candidature de Laurent Wauquiez en instruisant tous les procès possibles et en reprenant les formules cultes  de  la gauche :  « droitisation », « alliance  avec le FN », « exclusion de Sens Commun »… Si  victoire il y a, il faut que ce soit celle sur une coquille vide.  Parce qu’une droite digne et crédible ferait courir le pire danger au président de la République dont le schéma « ni droite, ni gauche »  s’écroulerait. C'est donc du sabotage  !

Déjà, leur ralliement avant les législatives était méprisable en ce sens qu’il a dérouté nombre de nos électeurs. Les agissements actuels des transfuges confinent désormais à la trahison de leur camp. De fait, ils ne peuvent pas avoir un pied dans chaque camp. Le Parti Les Républicains a des statuts : qu’ils  s’appliquent. Par respect pour les adhérents et les militants !

 


LE GRAND LAURENT EN CAMPAGNE

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En campagne pour la présidence des « Républicains », Laurent WAUQUIEZ était de passage en Anjou à l’invitation de Jean-Charles TAUGOURDEAU, député et président de la fédération de Maine-et-Loire. Devant près de 300 personnes, dans le cadre patrimonial des Halles de Beaufort-en-Anjou, le président de la Région Rhône-Alpes-Auvergne, s’est fait le chantre de la « reconstruction de la droite ». Tout un parterre d’élus était venu là pour l’écouter, à commencer  par son hôte  entouré de Catherine Deroche et Stéphane Piednoir, sénateurs, Régine Catin et Sébastien Pillard, Conseillers Régionaux.

Laurent Wauquiez, c’est un personnage.

On est tout de suite frappé par son empathie naturelle : chaleureux, souriant, la poignée de  main franche… Il prend d’abord tout son temps pour remonter l’allée centrale en serrant une à une les mains qui se tendent. A la tribune, sa haute silhouette est bien campée sur ses  jambes écartées comme pour marquer la détermination. Il respire la franchise et la  simplicité. Il commence son propos,  après  les hommages de circonstance, en s’appuyant sur l’histoire locale,  le château de Beaufort qui en impose, la référence aux Ducs d’Anjou pour évoquer la  croix  de Lorraine, symbole incontournable des gaullistes, l’évocation de la culture du chanvre pour la valeur travail, et finit en rappelant avec humour que  l’eau de la Loire qu’on voit couler venait de  chez lui. Il exprime ainsi son attachement à nos racines : « La France de Beaufort,  c’est ma France ! ».  Comme lors des Régionales avec Bruno Retailleau, il souhaite gagner sur les valeurs qui font la  droite.  Profitant de la  présence d’un délégation nombreuse des Jeunes républicains, à l’initiative de Louis Jonchère, il a dit sa volonté  d’ouvrir  largement les portes du parti à la jeunesse, sa volonté de retrouver le souffle et  l’envie…  ce qu’il apprécie évidemment, lui qui aime les militants qui sont l’âme de notre  famille  politique. Car c’est avec eux et ensemble qu’il faut retrouver le  chemin, porter la parole : tout est à reconstruire,  l’envie est à reprendre. « On a perdu, on a déçu, on a été  trahi… » : quelques affirmations suivies de  mots  acerbes  pour ceux qui ont une colonne vertébrale élastique. Pour lui, Fillon a perdu parce qu’il a été tué par les affaires et la médiatisation, pas à cause de son projet. Et de conclure : « Les  valeurs de la  droite restent les valeurs centrales de la France ! ».

Il  enchaine son propos  sur une analyse de la politique menée par le Président de la République : « Macron n’est pas le problème. Si un projet correspond à l’intérêt général, on le soutient. Mais ne nous y trompons pas : il n’est  pas de  droite, sa vision n’est  pas la nôtre. »  Et il  énumère tous les points de divergence : la sécurité, l’autorité, la défense nationale, l’intégrisme,  domaines où Macron cultive l’ambigüité, l’économie avec la dépense publique qui augmente, soulignant au passage que l’ISF, c’est  un cadeau à ceux qui ont financé sa campagne, et précisant que pour nous la propriété est une vertu,  avec cette évidence : « ceux qui payent, ce sont encore les  classes moyennes,  ceux qui travaillent, 5 millions de ménages qui sont les  oubliés de la politique actuelle. Il opposait la France de nos territoires aux grandes métropoles, les Français qui réussissent à « ceux qui ne sont rien », il oppose maintenant les actifs aux retraités, la finance à la propriété immobilière ! » Si les héros de  Macron ce sont les « golden boys », ceux de Laurent Wauquiez sont les agriculteurs,  les  commerçants, les artisans, les patrons de  PME, les travailleurs qui produisent notre richesse au quotidien.

La France a besoin de la droite.

Mais le pays a la tête à l’envers.  Mélenchon dont le programme se résume en trois formules :   les ZAD, nuit debout et  l’islamo-gauchisme, n’est pas une alternative, comme on le  voit bien, et Le Pen qui cumule haine, violence et incompétence ne peut en aucun cas  être une alliée.

Il s’agit donc  pour la droite de reconquérir tous ceux qu’elle a déçus pour « faire »  vraiment. Laurent Wauquiez souhaite le plus large rassemblement et dénonce les tireurs embusqué. « La   période n’est pas aux calculs, elle est aux choix ». Il faut porter ensemble le même idéal. Il souhaite  la  diversité des expressions, il refuse les chapelles : « Il n’y a pas de droite dure ou molle, soyons la droite ! » Le  cap  qu’il fixe,  c’est d’abord l’identité française, la culture, pour lesquels la France n’a pas à s’adapter. Le  socle c’est  l’école qui doit être le lieu du travail et de l’effort et éduquer en donnant quelque chose à aimer : la France.   Il faut reconstruire la relation au travail et récompenser l’effort. Il faut réintroduire l’autorité,  le respect… « Mais la droite est elle-même quand elle est sociale.  Elle  porte  en elle  les  valeurs de la  démocratie chrétienne et du gaullisme ». Laurent Wauquiez affirme son attachement à notre système social et au maintien du filet protecteur qu’il constitue.  Mais pour qu’il  puisse continuer à vivre il faut lutter contre  les abus. Il faut aussi une politique de  la famille  digne de ce nom, protéger nos retraités et avoir une attention au handicap. D’ailleurs toutes les lois sur le handicap ont été votées par la droite.

« Soyons en sûrs, seule la vraie Droite que nous reconstruirons ensemble portera le combat pour la solidarité entre les générations. Respect de notre Drapeau, de notre France, de la République, de notre Histoire, de nos Coutumes, de nos Traditions, ce n’est pas négociable c’est une obligation ! » 
« ICI C’EST LA FRANCE ! »

Le pari de la droite.

J’ai vainement cherché l’extrémiste dit de « droite dure » ce concept inventé par ceux qui sont partis ailleurs pour s’en servir de prétexte. Un propos très équilibré mais qui ne s’encombre pas  de précautions oratoires. Laurent Wauquiez dit les choses  comme il les  ressent,  comme nous les ressentons. Sa posture ressemble beaucoup  à celle de Nicolas Sarkozy en 2007. Avec un espace qui s’ouvre sur sa droite dans lequel il  s’engouffre avec gourmandise. Il  parie qu’il peut ramener à lui tout un électorat  populaire et des classes  moyennes qui subissent de  plein fouet la politique de Macron.  Et il est  capable  de le gagner avec au bout le « jack pot » !  Un face-à-face Wauquiez-Macron,  voilà qui promettrait !

 

 


L’ISF, MIROIR AUX ALOUETTES.

Contribuable détroussé

 

La France a cette  spécialité de fomenter des  débats sans fin pour des causes qui n’en valent pas la peine : celui sur l’ISF fait partie de ceux-là.  Le gouvernement, en prenant de  multiples précautions  a décidé de mettre fin  à cet impôt  imbécile qui ne rapporte presque rien : à peine 5 milliards d’€ desquels il faudrait défalquer les frais de collecte. Et encore a-t-on pris soin de ne pas le supprimer  complètement,  mais de le « transformer » en IFI, Impôt sur le Fortune Immobilière, sous le prétexte fumeux d’orienter l’argent vers l’investissement et non la rente ce que serait censé être  le patrimoine immobilier. Discutable, mais bon !  Tout ça pour une recette  qui ne fera  même pas 1 milliard d’€ ! On aurait mieux fait de  le  supprimer purement et simplement. Encore faut-il tenir compte des signes  de richesses… Les égalitaristes montaient au créneau. Evidemment le sujet va enflammer les débats à l’Assemblée  nationale : pensez donc,  un cadeau fait aux riches !

Mélenchon en porte-voix.

Non seulement on va supprimer l’ISF, mais « en même temps » on gèle les pensions, on stabilise les revenus des fonctionnaires, on diminue l’aide au logement et, cerise  sur le gâteau, on augmente  la  CSG de 1,7% : voilà de quoi faire bondir les égalitaristes de tout poil de la « France insoumise » qui suit comme un toutou son leader minimo (maximo serait un peu trop non ?). C’est que l’ISF est devenu l’étendard de la lutte des classes contre les inégalités. Pourtant, même avec l’ISF, celles-ci continuent de « prospérer » si je puis dire. Cet impôt est payé par des gens assez prospères pour conserver le même train de vie, mais aussi par des épargnants qui ont commis l’erreur de garder de l’argent pour leur fin de vie ou pour leurs enfants. Mais voilà un étendard reste un étendard, c’est une façon de désigner les « riches » et surtout d’élargir une fracture dans la société française. De toute façon, on ne peut pas accumuler de la fortune sans avoir payé auparavant tous ses impôts, dans un pays où la pression fiscale est à plus de 45 % du PIB. Personne ne se demande pourquoi la France est le seul pays à avoir cet impôt et il est même surprenant que le Conseil d’État n’ait pas censuré un prélèvement qui ne porte ni sur le fruit du travail ni sur celui de l’épargne, mais sur l’épargne elle-même. Il faut le supprimer, non pas pour faire  plaisir à quelques riches  qui sont restés malgré tout dans le pays,  mais à cause du message qu’il  envoie : si vous ne voulez pas le payer, alors surtout travaillez moins, produisez moins, n’épargnez pas, dépensez ce que vous gagnez !

Une décision politique qui n’est pas assumée.

Macron voudrait supprimer l’ISF sans faire de vagues, ou le moins possible. Il sait qu’il contente une poignée d’électeurs  de droite, mais mécontente toute sa gauche. Chacun voudra apporter son grain de sel : comme François Bayrou (MoDem), qui a exposé son idée sur la question.  Il faudrait traiter par la chirurgie pure et simple ce tabou anachronique, et par la même occasion les habitudes ancrées en France depuis des décennies, comme cette philosophie égalitaire qui nous a plongés dans l’endettement et le chômage. Mais on n’empêchera pas  les gros bataillons d’élus venir en ordre serré pour dénoncer l’injustice notoire de cette suppression, chacun avec son propre projet de réforme. Alors le pouvoir donne dans la comedia dell‘arte. On dit aux riches : «  vous pouvez revenir,  mais  sans votre  yacht,  sans vos lingots et avec une twingo de préférence. Laissez la Bentley au parking à Monaco ! ». Grotesque ! S’il faut supprimer cet impôt c’est tout simplement parce qu’il est archaïque. Si on voulait faire revenir les riches qui sont partis, avec de tels signaux, ça m’étonnerait que ça marche.

Convenons qu’en matière fiscale, le nouvel exécutif fait fort dans les contradictions.

Car un certain nombre de Français ont l'impression de passer à côté des cadeaux fiscaux. Si les très riches vont y gagner à la suppression de l’ISF, en-dessous, des cadres moyens-supérieurs, certaines professions indépendantes, des dirigeants de PME, le haut de la classe moyenne aisée, soit plusieurs millions de foyers fiscaux, ne sont pas concernés par les réformes. Huit contribuables sur dix seront totalement dispensés de la taxe d'habitation tandis que l'ISF sera supprimé ou allégé pour plusieurs centaines de milliers d'autres, mais entre les deux il y a tous ceux qui ne bénéficieront ni d'une mesure ni de l'autre. Parmi ces Français, deux millions et demi de retraités qui verront leur pouvoir d'achat diminuer en raison de la hausse de la CSG non compensée, pour eux, par la suppression de la taxe locale. Plus largement, ce sont ces Français « à l'aise » sans être « riches » ou fortunés, les contribuables, propriétaires immobiliers mais sans gros portefeuille d'actions, qui seront les moins « gagnants » pour ne pas dire perdants. Surtout, ce sont eux qui avaient pris de plein fouet les ponctions du précédent quinquennat. Notamment les familles : entre la diminution du quotient familial et le plafonnement des allocations éponymes, deux millions parmi les 40% les plus aisées ont vu leur niveau de vie reculer, parfois sèchement.  Si c’est ça la transformation, on peut faire mieux. Pour l’instant ce n’est que de la redistribution sur le dos des uns pour arroser les autres, toujours les mêmes, un cercle vicieux qui tourne sans arrêt sur lui-même. Rien de changé !

Et la suppression de l’ISF n’est qu’un miroir aux alouettes.

 

 


MACRON, PREMIER DE CORDEE D’UN ETAT OBESE

Macron interview

 

Je vous préviens, l’article est un peu long, mais la démonstration exige d’entrer dans le détail.

Un Président bavard et péremptoire.

La « transformation » remplace la réforme, on veut bien. Est-ce si sûr, car au-delà des mots, la réalité est bien plus complexe. Pendant la plus grande partie de son interview, on a vu un Macron enfoncer les portes ouvertes avec un discours cent fois entendu sur tous les sujets abordés de la réforme du droit du travail à l’apprentissage ou à la relance de la participation, en oubliant une chose essentielle, au-delà de « je veux », c’est que ce n’est pas l’Etat qui crée les emplois. J’ai pour ma part relevé une vision assez simpliste de l’investissement : le levier fiscal ne sera pas suffisant pour être à la hauteur des défis de l’innovation et de l’économie numérique et de  l’ampleur des fonds qu’il faudrait réunir pour les relever. Il aurait fallu supprimer complètement l’ISF, dont il tente de trouver une cohérence (fragile) avec la taxation des signes de richesse qui envoie un signe contradictoire. Emmanuel Macron s’est étendu longuement sur les sujets futiles au détriment de ceux qui sont pourtant prioritaires pour les Français : la sécurité, l’immigration, les sujets sociétaux. Pas un mot sur le communautarisme. Par contre, je l’ai trouvé convaincant sur les sujets internationaux trop rapidement traités. On n’a pas évoqué l’Europe : dommage ! Alors certes, les intentions sont bonnes et leurs réalisations conjuguées pourront sans doute apporter quelques améliorations à notre situation économique et sociale,  mais le chemin n’est pas le bon pour qu’elles soient durables : « transformer » le pays ce serait transformer l’Etat, or de cela il n’est pas question.

La France est un Etat socialiste.

Il n’y a que les Français qui ne le savent pas. J’ai même entendu un slovaque affirmer que notre pays était communiste : voilà qui aurait fait boire du petit lait à Méluche. On pouvait espérer en sortir un peu avec les projets libéraux des candidats de la droite d’Alain Juppé  ou de  François Fillon. Ils avaient enfin compris qu’il fallait sortir du colbertisme gaulliste pour insuffler une dose de liberté dans notre économie et dans les rouages de l’Etat : du libéralisme, quoi, et surtout diminuer significativement le nombre des fonctionnaires. Mais voilà, c’est Macron qui a été élu. Cet ersatz de socialiste n’est pas là pour arranger les choses. Si son projet est bien de faire  emprunter au capital le circuit de l’investissement, par la coercition fiscale, il n’est pas dans ses priorités de désendetter l’Etat ni de vraiment baisser les dépenses collectives. La mutualisation obligatoire des fruits de la vie économique fait de la France un pays socialiste. La preuve en est : le PS a tout perdu et personne ne s’en est aperçu. Pour une raison toute simple : chez nous l’Etat en tant que tel  est déjà plus socialiste qu’un parti socialiste ne pourrait jamais le devenir. Il contient tous les éléments structurels du socialisme réel : les dépenses publiques, qu’il s’agisse de l’Etat, de la Sécurité sociale ou des collectivités locales sont décidées par des assemblées publiques élues  démocratiquement. Ce sont elles qui décident que les choix collectifs sont prépondérants par les sommes qu’ils mobilisent et font que le système devient à la lettre « socialiste » puisque la collectivité prime sur l’individu. « L’Etat enserre, contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à ses mouvements les plus infimes, de ses mouvements d’existence les plus généraux jusqu’à la vie privée des individus » : ce commentaire que l’on doit à Karl Marx date de 1869, et pourtant il est une brûlante actualité. D’autant plus que depuis, la puissance de l’Etat  n’a cessé de croître avec son armée de près de 6 millions de fonctionnaires. Un tropisme qui n’a fait que s’exacerber avec le temps et dans lequel s’inscrit complètement le pouvoir actuel.

Macron reste dans le droit fil du modèle centralisateur dit « bismarckien ».

La référence du Président est plutôt le  modèle scandinave avec le rôle central  qu’il entend continuer de réserver à l’Etat, illustré par le programme d’investissements publics annoncé par le Premier Ministre, ou par la nationalisation envisagée du système d’assurance-chômage. Ce n’est pas lui qui fera descendre la France de son piédestal de championne du monde des dépenses collectives des pays développés, selon le classement de  l’OCDE : 56,4% du PIB, à égalité avec la Finlande. L’Allemagne est loin derrière avec 44,3% du PIB. Encore faut-il souligner qu’outre-Rhin on équilibre les  dépenses avec des recettes excédentaires. Ce n’est pas le cas chez nous :   les dépenses  publiques sont couvertes par les impôts  et cotisations sociales à hauteur de 45,9% du PIB.  Les  10,5 point d’écart s’expliquent par les autres recettes et surtout par le déficit public et sont comblés par les emprunts. Encore 185 milliards d’euros prévus en 2018 ! On n’est donc pas près de se désendetter. La véritable mesure du poids  de la  sphère publique dans l’économie et la société, ce sont ses dépenses, les prélèvements fiscaux et sociaux en étant le prix douloureux à payer. Avec Macron, la France reste dans le schéma d’un système d’assurance obligatoire où l’Etat est toujours prêt à se substituer au marché en tant que pourvoyeur de bien-être. Notre hexagone a poussé très loin ce « socialisme » bureaucratique. Quand il affirme : « La suppression des cotisations chômage qui représentera plus de 250 € par an au niveau du SMIC » c’est un bon exemple de la présentation qu’il donne de son action. Celle-ci entretient la fiction selon laquelle l’Etat créerait de la richesse et du pouvoir d’achat : c’est le degré zéro de l’argumentation en matière de politique économique. Car l’argent ne vient pas de nulle part. En l’occurrence ici c’est la CSG, c’est-à-dire l’impôt, qui permet  cette suppression, prélevé sur les citoyens, donc sur leurs revenus soit du travail, soit de la rente. Et quand l’impôt ne suffit plus, ce qui est le cas de notre modèle social, c’est l’emprunt ! Et sous prétexte que la croissance économique est un peu plus forte que prévu, aussitôt on décide de faire moins d’économies sur les dépenses publiques : c’est ce qui se passe encore avec le budget 2018. C’est l’inverse qui aurait été pertinent, mais à condition de suivre une autre logique que celle de l’Etat tout puissant et bienfaiteur, même quand il est fauché. Il n’est pas étonnant alors que ses choix se portent sur le renforcement des prérogatives de l’Etat et se méfie de tout ce qui pourrait donner un peu de liberté : ainsi dans la réforme du droit du travail il renforce les branches,  et un certain corporatisme sur lequel il a la main, ce qui permet à l’Etat d’étendre ensuite les accords aux entreprises qui n’ont pas participé aux négociations. De même il privilégie l’étatisation pour la réforme de l’assurance-chômage, ce qui est une manière d’étendre un peu plus le champ de « l’Etat providence » en transformant un dispositif assurantiel en indemnisation d’Etat. Mais qui financera ? Le Président ne le dit pas, mais on a compris.

Il laisse un espace à la droite.

Pour remettre la France dans le coup du 21ème siècle, il faudrait au contraire venir au modèle libéral de type anglo-saxon,  le « Welfare state » qui privilégie le  marché et limite les  mécanismes de solidarité à ceux qui en ont le plus besoin. Notre modèle d’économie administrée n’est plus adapté face aux défis posés par la société de l’information, la mondialisation et le vieillissement de la population. Notre pays socialiste est noyé dans un océan libéral et prend de plein fouet le choc de la concurrence. Il est pris dans un cercle vicieux qui consiste à toujours prélever plus pour financer la machine à redistribuer, moyennant quoi il pèse tellement sur l’appareil productif qu’il est toujours moins concurrentiel. La richesse produite n’est plus suffisante, alors on emprunte et comme nos entreprises sont en difficulté, le chômage augmente… ce qui conduit à augmenter la facture. Et même quand l’Etat par la relance de la consommation qu’il finance obtient un peu de croissance, les fruits de celle-ci sont annulés par le déficit de notre commerce extérieur qu’ils creusent. Le système est depuis longtemps dans le mur, avec dette à 100% du PIB et chômage de masse. Il n’y a qu’une révolution libérale qui permettrait de rompre cette spirale mortifère pour notre pays. Elle ne viendra pas de Macron qui veut renforcer les prérogatives d’un Etat obèse.

 


NON, LA FRANCE N’EST PAS HEMIPLEGIQUE !

Gaulois2

 

Ils voudraient nous faire croire que Macron  occupe tout l’espace et qu’il ne resterait qu’une tout petite place  à gauche pour le diable rouge Mélenchon. Cette vision des choses est bien trop  naïve pour correspondre à la réalité.  Ceux-là se laissent prendre au piège des sondages de « confiance » qui ne sont jamais en aucun cas des soutiens véritables, et encore  moins  des bulletins de vote assurés.  Ces photos de l’opinion prises à un moment donné peuvent très bien se révéler différentes à un autre moment,  il faut si peu de choses pour que les gens changent d’avis.  Macron,  malgré son « de droite et de gauche », est surtout de gauche comme tout son entourage et la  majorité  de ses députés.  Eh bien non,  la  France n’est pas hémiplégique, il n’y a  pas que lui et Mélenchon. La droite continue d’exister et compte bien le démontrer. C’est  même une nécessité pour l’équilibre du pays. Alors certes, il faut faire avec les turbulences de l’après présidentielle.  Forcément il faut faire avec les  petits calculs et les esprits faibles : il y en a toujours.

Les Ponce-Pilate.

Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et maintenant François Baroin… Aucun ne veut se  mêler de  l’élection à la présidence des Républicains. Les prétextes ne sont pas  vraiment convaincants mais ils ont un point commun : ils dénoncent la  prise de  pouvoir « droitière » de Laurent Wauquiez avant l’heure, mais ils ne feront rien pour la combattre ou pour tempérer le positionnement de la future direction, si besoin était. Faut-il en conclure que nous avons affaire à des « faux culs » qui ne dévoilent pas leurs vraies intentions ?  Ne se  mettent-ils  pas en retrait tout bonnement pour préserver leur petite image en vue d’une éventuelle candidature à la  présidentielle de 2022, dont chacun sait qu’ils y pensent secrètement.  Et à ce moment-là, bouderont-ils les électeurs « droitiers » et les  militants  LR qui auront eu le courage de tenir la maison ?  Tout cela manque de courage et de panache. Et c’est d’autant plus regrettable qu’ils ont tous leur part de talent.

Les déserteurs.

La   droite  a aussi ses déserteurs, ces  élus qui, pour des raisons diverses, ont  besoin d’exister et  souhaitent s’inventer un destin en dehors de leur famille, ou  à côté. Pas trop loin quand même, il faut toujours penser aux futurs scrutins. Je pense bien sûr à ceux qui se considèrent plus constructifs que les autres. On se demande bien en quoi. Qu’ont-ils obtenu de plus ?  Mais il y a aussi cette vingtaine de  maire qui a répondu à l’appel d’Estrosi pour créer une association : « La France audacieuse ». Un paradoxe pour des fuyards. Ce dernier,  victime du syndrome des Régionales sans gauche, se croit obligé de tomber dans le piège macronien « de droite et de gauche », pour en réalité, tenter de s’assurer une réélection en s’attirant les bonnes grâces de l’électorat socialiste.  Où donc est  passé le  sarkozyste convaincu que j’ai bien connu ?  Il embarque avec  lui une escouade de francs-tireurs qui courent se mettre à l’abri en attendant de savoir ce que va donner la suite chez « Les Républicains ». Se mettre en marge n’est jamais très courageux.

Les ingrats.

Ah,  cher Jean-Christophe Lagarde, tu m’étonneras toujours ! Jamais avare d’une rodomontade pour prendre  tes distances… avant de revenir. Facile de  crier haro sur Les Républicains, mais à qui dois-tu les sièges de ton parti à l’Assemblée nationale, conquis au nom d’une  alliance électorale qu’il  est facile de dénoncer ensuite. Ta mauvaise foi ne changera pas et tu ne trompes personne. Pourtant le procédé n’est pas très élégant.  Il est tellement facile de reprendre le discours ambiant  pour dénoncer  la  « droite  dure » pour ne pas dire « extrême » de celui qui pourrait devenir le prochain président de  LR. La ficelle  est un peu grosse. Ton UDI ne sera jamais qu’une UDF naine.

La droite doit-être elle-même.

Heureusement, elle est encore  bien vivante. Malgré ceux qui font tout pour la disqualifier ou  lui nuire, voire l’enterrer, elle continue d’exister.  Elle peut s’appuyer sur un réseau d’élus locaux consistant, c’est elle qui a le groupe parlementaire le plus important après le groupe majoritaire, à l’Assemblée nationale, et elle domine le Sénat. Elle compte nombre d’élus jeunes car elle a su provoquer le  renouvellement.  Pourquoi aurions-nous honte d’être de droite ? Le procès en sorcellerie dont on l’accuse depuis plus de vingt ans, à savoir courir après le Front National,  n’a même  plus lieu d’être. Le projet qu’elle a à faire éclore consiste à être d’abord elle-même et foin des faux –débats, c’est par les propositions qu’elle fera pour lutter contre la désertification de la ruralité, pour réguler l’immigration, pour restaurer la sécurité, pour maîtriser la dépense publique, et pour reprendre le chemin de la croissance  en étant audacieuse dans la libération de notre économie aujourd’hui toujours corsetée par le dirigisme… qu’elle retrouvera sa crédibilité. Quand les Français prendront connaissance de ce projet clair, réaliste,  qu’ils en mesureront l’efficacité à cent  lieues de Mélenchon et de Le Pen, et bien plus déterminé que les transformations fumeuses du pouvoir actuel, alors elle incarnera l’alternance et le renouveau. Nous avons deux ans devant nous sans élections. La machine a le temps de se mettre en place tranquillement. L’acte premier de  sa refondation sera le rendez-vous de décembre.  Le parti va se donner  un chef. Quel qu’il soit, il sera en place pour prétendre à la suite. Les absents ont toujours tort, surtout,  si celui qui sera élu réussit son pari !

 

 


DE QUOI MACRON EST-IL LE SYMPTOME ?

Bagarre_village_gaulois

 

Une France déboussolée.

Le résultat de l’élection présidentielle est celui d’électeurs déboussolés, ballotés entre la tragédie de la fin du quinquennat Hollande  et les affaires qui ont assailli le candidat de la droite, avec une montée du scepticisme, de la révolte et de  l’exaspération débouchant sur le dégagisme. Autrement dit, un concours de circonstances.  Voilà pourquoi une sorte de flottement idéologique semble caractériser le nouveau pouvoir. N’ayant pas de boussole, il se raccroche au fameux concept « de droite et de gauche », mais dans la confusion que la chronologie des réformes impose. Aujourd’hui les dossiers traités, ISF, Code du travail, flat tax, politique éducative… font pencher la balance à droite. Il est en effet difficile de gérer un calendrier qui permette de mener « en même temps » des réformes « de droite et de gauche ». Le pouvoir tente de reprendre la main par le social, mais le mal est fait. Car la réalité électorale résiste aux théories politiques. Macron a été élu par des électeurs majoritairement de gauche, alors que sa politique séduit pour l’instant des citoyens majoritairement de droite. Son noyau initial a son centre de gravité à gauche et est en train de se déliter très rapidement. Car ce sont ces électeurs-là qui décrochent le plus nettement dans les baromètres de popularité. Deux avertissements lui ont été prodigués : l’un par Bayrou qui demande un rééquilibrage par du social et l’autre par Strauss-Khan qui malicieusement a profité d’un hommage à Nicole Bricq pour rappeler que les « valeurs de gauche » et les « valeurs de droite » ne sont pas les mêmes. Au passage on admire  la  grande naïveté d’une Aurore Bergé qui en parle  comme d’un « monde ancien » sans se rendre compte qu’au sein même de sa  majorité ces valeurs se contrebattent : il suffit  de réformer l’ISF avec comme objectif de favoriser l’investissement donc le profit pour voir ressurgir la chasse aux riches à travers yachts, lingots d’or, pépites et compagnie. La toise de l’égalitarisme n’est jamais bien loin.

Une stratégie risquée.

Le Président se sert habilement de ses prises à droite avec le Premier Ministre, Le Maire et Darmanin, et des « constructifs » pour tenter de continuer à déstabiliser  « Les Républicains », et le niveau de bonnes opinions à droite en sa faveur semblent lui donner raison. Ce n’est donc pas par hasard si les chantiers entamés cherchent à faire plaisir à droite. Mais rien ne dit que cette stratégie aboutira à un affaiblissement durable de la droite républicaine. En dépit des dissensions, l’élection à la présidence du parti va démontrer qu’une force d’opposition organisée persiste à droite. Elle peut s’appuyer sur le noyau dur de son électorat assez conséquent et sur les électeurs intermittents qui pourraient revenir de leur vote Front national. En revanche, la nouveauté de l’électorat macroniste du printemps 2017 fait qu’il est encore fragile. Certains ont pu être séduits, d’autres ont cherché une alternative après le quinquennat Hollande. Il serait présomptueux d’affirmer qu’il est fixé et stable. Les déçus de Macron à gauche peuvent très bien retourner à leur ancrage d’origine. Enfin, Si on veut bien se rappeler que les 7 millions de voix qui ont permis à Mélenchon d’approcher les 20% ont été obtenues en grande partie par le vote des jeunes, il y a là un pôle d’aspiration possible pour un électorat en perte de repères. Sans parler d’une recomposition du PS toujours possible.

Derrière le renforcement de l’étatisation, le socialisme rampant.

Ce sont deux constantes des transformations engagées par le nouvel exécutif : la recentralisation et l’étatisation. On le voit bien, malgré les emprunts de bric et de broc qui émaillent les réformes, à travers les  choix  qui sont opérés :  la baisse des charges salariales, qu’on disjoint des charges  patronales, est obtenue par un transfert qui se traduit par une augmentation de la CSG, ce qui les fait passer du régime des cotisations à un impôt général, le  même  type de démarche est prévu pour la réforme de l’assurance chômage que le gouvernement se promet d’étatiser, mieux, le projet de réforme des retraites suit des pistes de même nature, avec  une perte d’autonomie et une mise à l’écart des partenaires sociaux. La taxe  d’habitation suit le  même chemin avec en ligne de  mire  une dotation de l’Etat qui remplacera l’impôt levé localement, avec là encore, une perte d’autonomie pour les collectivités territoriales. Comme si l’Etat n’était pas suffisamment obèse !  Alors,  dans ce  contexte, on ne sera pas surpris par les ambigüités du budget 2018 qui se traduit au final par une augmentation des dépenses publiques. La politique de Macron n’est pas une politique libérale de droite. Elle ne cherche pas à libérer la création de richesse, elle veut simplement réorienter celle qui existe en la détournant de la rente vers l’investissement productif. C’est une politique de gauche néo-keynésienne sociale-démocrate de type scandinave. Avec l’invention d’une taxe par jour, comme il se doit. C’est mieux que notre vieille gauche marxiste, mais ça ne conduit pas le  peuple à la prospérité, avec un Etat  endetté dont  la fonction « providence » ne peut se faire qu’à crédit, en empruntant. Voilà pourquoi, Monsieur Darmanin,  en soutenant une telle  politique, ce qui est votre droit,  vous n’avez  plus votre place chez Les Républicains.

La France a besoin d’une révolution  libérale.

Tout l’art de brouiller  les cartes de Macron via Le Maire et compagnie, c’est de faire croire qu’ils la font.  En réalisant à peine 20% de ce que la droite aurait fait, ils crient « venez nous rejoindre, nous faisons ce que vous vouliez faire ! » Ce qui est un vrai mensonge. Ils n’ont pas lu le projet de Fillon, ni même de Juppé. Ce sera le thème de mon prochain article.

 

 


CROISSANCE : REPRISE OU REBOND ?

Croissance 2014 panne

 

Le gouvernement a revu ses prévisions de croissance à la hausse.

Et l’INSEE a suivi : 1.8% en 2017. Un taux de croissance qu'on n'avait pas vu depuis 2011. C'est mieux évidemment, mais ce n'est pas exceptionnel. Relativisons : la France a accumulé un tel retard de croissance depuis 5 ans sur le reste de l'Europe et sur l'Allemagne en particulier qu'il est normal que nous assistions à un rattrapage. Avec deux moteurs qui tournent bien, la consommation des ménages et surtout les investissements des entreprises, et ça c'est une bonne nouvelle.  Pourtant c’est rattrapage partiel seulement. Une fois passé l'effet de rattrapage après plusieurs années de surplace, nous allons voir si nous avons enfin la capacité à générer de la croissance, de la vraie croissance,  de la croissance supérieure à 1 ou 1.2%, bien métropolitaine et non importée par  la bonne santé de l’environnement mondial et européen. Selon les Echos, les économistes de Bercy ont jugé que la croissance potentielle de la France était de 1,25% par an. Voilà qui est trop faible, beaucoup trop faible. Et la cause, c’est une économie française encore trop bridée. Voilà pourquoi, le rebond est une aubaine, mais on ne peut  être  certain qu’il s’agit bien d’une reprise aux effets  plus permanents. Des réformes structurelles majeures seraient la solution, mais pour les  mettre en œuvre, il faudrait une véritable révolution « libérale » et on en est encore loin. C’est un thème  sur lequel  j’aurai l’occasion de revenir.

Une ombre au tableau.

63 milliards d'euros : c'est le montant du déficit commercial prévu par le gouvernement pour 2017 et 2018. Soit quinze milliards de plus qu'en 2016. Et cette ombre persistera longtemps car c'est un problème structurel en France, le moteur des échanges commerciaux avec un déficit commercial toujours aussi dramatique. Tant  que notre balance des échanges sera déficitaire, nous ne pourrons pas dire que la France est sortie d’affaire, car ce montant ampute considérablement chaque année   les efforts qui sont consentis pour produire de  la richesse supplémentaire.

Le plafond de verre de notre économie.

En économie, les gouvernants ont tout tout intérêt à prendre en compte la « croissance potentielle », qui est un peu, nous disent les économistes, la limite de la zone rouge dans le compte-tours des voitures. Au-delà de cette limite invisible, l'activité est condamnée à se retourner - ou à dégénérer en crises douloureuses sur les prix ou la dette. Il est donc des plafonds qu'il vaut mieux connaître pour éviter de se cogner la tête ou plutôt de se prendre les pieds dans le tapis.  En France, ce rythme serait d'à peine un peu plus de 1 % l'an - 1,2 % l'an d'après les derniers calculs du Trésor. Le  gouvernement actuel  en fait une démonstration, puisqu’avec un chiffre qui excède la « croissance potentielle », on voit la dette augmenter et les dépenses  publiques avec ! Comme la  France s'est traînée depuis 2012, il a une petite marge de manœuvre supplémentaire qui sera rapidement épuisée avant d’entrer dans la zone vraiment dangereuse. Il serait évidemment stupide de piloter la politique économique avec ce seul indicateur mais il serait tout aussi stupide de  l’ignorer, car il donne malgré tout un ordre de grandeur du possible. Convenons que cet ordre de grandeur n'est pas très rassurant : depuis la fin de la dernière guerre mondiale, nous avons pris collectivement l'habitude d'une croissance beaucoup plus rapide, qui donnait des facilités à la fois pour les comptes du foyer et pour ceux de l'Etat ou de la protection sociale.

Cette « croissance potentielle » n'est pas gravée dans le marbre.

La France a un formidable potentiel de croissance, si elle sait mobiliser sa population, ses territoires, ce qu’il reste de son capital. Un indicateur suffirait à le montrer : à peine 64 % de ses 15-64 ans ont un emploi ! Quand les pays nordiques, le Royaume-Uni, l'Allemagne sont tous plus  de  dix  points au-dessus. Rattraper leur niveau suffirait produire un point de croissance supplémentaire par an pendant une décennie ! Mais voilà, pour exploiter ce gisement, il faudrait améliorer le fonctionnement du marché du travail – ce qu’on tente de faire  timidement avec la loi Travail-, changer les règles sur la retraite et les habitudes des entreprises sur l'emploi des seniors et, surtout, mieux former jeunes et moins jeunes. Et là, la tâche est gigantesque : elle touche à deux monstres d’inefficacité, l’Education nationale et  la  machine de la formation professionnelle qui gaspillent chaque année des dizaines de milliards d’euros. Ce que le Medef a  stigmatisé avec un slogan vite retiré :  « Si l’école  faisait son travail, j’’aurais un  travail ! » Avec le nouveau  Ministre de l’Education et l’annonce de la réforme de la formation professionnelle, on peut espérer quelques avancées. « Eduquer  mieux, former toujours » : on voudrait y croire, tellement le déficit de compétence est flagrant. Le champ des possibles se rouvre. Encore faudrait-il que les enseignants et les professionnels de l’entreprise  arrêtent de se regarder en chiens de faïence.  On est donc loin d’être entré dans le dur ! Il faut attendre pour voir. (Si j’entrais dans le détail, il faudrait doubler la longueur du texte).

 

 


TRIVIALITES ET CRIS D’ORFRAIE

Macron prophète

 

« Casse-toi, pauvre con ! »,  « descend  si t’es un  homme ! » : Sarkozy avait fait couler beaucoup d’encre avec ses répliques triviales. «Indigne d’un Président », s’était exclamée la  « vox médiata »  (en latin approximatif). Et  voilà que son successeur en remet une couche en utilisant l’expression « ceux qui foutent le bordel ». Pas de quoi s’émouvoir, mais depuis trois jours on ne glose que là-dessus. D’accord, une majorité de Français désapprouve : « Un Président ne devrait pas  parler comme ça ! ». C’est certain, on n’imagine pas  Giscard céder à ce genre de trivialité en public, ni même Chirac. Encore que celui-ci avait glissé, en murmurant, lors d’un Conseil européen à l’adresse de Thatcher : « Elle veut quoi la ménagère, mes couilles sur un plateau ? » Mais on l’avait su bien longtemps après et par l’indiscrétion d’un conseiller. Pendant ce temps-là on ne parle pas des sujets qui fâchent.

De l’utilité de ce genre de saillie.

La phrase est prononcée impulsivement chez Sarkozy. Pas chez Macron. Elle est énoncée clairement alors que la caméra est là, et en la regardant. Ce langage « grossier » soi-disant pour mieux communiquer avec une partie des Français, marque, selon Bayrou-le-ressuscité « un surgissement du réel dans le discours politique ». Celle-là, il fallait la trouver ! Il est surtout fait à usage politique, et sciemment. Macron sait quel effet il veut produire. Et il sait qui il vise : les Insoumis et Mélenchon. Car il sait que c’est de là que viendra la réaction la plus vive et c’est justement ce qu’il recherche. Faire du leader de la France Insoumise son principal adversaire et opposant, comme si les autres n’existaient pas. Et ça marche. Tous les médias tombent dans le  panneau : « arrogance, mépris, … ». La disruption, une fois de plus, pour brouiller les pistes.  Cela n’est pas nouveau, il nous avait déjà fait le coup avec Jeanne d’Arc et De Villiers. Et tant pis pour l’apprentissage qui était l’objet du déplacement et dont on n’a pas parlé. Là encore un bon moyen de  mettre sur le dos des journalistes le fait qu’on ne parle  pas des « vrais problèmes des  vrais gens ». S’il donne par ce biais du carburant à Mélenchon, c’est pour qu’il pousse à le faire passer pour un président de « droite », qui protège les riches (raccourci saisissant et caricatural), et l'autre que ça fait mousser y va de bon coeur  !.

Emmanuel Macron, Président des riches ?

En réalité, les 3,7 millions de ménages gagnant entre 4 000 et 5 000 euros par mois après impôts (49 300 à 63 200 euros de revenus annuels), déjà frappés sous le mandat Hollande, verront leur pouvoir d’achat baisser l’année prochaine. Les perdants seront même probablement près de deux fois plus nombreux : ce sont sept millions de foyers, 20 % des ménages les plus aisés, qui devraient aussi voir leur pouvoir d’achat baisser l’année prochaine sous les effets croisés de la hausse de fiscalité verte  (plus de 3 milliards de taxes supplémentaires) et du tabac (500 millions). Car si Bercy indique que les 10 % des ménages les plus riches verront leur pouvoir d’achat augmenter de 1,2 %, c’est presque uniquement grâce à la suppression de l’ISF. Or, l’ISF n’est payé en France que par 350 000 ménages, c’est-à-dire 10 % des 10 % les plus riches : les fameux « 1 % ». Cela signifie que 90 % du « dernier décile » verra aussi son pouvoir d’achat reculer l’année prochaine. Ces 7 millions de foyers, ce sont ces classes moyennes supérieures, trop « modestes » pour bénéficier de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et trop aisées pour profiter de la revalorisation de la prime d’activité ou de la suppression de taxe d’habitation. Sans compter ceux qui seront touchés par l’IFI, dont j’ai parlé dans ma notre précédente. Pourtant si l’on en croit les documents annexés au projet de loi de finances, tous les ménages devaient bénéficier d’une hausse du pouvoir d’achat l’année prochaine. Mais voilà pour l’instant, il n’y a pas de levier budgétaire pour aider les classes moyennes dites supérieures.

Les Français ne croient pas  aux baisses d’impôts.

Et on les comprend. Les Échos publient les résultats d'une étude du Trésor sur l'impact des baisses d'impôts. Gain de pouvoir d'achat le plus élevé, 2,9%, pour les 10% des ménages français les plus modestes, et 2,7% de gain pour les ménages entre 21 000 et 25 000 euros de revenus. Les ménages les plus aisés qui profitent de ces mesures sont uniquement ceux qui étaient assujettis à l'ISF, comme je l’ai expliqué. Interrogés sur la baisse des impôts annoncée par le gouvernement pour 2018, les Français sont une très écrasante majorité - 81 % - à ne pas croire que les impôts vont baisser. Voilà pourquoi selon les documents annexés au projet de loi de finances pour 2018, les niches fiscales vont encore augmenter l’année prochaine, à la fois en montant (+6,8 milliards d’euros, à 99,8 milliards) et en nombre (de 451 à 457). Ceux qui le peuvent s’en servent pour échapper à l’impôt  et c’est encore ce que je vais faire avant la fin de cette année. Je vais profiter de ce que ce sujet n’est clairement pas la priorité du gouvernement.

En conclusion, grâce aux diatribes de Mélenchon, Macron réussit à faire croire que sa politique « est équilibrée » (pour 45% des Français contre 40% qui la jugent trop à droite) alors que ce n’est qu’un habillage libéral d’une politique keynésienne assise sur l’impôt, où on reprend d’une main ce qu’on a donné de l’autre. L’Etat est fauché, il faut bien qu’il trouve de l’argent puisqu’il ne fait pas d’économies réelles.

 

 


LES IMPÔTS VONT BAISSER… AH OUI ?

Contribuable détroussé

 

Les impôts  vont parait-il baisser en 2018. C’est ce que nous annonce notre grand argentier.  On aimerait le croire, mais…  chaque jour apporte une nouvelle taxe. Ce  matin encore, c’était la participation qui va  être imposée davantage ; hier c’était  les  propriétaires  de logement mal isolé par les bons soins de notre chouette Hulot. Que sais-je encore !  Ah aussi, le gazole qui va augmenter progressivement pour rejoindre le prix de l’essence. C’est bizarre, on aurait pu imaginer  le  contraire ou encore, faire converger les prix.  Mais non, là-haut on ne connait que la  hausse !

Qu’est-ce que l’impôt sur le Fortune Immobilière ?

Le  grand sujet du moment, c’est la « transformation » (notez que je fais des  progrès : je n’ai pas dit réforme) de l’ISF. On supprime  l’impôt  sur le Fortune. Mais pas  complètement. A Bercy, où les plombiers avaient peur  d’être en mal de tuyauteries, ils ont inventé une nouvelle usine à gaz pour  transformer  l’ISF en IFI : impôt  sur la fortune immobilière.  Tout  le monde « assume » le  machin,  c’est une promesse  de campagne de Macron, donc on entre sur le territoire sacré.  Sauf que cette  nouvelle taxe, pourrait, à terme, coûter plus cher que l'ISF aux propriétaires fonciers. Le président de la République veut ainsi retirer les valeurs mobilières et assimilées de l'assiette du futur impôt sur la fortune immobilière (IFI). Nous savons tous qu'Emmanuel Macron et ses proches conseillers, dont Jean Pisani-Ferry, ont une vision négative de l'immobilier qu'ils assimilent un peu hâtivement à la rente. On sait aussi que la résidence principale faisait l'objet d'un abattement de 30 % de sa valeur déclarative à l'ISF. Or, il est très probable que cet avantage ne soit pas  maintenu car le rendement annoncé de l'IFI - autour de 850 millions - est bien en deçà de celui de feu l’ISF : 4 à 5 milliards. En quête de rendement de l'outil IFI et en se fondant sur la notion de plus-value latente issue d'un marché immobilier dynamique, l'Etat est tenté de jouer un mauvais tour aux propriétaires fonciers. Il a par exemple déjà été évoqué que les revenus fonciers soient intégrés dans l'assiette de l'IFI dont on ne sait pas, par ailleurs, s'il conservera le plafonnement à 75 % qui est une planche de salut pour bien des assujettis retraités. Le barème sera peut-être intangible, mais pas les tranches de déclenchement de l'IFI. De plus, on peut imaginer que certains députés LREM en mal de notoriété voudront amender le projet du gouvernement. L'IFI sera donc plus coûteux que l'ISF pour un détenteur d'actifs immobiliers. Et je n’évoque pas toutes les combinaisons  liées aux SCI.

Créer un impôt sur la fortune «immobilière» est une aberration.

C’est assimiler le secteur à l’immobilité et à la stérilité économiques. Or c’est exactement le contraire qui se passe. Comment peut-on soutenir que les actifs de nature immobilière ne sont pas créateurs de richesse ? On sait que le secteur de la construction neuve, comme celui de l'entretien et de la rénovation, sont fortement employeurs, avec de l'ordre de un million et demi de femmes et d'hommes qui y travaillent, pour l'essentiel en tant que salariés. En outre, la  création des emplois y est l'une des plus importantes : un logement produit en plus, c'est deux emplois directs et indirects en plus. D’autre part, le parc locatif public est loin de répondre à la demande puisqu'il loge 40 % des ménages locataires. On ne peut donc prétendre que l'investissement locatif s'apparente à un placement sans contrepartie fonctionnelle pour la collectivité. Sans investisseurs privés, qui ont choisi d'apporter un « service logement » à la collectivité, acceptant au passage une rentabilité bien modeste, où iraient les 60 % restants ? L'Etat aurait-il les moyens de prendre le relais de l'épargne privée ? Les investisseurs institutionnels, qui se sont désengagés de l'habitation, y reviendraient-ils ? La probabilité est quasi nulle, évidemment.

Même les résidences secondaires !

On ne peut nier qu’elles constituent des actifs « luxueux », c'est-à-dire dont les ménages pourraient se passer sans grand préjudice. Pour autant, beaucoup de propriétaires exploitent ces maisons ou ces appartements de villégiature, augmentant de façon pertinente l'offre locative saisonnière. Il s’agit donc d’une activité locative utile, profitable au tourisme et au rayonnement territorial, qui ne mérite pas non plus qu'on l'assimile sans nuance à une rente à taxer.

On voit bien que l'appréciation du président de la République sur l'immobilier n'est pas fondée. L'immobilier vaut mieux que de céder à des a priori  éculés. D'autant que la facilité idéologique qui consiste à trouver que les immeubles sont juste du capital immobilisé ne heurte pas seulement l'évidence économique et l'intelligence : elle est risquée au plus haut point à bien des égards. Par contre, la rente foncière mériterait elle, une surpondération. Aujourd'hui, en zone tendue, le terrain représente plus de la moitié du coût de production d’un bien immobilier, quand cette proportion était de 30 % il y a vingt ans et c’est un vrai problème.

Mais le  problème est ailleurs : les yachts et les lingots d’or pourraient échapper à l’impôt, vous vous rendez-compte ? Si avec tout  ça les riches reviennent, on aura de la chance ! Pourtant il serait temps de constater que notre pays a décroché en matière de rentabilité du capital, que le phénomène des exilés fiscaux n'est pas marginal et que l’empilage des impôts (taxations de l'épargne, du patrimoine, des successions) reste confiscatoire.

 

 


SUS AUX RETRAITES !

Retraites 2

 

Les retraités étaient dans la rue la  semaine dernière pour protester contre la hausse de la CSG. C’est une catégorie sociale qui subit injustement beaucoup d’agressions, qu’elles soient verbales ou financières.

Des nantis !

Parmi les qualificatifs les plus courants qui leur sont attribués, celui de « nantis » est le plus pervers. Comme souvent, on a vite fait, en France, de désigner des boucs émissaires, et ici, de dresser les jeunes contre les vieux.  Ainsi on n’hésite pas à attribuer artificiellement à cette fraction de la population, dont les membres n’ont que l’âge en commun, des avantages, des égoïsmes, des indifférences qui existent d’autant moins qu’il y a toutes sortes de retraités : des pauvres, des riches, des malades, des bien portants, des généreux, des pingres, des heureux et des malheureux. Faire détester les autres est la solution la plus facile quand on veut faire  passer une mesure inique. Les retraités coûtent cher ? Il suffit de les appauvrir encore. Alors on les  accable de jugements négatifs. Mais la campagne dont ils font l’objet, si elle est indigne, va aussi droit dans le mur, car une société qui se respecte ne jette pas à la vindicte un quart de sa population. Les seniors ne méritent pas cet amas d’injures gratuites déversé sur eux : il suffirait qu’ils fassent la grève du bénévolat pour qu’on se rendent compte de l’ineptie de ce genre de débat.

Une mesure contestable.

Peut-on exprimer l’idée que celui qui a travaillé toute une vie possède, c’est une évidence, plus de biens ou d’argent que celui qui commence sa carrière ? Alors forcément, c’est chez les Français âgés que se concentre le patrimoine national. Mais on oublie au passage que nombre de parents aisés aident en général leurs enfants par tous les moyens dont ils disposent, et la tentation est grande pour le fisc d’intervenir dans la procédure sous le prétexte qu’il faudrait mettre un terme aux privilèges dynastiques !  C’est tellement facile d’imposer de force une solidarité entre génération. Quitte à faire l’impasse  sur  la réalité.  Comme chez les actifs, les inégalités entre retraités sont considérables. La hausse de la CSG affectera moins l’ancien cadre supérieur que l’ancien ouvrier au salaire minimum, même  en appliquant des seuils. Mais ce qui rend la nouvelle ponction de la  CSG insupportable, c’est que les retraités ont déjà beaucoup donné : ils ont cotisé 120 pour que le calcul de leur pension soit établi sur une base 100, et le montant de leur retraite est gelé depuis quatre ans. Et s’ils ont des retraites aujourd’hui, ils ont travaillé pour, et souvent durement, dans un contexte qui a toujours échappé complètement à leur volonté : on est forcé de cotiser en tant qu’actif, et on paie des impôts sur la pension pour laquelle on a cotisé ! Le  gouvernement aurait vraiment  pu trouver autre chose que céder à la  facilité d’une hausse de la CSG ?

L’âge n’est pas une classe sociale.

Le président de la République n’a pas caché qu’il rejoignait le choeur des détracteurs de la vieillesse. Il trouve lui aussi que les vieux, décidément, ont une vie trop tranquille et qu’il est juste qu’eux aussi « participent à l’effort national ». Comme si ça n’était pas déjà le cas ! Il faudra bientôt qu’un retraité demande pardon à la société d’avoir l’âge qu’il a. Déjà, quand il travaillait au-delà de 55 ou de 60 ans, son entreprise le pressait de partir, et sous prétexte qu’il coûtait trop cher, de prendre sa « pré-retraite », antichambre du cimetière des actifs. On a beau jeu aujourd’hui de stigmatiser les retraités alors que beaucoup de gens ne souhaitent pas prendre leur retraite à 62 ans. Le plus absurde, c’est que tous, il n’y a pas si longtemps, syndicats, gouvernements, entreprises, se sont littéralement ligués pour licencier des personnels considérés comme âgés, les jeter au chômage avant la retraite. Et voilà que maintenant on considère les pensionnés comme une charge insupportable pour la société. Mais l’Etat n’est pas à une contradiction près. Les plus pessimistes voient poindre la tentation d’une solution totalitaire du genre : « Ils coûtent trop cher en pensions et en soins, qu’ils crèvent », une idée déjà évoquée par Jacques Attali, qui comme on le sait, vaque dans les allées du pouvoir. Il s’agit évidemment d’un excès de langage, mais il n’est peut-être pas inutile de rappeler que les jeunes finiront par vieillir, que les vieux ont été jeunes et qu’il est ridicule d’opposer un âge à un autre. L’âge n’est pas une classe sociale ! Quant à la hausse de la CSG ciblée, c’est, par définition, une mesure injuste qui ne trouve sa justification que dans la condamnation du principe de la retraite et même de l’état de personne âgée.

 

 


ERIC WOERTH : « MACRON GÂCHE LES OPPORTUNITES QUE NOUS PERMET LA CROISSANCE ! »

Woerth 1

 

Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de lire l’interview dans les Echos,  je vous la  livre ci-dessous :

 

« Le président LR de la Commission des finances de l’Assemblée fustige un « budget de petite continuité », reprochant à Emmanuel Macron de ne pas « utiliser à plein » une conjoncture « extrêmement favorable ».

Les  Echos : 16 milliards d'économies, des baisses d'impôts, un déficit public inférieur à 3% de PIB... N'auriez-vous pas rêvé de porter un tel budget ?

Un déficit de l'Etat qui s'accroît dangereusement à 83 milliards d'euros, un déficit de la Sécurité sociale qui a du mal à se résorber, des dépenses publiques qui augmentent de 1,6% en valeur : il n'y a aucune raison de pavoiser. Ce n'est pas un projet de grande rupture mais de petite continuité.

Je ne conteste pas une volonté de maîtrise de la dépense ; je conteste l'idée qu'elle se traduise réellement. Il a d'ailleurs suffi d'un sursaut de croissance pour que le gouvernement abandonne ses bonnes résolutions. Un relâchement qui se traduira par une hausse de la dépense publique qu'on peut estimer à 6 milliards d'euros. La baisse du déficit public est faible, essentiellement fondée sur des éléments conjoncturels et pas structurels. Nous sommes clairement hors des clous des règles européennes. Rien n'est fait pour maîtriser la masse salariale de l'Etat avec seulement 1.600 suppressions de postes cette année alors qu'il en faudrait 24.000. Les crédits de nombreux ministères grimpent - et pas seulement ceux de la Défense. 

L E  : Le gouvernement souligne qu'il n'y a pas de rabot, mais des choix forts d'économies, sur les contrats aidés ou les aides au logement... 

Je ne suis pas contre le fait de revoir les aides au logement et de réduire la voilure des contrats aidés, mais c'est un peu court ! Pourquoi ne pas réadapter davantage de politiques ? Où est la réforme de l'Etat ? Malgré la grandiloquence dans les propos, l'histoire de France et du monde n'a pas commencé avec le nouveau président de la République. Emmanuel Macron hérite d'une conjoncture extrêmement favorable mais au lieu de l'utiliser à plein il fait le contraire, tout comme Jospin en son temps. Il souhaite réaliser 16 milliards d'économies en tendance au lieu des 20 milliards prévus, sans dire clairement où. Le compte n'y est pas et c'est gâcher les opportunités que nous permet la croissance. 

L  E : Le budget prévoit une flat tax à 30% sur les revenus du capital et une réforme de l'ISF. Est-ce un changement profond ? 

Non, on revient en fait à la situation d'avant 2012. Ce n'est pas une rupture mais un retour en arrière. La flat tax, nous l'avions proposée pendant la campagne présidentielle, nous y sommes évidemment favorables. Mais c'est une erreur de ne pas préserver le régime de l'assurance-vie. Et il est regrettable de ne pas faire bénéficier les revenus fonciers de la flat tax.

Le signal envoyé sur l'immobilier est doublement désastreux, avec la réforme de l'ISF qui est proposée. L'immobilier, ce n'est pas une rente mais de l'investissement. Pourquoi montrer du doigt ce secteur économique, alors qu'on a besoin de logements. Au vu de toutes les mesures anti-immobilier prises par ce gouvernement, le choc d'offre n'est pas près de se produire ! Ayons le courage de supprimer purement et simplement l'ISF. 

L E : Les Républicains défendent aussi la diminution de l'impôt sur les sociétés... 

Tous les grands pays le font. Là encore, il n'y a rien de révolutionnaire : Emmanuel Macron est du reste dans la continuité de la trajectoire votée sous François Hollande. 

L E :  Pourquoi critiquer la hausse de la CSG, qui va permettre de financer une augmentation du pouvoir d'achat des actifs ? 

C'est un projet agressif et inutile. Pourquoi opposer les Français entre eux, en allant taxer les retraités, les épargnants, les propriétaires fonciers ? Ce n'est pas juste de vouloir réduire le niveau de vie des retraités. L'augmentation du pouvoir d'achat des salariés doit se faire par l'amélioration de la compétitivité, la création d'emplois et de richesses, et non par des transferts sociaux ou des transferts d'une catégorie de Français sur l'autre.

En outre, avec le décalage des baisses de cotisations, plus de 4 milliards d'euros sont en réalité pris aux Français en 2018. Ce n'est pas le choc fiscal de François Hollande mais c'est quand même un choc fiscal qui concernera beaucoup de ménages modestes, surtout si on ajoute les hausses de carburants, du tabac, ou encore la diminution des APL. 

L E :  80% des Français vont néanmoins bénéficier d'une exonération de taxe d'habitation... 

Cela revient à dire que le service public local ne coûte rien. C'est un message dangereux. Alors que l'impôt sur le revenu est déjà très concentré, il va rester un îlot de contribuables qui paieront de plus en plus cher pour la taxe d'habitation. Le gouvernement fait une réforme de la fiscalité locale sans dire vers où il veut aller, sans concertation avec les élus. 

L  E : Le Cice va être transformé en allégements directs de charges. Cela fait partie de vos propositions... 

Pas dans de telles conditions ! La vérité, c'est que le gouvernement va augmenter le coût du travail de 3,3 milliards d'euros alors que nous prônons une forte baisse. Le Cice est transformé en allégements de charges mais son taux est réduit, et l'exécutif ne compense pas le surcroît d'impôt sur les sociétés, payé par les entreprises. La hausse du coût du travail va être particulièrement élevée pour les salaires moyens, ce qui va pénaliser l'industrie. Les entreprises sont les parents pauvres de ce budget. 

L E : La gauche reproche à Emmanuel Macron de mener une politique économique de droite. Vous, comment la qualifiez-vous ? 

Tout président élu en 2017 était condamné à réformer parce qu'aujourd'hui, les sujets sont mûrs. S'il avait été élu, François Fillon aurait réformé plus fort et plus clair. Mais là, on reste dans un entre-deux, dans le « en même temps ».  La réforme du Code du travail contient des mesures utiles et nécessaires, c'est pourquoi je voterai ce texte, même si je regrette qu'il n'ait pas abordé le sujet clef du temps de travail. Cette réforme n'a de valeur que si elle est accompagnée d'une politique ambitieuse en faveur de la compétitivité des entreprises. Et sur ce sujet-là, il n'y a rien dans le projet de loi de finances. 

L E :  Que répondez-vous à Bruno Le Maire, qui appelle les responsables de la droite à être « constructifs » ? 

Les derniers convertis sont toujours excessifs. Certains étaient LR hier, En Marche aujourd'hui. Et demain ? La météo économique et politique est changeante. Mais pour bien construire, il faut construire droit ! 

L  E : L'exécutif gère-t-il bien le dossier Alstom ? 

Je ne comprends pas la différence de traitement, ahurissante, avec STX. D'un côté, on fait un ramdam national pour dire qu'il faut créer un Airbus naval avec STX et de l'autre, on laisse filer Alstom chez les Allemands. Pourquoi tout céder à Siemens ? Il n'y a aucune raison pour que les TGV deviennent allemands. Pourquoi balayer l'option d'achat des titres de Bouygues par l'Etat ? »

 


LES NOUVEAUX TEMPS MODERNES.

Contribuable détroussé

 

Tout l’art de Macron c’est de faire faire par des gens de droite, une politique de gauche. Comme enfumage machiavélique on ne fait pas mieux, et « en même temps »  Le Maire et Darmanin en redemande ! Un seul exemple : augmenter un impôt (la CSG) pour le redistribuer en pouvoir d’achat est typiquement une relance keynésienne de gauche.  En plus c’est une mauvaise relance de la croissance, puisque, « en même temps », elle contribue à creuser notre déficit commercial : on sait que sur 100€ de pourvoir d’achat supplémentaire, 70€  vont à des produits importés hors d’Europe. Ce n’est pas pour rien que les  finances ont été confiées à des gens issus de  la droite : un  piège à double détente, qui les conduit à promouvoir une politique qui n’est pas  la leur et qui, si elle ne donne pas les résultats, retombera sur la droite toute entière.

Un bonneteau à 50 milliards.

Dans le même genre on a un autre tour de magie macronienne : on emprunte pour faire des économies ! Ainsi Edouard Philippe a dévoilé le grand plan d'investissement promis par le  président de la République et élaboré par Jean Pisani-Ferry. Un plan quinquennal dans la plus pure tradition de « l’économie administrée ». 57 milliards d'euros seront déployés sur cinq ans, avec pour priorités la transition écologique, la formation, ou encore la transformation numérique de l'Etat. On investit dans du fonctionnement comme les 15 milliards d'euros pour la formation professionnelle ! Mais alors que le gouvernement a prévu 16 milliards d'euros d'économies dans le budget 2018, où l'Etat va-t-il trouver cet argent ? Là, le tour de passe-passe budgétaire est habile car ce plan d'investissement ne doit peser que modérément sur les finances publiques. 10 milliards proviendraient de la dernière tranche du programme d'investissement d'avenir, des crédits seraient redéployés à hauteur de 12 milliards d'euros et 24 milliards d'euros seraient des nouvelles dotations budgétaires et enfin, 10 milliards d'euros seraient empruntés auprès de la Caisse des dépôts et consignations.

Un budget « et en même temps » 

Donc un plan d'investissement de 57 milliards d'euros sur le quinquennat d'un côté, un déficit budgétaire en augmentation qui dépassera encore 80 milliards d'euros l'année prochaine, de l’autre. Est-il bien sérieux d'engager de telles dépenses publiques quand la France, déjà championne des pays riches en la matière, est à la merci d'une remontée des taux d'intérêt sur les marchés ? Les deux chiffres s'entrechoquent et interpellent non ?  La dette publique atteint encore 96,8% de la richesse nationale et « en même temps » l’an prochain, l’Etat devra encore emprunter 195 milliards d’euros sur les marchés, un record depuis plus de 10 ans. Ne comptez pas sur Macron pour nous désendetter, ses  copains banquiers n’ont pas financé sa campagne pour rien. Alors le  budget présenté  pour 2018 est dans le droit fil de ce balancement que le commun des mortels aura du mal à comprendre. Côté dépenses publiques, 15 milliards d’euros d’économies sont programmées et « en même temps », les budgets de la plupart des ministères vont augmenter à court terme, parfois fortement. La création d’une taxe unique de 30% sur les revenus du capital et la réforme de l’ISF d’un côté et « en même temps », de nombreux Français vont être exonérés de la taxe d’habitation, les salariés profiteront progressivement de baisses de cotisations, les minimas sociaux vont être revalorisés. On baisse les  impôts de 7 milliards et « en même temps » on augmente la CSG qui rapporte 22,4 milliards.  On favorise les investissements d’un côté avec la « flat tax à 30% » et « en même temps » toutes les mesures décidées sur l’immobilier sont propres à faire fuir les investisseurs, dans un pays où déjà on ne construit pas assez. Quand on sait de quel poids le secteur du bâtiment pèse sur l’emploi… Avec  ça, cerise sur le gâteau, le déficit public doit être ramené à 2,6%, grâce à une conjoncture favorable. Mais c’est  un trompe l’œil, il n’y a pas beaucoup d’effort : merci la croissance ! Eric Woerth a raison quand il dit que le gouvernement gâche cette opportunité.  Comme sous Jospin, on cède  à la tentation d’augmenter les dépenses, au lieu de rester sérieux, car les mesures de redressement restent conjoncturelles alors qu’il aurait fallu s’attaquer aux structurelles. Pour l’examen complet  du budget, je vous recommande l’excellente interview d’Eric Woerth aux Echos.

Les nouveaux pédagogistes.

On a  salué avec soulagement le départ de  Michel Lussaut, Directeur des  programmes de l’Education nationale, mis en place par l’inénarrable Vallaud-Belkacem. Il  était   le chef de file des pédagogistes à l’origine du jargon « educnat ». Ce que fait Blanquer n’est ni de droite, ni de gauche : c’est le retour à la raison. Il  est réactionnaire au plein sens du terme, ça c’est vrai, car il fallait bien « réagir » au désastre. Mais on en n’a pas fini avec la novlangue. Les Macroniens ont  remplacé  les  pédagos. Voilà  pourquoi si vous lisez le budget 2018 avec des critères objectifs dits de « droite » ou de « gauche » vous avez tout faux. A entendre Aurore Berger, nouvelle adepte, « la droite et la gauche c’est dépassé ». Alors quand on les pousse dans les retranchements pour souligner les contradictions, on obtient toujours les « mêmes éléments de langage » : « on applique le programme », « on assume »,  « ça c’est le monde ancien », « le président tient ses promesses »…  Chez ces  gens-là,  monsieur, on ne réforme pas, on "transforme" ! Nuance  ! Donc la lecture selon le monde ancien ne permet pas de comprendre. En fait c’est une nouvelle langue de bois réservée aux « sachants ». Le problème c’est que l’initiation va être longue et périlleuse si on veut faire de  chaque citoyen un « macronien converti ».

 

 

 


MACRON CONFOND VITESSE ET PRECIPITATION

Macron Europe

 

Narcisse a encore frappé !

A force de vouloir se mettre en avant, il va finir  par se prendre les pieds dans le tapis. Emmanuel Macron veut plus d'Europe, plus rapidement. Mais si les idées sont bonnes il fait une erreur de timing. En intervenant maintenant il veut peser dans les négociations pour la future coalition allemande. Le résultat c'est qu'il embarrasse Angela Merkel. Pourtant, rien ne pressait, compte tenu des résultats des  élections allemandes.

Pas de vraie zone euro sans convergence fiscale.

Depuis le temps, c’est devenu une évidence. On ne pourra pas continuer à avoir au sein de l'Europe des pays comme le Luxembourg ou l'Irlande qui font du dumping fiscal. La convergence est une nécessité absolue. De même que l'idée d'avoir un vrai budget européen qui permettra de faire des investissements ciblés ou encore d'avoir enfin un vrai ministre de l'économie et des finances. Toutes ces idées sont bonnes et pas vraiment nouvelles.  Et toutes ces idées sont des idées que défend aussi Angela Merkel.

L’Allemagne n’est pas en situation d’acquiescer.

En effet, Angela Merkel a réagi très froidement. Il n’y a  pas besoin d’être grand stratège en politique pour comprendre que le président français vient de faire une erreur de timing. Même si c’est volontaire pour peser de l’extérieur sur la constitution de la future coalition allemande, c’est maladroit car il ne rend pas service à sa partenaire allemande. Peut-être ne sait-il  pas qu’Angela Merkel n'agit jamais dans la précipitation. On lui a même souvent reproché d'être trop lente. En fait elle prend toujours son temps. C'est un diesel et c'est pourquoi d'ailleurs elle a défendu le diesel au salon de Francfort. Elle a toujours agi ainsi et toujours, en 12 ans, obtenu ce qu'elle voulait. Elle va d'abord organiser sa coalition, puis la conforter et la consolider et ensuite seulement, elle fera passer auprès de ses alliés, et même peut-être auprès des libéraux allemands, un projet d'Europe plus resserrée en faisant des concessions sur d'autres sujets sensibles pour ses alliés dans la coalition. C'est la méthode allemande. Lente mais efficace. L'Europe sortira gagnante de ces élections allemandes mais au rythme allemand.  Il faudra donc patienter, parce qu’on est parti pour un marathon de négociations à Berlin qui pourrait durer jusqu’à Noël.

D’ici là qui se souviendra de l’esbrouf des propositions françaises ?

 

 


FAUT-IL AVOIR PEUR DE MELENCHON ET CONSORTS ?

Martinez   Mélenchon bastille 2

Le populisme en déclin.

Après le pic  de  la  présidentielle, les extrêmes populistes perdent du terrain.

Le Front national  est en panne, en pleine crise d’identité (un comble), et les soubresauts de l’échec à la présidentielle n’ont pas fini d’avoir des répliques. Le départ de Philippot le divise  profondément et la présidente est dévaluée durablement. Reste à savoir  où iront les  électeurs en déshérence : vers l’extrême gauche pour certains, vers la droite républicaine pour les autres si elle sait s’y prendre.

Mélenchon est devenu l’épouvantail principal mais il a beau battre les estrades, à coups de formules approximatives faites pour frapper les esprits,  la mayonnaise ne prend pas. La France insoumise se réduit comme peau de chagrin et le leader maximo prend la tournure d’un leader minimo. Il a eu beau grossir outrageusement les chiffres à la manière bolchévique, le déferlement du pays en colère n’a pas eu lieu samedi dernier. Pourtant toutes les grandes gueules que compte l’ultra gauche s’étaient mobilisées dans les rues de Paris contre le « coup d’état social ». Avec 30 000 personnes –la police n’est pas loin de la vérité- place de la République, le rêve de masser un million de manifestants sur les Champs-Elysées semble bien inaccessible.

Les syndicalistes contestataires ne font pas recette non plus.

Après les manifestations plutôt  décevantes de la CGT le 12 septembre dernier (223 000 manifestants en France entière selon la police), le syndicat, renforcé de quelques dissidents FO, a recouru à la bonne vieille méthode du blocage des dépôts de carburant, avec effet garanti puisque les automobilistes, anticipant la pénurie d‘essence, se sont précipités à la pompe et ont créé eux-mêmes la pénurie. Mais là encore, entre la grosse mobilisation annoncée et la réalité, il y a une marge qui a de quoi conforter le gouvernement dans sa détermination à ne rien céder. La manifestation des routiers, entamée hier et qui se poursuit aujourd’hui, pour protester contre la réforme de la loi travail qui ne le concerne pas  vraiment, ressemble à tout sauf à une paralysie du pays. Le blocage des raffineries n’a pas tenu,  et les stations-services sont ravitaillées presque normalement. Même si l'on ne peut encore présager de la suite, ce nouveau round social ressemble aux précédents, plus proche de la tempête dans un verre d'eau que du grand soir. Il faut  dire que le front syndical est sérieusement désuni et que ça n’aide pas à la mobilisation.

Dans leur majorité, les Français ont du mal à croire les rodomontades des Insoumis, tout comme ils ne supportent plus d’être pris en otages par une ultra-minorité de syndicalistes. La loi travail va pouvoir s’appliquer et c’est bien pour notre économie, même s’il ne faut pas en attendre des miracles.

 

 


LA BELLE VICTOIRE DES REPUBLICAINS

Gérard Larcher

 

On ne va pas bouder son plaisir.

C’est une belle victoire que Les Républicains viennent de remporter avec les élections sénatoriales. Elle était inscrite dans celle des municipales de 2014 et mécaniquement produire le renforcement du groupe qu’on a constaté hier. Mais en politique, rien n’est jamais certain et les bouleversements des précédents scrutins  de cette année auraient  pu produire des  mouvements divers et variés au sein des grands électeurs, car nombreux sont ceux qui n’ont aucune carte politique dans la poche. Il n’en a rien été : les partis traditionnels ont bien résisté à gauche puisque le  PC sauve son groupe et le PS, bien qu’en baisse, fait mieux que ce qu’on  pouvait attendre après l’effondrement de la candidature Hamon. Ce sont la droite et le centre qui profitent le  plus de cette  élection, en bonne logique.

Des raisons politiques.

Il  n’y a pas que l’effet mécanique qui a joué. Si LREM rate la marche au Sénat et est loin d’atteindre l’objectif qu’elle s’était fixé, c’est parce que les grands électeurs ont largement rejeté les projets  présidentiels concernant les collectivités territoriales, en matière fiscale et d’économies budgétaires notamment, et la méthode pratiquée qui ne respecte pas les élus.Ce n’est pas le « dernier sursaut d’un monde ancien » comme l’a stupidement commenté sa porte-parole, c’est la volonté des représentants de la France profonde de garder avec le Sénat un contre-pouvoir d’équilibre, rôle qui a toujours été le sien, face aux tentatives caporalisatrices de l’Elysée. Ce revers devrait faire réfléchir les « constructifs » : déjà qu’ils sont inutiles … Dépasser les clivages au Sénat n’a guère d’intérêt quand on connait le mode de fonctionnement des sénateurs qui ont une grande habitude de la recherche de l’approfondissement et des consensus. Le rôle  de la haute assemblée en sort renforcé et elle sera d’une grande utilité pour modérer la volonté de réforme constitutionnelle de l’exécutif qui visait à affaiblir le parlement et pour apporter sa bonne connaissance des collectivités au moment où il faudra établir la répartition des compétences et le mode de désignation des élus des communes nouvelles. Mais plus que jamais Les Républicains, ces empêcheurs de tourner en rond, vont être la cible des « progressistes » macronistes pour tenter de déstabiliser ou empêcher l’émergence d’une opposition de droite clairement identifiable et les centristes auront droit eux aussi à la danse du ventre pour les attirer. On va donc voir s’activer tous les « va-à-la-soupe », comme les nomme Luc Ferry, avec l’espoir secret, tel un Béchu ou une Keller, de décrocher un maroquin à la faveur d’un remaniement. Car la défaite de LREM au Sénat ne leur a visiblement rien appris.

Dans le Maine-et-Loire, LR garde ses deux sièges.

Sénatoriales 3 bisMalgré le contexte rendu compliqué par les manœuvres erratiques du maire d’Angers, qui a imposé son candidat à la tête d’une liste LREM, la liste conduite par sa collègue sortante, Catherine Deroche, confirme là aussi, la tendance nationale. La droite et le centre restent majoritaires dans le département, puisque les Républicains  gardent leurs deux sénateurs et que la liste conduite  par Isabelle Leroy de l’UDI ne manque l’élection que d’une vingtaine de voix, la faute probablement à la liste divers droite «dissidente » d’Adrien Denis. Le maire d’Angers s’en tire avec une demi-victoire, puisque son adjoint réussit à se faire élire avec un score correct. Il faut dire qu’il n’a pas lésiné pour convaincre les  grands électeurs d’Angers Loire Métropole de « ne pas se tromper ». Il se targue d’avoir fait élire un LR de plus, certes avec le label « constructif », ce qui est d’un cynisme consommé par rapport aux marcheurs authentiques, macroniens de la première heure.

La victoire de Catherine Deroche n’est pas un scoop, tant elle était attendue. Son travail de terrain pendant six ans auprès  de tous les élus du département et son activité au Sénat où la qualité de son travail est largement reconnue, la rendait quasiment imbattable. Le choix de son numéro deux a été le bon. Stéphane Piednoir, jeune maire d’une commune de l’agglomération d’Angers, s’est déjà fait repérer pour ses qualités de gestionnaire habile, d’élu ouvert et modéré, compétent dans les domaines qu’il a en charge. Un atout sans nul doute pour une liste par ailleurs solide. Il  participera à renouveler l’image d’une assemblée souvent considérée comme un refuge pour vieillards, ce qui est évidemment particulièrement faux. Garder ses deux sénateurs est d’une grande importance pour la fédération de Maine-et-Loire des Républicains : l’avenir se présente désormais plus sereinement.

 


LE GRAND MALENTENDU

Macron prophète

 

Christophe Béchu vient de se fendre d’une longue lettre aux grands électeurs du département de Maine-et-Loire pour tenter de justifier son choix de soutenir une liste de la majorité présidentielle à la tête de laquelle il a mis son principal féal, Emmanuel Capus, à défaut de se représenter lui-même. La démonstration est rigoureuse et intellectuellement du niveau qu’on pouvait attendre de lui. Elle repose  sur deux arguments principaux : il faut empêcher l’échec du Premier Ministre et du Président de la République en soutenant l’action réformatrice qu’ils mènent, pour éviter de se retrouver avec une confrontation FN-Insoumis d’une part, il faut soutenir la recomposition politique qui nous conduit à « transcender » les clivages politiques, d’autre part.  Son raisonnement est aussi bâti sur un procès d’intention qui consiste à diaboliser Laurent Wauquiez avant même que l’élection à la tête des républicains ait eu lieu. Je prends à dessein cet exemple car il est assez représentatif de la scène politique nationale et emblématique du jeu d’Emmanuel Macron et des « constructifs ».

Soutenir quelle politique ?

Selon Christophe Béchu, nous n’aurions d’autre choix que de soutenir la politique de l’exécutif. Mais pour faire quoi ? On ne le voit pas clairement : mon décryptage me conduit à voir dans l’action menée, des gages verbaux en direction de la droite mais des décisions largement inspirées  par le « think tank » gaucho bobo Terra Nova  dans les faits. Qui, à droite, pourrait se retrouver dans la politique fiscale, la transformation de l’ISF en IFI (impôt sur la fortune immobilière), sans parler des projets sociétaux ou de la mollesse face au communautarisme. On peut avoir voté Macron sans pour autant avoir cautionné son programme. Et c’est là tout le malentendu.  Personne ne conteste la légalité de son élection, mais sa légitimité est faible car elle ne repose  en fait que sur les 24% d’électeurs du premier tour. Ceux qui ont voté pour lui par défaut n’ont pas perdu pour autant leur droit à la contestation de son action. Et c’est ce qui se passe. Quant aux gens de droite au gouvernement, à commencer par Edouard  Philippe, ils sont des otages : ils sont le miroir aux alouettes pour faire avaliser le « droite et gauche ». C’est une arnaque,  car au passage, ils ont abandonné leurs propres idées pour se mettre au service de celles du Président. Le meilleur exemple est celui donné par Bruno Le Maire qui défendait la baisse de la CSG dans son programme et qui met en oeuvre aujourd’hui exactement l’inverse ! De la même façon mettre un candidat de droite à la tête d’une liste de gauche pour les sénatoriales  constitue une belle arnaque, que les « marcheurs » authentiques ont bien vu. 

La recomposition est un fantasme.

Le  second argument du maire d’Angers ne vaut pas mieux : la présidentielle a donné une large  majorité à « La République En Marche », broyant du même coup par la logique électorale, les autres partis. Mais cela ne constitue en rien une « recomposition » durable. Chaque jour,  le caractère hétéroclite de la majorité présidentielle apparaît  un peu plus et la domination de la gauche à l’intérieur n’est pas un mirage. Macron n’a pas fait exploser le PS : il était déjà en miette avec les frondeurs avant l’élection présidentielle, il a simplement préempté largement les socialistes modérés, et il n’a pas réussi à dynamiter complètement la droite républicaine malgré le ralliement de quelques transfuges au gouvernement. Oui, la  recomposition est un fantasme. Elle n’existe  pas dans la tête des Français. Ceux-ci ont pu être un moment lassés des guéguerres intestines des uns et des autres et certains être tentés par le « dégagisme ». Mais on voit bien aujourd’hui que si tel était le cas, l’exécutif jouirait d’une cote d’opinion bien plus favorable que celle qu’on observe. La réalité est que la situation du gouvernement et de ses soutiens est celle d’un centrisme intenable, fut-il un habillage.

Il faut affaiblir la droite.

Dans ce contexte, tout le jeu du Président consiste à affaiblir la droite pour n’avoir plus en face de lui que Mélenchon. Ne parlons plus du FN, il vient d’entrer dans une période de turbulences comme seule l’extrême-droite en a  la recette, et sa présidente, par le spectacle qu’elle a donné lors du débat, s’est décrédibilisée à jamais pour occuper la magistrature suprême. N’avoir que les « Insoumis » comme adversaire, voilà la facilité. Mais, le problème, c’est que la « droite » n’a pas dit son dernier mot. Alors, il faut l’affaiblir en l’empêchant de fédérer en son sein les sensibilités de la droite et du centre, et c’est à cette mission que les « constructifs », faute de  mieux, sont en train de s’activer, avec deux objectifs qu’on perçoit dans la lettre de Christophe Béchu : caricaturer  d’avance l’opposition des Républicains en la qualifiant de « frontale » et présenter Laurent Wauquiez comme un extrémiste borné, tenter ensuite et en conséquence de faire grossir leur effectif maigrelet en ralliant à eux des modérés qui ont jusque-là refusé de quitter leur parti. 

Une vraie opposition est nécessaire.

Si on veut que le quinquennat d’Emmanuel Macron n’échoue pas totalement, il faut une opposition républicaine à droite pour l’obliger à corriger son programme. Une opposition qui soutient et propose ses amendements, chaque fois que ça va dans le bon sens, comme la loi « travail ». Si on veut me faire dire que le Ministre de l’Education fait du bon boulot : pas de problème. Mais je n’en dirai pas autant de l’action d’autres ministres. Il faut donc une opposition qui combatte ce qui lui paraît inadéquat comme l’augmentation de la CSG sur le seul dos des retraités ou la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des assujettis, une opposition qui reste vigilante et entende peser pour que la lutte contre l’islamisme soit effective sur notre territoire, enfin une opposition qui ait son mot à dire pour que l’exécutif n’ait pas les mains libres quand il s’agira de toucher à nos institutions. Une opposition claire, qui coopère chaque fois que l’action parait utile à notre pays et qui propose d’autres choix quand ce n’est pas le cas. Une opposition qui soit en capacité   d’être une alternance : c’est ça qui nous évitera les  extrêmes. Les  « constructifs » qui tentent aujourd’hui par une tribune dans la presse d’obtenir sur la loi « travail » ce que la majorité LR au Sénat n’a pas réussi à faire passer, seraient bien mieux à l’intérieur des Républicains où ils ont toute leur place. C’est ça, pour moi, être à la hauteur des événements ! Christophe Béchu sait bien tout cela, alors quel dessein qui nous échappe poursuit-il pour prendre  le risque de piétiner ainsi tous ceux qui se sont battus pour lui, et qui ont sué sang et eau pour qu’il soit élu à toutes les étapes de son parcours ?

Dimanche 24, les grands électeurs du Maine-et-Loire ne seront pas en peine de choix, avec neuf listes. Chacun pourra choisir selon sa sensibilité, mais il n’y a qu’une liste qui représente la droite et le centre et qui allie ouverture d’esprit et expérience, c’est celle emmenée par Catherine Deroche et  Stéphane Piednoir !

 


AUGMENTER LA CSG EST LA PIRE SOLUTION !

Contribuable détroussé

 

Faussement juste et inéquitable sûrement !

Le gouvernement s’entête à vouloir augmenter la CSG de 1,7 point.  On ne dira jamais assez combien cette disposition est inéquitable dans la mesure où les compensations, avec la baisse des cotisations salariales, mettront les retraités à l’écart ainsi  que les fonctionnaires.  Si on ajoute que l’augmentation s’appliquera dès 1 200 € de pension, c’est un véritable racket sur une catégorie de la  population qui se trouve ainsi stigmatisée. En plus, établir un seuil, c’est introduire cette tare de tous les dispositifs français : l’impôt ne s’applique pas à tous, défaut auquel la CSG avait jusque-là échappé. Et cela, d’autant plus que le projet d’exemption de Taxe d’habitation pour 80% des français ne profitera pas non plus aux foyers à revenus moyens et aisés.  Une double punition ! J’ajouterai que le découplage en deux temps de ce dernier dispositif aggrave encore la punition puisque le gouvernement se fait ainsi de  la « trésorerie » à bon compte sur le dos des mêmes, et tout particulièrement des retraités. L’effet récessif sur la croissance sera alors inévitable et ne sera pas compensé pas les améliorations hypothétiques sur la feuille de paie des salariés, d’autant plus que les allégements de charge ne toucheront pas la part patronale des cotisations.

Une réforme fiscale en profondeur d’abord.

Les dégrèvements d’impôts successifs accordés aux petits revenus s’ajoutent aux autres mécanismes redistributifs dont ils bénéficient déjà. On a un système d’impôts sur le revenu qui marche sur la pointe, en pyramide inversée : 10% des contributeurs assurent 70% de la recette. C’est une situation qui devient intenable et qui déresponsabilisent ceux qui ne contribuent plus à rien, puisqu’en général ils ne paient pas non plus la taxe audiovisuelle ni la taxe d’habitation. Il y a rupture de l’égalité devant l’impôt. Le dégrèvement de taxe d’habitation accordé  à 80% des assujettis, qui sont déjà plus de 40% à en bénéficier, va concentrer cet impôt sur les 20% restants, compte-tenu du fait que la compensation prévue par l’Etat (dont les contours restent imprécis) sera forcément décalée dans le temps. Les collectivités locales qui sont déjà à l’os et à qui on va supprimer 300 millions dès cette année, devront bien trouver la recette pour joindre les deux bouts. Le sentiment d’injustice fiscale s’accroit entre ceux qui paient, qui sont de moins en moins nombreux et ceux qui touchent toujours plus nombreux. Avant de songer à supprimer la taxe d’habitation –pourquoi pas totalement— il faudrait engager une réforme fiscale en profondeur, avec révision des bases cadastrales pour les impôts locaux, qui remettent tout le monde à égalité devant l’impôt à proportion des facultés contributives de chacun.

C’est la TVA à 20% le bon levier.

Cette situation ubuesque alimentée par un égalitarisme de mauvais aloi, pour y mettre fin,  il n’y a qu’une solution : avoir recours à l’augmentation de la TVA. Je ne comprends pas que la droite ne s’empare pas de cette solution qui n’a que des avantages. Evidemment, il faut en faire la pédagogie, car beaucoup d’idées fausses à son sujet sont entretenues notamment par la gauche.  Avec 145 milliards d'euros estimés pour 2016, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) représente la moitié des recettes fiscales : il s'agit de la principale recette de l'État. 1 point rapporte environ 7 milliards d’euros, davantage si la croissance est au rendez-vous.

Pas une augmentation, mais un transfert. En augmentant le taux à 20% de 2,5 points, on récupèrerait une recette supplémentaire de plus de 18 milliards d’euros qui permettrait de baisser d’autant les charges sociales payées par les entreprises et en premier lieu transférer sur l’Etat celles qui concerne la branche familles. Evidemment, la contrepartie serait double : une amélioration des marges et une hausse des salaires. Ce serait donc, non une augmentation d’impôts, mais un transfert. C’est un dispositif qui accroit la compétitivité de nos entreprises en permettant de baisser le coût du travail. C’est pourquoi on l’a souvent appelé : TVA anti-délocalisation.

Augmentation de la TVA = hausse des prix.  C’est faux ! Il est faux d’établir un lien direct  entre l’augmentation des prix et la hausse de la TVA, surtout si elle n’est que de deux points. La répercussion sera faible du fait que 70% de la recette touche des produits importés (d’Asie principalement) dont le prix est soumis à une concurrence  forte, ce qui fera que les 2,5% seront probablement absorbés dans la  marge qu’ils dégagent. Ainsi tombe l’argument de la gauche qui en fait un impôt anti classes populaires. J’ajouterai que cet argument est mal fondé.  Même  si l’augmentation entrainait une petite hausse des prix, le caractère injuste parce que cette hausse frapperait autant les faibles revenus que les gros, est effacé par le fait que dans notre  pays, les faibles revenus bénéficient déjà de nombreux dispositifs de redistribution qui compensent. Et cela en sachant que les produits de première nécessité ne sont pas concernés pas plus que tout ce qui est touché par le taux intermédiaire, largement en rapport avec l’activité des artisans.

Peu d’impact négatif sur la croissance. C’est ce que disent tous les économistes : la hausse de  la TVA, conçue comme un transfert de charges des cotisations vers l’impôt indirect aura peu d’impact sur la croissance et n’aura pas d’impact négatif non plus sur la consommation. Avec l’avantage de faire  participer des  produits étrangers au financement de notre protection sociale. Mieux, c’est même l’augmentation d’impôts qui n’impacte pas les exportations ! En améliorant la compétitivité elle  peut même faciliter la croissance. On n’y trouvera donc que des avantages. 

Qui aura le courage de monter au front ? Du volontarisme et de la volonté que diable ! En attendant, voilà de quoi méditer pour les grands électeurs avant de voter le 24 septembre.

 


LES SUPPLETIFS SANS SOLDE DE MACRON

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Des « constructifs » marginaux.

Ils se rallient sans se rallier, mais veulent que le président « réussisse »  son quinquennat pour éviter  les extrêmes la prochaine fois. C’est leur antienne et leur « excuse ».  Un discours qui ne convainc qu’eux-mêmes pour justifier leurs petites ambitions.  Mais voilà, Jupiter n’a pas la reconnaissance généreuse. Pour l’instant ils sont coincés entre une majorité qui ne veut pas d’eux et une opposition de droite qui les regarde en chien de faïence, les considérant comme des traîtres. Jusqu’à maintenant ils ont été plutôt inutiles. Le plus surprenant dans cette affaire aura été la nomination, dans le Maine-et-Loire, d’Emmanuel Capus à la tête d’une liste « En Marche » après avoir été investi n°2 de la liste LR, concoctée dans la plus pure tradition des arrangements entre copains, à savoir le Sénateur-maire d’Angers et le Premier Ministre, sans consultation des instances partisanes habilitées.  Il a suffi de voir la réaction des comités locaux du parti macronien qui a constitué une liste dissidente pour mesurer tout ce que la  manip’ à de méprisable. Au-delà du caractère choquant de  la manière de procéder, il faut maintenant que Christophe Béchu nous explique sa conversion démocrate-socialiste puisque son adjoint va soutenir la politique mise en œuvre par l’exécutif. J’y reviens plus loin.  Mais au demeurant, il fait avec ses amis un pari qui est  loin d’être gagné.

"Macron, encore un président qui va échouer."

C’est le titre d’une tribune publiée par le New York Times. Un professeur de Cambridge, Chris Bickerton, est sans concession pour le président français. Aux Etats-Unis, la victoire d’Emmanuel Macron avait été saluée : réformateur charismatique, voire héroïque, les adjectifs ne manquaient pas pour qualifier le nouveau chef d’Etat. Après avoir pointé du doigt le fait que seulement 24% des Français ont voté pour lui au premier tour, le chercheur énonce le premier gros problème du nouveau quinquennat : le « macronisme ». « Jusqu’à maintenant, tout son projet politique a été bien trop concentré sur sa personne (…) Avec cette approche hyper-personnalisée, il y a toujours le risque qu’une fois le charme passé, ses soutiens n’auront plus rien à soutenir » ! constate Chris Bickerton qui s’en prend par ailleurs à l’arrogance d’Emmanuel Macron. D’après lui, en affirmant vouloir faire du neuf, l’hôte de l’Elysée emploie en fait des vieilles méthodes : « Macron est allé jusqu’à décrire ses politiques économiques comme une « révolution copernicienne », mais tout ce qu’il fait, c’est pousser la France sur la voie de la dérégulation du marché du travail et l’austérité fiscale, un chemin déjà bien emprunté par d’autres pays ». Le chercheur pointe du doigt sa chute de popularité et en tient pour responsable « le vide au cœur de son projet politique ». Une analyse pertinente qui va faire grincer des dents. Le fait qu’elle soit publiée par le New York Times n’est pas anodin.

Une politique démocrate-socialiste qui ne dit pas son nom.

Quand on observe le sens qui se dégage globalement des décisions prises depuis la  mise en place du gouvernement Philippe, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une banale politique de redistribution grâce à l’impôt. On est dans le prolongement de la politique menée sous le quinquennat précédent. On prend aux uns pour donner aux autres. Or c’est par la création de richesses supplémentaires qu’on sortira le pays de l’ornière, pas en continuant d’assommer les riches et les classes moyennes plus ou moins aisées. L’action du gouvernement, pour l’instant, avec un habillage faussement libéral, ne fait que compliquer les choses en multipliant les subdivisions qui fracturent la société française :  60% des retraités subiront la hausse de la CSG, les autres pas, 80% seront exonérés de la taxe d’habitation, les autres pas, à rajouter aux 60% qui ne paient plus l’impôt sur le revenu … « diviser  pour régner » comme toujours ! Mais cette fois-ci, l’exécutif y ajoute une dimension supplémentaire : il oppose une génération à l’autre. C’est ainsi qu’il présente le débat sur l’aide à la jeunesse et la taxation des retraités. Et cela n’est une attitude ni responsable ni constructive ! On est loin, très loin, du programme libéral d’Alain Juppé !

Déficit de légitimité, multiplication des images pour compenser.

Le président joue un jeu dangereux. A force de se mettre en scène pour essayer de se faire aimer, il augmente le sentiment que les Français perçoivent : un personnage superficiel au narcissisme exacerbé, et au caractère volontiers ombrageux qui joue avec les provocations. En fait c’est son déficit de légitimité qui réapparaît comme il fallait s’y attendre. Un déficit qu’il aura beaucoup de  mal à combler. Tout ce qui peut lui arriver de mieux c’est qu’il ait en face de lui une opposition de la droite républicaine forte et crédible, capable d’imposer des garde-fous et d’empêcher la fuite en avant d’une politique incohérente qui tire à hue et à dia. Et ne permettra ni de restaurer nos finances publiques ni de combler notre dette, ni d’enrayer les dérives communautaristes qui minent notre tissu social. Le 24 septembre apportera un premier signal avec les élections sénatoriales. On ne gagnera rien à avoir un Sénat « aligné ».

Ce n’est pas le renfort de 12 LR associés à des centristes toujours aussi imprévisibles, tous sans boussole, qui pourra inverser le cours des choses. D’autant plus qu’on a le sentiment que le « chef d’orchestre », en l’occurrence le Premier Ministre, n’a pas l’air de bien connaître sa partition comme en atteste son passage chez Bourdin.

 


LARCHER VISE JUSTE

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Jeudi matin, à Chemillé, Catherine Deroche a reçu avec sa liste le Président du Sénat, Gérard Larcher, en présence de près de 150 grands électeurs, avec au premier rang de l’assistance André Lardeux et Marc Laffineur, rejoints ensuite par Jean-Charles Taugourdeau. Le choix de la capitale des Mauges n’est pas le fruit du hasard. Il s’agissait d’envoyer un message aux élus des territoires ruraux, ceux-ci étant au cœur des  préoccupations et de  la haute assemblée et de  la sénatrice sortante.

Comme le veut l’usage, c’est Lionel Cottenceau, Maire-délégué de Chemillé, qui a commencé par quelques mots d’accueil à destination de ses hôtes, lui-même étant sur la liste, et présenter sa commune. 

Chemillé 1Catherine Deroche a ensuite présenté les membres de sa liste : des élus bien ancrés sur leur terrain et représentatifs de l’ensemble des territoires du Maine-et-Loire. A ses côtés, on trouve  outre Lionel Cottenceau déjà nommé, Stéphane Piednoir maire de Montreuil-Juigné et Vice-Président d’Angers-Loire Métropole, Lydia L’Herroux chef d’entreprise et Maire de St-Just sur Dive, Jean-Luc Davy,  maire de Daumeray et Président des Maires du Maine-et-Loire, et Marilyne Lezé, Présidente de la  Communauté de communes du Haut-Anjou. Une liste solide et compétente comme on peut le constater, avec pour titre : « des élus de terrain et de convictions pour tout le Maine-et-Loire », ce qui est une belle manière d’afficher la couleur si on veut bien prendre en compte le sens de chaque mot. Elle a ensuite décliné brièvement ses responsabilités politiques : vice-présidente du groupe Les Républicains au Sénat, membre de  la  commission des affaires  sociales et animatrice d’un groupe d’étude qui lui tient à coeur : « enfance et cancer » en partenariat avec l’association Hubert Gouin ;  conseillère régionale elle a en charge la  mise en place du schéma régional de la santé.  

Son collègue Philippe Mouiller, Sénateur des Deux-Sèvres, venu de Moncoutant, lui a ensuite succédé à la tribune pour un propos nourri sur le travail effectué par les sénateurs pour améliorer les textes des lois qu’on leur confie, sur l’action de rénovation de l’institution à laquelle il a participé sous l’autorité du président, et pour témoigner de l’implication de Catherine Deroche dans son mandat.

Chemillé3Enfin  Gérard Larcher, qu’on sentait impatient de délivrer son message, s’est emparé du micro avec une certaine jubilation. Entre anecdote complice et sujets du moment, il développe son propos avec la précision d’un expert es-territoires. Sur la ruralité, il pourrait être intarissable prenant ses exemples aussi  bien aux confins des Ardennes qu’en Normandie, où il est né, ou au pied des  Pyrénées… Car « le sujet qui préoccupe tous les élus  c’est la nouvelle organisation des territoires » et si on a beaucoup fait pour  les métropoles, le Sénat se doit d’être l’instance qui porte la voix de tous les territoires ruraux  et périurbains qui se sentent mis à l’écart. Les sujets ne manquent pas qui attisent l’inquiétude ou la grogne : la fin des contrats aidés annoncés trois semaines avant la rentrée, la réforme de la taxe d’habitation,  la réduction des dotations. Le Président du Sénat parle poliment d’un « problème de  méthode » quand les annonces viennent quatre jours après un rendez-vous avec le Premier Ministre où il avait insisté sur la situation de la ruralité. Il  demande plus de respect des élus et surtout qu’on leur fasse confiance, surtout dans l’organisation des communes nouvelles et en vue de la réforme du mode de scrutin pour leur représentation. C’est d’autant plus important que la commune est peut-être le seul échelon qui bénéficie encore de la confiance des citoyens. C’est « une petite république dans la république ». Il a beaucoup insisté sur le rôle du Sénat, reprenant le discours du Général de Gaulle à Bayeux : « le  Sénat est le balancier d’équilibre des territoires de la République », à l’abri des « pulsions » populaires qui peuvent agiter l’Assemblée nationale. De fait le travail qu’on y fait est souvent appuyé sur des rapports à la double signature d’un élu de la majorité et un de l’opposition. L’amélioration des lois se fait avec le même état d’esprit. Dans la  période actuelle, plus que jamais,  le Sénat a un rôle à jouer pour veiller à cet équilibre et les sujets ne manquent pas : financement des collectivités, répartition équitable des compétences, … Gérard Larcher a identifié quatre grands chapitres de discussion avec l’exécutif, en espérant que la  « conférence des territoires » installée au Palais du Luxembourg, jouera son rôle. Il souhaite qu’on ne revienne pas sur la réforme territoriale et qu’on travaille à la réduction des normes. Ces deux sujets faisant l’objet d’un accord de  principe. Viennent ensuite la réforme des dotations et la  suppression de la taxe d’habitation, sujets sur lesquels le Sénat devra être « très » vigilant. L’auditoire est conquis et regrette presque qu’on arrive au bout de la réunion. Les questions de la salle ont permis d’affiner quelques-uns des sujets abordés, avec au centre des préoccupations le financement. L’inquiétude est forte chez des élus qui ont épuisé toutes leurs marges de manœuvre et qui voient poindre de nouvelles contraintes. Raison de plus pour envoyer une majorité qui ne soit pas « aux ordres ». En conclusion, Gérard Larcher a insisté sur le rôle politique que le Sénat doit jouer avec comme ligne de conduite : « le Sénat n’est jamais contre par principe, et jamais pour par discipline ! »

A quoi servirait alors de « bousculer les codes » comme le prétendent certains ! Les journalistes ont bien essayé d’attirer le président du Sénat sur le terrain de la polémique suscitée par le tourne-veste de Capus, ils n’ont eu droit qu’à une réponse polie : « la petite tambouille politique ne m’intéresse pas ! » D’ailleurs le sujet n’a même pas été abordé pendant la réunion, c’est dire… Du côté Deroche, c’est la sérénité qui préside.

Larcher Chemillé
 


IMPÔTS : LE GRAND N’IMPORTE QUOI !

Contribuable détroussé

 

Dans toutes  les annonces qui sont faites sur les réformes, si vous vous y retrouvez, vous aurez bien de la chance. Comme si la multiplication des annonces était faite pour brouiller l’écoute. Une chose est certaine, c’est le haut du panier qui sera le plus impacté à coup sûr, et les classes moyennes de la moitié supérieure y laisseront des plumes aussi : au-dessus de 30 000 euros de revenus par an, n’espérez rien sinon casquer en plus.  Dans ce pays on n’aime pas les riches.  C’est pourtant eux qui font tourner la machine.  Essayons de nous frayer un chemin dans le maquis philippo-lemairien. 

Il faut être  « productif » !

C’est le message que voudraient porter toutes ces réformes traduisant l'état d'esprit du gouvernement par rapport à l'épargne. Le mot-clé c'est « productif ». Et pas seulement pour les placements. Il faut que tout soit productif. Il vaut mieux sous Macron être actif et donc productif que retraité, on l’a compris. C’est moins méchant que l’euthanasie que prônait Attali. Pour les placements, on aurait d'un côté les bons placements, les placements « productifs », les placements à risque. Et les mauvais, ceux qui ne sont pas assez risqués donc pas assez productifs. Comprenez : «  l'immobilier », ou encore les fonds en euros des contrats d'assurance-vie. Le gouvernement oublie simplement que ce sont ces derniers qui ont financé la dette du pays pendant longtemps. C'est vrai que les taux sont si bas que le financement de la dette n'est pas un problème actuellement. Pour l’instant. Si c'est bien de favoriser la prise de risque, l'entrepreneuriat, les actions, l'entreprise, pour autant tout le monde ne peut pas et ne doit pas prendre des risques. On ne peut pas tous investir notre argent uniquement en actions. Ce n'est pas raisonnable.

La « flat-tax ».

C’est le nouveau cheval de bataille de Bercy. Elle sera de 30% et s'appliquera aux dividendes, aux intérêts et aux plus-values de cessions mobilières. Les avantages des livrets défiscalisés et des PEA sont maintenus, mais pour les PEL elle s’appliquera dès la souscription pour les nouveaux et après 12 ans de détention pour les anciens.

L’assurance-vie.

Elle subira la « flat-tax » de 30% aussi. Ce sera une augmentation de la fiscalité mais seulement pour les nouveaux versements, seulement pour la part des montants supérieurs à 150 000 euros par personne et 300 000 euros par couple et seulement par rapport au taux préférentiel qui s'appliquait à partir de 8 ans de détention. En clair, aucun changement pour les revenus des versements antérieurs à la réforme. Au final, peu de personnes seront concernées même si elles représenteront une part non négligeable des versements à venir. Espérons que les avantages et la simplification qu'apporte un taux unique de taxation pour le capital viennent largement compenser cet alourdissement et ne remettront pas en cause l'attrait de l'assurance-vie sur la durée.

L’ISF disparait.

Cet impôt imbécile qui ne perdurait qu’en France est enfin supprimé. Il est remplacé par l’IFI, impôt sur la fortune immobilière qui touchera les patrimoines immobiliers nets supérieurs à 1,3 million. Pas de changement sur les taux et l'abattement de 30% sur la résidence principale, le plafond des 75% des revenus (IFI+ IR) est maintenu. Les égalitaristes  hurleront de plaisir, ce sont les plus riches qui sont frappés. Par contre on peut être inquiet des répercussions sur l’investissement immobilier et les répercussions sur l’activité  du bâtiment, car les investisseurs vont devenir méfiants.

Le système ISF-PME.

Il disparaît. Rappelons le fonctionnement : si on investissait dans une PME, on pouvait déduire 50% de son investissement de son ISF. L'ISF disparaissant, ce dispositif disparaît aussi. Logique. Ce qui est dommage c’est qu’il aurait pu s'appliquer au nouvel « Impôt sur la Fortune Immobilière ». Cette disparition aura probablement des conséquences sur le financement des PME et des TPE, et en particulier des start-ups qui ont largement bénéficié de ce dispositif depuis des années. C'est tout de même paradoxal de la part d’un gouvernement qui prône le « tous startuppers » et le « tous entrepreneurs » de faire disparaître du jour au lendemain plus de 500 millions d'euros de l'économie réelle, l'économie productive, celle que le gouvernement dit justement tant aimer. Vous arrivez  à suivre ?

La taxe d’habitation.

80% des Français n'auront plus de taxe d'habitation à payer d'ici trois ans. Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a précisé les conditions requises pour bénéficier de ce nouvel avantage fiscal. Les plafonds d'exonération de la taxe d'habitation seront de 27.000 euros pour une personne seule et 43.000 euros pour un couple sans enfant. Ces montants concernent le revenu fiscal de référence, obtenu après l'abattement de 10%. Pour une personne célibataire, cela correspond à un revenu réel de 30 000 euros annuels environ et pour un couple, 48 000 euros. Problème : certains devront néanmoins supporter la hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) au 1er janvier 2018, avant de pouvoir profiter de l'allègement de la taxe d'habitation à la date du paiement de l'impôt, en novembre 2018. Tandis que d'autres, appartenant aux 20% non exonérés ou qui le sont déjà aujourd'hui, ne bénéficieront pas de l'avantage fiscal et subiront simplement la hausse de la CSG. Double peine ! Selon le ministre, ceux qui continueront à payer la taxe d'habitation paieront « pareil », autrement dit ne verront pas leur taxe augmenter. Une affirmation gratuite puisque ce sont les collectivités concernées qui en décide, sauf à leur ôter cette prérogative ! Quant à la compensation par l’Etat : rien n’est dit ! 

Les APL.

La baisse des aides personnalisées au logement (APL) envisagée par le gouvernement dans le logement social n'aura « aucun impact » pour les bénéficiaires, promet le Premier Ministre qui se veut rassurant. Pour compenser la baisse des aides, le Premier ministre promet une baisse identique des loyers,  mesure qui impactera  les organismes HLM, forcément. Une solution déjà évoquée par Emmanuel Macron qui appelait publiquement tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros par mois. Quant à ceux qui ne sont pas dans le logement social et qui bénéficient des APL, il n'y aura aucune espèce d'impact puisqu'ils ne sont pas concernés. Curieusement cette baisse ne concernerait donc que les locataires de HLM alors que les bénéficiaires les plus nombreux sont ceux du parc privé.  Comprenne qui pourra,  là encore. On ne dit pas non plus comment les organismes gestionnaires   qui ont déjà bien du mal à équilibrer leurs comptes, compenseront leur manque à gagner.

Il parait que le mot « réforme » était inadapté et qu’il faut désormais parler de « transformation ». Espérons donc que le gouvernement arrive à « transformer » le plomb en or.  Parce que pour l’instant, si on voit bien les ponctions, on discerne mal leur intérêt…En termes de baisses des dépenses, par exemple. Des annonces tous azimuts qui dénotent l’amateurisme et la fébrilité. Et je n’ai pas abordé le problème de la CSG.

 


LE SENAT POUR LES NULS

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Demain, notre sénatrice sortante, Catherine Deroche, reçoit Gérard Larcher, Président du Sénat, venu en Anjou pour soutenir sa liste.

C’est le moment de rappeler à tous quel est le rôle du Sénat, cette assemblée souvent qualifiée d’inutile par les ignorants ou les antiparlementaristes, et qui joue un rôle pourtant essentiel dans les rouages de notre république.

Le Sénat est la seconde assemblée législative.

Tous les projets de loi lui sont soumis et il a le pouvoir de les modifier, amender, rectifier… Un travail très approfondi sur les textes qui, la plupart du temps les améliore, souvent avec un large consensus qui transcende les clivages politiques. Un apport essentiel ignoré parce que peu médiatisé. Mais il n’a pas le dernier mot. Si la plupart du temps la commission mixte Sénat-Assemblée nationale parvient à se mettre  d’accord sur le texte final, il arrive que pour les projets très « politiques » un désaccord  persiste. En ce cas, la loi repart à l’Assemblée nationale en seconde  lecture et le texte est voté définitivement.

Le Président du Sénat est le second personnage de l’Etat.

En cas de vacance présidentielle, c’est lui qui assure l’intérim de l’Elysée et est chargé d’organiser une nouvelle élection. La dernière fois que c’est arrivé, c’est avec la mort de Georges Pompidou avant la fin de son septennat. Ce statut confère à l’Assemblée du palais du Luxembourg un rôle éminent voulu par la Constitution.

Le 24 septembre prochain, auront lieu les élections des 170 sénateurs renouvelables sur 348 dans la moitié des départements, pour un mandat de six ans.

En effet, le Sénat est renouvelable par moitié, ce qui le met à l’abri des variations brutales d’élans politiques que l’Assemblée nationale peut connaitre. C’est un havre de stabilité. Cette année ce sont les départements allant, dans l’ordre minéralogique, de l’Indre-et-Loire aux Pyrénées-Orientales ainsi que les départements d’Île-de-France, et outre-mer, la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et Saint-Pierre-et-Miquelon. Les sénateurs ou sénatrices sont élus au suffrage universel indirect par un collège d’environ 160 000 grands électeurs. Dans chaque département, ils sont élus par des élus locaux : députés et sénateurs de la circonscription, conseillers régionaux et départementaux et délégués des conseillers municipaux, au scrutin majoritaire à deux tours dans les départements représentés au maximum par trois sénateurs, et à la représentation proportionnelle dans les départements de quatre sénateurs ou plus. Les partis doivent présenter un binôme titulaire/suppléant paritaire pour les scrutins majoritaires et une liste en alternance homme/femme (ou l’inverse) pour les scrutins proportionnels, sous peine de sanctions financières. Il faut être âgé d’au moins 24 ans pour être candidat aux élections sénatoriales. En Maine-et-Loire, il y a quatre sièges à pourvoir, c’est donc la  proportionnelle qui s’applique.

Les enjeux du scrutin.

La droite sénatoriale, qui a reconquis la majorité en 2014, renouvelle moins de la moitié de ses sièges lors de ces élections. Elle devrait être mathématiquement confortée par cette élection, d’autant plus qu’elle a gagné les élections intermédiaires depuis. Mais rien n’est jamais certain bien qu’on puisse penser que les « grands électeurs » soient moins perméables aux intempéries du moment créées par l’élection présidentielle et ses « scories » avec la création de listes LREM pour le  moins bigarrées. Certains groupes politiques du Sénat jouent leur avenir avec ce renouvellement. Le groupe écologiste remet en jeu les 10 sièges qu’il détenait depuis 2011 et aura des difficultés à se reconstituer. Même inquiétude du côté du groupe communiste, qui renouvelle 19 de ses 21 sièges en septembre prochain.  Les socialistes, dont 64 sièges sur 109 sont renouvelables, amoindri par la sécession de François Patriat qui a créé un groupe LREM, devraient voir leur place diminuer dans la Haute Assemblée. Selon les estimations de certains sénateurs, le groupe devrait perdre entre 10 et 30 sièges. Or, au moins 10 sièges de sénateur sont nécessaires pour former un groupe politique au Sénat. Il importe, pour l’équilibre des pouvoirs, que dans le contexte actuel, la droite garde la majorité au Sénat. D’autant plus que le président et le gouvernement ont raté le rendez-vous de confiance avec les élus locaux.

Le Sénat est l’assemblée représentative des « territoires ».

Une mission très importante. Grâce au Sénat, les territoires ruraux de la République ont un espace de représentation et d’expression pour faire remonter les problématiques qui leur sont propres. L’équilibre des territoires doit être le leit-motiv, dans un pays qui a besoin de retrouver des éléments de confiance, notamment ceux qui se sentent oubliés. On pensait que  le nouveau président l’avait compris : la création du Conseil national des territoires au Sénat est une bonne idée. Mais la relation de confiance qui aurait pu s’établir dans ce cadre avec le gouvernement a été immédiatement contrebattue par des décisions assénées sans concertation : suppression brutale des emplois aidés que nombre de collectivités auront du mal à remplacer, 13 milliards de baisse des dotations sur le quinquennat, 300 millions sur le budget 2017… La réalité d’aujourd’hui, c’est que l’autonomie financière des collectivités locales est menacée gravement, aggravée par la suppression à terme de la taxe d’habitation qui, de surcroit, affaiblira un peu plus la relation entre le citoyen-contribuable et la collectivité.

Dans ce contexte, il importe que le Sénat reste une voix différente.

Une voix indépendante et exigeante, avec l’esprit de concertation et la recherche des consensus qui sont dans son ADN. L’équilibre des pouvoirs passe par une façon de faire la loi autrement. Justement le Sénat est le garant de cet équilibre des pouvoirs, en étant un contre-pouvoir parlementaire indispensable au fonctionnement de la démocratie. Le spectacle donné par le groupe parlementaire En Marche à l’Assemblée nationale n’incite pas à lui confier les rênes au Sénat. Quant aux constructifs qu’apporteraient –ils de plus à une assemblée dont la méthode de travail est déjà dans cet esprit-là, sinon un peu plus de confusion ? Au contraire, la Haute Assemblée a besoin d’élus de convictions, fidèles à  leurs idéaux et c’est de cette confrontation que sortent les meilleurs textes.

Les Républicains constituent le principal groupe de la majorité sénatoriale actuelle. Le 24 septembre, il doit le rester. C’est le meilleur message que l’on puisse envoyer à l’exécutif.

 


REVUE DE RENTREE

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Incorrigible Narcisse.

Il veut refonder l’Europe ! Rien que ça. Pourquoi pas,  après tout ? Mais pour l’annoncer, quelle mise en scène ! Vous n’avez pas pu louper les images. Macron s'est exprimé sur la colline de la Pnyx, avec l'Acropole en toile de fond et le soleil couchant dans le dos. Si vous ne le savez pas, ici, c’est le berceau de la démocratie, là que se situait « l’agora ». Voilà pour les symboles. Théâtralisation de l'évènement comme il l'affectionne, et envolées lyriques pour parler de l'avenir de l'Europe et … de sa « refondation ». Evidemment, il fallait le faire de « Là où tout a commencé ». Souveraineté européenne, réformes institutionnelles, gouvernance et budget de la zone euro : il a esquissé, longuement, très longuement, les axes de réflexion ; il a promis de nous donner tous les détails de la feuille de route après l'élection d'Angela Merkel. Je ne sais pas si vous avez aimé sa prestation, mais ce qui est certain c’est que lui, il s'est beaucoup aimé !

Calmels, Pécresse, même combat.

Elles veulent toutes les deux l’unité de la famille. Elles veulent toutes les deux rester et oeuvrer au rassemblement. Mais l’une a choisi d’agir en soutenant Wauquiez, avec son mouvement « droite lib’ » tout en restant dans la ligne Juppé, l’autre préfère fonder son propre mouvement au sein des Républicains, « Libres »,  pour mieux  marquer sa défiance à l’égard du même Wauquiez.  Le « Rassemblement » est un combat, qui pourrait en douter. Mais pour l’instant, malgré les précautions de langage, c’est l’impression de dispersion qui domine. Et puis, il vaudrait mieux que certains arrêtent de jeter des anathèmes, car ils risquent d’insulter l’avenir. Deux femmes de talent… complémentaires ? On aimerait !

Les constructifs sur le sable normand.

Solère, Riester à Trouville, c’est un gag ! (bon d’accord, c’est du niveau Hanouna). Certains voudraient bien affirmer leur indépendance en fondant un nouveau parti. C’est là que Solère devient franchement lunaire. Croire que Lagarde pourrait abandonner son siège de patron de l’UDI, au profit d’un destin incertain, c’est comme pisser dans un violon pour le faire chanter. D’accord sur pas grand-chose entre eux, déçus de la place illisible qu’ils occupent dans la « macronie », ils avaient surtout le blues. Dur, dur d’exister quand on ne sert à rien. Il n’est donc rien sorti de leur séminaire.

France-Allemagne : le gouffre qui les sépare !

Selon une étude COE-Rexecode, l'écart des prélèvements obligatoires, impôts et taxes, entre la France et l'Allemagne est très élevé : en 2015, ils représentaient 45,9% du PIB en France contre 38,8% en Allemagne. On parle tout de même de 185 milliards d'euros par an !  Et ça ne s’est pas amélioré depuis. Y du « bulot ! » dirait Johnny.

Pitoyable Collomb !

C’est certain, il  ne sait pas où est l’Amérique. Rien à voir avec l’illustre découvreur du même nom.  Devant l’avalanche de critiques qu’a suscité la lenteur de l’acheminement des forces pour sécuriser une île en proie au pillage, Saint-Martin, après le passage d’Irma, alors que c’était hautement prévisible d’après ceux qui connaissent le contexte de l’île, le Ministre de l’Intérieur s’est livré à un exercice d’autojustification qui en dit long sur l’impréparation du gouvernement. Pathétique ! Parler, en haut lieu, on sait faire. On ne sait faire que ça. Et augmenter les impôts !...  Une pensée pour les îliens durement éprouvés.

Marine à la rame.

Rentrée tristounette sous un ciel peu complaisant pour la patronne du Front, à  Brachay, devant un groupe bien maigre d’auditeurs. Discours alambiqué sur la  « refondation » (oui, là aussi)  et sourires crispés avec le trouble-fête Philippot. Même à TF1 : aucune annonce significative qui marquerait la rentrée. Elle est en panne. Le parti souffre d’une guerre interne qui vise évidemment la ligne Philippot  et ceux qui le soutiennent. Le Front  est bel  et bien fracturé.  Cerise sur le gâteau, le bras droit (sur le départ ?) a fondé son parti dans le  parti avec « Les Patriotes ».  Ce qui est interdit par les statuts. Mélenchon a donc le champ libre sur le terrain de  la surenchère extrémiste.

 


LOI TRAVAIL, PAS UNE RÉVOLUTION MAIS ON AVANCE…

Code du travail

 

Une réforme  encore incomplète,  mais une réforme !

Et c'est déjà appréciable. Dans les cinq ordonnances modifiant le Code du Travail, une quarantaine de mesures devraient simplifier la vie des entreprises et en particulier celles des TPE et des PME. C'est ça la bonne nouvelle.

Ce qu’il faut retenir.

En deux mots voici les grands axes : fusion des instances représentatives du personnel en un « comité social et économique » pour les entreprises de plus de 50 salariés ; négociation directe dans les entreprises de moins de 50 personnes avec un délégué du personnel, dans les entreprises de moins de 20 personnes, négociation directe avec les salariés avec referendum au deux tiers ; plancher mais surtout plafond des indemnités pour licenciement abusif avec en contrepartie une augmentation de 25% des indemnités légales de licenciement ; pour une entreprise multinationale, la justification d'un licenciement économique se fera sur la base des résultats en France. Ce n’est pas la « révolution copernicienne » promise par Emmanuel Macron, mais c’est une rénovation utile du droit du travail. Jusque-là ultraprotecteur pour le salarié, le marché du travail, en France, ne va donc pas subitement devenir une jungle livrée à la loi du chef d’entreprise… Vouloir plafonner le montant des indemnités prud’homales à des niveaux conformes à la jurisprudence, autoriser les petites entreprises à négocier avec leurs salariés en l’absence de représentant du personnel, permettre des ruptures conventionnelles collectives, voilà qui ne suffit pas à casser le modèle social français,  d’autant qu’il sera toujours possible d’aller devant le juge en cas d’atteinte aux droits fondamentaux. Cette réinitialisation du Code du travail est d’une tout autre ampleur que les petites « mises à jour » qu’avaient été la loi Bertrand de 2008 et la loi El Khomri de 2016, lesquelles, rappelons-le, avaient donné plus de pouvoir à l’entreprise pour renégocier l’organisation du travail.

On est encore loin d’une réforme  libérale.

Mais on commence à décorseter vraiment les entreprises de l’économie administrée. Notre Code anti-travail devient enfin plus neutre. Assouplir la réglementation sociale, rééquilibrer les droits en faveur du chef d’entreprise et alléger le livre rouge à l’obésité légendaire : voilà trois conditions favorables à la création d’emplois qui sont réunies dans cette réforme. En ramenant la négociation des primes collectives au niveau de l’entreprise, en délimitant à l’échelle nationale les difficultés pouvant motiver un licenciement économique dans une multinationale, le gouvernement apporte une flexibilité qui pourrait être payante à moyen terme pour la relocalisation de l’emploi en France. On y trouve aussi des mesures de bon sens comme la fusion des instances représentatives du personnel, ou de simple justice comme ce ticket modérateur que les comités d’entreprise devront maintenant débourser lorsqu’ils engagent des expertises jusqu’à présent payées par l’entreprise. Le balancier revient dans le camp de l’entreprise, timidement, mais sans réduire les droits des salariés. Là est probablement toute l’habileté de cette réforme menée par l’ancienne DRH qu’est Muriel Pénicaud. La principale barrière à l’emploi qu’est le Code du Travail est en train de tomber. Il  en faudra  plus pour qu’elle ait des répercussions sur le chômage. On reste encore largement dans une économie  « administrée » tant que les  niveaux de prélèvements et  les textes plus contraignants que chez nos voisins seront en vigueur, comme  ceux sur la  « pénibilité ». Et il faudra aussi agir sur les autres plaies qui pèsent sur l’emploi : le manque de main d’œuvre qualifiée et le niveau des charges. C’est aussi le carnet de commandes rempli qui fait le résultat.

Des réactions modérées.

La CGT grogne comme d’habitude et va sortir son arme ultime : les cheminots. La CFDT dit qu'elle est un peu déçue : il faut bien se démarquer du politique. Curieusement, FO semble satisfaite, ce qui n'est pas rien ; mais curieusement aussi, au même moment Stéphane Lardy, chargé de l’emploi et de la formation professionnelle à FO pendant neuf ans, devient directeur adjoint du cabinet de Muriel Pénicaud. Corrélation ? Décrit comme « un réformiste convaincu », membre du Parti socialiste, il sera en charge de la formation professionnelle, grand chantier que souhaite ouvrir Emmanuel Macron, et de la pénibilité.  Quant à elle, la France Insoumise dénonce une agression contre le Code du Travail, et continue à vouloir utiliser  la rue… Ce qui reste du Parti Socialiste veut se battre (no comment). La droite en toute  logique reconnaît que cette réforme est une avancée même si elle émet quelques critiques, ce qui est normal. Au pouvoir, elle aurait certainement fait différemment et serait allée plus loin, notamment sur les fameux « seuils ». Les "constructifs" n'ont rien dit de plus : preuve qu'ils ne servent à rien.

Il faut  maintenant attendre la dernière étape : rendez-vous le 22 septembre.

 

 


SENATORIALES A L’ANGEVINE

Soupe angevine
 

 

Une personnalité avait coutume de dire que les Angevins étaient les « Chinois de l’Europe ». A voir comment les Sénatoriales se profilent dans notre département on a bien  l’impression que cette approche se vérifie. Plus compliqué, tu meurs ! Mais ça me rappelle  aussi ce que disait un ancien maire d’Angers dont j’étais proche : « En Anjou, on assassine derrière les tentures ! ». C’est à qui fera sa liste pour dynamiter celle du copain. On a beau avoir affaire à des « grands électeurs », il va bientôt falloir leur fournir un guide illustré « de la sénatoriale en Maine-et-Loire » pour que chacun puisse s’y retrouver dans un capharnaüm où un cochon ne retrouverait pas ses petits. Va-t-il y avoir plus de candidats que de grands électeurs ?

Zizanie à gauche.

A gauche entre ceux qui sont partis chez En Marche, qui doivent composer avec la nomination de  Emmanuel Capus et qui l’ont en travers comme Stella Dupont, et ceux qui contestent la nomination par le national de la tête de liste PS, Sophie Foucher-Maillard, comme Joël Bigot « macronpatible » (c’est la mode) qui entendait bien la mener lui aussi, ce serait comme qui dirait « la zizanie »… On compte s’en remettre au vote local des militants (s’il en reste) pour trancher. Encore que deux listes, ce ne soit pas exclu.

Du côté de la Majorité présidentielle,  ça remue aussi.

On a d’abord la liste officielle emmenée par Emmanuel Capus qu’il  présente aujourd’hui comme inédite. Pour sûr, elle l’est doublement. En premier par ses deux investitures successives puisqu’il avait demandé et obtenu l’investiture LR, le 5 juillet, pour ensuite se raviser, et par on ne sait quelle opération du Saint-Esprit, accepter dix jours après la tête de liste de LREM. Le plus fort, c’est qu’il ose encore revendiquer son appartenance aux Républicains après ce manque de loyauté. Chacun appréciera. En second, curieusement, il se présente à la tête d’une liste de quatre membres alors qu’il en faut six : aurait-il du mal à boucler ? Côté argumentaire, avec ses colistiers venus d’ailleurs, il prétend se situer au-delà des clivages, c’est-à-dire quelque part dans l’éther : nulle part, quoi ! Si lui « ne souhaite pas l’échec de Macron »  sa numéro deux, Marie-Claire Starel, préfère parler « de la réussite du Président » : on appréciera la nuance, pour avancer ensuite une raison commune bien piètre (une scie qui tourne en boucle chez les « constructifs ») : « sinon on aura la prochaine fois Le Pen-Mélenchon »…. Et en plus, ils ont une boule de  cristal ! Mais ça évite de parler des vrais sujets comme la réduction des dotations aux collectivités locales. Quant à se targuer de l’originalité d’une liste chabada, c’est tout bonnement imposé par la loi ! On ne peut que souhaiter à M. Capus une belle veste pour l’automne qui s’annonce tempêtueux.

Car il a dans les pattes une liste dissidente de militants authentiques (eux) d’en Marche menée par le Maire de Saint-Mathurin, Jean-Charles Prono, et l’adjointe au Maire d’Angers, Françoise Le Goff : une liste du centre et des territoires ruraux qui a le goût d’En Marche, la couleur d’En Marche, mais n’est pas (officiellement) En Marche ! Vous suivez ? Ce sont les grands électeurs d’Angers qui ne vont pas savoir à quel saint se vouer !

Pléthore en vue au centre.

Au centre,  je n’entre pas dans le détail : c’est pléthore. Je savais l’Anjou centriste, mais à ce point-là, je n’imaginais  pas …  Il y aurait au moins trois listes : une avec Gilles Leroy, une avec Frédéric Mortier (ceux-ci n’ont pas confirmé). Je plains sincèrement Isabelle Leroy qui mène sa liste UDI et qui a légitimité à mener ce combat pour le Sénat.

Heureusement, dans tout ce méli-mélo, émerge la liste de Catherine Deroche.

Composée de six élus expérimentés et représentatifs des territoires du département,  elle est la seule qui corresponde réellement aux impératifs de sérieux que réclament la haute assemblée : expérience d’abord, compétence ensuite. Avec deux plus : des convictions qui ne varient pas au gré du vent, et une ouverture d’esprit qu’impose la logique du travail sénatorial.  Sénatrice sortante, Catherine Deroche peut mettre en avant sa maîtrise du travail législatif et son expertise des dossiers de nos collectivités. Cela mérite bien deux sièges ! On aura l’occasion de revenir sur ses colistiers et sur son programme.

Vous comprenez maintenant pourquoi c’est dans notre département qu’a été inventée la « soupe angevine ».

 


CE CHER ET VIEUX PAYS !

Gaulois 2ème tour

 

On ne fait pas prendre des vessies pour des lanternes aux Français.

Ce vieux peuple, pétri d’Histoire, ne se livre pas aux pieds du premier venu, fût-il issu du suffrage universel. Il  connait la règle : quelles qu’aient été les conditions du scrutin, celui qui est élu, est élu. Il  n’en garde pas moins sa capacité de discernement et de résistance. Profondément démocrate, je le crois, il est capable de dénoncer rapidement tout ce qui lui parait excès d’autorité.  Eminemment politique, il  est à l’affût de toutes les supercheries électorales, des  promesses non tenues et des rendez-vous « peau de lapin ». On ne la lui fait pas ! Plus de deux siècles après la monarchie absolue, il n’est pas né celui qui, comme par magie, ferait disparaître les clivages qui animent les débats, façonnent les clans pour ne pas  dire les « familles » et se fondent sur une histoire politique et sociale, souvent très ancienne. C’est toute une culture dont il est imprégné. Chassez  le naturel, il  revient au galop.  Un instant le camelot peut brouiller les  pistes. Un instant seulement. Un instant, le Français peut se laisser séduire par un verbe, une image,  mais un instant seulement, si le fond  se révèle en désaccord avec l’image trop convenue ou une parole trop creuse. Rien de redoutable dans tout cela. Simplement, le peuple français est complexe comme aucun autre.

En France, et depuis bien longtemps, les partis n’ont pas bonne presse.

Prévus dans la Constitution pour concourir à l’organisation de la vie démocratique, ils sont, sauf période exceptionnelle d’engouement, anémiques en regard du potentiel électoral. Toutes tendances confondues. Les  Français traitent leurs partis comme leurs syndicats : ils adhèrent peu et sont méfiants. Cela n’empêche pas les partis d’être la référence de courants de pensées qui orientent ensuite les votes. Mais les Français fuient par-dessus tout l’embrigadement.  Seul le noyau dur des électorats captifs milite. On s’étonnera ensuite de l’inadéquation de leurs positions avec la base des électeurs inscrits. Le consensus est donc rare et difficile à obtenir. Les périodes de mutations et de crises comme  celles que nous avons connues récemment et vivons encore aujourd’hui accentuent le sentiment d’impuissance à régler les problèmes. L’inculture générale des médiateurs, les élites technocratiques sans autre culte que celui de l’Etat, les prêches  des  uns et  des autres le plus souvent pour des remèdes diamétralement opposés, la permanence d’un personnel politique qui donne le sentiment de privilégier la carrière au bien commun, … les facteurs ne  manquent pas qui ont pu conduire à ce que l’on appelle le « dégagisme ». Mais chassons le naturel, il revient au galop. Chacun a vite fait de revenir à son ancrage naturel, par confort intellectuel. Alors ni droite, ni gauche, ça conduit au mieux à des acteurs qui vivent ensemble mais se regardent en chien de faïence, au pire à une action qui tire à hue et à dia. C’est ce qui se passe dans les cabinets ministériels en ce moment. Mais une fois le bruit et la fureur retombés, les clivages reprennent leur territoire, inéluctablement. Les partis peuvent mourir, les courants de pensées, jamais (J’ai l’impression de me répéter).

Non, la  France n’est pas un pays redoutable.

C’est la situation qui l’est. Contrairement à Nicolas Sarkozy en 2007, Emmanuel Macron est un président « mal élu ». Dès le premier tour, il faut franchir le seuil des 30% pour avoir des  marges de manoeuvre et rassembler largement au second tour.  Avec seulement 24%,  le socle n’est pas suffisant. C’est la confrontation avec Marine Le Pen qui a permis le score du second tour mais avec  un taux d’abstention qui en dit long sur la réticence et l’embarras que suscitait le choix proposé. Les législatives ont aggravé encore le constat : avec plus de 50% d’abstentions, les Français ont manifesté non leur désintérêt, mais leur méfiance tout en souhaitant laisser une chance à l’élu de la présidentielle. Une position d’attente qui décante aujourd’hui. Il ne faut donc pas s’étonner si le fossé entre les ambitions de changements du Président et les attentes des Français s’est creusé, et s’ils expriment maintenant une résistance tranquille (pour l’instant) au vu des premiers mois de pouvoir. Emmanuel Macron s’est comporté en béotien et a pratiqué ce que les Français détestent le plus : l’image pour l’image et l’autoritarisme arrogant, qui font de lui un personnage superficiel. A lui d’apprendre, et  vite !

Notre responsabilité est collective.

Son impopularité a pu surprendre ses partisans, mais elle est logique. Pas de base suffisamment large au départ, et accroissement du scepticisme. Toute comparaison avec les présidents précédents est inutile. Chaque mandat démarre avec un contexte et des spécificités différentes. On retiendra seulement que la dégringolade n’aura jamais été aussi rapide. Quel  paradoxe : on a cru que les  Français  avaient été capables de cet exploit de mettre au pouvoir le représentant « jailli de nulle part » d’une nouvelle génération, surprenant par cette audace le monde entier aussitôt tombé en pâmoison par médias interposés, et ces mêmes Français sitôt la séquence électorale retombée, de reprendre leurs habitudes…  Comme si tout cela s’était fait sans eux !  Ce qui est un peu la réalité. Il ne sert donc à rien de crier « haro sur le baudet », nous sommes tous responsables de cette situation : la classe politique et ses petits meurtres entre camarades, les médias qui nous ont vendu à longueur d’antennes et de unes le sauveur suprême, les élites et les intellectuels avec leur euphorie sans fondement, et le peuple lui-même en n’allant pas voter ce qui représente un bon paquet de Français !  Ce qui fait que le résultat n’a été en fait que le croisement du hasard et des circonstances, bien exploités, il est vrai par le vainqueur.  Tout aurait pu être différent : il s’en est fallu de quelques points tant les écarts à l’arrivée du premier tour étaient faibles entre les quatre premiers. Imaginons ce qui se serait passé dans d’autres cas de figure… Alors la chute de Macron vient de ce que la nouveauté n’est pas à la hauteur des espoirs qu’elle suscitait pour les uns, des décisions erratiques et contorsionnistes en matière de fiscalité  pour les autres. Comme dit Sarkozy, « ce qui n’est pas fait en juillet, il faut le faire en septembre » … On entre dans le dur.  Comme pour ses prédécesseurs, rien ne sera épargné à Emmanuel Macron. C’est la rentrée de tous les commencements, avec l’immobilisme à affronter,  les corporatismes à museler, la technostructure sûre d’elle à dépasser, la surenchère gauchiste et les élans de la rue à contenir fermement mais si possible sans casse … Il y en a pour cinq ans que ça nous plaise ou non. Cela nous oblige à faire sérieusement de la politique et à construire une opposition de  la  droite et du centre crédible.  Mais il ne sert à rien de se plaindre d’une situation pour laquelle notre responsabilité est engagée autant que celle de bien d’autres.

Comment Macron va-t-il empoigner la réalité ? Ce sera le sujet d’une autre chronique à venir. 

 

 


LA CRISE FINANCIERE EST TERMINEE. PAS SI SÛR !

Des-liasses-de-billets

 

Août 2007 : la  faillite de Lehman Brother déclenchait la plus violente crise que la planète financière ait connue, tant  les « subprimes » truffés de créances insolvables avaient inondé le  marché jusque dans les  moindres recoins de nos banques. Dix ans après où en est-on ? On a l’habitude de dire que  l’histoire ne se répète pas. Par  contre, les  mêmes causes entraînent toujours les mêmes effets. Dix  ans après, les  effets de cette violence secousse qui a touché le monde entier en bousculant toutes  les économies, ont en grande partie été digérés. La question qui hante les esprits  reste  pourtant : «  est-ce  qu’une  même crise peut se  reproduire ? »  Tentons d’y répondre sans entrer dans  le détail de ce que les spécialistes et les analystes observent.

Voyons les chiffres.

L’endettement mondial atteint un record de 217 000 milliards  de dollars, contre 142 000 milliards dix ans plus tôt. C’est 327% du PIB mondial ! La dette totale a  augmenté de 2 000 milliards de dollars aux Etats-Unis et dépasse 63 000  milliards à la fin du premier trimestre de cette  année.  Dans ce contexte, on sait que la France n’a pas fait mieux et ce qu’il en est de sa dette qui a continué de gonfler. Les marchés ont beau bien se porter, on ne  peut pas dire  que la  situation se soit totalement assainie.

D’abord  ce qui est rassurant.

Les banques se sont remises du choc de 2007,  sous la pression des autorités. Le risque systémique, grâce à un renforcement draconien des fonds propres, est devenu très faible.  Elles  ont mené de lourdes restructuration, notamment aux Etats-Unis et ont doublé leur capitalisation rapportée à leur risque financier. Les européennes n’ont pas  encore tout-à-fait  tourné la page, et certaines  traînent encore  des créances douteuses qui plombent leur bilan, en particulier en Italie. Mais le mécanisme de supervision unique est en  place et  prêt  à parer à toute éventualité. Les mécanismes de régulation initiés par le Comité de Bâle, ONU de la finance, avec  les  accords  Bâle 1 et Bâle 2, et les milliers de pages de réglementation, rendent presque impossible une faillite générale accompagnée d’un « bank run » (les gens se précipitent pour retirer leurs avoirs).

Ensuite, ce qui est inquiétant.

Les « subprimes ». Ils ont été à l’origine de la  crise de 2007 et n’ont pas disparu.  Au moins deux bulles  existent aux Etats-Unis sur les crédits automobiles, et sur les prêts étudiants. Les crédits aux ménages très peu solvables ont aussi explosé et pèsent 33% des crédits titrisés.

La titrisation.  Car autre  mauvaise nouvelle, la titrisation a continué aussi. Cette procédure qui consiste à noyer des actifs peu solvables dans des paquets de titres avait contribué à aggraver la crise des « subprimes » dont ils étaient les vecteurs. Tous les produits toxiques n’ont pas été éradiqués  et on en produit de nouveaux,  malgré 320 milliards de dollars d’amendes. En cause, les nouvelles contraintes en capital et la faiblesse des taux qui ont réduit les marges des banques et ont poussé celles-ci à délester leurs bilans en recourant à la titrisation. La chine suscite aussi des inquiétudes car les banques y recourent à des montages de titrisations complexes pour se débarrasser d’actifs toxiques. Une trentaine d’entre elles totaliserait 2 000 milliards de dollars de ce type de créance.

De nouvelles bulles sur les marchés. Elles gonflent avec le déversement d’une masse considérable de liquidités par la Fed,  la  banque du Japon, puis par la BCE, qui font flamber les prix des actifs.  Les indices boursiers ont bondi (265% pour le S&P).  La  plus grande menace est la sortie de la politique monétaire expansionniste, avec le risque d’un dégonflement brutal de la bulle  obligataire. La Fed a commencé. La BCE devrait y venir en 2018. Il faudrait ajouter au tableau la flambée de la  dette chinoise  consécutive à la forte hausse du prix de l’immobilier. Elle est aujourd’hui sous contrôle du gouvernement chinois, mais pour combien de temps ?

Le comité de Bâle est en panne. C’est le dernier signal négatif. La sortie définitive de la crise financière s’embourbe dans des jeux de défense d’intérêts nationaux et il ne parvient pas à boucler la négociation portant sur les montants des fonds propres que doit détenir une banque pour couvrir les risques (Bâle III).  La méfiance des Etats-Unis et la volonté de Trump de « déréguler » dans son pays ne sont  pas étrangères à cet enlisement,  alors que bien d’autres chantiers seraient à  mener (trucages sur les marchés des changes, non-respect des embargos  …)

Reste que rien n’a été fait pour tenter de réguler la finance de l’ombre. 

Les hedge funds, les  plates-formes de prêt  participatif,  les sociétés de gestion de patrimoine échappent à tout contrôle. Ce système parallèle représente le quart de la finance  mondiale. Un défi immense  pour  l’économie mondiale, car contrairement aux banques,  les prêts octroyés  par ces institutions ne sont pas garantis par le dépôt  des épargnants mais par l’argent que veulent bien leur consentir les investisseurs…  Cela les rend particulièrement vulnérable à la conjoncture.

Pour tout dire, dix ans après,  la finance mondiale vit et  danse de nouveau sur un volcan.  Nous ne sommes donc pas  à l’abri d’un nouvel  incendie, sauf que nos pompiers qui avaient été à l’oeuvre avec succès en 2007, la  Fed et la BCE, aujourd’hui  n’ont  plus d’eau car elles ont pratiquement épuisé leurs réserves !

Le  pire n’est pas toujours certain, heureusement ! Quoique ….

 


CELLE-LA, ELLE EST UN PEU FORTE !!

Hollande pit

 

En politique, on ne meurt jamais.

Surtout les méchants ! François Hollande, tel Rastapopoulos dans les aventure de Tintin ou Olrik dans Blake et Mortimer, vient de prouver qu’il était toujours vivant en attaquant, brusquement et brutalement, Emmanuel Macron, au sujet des réformes que le président actuel veut engager et que son prédécesseur, dans des propos qu’il a tenus au festival d’Angoulême, vient de juger dangereuses.

La vengeance est un plat qui se mange froid.

On pensait qu’il se ferait oublier. En fait il ruminait sa vengeance et attendait le moment propice pour compliquer la vie de son successeur. Il n’a pas cédé à un imprévisible accès de colère mais  plutôt à un irrépressible ressentiment qu’il a été incapable de contrôler. Il  voudrait tout simplement que les Français se félicitent de l’héritage qu’il a laissé et pour cela, rien de mieux, que de critiquer acidement Emmanuel Macron sur les réformes qu’il a entreprises. Il ne faut pas « demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles (…) Il ne faudrait pas flexibiliser le marché du travail au-delà de ce que nous avons fait, au risque de créer des ruptures. » Le message est clair, après le « temps de la récolte est venu », qui nous a fait sourire, pour se glorifier des bons chiffres du chômage. D’ailleurs le PS en a aussitôt rajouté une couche en prétendant que le « redressement est le produit des efforts des Français et des décisions que François Hollande et ses gouvernements ont prises pendant cinq ans ». Refaire le coup de l’héritage en espérant que les Français soient un peu oublieux de son caractère calamiteux ! Manque pas d’air !

Petit rappel.

Ce sont des déclarations qui mentent par omission, en restant indulgent. Le pingouin a quitté l’Elysée après avoir détruit au moins six cent mille emplois. Si l’économie française connait une embellie avec un retournement de tendance constaté depuis le début de l’année 2017, les deux résultent un  peu des timides réformes entreprises sous son mandat et beaucoup d’une amélioration de la conjoncture dans toute l’Europe, toutes politiques économiques confondues. Cela ne mérite pas qu’il massacre son ex-chouchou et, avec lui, l’espoir des quelques changements sans lesquels il sera impossible de relancer vraiment l’économie française. Le retrouver président de tous les frondeurs,  voilà qui est inattendu. Avec un but  précis : en distillant son poison il espère voir envahir les artères politiques et sociales du pays, si ce n’est la rue. Et au moment de la rentrée.  Machiavel dans toute sa splendeur !

Est-ce que ça va mieux ? Pas tant que ça !

L’économie française connait une embellie. Le sujet n’est pas  de savoir si on le doit à l’élection de Macron ou au bilan du mandat précédent, c’est hors sujet.  C’est  d’abord le résultat des efforts de nos partenaires, autrement plus conséquents que les nôtres, Espagne, Portugal, Allemagne et autres… qui portent aujourd’hui la croissance européenne et dont nous profitons évidemment, bien que nous n’ayons pas fait le nécessaire chez nous. C’est tellement vrai que ce que j’avance s’appuie sur deux observations imparables : la première, notre commerce extérieur reste dramatiquement déficitaire et ça s’aggrave, ce qui souligne notre incapacité à reconquérir des parts de marchés ; la  seconde, le niveau de production de notre industrie manufacturière n’a pas encore retrouvé celui d’avant 2007,  c’est tout dire ! Alors oui, le marché de l’emploi se porte un peu mieux,  mais les conjoncturistes restent très prudents. Le gouvernement ne voit lui qu’un point positif : la croissance sera un peu plus élevée ce qui lui facilite l’élaboration du budget 2018. Or, celui-ci prépare une ponction supplémentaire en impôts, ne serait-ce que la CSG, qui risque de nous faire retomber dans une spirale d’atonie économique. Car il  ne faut pas  escompter un regain de compétitivité de la réforme du code du travail, dont on voit bien qu’elle va accoucher d’une souris supplémentaire.

L’opposition de Hollande est une manœuvre politicienne d’orgueil.

Quand il demande au gouvernement de ne pas aller au-delà de ce qu’il a fait lui-même, il  considère que la réforme du travail menée par sa ministre de l’époque, Myriam El Khomri, serait suffisante. Rappelons-nous simplement qu’elle n’a pas créé un seul emploi. Et il faudrait que le pays s’en tienne à ce très mauvais résultat ? Ce que craint l’ancien président, c’est que la réforme, même édulcorée, finisse par passer, consacrant la défaite du PS sur tous les fronts et apportant à M. Macron une forme d’invincibilité. Et il n’est pas le seul, en France, à tenter d’empêcher le passage en force du projet. Avec les frondeurs, les Insoumis, les communistes, le Front national, les opposants sont nombreux. Et c’est dans ce camp-là que se situe François Hollande. En se souciant des salariés dont les acquis sociaux seraient menacés il oublie que c’est au détriment de six millions de chômeurs. S’il Souhaite que le pays change c’est à condition qu’on lui en accorde le mérite,  à lui, et à lui seul. De sorte que, ne trouvant pas dans le peuple ou chez ses partisans la ferveur qui ferait de son rôle personnel un moment historique, il se met à brandir triomphalement un « bilan » qui loin d’être le sien, est celui des aléas de l’économie. Voudrait-il faire accroire de la preuve d’une injustice commise à son égard, qu’il  ne s’y prendrait pas mieux alors qu’il faut voir dans son retrait l’aboutissement inéluctable d’un quinquennat fait d’à-coups, de scandales et de mortelles hésitations.

Un faux procès en libéralisme.

C’est bien une accusation sous-jacente quand Hollande parle de point de rupture à ne pas  dépasser.  Il faut être de gauche pour avoir décrypté déjà dans la politique du quinquennat précédent une inflexion libérale. Pas plus de libéralisme quand l’actuel propose d’assouplir le code du travail ou de réformer à la marge l’ISF. Tant que le pays restera à  57% de prélèvements obligatoires, il restera avec une économie collectivisée et administrée. Il faudrait baisser ces derniers de 10 points pour commencer à parler de politique libérale. On ne ferait alors que rejoindre l’Allemagne. Et ce n’est pas en demandant « un effort » supplémentaire aux retraités déjà maltraités sous Fillon et massacrés sous Ayrault et Valls, comme le réclame l’amnésique Le Maire, qu’on y parviendra.

On peut s’attendre à une vive réponse de Macron. Hollande en sonnant l’hallali, c’est tout simplement la curée de la rentrée qu’il précède. L’opposition protéiforme n’en demandait pas tant. Cependant, il pourrait bien avoir rendu service à son successeur à moins d’un mois des sénatoriales. Allez savoir ce qui se passe dans les têtes d’un pays troublé.

 

 


DESAMOUR ? NON, DECANTATION !

Macron le messie

 

Le chiffre est sans appel : 62 % ! Presque deux Français sur trois sont mécontents du Président de la République, seulement 100  jours après son élection. Un verdict dont il se passerait bien pour aborder une rentrée pour le moins  orageuse. Car les gros nuages noirs s’accumulent à l’horizon.

Une évolution logique !

La situation est très bien analysée par Jérôme Sainte-Marie à la lumière des enquêtes d’opinion menées par son institut. Une baisse confirmée par tous les sondages, et qui présente un caractère socialement diffus. Ainsi l’Ifop  a constaté une baisse de 18 points chez les fonctionnaires et dans le même temps les retraités manifestent massivement leur désapprobation de la hausse annoncée de la  CSG. L’insatisfaction est manifeste. La manière dont le chef d’état-major des armées a  été désavoué a pesé et la qualité très médiocre des débats à l’Assemblée doublée des péripéties interne au mouvement En Marche a  contribué à la dégradation globale de l’image du dispositif macronien. La  surinterprétation des bons sondages initiaux a contribué à masquer le premier revers politique essuyé par Macron, à savoir  le record d’abstentions aux  législatives, excédant la moitié des inscrits dès le premier tour. De là vient la fragilité qu’on constate aujourd’hui : personne n’a voulu voir la dichotomie entre l’hyperpuissance du Président au sommet de  la structure politique et l’étroitesse de son soutien à la base. Evidemment, cela ne retire rien à sa légitimité, mais cette situation devient dangereuse quand elle rend particulièrement visible la dimension par essence coercitive de l’appareil d’Etat au moment  où l’action gouvernementale doit se concentrer sur des réformes douloureuses.

Des erreurs impardonnables.

Dans les premières semaines, le nouveau président a  montré son aisance dans l’exercice du pouvoir, particulièrement sur les domaines régaliens. Et la formation de son premier gouvernement a été une belle démonstration de son savoir-faire politique en confirmant une cohérence : en confiant le poste de Premier Ministre et les  ministères en charge de l’économie et des  finances à des personnalités de droite, tout en attirant des figures de la gauche, du centre et de l’écologie, il a rendu concret son discours de rassemblement.  Au service de la  réforme ? Là est  la question ! Il y a eu deux bémols. Le  premier c’est la volonté d’une présidence « jupitérienne », avec la  volonté de tout contrôler, qui ravale « l’hyperprésidence » de Sarkozy au rang des accessoires pour garçonnet. Il  en ressort une discrétion étonnante du Premier Ministre dont on voit bien que, obligé de partager ses  conseillers avec  l’Elysée, il n’a aucune facilité  pour « mener la politique du gouvernement ». Les Français veulent de l’autorité, mais insérée dans un cadre républicain qui les protège des caprices du prince. Or, le comportement du Président commence à les inquiéter : en cause, par exemple, son discours humiliant pour le Général De Villiers qui a été une grave erreur. Les relations avec sa majorité transformée en armée de spadassins aux ordres en a été une autre. La débâcle des centristes obligés de quitter le bateau et l’affaire Ferrand ont fait le reste. La  promesse de renouveau et de rassemblement s’évanouit, faute aussi que soit accordée à ses soutiens une autonomie suffisante à l’égard de l’omnipotence présidentielle. Le second bémol, c’est le goût narcissique de la communication « maîtrisée ». Macron a mis en avant volontairement son individualité physique dans sa représentation politique, dont la photo officielle de sa présidence témoigne avec éloquence. Il  a  ensuite  multiplié les images : Macron en fauteuil roulant, Macron jouant au foot, Macron boxeur, Macron aviateur. On a l’impression d’une série du style « Martine à … ». Certes, la fonction présidentielle dont il  est imbu  implique un contact direct avec le peuple, qui doit s’accompagner d’un langage simple, des  objectifs clairs qui soient pour le  moins entendu des citoyens. Or, comme l’affirme Jacques Julliard, « nous ne savons toujours pas quelles sont les priorités du Président de la République, quels chemins on emprunte, lesquels on évite.  A la croisée des chemins, il n’y a plus d’en même temps, il y a un choix. » On l’a persuadé de communiquer.  Mais « communiquer » n’est pas un verbe intransitif.  Il faut dire quoi !  Sinon, la communication dans le vide, ça n’est que de la « réclame ». Macron n’explique pas quel  est son projet. Nous n’avons pas besoin de discours habiles, nous attendons un langage de vérité. On l’attend toujours.

Une  politique trop identique à la précédente.

J’ai envie de demander à Edouard Philippe : «  Mais qu’as-tu fait de ta droite ? » tant la politique qu’il mène ressemble  à celle de ses prédécesseurs immédiats. Et c’est inévitable quand on sait que derrière le rideau des officiants ministériels se cache toute la clique des technocrates de Pisani-Ferry. Comment peut-on changer de politique quand ce sont les mêmes qui sont à la manœuvre. Vous voulez des exemples. En voilà deux.

D’abord, La pratique du rabot. Il faut à tout prix tenir la promesse des 3% pour la fin de l’année, donc il faut faire des économies. L’héritage hollandais n’aide pas,  mais le gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé a choisi de recourir à la méthode du rabot  en mettant tous les ministères à contribution et en se gardant bien d’engager des économies  « structurelles » forcément plus douloureuses. D’où le problème de la réduction des crédits de la défense, fort mal venue en ces temps troublés et à la veille  du 14 juillet, qui plus est ! C’est au nom du même rabot  qu’on a lancé  la réduction de 5€ sur les  APL des étudiants,  avant d’y renoncer devant la  levée de boucliers.  

En second, le  recours à l’impôt où l’Etat fait  preuve d’une imagination machiavélique. Il  n’a rien trouvé de mieux que d’imaginer une surtaxe de 2 milliards d’euros/an pour financer les pertes sur les contentieux fiscaux (6 milliards), en augmentant sur trois ans la C3S des grands groupes, impôt antiéconomique s’il en est puisqu’il frappe le chiffre d’affaire. Autrement dit il veut faire payer aux entreprises les contentieux qu’elles ont  gagné contre lui, par la faute d’une loi mal boutiquée sur les dividendes qu’il va être obligé de supprimer. Il sera, en effet, obligé de rembourser les  milliers d’entreprises qui ont contesté le paiement de cette taxe. Donc,  le condamné veut faire payer le prix de sa faute à  la victime.  On ne peut pas  faire  plus immoral.  Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle  pour les entreprises,  puisque,  par  la grâce hulotesque, la taxe carbone devrait être fixée à 44€ la tonne dès 2018 contre 39€ initialement prévus. On ne me fera pas croire que trouver de vraies économies était impossible !

Décantation.

La dépense on sait  où on peut la réduire, mais il faut un sacré courage pour aller chercher les réductions que ce soit dans la bureaucratie ou dans  la générosité parfois abusive de notre système de protection. Alors reste, comme dit Marc Dugain dans les  Echos, la tradition rad-soc qui recommande de ponctionner la classe moyenne.  Comme les  plus aisés de celle-ci se sont mis à l’abri, on commence à toucher l’os. Le constat est là : on a bien un gouvernement rad-soc.  Pas de  changement ! Pourtant, les Français étaient prêts à se laisser séduire. Il  y avait au centre et chez les Républicains un potentiel prêt à suivre le Président. Or le nouveau pouvoir dilapide tous les atouts dont il disposait. On ne manipule pas aisément un vieux peuple retors et versatile comme les Français. En fait de recomposition politique, après décantation, on s’aperçoit que la droite reste la droite et la gauche, itou, même quand elle se déguise. Reste que l’opposition de la France insoumise ajoute une note radicale très dangereuse à gauche  et que les enjeux identitaires au premier rang desquels la question migratoire, pourraient bien permettre une renaissance du FN si  la droite républicaine ne s’en empare pas.

Voilà une rentrée périlleuse à tous égards.

 

 


COUACS ET COIN-COIN

Bagarre_village_gaulois

 

Les réformes n’avancent pas comme le gouvernement aurait voulu. La confusion qui a régné au parlement ces dernières semaines n’a pas aidé et même si l’action politique n’est pas remise en cause, elle se mesure à l’aune d’une baisse de popularité vertigineuse de l’exécutif.

Couacs à l’Assemblée.

L’entreprise réformiste du gouvernement est largement mise  à mal par les inconsistances, les erreurs de procédure et d’arbitrage et « l’apprentissage » lent et chaotique des nouveaux députés dégagistes macroniens. La grogne n’en est que plus sensible dans le pays comme  en témoigne les reculs sur la baisse de 5€ de l’allocation logement ou sur la volonté de doter  la  1ère dame d’un « statut ». La polémique avec  le Général de Villiers a nui gravement à l’image du Président  de la  République qui comble de maladresse a cru bien faire de se déguiser en Buck Dany pour aller sur la base d’Istres pour tenter de rétablir une autorité écormée.

Du retard dans la programmation.

Le  projet de  loi Travail qui vient de faire l’objet d’un accord entre les deux assemblées  a pris beaucoup de retard et ne sera  pas complètement en place à la rentrée comme il aurait mieux valu. C’est vrai que le dossier est d’une complexité inextricable et il peut encore produire des rebellions violentes et des manifestations  monstres comme l’espère bien l’Insoumis Mélenchon. Certes une forme de consensus a émergé du parlement, ce qui montre que les Républicains sont constructifs et donc que les « constructifs » font une sécession inutile. C’est le volet négociation avec les syndicats qui s’éternise et la Ministre du travail fait tout son possible pour que le  projet ne soit pas trop édulcoré. Il y aura toujours une forte opposition à un projet de loi qui brise plus d’un tabou et remet en cause les acquis sociaux. Elle existe et s’exprime à l’Assemblée tous les jours ; elle constitue le coeur de la revendication syndicale. Mais les atermoiements de l’exécutif ouvre un espace de contestation qui n’existait pas il y a deux mois. Certains croient désormais possible de rendre impossible cette réforme  bien que l’opinion générale sente, qu’au fond, il est temps de moderniser le pays. Septembre pourrait bien voir fleurir des mouvements du même  genre que celui des « bonnets rouges ».

Le Canard fait « coin-coin ».

Le coup de grâce pourrait venir de la Justice. Au moment où l'ancien Garde des Sceaux, Michel Mercier renonce à entrer au Conseil constitutionnel où il a été nommé (décidément le ministère de la justice ne réussit pas au Modem), après les sorties de Bayrou, De Sarnez, Ferrand du gouvernement, c’est Muriel Pénicaud qui semble être dans le viseur. On notera au passage que la  Cour des comptes  peut  raconter ce qu’elle veut sans que rien ne bouge. Par contre il suffit que le Canard fasse « coin-coin » pour qu’aussitôt des procédures soient engagées. Or il se trouve que notre ministre des Affaires sociales fait l’objet de soupçons divers qui menacent de plus en plus sa présence au sein du gouvernement. Elle résiste, mais  pour combien de temps ? On lui reproche d’avoir organisé, alors qu’elle dirigeait « Business France », un organisme qui promeut l’image commerciale du pays, une visite d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, à Las Vegas : visite qui a coûté cher (près de 400 000 euros), alors que le voyage du ministre n’a fait l’objet d’aucun appel d’offres. L’affaire est loin d’être close. Ensuite, « l’Humanité » a révélé que la même Mme Pénicaud, ancienne directrice des ressources humaines chez Danone, a vendu des actions de son entreprise, ce qui lui aurait rapporté un million d’euros en plus-value. A l’époque, elle n’était ni élue, ni nommée à un poste de l’exécutif. Elle n’a fait que ce que d’autres cadres supérieurs de Danone ont fait : la vente des actions était parfaitement légale. Il n’empêche, l’atteinte à l’image de la Ministre est réelle dans un pays où il est interdit de gagner de l’argent, surtout comme ça !

Le gouvernement joue gros.

Ni le président, ni le Premier ministre ne semblent désireux de la remplacer, en plein débat sur la loi travail, par une autre personnalité. D’abord  parce qu’on ne peut pas nier que la ministre des Affaires sociales est compétente dans son domaine et sait dialoguer avec les syndicats.  L’effet de son départ serait désastreux. Mais sa réputation est désormais entachée : un cadre qui s’enrichit par le biais de la Bourse, c’est déjà mal  vu, mais quand en plus on apprend qu’elle a vendu ses parts quelque temps après un plan social qui a permis à la valeur de l’action Danone de remonter, on n’empêchera  pas certains de crier au délit d’initié. « Voyeurisme » dit-elle pour se défendre. Argument bien faible quand on connait le délire égalitaire de ceux qui vont crier au loup sur tous les articles de sa loi. Il n’empêche une mise en examen sur l’affaire  « Bussiness France »  n’est pas impossible et pourrait intervenir dès septembre avec l’obligation pour elle de démissionner. On imagine les dégâts si, à cause de toute cette esbroufe, la réforme qui est la clé de voûte du programme Macron,  échouait ! Déjà que l’exécutif qui nous gouverne et sa majorité  parlementaire sont assis sur un socle électoral très étroit, ils pourraient bien ne pas s’en remettre.

L'inquiétante dégradation du commerce extérieur. 

Ce serait d’autant plus malvenu qu’un nuage inquiétant obscurcit le ciel jusque-là plutôt dégagé de notre économie : le déficit commercial de la France continue de se dégrader, et aucune embellie n'est prévue sur l'année 2017. Selon les chiffres publiés par les Douanes, le déficit commercial s'est élevé à 4,7 milliards d'euros en juin dernier, contre 4,4 au mois de mai. Sur douze mois, il s'envole à 59,8 milliards d'euros, contre 50,2 milliards sur la même période l'an dernier. Cette flambée s'explique en partie par la facture énergétique, mais elle est aussi due à des faiblesses bien connues : le manque de compétitivité des produits « made in France » et le trop faible nombre d'entreprises exportatrices.  Comme quoi « l’effet Macron » a ses limites ! Un pays qui perd  de l’argent à l’export ne peut pas s’enrichir…