LES NOUVEAUX TEMPS MODERNES.
28 septembre 2017
Tout l’art de Macron c’est de faire faire par des gens de droite, une politique de gauche. Comme enfumage machiavélique on ne fait pas mieux, et « en même temps » Le Maire et Darmanin en redemande ! Un seul exemple : augmenter un impôt (la CSG) pour le redistribuer en pouvoir d’achat est typiquement une relance keynésienne de gauche. En plus c’est une mauvaise relance de la croissance, puisque, « en même temps », elle contribue à creuser notre déficit commercial : on sait que sur 100€ de pourvoir d’achat supplémentaire, 70€ vont à des produits importés hors d’Europe. Ce n’est pas pour rien que les finances ont été confiées à des gens issus de la droite : un piège à double détente, qui les conduit à promouvoir une politique qui n’est pas la leur et qui, si elle ne donne pas les résultats, retombera sur la droite toute entière.
Un bonneteau à 50 milliards.
Dans le même genre on a un autre tour de magie macronienne : on emprunte pour faire des économies ! Ainsi Edouard Philippe a dévoilé le grand plan d'investissement promis par le président de la République et élaboré par Jean Pisani-Ferry. Un plan quinquennal dans la plus pure tradition de « l’économie administrée ». 57 milliards d'euros seront déployés sur cinq ans, avec pour priorités la transition écologique, la formation, ou encore la transformation numérique de l'Etat. On investit dans du fonctionnement comme les 15 milliards d'euros pour la formation professionnelle ! Mais alors que le gouvernement a prévu 16 milliards d'euros d'économies dans le budget 2018, où l'Etat va-t-il trouver cet argent ? Là, le tour de passe-passe budgétaire est habile car ce plan d'investissement ne doit peser que modérément sur les finances publiques. 10 milliards proviendraient de la dernière tranche du programme d'investissement d'avenir, des crédits seraient redéployés à hauteur de 12 milliards d'euros et 24 milliards d'euros seraient des nouvelles dotations budgétaires et enfin, 10 milliards d'euros seraient empruntés auprès de la Caisse des dépôts et consignations.
Un budget « et en même temps »
Donc un plan d'investissement de 57 milliards d'euros sur le quinquennat d'un côté, un déficit budgétaire en augmentation qui dépassera encore 80 milliards d'euros l'année prochaine, de l’autre. Est-il bien sérieux d'engager de telles dépenses publiques quand la France, déjà championne des pays riches en la matière, est à la merci d'une remontée des taux d'intérêt sur les marchés ? Les deux chiffres s'entrechoquent et interpellent non ? La dette publique atteint encore 96,8% de la richesse nationale et « en même temps » l’an prochain, l’Etat devra encore emprunter 195 milliards d’euros sur les marchés, un record depuis plus de 10 ans. Ne comptez pas sur Macron pour nous désendetter, ses copains banquiers n’ont pas financé sa campagne pour rien. Alors le budget présenté pour 2018 est dans le droit fil de ce balancement que le commun des mortels aura du mal à comprendre. Côté dépenses publiques, 15 milliards d’euros d’économies sont programmées et « en même temps », les budgets de la plupart des ministères vont augmenter à court terme, parfois fortement. La création d’une taxe unique de 30% sur les revenus du capital et la réforme de l’ISF d’un côté et « en même temps », de nombreux Français vont être exonérés de la taxe d’habitation, les salariés profiteront progressivement de baisses de cotisations, les minimas sociaux vont être revalorisés. On baisse les impôts de 7 milliards et « en même temps » on augmente la CSG qui rapporte 22,4 milliards. On favorise les investissements d’un côté avec la « flat tax à 30% » et « en même temps » toutes les mesures décidées sur l’immobilier sont propres à faire fuir les investisseurs, dans un pays où déjà on ne construit pas assez. Quand on sait de quel poids le secteur du bâtiment pèse sur l’emploi… Avec ça, cerise sur le gâteau, le déficit public doit être ramené à 2,6%, grâce à une conjoncture favorable. Mais c’est un trompe l’œil, il n’y a pas beaucoup d’effort : merci la croissance ! Eric Woerth a raison quand il dit que le gouvernement gâche cette opportunité. Comme sous Jospin, on cède à la tentation d’augmenter les dépenses, au lieu de rester sérieux, car les mesures de redressement restent conjoncturelles alors qu’il aurait fallu s’attaquer aux structurelles. Pour l’examen complet du budget, je vous recommande l’excellente interview d’Eric Woerth aux Echos.
Les nouveaux pédagogistes.
On a salué avec soulagement le départ de Michel Lussaut, Directeur des programmes de l’Education nationale, mis en place par l’inénarrable Vallaud-Belkacem. Il était le chef de file des pédagogistes à l’origine du jargon « educnat ». Ce que fait Blanquer n’est ni de droite, ni de gauche : c’est le retour à la raison. Il est réactionnaire au plein sens du terme, ça c’est vrai, car il fallait bien « réagir » au désastre. Mais on en n’a pas fini avec la novlangue. Les Macroniens ont remplacé les pédagos. Voilà pourquoi si vous lisez le budget 2018 avec des critères objectifs dits de « droite » ou de « gauche » vous avez tout faux. A entendre Aurore Berger, nouvelle adepte, « la droite et la gauche c’est dépassé ». Alors quand on les pousse dans les retranchements pour souligner les contradictions, on obtient toujours les « mêmes éléments de langage » : « on applique le programme », « on assume », « ça c’est le monde ancien », « le président tient ses promesses »… Chez ces gens-là, monsieur, on ne réforme pas, on "transforme" ! Nuance ! Donc la lecture selon le monde ancien ne permet pas de comprendre. En fait c’est une nouvelle langue de bois réservée aux « sachants ». Le problème c’est que l’initiation va être longue et périlleuse si on veut faire de chaque citoyen un « macronien converti ».
Commentaires