FIN DE PARTIE ET RETOUR SUR TERRE !
19 juin 2017
Ouf ! C’est fini.
Le marathon électoral est enfin terminé. Macron a sa majorité, large mais pas aussi écrasante que ce qui était annoncé : il y a bien eu un correctif du second tour. Mais à majorité absolue, responsabilité absolue. La préoccupation reste le taux inédit des abstentions qui font du Président de la République un colosse aux pieds d’argile. Il manque à cette victoire écrasante en apparence un atout et non des moindres : l’adhésion populaire. 66% des ouvriers et 61% des employés se sont abstenus au premier tour des législatives. Et le plus dur commence pour lui, avec un socle électoral étriqué : 24% des suffrages exprimés par 79% du corps électoral d’une part et 30% de 50% pour ses députés. Avec un groupe LR finalement pas si famélique, Mélenchon et Le Pen en embuscade, et un groupe « En Marche ! » à la cohésion incertaine, l’Assemblée ne va pas être un lieu de tout repos. Spectacle en vue … Bon à savoir : les chambres introuvables finissent toujours mal. Celle de 1815 fut dissoute par Louis XVIII un an après, celle de 1919 déboucha sur le Cartel des gauches, celle de 1968 n’empêcha pas le Général de perdre son referendum un an après et celle de 1993 fut dissoute par Jacques Chirac en 1997 avec le résultat que l’on sait … A bon entendeur !
C’est pas pire que si c’était moins bien !
Pour l’union de la droite et du centre le résultat n’est pas glorieux en perdant pas loin de 80 sièges sur la législature précédente. Mais avec près de 140 députés, le groupe sera suffisamment étoffé pour exister. La défaite n’est jamais déshonorante, ce qui l’est c’est le comportement qui suit. Il importe en effet que le parti ne sombre pas dans des querelles sybillines et sache préserver sa cohésion tout en prenant en compte les sensibilités qui le traversent. La trahison d’Edouard Philippe nous coûte cher : elle a créé la confusion et le désarroi parmi notre électorat. Ceux qui s’apprêtent à rallier le gouvernement feraient bien d’y réfléchir à deux fois. Macron a sa majorité, il n’a pas besoin de « supplétifs » pour gouverner. Il importe, dans le cadre d’une opposition constructive qui a toujours été la tradition de la droite, de ne rien lâcher sur nos convictions et nos valeurs, car après la marée basse revient toujours la marée haute. Il appartiendra au congrès de la fin de l’année de définir les axes du nécessaire ajustement que les leçons de la défaite nous imposent.
La désillusion suivra inexorablement l’engouement.
Le programme de Macron n’est pas suffisant pour redresser véritablement le pays. C’est une évidence. Sur bien des points il va se retrouver piégé : par le bilan du quinquennat qui vient de s’achever, par la fin programmée du financement « quantitatif » de la BCE et la remontée des taux, par les effets récessifs de l’augmentation de la CSG qui va prélever 20 milliards d’impôts, par le besoin de financement des retraites, sans parler de l’équilibre financier à trouver … avec une majorité de bric et de broc. Je continue de penser que le concept de « droite et de gauche » est un leurre. Les clivages ne tarderont pas à ressurgir au détour de quelque réforme que les uns ou les autres ne voudront pas assumer. Ce sont donc des résultats en demi-teinte, notamment sur le chômage auxquels il faut s’attendre, car le contexte actuel, s’il est porteur, ne durera pas forcément. Et comme Le Président a les « pleins pouvoirs », il est en première ligne et n’aura pas d’excuses.
La recomposition est une tartufferie.
Certes, le « dégagisme »a joué à plein après le quinquennat désastreux de Hollande. Celui-ci a entraîné dans sa chute une partie du monde politique, tel le judoka qui en s’effondrant entraîne son adversaire à terre. Si le PS est étrillé, c’est qu’il a été phagocyté par En Marche qui a recyclé une partie de ses idées et de ses cadres. Mais la droite a plutôt résisté même si la nouvelle génération (60% des candidats) n’a pas pu tirer son épingle d’un jeu largement pipé par la présidentielle et sa logique implacable. Ils n’en sont pas moins la relève. C’est dire si la « recomposition » est superficielle. Le clivage gauche-droite fait partie de notre histoire politique, on ne le gomme pas si facilement. Il est fondé sur des divergences culturelles inconciliables, même si des accommodements de gouvernance peuvent les cacher. La droite n’est pas soluble dans le macronisme, sauf pour quelques ambitieux en mal de maroquins qui font passer leur carrière et leur ambition personnelle avant leurs convictions. Et qu’ils ne viennent pas plaider l’intérêt du pays. Le fonctionnement de la démocratie exige au contraire le débat et les courants d’idées, pas l’uniformité.
Les devoirs des Républicains.
Ils ont d’abord un devoir d’opposition. Face à Mélenchon et Le Pen qui voudront se présenter comme les seuls opposants véritables, c’est le groupe LR qui a en charge l’opposition républicaine et l’espoir d’alternance qui viendra forcément un jour. Ils ont ensuite un devoir d’union : les élections ont mis à jour des fêlures que la défaite exacerbe. Oublier que le parti est traversé de sensibilités diverses et vouloir les réduire serait le condamner à rester l’opposition pendant deux décennies. On ne gagnera rien à réduire le socle sur lequel il est installé. C’est au contraire, en faisant appel à toutes les bonnes volontés et en tolérant les différences qu’on préparera sérieusement l’avenir. Et c’est le troisième devoir : celui de tirer les leçons de la séquence électorale qui vient de se terminer, digérer la défaite et réfléchir à un nouveau projet pour la France des années 2020.
UN GRAND MERCI à tous nos têtes pensantes LR d'en haut qui ont largement contribué à la défaite de FILLON puis des candidats députés. Le moment venu, il faudra mettre les choses sur la table sinon beaucoup de militants claqueront la porte,définitivement. L'humiliation a trop duré.
Rédigé par : Richard VIAU | 20 juin 2017 à 09:19