HISTOIRE
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AEROPORT DE NANTES : DU DENI AU SCANDALE

Aéroport de Nantes

 

Plus de six ans après l’abandon du projet de Notre-Dame des landes, dans les conditions que l’on sait entre démocratie bafouée et terrorisme activiste, l’aéroport de Nantes-Atlantique attend toujours sa modernisation tout en poursuivant sa croissance.

Un trafic en hausse continue.

Le gestionnaire Aéroport du Grand Ouest, filiale de Vinci annonce encore une croissance de son trafic depuis le début de l’année : plus 13%. L’aéroport devrait atteindre les 7 millions de passagers cette année, renouant avec le trafic de 2019, avant le Covid. Au cours des sept derniers mois, Nantes Atlantique a encore étoffé son offre avec 17 nouvelles lignes et propose aujourd’hui 92 destinations directes dont 75 à l’international. Elles couvent le bassin méditerranéen et depuis quelques temps, elles s’orientent vers l’Europe de l’Est et du Nord. Ce trafic est conforme à celui d’une métropole comme Nantes et irrigue une grande partie des voyageurs du grand ouest. On peut même imaginer que ce développement est freiné par les conditions d’accueil et de fonctionnement actuelles, plus proches de celles d’un aéroport de pays du Tiers monde que d’un Etat développé. Que les écologistes le veuillent ou non, cette croissance n’est pas près de s’arrêter.

De lourds travaux sont nécessaires.

Depuis l’arrêt du projet de construction du nouvel aéroport, la promesse de modernisation de l’actuel équipement n’a pas été tenue par l’Etat. Les bâtiments sont aujourd’hui obsolètes et ne permettent pas d’accueillir les voyageurs dans des conditions convenables. La vingtaine de compagnies qu’il héberge s’entassent dans des locaux exigus, les stationnements tant pour les voitures que pour les avions sont largement insuffisants, la piste d’atterrissage a besoin d’être entièrement rénovée … Le gestionnaire vient d’engager un ultime lifting de 26 millions d’euros sur 2024 et 2025 pour des travaux d’urgence et de filtrage. Un appel d’offre a été lancé pour renouveler en 2025 les commerces et les restaurants de l’aérogare, points faibles de la plate-forme. Il s’agit d’accompagner la croissance dans un aéroport qui a peu évolué.  Le processus de nomination d’un nouveau concessionnaire devant mener les lourds travaux de mise à niveau s’est enlisé. La publication du cahier des charges pour un nouveau contrat de concession n’est toujours pas faite et selon certains, elle pourrait être encre retardée jusqu’à après les élections municipales.

Les nuisances restent un problème majeur.

Une des raisons qui plaidaient pour Notre-Dame des Landes, c’est l’enclavement de Nantes-Atlantique dans l’agglomération nantaise et la limite imposée par le lace de Grandlieu. L’augmentation du nombre des vols, le survol de la ville à basse altitude est un scandale écologique permanent, à la fois par la pollution sonore et les particules fines produites par les réacteurs. Le plan de gêne sonore a dû être étendu et couvre 4 700 logements éligibles à des aménagements antibruit ce qui a entraîné une augmentation de la taxe sur les nuisances aériennes.  De plus, un couvre-feu est imposé aux compagnies entre minuit et 6 heures du matin et les élus plaident pour extension du créneau sans avions. Pour l’instant, les compagnies de transport ont trouvé la parade : si le trafic passagers augmente, le nombre des mouvements d’avions est tombé à 50 000 par an contre 63 000 en 2019. Les appareils sont plus gros et mieux remplis. Mais c’est un paramètre qui a ses limites face à une croissance continue. Il entrera en compte dans la question du plafonnement de l’aéroport qui reste à trancher. Une épine dans le pied, à coup sûr, pour la croissance de la métropole nantaise.

Un beau gâchis.

On ne remercie pas Edouard Philippe d’avoir cédé à Nicolas Hulot et aux activistes zadistes. La démocratie n’y a pas gagné, et la Région y perd beaucoup tous les jours.  Mais les écolos ne sont pas à ça près.

 

 


POUR UN GOUVERNEMENT DE SALUT PUBLIC

Comédie grecque

 

Au moment où l’économie française retrouve un peu de tonus, le rejet par le président de la République d’un gouvernement de gauche dirigé par Lucie Castets est une décision de bon sens, d’autant plus que la consultation avec les partis politiques a fait apparaître une unanimité contre un gouvernement du Nouveau Front populaire avec ou sans LFI. La censure aurait donc été automatique. On n'aura donc pas les mesures catastrophiques prévues dans leur programme qui auraient de toute façon été censurées. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, la hausse des impôts et des taxes est quasi inévitable car il y a gros à parier qu’un gouvernement sans vraie majorité ne fera aucun effort pour réduire les dépenses publiques. Mais la donne déprendra largement de la personnalité qui aura la lourde charge de prendre les rênes.

Répéter un mensonge n’en fait pas une vérité.

Les partis du Nouveau Front populaire proclament que le gouvernement doit leur revenir sous prétexte qu’ils sont arrivés en tête aux dernières législatives. Ils hurlent au déni démocratique et menacent, sans en avoir les moyens, de destituer le Président. Arrêtons le théâtre et refusons leurs diatribes accusatoires.  Ils n’ont qu’une majorité relative et combien de députés ont-ils, élus avec les voix de ceux qui ont voté pour battre le RN sans adhérer à leur programme ?  Refusons la mystification et la tentative de main mise sur le pouvoir. Retraites, impôts, dette…  leur programme propose ce qui a échoué partout et finirait de plonger la France dans un gouffre sans fond. Le refus de Macron les fait enrager et il faut craindre qu’il cherche à répandre le chaos dans la rue. Je suis persuadé que les Français ne sont pas prêts à suivre le Maduro français. 

Une personnalité expérimentée.

Un premier ministre de centre-droit apparaît comme la solution la plus raisonnable à la fois sur le plan économique et parlementaire. Il est important de nommer un personnage bénéficiant d’un vrai capital politique et qui maîtrise parfaitement les rouages du parlementarisme. Car désormais, c’est à l’Assemblée nationale que tout se joue. Dès lors que le RN a annoncé qu’il ne voterait pas systématiquement une motion de censure contre un gouvernement issu du « bloc central », le rôle du premier ministre doit être la recherche permanente de consensus les plus larges, donc utiliser la négociation et le dialogue et surtout le respect de toutes les convictions. La clé c’est donc un premier ministre de centre-droit moins susceptible que d’autres profils d’attirer sur lui une motion de censure qui impliquerait une alliance entre le RN et le NFP, ce que Marine Le Pen a dénoncé, d’entrée de jeu comme impossible.

Un profil qui n’attire pas les foudres du RN.

Je vois deux personnalités qui pourraient faire l’affaire. D’abord, Xavier Bertrand, dont le nom circule depuis le début de l’été. Il a de nombreux atouts : une expérience politique sérieuse résultante d’un parcours qui l’a mené à faire face à de multiples mandats et responsabilités, tant électives que ministérielles ; il entretient de bons rapports avec la gauche avec laquelle il a su établir des rapports de confiance dans un combat commun contre l’extrême-droite ; sa gestion de la Région des Hauts de France démontre, s’il en était besoin, ses compétences pour gérer les affaires de l’Etat. C’est à la fois un bon connaisseur des rouages parlementaires et ministériels. Un inconvénient néanmoins : son discours radical contre l’extrême-droite et son alliance avec le PS qui a accepté de se retirer en sa faveur pour lui   permettre de l’emporter à l’élection régionale, en a fait la bête noire du RN. Alors, j’ai un joker :  Jean-François Copé.  Le maire de Meaux a, à peu près, les mêmes caractéristiques que Xavier Bertrand mais serait peut-être moins rejetable par le RN. Les deux sont suffisamment en marge des LR pour ne pas gêner les ambitions d’un Wauquiez et donc s’attirer ses foudres. Il faudra pourtant que le parti accepte   de soutenir sans participer en tant que tel. Il est  déjà suffisamment discrédité par l’initiative d’Eric Ciotti, sans en rajouter en étant celui qui bloque tout initiative d’union à partir du bloc central.

Un gouvernement de salut public.

IL faut associer la gauche et le centre gauche qui souhaite s’affranchir de la tutelle de la France insoumise : Bernard Cazeneuve et Manuel Valls ont déjà fait savoir leur disponibilité, Karim Baouamrane, le maire de Saint-Ouen, plaide pour l’ouverture, Carole Delga souhaite une majorité élargie à gauche. Seul Olivier Faure campe sur son alliance avec Mélenchon. Dans un article retentissant Raphaël Glucksmann s’est positionné nettement pour le rejet de Mélenchon. Ces personnes de bonne volonté pourraient tout-à-fait participer à un gouvernement d’union nationale sur la  base d’un programme restreint et équilibré pour gérer le pays pendant l’année qui vient. J’imagine un Didier Migaud aux finances, un Manuel Valls à l’Intérieur côtoyant un Georges Fenech à la Justice et un Michel Barnier aux Affaires étrangères, tandis que Raphaël Glusckmann prendrait en charge les Affaires européennes, et Valérie Létard l’Education ou encore Bernard Cazeneuve la Défense… Je rêve évidemment. Mais pourquoi pas ? (J’ai distribué ces noms au hasard. Il existe plein d’autres  possibilités).

Un climat économique moins dégradé.

Ce genre de gouvernement pourrait faire passer quelques réformes en restant raisonnable pour tenir compte de notre situation financière dégradée. Il serait bien inspiré de profiter d’un climat des affaires plus favorable, qui voit l’industrie rebondir. Les services, le commerce de détail et même le bâtiment ne sont pas en reste. L’emploi reste par ailleurs bien orienté.  La baisse du prix du pétrole, une inflation plus modérée et un possible « effet JO » peuvent expliquer ce rebond.  Mais si l’incertitude politique se prolonge trop, il sera de courte durée.  Dans ce contexte, on aurait tort de faire la fine bouche, d’autant plus que la poursuite de l’assouplissement des politiques monétaires des banques centrales devrait se poursuivre et bénéficier notamment au secteur du bâtiment. Alors qu’est-ce qu’on attend pour jouer enfin en « équipe France » ! On va me dire : c’est faire le jeu de Macron. C’est oublier que le Premier  Ministre est responsable  devant l’Assemblée nationale ce qui en fait le maître du jeu.




UNE ALLIANCE DE CIRCONSTANCE S’IMPOSE.

Gaulois2

 

L’entêtement des députés de la Droite républicaine (LR) n’est plus de saison. Leur refus de toute coalition est non seulement ridicule au regard de leur nombre, mais une grave erreur d’analyse politique. Aujourd’hui l’urgence leur impose de s’associer aux autres députés du centre et de la droite modérée à l’Assemblée nationale pour mettre fin au mensonge du Front populaire qui veut faire croire qu’il a gagné les élections. Il s’agit de l’intérêt national. A moins qu’ils préfèrent laisser le champ libre à un gouvernement de gauche qui achèverait de ruiner la France et qui n’a aucune chance de durer.

Une alternative à Castets.

Au moment où le Président de la République invite les formations politiques et les présidents de groupes de l’Assemblée nationale à l’Elysée pour les consulter en vue de nommer un premier ministre, la priorité est de retirer toute légitimité à Mme Castets que le NFP aura dans ses bagages, en faisant la démonstration qu’une autre majorité relative plus nombreuse est possible. Ce que cette dernière propose, largement inspiré du programme de LFI et du NFP, serait un très mauvais signal envoyé à nos partenaires européens, et surtout aux financeurs de la dette française, alors que les taux se tendent. On ne voit pas comment, avec un tel projet, elle pourrait élargir vers le centre son assise parlementaire. C’est donc une impasse. D’autant plus que la gauche se déchire déjà avec la nouvelle provocation de Jean-Luc Mélenchon qui veut faire destituer le Président de la République.

Une alliance de circonstance.

Comme le Rassemblement national campe dans son superbe isolement et qu’une alliance avec lui est impossible, la seule alternative est un regroupement des élus modérés du centre gauche à la Droite républicaine. Il s’agit de constituer un regroupement susceptible de gouverner pendant un an sur un programme restreint et suffisamment ouvert pour éviter que les élus démocrates sociaux du PS ne s’associent à une motion de censure : vote du budget 2025, en priorité, remise en route de la machine de l’Etat notamment dans les domaines régaliens. Il s’agit de tenir un an puisqu’une nouvelle dissolution est dans toutes les têtes et paraît inévitable. Ce serait aussi un bon moyen de préparer les prochaines élections législatives, cette alliance de circonstance pouvant servir de base à un élargissement du centre et de la droite modérée. La crainte mise en avant par les élus de la Droite républicaine les plus rétifs d’un ralliement à Macron n’est plus de saison. Le macronisme est mort avec la défaite de juillet dernier, mort actée par la rupture entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron. La priorité devrait désormais d’être de préparer dans les meilleures conditions la présidentielle de 2027 pour éviter le double danger que font peser les extrêmes.

Un gouvernement de salut public.

Pour l’instant, il s’agit de donner au pays un gouvernement. C’est en nommant un premier ministre issu de la droite modérée, tel un Xavier Bertrand, qu’on aura le plus de chance de constituer un gouvernement de salut public, regroupant des personnalités telles que Bernard Cazeneuve et Manuel Valls, qui ont fait connaître leur disponibilité, de rallier des Raphaël Glucksmann et autre Carole Delga, afin d’offrir un spectre suffisamment large pour dissuader toute censure. Il y a par ailleurs suffisamment de talents, pour constituer une équipe capable de traiter correctement les affaires de la France, sur la base d’une programme restreint basé sur les priorités du moment.

Le moment est venu de regarder plus loin que le bout de son nez et de son petit intérêt personnel. La France vaut bien qu’on fasse le sacrifice d’ambitions personnelles qui paraissent bien dérisoires au regard de ce qui est en jeu.


TRUMP ET LES MECHANTS DANS TINTIN

Rastapopoulos001

 

Dans le numéro de « Tintin c’est l’aventure » du mois de juin, la philosophe Laurence Devillairs nous livre une étude des « méchants » dans Tintin. De Rastapopoulos à Allan, en passant par le Docteur Müller et autre Mitsu Hirato, le héros est en effet confronté à des « vilains » d’anthologie. En parcourant la description qu’elle nous en fait, la figure de Trump m’est apparue irrésistiblement comme faisant partie du lot. Je vous  livre quelques extraits.

Des méchants irrécupérables.

« Les méchants dans les aventures de Tintin, sautent aux yeux, ou plutôt nous crient aux oreilles :  ce sont avant tout des faiseurs de bruit, des briseurs de paix, … Ils éructent et enragent… Ce sont des tyrans sans foi ni loi, avides de pouvoir, d’argent et d’esclaves. L’exemple parfait de ce type de méchant est Rastapopoulos. Le nom, dont la composition est facile à identifier, dit toute la vanité ronflante et sans bornes du personnage. Trafiquant, chef de gang, truand, nabab au cigare, il ne fait qu’amasser et injurier. Il est mauvais, irrécupérable. »

Des dictateurs ridicules.

« Hergé dresse ainsi le portrait du tyran. Cette figure de la méchanceté fondée sur la violence, le mépris des hommes et du monde, qu’ils polluent de leurs exactions et de leurs cris…On les croit tout-puissants, ils sont rongés par l’envie ; on les pense forts, ils sont ridicules. La force d’Hergé réside dans cette capacité à démaquer, à déshabiller le méchant. C’est ainsi qu’il transforme Rastapopoulos en cow-boy de cinéma et en fait un clown de pacotille dont il révèle tout le grotesque. » A ce moment-là, je pense à Trump avec son teint orange et ses cheveux jaunes, sa grosse casquette rouge enfoncée jusqu’aux oreilles qui le fait ressembler plus à un Mac Donald de fast-food qu’à un chef d’Etat.

Simulateurs et dissimulateurs.

« Le méchant chez Hergé asservit et humilie. C’est très souvent un faux-monnayeur. Car le méchant est un pervers au sens strict : il inverse les valeurs, fait passer le faux pour le vrai, adopte des allures de gentil, se grime et prend toutes les apparences, tous les déguisements. Il répand sa fausse monnaie dans le monde, dressant les individus les uns contre les autres, sous l’effet de la peur et de la haine, qui sont ses armes préférées. » Si on prend l’expression « faux monnayeur » au sens figuré, là encore, la description colle à bien des égards à celle qu’on pourrait faire de Donald Trump.  Laurence Devillairs poursuit : « … tous simulent et dissimulent. Ils le font car ils ne croient en rien, … ils sont cyniques, sans honte ni remords, dépourvus de toute conscience, de toute morale. »  On pense alors aux attaques ad hominem contre Joe Biden, rabaissé en vieillard gâteux, ou contre Kamala Harris traitée de folle ; on pense à la description apocalyptique de l’Amérique au bord du gouffre contre toute réalité. Sans parler des multiples procès auxquels il doit faire face alors qu’il ne serait qu’un pauvre innocent persécuté.

La leçon d'Hergé.

« Mais la grande leçon que propose Hergé… c’est de montrer que le mal ne peut pas l’emporter. Il faut beaucoup de courage et pas seulement de l’optimisme pour défendre une telle idée. C’est ce qui, définitivement, rend Tintin attachant : ce « petit Don Quichotte », comme le surnomme Dawson en ricanant, prouve que l’espoir aura toujours raison contre les méchants. » Acceptons-en l’augure pour la présidentielle américaine, et aussi pour le Vénézuela soumis à Maduro, et l’Ukraine face au diabolique Poutine, … pour n’évoquer que ceux-là !

Au fond, lire Tintin, c’est rester dans l’actualité. Il suffit de transposer les situations.

 


MEDIRE DES CONS EST AUSSI UNE DISCIPLINE OLYMPIQUE

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Dans notre famille, comme chez beaucoup de Français, « médire des cons » est une faculté très développée. C’est bien connu, « on est entouré de cons ».  Et des cons, il y en a de toutes sortes. Comme il se dit doit, « le temps ne fait rien à l’affaire », il n’est pas difficile d’être confronté à de « jeunes cons », on a tous un « gros con » dans le collimateur, on a tous été confrontés au moins une fois « au roi des cons », et les « vieux cons » courent les rues. Evidemment, le corollaire c’est qu’on est forcément le « con » de quelqu’un. Dans le vieux réac que je suis, voisine un vieil anar, ce qui fait de moi un « vieux con patenté » qui peut s’arroger le droit de décerner les titres.  Dans la transmission familiale, nous avons aussi la version "connard", qu'on retrouve dans l'expression :  "dis pas merci, connard !". Cela dit, on ne traite pas quelqu’un de « con » n’importe comment. C’est tout un art et un art ça s’entretient. Voilà pourquoi, quand j’ai vu le bouquin de Luca di Gregorio, j’ai aussitôt sauté dessus. Histoire de se perfectionner ou d’entretenir la forme. Et je n’ai pas été déçu !

Une histoire vieille comme la connerie.

Le « con » émerge du Moyen-Age. C’est un trait culturel français.  Je ne vais pas vous refaire toute l’histoire, achetez plutôt le livre. Vous découvrirez comment le « con » passe de l’eros à l’argot, entre dans la littérature des frères Goncourt à Céline pour émerger au 20ème siècle avec Brassens qui y a consacré plusieurs Chansons. Ah ! Brassens ! J’ai été élevé avec son sirop. C’est pour ça que je suis un fan de Cyrano de Bergerac. Le gascon n’utilise pas le mot, mais il pratique la discipline. Chez lui le « con » est un « bélitre ».  On retrouve dans sa gouaille le complexe français : la médiocrité, c’est le « con », le manque de panache, c’est le « con », l’absence de générosité, c’est le « con »… Le passage  par le polar était inévitable et par l’argot, bien entendu. On arrive alors à Michel Audiard.   Le « con » devient un thème récurrent dans les dialogues au point que les formules deviennent des « citations ». Les cons dont je fais partie n’arrêtent pas de faire des citations d’Audiard, « c’est même à ça qu’on les reconnaît » !  Plus largement, le culte du « con », devient la culture médiatique des trente glorieuses. Traquer les cons devient un sport de copains, largement vulgarisé par les  chansons de Brassens, par la gouaille de Cavanna, par les sentences de Pierre Desproges, par les  provocations du magazine Hara-Kiri, par les qualificatifs de San Antonio… Un âge d’or qui sert encore aujourd’hui de référence, avec son florilège d'expressions cultes du type  :"quand on mettra les  cons  sur orbite, t'as pas fini de tourner !". Ce n’est pas par hasard, si chaque rediffusion des « Tontons Flingueurs » a autant de succès. Car Audiard est aussi servi par des acteurs talentueux qui collent au sujet :   Gabin, Blier, Ventura, Blanche et tant d’autres.

Le con intégral, c’est le « pauvre con ».

C’est Frédéric Dard qui s’est essayé à un classement. C’est ainsi qu’on a les « sales cons » rejetons du roi des cons, les « vieux cons » réticents à accepter le monde réel, et le plus doté, le « pauvre con ». Lui, c’est le peuple. Je ne résiste pas à vous livrer la description qui en est donnée. « Il a des cornes, des traites à payer, des hémorroïdes, une épouse malade ou acariâtre, des gosses anormaux, des grands-mères à élever, des nouilles à tous les repas, des voitures dont le moteur « fait le con », des fausses joies, des vraies misères, une télé en panne les soirs d’Ajax et des tuyaux crevés pour le prochain tiercé. Il dégobille aux noces, habille les morts, débouche les éviers, noie les petits chats, met le pied dans l’unique merde du trottoir, se fait gifler par erreur, casse le manche de son esquimau neuf, ne comprend pas les bonnes histoires, rit aux mauvaises, urine à contre-vent, part à la guerre, n’en revient pas, croit ce qu’on lui dit, dit ce qu’il croit (le  con !), croit croître mais se démultiplie. »

Fermez le ban !                     

Médire des cons, Histoire culturelle d’un snobisme populaire - Luca  Di Gregorio – Editions du Cerf.


DONALD LE GATEUX CONTRE KAMALA LA BATTANTE.

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Le renoncement de Joe Biden rebat les cartes dans la présidentielle américaine.

Il était temps. La charge de la Maison blanche est écrasante et le Président en exercice, manifestement, n’était plus physiquement en état de mener de front la campagne et le gouvernement des Etats-Unis. Il a passé la main à sa vice-présidente Kamala Harris, dont on doutait de la popularité, mais le soulagement est tel, que le passage du témoin a fait apparaître en pleine lumière une femme talentueuse au pedigree bien affirmé. Une Kamalamania s’est emparée des Démocrates et qui pourrait bien s’étendre à tout un électorat modéré, fatigué par l’affrontement des deux octogénaires. Le candidat républicain se moquait de son adversaire avec des attaques ad hominem triviales sur ses défaillances. Désormais, le vieux, c’est Donald Trump !

Le bilan positif de Joe Biden.

Il semble que les Américains n’en ont pas vraiment conscience, mais après trois ans et demi de gestion démocrate, les Etats-Unis se portent bien : l’économie tourne à plein grâce à l’IRA (Inflation Réduction Act) qui mobilise 370 millions de dollars sur 10 ans et a provoqué une relance sans précédent, l’inflation a été réduite, le chômage est au plus bas et la Fed baisse ses taux progressivement. La campagne délétère menée par Donald Trump décrit une Amérique au bord de l’effondrement qui ne correspond en rien à la réalité. Il n’est pas impossible que Kamal Harris réussisse à ouvrir les yeux des électeurs. Le seul point noir mis en exergue par les Républicains, c’est l’immigration, même s’il n’est pas invraisemblable qu’elle soit finalement utile à la croissance d’un pays vieillissant en plein emploi.

La campagne de Trump en rade.

L’attentat dont le candidat républicain a été victime semblait l’avoir rendu intouchable. Il en était à faire croire à son électorat le plus obscurantiste que c’était un miracle voulu par Dieu. Son débat avec un Biden diminué l’avait mis sur un nuage et il n’avait même pas besoin de détailler son programme. L’arrivée de la candidate démocrate dans le paysage semble avoir détraqué la machine républicaine et déstabilisé Donald Trump et son vice-président putatif qui en sont restés aux insultes et au dénigrement de leur adversaire à un niveau proche du caniveau. Un de ses neveux publie un livre en affirmant que son oncle est fou et  met la démocratie en danger. Il est vrai que les propos qu'il a tenus récemment peuvent le laisser penser :"Votez pour moi, et après, vous n'aurez plus besoin de voter  ..." L’image qui vient alors à l’esprit est celle d’un vieillard qui radote.

La dynamique en faveur d’Harris.

Toujours est-il que l’arrivée de Kamala Harris a provoqué un électrochoc. Tout « l’establishment démocrate » s’est regroupé pour la soutenir et sa candidature vient d’être validée par un vote au sein du parti Démocrate.  Elle a levé plus de 350 millions de dollars pour sa campagne depuis l’annonce de Joe Biden. On connaitra le nom de son colistier lors de la convention du 25 août.  Si elle choisit parmi les modérés de son parti, le ticket démocrate pourrait bien l’emporter au mois de novembre. En attendant, les sondages évoluent favorablement dans ce sens, et certains commencent à mettre Kamala Harris devant Trump. Tout se jouera avec la mobilisation de deux électorats :  les noirs et les jeunes. Et elle a des atouts. Trump annonce un débat avec elle le 4 septembre sur Fox news. Voilà qui promet d’être chaud :  l’ancienne procureur face à un délinquant notoire !

Voilà une fin de campagne passionnante !

 


POURQUOI MACRON A RAISON DE REFUSER LUCIE CASTETS

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D’abord, répéter un mensonge n’en fait pas une vérité.

Ce n’est pas parce que Jean-Luc Mélenchon a proclamé dès 20H01 au soir du 2nd tour des   législatives que le NFP avait remporté la victoire, que c’est la réalité. En vrai, le NFP est arrivé en tête, c’est tout.  Personne n‘ayant remporté de majorité pour gouverner, affirmer qu’on a gagné est un énorme mensonge. Le NFP n’a rien gagné et il reste à prouver qu’il est le mieux placé pour gouverner. Le temps que ses composantes ont mis à trouver un nom à proposer pour le poste de Premier Ministre est bien la preuve que l’entente est précaire. Au sein de l’Assemblée nationale, le bloc NFP n’est pas forcément le plus nombreux comme en témoigne la coalition qui s’est formée pour élire la Présidente, Yaël Braun-Pivet.

Un profil discutable.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le profil de Mme Castets, directrice financière à la mairie de Paris, avec une dette qui tourne autour de 10 milliards d’€. Ce n’est certes pas de ce genre de compétence dont on aura besoin dans les temps à venir pour l’Etat. Son nom n’est en fait qu’un cataplasme sur une jambe de bois, il est avancé pour occuper   le terrain médiatique durant la période de « vide » gouvernemental. Je suis persuadé que Jean-Luc Mélenchon n’a pas du tout envie qu’elle soit réellement nommée à Matignon, ce qui l’obligerait soit à accepter des compromis sur le programme, point sur lequel il a annoncé la couleur avec ses amis (tout le programme), soit à démolir la coalition au nom de la trahison.

Ce programme, justement, parlons-en. 

C’est un programme du 19ème  siècle, aveuglé par  les  vieilles lunes idéologiques du marxisme, qui n’a jamais produit autre chose que de la misère, de la pauvreté et de  la ruine partout où il a été appliqué : blocage des prix « des biens de première nécessité », abrogation immédiate des décrets d'application de la réforme retraite, augmentation du SMIC à hauteur de 1600€ nets, prix planchers et rémunérateurs aux agriculteurs, revalorisation les APL de 10 %... On augmente les dépenses, on augmente les impôts, et on promet plus de beurre que de pain sans tenir compte de l’environnement économique dans lequel la France se situe, des accords internationaux qu’elle doit respecter, ni vérifier la compatibilité des mesures avec les règles de l’Union européenne. Ce n'est pas sérieux !

La nouvelle gauche n’est pas encore née en France.

Le parti travailliste anglais a compris la leçon. En France, les partis de gauche n'ont pas pleinement pris conscience des réalités actuelles. Aucun de leur discours sur la relocalisation, la compétitivité, la numérisation et la transition écologique n'apparaît réaliste en ce qui concerne l'emploi. Le protectionnisme vis-à-vis de la Chine ne constitue pas non plus une solution. Les politiques redistributives présentent également plusieurs problèmes, notamment le fait que les transferts sociaux ne règlent pas la perte de dignité et le délitement social qui accompagne la disparition des   emplois et  des  usines. Or, en la matière, les politiques dirigistes étatiques ont constamment montré leur inefficacité. La gauche a besoin d'un programme crédible de création d'emplois de qualité, productifs, partout dans l'économie. La cible représentative d'un tel programme est le travailleur du secteur des soins ou de la vente. Des innovations sociales doivent également s'inscrire au coeur du programme : augmenter les salaires tout en dynamisant l'emploi nécessite des innovations organisationnelles et technologiques d'amélioration de la productivité notamment des travailleurs moins instruits. Pour regagner une crédibilité, la gauche doit affronter à la fois la nouvelle structure de l'économie et l'impératif de la productivité. Faute de remplir ces deux conditions, elle n’a aucune chance d’offrir une alternative crédible à l’extrême-droite qui a préempté depuis une dizaine d’années son électorat ouvrier. Elle est donc condamnée à l’inefficacité qui a conduit le PS là où il  en est ou à la surenchère islamogauchiste pour tenter de compenser avec l’électorat musulman, stratégie pour laquelle a opté Mélenchon. Elle mène à l’antisémitisme. 

Je plains la pauvre Lucie Castets.

Encore que je la soupçonne d’être « mélenchoncompatible ». Il faudrait alors se méfier d’une stratégie à la Maduro. Attention, quand on donne le pouvoir à ces gens-là, ils ne le rendent pas facilement.

Macron a donc bien raison d’être méfiant.  D’autant plus que le bloc central lui offre certainement d’autres possibilités.