LES SUPPLETIFS SANS SOLDE DE MACRON
17 septembre 2017
Des « constructifs » marginaux.
Ils se rallient sans se rallier, mais veulent que le président « réussisse » son quinquennat pour éviter les extrêmes la prochaine fois. C’est leur antienne et leur « excuse ». Un discours qui ne convainc qu’eux-mêmes pour justifier leurs petites ambitions. Mais voilà, Jupiter n’a pas la reconnaissance généreuse. Pour l’instant ils sont coincés entre une majorité qui ne veut pas d’eux et une opposition de droite qui les regarde en chien de faïence, les considérant comme des traîtres. Jusqu’à maintenant ils ont été plutôt inutiles. Le plus surprenant dans cette affaire aura été la nomination, dans le Maine-et-Loire, d’Emmanuel Capus à la tête d’une liste « En Marche » après avoir été investi n°2 de la liste LR, concoctée dans la plus pure tradition des arrangements entre copains, à savoir le Sénateur-maire d’Angers et le Premier Ministre, sans consultation des instances partisanes habilitées. Il a suffi de voir la réaction des comités locaux du parti macronien qui a constitué une liste dissidente pour mesurer tout ce que la manip’ à de méprisable. Au-delà du caractère choquant de la manière de procéder, il faut maintenant que Christophe Béchu nous explique sa conversion démocrate-socialiste puisque son adjoint va soutenir la politique mise en œuvre par l’exécutif. J’y reviens plus loin. Mais au demeurant, il fait avec ses amis un pari qui est loin d’être gagné.
"Macron, encore un président qui va échouer."
C’est le titre d’une tribune publiée par le New York Times. Un professeur de Cambridge, Chris Bickerton, est sans concession pour le président français. Aux Etats-Unis, la victoire d’Emmanuel Macron avait été saluée : réformateur charismatique, voire héroïque, les adjectifs ne manquaient pas pour qualifier le nouveau chef d’Etat. Après avoir pointé du doigt le fait que seulement 24% des Français ont voté pour lui au premier tour, le chercheur énonce le premier gros problème du nouveau quinquennat : le « macronisme ». « Jusqu’à maintenant, tout son projet politique a été bien trop concentré sur sa personne (…) Avec cette approche hyper-personnalisée, il y a toujours le risque qu’une fois le charme passé, ses soutiens n’auront plus rien à soutenir » ! constate Chris Bickerton qui s’en prend par ailleurs à l’arrogance d’Emmanuel Macron. D’après lui, en affirmant vouloir faire du neuf, l’hôte de l’Elysée emploie en fait des vieilles méthodes : « Macron est allé jusqu’à décrire ses politiques économiques comme une « révolution copernicienne », mais tout ce qu’il fait, c’est pousser la France sur la voie de la dérégulation du marché du travail et l’austérité fiscale, un chemin déjà bien emprunté par d’autres pays ». Le chercheur pointe du doigt sa chute de popularité et en tient pour responsable « le vide au cœur de son projet politique ». Une analyse pertinente qui va faire grincer des dents. Le fait qu’elle soit publiée par le New York Times n’est pas anodin.
Une politique démocrate-socialiste qui ne dit pas son nom.
Quand on observe le sens qui se dégage globalement des décisions prises depuis la mise en place du gouvernement Philippe, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une banale politique de redistribution grâce à l’impôt. On est dans le prolongement de la politique menée sous le quinquennat précédent. On prend aux uns pour donner aux autres. Or c’est par la création de richesses supplémentaires qu’on sortira le pays de l’ornière, pas en continuant d’assommer les riches et les classes moyennes plus ou moins aisées. L’action du gouvernement, pour l’instant, avec un habillage faussement libéral, ne fait que compliquer les choses en multipliant les subdivisions qui fracturent la société française : 60% des retraités subiront la hausse de la CSG, les autres pas, 80% seront exonérés de la taxe d’habitation, les autres pas, à rajouter aux 60% qui ne paient plus l’impôt sur le revenu … « diviser pour régner » comme toujours ! Mais cette fois-ci, l’exécutif y ajoute une dimension supplémentaire : il oppose une génération à l’autre. C’est ainsi qu’il présente le débat sur l’aide à la jeunesse et la taxation des retraités. Et cela n’est une attitude ni responsable ni constructive ! On est loin, très loin, du programme libéral d’Alain Juppé !
Déficit de légitimité, multiplication des images pour compenser.
Le président joue un jeu dangereux. A force de se mettre en scène pour essayer de se faire aimer, il augmente le sentiment que les Français perçoivent : un personnage superficiel au narcissisme exacerbé, et au caractère volontiers ombrageux qui joue avec les provocations. En fait c’est son déficit de légitimité qui réapparaît comme il fallait s’y attendre. Un déficit qu’il aura beaucoup de mal à combler. Tout ce qui peut lui arriver de mieux c’est qu’il ait en face de lui une opposition de la droite républicaine forte et crédible, capable d’imposer des garde-fous et d’empêcher la fuite en avant d’une politique incohérente qui tire à hue et à dia. Et ne permettra ni de restaurer nos finances publiques ni de combler notre dette, ni d’enrayer les dérives communautaristes qui minent notre tissu social. Le 24 septembre apportera un premier signal avec les élections sénatoriales. On ne gagnera rien à avoir un Sénat « aligné ».
Ce n’est pas le renfort de 12 LR associés à des centristes toujours aussi imprévisibles, tous sans boussole, qui pourra inverser le cours des choses. D’autant plus qu’on a le sentiment que le « chef d’orchestre », en l’occurrence le Premier Ministre, n’a pas l’air de bien connaître sa partition comme en atteste son passage chez Bourdin.
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