COUACS ET COIN-COIN
08 août 2017
Les réformes n’avancent pas comme le gouvernement aurait voulu. La confusion qui a régné au parlement ces dernières semaines n’a pas aidé et même si l’action politique n’est pas remise en cause, elle se mesure à l’aune d’une baisse de popularité vertigineuse de l’exécutif.
Couacs à l’Assemblée.
L’entreprise réformiste du gouvernement est largement mise à mal par les inconsistances, les erreurs de procédure et d’arbitrage et « l’apprentissage » lent et chaotique des nouveaux députés dégagistes macroniens. La grogne n’en est que plus sensible dans le pays comme en témoigne les reculs sur la baisse de 5€ de l’allocation logement ou sur la volonté de doter la 1ère dame d’un « statut ». La polémique avec le Général de Villiers a nui gravement à l’image du Président de la République qui comble de maladresse a cru bien faire de se déguiser en Buck Dany pour aller sur la base d’Istres pour tenter de rétablir une autorité écormée.
Du retard dans la programmation.
Le projet de loi Travail qui vient de faire l’objet d’un accord entre les deux assemblées a pris beaucoup de retard et ne sera pas complètement en place à la rentrée comme il aurait mieux valu. C’est vrai que le dossier est d’une complexité inextricable et il peut encore produire des rebellions violentes et des manifestations monstres comme l’espère bien l’Insoumis Mélenchon. Certes une forme de consensus a émergé du parlement, ce qui montre que les Républicains sont constructifs et donc que les « constructifs » font une sécession inutile. C’est le volet négociation avec les syndicats qui s’éternise et la Ministre du travail fait tout son possible pour que le projet ne soit pas trop édulcoré. Il y aura toujours une forte opposition à un projet de loi qui brise plus d’un tabou et remet en cause les acquis sociaux. Elle existe et s’exprime à l’Assemblée tous les jours ; elle constitue le coeur de la revendication syndicale. Mais les atermoiements de l’exécutif ouvre un espace de contestation qui n’existait pas il y a deux mois. Certains croient désormais possible de rendre impossible cette réforme bien que l’opinion générale sente, qu’au fond, il est temps de moderniser le pays. Septembre pourrait bien voir fleurir des mouvements du même genre que celui des « bonnets rouges ».
Le Canard fait « coin-coin ».
Le coup de grâce pourrait venir de la Justice. Au moment où l'ancien Garde des Sceaux, Michel Mercier renonce à entrer au Conseil constitutionnel où il a été nommé (décidément le ministère de la justice ne réussit pas au Modem), après les sorties de Bayrou, De Sarnez, Ferrand du gouvernement, c’est Muriel Pénicaud qui semble être dans le viseur. On notera au passage que la Cour des comptes peut raconter ce qu’elle veut sans que rien ne bouge. Par contre il suffit que le Canard fasse « coin-coin » pour qu’aussitôt des procédures soient engagées. Or il se trouve que notre ministre des Affaires sociales fait l’objet de soupçons divers qui menacent de plus en plus sa présence au sein du gouvernement. Elle résiste, mais pour combien de temps ? On lui reproche d’avoir organisé, alors qu’elle dirigeait « Business France », un organisme qui promeut l’image commerciale du pays, une visite d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, à Las Vegas : visite qui a coûté cher (près de 400 000 euros), alors que le voyage du ministre n’a fait l’objet d’aucun appel d’offres. L’affaire est loin d’être close. Ensuite, « l’Humanité » a révélé que la même Mme Pénicaud, ancienne directrice des ressources humaines chez Danone, a vendu des actions de son entreprise, ce qui lui aurait rapporté un million d’euros en plus-value. A l’époque, elle n’était ni élue, ni nommée à un poste de l’exécutif. Elle n’a fait que ce que d’autres cadres supérieurs de Danone ont fait : la vente des actions était parfaitement légale. Il n’empêche, l’atteinte à l’image de la Ministre est réelle dans un pays où il est interdit de gagner de l’argent, surtout comme ça !
Le gouvernement joue gros.
Ni le président, ni le Premier ministre ne semblent désireux de la remplacer, en plein débat sur la loi travail, par une autre personnalité. D’abord parce qu’on ne peut pas nier que la ministre des Affaires sociales est compétente dans son domaine et sait dialoguer avec les syndicats. L’effet de son départ serait désastreux. Mais sa réputation est désormais entachée : un cadre qui s’enrichit par le biais de la Bourse, c’est déjà mal vu, mais quand en plus on apprend qu’elle a vendu ses parts quelque temps après un plan social qui a permis à la valeur de l’action Danone de remonter, on n’empêchera pas certains de crier au délit d’initié. « Voyeurisme » dit-elle pour se défendre. Argument bien faible quand on connait le délire égalitaire de ceux qui vont crier au loup sur tous les articles de sa loi. Il n’empêche une mise en examen sur l’affaire « Bussiness France » n’est pas impossible et pourrait intervenir dès septembre avec l’obligation pour elle de démissionner. On imagine les dégâts si, à cause de toute cette esbroufe, la réforme qui est la clé de voûte du programme Macron, échouait ! Déjà que l’exécutif qui nous gouverne et sa majorité parlementaire sont assis sur un socle électoral très étroit, ils pourraient bien ne pas s’en remettre.
L'inquiétante dégradation du commerce extérieur.
Ce serait d’autant plus malvenu qu’un nuage inquiétant obscurcit le ciel jusque-là plutôt dégagé de notre économie : le déficit commercial de la France continue de se dégrader, et aucune embellie n'est prévue sur l'année 2017. Selon les chiffres publiés par les Douanes, le déficit commercial s'est élevé à 4,7 milliards d'euros en juin dernier, contre 4,4 au mois de mai. Sur douze mois, il s'envole à 59,8 milliards d'euros, contre 50,2 milliards sur la même période l'an dernier. Cette flambée s'explique en partie par la facture énergétique, mais elle est aussi due à des faiblesses bien connues : le manque de compétitivité des produits « made in France » et le trop faible nombre d'entreprises exportatrices. Comme quoi « l’effet Macron » a ses limites ! Un pays qui perd de l’argent à l’export ne peut pas s’enrichir…
La moralisation de la vie politique n'est pas la priorité des Francais .Notre priorité est la lutte contre le chomage et notre sécurité.Merci de bien vouloir vous occuper en urgence de ces deux problèmes graves .La moralisation est un leurre populiste .
Rédigé par : Gerard Mouchonnet | 09 août 2017 à 18:16