HISTOIRE

TIENS, TIENS !

  Collège

 

En plein mouvement social, le nouveau projet du PS sur l'éducation pourrait passer inaperçu. Il traduit pourtant une vraie révolution sur un sujet traditionnellement au coeur de la gauche. Rédigé par Bruno Julliard, l'ancien meneur de la contestation contre le CPE, et dévoilé dans « Le Monde », ce texte sera adopté en décembre par les militants socialistes.

Si les principales dispositions en sont retenues, le tournant sera phénoménal, du même ordre que le discours sur la sécurité.

« L'ancienne carte scolaire ne garantissait pas la mixité scolaire », reconnaît ainsi le PS. Evidemment, sa suppression mise en œuvre par Xavier Darcos est dénoncée pour avoir « aggravé les ségrégations existantes ». Alors qu’en 2007, l'idée même d'une refonte de la carte scolaire était dénoncée comme une entorse grave à l'égalité, « Il faut dépasser la logique territoriale » admet le PS trois ans plus tard, en voulant créer un « indice de mixité sociale » dans tous les établissements. Que de chemin parcouru !

Même les retours en arrière par rapport aux réformes engagées par le gouvernemen traduisent une évolution des esprits : ainsi Bruno Julliard veut reconstruire les IUFM mais en introduisant dans la formation des maîtres une « option qui pourrait être l'enseignement d'une deuxième discipline ou la direction d'établissement ». Une évolution envisagée par Xavier Darcos qui avait provoqué un tollé auprès des syndicats d'enseignants. La capacité du PS à aller jusqu'au bout de cette idée qui vise à favoriser le décloisonnement dans une carrière sera un test.

Les idées d'autonomie des établissements, de parcours individualisés des élèves, de définition même du métier d'enseignant, « pour développer d'autres façons d'enseigner » ne sont plus taboues. Sans s'en prendre explicitement au collège unique, le PS admet encore que « tous les élèves n'ont pas besoin du même nombre d'heures de cours ». C’est Claude Allègre qui doit s’amuser.

Tout ne va pas, malheureusement, dans le même sens, c’eût été trop beau ! Le PS nous ressort une vieille lune en proposant d'intégrer les établissements privés dans la future « sectorisation ». En clair, pour mettre fin au libre choix d’établissement des parents. Cet archaïsme idéologique sera-t-il suffisant pour faire digérer tout le reste ?

En matière d’éducation, le PS vient d’amorcer un virage, mais encore faut-il que ce ne soit pas le début d’un slalom !

 


A BRULE POURPOINT

  Pistolet

LA SUPERCHERIE DU DECOMPTE. On sait maintenant ce qu’il en est du nombre des manifestants, grâce à l’initiative de journaux ou d’organes médiatiques comme Médiapart qui ont effectué des décompte indépendants de ceux des syndicats et de la police. Et ça n’est pas triste. Exemple : à Marseille, ils ont décompté entre 16 000 et 22 000 manifestants quand la police en trouvait 24 000 et les syndicats … 230 000 ! Cherchez l’erreur. Plus c’est gros, plus ça passe. C’est que le nombre est important parce que c’est le seul moyen d’atteindre à une certaine « légitimité ».  Les millions brandis comme des victoires du peuple dans la rue apparaissent désormais pour ce qu’ils sont : des slogans plus qu’une réalité. C’est pourquoi les organisations syndicales, à la veille d’une nouvelle journée de manifestation, semblent plus préoccupées de la manière de sortir du conflit que d’organiser sa poursuite. La radicalisation sur quelques bastions où de maigres troupes suffisent à emmerder tout le monde en est l’aveu de faiblesse. Mais à faire perdurer le conflit, leur crédibilité est bien affaiblie dès lors que le nombre n’y est pas. On verra ce qu’il adviendra de l’unité du front syndical, quand la loi sera votée : car la légitimité, c’est le parlement qui la détient. Ce  sont les représentants élus du peuple qui font la loi, pas les manifestants.

LES COUCOUS DE LA CONTESTATION. Depuis le milieu de la semaine dernière, certains habitués de la contestation sont venus se greffer sur le mouvement de contestation, sans que leurs revendications catégorielles aient un rapport avec la réforme des retraites. Je n’évoquerai que pour mémoire le cas hallucinant des grutiers du port de Marseille qui, depuis de longues années s’acharnent par leur jusqu’auboutisme au déclin de leur outil de travail qui pourrait être l’un des plus grands ports d’Europe. Que dire des salariés des raffineries qui partent à la retraite 5 ans avant l’âge légal et réclament le retour au 37,5 annuités de cotisation –si, si- comme si rien n’existait d’autre que leur petit monde à l’horizon borné.  Et les cheminots qui vont bénéficier d’un régime dérogatoire jusqu’en 2017, de quoi ont-ils à se plaindre ? Et les routiers dont la convention collective de branche prévoit les départs avant 60 ans, qu’ont-ils donc à revendiquer ? Ces mouvements disparates, fait de blocages et de surenchères, sont pourtant loin de la préoccupation principale dont ils voudraient nous détourner, à savoir le sauvetage de notre système de retraite par répartition.

 

 

 

 


ARCHIBALD EN COLERE

Longue vue Longue vue

 

PERDANT-PERDANT ?  Qui va nous amener à la situation grecque, des syndicats ou du gouvernement ? L’enjeu n’est pas mince au début de cette semaine que l’on proclame volontiers comme décisive. Si les syndicats réussissent à bloquer le pays et à l’entraîner dans une grève générale, nous le paierons d’un calage d’une croissance pourtant convalescente et de dizaine de milliers de chômeurs supplémentaires. Tous les trois jours, nous payons sur l’autel de la contestation l’équivalent de deux boucliers fiscaux : voilà qui devrait émouvoir la gauche si avide de symboles. Si le gouvernement, par pusillanimité, acceptait la proposition démagogique de Martine Brochen, et suspendait la discussion de la réforme, il devrait s’attendre, sans délai, à une disqualification du pays sur les marchés financiers, avec des conséquences catastrophiques sur l’état de la dette, et à une déroute électorale qui ne tarderait pas non plus, car la déception des électeurs qui le soutiennent serait immense. Autrement dit, si le gouvernement fait voter la réforme, la droite risque de perdre l’élection présidentielle et si elle la retire, elle court le même risque avec le « déshonneur » d’avoir reculé en plus. Le choix est donc simple.  Quant au blocage « total » du pays, on en est encore loin… heureusement.

JE TE TIENS… tu me tiens par la barbichette, le premier qui lâchera perdra sa place. C’est bien tout le problème. Je me demandais : mais que font la CFTC et la CGC dans cette galère, et même la CFDT, d’ailleurs ?  Les organisations syndicales sont en concurrence pour leur représentation dans les entreprises et s’assurer d’être au-dessus de la barre des 10%. François Chérèque sait de quel prix hémorragique, en nombre d’adhérents, il avait payé le fait de « signer » en 2003. Un ciment bien fragile, car s’ils sont contre la réforme, ils ne sont d’accord sur rien pour ce qui est des propositions… Comme toujours, c’est plus facile d’être contre que d’être pour !

LE PEUPLE QUI MARCHE. Parlons-en. Depuis maintenant cinq manif’ nationales, bientôt six, on sait combien ça représente de quidams, et que c’est toujours les mêmes. Les mêmes qu’en 2003, 2007… Ils sont un million,  un peu plus un peu moins à battre le pavé. Qui sont-ils ? Les syndiqués de la fonction publique et les salariés des entreprises para-publiques, pour l’essentiel, renforcés ici ou là par les salariés de quelques entreprises ou secteurs en crise. Ce sont les éternels mécontents pourtant assis sur des situations acquises qui sont bien souvent des exemples d’inégalité sociale en leur faveur. Ils sont à eux seuls, à les entendre, le peuple tout entier. C’est d’ailleurs pourquoi, conscients probablement de l’incongruité de la proportion, ils triplent les chiffres et utilisent des porte-voix. Ils oublient seulement une chose : le seul peuple qui compte, c’est celui qui vote !

IDEES REçUES.  Oui, « on » a poussé les lycéens à aller dans la rue. J’ai des témoins. Et je ne parle pas de l’appel de la Ségodinde, toujours prête à mousser dès qu’elle est à la lumière. Elle devrait pourtant savoir que chez elle, la lumière attire les conneries, aussi sûrement que Raoul Volfoni (Bernard Blier) se prend un « bourpif » dans les « Tontons flingueurs ». « On », ce sont des enseignants sans vergogne qui leur racontent leur version idéologisée de la réforme des retraites, autant dire n’importe quoi, comme cette idée stupide qu'en prolongeant le travail de deux ans des seniors, on les empêchera d'entrer sur le marché du travail. Ce qui évidemment transparaît dans les paroles des gamins interviewés. Et il faut aussi compter avec les leaders de l’UNEF et de UNL, dont la rhétorique est un excellent exemple de l’efficacité des écoles de formation du PS. On ferme les yeux et on croirait entendre Benoit Hamon, c’est pas peu dire ! Les entendre parler doctement de la retraite à 60 ans quand on sait que leur génération a une espérance de vie de 100 ans, n'est-ce pas dramatique ? Un discours de vieux, ce qui prouve bien qu'on leur a fait la leçon...

XIXème SIECLE GARANTI.   Et j’ajouterai « grand teint ». En voilà un qui fait dans le rouge version « lutte des classe » et « grand soir », que Staline n’aurait pas désavoué. C’est le camarade Mélenchon. « Qu’ils s’en aillent tous » est son dernier exploit épistolaire. Côté cohérence intellectuelle, c’est du granit marxiste à attaquer au burin. Un de plus qui voudrait asseoir sa prospérité sur le malheur des autres et le chômage. Il fait les choux gras des plateaux télévisés, parce qu’en plus, c’est plutôt un « bon client ». Il lui manque quand même la faconde de feu Georges Marchais. Toujours est-il que ses coups de moulinet commencent à gêner le PC qui peine à exister et même Besancenot, dont l’étoile a bien pâli. C’est incroyable ce que les idées fausses, pourtant éprouvées par les faits, ont la vie dure. C’est vrai que la mémoire est courte et que la faillite du communisme avec l’URSS et le bloc de l’Est, c’est de l’histoire ancienne. Mélenchon, réveille-toi, on est en 2010 !

 

 


ET MAINTENANT ?

 

3 millions et demi, d’après la CFDT. C’est le chiffre sur lequel j’avais parié hier. Inutile d’aller voir les manif’, les syndicats sont obligés de faire mieux à chaque fois… au moins en annonce. Qu’il y ait un peu plus ou un peu moins de monde ne change rien à l’affaire.

La loi est quasiment votée. Elle le sera complètement à la fin de la semaine. Les durs ont commencé à déborder leurs leaders avec les grèves reconductibles. On voit bien que Bernard Thibault fait tout ce qu’il peut pour freiner le mouvement en tentant d’imposer des votes à bulletins secrets dans les entreprises. On ne sait pas non plus jusqu’où la CFDT, dont ce n’est pas la culture, est prête à accompagner ce durcissement.

Le scénario de sortie n’est pas écrit, et il est encore difficile de l’entrevoir. Dans le camp des partisans de la contestation sociale, certains s’inquiètent déjà et craignent le dérapage. De la même façon, du côté du gouvernement, il est clair que tous les messages ont été envoyés et que toutes les concessions qui pouvaient être faites l’ont été. Sur la ligne de la fermeté, il n’a guère de marge de manœuvre et pas plus de scénario de sortie à proposer.

Faut-il craindre une radicalisation des deux côtés ? Elle est possible, mais ce serait sans compter avec l’état réel dans lequel se trouve notre pays. Si les Français, par refus du masochisme, soutiennent la contestation, ils sont tout de même 66% à souhaiter que la plaisanterie s’arrête dès lors que la messe est dite. Cela ne veut pas dire que le mouvement social sera éteint pour autant.

De son côté le Gouvernement ne peut pas espérer grand-chose d’un affrontement trop brutal et trop durable. Il peut encore donner quelques signes d’assouplissement avec la commission paritaire entre les deux assemblées. Le remaniement qui va rapidement intervenir peut aussi donner un signe fort de renouvellement de la politique. Ce qui est le plus inquiétant, c’est l’absence totale de cohérence de l’opposition politique sur le dossier des retraites, ce qui ajoute à la confusion. Jouer sur la sarkophobie trouvera rapidement ses limites et pourrait bien s’avérer contre productif.

 

 


A BRULE POURPOINT

Flingue

 

UN METIER EN OR. C’est le Grutier au port de Marseille : 8 semaines de congé par an, 18h de travail par semaine, sûrement en raison du vertige, pour (tenez-vous bien) 4 000 € par mois bruts et un emploi garanti à vie !!! Un étalage que l’on doit en grand placard dans la presse de la part d’un collectif qui défend les emplois de 41 000 salariés, menacés par la grève de ces nantis privilégiés.  Quand on a de tels avantages, on n’emmerde pas les autres ! Mais on comprend qu’ils s’y accrochent par tous les moyens…

collectif  "Touche pas à mon port",  www.collectifport.com

JEUNE ET CON A LA FOIS. Hallucinant le discours du responsable des lycéens qui nous ressort tous les poncifs de la gauche, selon un argumentaire bien formaté par le corps enseignant, pour justifier la participation de ses condisciples au mouvement de protestation contre la réforme des retraites. Ils vont au secours de leurs bourreaux, c’est formidable ! Car aller protester contre une réforme qui est faite pour alléger leur fardeau quand ils auront un emploi, il faut le faire. Ils n’ont pas encore compris que la solution de rechange du PS est une duperie qui se traduira pour eux par des augmentations de cotisations insupportables, comme les 35 heures ont été à l’origine de leur paupérisation et de la difficulté d’entrer sur le marché du travail.

 



L’ACTU D’ARCHIBALD

 

  Longue vue  

RETROGÔCHE. On croyait le modèle totalement disparu, mais non. Il existe encore bel et bien dans ce pays, en dehors de Besancenot ancré dans la rhétorique trotsko-marxiste, au moins un spécimen intact de gaucho « version XIXème siècle », formaté « lutte-des-classes-prolétaires-de-tous-les-pays-unissez-vous ». C’est Jean-Luc Mélenchon qui fait beaucoup d’efforts pour exister et qui n’hésite pas à faire des déclarations fracassantes. Face à Luc Ferry on a rapidement vu le caractère doctrinaire de son raisonnement, qui plus est au ras des pâquerettes. On aura retenu que 1968 c’était la grève du mouvement ouvrier, ce qui est très réducteur et mériterait de plus longs développements notamment sur le « caractère populaire » quand on sait ce qu’ont donné les élections qui ont suivi. On a compris aussi qu’il tolérait un écart de revenu de 1 à 20, et au-dessus il prend tout. Pas généreux le mec ! Enfin depuis il a fait mieux : il s’est épanché en traitant David Pujadas de « salaud » et de « larbin ». Rassurant, hein ?

L’UNION EST UN COMBAT.  Ils sont « unis », puisqu’on vous le dit ! C’est pour ça que DSK  a fait savoir que la retraite à 62 ans, ça résolvait le problème du financement pour deux décennies. C’est Fafa qu’il est content, lui qui passe sont temps à affirmer –sans le prouver- que la réforme du gouvernement ne boucle pas le financement. C’est Manuel Valls qui trouve démagogique l’idée de recourir à un referendum, sûrement pour faire plaisir à son copain Montebourg… Et Martine dans tout ça : elle est silencieuse. Son œil l’empêche de parler.

BORLOO. Sera-t-il le prochain Premier Ministre ? Dire que lui-même n’y pense pas serait mentir. Politiquement ça se tient : mettre la balle au centre pour Nicolas Sarkozy fait partie du jeu plausible en vue de 2012. L’homme a une habileté indéniable, sait convaincre et fourmille d’idées. Son handicap tient plus peut-être dans le crédit que lui accordent les Français : 60% ne le voient pas à Matignon. Un apriori qui pourrait être démenti par les faits, car ce jugement repose plus sur des impressions que sur une connaissance de ses capacités réelles.

PRIERE. Le Président de la République n’a apparemment pas le droit de rendre visite au Saint-Père. Cela fait hurler la gauche laïcarde pourtant en grande partie absente des débats quand il s’agit du voile islamique. Message envoyé aux catholiques qui votent massivement pour lui, et alors ? Le Premier Ministre s’est rendu rue des Rosiers pour la commémoration de l’attentat, doit-on en conclure qu’il souhaitait plaire aux juifs pratiquants. Les religions font partie intégrante de la vie de la République, même si elle est laïque.

SEGOSPASME. La Dinde a encore sévi ce week-end. Elle a profité que Martine ne pouvait pas la tenir à l’œil, pour venir faire son numéro devant la convention PS de politique étrangère. Cherchant la lumière désespérément, elle se sent obligée, pour attirer les projecteurs, d’en rajouter dans la Sarkophobie. On va finir par croire que c’est du désir refoulé. Le président doit hanter ses nuits. Enfin, on aura appris que la politique étrangère de la France  était « erratique, sans noblesse, sans grandeur ». Parce qu’avec elle … Fabius et Cambadélis ont applaudi « poliment », très heureux d’avoir bossé pour le coucou de service. Ils vont bientôt demander pardon.

31%. C’est le pourcentage de Français qui espèrent que la grève va durer longtemps pour faire reculer le gouvernement. Les autres espèrent que la « plaisanterie » ne va pas trop durer. Peut-être pensent-ils à leur emploi. Auquel cas, ils n’ont pas complètement tort.

 

 

 


VERS L’IMPASSE.

 

Les syndicats durcissent le ton et annoncent des grèves reconductibles. Dernières tentatives pour faire fléchir le gouvernement et tenter d’arracher une concession majeure au dispositif de réforme des retraites que le Sénat est en train d’examiner.

C’est un combat perdu d’avance. Combien durera-t-il ? Jusqu’ou ira-t-il ? On verra bien. Mais le 23 octobre, début des vacances de la Toussaint pourrait bien constituer un butoir incontournable et siffler la fin des hostilités. Certes, pour l’instant, l’intersyndicale tient le choc. Mais les grèves reconductibles annoncées dans la transports par des personnels qui ne sont pas directement concernés par la réforme, les lycéens jetés dans la rue, poussés par des profs qui se gardent bien de faire grève, les tentatives de la frange dure de la CGT de tirer le conflit vers l’affrontement en élargissant le mouvement aux raffineries (alors qu’ils tuent le port de Marseille et détruisent des centaines d’emplois dans des entreprises étranglées par la grève),  sont de nature à ouvrir les yeux des Français.

Ce n’est pas par hasard, si, en même temps que la cote de Nicolas Sarkozy reste scotchée vers le bas autour de 35%, celle de François Fillon qui est en première ligne est repassée largement au-dessus des 50% (56%), alors que l’opposition n’apparaît toujours pas crédible pour 63% des Français. Malgré la campagne de dénigrement intense qu’elle a menée, la politique de renvoi des Roms est approuvée à 65% et la lisibilité et la crédibilité des propositions du PS sur les retraites sont loin d’être évidentes. J’entendais encore récemment des gens commenter avec ironie le retour hypothétique de l’âge de départ à 60 ans reçu comme un marché de dupes. De ce point de vue Martine Aubry s’est bien fourré le doigt dans l’œil !

L’exécutif ne reculera pas. Il ne transigera pas sur ce qui fonde l’équilibre économique de la réforme et qui est le pilier démographique de la répartition : les deux bornes d’âge de 62 et 67 ans. Reculer serait plonger la France dans des désordres encore plus grands à cause de l’effet boomerang qui ne se ferait pas attendre sous la forme d’une dégradation de la note AAA attribuée à notre pays et qui lui permet de placer facilement à bon compte ses emprunts. Au moment où la dette est devenue le premier poste des dépenses de l’Etat devant l’Education, une altération des taux d’intérêts serait catastrophique sur les plans comptables et économiques. Pire que les conséquences des grèves !  En tenant bon, le Gouvernement et le Président montrent qu’ils sont courageux, parce qu’ils risquent une victoire à la Pyrrhus. En améliorant le texte pour les femmes et les handicapés, ils font preuve d’écoute et de pragmatisme. Voilà pourquoi nous devons les soutenir, et surtout ne pas avoir peur.

La longueur des défilés ne fait rien à l’affaire. Et peut importe le nombre : on sera toujours loin du compte. Ce n’est qu’une infime fraction du peuple qui manifeste, et toujours la même. Le problème c’est de savoir comment les syndicats vont se sortir de l’impasse dans laquelle, aidés par les socialistes dont le seul ciment unitaire est l’antisarkozysme, ils sont en train de se fourvoyer. Après la surenchère du durcissement, on fait quoi ? Ils découvriront bien vite qu’ils ont fermé eux-mêmes toutes les issues par leur intransigeance à refuser les mesures d’âge, et qu’en tablant sur un recul du pouvoir, ils ont fait un mauvais calcul.

Sarkozy n’est pas Chirac.

 


REUNION DEBAT

Après le "stress au travail, il est possible d'agir", "le surendettement", Débats et Convergences organise une troisième réunion débat sur un thème d'actualité et il faut une fois de plus s'attendre à des échanges passionnants.

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Paul Jeanneteau, Député de Maine-et-Loire

Daniel Houlle, Président de « débats et convergences »


Sont heureux de vous inviter à participer à la

REUNION-DEBAT

« Le cinéma, le livre, le disque… face à internet et au numérique :

Quelles évolutions de nos pratiques culturelles ? »

Avec la participation de :

Claude-Eric POIROUX, PDG cinéma les « 400 Coups », Délégué Général du festival « Premiers Plans »

Pierre RICHER, Directeur de la « Librairie Richer »

Jean-Pierre GLEREN, Directeur Adjoint de la Bibliothèque Départementale de Prêt

Vendredi 15 octobre 2010 à 20H30

Salle de la Gemmetrie (rue de la Gemmetrie)

SAINT-BARTHELEMY D’ANJOU

Merci de confirmer votre présence par Mél. à : [email protected]  

ou Tél. au : 02 41 87 42 41




LE RETOUR DE LA TVA SOCIALE


L'idée de la TVA sociale refait surface dans la majorité. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a proposé d'instaurer une « TVA antidélocalisation », qui permettrait d'abaisser le coût du travail. Le sujet revient ainsi dans le débat politique, trois ans après son abandon sur fond de polémique.

TVA sociale, TVA emploi et maintenant TVA antidélocalisation : le nom change mais c'est la même idée centrale qui fait son retour. « Si on augmente la TVA et si on baisse parallèlement les cotisations sociales employeurs et salariés, on fait reculer notre coût du travail, donc on favorise l'emploi tout en faisant contribuer les importations aux ressources de la Sécurité sociale », a défendu hier dans « Le Figaro » le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, s'appuyant sur l'exemple allemand. On se souvient que cette idée avait été défendue par jean Arthuis dès 2006. Alors que la volonté du gouvernement de faire converger les systèmes fiscaux français et allemand a déjà été l'occasion de briser les tabous de l'ISF et du bouclier fiscal, l'Allemagne a instauré cette TVA sociale dès 2007, en relevant de trois points son taux (à 19 %) pour en affecter un tiers à l'allégement des cotisations. On estime que deux ou trois points seraient supportables pour le panier de la ménagère et permettraient d'alléger fortement le coût du travail.

« On ne peut plus continuer à fonder tout notre système exclusivement sur la taxation du travail, avec les risques de délocalisations que cela pose », avait aussi analysé, en mars, à l'issue des états généraux de l'industrie, Nicolas Sarkozy. Ajoutant toutefois, prudent, qu'il fallait « approfondir la réflexion » et ne pas « confondre vitesse et précipitation ». Car le débat a toujours buté sur des obstacles autant techniques que politiques. Le débat avait alimenté la bataille des législatives de 2007 et débouché sur un recul de la majorité.

Aujourd’hui, l’idée refait son chemin, y compris chez les alliés centristes de l’UMP, et le recul que procure maintenant l’expérience allemande pourrait lever quelques doutes à propos de l’impact sur le pouvoir d’achat ou sur l’inflation. Encore faudrait-il que nos chefs d’entreprises jouent le jeu de la répercussion à la fois sur leurs prix et sur les salaires, en répercutant le gain en allégement des charges que cela leur procurerait. Justement, avec le même objectif de réduire les écarts de compétitivité, le patronat revendique aussi cette mesure. « Dans l'éventuelle refonte fiscale, nous pourrions songer à la création d'une "TVA emploi"», propose l'Afep, qui regroupe les cent plus grands groupes français. La question est de savoir si le moment est bien choisi.

Avec la refonte fiscale qui verrait la suppression de l’ISF, ce débat est plutôt à mettre au registre de la campagne présidentielle de 2012. Ce serait un bon moyen de redonner de l’élan à notre économie pour la sortie de crise… et bon aussi pour le financement des retraites !




MAIS COMMENT FAUT-IL DONC FAIRE ?


J’en ai assez d’entendre l’opposition hurler au déficit de dialogue social, à la loi injuste, dire qu’elle ne règle rien. Autant de contre vérités pour justifier le durcissement que les syndicats veulent obtenir des manifestants et des grévistes pour la dernière ligne droite du parcours législatif. On aura donc droit à l’épreuve de force. Un affrontement qui risque bien d’être aussi dur que stérile faute de marge de manœuvre.

Mais comment faire ? On reproche au gouvernement d’avoir ficelé son projet en solitaire, et de déclarer qu’il n’était pas négociable. C’est oublier qu’il s’est appuyé sur le travail du COR et les rapports du Conseil économique et social qui sont deux corps pluralistes par vocation. Le point d’achoppement principal est constitué par les deux bornes d’âge de 62 et 67 ans, mesures préconisées par ces organismes. Et que propose l’opposition en face ? De maintenir l’âge de départ à 60 ans mais en maintenant la durée et le taux des cotisations : c’est se moquer du monde. Les futurs retraités n’ont aucune chance d’avoir suffisamment cotisé pour obtenir une pension à taux plein. Un vrai marché de dupes fondé sur un mensonge et une illusion : la retraite à 60 ans !

Pourquoi croyez-vous que Nicolas Sarkozy se soit résigné à faire cette réforme qu’il n’avait pas prévue ? Tous simplement parce que la crise a creusé le déficit  du financement et qu’il atteint dès cette année le montant attendu en 2020. Il aurait pu se contenter de rester sur l’allongement de la durée de cotisations, ce qui était possible si la crise n’avait pas eu lieu. Le recul de 2 ans des deux bornes d’âge permettent tout simplement d’abonder le système par répartition à l’horizon 2020, avec quelques compléments de financement, et c’est le seul moyen. Sinon on sort du cadre du financement par la cotisation des actifs pour les retraités.

Le Parti Socialiste est dans le refus car il sait que c’est toujours payant électoralement à court terme. Mais après les faux-fuyants il faudra faire face à la réalité et le réveil des Français trompés sera encore plus douloureux. Veut-il la fin de la répartition ? Le recours à l’impôt serait d’autant plus dangereux que la dette est là et qu’il y a beaucoup d’autres projets à financer, ne serait-ce que la dépendance et la sécu.

Je doute que dans notre pays on puisse sortir du jeu convenu. Tant que la gauche sera « inspirée » et n’aura que des certitudes, seule à détenir la vérité, tant que les syndicats seront tentés de masquer leur faiblesse par les défilés de « salariés protégés » dans la rue et jouer le chantage du blocage économique comme la CGT tente de le faire actuellement avec les ports et demain avec les transports en commun, on ne pourra avoir ce qui s’est passé dans la plupart des autres pays européens, un accord fondé sur le plus large consensus. Je ne dis pas que le gouvernement n’y a pas quelque responsabilité. Pourtant, l’exemple de la réforme menée différemment par Jean-Pierre Raffarin avait abouti au même durcissement dès lors qu’on ne donne pas satisfaction à des revendications qui sont incompatibles avec le cadre européen actuel. Autrement dit, je crains bien que quoi qu’on fasse… Et pourtant, c’est toujours la droite qui a le courage de faire le sale boulot. Jamais la gauche !

On ne peut donc que dire à Nicolas, François et Eric : tenez bon ! Le vote de la réforme va dans l’intérêt général et celui de la France.




A BRULE POURPOINT

Pistolet ancien

Corporatisme exacerbé. C’est celui des infirmiers anesthésistes qui multiplient les grèves et les actions violentes pour obtenir la revalorisation de leurs salaires à laquelle «  ils ont droit » depuis que les personnels soignants ont obtenu satisfaction.

Celle-ci leur est promise avant la fin de l’année par Roselyne Bachelot, mais ça ne vient pas assez vite. Et pourtant…. une infirmière sur le point de partir en retraite me disait l’autre jour que si elle devait recommencer, elle choisirait d’être anesthésiste !

« Pour le confort ! » Explication : ils travaillent par séquences de 24 H, comprenant la nuit au cours de laquelle ils dorment tranquillement la plupart du temps parce que l’activité est en général très calme, et cela 5 ou 6 fois par mois. Le reste du temps c’est la liberté… Ils ne présentent pas les choses de cette façon, vous pensez bien.

 

NOME. C’est le nom que porte la loi qui doit régir le secteur concurrentiel de l’énergie qui vient d’être votée par le Sénat : « Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité », avant de passer en seconde lecture à l’Assemblée Nationale. Il s’agit de «mettre fin à une insuffisante concurrence sur un marché juridiquement ouvert depuis le 1er juillet 2007 ». A voir le texte, ce n’est pas gagné. Si les tenants de la gauche crient à la main mise du privé sur l’énergie, ils sont particulièrement de mauvaise foi quand on observe les parts de marché détenues par Poweo et Direct Energie, EDF continuant de tenir 95% des consommateurs résidentiels et 92% des professionnels. Les deux nains de la distribution connaissent d’ailleurs des difficultés alors qu’on va leur imposer un tarif d’électricité nucléaire à 42 euros le MWh, ce qui est le meilleur moyen de les empêcher d’être concurrentiels. On leur demande en plus d’investir dans des outils de production – pour se substituer à EDF dont les centrales arrivent en fin de vie- et d’adopter la convention collective d’EDF… on croit rêver ! Le texte revient à l’Assemblée Nationale où ils n’ont pas grand-chose à espérer. Le Député UMP Lenoir, qui suit le dossier est un ancien d’EDF. Avec le représentant de la  CGT, c’est  Le ROUGE et LENOIR qu’ils nous écrivent dans une nouvelle version que Stendhal n’avait pas prévu.

 


L’ACTU D’ARCHIBALD

  Longue vue Longue vue



Arnaud le facho. « C’est le moment de taper sur TF1. Il faut leur mettre la tête sous l’eau. C’est la télévision de la droite, c’est la télévision des idées qui détruisent la France, la télévision de l’individualisme, la télévision du fric, la télévision du matraquage sur la sécurité ». Ces propos nuancés, comme vous pouvez le constater, nous les devons au député Montebourg. Toujours dans la modération le gaillard ! Vous imaginez ce que ce serait si ce zèbre était ministre de la Culture : la « téléendoctrinement » nous serait derechef imposée. Du pur fascisme intellectuel ! Parce que lui, avec toutes les contre-vérités qu’il débite, il ne détruit pas la France ? Je pense qu’un député qui s’exprime de la sorte est un pauvre type !

« Mentor ». Le mot a fait le tour des médias, parfaitement isolé de son contexte, pour mieux y déceler un signe de prise de distance entre le Premier Ministre et le Président. J’ai bien lu tout le passage : François Fillon n’a fait que redire ce qu’il répète depuis le début du quinquennat, à savoir qu’il est là pour appliquer la politique décidée par le Président, à laquelle il souscrit d’autant plus qu’il a d’ailleurs contribué largement à la définir. Et il se félicite tous les jours qu’il ait été élu. Un discours donc dans le registre : « je ne regrette rien ». S’il a eu un mentor, tout le monde sait bien que ç’aurait été plutôt Philippe Seguin. Pourquoi chercher des vagues là où la mer est calme ?

Philippe tire sa révérence. La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel vendéen. Après vingt-deux ans à la tête de sa chère Vendée, Philippe de Villiers raccroche son ciré rouge. Il quitte la vie politique brutalement. Opéré à la veille de Noël d'un cancer à l'oeil, le député européen se dit guéri, « revenu de la rive des souffrants à celle des bien portants ». Mais la lassitude est la vraie raison qui lui fait baisser la voile.  Il laisse la place au sénateur Bruno Retailleau, à qui tout le liait depuis un quart de siècle avec les débuts de l'aventure du Puy-de-Fou et de la radio « Alouette FM ». L'offre de François Fillon au sénateur d'entrer au gouvernement, en janvier  2009 a provoqué la rupture entre les deux hommes. Le vicomte se savait mis en minorité par son ancien ami. C'est sur cette amitié brisée que s'achève l’aventure vendéenne de cet homme sans concessions, amoureux des bons mots parfois assassins, mais dont il restera le succès du Puy-du-Fou, le fleuron du Vendée Globe, et la modernité des Vendéopôles.  

Droit dans ses bottes. Le Ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, n’a pas l’habitude de tourner autour du pot. C’est par communiqué officiel qu’il a tenu à soutenir, à juste titre, le gendarme mis en examen, en sachant pertinemment  qu’il ferait « couiner » les magistrats. Ce qu’ils n’ont pas manqué de faire. De la même façon, il a profité des informations transmises par les services américains sur les risques d’attentats en France, pour les commenter et ainsi remettre à sa place, sans le dire, la « Ségodinde » qui osait parler il y a peu « d’exagération » pour détourner l’attention du bon peuple.

La mobilisation piétine. A en croire tous les médias, ce devait être le grand rendez-vous, ce week end, de tous les contestataires contre la réforme des retraites. On attendait un « tsunami » populaire. On a eu « à peine la même chose » que le 23 septembre. Les manifestants défilent mais leur mobilisation piétine, au point que des profs, à grands renforts de contre-vérités, bourrent le mou des lycéens pour qu’ils aillent dans la rue, où l’on voit surtout des syndicalistes patentés et des retraités militants… Quel qu’en soit le nombre, il ne fait rien à l’affaire. Le gouvernement ne peut pas reculer. La France a plus à perdre, à l’intérieur comme à l’extérieur, dans le retrait de la loi que dans le risque d’une grève aussi dure soit-elle.

L’auto. C’est sa grande fête avec le salon. La crise n'aura été qu'une parenthèse. Ceux qui, il y a tout juste deux ans, au lendemain de la faillite de Lehman Brothers prédisaient la fin de la première ère de l'industrie automobile en sont pour leurs frais. Deux ans après la tempête, le paysage automobile n'a finalement guère changé de visage et les ventes mondiales devraient même repasser la barre des 70 millions d'unités dès cette année. Les experts avaient pourtant prédit trois ruptures majeures. Sur le plan industriel, la crise aurait dû être l'occasion de faire disparaître les plus faibles. Finalement, aucun acteur significatif n'aura cessé de produire. Au niveau commercial, la révolution culturelle ne s'est pas plus matérialisée. La tendance amorcée avant la crise poussant les consommateurs davantage vers les petits modèles et moins vers les 4x4 s'est poursuivie, mais la voiture est restée un objet de plaisir, symbole de liberté et de statut social. Sur le plan technologique enfin, même si la voiture électrique ou hybride occupe de plus en plus les esprits, elle est loin d'avoir conquis les showrooms et encore moins le marché de masse. La voiture peu polluante progressera, mais même ses plus farouches défenseurs estiment qu’elle ne représentera que de 10 % à 15% des ventes d'ici à 2020. Une simple évolution loin de la révolution annoncée. C’est peut-être plus sage, pour notre industrie et nos emplois.




 


CACHEZ CE CLANDESTIN QUE JE NE SAURAI VOIR !

Roms-aubry
L
a question de l’immigration est recouverte en permanence du voile pudique du « politiquement correct » par les médias et les institutions. Résultat, en France, que ce soit à la radio ou à la télévision, on n’aborde la problème des immigrés clandestins qu’en les plaignant, qu’en prenant leur défense contre toutes les mesures destinées à les contrôler et qu’en traitant le pouvoir en place de toutes les épithètes possibles, y compris les plus douteuses. Comme ceux qui ouvrent leurs grands bras généreux aux clandestins –surtout moralement- ne nous disent pas pour autant qui doit payer pour leur intégration, le reste de la population ressent leur arrivée avec inquiétude.

Quand les électeurs européens dans leur majorité n’ont pas le sentiment que leurs dirigeants prennent des mesures dissuasives pour limiter l’immigration, ils n’ont aucuns scrupules à manifester leur mécontentement dans les urnes. L’évolution récente de l’électorat européen est indicative de cet état d’esprit : les récentes élections en Suède ont permis l’entrée au Parlement du « SD » parti xénophobe ; en Belgique, l’extrême droite contribue à la fracture du pays ; au Danemark, aux Pays-Bas, en Norvège, en Hongrie les partis populistes connaissent un regain de faveur et la convergence de leurs succès devrait nous alarmer… ou nous ouvrir les yeux. La montée de l’extrême droite s’appuie essentiellement sur l’hostilité à l’immigration.

Il n’est donc pas monstrueux, au nom de la protection des minorités, de lutter contre l’immigration incontrôlée, et c’est pourquoi on fait à Nicolas Sarkozy un procès excessif et incongru : si le président doit respecter les textes des lois dont il est le garant, il a aussi le devoir, dans le cadre légal, de faire démanteler des camps non autorisés ou faire reconduire à la frontière des personnes, certainement en détresse, mais dont l’accueil systématique achèverait nos système sociaux, déjà trop déficitaires !

Le contrôle de l’immigration est le meilleur remède contre l’intolérance. Sinon, la peur irrationnelle de l’autre peut devenir dangereuse économiquement, socialement et politiquement. En Italie, Silvio Berlusconi est confronté au problème et a bien du mal à maintenir sa coalition gouvernementale avec la ligue du Nord, mouvement séparatiste et xénophobe. Flamands et Magyars, Gaulois et Teutons sont tentés de se protéger derrière le rempart de la « vieille culture » contre les dangers de la mixité. Cela rend encore plus limpide et clairvoyante l’action du Chef de l’Etat, si l’on ne veut pas demain, nous retrouver dans l’obligation de composer avec un parti d’extrême droite comme y a été contraint le conservateur Wolfgang Schüssel, en 2000, en Autriche. Car cette évolution de l'électorat, dont la fraction séduite par les thèses fondées sur l'intolérance grossit,  complique sérieusement la formation des gouvernements de centre droit qui, jusqu'à présent, exprimaient une majorité à peu près constante dans la plupart des Etats de l'Union.




L’ART DU POSSIBLE FACE A L’ART DE LA MAGIE

 
  Manif 2

Léon Gambetta définissait la politique comme l’art du possible.   Entre deux manif’ je reviens sur la réforme des retraites. Forcément. Il faut bien en parler, dire et redire que de toute façon on n’a pas le choix. Où c’est le projet du gouvernement, avec ses imperfections, réaliste et plus équitable que juste, où c’est la douce illusion que la gauche résoudrait le problème sans faire souffrir personne, sans allonger la durée des carrières et se contenterait de taxer les « riches » en prélevant 45 milliards par an sur la production intérieure, sans conséquences graves sur notre économie et nos impôts…  

Entre un projet qui présente le seul moyen d’aller vers l’équilibre des régimes en reportant l’âge de la retraite et la solution miracle de la gauche qui serait sanctionnée à court terme par un million de chômeurs de plus et une augmentation des cotisations, le « possible » est bien dans le camp du gouvernement. Certes, il serait souhaitable de prendre en compte quelques cas particuliers comme celui des femmes qui n’ont pas assez cotisé, celui de quelques métiers où l’on trime dur, celui des bosselés de la vie qui n’ont pas réussi à grimper dans l’échelle sociale. A condition de pouvoir les financer sans dégâts collatéraux pour l’économie et d’éviter de recréer des « régimes spéciaux » appelés par nature à perdurer plus longtemps que le cas qu’ils traitent.

La gauche a raison quand elle dit que la réforme des retraites serait plus efficace si elle suivait une réforme fiscale et si des dispositions étaient prise pour l’emploi des jeunes (encore et toujours) et des séniors (afin qu’ils gardent l’emploi qu’ils ont). Chacun saisira que les deux derniers objectifs ne sont réalisables que si l’on crée suffisamment d’emplois, donc cela nécessite de la croissance. Mais si tout cela est vrai sur le papier, en attendant le paradis des équilibres sociaux, la France aura dix fois le temps de se retrouver à poil. Là encore, le possible est dans les choix tempérés du gouvernement qui doit par ailleurs gérer avec rigueur pour aller vers la réduction des déficits.  

Mais si la réforme proposée est celle qui entre le plus dans « l’art du possible », son espace, entre l’exaltation du combat social paré de toutes les vertus humanistes et l’obstacle posé par l’endettement, est très réduit. Le rejet de la réforme inscrit dans les sondages et les manifestants dont le nombre n’est qu’épiphénomène, quelles que soient les décisions des syndicats, quelles que soient les conséquences d’une grève générale si elle avait lieu, nous ferait perdre des années précieuses au bout desquelles la solution serait encore plus douloureuse.

Un retrait indiquerait au reste du monde que décidément nous sommes incorrigibles et l’Europe et les marchés, dont nous sommes dépendants - n’en déplaisent aux démagogues extra-terrestres - nous feraient payer illico notre lâcheté devant l’adversité. Il n’y a que les martiens verts, roses ou rouges pour croire que nous saurions nous soustraire à l’environnement commercial et qu’en chargeant la barque des dépenses publiques déjà accablantes nous ne détruirions pas notre capacité à investir. Fatalement un accroissement de la dette détruirait des emplois.  

On en frémit à l’idée que l’opposition pourrait s’emparer du pouvoir ! 

 



LA CONFUSION EST PARTOUT

Chaque jour, tel sondage montre que les Français jugent indispensable la réforme des retraites, tel autre qu'ils y sont opposés. Ils jugent injuste le projet du gouvernement mais ils ne croient pas réalisable celui de l'opposition. Et chaque fois, une majorité se prononce. Rarement confusion n’aura été aussi complète et cacophonie si intense. Il y a évidemment une façon très simple d'esquiver le problème : soutenir que chaque camp tire les sondages dans le sens qui lui convient et oriente tout - chiffres, questions, interprétations -conformément à son choix. Trop facile et surtout naïf !

 

Les syndicats manifestent, tentent de peser sans trop y croire mais se gardent bien de franchir le Rubicon d’un affrontement trop dur. Car ils savent bien que le pays n’a pas les moyens de se le payer et que les Français en sont conscients. Le peu de croissance serait balayé. Ils font donc tout ce qu’ils peuvent pour canaliser une grogne bien compréhensible. D’accord pour manifester, pas pour faire grève !

 

Au PS, les sondages favorables à DSK rendent tout débat serein impossible et crispent les positions des « prétendants » à l’affût de la moindre parole. Alors l’unité de façade explose car tout le monde sait, ou croit savoir, le dessein caché de la 1ère secrétaire. On l’a encore vu à la fin de la semaine dernière avec les propos calculés de Claude Bartolone. Le rappel à l’ordre de la patronne a paru plus convenu qu’efficace alors même que la « folle du Poitou » est revenue faire des siennes sur le devant de la scène.

 

A l’UMP, ce sont les ambitions des uns et des autres à l’approche du changement de gouvernement qui font monter la fièvre et la république des « égos » supplante la fraternité pourtant indispensable face à la pugnacité d’une opposition négationniste comme jamais. Et cela bien que François Fillon soi-même ait sifflé la fin de récréation. Les Villepinistes n’ont jamais été aussi vils, au point que Gérard Longuet se permet d’affirmer dans une interview que l’ancien Premier Ministre est « excessif et exalté ». Ce qui est vrai ! Si chacun sait que le vrai « patron » est au « château », cela n’empêche pas de jouer des coudes pour se placer pour après… jeu puéril qui échappe à la majorité des Français qui ont d’autres soucis que de se préoccuper de savoir qui dirigera le parti du Président ou qui sera au perchoir.

 

Sur le plan économique, on nous annonce en même temps que le chômage est reparti à la hausse en août et cependant que les entreprises embauchent et que malgré une faible croissance, l’emploi repart…

 

Nous traversons une période bien singulière à faible visibilité sociale, politique et économique. Les seules certitudes sont les déficits qu’il faut combler, les tours de vis dans les budgets et que cela va durer un moment !

 

Et vous voudriez que les Français aient le moral ? La confusion est partout alors qu’on aurait besoin de repères auxquels s’accrocher.

 


L'AUTOMNE EST LA !

Le bloc-notes salue l'arrivée de l'automne avec une nouvelle livrée. Pendant mon absence, l'audience a quelque peu faibli, ce qui est bien normal, mais je découvre que le débat est resté vif entre Arsouille, Lucien et Chris... A la bonne heure !

Je reviens d'un pays d'Europe qui ne connaît pas la crise, qui a la chance de voir croître sa richesse à un taux annuel qui nous ferait rêver, où l'impôt unique plafonne à 19% des revenus (taux unique) avec une TVA à 20%. Il n'y a pas de chômage et le mode de vie dans sa capitale n'a rien à nous envier avec ses galeries commerciales aux enseignes identiques aux nôtres, ses buildings de verre et ses autoroutes. L'Europe est bien présente avec l'Euro ce qui est bien pratique. Seule la langue est un peu déroutante, mais avec l'Anglais ou l'Allemand, on s'en sort... On dit que les gens y sont courageux et travailleurs. Les commerces sont ouverts tous les jours, y compris le dimanche et pourtant, c'est un pays très catholique, bien qu'il ait connu la dictature communiste. 

Bon, il faut revenir sur terre. je constate à parcourir les titres de la presse qui s'est accumulée dans ma boîte aux lettres, que le débat dans l'hexagone vole toujours aussi bas et que la gauche s'illustre toujours par ses postures politiciennes de bas étages. J'étais si loin des miasmes de ses flots nauséabonds...

Dur, dur de se remettre dans le coup !

Je rassure Lucien. C'était effectivement des vacances, mais pas si coûteuses qu'il le sous-entend puisque c'était en même temps une visite à la famille de l'un de mes enfants...

Dès demain, promis, je reprends mes chroniques.


LA SEMAINE D’ARCHIBALD

                                                    Longue vue

 

Une dernière chronique pour la route avant deux semaines de pause pour le bloc-notes. Retour le 28 septembre !

KAFKA. Comment s’y retrouver dans les différents sondages sur ce que pensent les Français de la réforme des retraites. Près de 7 sur 10 soutenaient le mouvement de grève et les manifestations du 7 septembre. Ils continuent de trouver que le projet est injuste dans la même proportion tout en considérant à 62% que le gouvernement est courageux et même 53% à le trouver attentif à la pénibilité. Et ils ne sont que 43% à approuver le recul de l’âge légal à 62 ans. Traduction : la potion amère est inéluctable, mais encore une minute SVP avant de l’avaler.

FESTIVAL. Royal telle qu’en elle-même sur le plateau de « à vous de juger » : effrontée, au culot sans limite, avec un aplomb à nul autre pareil elle débite ses certitudes (ses fadaises) faites pour être entendues, la mettre en lumière. D’être crue ou crédible, là n’est pas son souci. Il lui fallait une occasion de briller et Martine Aubry est tombée dans le piège : l’art de se sauver en paraissant se sacrifier n’est-il pas le jeu où la poitevine excelle ?

MARCHE DE DUPES. C’est ce que propose Martine Aubry aux Français en promettant de rétablir la possibilité de partir à 60 ans… mais avec une décote importante. On voudrait paupériser les retraités qu’on ne s’y prendrait pas mieux. A moins que ce ne soit une façon de favoriser ceux qui le pourraient…. Les riches ! Elle se garde bien de dire qu’elle toucherait à la durée de cotisations qui est de … 42 ans !

DURA LEX… sed lex ! La loi démographique est comme celle de la pesanteur, on n’y échappe pas. La prolongation de l’espérance de vie impose de devoir travailler plus longtemps. Et on ne peut pas faire comme si depuis les années 60, rien n’avait changé quand on passe de 4 travailleurs qui cotisent pour 1 retraité à 1,8 pour 1 retraité, avec à l’horizon plus lointain 1 pour 1 !  C’est de la mathématique élémentaire que d’aucuns masquent d’artifices démagogiques.

PORTE ETROITE. Les grandes centrales syndicales durcissent le ton, mais on a le sentiment de plus en plus qu’elles sont dans un jeu de rôle. Elles canalisent à travers de grandes journées de mobilisation un mouvement ample sans être vraiment profond. En un mot : le socle n’est pas très solide surtout du côté des salariés du privé. Tout le monde a compris que le gouvernement ne reculera pas et globalement le sentiment de résignation l’emporte. Dans ce contexte, il leur reste le pouvoir de la voix et dans le jeu avec le gouvernement, à trouver une porte se sortie honorable pour qu’elles ne perdent pas la face, ce qui donnerait des arguments aux radicaux.

FILLON. Star de la rentrée ? Le Premier Ministre reste très populaire. Pourtant il monte au feu, assume la politique menée par le gouvernement et même ne mâche pas ses mots. 55% des Français souhaitent pourtant -autre contradiction- qu’il reste à sa place. Son calme impressionne, sa sérénité plait. Et cela au plus fort de la contestation sur les retraites… Alors Restera, restera pas ? C’est le Président qui décide. Saluons tout de même la performance !


LES MANIPULATEURS

 

Que les syndicats avancent en rangs serrés contre la réforme des retraites, on peut le concevoir. La concurrence à laquelle ils se livrent pour gagner des voix pour leur représentativité les condamnent à ce jeu de rôle. Dommage pour la négociation. La modernisation de notre démocratie sociale est encore à faire. Et encore, s’ils vivent bien c’est grâce au financement public, parce que côté adhérents, la France est à la traine des autres pays européens.

 Mais franchement, quand j’entends le pantin Hamon, commenter les propositions du Chef de l’Etat ou Ségolène Royal sur le plateau de télévision, aplomb et misérabilisme en guise d’argumentaire, j’ai envie de hurler à l’imposture. Le PS est-il obligé de se cantonner dans ce rôle pitoyable de faire croire que demain on rasera gratis ? Ses têtes d’affiche peuvent affirmer qu’on peut financer les retraites en taxant les riches, les stocks options, les profits des banques, en supprimant le bouclier fiscal et autres mesures très économiques pour l’investissement et la compétitivité de nos entreprises, ils savent bien que le produit à en tirer est à haut risque en raison de la liberté dont nous disposons aujourd’hui à l’intérieur de l’Europe de fuir vers des cieux fiscaux plus cléments.

Interrogés sur la manière de redresser les comptes de la France, les mêmes, après avoir avec culot reproché au Gouvernement d’avoir creusé les déficits pour maintenir le financement du bouclier social, nous proposeront comme recette les mêmes sources. Et si vous leur demandez comment ils résorberont le trou de la sécurité sociale (27 milliards cette année), ils vous ressortiront le même discours. Un fusil à un coup qui tire trois fois, il faut être socialiste pour croire que ça peut exister !

Mais il faut se souvenir qu’un salarié qui touche 2 000 € par mois en coûte 3 000 à l’entreprise qui l’emploie. La CSG a révolutionné le système et s’applique à tous les revenus ; elle pèse sur la petite épargne comme sur la grosse. L’ensemble des cotisations sociales réduit la capacité des entreprises à investir. Il faut arrêter de considérer l’argent comme une horreur, c’est une matière première pour le développement des entreprises et donc pour … créer des emplois. Et c’est bien là le problème. Plus la richesse nationale ira vers les cotisations ou les taxes, moins il y aura d’argent pour moderniser l’économie et rendre nos entreprises plus compétitives.

Ce que nous proposent les socialistes pour financer les retraites, c’est  ni plus ni moins que le retour à une économie administrée avec à la clé le sous-emploi et le chômage, et ils le disent eux-mêmes, l’augmentation des cotisations pour les salariés comme pour les entreprises (qui financent, ne l’oublions pas 70% des retraites).  

Des Manipulateurs !

 

 


INJUSTE ? VRAIMENT ?

Le Gouvernement tient bon sur l’inéluctable : le report de l’âge de départ à la retraite. La gauche s’accroche au dogme des 60 ans avec une détermination qui laisse un doute sur sa capacité à gouverner. Les syndicats à force de matraquer leurs vérités réussissent à entraîner derrière eux des foules bien conditionnées par une précampagne de harcèlement sur le thème « le pouvoir et l’argent ». Pour une fois que la droite a un peu de courage, la gauche en manque totalement.

Pourtant le constat démographique est incontestable et incontournable. Autour de la prolongation de la vie active, il devrait y avoir dans ce pays un consensus de l’ordre de 90%. Sauf à adopter un système d’économie administrée, il est impossible de ne pas harmoniser la durée des carrières professionnelles avec l’espérance de vie et les conséquences de la bosse démographique du « papy-boom »..

La gauche insiste sur la fiscalisation des banques, des bonus, des profits financiers, du rendement de l’épargne comme si toutes les sources de financement réunies suffisaient à combler le déficit projeté des régimes de retraites. Mais comment croient-ils que la France puisse un jour redresser ses comptes, diminuer la dépense publique et donner ses chances à la croissance, si l’épargne et les investissements restent plombés par les impôts qui, aussi élevés qu’ils soient ne suffiront pas à équilibrer les régimes.

Les partis de gauche et les syndicats sont libres de défendre des « acquis sociaux » inamovibles à leurs yeux, mais le signal qu’ils envoient aux autres Européens, à l’Allemagne notamment, et aux marchés est désastreux dès lors que la gauche paraît en mesure de reconquérir le pouvoir en 2012 : l’idée que la France continuera à vivre à crédit, au-dessus de ses moyens, risque de faire des ravages.

Les syndicats peuvent crier qu’il n’y a pas eu de négociations. Ils crient que le projet était écrit avant qu’elles commencent. C’est probablement vrai, mais alors la faute n’en revient pas seulement au Gouvernement. Car nos représentants syndicaux n’ont pas voulu envisager ce qui se produirait si la France passait à une retraite à 61, 62 ou 63 ans. On peut faire des manifestations, on peut incriminer les spéculateurs, les banquiers, les traders, on ne fait qu’encourager un rêve dont le réveil sera tôt ou tard, terrible.

Injuste ce qui est proposé ? Avec les concessions sur la pénibilité, sur les personnes qui ont commencé très tôt, sur les polypensionnés, les carrières des femmes, la convergence des cotisations du public et du privé ? Je serais tenté de dire au contraire : raisonnable et équitable dans la recherche des équilibres possibles.

N’oublions pas que la retraite c’est d’abord un système contributif qui doit d’abord et avant tout trouver son financement dans la répartition entre ceux qui travaillent et qui cotisent, et ceux qui partent en retraite et qui « touchent ».  Avec l’assurance maladie, ce sont des systèmes liés en priorités au travail et aux salaires. Félicitons-nous que la droite ait choisi de préserver ce système, et dans sa sagesse, cherché à maintenir le niveau des pensions sans augmenter les cotisations !

 

 


LA MANIF’ ET LE DEBAT

 

Pendant que les manifestants défilaient avec leur folklore habituel, le débat sur la réforme des retraites s’est ouvert à l’Assemblée Nationale, dans un climat tendu, mais pas insupportable. D’ailleurs la gauche aurait eu beaucoup à perdre à mélanger les genres.

Si les protestataires étaient un peu plus nombreux dans la rue, inévitablement près de 3 millions selon les syndicats (j’aurais pu l’écrire hier soir), mais évidemment beaucoup moins dans la réalité, leur rejet de la réforme n’en est pas moins inacceptable. La situation est trop grave pour reculer cette fois-ci encore et céder aux ukases de la rue.

Les débats promettent d’être riches. La première journée le montre assez bien avec les sujets qui ont été abordés, souvent à l’initiative d’élus UMP. Les élus de gauche se cantonnant à essayer de vendre les arguments de leur projet à travers les questions qu’ils ont posées. Bien entendu cela n’a pas empêché certains de faire entendre leur petite musique en arrivant les premiers aux « Quatre Colonnes ». Quoi de mieux, que la salle de l'Assemblée où patientent les journalistes pour glisser quelques commentaires acides ou acerbes tels les députés villepinistes Marie-Anne Montchamp et François Goulard qui prônent une réforme « équitable » qui n'adosse pas la pénibilité sur l'invalidité et conserve la possibilité de prendre à 65 ans une retraite à taux plein : ce qui revient à ruiner l’équilibre du projet ! Et menacent l'un comme l'autre de s'abstenir sur le texte. Eric Woerth l'a rappelé, les modifications qui seront apportées ne vont pas « remettre en cause l'équilibre global de la réforme ». Le rapporteur UMP du texte de loi y veillera : « La majorité soutient le gouvernement qui a fait des choix courageux, parfois difficiles », a déclaré Denis Jacquat. Certains députés entendent néanmoins donner de la voix. La question des femmes, en particulier, préoccupe une partie des élus UMP.

L'autre sujet sensible qui dominera les débats est celui de la prise en compte de la pénibilité par les régimes de retraite. La gauche en fait un de ses principaux angles d'attaque. Dans sa forme actuelle, le projet de loi prévoit une retraite anticipée pour les salariés qui souffrent d'un taux d'incapacité d'au moins 20 % à la suite d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail. « La pénibilité, ce n'est pas la maladie ou l'incapacité », a critiqué Marisol Touraine (PS), qui demande qu'on prenne en compte « la dureté de certains parcours ». Le Parti socialiste propose que les salariés qui ont été exposés à des facteurs de pénibilité au cours de leur carrière -travail de nuit, port de charges lourdes, produits toxiques -bénéficient de majorations de durée d'assurance, c'est-à-dire de trimestres supplémentaires pour leur retraite. La nostalgie des régimes spéciaux n’est pas loin comme on peut le voir. D’ailleurs aucun autre pays européen ne s’est aventuré dans une telle démarche par nature périlleuse, faute de critères objectifs identifiables et évolutifs dans le temps. Eric Woerth a donc logiquement fermé la porte à cette conception soulignant que ce serait une source d' « injustice » de tenter d'en tenir compte pour la retraite.

Dans la bataille de la communication qui s’est engagée, la majorité serait bien inspirée de se concentrer sur le seuil de 62 ans afin de ne pas laisser les syndicats mettre l'accent sur les 67 ans, nettement plus anxiogènes, et un repère moins significatif.

Il y aura 50 heures de débat d’ici le 15 septembre, jour où la loi sera votée et de belles passes d’armes en perspective ! Espérons que la dignité continuera de prévaloir et que les syndicats sauront résister aux sirènes de l’activisme en paralysant le pays. Ce serait un mauvais service à rendre aux salariés au moment où la croissance repart un peu.

 


LE CLIMAT DE LA RENTREE : TEMPS MAUSSADE…

Nuages noirs

Après le tour d’horizon des partis politiques, et à la veille du bras-de-fer engagé par les syndicats avec le gouvernement sur la réforme des retraites, voici une réflexion sur le climat de cette rentrée.

Le contexte en est particulier. Rarement, le débat politique aura perduré avec autant d’acuité pendant les vacances au point de ne connaître la moindre pause. Nicolas Sarkozy s’est employé à l’alimenter fin juillet par son discours de Grenoble sur la sécurité, après les événements que l’on sait. Il n’en fallait pas plus pour que la « gôchedédroadelom » déclenche les grandes orgues de la contestation, bientôt relayée, c’est plus inattendu, par les curés. Au point que la majorité, qui avait dû supporter le feuilleton Bettencourt, s’est retrouvée divisée dans ses appréciations et pour certains de ses membres mal à l’aise.

Voilà donc un rapport de force qui semble s’établir en défaveur du pouvoir en place, au moment où le PS affiche un semblant d’unité. L’avantage psychologique, jusque là entre les mains du Président, avec ses ministres d’ouverture a changé de camp. La seul perspective  d’une victoire de la gauche dans vingt mois est en effet susceptible de doper les ardeurs de rassemblement dont le ciment réside essentiellement dans l’antisarkozysme basique.

Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

D’abord, cette victoire restera très théorique tant qu’elle reposera sur le rejet de la politique du Chef de l’Etat. A aucun moment les sondages ne mentionnent un désir de socialisme. Et les Français déplorent toujours majoritairement l’absence d’une alternance crédible. Personne n’a trouvé dans le discours de Martine Aubry à la Rochelle de quoi transformer cette opinion.

Ensuite, il y a gros à parier que cette possibilité de gagner va attiser la compétition entre les prétendants et je ne serai pas surpris de voir le PS sombrer à nouveau dans ses luttes fratricides. Sans compter que les écologistes vont vouloir mettre leur grain de sel et imposer quelques unes de leurs « lunes » programmatiques.

Et donc, voilà un écueil de taille : que sera un projet-écolo socialiste  dans une France plombée par la dette et la crise ? Les tendances redistributrices de la gauche pourront-elles s’accommoder de la rigueur inévitable, sauf à aller à la faillite grecque. Tant qu’elle ne répondra pas clairement à ce défi, et elle n’en prend pas le chemin, ses promesses seront verbales et fallacieuses.

C’est bien là la chance de la majorité actuelle, qui, sous la conduite de François Fillon, mène une politique périlleuse d’équilibre entre baisse des dépenses et soutien à l’activité pour ne pas anesthésier le redémarrage de l’économie. Mais l’usure du pouvoir suppose de jouer encore plus collectif pour envisager une suite victorieuse. Nicolas Sarkozy cherche à conforter son socle sur lequel il doit compter pour un premier tour. Mais en même temps, il aurait tort de ne pas envoyer les signaux nécessaires qui lui permettront de rassembler ensuite pour franchir les 50% nécessaires du second tour. Si sa victoire de 2007 s’est faite largement sur sa personnalité et sur les espoirs qu’il a suscités, en 2012, elle ne pourrait survenir qu’au terme d’une campagne beaucoup plus collective.

En attendant, il faut passer le cap de la réforme des retraites puis enclencher celle sur la dépendance, tout en prenant la tête du G20. De quoi progresser en image dans l’opinion s’il retrouve la main…

 

 


LA SEMAINE D'ARCHIBALD

Longue vue

 

 

ROM A GOGOS. A défaut de trouver des solutions pour les Roms, la gauche nous fait le spectacle. En matière de stigmatisation, on ne peut faire plus. Cette semaine on aura eu droit à tout :

-          L’hypocrisie de « l’arnaqueuse » de Lille qui après avoir demandé au Préfet l’évacuation de terrains indûment occupés par des Roms, se ravise quand la chose est rendue publique par le Premier Ministre. Du coup elle va mettre en place un « village d’insertion ». C’est les Lillois qui vont payer qui seront contents ! La ficelle est un peu grosse mais qu’est-ce qui gêne Martine allez vous me dire ?

-          Le clergé remis dans son église, après les propos pour le moins choquants d’un prêtre et les commentaires de l’archevêque, venu après coup expliquer au Ministre de l’intérieur qu’il ne s’agissait pas d’entrer dans la polémique politique, mais de charité. Bon, nous on veut bien. D’ailleurs, le gouvernement n’a enfreint aucune loi tant française qu’européenne, il est bon de le rappeler.

-          La manif’. La voilà la solution miracle ! Comme si de crier dans la rue des slogans aussi stupides que provocateurs et insultants ça allait apporter des solutions : les enfants vont aller à l’école du jour au lendemain, les parents vont subitement parler Français et renoncer à l’industrie de la mendicité. La gauche laxiste, démissionnaire et irresponsable dans toute sa splendeur !

-          Tous à Lille ! Le mot va bientôt passer, et on va bien rigoler. J’aimerais voir la tête de la patronne quand elle aura des centaines de Roms candidats à son village….

LES CHIENS ENRAGES. La campagne contre Eric Woerth a continué toute la semaine avec des révélations stupéfiantes : on a retrouvé une lettre qu’il aurait envoyée, alors qu’il était député, à Nicolas Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, pour appuyer la demande de décoration  de Mr. Maistre. La belle affaire : tous les députés en écrivent chaque année des centaines. Est-ce répréhensible ? Voilà qu’on en est rendu à transformer un fait insignifiant en montagne qui vaut l’accusation de « mensonge » à son auteur.  On notera au passage la hargne de la Duflot ! Mieux, Maistre aurait répondu pour remercier ! Et personne ne se demande comment tous ces documents saisis lors d’une perquisition peuvent se retrouver ainsi dans la nature au mépris de la loi et du secret de l’enquête…

LA RENTREE. Voilà une rentrée de plus avec des prof en moins. Apparemment sans gros problème ! Le tam-tam s’est donc porté sur ces jeunes prof qu’on lâche dans l’arène, le mot n’est pas trop fort, « sans formation ». Quel drame ! On devrait tout de même préciser « pédagogique », parce qu’ils ont tout de même un master (bac + 5). J’ai déjà dit ici que j’aurais préféré qu’ils aient un minimum de bagage expérimental de la pratique. Mais par rapport à ce qu’ils apprenaient dans les « IUFM », je doute qu’on trouve une différence. En vérité, ce qu’il faudrait, c’est un véritable accueil « pédagogique » des anciens dans les établissements où la « fraternité » ne fait pas partie des mœurs. Dans la salle des prof, les anciens ont leur coin et leurs habitudes et se préoccupent rarement des nouveaux arrivants. Chacun pour soi… et le meilleur emploi du temps possible (celui qui permet de passer le moins de temps possible dans l’établissement).

"PETITS MARQUIS". Coup de gueule de Rebsamen, cette semaine, contre la jeune garde qui occupe les locaux de la rue Solférino autour de la 1ère Secrétaire et qui s’y voient déjà en se partageant les postes de Secrétaires d’Etat, quand ce n’est pas de Ministres. C’est que les sondages ça donne des idées ! Sauf que la messe n’est pas dite. Et d’ici vingt mois, il peut s’en passer des choses. A commencer par les coups de Jarnac entre les prétendants.

« J’IGNORE POURQUOI.. ». C’est la réflexion que fait l’Inspectrice d’Académie d’Angers en constatant que les effectifs du public diminuent de 169 élèves et ceux du privé augmentent de 168. Nous on sait : les parents ont ras-le-bol d’un corps enseignant qui passe son temps à faire grève et qui consacre plus d’énergie à concocter des slogans contre « la casse du public » qu’à enseigner… Et pour bien commencer l’année, ce sera deux jours de grève la semaine prochaine avec probablement peu de solutions d’accueil comme d’habitude. Parents, démerdez-vous ! Eh bien il y en a qui choisissent l’autre école, celle où on travaille !

 

                                                          

                                                           Tonnerre de Brest !

 

 


PAYSAGES DE RENTREE : LES FORCES D’APPOINT

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L’EXTREME GAUCHE.


La gauche de la gauche, qu’elle soit de Besancenot ou du Parti Communiste ou son succédané, le « parti de gauche », se maintient globalement à un niveau stable à peine soutenu par la crise. Le dernier congrès du PC pourrait bien lui avoir donné le coup de grâce puisque presque tous les maires de la couronne parisienne ont quitté le parti. La nouvelle direction ne fait pas l’unanimité, c’est le moins qu’on puisse dire. Quand elle affirme que le pouvoir est affaibli, c’est l’hôpital qui se fiche de la charité. Marginalisé, il ne reste au PC que la solution de s’allier avec le Parti de Mélanchon, dont les thèmes et le discours sont très proches. Mais c’est un « front de gauche » réduit fait d’additions à somme nulle. Tout juste auront-ils les moyens de participer à la présidentielle… comme force d’appoint pour le deuxième tour.

Quant à l’extrême gauche « révolutionnaire » on a bien vu que les résultats électoraux n’ayant pas été au rendez-vous, elle est en crise et le « petit facteur de Neuilly » subit lui aussi l’usure du pouvoir. Reste L.O. pour qui le soleil ne brille guère non plus. La remplaçante d’Arlette n’ayant pas la dimension médiatique de sa devancière. Bref, plus de capacités à nuire électoralement qu’à soutenir la gauche « bourgeoise ».


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L’EXTREME DROITE

 

C’est bien connu, les extrêmes se touchent. Le climat de contrecoup de la crise et de soupçon sur la moralité leur est toujours propice. Le Front National retrouve quelque couleur (pastel) mais comme il est à poil financièrement, il n’a guère de moyens d’exister. Il en a été réduit à organiser un campus d’été dans une grange du nord pour une trentaine de poilus (enfin de rasés devrais-je dire) : c’est tout dire ! Et puis pèse sur le parti la transmission du pouvoir à « fifille » poussé par pépère. Il en faudra de 4mois de campagne interne avant que le problème ne soit définitivement tranché. Car le concurrent de Marine, Bruno Goldnisch, n’a pas l’intention de se rendre sans combat. Comme le discours reste figé, même si la fille tente de le rendre plus présentable, les marges de manoeuvre électorales restent celles que l’on connaît. Ici aussi la capacité de nuire l’emporte sur le reste.

 



PAYSAGES DE RENTREE : MAIS OU EST DONC LE CENTRE ?

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LE CENTRE INTROUVABLE

 

En cette rentrée, bien malin qui pourra dire où sont passés les centristes. Il y a bien eu quelques moulinets de quelques-uns au sein de l’UMP, il y a bien eu une université « confidentielle » du Nouveau Centre autour d’Hervé Morin et une tentative peu convaincante de regroupement dans l’Alliance Centriste autour de Jean Arthuis. Le Modem a pratiquement disparu du paysage hormis quelques déclarations disparates de François Bayrou.

Il n’y a plus « un » centre, mais « des» centres, si l’on compte les partis qui s’en réclament. Par contre, les électeurs centristes se sont évaporés dans la nature : le Modem a fait un score minable aux élections régionales après un résultat calamiteux à l’élection européenne. Hervé Morin, s’il se présentait à la présidentielle, se voit crédité de 1,2% des voix… Les voix du centre sont en grande partie en jachère ou émigrées chez les écologistes.

Les observateurs jugent avec raison que la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy n’est pas faite pour les inciter à revenir dans le giron de la droite. Mais je serais curieux de savoir à quel électorat correspondent les voix dites « centristes ». Celui du CDS, chrétien et traditionnel est très vieillissant ; il ne s’est probablement pas renouvelé si l’on se réfère à la fréquentation de la messe et a probablement une propension à voter à gauche si l’on écoute les sermons des curés.

Ce centre explosé et devenu introuvable est pourtant une pièce essentielle de l’échiquier politique. François Bayrou, par son intransigeance et son discours trop axé sur l’antisarkozysme porte une responsabilité écrasante dans cette disparition. Mais ce serait injuste de lui faire porter le chapeau à lui tout seul. L’UMP n’a pas su non plus mettre suffisamment en valeur sa composante modérée de centre droit, centriste et libérale. L’organisation de « courants » initialement prévue a été malencontreusement abandonnée : on en paie aujourd’hui les conséquences.

Il faut bien convenir que les Français sont incorrigibles : l’UMP a été construite pour mettre fin aux guéguerres perpétuelles que se livraient RPR et UDF, sur les mêmes terres et les mêmes idées. Maintenant on reproche le monolithisme et dès qu’une nuance s’exprime on crie à la division. C’est pourtant cette difficile équation qu’il va falloir résoudre d’ici 2012. La priorité c’est de reconstruire un centre crédible et suffisamment fort pour capter les voix modérées et mordre sur le centre gauche… Les talents ne manquent pas, alors ?

 

 


PAYSAGES DE RENTREE : ET A DROITE ?

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 L’UMP.

 

Le parti majoritaire subit l’usure du pouvoir et de la crise. La victoire de l’élection européenne à la proportionnelle était un trompe l’œil. Dans un système de scrutin majoritaire à deux tours, il manque l’appoint de voix nécessaire pour franchir la barre du 2ème tour et on en a vu le prix à payer lors des élections régionales et aussi à Rambouillet. La dispersion du centre qu’on évoquera ensuite et le glissement de voix du Modem vers le centre gauche et les écologistes, s’il perdure, constitue un réel problème dont il faut trouver la solution d’urgence. La stratégie de captation des voix qui se portaient sur le Front National connaît aussi un effritement avec le regain d’audience (partiel mais amplifié par des médias complaisants) de celui-ci.

Collé à Sarkozy, l’UMP paie aussi tous les aléas de la gestion présidentielle que l’on mesure à la cote du Président. On a connu pire sous Chirac. Néanmoins, les réformes ont créé une addition des mécontentements dans l’électorat qui lui est traditionnellement acquis : professions libérales du droit ou de la médecine pour ne citer qu’elles. Une partie de l’électorat âgé a été dérouté par le style de Nicolas Sarkozy et l’électorat populaire qui s’était porté sur lui en 2007 a été forcément déçu par l’échec du « travailler plus pour gagner plus » pris complètement à contrepied par la grave crise financière de 2008 et ses conséquences. Le fait d’avoir laissé joué les amortisseurs sociaux à plein a contribué à augmenter la dette mais n’a pas été suffisamment perçu comme une sollicitude à l’égard des plus démunis.

Il en résulte un désenchantement qui se traduit dans la baisse du nombre des adhérents et le pari des 500 000 atteints en 2012 relève aujourd’hui du mirage si rien ne change. La communication du parti est trop souvent inaudible, et quand elle l’est c’est pour être cacophonique, face au pilonnage massif et cohérent de la gauche sur le bouclier fiscal, les avantages donnés au riche, l’injustice permanente, le pouvoir autoritaire et j’en passe. La stratégie du soupçon, savamment orchestrée par tous les relais gauchos contribuent un peu plus à déstabiliser la part la plus fragile d’un électorat droitier toujours chatouilleux sur l’honneur et l’honnêteté. Tant qu’il n’y a pas de preuves, la calomnie joue à plein.

La bataille côté UMP se fait en ordre dispersé avec des déclarations éparpillées, parfois imprudentes, souvent sans objectif ciblé sinon se faire valoir individuellement et les médias savent amplifier la moindre divergence. Le spectre de la désunion est entretenu par un Villepin gourmand trop content de pouvoir exploiter la moindre occasion de nuire. Plus grave, les personnalités qui identifient les courants constitutifs, centristes ou libéraux étalent leurs désaccords au gré des petites phrases. On voudrait penser que la machine à perdre à droite ne s’est pas remise en marche, mais… Heureusement, François Fillon sait remettre les pendules à l’heure, ce qui limite les dégâts.

Il y aurait pourtant mieux à faire. D’abord le travail accompli par le gouvernement depuis 2007 est impressionnant. Même si toutes les réformes ne sont pas complètement abouties, celles qui ont été votées sont considérables en nombre et en importance pour les années à venir. J’aurais l’occasion d’y revenir. Mais cela mériterait qu’un commando d’élus communique en permanence dessus pour contrecarrer une opposition qui se sent pousser les ailes. Un exemple tout simple : pourquoi ne parle-t-on que confidentiellement du « bouclier social » et de son coût qui pèse largement en face des pseudos cadeaux faits aux riches ? Bouclier social largement amélioré par la mise en place du RSA jusqu’au RSA-jeunes. Les objectifs de réduction de la pauvreté n’ont pas été abandonnés pendant la crise et c’est une multitude de décisions dont personne ne se préoccupe de mesurer l’impact qui ont été prises à travers le programme d’expérimentations sociales qui permettra d’améliorer sur des bases concrètes dans les années à venir le système éducatif, l’insertion professionnelle, l’accompagnement des jeunes sortant de prison, le soutien aux ressources des moins de vingt-cinq ans… sans parler du service civique, des projets de « social business ». Comme toujours, la droite fait son boulot social sans le faire valoir. Au moment où s’engage la bataille pour la réforme des retraites, il vaudrait mieux resserrer les rangs et éviter la dispersion. Une communication coordonnée sur des thèmes redondants est absolument nécessaire.

L’enjeu pour l’UMP reste la conquête des classes moyennes. C’est la clé d’une victoire en 2012. Cela passe par une amélioration sensible des salaires à laquelle il faut s’atteler et qui passe par une réforme d’envergure pour mieux répartir les gains. Il y a aujourd’hui un écart insupportable dû à la captation par les hauts revenus au détriment justement des classes moyennes (cf. le rapport du Conseil d’Analyses Economiques auprès du Premier Ministre –juin 2009). Voilà une piste dont personne ne semble se préoccuper. Il y en a d’autres.

En cette rentrée 2010, on a l’impression que les choses se sont inversées : la gauche qui était divisée semble plus unie et la droite et le centre qui s’étaient rassemblés autour de l’UMP semblent retourner à leurs vieux démons. Ceux que Jean-François Copé dénonçaient justement !

 


PAYSAGES DE RENTREE : LES ECOLOS

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TOUJOURS A GAUCHE, LES ECOLOS.

Deuxième force depuis les élections européennes, avec laquelle il faudra compter à gauche, le regroupement des écologistes dans Europe-Ecologie tente aujourd’hui de se constituer en parti organisé. Passer du conglomérat à une structure susceptible de capter tous les courants de José Bové à Corinne Lepage en passant par « Les Verts » de Cécile Duflot, le tout avec la bénédiction incontournable de Dany Cohn-Bendit, n’est pas gagné d’avance. Les journées de Nantes ont montré à la fois les attirances et les tensions qui règnent dans cette grande nébuleuse. L’accord qui semble se faire sur une candidate – en l’occurrence, Eva Joly - à la présidentielle constitue un atout et un handicap. Ces journées auront eu le mérite de nous offrir une image à la fois grotesque et désuète de tous les leaders, dont Corinne-boudinée-dans-sa-robe jouxtant José la moustache en bataille, montés sur une charrette pour haranguer une poignée de contestataires sur le site du futur aéroport de N.D. des Landes.

En choisissant d’abord une personne, pour ensuite lui coller un programme, alors que la maison n’est pas totalement bâtie, demandera beaucoup de talent à Eva Joly, parce que la démarche prend à contrepied des gens qui ne portent pas dans leur cœur le système présidentiel et qui professent facilement contre le pouvoir personnel. Il faudra aussi contourner l’écueil que constitue la tentative de mainmise des « Verts » et la gauchisation que cela entraîne indubitablement. C’est d’ailleurs là l’origine de la grogne du leader charismatique qu’est Cohn-Bendit. Lui qui est partisan d’un large rassemblement voit d’un mauvais œil la mise en place du duo Joly-Duflot, car il y voit une volonté de contrôler idéologiquement la future campagne.

Attendons le mois de novembre pour savoir ce qu’il en sortira. Et ensuite, il y aura le programme et la campagne. Autant d’épreuves qui attendent les écologistes, à un moment où ils tentent d’exploiter les catastrophes de l’été pour regonfler la baudruche du dérèglement climatique lié à un réchauffement dont l’origine anthropique n’est toujours pas prouvée. Mais ils sont très habiles pour lier les impératifs écologiques à des considérations économiques. Le thème de la « décroissance » sera-t-il mis en avant ou préféreront-ils plutôt celui de la nouvelle croissance verte, plus vendeur ? La dernière formule n’étant qu’un habillage de la première. Qu’en pensera Corinne Lepage ? Les centristes modérés seront-ils à l'aise dans un rassemblement s'il est contrôlé par les gauchistes des "Verts" ? L'antisarkozysme sera-t-il suffisant pour souder les troupes ?

Néanmoins, ils ont prouvé aux dernières échéances qu’il faudra compter avec eux. Leur candidat pourrait très bien jouer le rôle du 3ème « homme », qui était tenu depuis la dernière présidentielle par un François Bayrou aujourd’hui au fond d’un gouffre dont il aura du mal à remonter. Les socialistes auront donc sur le chemin un concurrent sérieux avec qui ils devront négocier des sièges aux législatives et donc des pans de programme. Bonjour les négociations sur le nucléaire et les équipements comme l’aéroport de Notre-Dame des Landes !


PAYSAGES DE RENTREE : LE PS

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A GAUCHE, LE PS.


Le PS connaît une embellie qui se traduit dans les sondages, après la victoire aux élections régionales. C’est le résultat du travail mené par Martine Aubry depuis sa prise de fonction de première secrétaire. C’est un trompe l’œil. Malgré les apparences, rien n’est réglé. Le Parti est tenu d’une main de fer par la « tsarine » comme certains la surnomment. Une première secrétaire qui ne fait confiance à personne en-dehors des trois personnes qui constituent son entourage direct.

Les conditions de son élection restent un record de fraude, voulue, organisée, orchestrée savamment pour truquer le vote des militants et empêcher la victoire de Ségolène Royal. La mécanique est très bien décrite dans le livre d’Antonin André et Karim Rissouli (Hold-ups, arnaques et trahisons). Les commanditaires en sont une incroyable alliance DSK-Fabius qui veulent à la tête du PS quelqu’un qui ne soit pas présidentiable ! Avec Martine, ils sont servis. Au moment où celle-ci n’a que le mot « démocratie » à la bouche et traite  Nicolas Sarkozy de menteur à toute occasion, ce détournement de votes prend un relief particulier. Celle qui n’a pas assez de mots pour vilipender le Président de la République sur la morale, la justice, les atteintes aux libertés, les connivences avec les « riches », se présente comme une gardienne de la démocratie. Mais non contente d'avoir triché, elle gouverne son parti en autocrate. Très critique à l'égard du chef de l'Etat, à la Rochelle, la maire de Lille s'est surtout placée sur le terrain des valeurs et des grands principes qu’elle piétine quand ça l’arrange, comme quoi elle ne manque pas d’air !! C’est à pleurer !

En fait cette communication outrancière de dénonciation de celui d’en face est faite pour cacher ses propres turpitudes et celles de son parti. Au PS, le « collectif » est une façade obtenue avec le silence des agneaux. On l’a vu avec les désignations « démocratiques » des têtes de listes régionales : pour sauver sa tête, il faut s’aligner et c’est ce qu’a choisi Vincent Peillon, exilé dans le Sud-Est pour faire la place au serviteur Lillois de Madame, prix probable de son silence sur les tripatouillages locaux de l’élection de sa patronne. La presse de gauche subit des pressions à côté desquelles celles du Président de la République sont de la guimauve. Mais tout cela a un prix. Et le jour où la vérité sortira au grand jour …

Entre les éléphants, les haines sont recuites et nul doute qu’au moment décisif, les couteaux ne sortent à nouveau des fourreaux. Pour Hollande, qui s’y voit lui aussi, la patronne du PS est la « première menteuse » de France (cf JDD) et n’a pas de mots assez durs pour qualifier sa gestion. « Elle » avance masquée, ne dit jamais ses intentions et sort du bois au dernier moment. A bon entendeur… La guerre tactique pour déjouer la candidature du Président du FMI ne fait que commencer.

Après sa réélection confortable à la tête de sa Région, Ségolène Royal qui a préféré composer plutôt que de se lancer dans un procès qui aurait ruiné définitivement le crédit du parti, continue de se préparer. Elle n’a sûrement rien oublié, surtout que sa rivale n’a cédé que des bribes à celles qui a pourtant fait officiellement la moitié des voix des militants. Aujourd’hui esseulée, elle attend son heure. On peut être sûr qu’elle ne renonce à rien : il suffit de voir comment elle s’est fait inviter sur le 20H de France 2 quand sa rivale était sur celui de la « Une ». Marquage à la culotte ! Il est possible qu’elle ne participe pas aux élections primaires pour désigner le ou la candidate de 2012. Le nombre des prétendants peut en effet faire que l’opération n’ait plus de sens et tourne au fiasco, et alors là …

Car des prétendants, le PS n’en manque pas. En dehors de Ségolène dont je suis certain qu’elle reste candidate dans sa tête, il faudra compter évidemment avec DSK et Fabius, mais aussi avec les quadras (enfin, ils le sont un peu moins chaque jour) tels Manuel Valls, Vincent Peillon ou encore Benoit Hamon qui dit penser à 2017, mais se prépare pour 2012 au cas où … Et puis il y a  des oligarques qui ne laisseront pas le terrain libre aussi facilement à la Première Secrétaire comme Gérard Colomb, le maire de Lyon, capable de se présenter si DSK n’y va pas. Il y a le fantasque Georges Frèche qui est prêt à lui scier le vélo à la première occasion, pour lui rendre la monnaie de sa pièce.

Ne nous y trompons pas, les sondages ne sont qu’un moment de respiration qui varie avec l’humeur du moment : le parti est fragilisé pour longtemps et il est talonné sur son terrain par la montée en puissance du vote écologiste. De quoi exacerber les passions.

Comme on le voit, les dix-huit mois qui viennent ne vont pas être tristes au PS.

 


LA SEMAINE D’ARCHIBALD.

Longue vue

 

La « lorgnette » est de retour. En attendant les articles de fond sur la rentrée promis, à partir de demain, voici l’actualité vue à la lorgnette par Archibald.

IMPRECATOR. Gargamel se verrait en « imperator », lui qui admire tant Napoléon. Mais pour l’instant, les lettres se sont un peu brouillées et nous avons droit à la figure de l’« imprecator ». Il n’a pas de mots assez durs pour qualifier la politique du Président de la République et concernant le démantèlement des camps de Roms, ose parler de « tache de honte sur le drapeau français ». Un propos qui fera peut-être « bander » les amateurs de folklore grandiloquent et « franchouillard » mais qui lui a valu une remise en place digne et calibrée du premier Ministre. Le « drapeau français n’est pas une banderole sur laquelle on écrit un slogan ! ».

INVERSION DES ROLES. ROYAL-AUBRY même combat ! C’est dire si l’hypocrisie prospère en cette fin d‘été. Chacune rivalise avec sa commère pour en rajouter dans l’antisarkozysme basique. « Un été de honte pour la France » s’exclame l’une, « La politique de Sarkozy crée de la violence » s’esclaffe aussitôt l’autre. Cette dernière ne croit pas si bien dire, parce que, la violence on la trouve surtout dans les critiques du PS. C’est la manière de s’opposer du PS qui crée de la violence dans le débat politique… par son sectarisme sans nuance !

DECRUE. Une nouvelle décrue du chômage a été constatée, mais si l’on en croit les commentateurs de gauche, il est inopportun de s’en féliciter. C’est comme pour la croissance qui a fait mieux que prévu. Même s’il faut rester prudent dans un contexte mondial volatil, c’est toujours bon à prendre, non ?

RSA. D’après une étude de l’INSEE, le RSA qui concerne aujourd’hui 1,8 million de foyers est bien plus efficace que le RMI. C’est réconfortant, mais rappelons que sa mise au point a fait l’objet d’une expérimentation avant le vote de la loi définitive. Lisez-donc le livre de Martin Hirsch, vous comprendrez pourquoi ça marche !                                                   

ÇA PROMET !  A la Rochelle les socialistes en étalant leur unité (de façade) pour dorer la pilule à l’opinion nous ont livré une version inédite et surréaliste du « bal des faux-culs ». Il est vrai que les Français, pourtant individualistes, ont horreur des guéguerres internes étalées sur la place publique. La socialiste nous promet une « autre France » avec un projet au printemps 2011. On a hâte de voir ça, même si je peux vous dire déjà que ce sera le retour du « social  à guichets ouverts ». Ils paieront comment, eux qui n’ont pas de mots assez durs pour qualifier les déficits actuels dus au financement des amortisseurs sociaux pendant la crise. Car hors ces dépenses, le budget de l’Etat a été tenu avec rigueur !

Au fait, ils ne disent jamais comment ils auraient fait eux pour financer les dépenses sociales sans les recettes correspondantes. La relance par la consommation qu’ils préconisaient auraient creusé les déficits et augmenté le chômage bien plus que ce que l’on vient de connaître.

 

                                                           Tonnerre de Brest !