TOUJOURS A GAUCHE, LES ECOLOS.
Deuxième force depuis les élections européennes, avec
laquelle il faudra compter à gauche, le regroupement des écologistes dans
Europe-Ecologie tente aujourd’hui de se constituer en parti organisé. Passer du
conglomérat à une structure susceptible de capter tous les courants de José
Bové à Corinne Lepage en passant par « Les Verts » de Cécile Duflot,
le tout avec la bénédiction incontournable de Dany Cohn-Bendit, n’est pas gagné
d’avance. Les journées de Nantes ont montré à la fois les attirances et les
tensions qui règnent dans cette grande nébuleuse. L’accord qui semble se faire
sur une candidate – en l’occurrence, Eva Joly - à la présidentielle constitue
un atout et un handicap. Ces journées auront eu le mérite de nous offrir une
image à la fois grotesque et désuète de tous les leaders, dont Corinne-boudinée-dans-sa-robe jouxtant José la moustache en bataille, montés
sur une charrette pour haranguer une poignée de contestataires sur le site du
futur aéroport de N.D. des Landes.
En choisissant d’abord une personne, pour ensuite lui coller
un programme, alors que la maison n’est pas totalement bâtie, demandera
beaucoup de talent à Eva Joly, parce que la démarche prend à contrepied des
gens qui ne portent pas dans leur cœur le système présidentiel et qui
professent facilement contre le pouvoir personnel. Il faudra aussi contourner
l’écueil que constitue la tentative de mainmise des « Verts » et la
gauchisation que cela entraîne indubitablement. C’est d’ailleurs là l’origine
de la grogne du leader charismatique qu’est Cohn-Bendit. Lui qui est partisan
d’un large rassemblement voit d’un mauvais œil la mise en place du duo
Joly-Duflot, car il y voit une volonté de contrôler idéologiquement la future
campagne.
Attendons le mois de novembre pour savoir ce qu’il en
sortira. Et ensuite, il y aura le programme et la campagne. Autant d’épreuves
qui attendent les écologistes, à un moment où ils tentent d’exploiter les
catastrophes de l’été pour regonfler la baudruche du dérèglement climatique lié
à un réchauffement dont l’origine anthropique n’est toujours pas prouvée. Mais
ils sont très habiles pour lier les impératifs écologiques à des considérations
économiques. Le thème de la « décroissance » sera-t-il mis en avant
ou préféreront-ils plutôt celui de la nouvelle croissance verte, plus
vendeur ? La dernière formule n’étant qu’un habillage de la première.
Qu’en pensera Corinne Lepage ? Les centristes modérés seront-ils à l'aise dans un rassemblement s'il est contrôlé par les gauchistes des "Verts" ? L'antisarkozysme sera-t-il suffisant pour souder les troupes ?
Néanmoins, ils ont prouvé aux dernières échéances qu’il
faudra compter avec eux. Leur candidat pourrait très bien jouer le rôle du 3ème
« homme », qui était tenu depuis la dernière présidentielle par un
François Bayrou aujourd’hui au fond d’un gouffre dont il aura du mal à
remonter. Les socialistes auront donc sur le chemin un concurrent sérieux avec
qui ils devront négocier des sièges aux législatives et donc des pans de
programme. Bonjour les négociations sur le nucléaire et les équipements comme
l’aéroport de Notre-Dame des Landes !
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