DICTATEUR POTENTIEL
28 août 2025
AVERTISSEMENT
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Je remercie mes fidèles lecteurs, qui sont restés suffisamment nombreux pour me motiver dans mes rédactions .
Je n'envisage pas de m'installer ailleurs sur le web. Je profite de cette occasion pour tirer ma révérence. Vous pourrez toujours continuer de me retrouver sur ma page facebook.
A bientôt, donc !
La « France insoumise » est-elle encore dans le champ républicain. Le fonctionnement du parti mis en lumière par l’enquête des journalistes Charlotte Belaïch et Olivier Pérou dans « la Meute » permet d’en douter. Ils mettent en lumière des pratiques où verrouillage, menaces, exclusions et mises à l’écart sont monnaies courantes dès que la parole du « Chef » est mise en doute, interrogée ou contestée.
Deux experts de la gauche.
Les deux journalistes, experts de la gauche, l’un exerçant son métier à Libération, l’autre au Monde, rassemblent dans cette enquête une multitude de faits, qui, mis en perspective, rendent plus lisibles l’esprit d’un système et renseigne sur l’organisation nébuleuse mise au point au fil des années par Jean-Luc Mélenchon dans le « back office » de la « France insoumise », ce mouvement « gazeux », sans vrais adhérents, qui lui sert de machine politique.
Un clan, voire une secte.
Le caractère clanique de l’organisation tient particulièrement à la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, bien connue du grand public depuis l’épisode de « la République, c’est moi ! » lors de la perquisition de son bureau : un tempérament irascible, colérique, capable de terrifier en même temps qu’une culture vaste assortie d’une rhétorique implacable qui magnétise. Son emprise est telle qu’il est capable de faire gober aux gens tout et n’importe quoi. A l’intérieur de son mouvement, il fait souffler le chaud et le froid, distribuant les anathèmes dans les boucles de messagerie qui servent de fonctionnement quotidien, installant un climat de peur au point d’obtenir un alignement parfait. Le parallèlisme avec Trump est saisissant. Certains, mis à l’écart, n’hésitent pas à dénoncer une secte. C’est que Mélenchon a fait de la purge un mode opératoire.
La loyauté d’abord.
La liste des « virés » est bien longue. Rien ne protège, même pas la proximité du chef dans la hiérarchie : Charlotte Girard, François Coq, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet… sans compter ceux qui ont été tourmentés par des procédés sournois comme le député ex-LFI François Ruffin, avant d’être évincé. Après coup, ceux-ci s’inquiètent des dérives autoritaires de leur ancien chef de file, l’une d’eux, Hélène Franco, confiant : « Quand j’ai commencé à avoir peur de l’arrivée au pouvoir de Jean-Luc, je me suis dit qu’il était temps de quitter le mouvement. J’avais peur du côté autocrate ». Et le livre relate dans le détail cette proscription édifiée en système de gouvernance où règne la terreur. Peu importe la compétence, il n’y a que la loyauté absolue qui compte, même la nuance n’est pas acceptée, ce qui veut dire suivre le chef quoi qu’il dise. A force d’écrémage, l’organisation repose désormais presque exclusivement sur une jeune garde qui a grandi presque exclusivement avec le gourou.
Chikirou, le cerbère impitoyable.
Se revendiquant de sa relation amoureuse avec Mélenchon, bien qu’ayant 30 ans de moins que lui, Sophie Chikirou tient une place centrale dans cet écosystème ultra-hiérarchisé. Son autorité ne pouvant être mise en discussion, le livre abonde en exemples de sa brutalité, se livrant à des diatribes violentes quand un collaborateur ne convient plus, usant même de propos antisémites quand elle réduit deux anciens associés et ex-militants à leur judéité.
L’islamisme et la Palestine.
L’ouvrage éclaire le choix stratégique de la nébuleuse de la « France insoumise » : capter l’électorat des musulmans pour remplacer la « classe ouvrière » partie au RN. Sous couvert de combat contre l’islamophobie, LFI assume un communautarisme qui va jusqu’à la complaisance envers l’islamisme, n’hésitant pas à charrier des relents de plus en plus fréquents d’antisémitisme comme en témoigne l’éviction de Jérôme Guedj d’une manifestation contre « l’islamophobie ». Avec le 7 octobre, la Palestine a fourni un cheval de bataille pour se rallier encore un peu plus un électorat sur lequel il compte prospérer lors des prochaines échéances électorales. Sans parler de la haine contre la police « qui tue ». Tout montre que le parti de Mélenchon s’éloigne du « champ républicain » dont il s’estimait lui-même être le gardien.
La présidentielle comme unique objectif.
La dérive du Mélenchonisme tient dans cette obsession. Le penchant autoritaire et les campagnes successives ont fini par esseuler le tribun à la cravate rouge, qui se retrouve angoissé face à la perspective de son âge et sa propre finitude. Il se réfugie dans les embardées idéologiques, multipliant les appels à la révolution, aveuglé par les résultats de ses trois candidatures présidentielles, et pressé de marquer l’histoire politique par des résultats électoraux enfin probants. C’est pourquoi il compte bien se représenter en 2027, à 76 ans, à moins que les désordres politiques ne lui offrent une opportunité avant. Et il n’y a donc rien de surprenant à le voir s’activer en ce moment, en appelant à rejoindre la nébuleuse « bloquons tout ». Pour lui il faut faire flèche de tout bois et le temps presse. On sait ce qu’il ferait du pouvoir : une bonne vieille dictature marxiste avec son cortège d’horreurs, de privation de liberté, d’appauvrissement généralisé. L’aveuglement en plus. Non, merci !
Au moins, on sait que sans lui, LFI n’existe pas et ce n’est pas Bompard qui pourra sauver le mouvement en prenant la suite. Ouf !
« La Meute », à lire absolument.
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